Si selon les lois crées par le Juste, les esclaves ne devraient pas exister dans son Royaume, Elia'ch en était bien un, esclave depuis si longtemps qu'il ne se rappelait plus ce que fut sa vie d'avant ni même de ses parents lui ayant offert son prénom, seul vestige de qui il fut.
L'homme était originaire d'un village frontalier de la province de Firone depuis longtemps oublié, qui faisait dans la chasse et la culture pour subvenir aux besoins de ses habitants. C'est à l'âge de cinq ans qu'une terrible attaque de bandits eut lieu sur ses terres, peu défendues à l'époque. Un seul assaut suffit pour le faire disparaitre des cartes. Ils brûlèrent maisons et volèrent toutes leurs cultures avant de disparaitre des radars, malgré les quelques hommes envoyés pour prévenir la ville la plus proche, avec les survivants de cette terrible attaque.
Ils les gardèrent en otage durant de longues semaines tout en vendant chaque tête au plus offrant pour en faire ce que l'acheteur désirait. Elia'ch fut vendu à un petit seigneur des plateaux de Kasuto et c'est ainsi que son destin se scella pour les longues années qui suivirent. Le jeune garçon avait bien du mal à comprendre la situation dans laquelle il se trouvait. Du haut de ses cinq ans, il ne désirait que retrouver ses parents qu'il n'avait plus vu depuis ce tragique jour. Innocemment, il demanda à son nouveau maitre s'il comptait l'amener là où ses parents se trouvaient. L'homme ne manqua pas de trouver cette question bien amusante alors qu'il ordonnait à ses soldats de donner un chiffon au garçon pour qu'il nettoie les fenêtres de sa demeure. Ce fut ainsi que commença son calvaire. Elia'ch ne comprenait pas rien à sa situation et se contenta de s’exécuter alors qu'on lui faisait miroiter une possible venue de ses parents s'il était sage. Le garçon s'ordonna encore et encore, réalisant chaque tâche qu'il lui était confié dans l'espoir de les retrouver, les jours passant suivi des semaines jusqu'à ce que le premier mois se finisse.
Le garçon avait refusé bien des fois de s'atteler à la tâche, les yeux emplis de larmes et sa voix brisée par les sanglots alors qu'il quémandait la chaleur de ceux qui lui avaient donnés naissance. Si les premières punitions furent douces, les choses dérapèrent vite. Au début, il était affamé jusqu'à ce qu'il se montre obéissant mais plus il refusait d'obéir et plus, elle prenaient en intensité. Cela passa par les gifles à chaque fois qu'il contestait un ordre avant de suivre par des journées enfermées dans un sous-sol caché sous l'écurie du seigneur. Affamé, assoiffé et dans l'obscurité totale, l'enfant ne tardait pas à se montrer beaucoup plus coopératif, son esprit se brisant par la même occasion.
Le temps passa et Elia'ch ne parlait plus, ne quémandant plus ses géniteurs disparus, il se contentait d’hocher la tête à chaque consigne qu'il recevait, s'y attelant aussitôt de peur des représailles. Pourtant, il rêvait encore de liberté, d'un jour s'enfuir par la porte pour rejoindre le monde se trouvant en dehors des murs où il était retenu. Il ne sut que plus tard que ce rêve provoqua la venue de ses plus terribles cauchemars. Après une dizaine d'années à son service, il lui fut proposé de devenir l'une des gardes personnels du maitre des terres. Il lui était promit une bien meilleure condition de vie qu'il avait eu jusqu'à maintenant. Elia'ch accepta, voulant vivre avec plus de dignité qu'il lui était accordé et, surtout, craignant les représailles s'il refusait cette offre. Il fut donc formé avec les soldats du château, ayant même l'occasion d'apprendre de la magie aux côtés des mages de la cour.
Lorsque la guerre entre le Conquérant du Désert et la famille royale d'Hyrule battait son plein, le Roi de l'ouest lança une attaque vers les terres proches de son royaume. Celui des plaines de Kasuto fut touché. Le petit château du seigneur tenta tant bien que mal de résister aux assauts des troupes du Conquérant mais c'était impossible pour une si petit armée. Les murs s'écroulèrent sous les assauts des mages et des trébuchets. Les pierres venaient écraser les soldats et serviteurs les plus malchanceux. Ceux ayant survécus à leurs chutes furent assassinés par l'armée adverse. Les pieds des survivants et attaquants piétinait les restes de ce qui fut des humains, laissant des traces rouges sous leur passage. Tout s’effondra bien vite.
Dans la panique de l'attaque, Elia'ch se tenait aux côtés du seigneur, le protégeant jusqu'à ce qu'il puisse s'échapper par l'un des passages secrets dans son bâtiment. Il agissait sans y réfléchir comme il avait été conditionné à le faire depuis tant d'hivers. À l'aide d'un autre garde, ils bloquèrent la porte du bureau avec une grosse bibliothèque. Le maitre se tourna vers l'esclave, le regard apeuré, avant de lui adresser la parole.
"Reste ici et sers de bouclier humain pendant que je m'échappe."