[Ce Rp se situe 48 a 72H après qu'Eorah, Roshu et Lanre se soient séparés, suite a leur dernière aventure ensemble.]
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Eorah considéra son travail. Tendu entre deux arbres la petite tente avait piteuse mine. Quatre branches soutenaient la toile et l’empêchait de battre a tous vents. Elle avait glissé les coins sous de grosses pierres. L'ensemble avait une allure tout a fait bancale et elle était un peu déçue du résultat.
Tirant une couverture de son paquetage, elle s'enroula dedans et s'installa en tailleurs devant les braises mourantes de son feu de camps. Minuit n'allait pas tarder et la Sheikah angoissait. Elle lançait des regards nerveux a droite et a gauche, comme si un fantôme devait incessamment lui sauter dessus.
C’était un peu le cas, car Misère se manifesterait, comme a son habitude, vers minuit. Elle soupira et posa ses mains sur ses genoux. les yeux sanguins de la jeune femme montèrent vers les étoiles. Elle grimaça un peu, en proie aux douleurs de son corps meurtris. De la main droite, Eorah écarta les étoffes qui la couvraient. Elle dégagea lentement son épaule gauche. Dans la lueur orangée cette dernière avait vraiment une vilaine allure. Deux point rouges vif, de la largeur du pouce étaient entourés d'une cloque violacée. Des plaques noirâtres et nécrosées parsemaient le pourtour de la cloque. un réseau de traits violets et noirs partaient de la plaie, comme autant d’étoiles et de rivières venant se jeter dans la mer sombre de sa blessure.
Comme a chaque fois depuis l'attaque, Eorah miaula de douleur en retirant le cataplasme qui collait a sa peau. Elle manqua de s’évanouir d'ailleurs, tant l'odeur et la vue étaient insupportables. Sa main gauche reposait d'ailleurs, comme sans vie sur son genoux. Le poison du Bourbon avait fait de gros dégâts dans le corps de la jeune femme et bouger sa main lui demandait de gros efforts.
Aussi elle refit son pansement avec de grosses difficultés. Eorah dut plusieurs fois faire une pause, pour respirer, pour chasser les larmes qui lui embrumaient les yeux. Elle lâcha une fois un cri douloureux, en apposant le cataplasme gorgé d'alcool sur la plaie sensible. Et elle se maudit, elle même, et sur plusieurs générations. Pourquoi avait-elle fait la fière comme ça? Assurant qu'elle pouvait reprendre seule la route? Avec un peu de compagnie, elle aurait été plus rassurée. Et plus en forme aussi pour se soigner.
Mais non, sa fierté avait repris le dessus et Eorah s’était éloignée de ses compagnons de route. Leurs chemins s’étaient séparés quelques jours plus tôt. Et depuis elle campait la. Dévorant les maigres provisions dont elle disposait. Eorah se rendait bien compte que sa fierté la tuait a petit feu. Elle soupira en attrapant son poignet gauche avec la main droite. Bouger ses doigts paralysés lui était toujours difficile. Dépitée elle posa sa main paralysée sur son genoux gauche, l'observa une longue minute, avant de fermer les yeux. Eorah soupira et dirigea son regard de sang vers les flammes timides de son feu de camps.
Elle tendit sa main valide vers la chaleur des flammes, rêvassant a un lit chaud et une soupe brûlante quand minuit sonna. La métisse grimaça, et se prépara a souffrir. Le rituel qui lui pourrissait la vie depuis le désert ne cesserait pas parce qu'elle était mal en point. Elle se tendit, attendant la visite quotidienne de son bourreau invisible quand un craquement la fit sursauter. Elle ramena ses jambes sous ses fesses, prête a déguerpir le plus loin possible, obéissant a un ordre donné plusieurs jours plus tôt, ordre auquel elle avait pas répondu et qui la hantait maintenant. Son bras paralysé tomba le long de son flanc, inutile. Eorah le regarda une seconde et se hissa sur ses pieds.
"Qui va la?" hurla la métisse aux ombres, le coeur battant et les joues roses de peur.