Quête - A la rescousse des Gérudos

Chapitre Premier - Une Halte Sanglante

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Abigaïl


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[ HRP : JE SUIS SI CONTENTE QU'ON REPRENNE AAAAAAAH je vais tout donner, on va se bouger les fesses et continuer notre quête de ouf, alors j'espère que vous allez tout donner aussi, allez, on lâche pas !! SOUQUEZ FERME LES GARS <3 ]

La concentration d'Abigaïl s'était tant et si bien affûtée au combat qu'il crut percevoir les mouvements de son adversaire au ralenti. Il sentit plus qu'il ne vit le monstre prendre appui sur son épaule, avant de s'élancer en l'air afin de ramper le long de son bouclier et de bondir par-dessus lui. En deux secondes, Traqueur l'avait franchi comme s'il n'avait été qu'un obstacle parmi tant d'autres. Le soldat ne sut comment l'inhumain fit pour esquiver Nesreen, qui attendait de le cueillir juste derrière lui, mais il parvint à leur échapper à tous deux. Une éternité sembla passer à ses yeux, lorsqu'il pivota sur ses talons pour tenter de rattraper la mise. « WALDER, BLOQUE-LE ! » Lança-t-il avec toute la fermeté d'un chef de guerre. Il ne perdit pas une seconde de plus avant de s'élancer à nouveau vers l'ombre fuyante du monstre, bien plus agile et rapide sans son armure de plaques pour entraver ses mouvements.

C'était trop tard. Abigaïl savait qu'il ne parviendrait pas à atteindre Nabooru avant Traqueur. Mais il était un militaire ; il ne laissait aucune pensée superflue ni aucune émotion influencer ses actes. Aussi, il capta à peine les cris à peine articulés de l'inhumain, et il ne serra pas les dents lorsqu'il vit celui-ci cogner le crâne de la Reine du Désert de ses deux paumes. il n'avait qu'un seul objectif en tête : ne pas laisser le monstre se tirer de là vivant.
C'est alors qu'une violente déflagration jaillit du côté de leur magicien. Décontenancé, Abigaïl s'arrêta net et prit le temps d'observer avec horreur le feu prendre dans toute la grange.

Les cris de Traqueur s'étaient intensifiés. Avant même que le militaire parvienne à lui asséner un coup, la créature s'était élancée dans les airs, en direction des poutres de bois qu'une fumée épaisse et noire commençait déjà à recouvrir. Trop tard pour la poursuivre. Et de toute évidence, l'incendie était incontrôlable : la grange se disloquait. Il fallait se tirer de là, et tout de suite. Cependant, avant même que le soldat ne puisse se diriger vers la sortie, une lourde poutrelle se détacha du plafond et chuta en sa direction. Par pur réflexe et instinct de survie, il porta son bouclier au-dessus de son crâne afin de dévier le coup... Mais l'impact fut si brutal qu'il en tordit l'acier et manqua de lui  rompre le bras.

Tout en laissant échapper un cri de douleur, Abigaïl s'empressa de retirer les attaches de son écu, qu'il abandonna par terre, et il s'extirpa sans difficulté de ce qui subsistait de la poutre. Il resserra sa prise sur son épée, toujours à son poing, et s'empressa de passer en revue ce qui se passait autour de lui. Nabooru semblait inconsciente. Et les provisions...
« Nesreen ! » Aboya-t-il à sa compagne d'arme, toujours légèrement derrière lui, bien qu'il lui semblait qu'elle l'avait suivi dans sa poursuite de Traqueur. « Protège ta Reine, tirez-vous d'ici ! » Suite à cela, en digne Lieutenant de la Garde de Cocorico, il se tourna vers le magicien responsable de la déflagration et il lui commanda sur le même ton : « Walder, les vivres ! Sauve les vivres ! » Malheureusement, à ce moment précis, un pan du mur s'écroula sur le stratège. Abigaïl poussa un juron bien senti et s'assura que Laurent n'avait pas été blessé par la chute avant de se diriger lui-même vers le fond de la grange, où étaient entreposés toutes leurs ressources. Il espérait que leur mage de feu parviendrait à s'échapper de la bâtisse enflammée sans trop de dégâts.

Une seconde poutre le manqua de peu lorsqu'il traça sa route. Une partie du bâtiment s'écroulait, mais les fondations affaiblies dévoilaient une béance à l'arrière de la grange qui pourrait bien lui servir de sortie, juste derrière leurs vivres amassés. Celle-ci révélait les étables juste derrière la bâtisse, et le soldat entrevit la panique des chevaux qui s'y trouvaient encore. Leurs attaches leur empêchaient la fuite. Et le feu grossissait...
Le militaire secourut toutes leurs ressources, celles-ci étant fort heureusement toujours bien empaquetées. Cependant, il délaissa son armure de plaque dans un coin de la grange, se sachant bien incapable de la transporter dans un tel état d'urgence. Tant pis. C'était un sacrifice nécessaire.

Sans craindre de se brûler, Abigaïl défonça à coups d'épaule le bois qui s'effritait tout autour de la béance qui se formait dans le fond de la grange, celle-ci n'était pas encore assez grande pour qu'il puisse s'y faufiler - du moins, pas avec les vivres sur les épaules. Après trois tentatives de plus en plus désespérées, il parvint à quitter la bâtisse et l'incendie qui s'y propageait. La bouffée d'air frais lui fit un bien fou, et ce n'était qu'à ce moment-là qu'il se rendit compte qu'il commençait à suffoquer sous la fournaise.

Sa tunique était probablement noircie, son épaule le cuisait et le brûlait tout à la fois, mais il avait le cuir solide ; il se précipita dans l'étable, que les flammes n'avait pas encore attaquée.
« Tout doux, tout doux... C'est moi, » glissa-t-il à Grison lorsqu'il arriva à lui, tout en lui caressant l'encolure afin de calmer l'animal. De peur que le feu ne se propage avant qu'il puisse revenir avec les autres, il détacha son cheval, sur lequel il déposa toutes les provisions. Grison était un cheval de trait ; ses lourdes épaules lui permettraient de porter bien plus que ça, au besoin. Alors, tout en conservant une prise ferme sur sa bride, il guida sa monture jusqu'à l'extérieur de l'étable. Il dût lutter un moment lorsque la vue du brasier affola à nouveau l'animal, mais il s'empressa de contourner avec lui la grange en feu, afin de rejoindre Sakristi et ceux qui s'en étaient sortis.

« J'ai les vivres, » leur lança-t-il sans préambule. Puis, sur un ton plus ferme : « Allez chercher vos chevaux derrière. Nesreen, ramènes-en deux, j'm'occupe de la Reine. Grouillez-vous, l'étable crame pas encore ! » Il amena Grison au pas jusqu'à l'étrange foyer fumant qu'avait dressé Sakristi, et tendit la bride de son cheval à leur apothicaire. Une fois libéré de ses deux mains, il se dirigea vers Nabooru, toujours inconsciente. La guérisseuse semblait déjà s'être penchée dessus, bien qu'il n'en avait pas la certitude. « Deux coups sur le crâne. Le monstre s'est enfui quand Walder a mis le feu à la grange. » informa-t-il Sakristi, sans ambage. Puis, il s'enquit : «  Comment elle va ? »

En attendant le retour des autres, le Lieutenant de Cocorico fit les cent pas. Maintenant qu'il n'était plus au combat, le stress et l'incertitude revenaient. La Reine ne se réveillait pas, et plus les minutes s'écoulaient, plus l'inquiétude montait. Il s'empressa de penser à autre chose, en observant curieusement l'autel que Sakristi semblait avoir dressé pendant leur temps à la grange. « C'est magique, » dit-il tout bêtement. Il ne s'y connaissait guère en matière de magie. «  C'est quoi, ça nous protège ? » Ca aurait tout aussi bien pu être ce feu qui avait empêché la propagation de l'incendie à l'étable, pour ce qu'il en savait.

Après un temps, déterminé à vaincre l'inaction, il se rapprocha du corps inerte de Nabooru. Avec précaution, il la souleva sous les bras et il la porta jusqu'à son cheval. Grison paraissait toujours agité, mais il ne semblait plus vouloir détaler à tout moment, ce qu'Abigaïl prenait pour un signe de bon augure. Sans mot dire, il installa la Reine du Désert sur sa monture. Lorsqu'il la hissa jusqu'à la selle, il s'adressa à nouveau à Sakristi :
« Grison est bien. C't'un bon cheval. Très calme, solide. 'Peut porter beaucoup. » Ses yeux pers croisèrent ceux de l'apothicaire, et on pouvait y voir qu'il avait pris ses décisions. Il paraissait déterminé. « C'est la Reine. C'est sa quête, et t'as tout son peuple derrière. J'ai besoin que tu te mettes derrière elle, sur Grison, que tu la soutiennes. T'es la seule qui s'y connaît pour soigner les gens. Faut que tu la protèges. »

Nesreen et Laurent finirent par revenir, d'autres chevaux derrière eux. Abigaïl n'avait aucune certitude, hormis celle-ci : il fallait qu'ils se tirent au plus vite de ce village. Ils avaient tout sur eux, tout ce qu'ils avaient pu sauver, et le feu allait attirer l'attention de tous les brigands des environs, si ce n'était pas déjà fait. Rien de bon à prévoir, donc, s'ils restaient plus longtemps ici. Sans mot dire, il saisit la bride du second cheval que Nesreen apportait, et il grimpa sur la selle.

Cette fois-ci, il s'adressa à tout le monde lorsqu'il dit, le ton toujours aussi ferme :
« J'me mets en tête. Walder, à cheval avec la femme en vert, derrière moi. On reparle de ce feu plus tard, pour l'instant tu tiens la d'moiselle et tu la fais pas tomber, elle est blessée. Si elle se réveille, vous changez de place et tu te mets d'vant elle pour la protéger, mais plus de magie tant qu'on est pas en danger de mort. Compris ? » Il fit avancer son cheval afin de se placer en tête de file. Il savait qu'il pouvait encaisser les coups en cas de menace, et ils avaient besoin d'une main ferme pour les faire avancer tant que la menace pesait sur eux. « Après Walder, Sakristi sur Grison, avec la Reine d'vant elle et nos vivres derrière. Nesreen, tu fermes la marche, 'nous faut une guerrière pour surveiller l'arrière-garde. » Un coup d'oeil sévère derrière lui ne lui révéla rien de neuf : tout le monde semblait aussi éreinté que lui. Mais il n'était pas un militaire pour rien : il tiendrait bon. Et puisqu'il fallait que quelqu'un s'en charge, il guiderait, pour un temps. « Le monstre va p't'être nous suivre pour tuer la Reine, ça lui suffira pas. On peut pas risquer ça. Mais on a des montures, on ira plus vite que lui. Donc on se casse, on s'arrête pas aux villages, on avance vers l'ouest et on avise ensuite. »

Le Lieutenant de Cocorico ne se mit pas en route tant qu'il n'avait pas la certitude que tout le monde s'était mis en formation. Avoir des guerriers pour ouvrir et fermer la marche était nécessaire, d'autant plus qu'ils avaient deux blessées à protéger en milieu de groupe. Walder saurait couvrir la femme en vert en cas d'attaque, bien qu'Abigaïl ne voulait pas risquer un incendie de forêt pour ça, d'où son injonction à n'user de magie qu'en extrême recours. Quant à Sakristi, elle était la plus à même à déterminer l'état de la Reine du Désert : si sa blessure au crâne empirait, l'apothicaire était la seule à pouvoir la secourir. Mais alors même que leurs chevaux les portaient loin de la scène de massacre, le soldat se rendit compte qu'il n'avait plus aucune certitude sur le chemin à tracer. Maintenant qu'ils avaient potentiellement un monstre à leur poursuite, ils n'avaient plus de temps à perdre en détours.

Sans pour autant stopper l'avancée du groupe, il mit son cheval au pas, juste assez pour qu'il puisse avoir Walder à portée de voix sans avoir à crier. Sans ambages, mais plus comme conseil qu'autre chose, il lui dit :
« Sors ta carte, Walder. » Abigaïl était bon aux formations militaires, et il prenait ses décisions par pragmatisme avant tout, mais il avait besoin de leur stratège pour déterminer la suite. « La Reine a dit, on descend dans le Sud jusqu'à la Forêt, on la longe vers l'Ouest jusqu'au lac Hylia. Puis on remonte le fleuve jusqu'à la Vallée. Comme ça, personne nous voit tant qu'on a les arbres et leur magie. S'ils s'attendent à ce qu'on attaque, ce sera depuis les Plaines au Nord-Ouest d'ici. Et sur le principe, on a dit oui tous les deux. Mais c'était avant qu'on tombe sur le monstre. » Le militaire ne regardait pas en direction du jeune mage, mais son regard se faisait plus acéré que l'acier au souvenir de leur défaite dans la grange. « Ce type de bêtes, ça peut venir que de la Forêt. Ma famille est du Sud, on en entend des belles plus on s'y approche. Des histoires à faire peur, comme des gosses qui y entrent et qui reviennent jamais. Celui-là, dans la grange, il gueulait comme une bête, mais 'l'avait l'air d'un mioche qu'on aurait rendu fou.» Cette fois-ci, Abigaïl tourna la tête pour fixer Laurent droit dans les yeux. Il était direct, comme à son habitude. « Le problème, c'est qu'on est trop loin de la Forêt pour que le truc nous ait flairé comme ça. Ca veut dire qu'il nous suit depuis Farore sait quand. Et qu'il y en a p't'être plus, des comme lui, dans la Forêt à nous attendre. »

Cette fois-ci, parce qu'il savait combien l'unité du groupe comptait maintenant qu'ils étaient en si mauvaise posture, il parla plus fort afin que tout le monde puisse l'entendre : « Si le monstre est avec les Dragmires, ils savent déjà qu'on est en route. Ils sont pas cons, 'suffit de voir la Reine Nabooru pour savoir ce qu'on fout tous dehors. Donc s'ils savent déjà, vaut mieux qu'on les attaque de front, à la porte de la Vallée Gérudo. 'Doivent être persuadés qu'on va passer par le Sud, donc on va remonter franc nord-ouest et on va frapper avant qu'ils puissent s'organiser pour nous recevoir direct. Walder, t'en penses quoi ? Attaquer de front, ça veut dire qu'on va p't'être tomber sur toute leur armée à l'entrée de la Vallée. Mais s'ils savent déjà qu'on marche vers eux et qu'on se tient au plan de base, ça veut p't'être dire qu'on va aussi tomber sur toute l'armée une fois qu'on aura remonté le fleuve depuis le Lac. Comment est-c'qu'on survit le mieux, stratégiquement ? »

En attendant la réponse du mage à sa proposition, une pensée inquiétante assombrit le visage du Lieutenant. Il déposa ses yeux pers sur la Femme en Vert, et il lui demanda directement, sans mâcher ses mots, mais sans cruauté non plus - juste de la franchise : « Qui vous êtes ? Qui vous a capturé, des Dragmires ? On a combien de temps avant qu'ils remarquent que vous avez disparu ? »


Laurent


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A la rescousse des Gérudos.

Chapitre Premier - Une Halte Sanglante







Un instant. Il avait seulement besoin d’un instant pour se remettre de toutes ces émotions, un simple, tout petit instant pour comprendre. Tout était allé si vite qu’il était sûr et certain qu’une force quelconque, divine peut-être, avait pris possession de son corps pour le faire bouger à sa place, comme un marionnettiste guidant habilement sa poupée au travers des obstacles du décor. Il avait cru sa dernière heure arrivée, emporté par les flammes, par l’effondrement. Il se maudissait, un peu. Beaucoup. Quelle idée… Lancer un sort dans un tel endroit ! N’avait-il donc pas réfléchi ? Mais, encore, tout était allé si vite. Et il cédait facilement à la panique. Un peu trop pour ne pas s’en vouloir. Il aurait pu rejeter la faute sur son jeune âge, sur son inexpérience du terrain, sur tout un tas d’éléments, de détails, mais à cet instant, il était seulement aveuglé par l’échec.

Il ne prit quelques minutes pour revenir à la réalité, ses yeux verts parcourant la scène se déroulant tout autour de lui. Abigaïl semblait avoir pris les devants et distribuait les rôles. Il ne savait pas trop si cela le rassurait ou l’insupportait. Il suffisait que le chef soit incapable de donner ses ordres pour qu’un péquenaud se décide à prendre sa place. Enfin… Il pouvait bien critiquer, il en était un, lui aussi, de péquenaud. Il songea un court moment à ce qu’aurait été sa vie s’il n’avait pas fait ce choix, celui de suivre sa sœur. Sans doute aurait-il vécu avec ses parents, les aidant avec leurs affaires, avec son frère et sa plus jeune sœur, une vie banale, presque paisible. Aussi paisible que la situation le leur permettait. C’était en partie pour cela qu’il s’était engagé, après tout. Pour offrir cette paix à ses proches et aux autres. Cela aurait été égoïste de regretter et de la vouloir sans rien faire. Il avait la chance de pouvoir œuvrer pour ça. Il n’allait sûrement pas faire demi-tour.

« - Plus de magie tant qu'on est pas en danger de mort. Compris ? »

Cette phrase le fit tiquer, et il ne put se retenir de murmurer une vague critique, tout bas, comme agacé. Il l’était, après tout. La mission prenait une tournure des plus catastrophiques, avec la Gérudo hors d’état, une inconnue qu’ils avaient secouru, des pertes de matériel… Son grimoire. Il avait perdu son grimoire, son tout premier, offert par sa sœur. Rien que d’y penser, il avait mal au cœur. Et d’imaginer quand il le lui apprendrait… Mais pour cela, il fallait déjà revenir vivant. Il fit de son mieux, avec ses maigres forces, pour réussir à s’installer convenablement avec la jeune femme sur sa monture. Il ne doutait pas qu’elle aurait un instant de panique en se réveillant, aussi préparait-il déjà des mots rassurants, et des preuves quant au fait qu’il ne lui voulait aucun mal, si toutefois elle était prête à les accepter. Il ne savait pas ce qu’il lui était arrivé, mais il était prêt à la défendre, et peut-être même à la venger s’ils en avaient l’occasion, car elle avait peut-être été capturée par les adeptes du Seigneur du Désert. Il détestait vraiment qu’on s’en prenne aux femmes, autant qu’aux enfants, surtout quand elles ne pouvaient pas se défendre. C’était lâche et indigne de s’attaquer aux innocents. Il inspira et souffla longuement, sentant déjà la chaleur de la colère le prendre. Il devait rester calme, encore un peu.

Il sortit sa carte lorsque leur « nouveau chef » le lui demanda, l’écoutant expliquer, ainsi que sa question à la jeune femme en vert qui était en train de se réveiller, et qu’il n’avait pas vraiment remarquée, prenant la parole en premier.

« - Miser sur l’effet de surprise pourrait être un bon plan, en effet. Cependant, je dois admettre que je ne suis pas particulièrement optimiste quant à nos chances de réussite. » dit-il plus bas, cette fois, car lui ne voulait pas que le reste du groupe entende cette partie. « La Reine ne se réveillera pas avant un moment. Nous avons perdu l’élément qui non seulement motive les troupes, mais possède aussi toutes les informations dont nous aurions besoin sur ce que nous allons affronter, et le lieu où cela va se produire, et ce pour une durée indéterminée. Nous n’avons pas vraiment pas le temps d’attendre qu’elle se réveille. De plus, nous avons… Cette jeune demoiselle, nous ne savons pas qui elle est, ce qu’elle faisait ici, ou même qui a bien pu s’en prendre à elle. Elle est blessée, et je ne pense pas que dans son état, elle puisse se battre. Ce serait donc une personne de plus à protéger. » Il poussa un soupir, eut quelques secondes de silence, puis reprit, tournant finalement les yeux vers son confrère. « - Il y a aussi cette créature. Si elle est avec les Dragmires, elle n’aura jamais le temps de les rejoindre avant nous et donc de les prévenir, à moins d’utiliser un quelconque stratagème magique, mais partons du principe que non. Cela nous donnerait un certain avantage. Si elle était seule, qu’il s’agissait seulement d’un fou perdu, je ne pense pas qu’il y ait grand-chose à craindre non plus, elle avait plutôt l’air de fuir. Cependant… Si ce monstre n’est pas seul, et revanchard qui plus est, nous aurions des chances de nous faire prendre à revers pendant notre attaque sur la forteresse. Et vois-tu, je ne pense pas qu’une dizaine de bizarreries comme celle-là soient enviables dans un combat d’une telle ampleur. » Le rouquin posa à nouveau son regard sur la carte. « - Ton idée est bonne, Abigaïl, n’en doute pas, mais il y a encore quelques détails à régler pour être sûrs que nous ne nous jetons pas dans la gueule du loup. Peut-être pourrions-nous nous arrêter un instant dans un endroit le plus sûr possible, espérer que la Reine se réveille, panser nos blessures… Et, pourquoi pas, retrouver de quoi nous battre, toi et moi. » A nouveau, il releva la tête en sa direction, l’air plus dur encore qu’à l’ordinaire. « - Car je te rappelle que ni toi ni moi n’avons d’arme, à présent. Enfin… Tu es un excellent bretteur, tu pourrais trouver n’importe quelle épée et réussir à t’en sortir, mais comment suis-je sensé faire, moi ? Ce n’est pas que je ne peux pas, ou ne veux pas faire de magie, mais… »

Il ne sut pas soutenir son regard, le tournant vers l’horizon. Il avait une certaine honte à en parler après ce qu’il venait de se passer, mais il ne pouvait pas se permettre de le cacher.

« - … Disons que le grimoire ayant péri dans les flammes me permettait de la contenir. Et qu’à présent, un large éventail de résultats est possible. Et pas que des bons. »

Il n’allait pas se mettre à crachoter de l’eau non plus, fort heureusement, mais il savait que le feu pouvait être plus dangereux que prévu lorsqu’il était mal manié, par magie ou non. Et il ne voulait pas risquer de mettre en danger ses compagnons. Pas une nouvelle fois. Il remarqua finalement que sa « protégée » était réveillée, et reprit aussitôt contenance.

« - Ma Dame, ne craignez rien, vous êtes en sécurité. » commença-t-il d’abord pour tenter de la rassurer. « - Veuillez excuser les… Manières de mon compagnon, mais nous sommes chargés d’une mission importante, et avons absolument besoin de savoir qui vous êtes, afin de pouvoir vous protéger au mieux. »

Il brodait, mais l’idée était là.


©Codage by Mr. Chaotik from Never-Utopia


Où se trouvait-elle ? Tout était si noir. Ses pieds nus reposaient sur un sol inondé. Son reflet l’y observait malgré les ténèbres. Elle voulut parler mais sa voix se perdit dans l’immensité ; le silence demeura parfait.

-Rose…

Elle se retourna pour faire face à une enfant. Son petit corps flottait dans une robe blanche. Sa peau laiteuse scintillait. Ses cheveux verts étaient noués en deux chignons, et ses grands yeux, de couleur semblable, la dévisageait avec tendresse. Sa voix était claire :

-Tu as été très courageuse. Tes prières ont été entendues. Mais il est temps pour toi de renaitre, et d’accomplir ta véritable destinée…
-Quelle est-elle ? A quel dessein suis-je vouée ? répondit une voix venue de sa pensée, résonnant à travers l’immensité.
-Tu découvriras qui tu es, et pourquoi tu es, seulement au moment venu. Ne te perds plus en chemin, Rose, car tu as perdu bien assez de temps…
-Shht, je m’appelle Sakristi, intervint une voix d’origine extérieure.

Elle releva la tête. Les ténèbres autour d’elle semblaient se dissiper, s’éclaircir.
Lorsqu’elle rabaissa les yeux, la petite fille entourait ses mains dans les siennes. Elle lui souriait


-Puisses-tu guérir de la rage et de la souffrance qui te consument, t’abîment, et te détournent du chemin qui doit être le tien.
-Comment ne plus avoir si mal ? J’ai été tant bafouée et éplorée. J’ai tant de colère dont je ne peux me débarrasser…
-Abandonne ta colère, parce que ta colère te perdra. Le don de soi est le seul capable de guérison. Il n’est pas encore trop tard pour aimer ton prochain…

Un brouillard lumineux remplaça peu à peu l’obscurité. La petite fille se volatilisa, et seul l’écho de sa voix subsista :

-Les cieux te regardent… Rose…

La réalité percuta la prêtresse en lui venant d’abord aux oreilles. Elle entendit les bruits caractéristiques d’un brasier, et des cris de toute nature : panique, colère, douleur…
Elle ressentit ensuite les traces d’un liquide subsistant sur ses lèvres. Sa langue y captura les dernières gouttes et ramena sa bouche à la vie.
L’odeur de brûlé parvint à ses narines, une odeur familière, et elle crut un instant en être à l’origine. Mais elle sut d’instinct qu’il n’en était rien.
Ce fut lorsqu’elle reconnut le contact de l’herbe sous sa robe, et sous ses main, que ses yeux purent se rouvrir. Lentement, très lentement, mais assez vite pour surprendre une femme assez âgée, au beau milieu d’un rituel de sorcellerie exécuté juste sous son nez.


-Sorcière… murmura la prêtresse d’une voix enrouée, mais lourde de menaces.

L’odeur de cramé ne venait pourtant pas de l’autel de la sorcière. Non, cela venait d’ailleurs… Mais la prêtresse fut incapable de se relever, trop affaiblie. Sa vue se brouilla et son ouïe se voila à nouveau.
Lorsqu’elle reprit conscience, des voix se répondaient autour d’elle. Les cris, comme l’odeur de brûlé, avaient disparus. Ses yeux se rouvrirent sur la crinière d’un cheval, et il lui fallut quelques instants pour comprendre qu’on l’avait hissée sur l’animal, entre les bras d’un très jeune homme. Elle s’en détacha automatiquement.
Le meneur de file, un guerrier roux aux traits burinés, remarqua son mouvement et la regarda avec sévérité depuis sa monture :


-Qui vous êtes ? Qui vous a capturé, des Dragmires ? On a combien de temps avant qu'ils remarquent que vous avez disparu ?
-Ma Dame, ne craignez rien, vous êtes en sécurité, voulut la rassurer l’homme qui partageait son cheval, un jeune freluquet à lunettes.  Veuillez excuser les… manières de mon compagnon, mais nous sommes chargés d’une mission importante, et avons absolument besoin de savoir qui vous êtes, afin de pouvoir vous protéger au mieux.
-Qui je suis ?! s’écria la prêtresse en agressant tout de suite son cavalier. Je suis une personnalité publique, pauvre petit inculte ! Laissez-moi descendre !

Mais un vertige l’empêcha de quitter sa monture, et elle fut bien contrainte de rester contre Laurent. Ses yeux, en revanche, ne s’abaissèrent point devant le guerrier roux.

-Je suis la prêtresse de Farore, par les Déesses ! J’ai été enlevée par l’un de ces Dragmires au cours de leur attaque au village Cocorico ! L’homme masqué !

Elle jeta un coup d’œil nerveux derrière le binoclard. Trois femmes fermaient la marche, dont la dernière était grande, et ressemblant à ces pillardes dont le soleil leur avait donné une sale couleur. Une autre, de même couleur, était inconsciente. On l’avait également calée contre quelqu’un ; en l’occurrence, la doyenne du groupe. La prêtresse lui lança un regard assassin ; c’était la femme à l’autel de magie.

-C’est vous qui devriez me dire vos noms, ce que vous faites ici, mais surtout, ce que vous faites avec cette sorcière et ces guenons ! s’écria-t-elle en pointant les trois femmes du doigt. Je ne sais pas quand l’homme masqué reviendra, mais je n’aurai aucune pitié lorsqu’il tuera ces femmes impies !

Et la prêtresse cracha sur l’herbe.

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Nesreen


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« Nesreen ! Protège la Reine ! »

Elle n’eut pas besoin d’entendre l’ordre d’Abigaïl pour se mettre en action. Instinctivement, elle était partie à la poursuite de la bête, dont le manège étrange et meurtrier semblait viser Nabooru… mais fut bloquée par l’incendie aussi soudain que dévastateur. Elle laissa sortir un juron sonore, tandis qu’elle se laissait surprendre par la vague de chaleur meurtrière. Sa Reine était là-dedans. Elle eut le réflexe de ranger son cimeterre dans son carquois et s’avança, le bras devant son nez et sa bouche, les yeux brouillés et piquants sous les assauts d’une dense fumée.

Elle la trouva enfin, inconsciente dans le brasier. Autour d’elles, les flammes, au-dessus d’elles, des poutres qui menaçaient de tomber, et toujours cette chaleur insoutenable. Elle la prit le plus délicatement possible entre ses bras. Elle avait l’impression que son corps se transformait en brasier. Elle bénit les Déesses de ne pas s’être affublée de l’armure en métal qu’arborait ses compagnons, elle aurait déjà cuit comme un potage dans une marmite. A peine Nabooru dégagée qu’une poutrelle s’écroula à ses pieds. Tentant d’ignorer la douleur des flammes qui léchaient ses bottes, elle partit en courant vers l’extérieur, aussi vite qu’elle le pouvait entre ses langues de feu meurtrières, crachant ses poumons et happant goulument l’air frais lorsqu’elles parvinrent à s’échapper du brasier. Elle posa au sol la jeune femme, appelant Sakristi pour qu’elle vienne s’en occuper. Elle était très mal en point…


« Allez chercher vos chevaux derrière. Nesreen, ramènes-en deux, j'm'occupe de la Reine. Grouillez-vous, l'étable crame pas encore ! »

Elle jeta vers lui un œil passablement agacé. Elle n’avait pas encore repris son souffle.

« Laisse la guérisseuse s’en occuper, oui. Elle est largement plus qualifiée que toi. »

Elle fonça toutefois vers l’étable, parce que c’était vrai, qu’on avait besoin de chevaux. Il y faisait chaud, mais par chance, les bêtes n’avaient pas été atteintes. Elle entreprit de détacher toutes les bêtes entreposées. Aucune raison qu’elles subissent le même sort que leurs propriétaires plus bas… Libres à eux de s’échapper. Elle empoigna la bride de son cheval, piaffant, affolé, parmi tous les autres.

« Chh… Calme toi. Calme-toi. On sort d’ici. »

Elle en prit un autre, et entreprit de sortir, à petits pas, de l’étable, au milieu des autres bêtes affolées. Toutes les libérer n’était peut-être pas la meilleure idée qu’elle ait jamais eue. Elle les conduisit jusqu’aux petit groupe, en sécurité, et monta sur son cheval. Elle ignora les frottements désagréables du cuir chaud contre sa peau meurtrie et desséchée par les flammes.

Elle se plaça à l’arrière de la formation, et continua sa route. S’éloigner le plus vite possible de ce merdier. quand l’inconnue se réveilla, et commença à déblatérer ses inepties. Elle souffla.


« Hm. C’était mieux quand elle dormait, celle là. »

Elle lança, à Abigail. « Laisse-moi quitter ma formation deux minutes ! »

Cela lui faisait de la peine, de la laisser agresser ce pauvre gars qui venait de perdre son outil de travail. Il avait clairement connu des jours meilleurs pour mériter de se faire houspiller par une femme qu’il venait de secourir.

Aussi, elle n’aimait pas trop les gens qui traitaient les Gerudos de guenon.

Elle avança, provisoirement, à hauteur du deuxième cheval, et lança un regard glacial à leur hôte.


« Ecoute moi bien, toi. Prêtresse. T’étais en train de crever, et c’est la sorcière qui t’a sortie de là. Continue ton cirque et soit bien sûre que la guenon laissera l’homme masqué terminer sa petite affaire avec toi. Et insulte encore une fois la Sage Nabooru, Reine des Gérudos, et la guenon pourra peut-être même aller lui prêter main forte, Madame la personnalité publique. Ici, tu n’es rien, alors laisse toi soigner et suit le troupeau. »

Et elle retourna à sa place. Il ne s’agissait pas de se laisser attaquer par cette bête une seconde fois car une écervelée ne savait pas se montrer reconnaissante.


Jeune gens, la quête reprend (et termine, avec votre concours) ici :

https://hyrulesjourney.forum2jeux.com/t4196-quete-a-la-rescousse-des-gerudos-assaut-sur-la-citadelle-noire#56609

A ceux qui ne sauraient pas encore, la Prêtresse ne continuera pas avec nous, considerez au besoin qu'elle a fugué du groupe !

On a presque fini, c'est bon :p

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