« Tout pouvoir est triste. »

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Llanistar van Rusadir


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(vide)

En cette soirée sinistre au château d'Hyrule qui avait vu les derniers soldats rentrés de la citadelle, le ciel se déchainait avec une fureur inhabituelle. De telles tempêtes ne s'abattaient que rarement sur ce pays, pour autant que Llanistar le savait. Aussi voyait il d'un oeil mauvais la pluie frapper la fenêtre de la chambre d'Orpheos. Au loin, la foudre tomba sur un arbre, le calcinant en un instant. Non, décidément, ce temps n'était pas naturel et n'augurait rien de bon. Superstition de paysan ou intuition avérée, le nordique hésitait encore à en croire son impression. Son flair se trompait peu mais il ne l'avait pas toujours protégé des dangers à venir. Se concentrer sur une menace pouvait vous faire oublier les autres, parfois plus dangereuses. Un frisson le prit soudain et il réalisa oh combien l'air se rafraichissait de minute en minute.
Il s'étira longuement jusqu'à sentir ses vertèbres craquer puis il se leva du bain inconfortable d'où il observait l'extérieur. Avec le maximum de précautions pour ne pas faire de bruits, il s'approcha du tas de buches dans un coin de la pièce, en saisit deux puis entreprit de faire naître un feu dans l'âtre de la chambre. Le bois était sec mais le fond de l'air commençait à s'emplir d'humidité et il batailla quelques instants avant qu'une flammèche ne vint lécher les rondins et que les flammes ne naissent puis grandissent. Alors Llanistar se rengouffra dans son manteau et tenta de profiter au mieux de la faible chaleur du foyer. Le simple contact de ses doigts sur le tissu de cette cape le réconfortait. Elle avait été tissé à Waundel, chez lui, alors qu'il allait quitter son duché pour la capitale. Avec son épée et son pendentif familiaux, elle était la seule attache restante entre lui et sa terre natale. A présent qu'il se trouvait si loin au sud est, que tant de choses avaient changés et que rien n'était certain pour l'avenir, ressentir le même contact sur le tissu au bout de sa main unique que depuis le premier jour où il l'avait revêtu lui faisait un bien fou.


- Toi au moins tu ne m'as jamais trahit.

Un léger son derrière lui le fit se retourner. Orpheos devait s'agiter sur son lit. Llanistar avait tenu bon son serment de protéger le chancelier de sa témérité et lui avait barré la porte assez de temps pour qu'il se décourage et retourne s'allonger, visiblement à bout de forces. Le nordique se demandait bien ce qu'il aurait pu dire pour justifier son attitude outrageuse si le chancelier avait appelé la garde. Sans doute les soldats ne l'auraient ils pas écouté...C'était leur rôle, obéir avant de penser au bien être de ceux qu'ils servaient. L'Artensys n'était pas concerné par un serment de ce type : il avait donné sa parole à Orpheos d'agir pour son bien et contre sa volonté si il le fallait. Au final, il ne savait pas si le chancelier avait réussit à trouver le sommeil. Patiemment et malgré une fatigue grandissante, il était resté à son chevet pour veiller sur lui, saisissant l'occasion pour l'observer. A présent que le chancelier gardait ses yeux d'émeraudes fermés, Llanistar se sentait moins sensible à son charme...Encore que ce dernier fut toujours présent.
Orpheos avait réellement quelque chose d'étrange, de magnétique. Son teint d'albâtre et ses cheveux d'un noir très profond lui donnaient des points communs avec le nordique mais ce dernier se savait bien moins beau que le chancelier. Il se souvint d'un ancien dieu de Markand dont lui avait parlé Saad lors d'une de leur fugues à l'Oasis des oliviers. Un dieu à l'apparence jeune, aux cheveux longs, toujours représenté une Lyre dans les mains et possédant une voix capable d'envouter n'importe quel être vivant sur Terre. Orpheos aurait pu être une incarnation de cette divinité aux yeux de Llanistar. Silencieusement il s'approcha du lit, passant sa langue sur ses lèvres tandis que son coeur battait de plus en plus vite dans sa poitrine. Il se demanda quel gout ces fines lèvres pouvaient avoir, désira connaître la fermeté de ce torse jeune et la douceur de cette chevelure abondante... Quand la porte s'ouvrit en grand.
Le médecin à bout de souffle annonça confusément :


- La princesse Zelda va vous recevoir !

- Bien. Où ?

- Ses appartements privés. Je peux vous y conduire.

Llanistar se retourna vers Orpheos, que l'intrusion devait avoir réveillé, guettant ses ordres. A présent que la souveraine le réclamait, le chancelier devait se rendre auprès d'elle. Le nordique espérait qu'il en aurait les forces à présent.


Orpheos


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(vide)

Il savait où il se trouvait : au beau milieu des bois perdus. Paradoxe. Il s’était éloigné des sentiers menant au temple de la Forêt, s’enfonçant en celle-ci, s’éloignant de toute civilisation. Un soleil matinal passait au travers des feuilles d’arbres, et la terre qu’il foulait à pieds nus était encore fraîche de la rosée.

-La promenade est-elle agréable ? s’amusa une voix de jeune homme derrière lui.
-Elle l’est, répondit-il sans se retourner, continuant à marcher.
-Tu t’échappes en des contrées plus belles que la réalité. Prends garde, tu souhaiteras bientôt ne plus en revenir.
-Personne ne devrait s’inquiéter pour moi.


Il s’arrêta entre deux arbres. Devant lui se trouvait la lisière de la forêt…

-J’ai, une fois de plus, été abandonné.
-Il te rend la monnaie de ta pièce, quelque part. Et souviens-toi dans le désert : c’est d’abord toi qui l’avais abandonné à ton départ, au seuil de la mort.
-Je me souviens. Je vois simplement beaucoup d’ironie dans mon parcours. Un Prince comme l’autre : vous avez fini par vous éloigner de moi, de nous, sans que je ne comprenne pourquoi.
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Enfin, il fit volte-face pour regarder son interlocuteur, mais ce dernier avait déjà disparu. Sa contemplation revint alors à la lisière de la forêt, d’où passait une lumière intense au-delà des arbres.

-Peut-être vous retrouverai-je un jour. Je dois avancer pour que le destin soit provoqué…

Sa main tâtonna sur sa tunique, puis vint s’emparer d’un pendentif triangulaire, que ses doigts entourèrent avec force. Le poing serré autour du bijou, contre sa poitrine, il avança d’un pas décidé vers la lisière de la forêt, tandis que la lumière extérieure l’éblouissait crescendo…



- La princesse Zelda va vous recevoir !

A peine sorti de son rêve, Orpheos se redressa d’un bond sur son lit. Le médecin, essoufflé, regardait Llanistar qui se tenait -étrangement- très près de son chevet.

- Bien. Où ?
- Ses appartements privés. Je peux vous y conduire.

Le nordique jeta un œil au chancelier, qui après le sommeil paraissait avoir retrouvé toute sa vigueur, et calmé sa colère précédente.

-Nous venons, dit-il sans équivoque. Amenez mes bottes… ainsi qu’un manteau ; la température me paraît plus basse que tout à l’heure.

Il n’était pas le seul à avoir un peu froid : un feu ronflait dans la cheminée, et Llanistar avait enfilé son propre manteau. Le médecin exécuta la demande d’Orpheos, puis l’aida à se lever de son lit. Il s’était assoupi sans s’en rendre compte après son altercation avec Llanistar, épuisé plus qu’il ne se doutait, mais après ces quelques minutes de repos, il se sentait déjà mieux.
Toutefois, ses jambes étaient encore faibles, et il fallut que le chancelier restât sur le lit pour enfiler ses bottes. Son manteau en soie, noir et tissé de fils d’argent, suffirait à le rendre présentable auprès de Zelda ; bien que, de son avis, il parut moins noble dans cet habit que Llanistar lui-même. Ses origines de haute famille lui crevaient les yeux, autant que l’expérience des batailles et des difficultés qu’il avait connues.


-Allons-y, engagea placidement Orpheos, néanmoins satisfait d’être reçu aussi vite.

Prenant appui grâce au médecin et à Llanistar, le musicien quitta sa chambre confortable pour s’aventurer dans les couloirs glacés du château. La tempête extérieure s’engouffrait sous les interstices de vitres, faisait trembler les carreaux, et amenait le froid à l’intérieur. On entendait aussi la pluie taper contre les toits en ardoise de l’édifice, tout au-dessus de leurs têtes. Le climat ambiant, orageux et pesant, paraissait approprié à la nouvelle qui se répandait -Orpheos en avait conscience- à l’instant même dans tout le palais hylien.

La traîtrise du prince… jusqu’au bout, jusqu’à l’assentiment solennel de Zelda, Orpheos n’y croirait pas.

Après un parcours rythmé par les boitillements du musicien, le médecin le laissa avec Llanistar au bout d’un long couloir décoré d’un habituel tapis rouge. Face à eux se dressait deux portes en bois qui ouvraient l’accès aux appartements privés royaux, gardés par deux soldats à l’allure austère.
Orpheos lança un nouveau regard au chevalier du nord, se plongeant brièvement dans ses yeux gris étonnants, avant de s’en détacher pour aviser droit devant lui. Avec l’aide de Llanistar, il marcha à pas prudents vers les deux portes, puis fit signe aux gardes d’annoncer leur arrivée à la princesse de la destinée.


Zelda Nohansen Hyrule

Princesse de la Destinée. ∫ Édile de Nayru.

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(vide)

"Tu lui as déjà tout raconté?"

Sans doute lui avait-elle déjà posé la question plusieurs fois, mais elle souhaitait surtout briser le silence et s'en assurer une fois de plus. Voilà à peine quelques minutes qu'elle avait demandé qu’on aille prévenir le chancelier qu’elle allait le recevoir, il était donc normal qu'il ne soit pas encore arrivé, pourtant la princesse s'impatientait déjà. Ces retrouvailles la rendaient anxieuse, comment ne pas l'être avec de telles nouvelles à annoncer? Mais elle avait déjà envoyé Cerscastel l'informer. Ce qu'elle craignait à présent c'était les questions qu'il lui poserait inévitablement, et qu'elle craignait de ne pouvoir supporter.

Comme si cet état d'anxiété lié et mêlé à ses tracas ne suffisait pas, voilà quelques heures qu'elle se sentait nauséeuse. Le mal être était apparu sans prévenir et n'avait fait que s'accentuer depuis. La fatigue ? Peut-être... Ou en partie. Si elle avait été plus attentive, elle aurait sûrement remarqué que ses symptômes avaient commencé en même temps que cette étrange tempête, allant crescendo avec elle, mais elle était bien loin de surveiller le temps à l’extérieur, si désastreux qu’il fut. Elle n’aurait jamais cru pouvoir se sentir encore plus mal que lors de l’absence des guerriers partis dans le Désert et cette attente insoutenable... L’issue tant attendue lui avait fait bien plus de tort que de bien, et la fatigue n’en était que plus marquée sur son visage. Entre savoir que tous pouvaient ne pas revenir, et vivre vraiment certaines absences ..... Il fallait qu’elle discute, qu’elle pense à autre chose.

“Tu .. Tu as dit qu’il avait l’air souffrant ?”

Elle n’avait pas seulement des nouvelles à lui annoncer, mais aussi des nouvelles à prendre. Elle aurait d’ailleurs voulu pouvoir le recevoir ou lui rendre visite dès son retour au château, mais elle avait été particulièrement occupée, son attention requise pour les rapports de l’expédition et les réunions concernant les mesures immédiates qui devaient être prises. Là encore, elle avait une tonne de travail à abattre. Mais finalement, est-ce que la situation ne l’arrangeait pas .. ? Un esprit occupé n’a pas le temps de penser au reste...

Incapable de tenir en place et rester inactive, et inquiète de tomber dans ses propres pensées et toute la tristesse qui allait l’assaillir avec elles, elle s’apprêtait à rouvrir sur la table un des cartes qu’elle venait de ré-enrouler après les avoir consultée avec Cerscastel. L’avis de l’homme qu’elle considérait comme un père comptait beaucoup à ses yeux, et il restait une des rares personnes en qui les événements récents n’avaient pas ébranlé sa confiance. Son Père l’ayant quittée trop tôt et sans lui avoir légué de réelles connaissances militaires... Elle sentit sa tête qui tournait. Elle remis la carte à sa place et porta la main à son visage. Elle consentit à se calmer et s’asseoir sur une chaise près de la table. Elle se sentait lourde, oppressée, malade...

“J’ai un peu la tête qui ..”

Mais elle fut interrompue par le garde qui entra dans la pièce en lui annonçant l’arrivée du chancelier et d’un autre homme dont le nom lui échappait. Cerscastel l’avait bel et bien prévenue de la présence d’un des guerriers partis pour le Désert avec Orpheos. Elle le recevrait donc en même temps, ce qui signifiait que l’entrevue devait prendre un caractère plus officiel qu’elle ne l’avait espéré, et elle fit l’effort de se relever. La pièce tangua un moment autour d’elle avait de se stabiliser. La tempête faisait rage dans sa tête aussi...

Elle fit signe au garde de les faire entrer. Sans doute le Chancelier serait-il rapidement fixé rien qu’en la voyant, le visage de Zelda, son expression à la fois vide et peinée, ses traits tirés, et son teint pâle répondaient mieux que n’importe quels mots aux questions qu’il pourrait poser.

“Orpheos... Je m’excuse de n’avoir pu te.. vous recevoir plus tôt Chancelier...”

Qu’elle avait du mal à garder un ton officiel... Si ses blessures et sa peine ne pouvaient en être totalement apaisés pour autant, elle était tout de même soulagée de voir au moins une des personnes qui lui étaient chères rentrer au château, et en assez bonne forme pour réclamer une entrevue avec elle.


Espoir Cerscastel était un vieil homme. Un vieil homme dont la vie appartenait déjà au passé depuis bien des années. À l'origine fils d'un honnête homme dont le travail ne parvenait pas à nourrir les sept enfants que formaient la portée qu'il avait progressivement conçu avec sa femme. Deux véritables lapins qu'étaient feu ses parents. Il lui avait donc fallu vivre souvent dans la rue. Le plus grand de ses frères avait hérité de la gargote que tenaient les aïeuls et s'était associé aux deux suivants. Le quatrième fils était devenu forgeron, tandis que le cinquième avait pris la route sans plus jamais revenir, ni donner de nouvelles. Le sixième – le plus jeune aîné d'Espoir – avait mal tourné, et avait fini tué lors d'une rixe contre la Garde. C'était bien pour éviter son exemple que le septième fils d'un septième fils s'était engagé dans l'armée, jusqu'à être repéré par le Roi en fonction, grand-père de la suzeraine qu'il servait désormais. Ce même roi l'avait fait page de son fils, Daphnès Nohansen Hyrule, père en devenir de la Princesse de la Destinée. Une amitié indéfectible (et parfois mal vue, jusqu'à l'arrivée d'une femme dans la vie de Daphnès) était née entre les deux hommes.
Naturellement doué pour le combat (doux euphémisme) il s'était très rapidement démarqué des autres, et les dires l'avaient fait meilleur guerrier de son temps.

Il n'aurait de toute façon plus jamais la force de brandir l'épée. Il était diminué. Et il eut été faux de dire qu'il l'acceptait bien.
Paré d'une longue cape d'un beige clair, et au dorures filées, il était toujours vêtu de ses plaques, quoique celles qu'il portaient désormais étaient moins lourdes et plus cérémonieuses que celle qu'il avait toujours eu l'habitude d'employer. Pour autant il avait su rester sobre (le faste des cérémonies l'avait toujours dérangé. Il n'était pas homme à se jeter sur le devant de la scène.). Bardé de plaques de cuirs clairs, et ceint d'une épée (celle offerte par Daphnès), il n'avait pas l'allure du Seigneur vadrouillant sur ses terres, mais un charisme bien particulier. Nullement celui d'un roi : celui d'un guerrier, celui d'un chef et celui d'un meneur prenant part au combat, en dépit de la vieillesse et de la petite vérole qui lui rongeait les os.


"Il sait, Altesse." Lâcha-t-il presque grinçant. Cerscastel n'avait jamais été homme à être débordant de chaleur, et la situation présente le laissait plus glacial que le givre. Réalisant qu'il risquait de briser cette enfant comme il eu fait d'un verre en la lâchant, il se repris. « Il en sait sans doute plus que vous ou moi, Zelda. Il était sur les lieux avant nos espions, et bien qu'il soit parti avant la tragédie, je pense que.. »

Il fut subitement coupé par cette femme qu'il avait juré corps, coeur et âme de protéger. Il était rare de la voir dans un pareil état de stress et d'inquiétude. La perte du Prince devait brûler son palpitant aussi fort que lorsqu'il s'était vu lui même congédié. Sans doute plus même. Comment pourrait-il jamais prétendre la comprendre ? Si la disparition du héros représentait une triste nouvelle pour le Royaume dans sa globalité, elle ne l'affectait pas personnellement. Jamais il n'avait cru aux héros, de toute façon, et l'homme lui restait inconnu. Un bon combattant, certes, quoique certainement trop prétentieux et arrogant. Et aux yeux de sa Reine, il se doutait bien que le petit blond avait été tout à fait éclipsé par le Prince désormais déchu.

"Ne vous inquiétez point trop, votre Majesté. Un docteur le veillait, et j'ai d'ores et déjà fait mander nos meilleurs soignants pour s'occuper de lui à la sortie de cet entretien."

Il n'ajouta pas qu'un autre homme gardait un oeil bien attentif sur le Chancelier. Bien que celui-ci lui ai offert sa confiance, le chevalier restait particulièrement méfiant à l'égard du manchot. Sans remettre en doute ses capacités, il était bien trop vieux et conscient du danger que pouvait représenter une trahison pour ne pas se méfier de prime abord.
De toute façon, c'était là chose qu'il avait déjà faite : Zelda était déjà prévenue de la présence d'un étranger.

Un homme, plutôt grand, au visage typique de ceux du nord. De longs cheveux noirs, une seule main, et une épée à la ceinture. Il ne savait pas de qui il s'agissait, mais déjà son nom lui avait échappé. De toute façon, il n'eut pas le temps de se plonger dans d'intenses réflexion, qu'une remarque de la princesse le fit réagir de suite. Elle allait mal.
Mais tout s'enchaînait si vite..! Les Déesses riaient sans doute, là haut, à le voir peiner à suivre. Les gardes postés (sur ses ordres) devant la belle porte de bois, travaillée, venaient d'annoncer l'arrivée du Chancelier.

Dès lors, Cerscastel se désintéressa du début de la conversation. Un sombre souvenir venait de lui envahir les prunelles, à l'instar d'une tache d'encre se répandant sur le papier. Devant lui se dessinait une Zelda prise de panique, un corbeau posé sur la main et qui la fixait d'un air dément.
La main du vieillard se posa clairement sur la fusée de cette lame ensorcelée dont la Royauté lui avait fait don. Il plissa les yeux, et fouilla du regard chaque recoin de la pièce, frappé à son tour par la crainte de voir se trouver quelque oiseau de malheur caché derrière une poutre. Mais il ne trouva rien. Soit ces oiseaux savaient se dissimuler mieux qu'une souris, soit sa vue n'était vraiment plus ce qu'il était. Se relâchant légèrement, il accorda un signe de tête aux deux soldats, qui fermèrent la porte, et se postèrent à nouveau devant. Puis, sans un regard pour l'inconnu, il lança de son ton acéré.


"Mes respects à nouveau, Chancelier. Princesse, désirez vous peut être que je quitte la pièce ?"

Ce compte est un compte narrateur : les personnages joués par le narrateur ne peuvent pas être utilisés par les joueurs ou joueuses dans leur post (sauf autorisation d'un admin) et les jets de dé du narrateur sont contraignants.



Llanistar van Rusadir


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-Allons-y.

Le ton d'Orpheos ne laissait entendre aucun doute sur sa détermination. Le chancelier était encore faible, cela crevait les yeux. Sa démarche peut assurer, la pâleur de son visage, l'âpreté de sa voix... Néanmoins Llanistar ne pensa pas un instant à l'arrêter. Il s'était reposé autant que possible, à présent que sa souveraine l'appelait à ses côtés le nordique n'avait aucun droit de s'y opposer. Evidemment, il aurait préféré que la souveraine vienne au chevet de son chancelier mais il supposa qu'elle était trop préoccupée pour penser à tous les détails. Après un hochement de tête d'approbation, il prit le bras de l'Hylien, le plaça sur sa hanche et fit de même avec son bras à lui, leur assurant le meilleur équilibre possible. Le médecin marchait avec précaution et anxiété à leurs côtés, prêt à sursauter à chaque pas d'Orpheos. Soutenant ainsi son compagnon, Llanistar se fit guider dans le château.

La pluie battait toujours les carreaux de la chambre quand il la quittèrent. L'atmosphère fraiche faisait néanmoins du bien au nordique, plus habituel au blizzard polaire qu'aux vents chauds d'Hyrule. Depuis plusieurs mois, il attendait avec impatience la venue de l'Hiver. Mais le son de la pluie réveillait en lui une mélancolie dont il se serait bien passé. Il avait plu ce jour là, quand il avait descendu le corps d'Aeldis de la croix qui l'avait vu mourir. Il pleuvait toujours quand il l'avait mit en terre et veillé, le pleurant de toutes ses larmes. Il pleuvait encore lors du massacre de Castel Rhein.
La pluie était le manteau de la mort. Ses gouttes ; les larmes des vivants. Cela faisait des années que Llanistar dansait avec la mort. Ils dansaient à deux, ignorant le prochain pas de l'autre, se surprenant l'un l'autre sans cesse, à la manière d'un Tango. Un Tango pour les morts. Le nordique avait apprit tant bien que mal les pas complexes rythmant cette macabre mélodie mais qu'en était il des Hyliens ? Surprotégés comme des enfants, ils seraient laissés à eux mêmes, incapables de surmonter les chocs à venir. Oui, Hyrule allait connaître des temps difficiles. Oui, des hyliens mourraient et certains dans des souffrances intolérables. Mais non, ça n'était pas une fatalité ! Lui pouvait les aider. Et il le ferait...Si Hyrule voulait bien de lui.

Llanistar observa le chancelier. Ce dernier partageait son visage entre la détermination et l'angoisse. Ses magnifiques yeux se fermaient fréquemment quelques instants sous le coup de la fatigue et ses mains tremblaient. Mais il continuait à aller de l'avant sans jamais demander de répit. Il était du sang des vrais hommes. Du sang des rocs qui tiennent bon dans la tempête quand les falaises les plus fragiles se sont déjà effondrées. Car des hommes s'estimant aussi solides qu'une falaise, il en existait des millions mais des rocs véritablement inébranlables, seulement quelques poignées. Le nordique pensa avec un sourire que son compagnon serait peut être un des premiers à le suivre si il parvenait à ses fins.

Soudain, le médecin les laissa avec un air excusé dans le dernier couloir. Llanistar continua sa route en soutenant toujours le chancelier qui montrait de sévères signes de fatigue. Un garde entra dans la pièce puis en ressortit presque aussitôt, signifiant d'un hochement de tête que la princesse les recevrait. Les deux soldats s'écartèrent alors et, bien que le nordique put sentir leurs regards méfiant, les laissèrent entrer.
La suite royale. Sans doute aurait elle pu émerveiller le regard en un autre jour. A l'instant où Llanistar entra, il se sentit terriblement mal à l'aise. Sur une grande table devant eux s'entassait une paperasse désordonnée. Une bougie unique éclairait mal la pièce déjà rendue lugubre par le temps pluvieux aux fenêtres. Derrière le bureau se trouvait la souveraine d'Hyrule : La princesse Zelda.


“Orpheos... Je m’excuse de n’avoir pu te.. vous recevoir plus tôt Chancelier...”

Les formules officielles se mêlaient à une familiarité naturelle dans sa bouche et c'est à ce principal signe que Llanistar constata la fatigue qui l'accablait elle aussi. Se pouvait il que la trahison de prince ait été si peu prévisible qu'elle les fasse à elle seule ressembler à une famille de morts vivants ? L'Artensys commençait à entrevoir la gravité de la situation. Si les principaux personnages de l'Etat accordaient tant de confiance à Dun Loireag, sa disparition laisserait un immense vide impossible à combler.
Il ne dit pas un mot, laissant Orpheos parler. Après tout, malgré sa noblesse de naissance, il était surclassé en rang par tous dans cette pièce. Autrefois, il était Duc mais à présent, il était réfugié. Et un réfugié est moins qu'un vagabond. Mais avant que le chancelier ne prenne la parole, le vieux chevalier Cerscastel prit la parole. Llanistar et lui s'étaient fixés quelques instants, se renvoyant un regard mauvais. Le nordique n'oubliait pas leur conflit précédant et il n'était pas dans ses habitudes de se laisser marcher sur les pieds.


"Mes respects à nouveau, Chancelier. Princesse, désirez vous peut être que je quitte la pièce ?"

*Oh oui fais donc papy.* ne put s'empêcher de penser Llanistar.


Orpheos


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Les deux gardes s’écartèrent des portes pour laisser entrer les deux hommes. A cet instant, Orpheos sentit ses jambes défaillir de nouveau. Qu’allait-il trouver de l’autre côté ? Soulagement ? Désespoir ? Peut-être les deux à la fois ? Les questions qu’il souhaitait poser au sujet de Dun lui brûlaient les lèvres, tout en lui glaçant le sang… Et voilà qu’il hésitait à entrer. Orpheos dut se forcer quelque peu à avancer, aidé de Llanistar.

Dès son entrée dans la suite royale, le chancelier sentit son corps le lâcher un peu plus.

La pièce était mal éclairée ; une bougie unique brûlait au milieu d’une paperasse étalée sur toute la table, derrière laquelle se trouvait le vieux Cerscastel, ainsi que…


-Zelda… ?


Le Sheikah avait chuchoté le nom de sa princesse comme s’il la découvrait mourante. Les traits de son visage étaient terriblement tirés, comme si elle venait de passer une nuit blanche, et son regard s’était fait lointain. Hors de toute portée.

-Orpheos... Je m’excuse de n’avoir pu te.. vous recevoir plus tôt Chancelier...
dit-elle d’une voix qui en devenait monocorde, à force de vouloir être officielle.

Pendant que les deux gardes quittaient la pièce par un ordre silencieux de Cerscastel, le chancelier observa la reine d’Hyrule. Elle était pâle, ses beaux cheveux blonds paraissaient secs, un peu broussailleux, et il pouvait presque voir sur ses épaules l’accablement de la lassitude.
Du désespoir.
Il l’avait trouvée, sa réponse.


-Non…


Orpheos s’écarta de Llanistar en s’approchant de la table, lentement. Il n’avait même pas entendu la demande de Cerscastel à Zelda, ni la réponse de celle-ci. Elle regarda alors Orpheos, et à cet instant, il sut.

-Zelda… qu’est-ce que ça veut dire ? Dun… que… ?

Les yeux de la princesse lui dirent tout, et l’expression qu’adopta Cerscastel eut lieu de confirmation. Un silence s’était installé dans la pièce, mais il possédait bien plus de portée que des mots. Ce qui venait de leur arriver se passait justement de mots.
Et puis, juste après ce silence accablant, telle une violente tempête après un calme lourd de prémices, le chancelier explosa en venant frapper la table du poing.


-Je vais te tutoyer exceptionnellement devant autrui ; que le protocole aille se faire foutre ! cracha-t-il avec hargne, se fichant bien de ce que pourraient penser Llanistar ou Cerscastel de son comportement. L’homme domestiqué qui s’était laissé choyer, par le médecin ou par les serviteurs, redevenait l’animal sans lois que Zelda avait connu autrefois. Je ne peux pas croire que Dun t’ait trahi de son propre chef, il t’aime trop pour ça ! Il a dû être manipulé, ou forcé par Ganondorf ! Mais il ne peut pas nous avoir trahis volontairement !

La journée était rude pour le musicien, qui perdait décidément de son calme pour la seconde fois. Llanistar ne pouvait le voir car il lui tournait le dos, et Cerscastel n’était pas assez intime avec lui pour le déceler, mais Zelda, elle, put déchiffrer toute la détresse que ses yeux verts éclatants lui lancèrent. Tout le désespoir que la princesse taisait, et que le chancelier hurlait.

-Il s’agit soit de chantage, soit de sorcellerie ! Dun n’aurait jamais quitté la couronne de lui-même, pas comme ça ! Et j’ai cru comprendre que tu t’es retrouvée face à Ganondorf ici, pourquoi n’as-tu pas tenté de l’arrêter si c’est le cas ?! Tu as largement les capacités de le combattre ! Explique-toi !

Le chancelier manquait très certainement de respect à sa souveraine, mais il n’était pas le genre d’homme à se tenir trop longtemps aux règles de la cour. Le vagabond qui s’était lié d’amitié et d’affection, avec une princesse dont il savait le rêve secret de liberté absolue, se permettait de parler d’égal à égale avec sa seule amie.
Il se le permettait aussi parce qu’il s’agissait de son autre ami. Orpheos n’avait eu qu’à peine le temps de retisser un lien d’amitié avec Dun, qu’on le lui enlevait déjà ! Le chancelier n’avait que ces deux personnes au monde, et l’une d’elle venait peut-être de disparaître à jamais. Sa colère, malheureuse et écœurée, était trop intense pour être contenue.


Zelda Nohansen Hyrule

Princesse de la Destinée. ∫ Édile de Nayru.

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(vide)

Alors que le Chancelier venait d'entrer et s'approchait, Cercastel salua ce dernier puis proposa à la princesse de quitter la pièce.

« Reste, s'il te plait … »

C'était d'une toute petite voix qu'elle venait de lui répondre, sans doute audible uniquement par lui. La présence du vieil homme à ses côtés la rassurait, et l'apaisait autant qu'il était possible dans un moment pareil. Car si Orpheos avait deviné à son regard la tragédie qui la hantait, elle avait elle aussi vu le sien changer à vue d'oeil alors qu'il s'avançait.

Comme elle s'y attendait les mots - bien que ce ne fut pas leur intention - furent comme des couteaux qui rouvraient une blessure encore trop vive. Que croyait-il ? Que ça l'amusait ? Qu'il lui plaisait d'y croire ? Qu'elle n'avait pas réfléchit à tout cela? Qu’elle n’avait pas passé son temps à chercher les raisons, les signes avant coureurs qu'elle avait pu négliger ? Sans doute était-ce parce que la colère de son ami faisait echo à sa propre peine que peu à peu la colère montait en elle. Son crâne, toujours écrasé sous le pression d'un mal mystérieux y était peut-être aussi pour quelque chose... Toujours est-il qu'elle n'avait pas attendu avec patience la fin de toutes ces accusations, et que ce fut son tour d'exploser lorsque le Chancelier eut fini.

« JE LE SAIS! »

Balayée la retenue, balayées les convenances, tout comme elle venait d'un geste rageur de balayer toutes les cartes de la table. Il y eut un silence qui sembla une éternité avant que ces dernières ne touchent le sol dans un léger frôlement. Mais cet instant de silence ne la calma nullement.

« Je le sais... ! Ne crois-tu pas que j'ai pensé à tout cela !? Que je n'arrive toujours pas à comprendre comment il a pu me faire ça !? »

Ses propres cris résonnaient dans sa tête et accentuaient encore plus son malaise. Comme elle aurait voulu que cela cesse, que tout cesse... Mais dès lors qu’elle essayait d’être seule ou de se reposer, elle n’arrivait pas à se détendre et se vider la tête, c’était toujours les mêmes questions, les mêmes craintes, la même culpabilité... Elle avait bien essayé de s’isoler un peu, mais elle avait abandonné l’idée avant de sombrer seule et évitait à présent la solitude, cherchant dans la présence réconfortante de Cerscastel et dans le travail une échappatoire pour ne plus penser à tout cela.

« Un grand nombre de nos guerriers sont morts... Mon royaume souffre... Link a été enlevé... »

Sa rage s’était calmée, sa voix se brisa, même la colère ne lui donnait pas la force suffisante pour accepter tout cela.

« Et ce n'est pas fini... Et tout cela... C'est arrivé par ma faute, c’est moi qui ai ordonné cette expédition dans le désert, avec tous les risques que cela comportait, et tout ça pour... »

Elle se rappela tout d’un coup la présence de l’inconnu arrivé avec le Chancelier. Un homme qui était parti dans le Désert, avait vécu toutes ces horreurs et en était revenu. Un regard avait d’ailleurs suffit pour qu’elle puisse remarquer les bandages au bout de son bras, peu de chances que cela soit antérieur à leur mission, mais y avait-il un seul guerrier qui soit revenu sans séquelles ? Qu’est-ce qui lui prenait de réagir ainsi ? Même en privé avec Orpheos... Mais avec en plus un public directement concerné... Éreintée elle posa la main à son visage et alla s’asseoir sur la chaise qu’elle avait quittée un instant plus tôt, à côté du bureau. Après une telle réaction, à quoi bon insister et à quoi bon essayer de faire bonne figure ? Sa tête lui lançait toujours, et mieux valait s’asseoir que terminer la scène en s’évanouissant. Elle s’adressa ensuite aussi bien au Chancelier, qu’à l’inconnu et même à Cerscastel qui venaient tous d’assister à la scène.

« Veuillez m’excuser... Rien ne justifie ce comportement, mais pardonnez une femme qui vient de perdre son époux, tout cela en sachant qu’il piétine à présent tout ce qu’elle a de plus cher... Je vous prie de ne pas vous méprendre sur mes paroles, je ne prétends pas que votre expédition a été vaine, je ne me le permettrais pas. Vous êtes revenus victorieux, l’attaque a permis de mettre à mal les forces de Ganondorf, et le mérite vous en revient. J’ai seulement du mal à ne pas voir les pertes, et tout ce qui n’a pas fonctionné... Comme prévu. »

Fixant un regard triste et las vers le Chancelier, elle reprit la parole pour lui d’un ton monocorde. Repoussée la colère, cachée la peine, désillusion et lassitude l’accompagnaient à présent.

« Je n’en sais pas plus que ce qui t’a été rapporté. Seulement que le jour de son enlèvement au sein même du château, pas un garde n’a été appelé ou prévenu... Je n’ai pas assisté à la scène, mais j’ai toujours trouvé étrange... Tu l’as aperçu, non ? T’a-t-il semblé possédé ? Enfin... Pour répondre à ta question, tu me surestimes. Je ne prétends pas pouvoir à coup sûr triompher seule face à Ganondorf, ou même en compagnie réduite. Ce dernier n’était d’ailleurs pas vraiment seul... Mettre en péril le château et ma vie, c’est mettre en péril tout le royaume, et mon sacrifice ne l’aurait pas sauvé, loin de là... Je crois que j’ai pris assez de décisions risquées pour l’instant, il n’était pas temps pour un affrontement... »

Comme elle était épuisée, si au moins ce mal de tête avait pu s’arrêter...


"Bien, Altesse. Qu'il en soit ainsi." Ses lèvres se fermèrent à nouveau. Pincées dans une expression qui trahissait clairement cette froideur pour laquelle il était réputé. Ce que la majorité des gens ne savaient point, c'est que ce n'était là que la face découverte de l'iceberg. Mimiques, expressions et propos de ne représentaient qu'une faible part de tout le froid dont il était capable.
Rien ne lui était mieux associé que la glace elle même, et Daphnès l'avait parfaitement cerné : ce n'était point pour rien qu'il avait fait enchanter (prétendaient certaines rumeurs) l'épée qui avait été offerte à son chevalier personnel. D'une magie puissante, disait-on, dont seule Kotake aurait aujourd'hui pu percer les secrets.

Les deux billes de glaces qui faisaient office d'yeux toisèrent une fois de plus (rapidement, le temps d'une demi seconde) le protégé du Chancelier. Mais bien vite son attention fut de nouveau happée par le fidèle ami de sa propre protégée. Il ne fallut que peu de temps pour que le ton monte. Si le vieil homme savait que pour n'importe quel représentant de l'espèce humaine, la culture ne représentait qu'une couche de vernis, souvent écaillé à la moindre situation de crise, il ne s'attendait pas à ce que le légendaire calme du Chancelier des Arts et de la Culture fusse mis à mal.
Pour autant, il conserva le silence. Peu lui importait qu'Orpheos jette a bas les convenances et le protocole. Lui même l'eut volontiers jeté bien des fois. Mais cet atout qu'avait le protocole (car il est évident qu'on ne maintenait pas en place tant d'idioties par pur plaisir) était de mettre une certaine distance entre les suzerains et les vassaux. Ainsi, on assurait d'une façon simple et peu coûteuse (hormis le faste de certaines cérémonie, du au protocole) la supériorité des uns sur les autres. Et en rompant celui-ci, le Chancelier offrait deux visions : la première, à Zelda, était celle d'un homme discutant avec une femme d'égal à égale. La deuxième, éventuellement, au Rusadir : celle d'une souveraine faible, et malmenée.


"Orpheos..!" Lâcha-t-il, sur un ton sans appel. Loin de vouloir détruire l'autorité de sa reine, il souhaitait l'épauler. Le fait était qu'elle s'était débrouillée bien mieux que lui.
L'homme n'avait pas aboyé en raison du manque de tenue de l'homme pour qui il avait quelque sympathie, mais bien parce que celui-ci traînait sa presque fille dans de sinueux chemins menant à des plaies encore fraîches. Sa vie tout entière, depuis la mort de la mère de la Princesse de la Destinée, n'était consacrée qu'à la protection de celle-ci, et s'il l'eu fallut, il l'eu protégée contre ses plus proches amis. Le destin l'avait montré pas l'un comme l'autre des princes n'avait été à même de la protéger. Quand à ce gamin prétendu héros...

Il ne bougea néanmoins pas, quand la jeune femme laissa aller ses émotions. Son seul réflexe fut de se baisser pour récupérer la carte au sol, et avec la plus grande minutie et la plus haute des délicatesse de la rouler dans un petit bruissement de papier sec contre papier sec. Une fois fait, il conserva le rouleau de papier dans sa main droite, la gauche (de tout temps il avait été gaucher) étant posée sur le pommeau de son arme. Et sans plus un regard pour l'un ou l'autre des deux hommes présents il aida sa souveraine à s'asseoir, avant de s'éloigner un instant.


"Toutefois, Majesté, commença-t-il, avant de se stopper nettement. Plus le temps passait, plus il avait l'impression que ce gamin aux cheveux de blés était un ami de la jeune suzeraine. Et si l'opinion que Cerscastel avait du « Héros élu des Déesses » n'était pas des plus reluisantes (sale gosse prétentieux et imbu de soi – qui ne le serait pas un minimum pour se présenter en sauveur de la Nation..? – sans plus expérience de la guerre, et tout juste bon à faire joujou avec une épée. Sans doute n'avait-il d'ailleurs eu que ce qu'il méritait. A force de trop se croire supérieur, il était temps que la gifle ne vienne rougir un peu la joue de ce bambin.), sans doute n'était-ce pas le moment pour en parler...

Ce compte est un compte narrateur : les personnages joués par le narrateur ne peuvent pas être utilisés par les joueurs ou joueuses dans leur post (sauf autorisation d'un admin) et les jets de dé du narrateur sont contraignants.



Llanistar van Rusadir


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(vide)

-Il s’agit soit de chantage, soit de sorcellerie ! Dun n’aurait jamais quitté la couronne de lui-même, pas comme ça ! Et j’ai cru comprendre que tu t’es retrouvée face à Ganondorf ici, pourquoi n’as-tu pas tenté de l’arrêter si c’est le cas ?! Tu as largement les capacités de le combattre ! Explique-toi !

Un sourcil haussé devant tant d'impudence, Llanistar observait le chancelier avec un oeil neuf. Depuis sa rencontre il l'avait prit pour un noble de sang, membre d'une quelconque famille importante d'Hyrule mais il lui semblait qu'il s'était trompé. Orpheos n'agissait pas comme quelqu'un à qui on aurait inculqué très jeune le protocole et les manières des cours royales. S'adresser ainsi au souverain d'un royaume aurait pu constituer un outrage...Si la reine avait été une autre personne.
Llanistar avait souvent essayé d'imaginer Zelda depuis son arrivée à Hyrule. Il la savait, jeune et belle, à la chevelure d'or et aux yeux d'azur mais ignorait tout de son caractère. L'appel qu'elle avait lancé contre Ganondorf lui avait permit de deviner l'attachement qu'elle portait à son mari... Mais jamais il ne l'aurait pensé aussi fragile. Elle sembla endurer quelques instants la tornade qu'était devenu Orpheos puis elle explosa à son tour.

Llanistar ouvrit légèrement la bouche sous la surprise tandis qu'un masque de malaise s'installa sur son visage. Quel espoir y avait il pour Hyrule avec de tels dirigeants à sa tête ? Un traitre, une jeune fille désarmée et un chancelier impulsif... L'ancienne monarchie d'Artensyr était plus forte que cela et elle avait subit la révolution de plein fouet. Combien de temps les fondations branlantes de cette couronne tiendraient elles ? Un mois, une année ? Guère plus, si le nordique en appelait à son expérience. La politique était déjà un sport dangereux mais le jeu des trônes restait son penchant le plus mortel... De son côté Ganondorf sortirait vainqueur de cette journée. Déjà auparavant, il était puissant mais à présent, qui pouvait dire ce qui allait bien se passer.


« Et ce n'est pas fini... Et tout cela... C'est arrivé par ma faute, c’est moi qui ai ordonné cette expédition dans le désert, avec tous les risques que cela comportait, et tout ça pour... »

L'Artensys observa la pluie qui battait les fenêtres, furieusement. Dehors la tempête faisait rage. Avec le temps, Llanistar croyait de moins en moins à un hasard. Le roi Gérudo était à l'origine de ce climat de désespoir. Il jouait avec toutes les armes dont il disposait, le nordique lui faisait confiance pour s'y connaître en la matière.
Soudain il frissonna et sentit une aura vive et forte l'approcher par l'esprit. Sous la surprise, il se tourna vers elle et...croisa le regard de Zelda. Il fut transpercé dans l'instant. La puissance qui émanait d'elle brisa toutes ses barrières mentales, d'un unique coup. Un instant, il eut peur de ce qu'elle pourrait lire en lui...Puis elle détourna son regard vers son bras gauche. Là où aurait dû se trouver sa main, le symbole de leur défaite.
Haletant sous le coup de l'émotion, il observa les deux autres personnes dans la pièce, tandis que la princesse s'asseyait. Il comprit qu'il était seul à pouvoir capter son aura. Il comprit également pourquoi celle ci était si intense. Lorsqu'elle fut assise, Zelda posa une main fatiguée sur son bureau, le symbole de la Triforce clairement visible. La puissance des Dieux. La raison de tous les malheurs de ce pays. Ganondorf ne cachait pas son désir de les posséder tous. Et en cette nuit, il avait franchit un immense obstacle : le Héros du Temps.
Cela devait être la seconde raison de sa lassitude. Llanistar pouvait parfaitement comprendre cette faiblesse qui prenait parfois les puissants et leur rappelait que malgré toute la volonté et les couronnes du monde, ils n'en restaient pas plus que des Hommes. De simples Hommes, faibles, ignorants, fragiles. La Princesse n'était pas une poupée sans vie ni une guerrière farouche : elle était une jeune fille, clairement dépassée par des forces et des évènements trop importants pour ses épaules.


« Je n’en sais pas plus que ce qui t’a été rapporté. Seulement que le jour de son enlèvement au sein même du château, pas un garde n’a été appelé ou prévenu... Je n’ai pas assisté à la scène, mais j’ai toujours trouvé étrange... Tu l’as aperçu, non ? T’a-t-il semblé possédé ? Enfin... Pour répondre à ta question, tu me surestimes. Je ne prétends pas pouvoir à coup sûr triompher seule face à Ganondorf, ou même en compagnie réduite. Ce dernier n’était d’ailleurs pas vraiment seul... Mettre en péril le château et ma vie, c’est mettre en péril tout le royaume, et mon sacrifice ne l’aurait pas sauvé, loin de là... Je crois que j’ai pris assez de décisions risquées pour l’instant, il n’était pas temps pour un affrontement... »

Llanistar ne put se contenir d'avantage. Il percevait déjà le désespoir dans celle qui se devait d'incarner l'espérance et l'ordre à Hyrule et cela le révoltait. Lui aboyer dessus n'arrangerait rien et il savait qu'Orpheos ne parviendrait pas à se calmer si facilement. Le chancelier avait visiblement prit la trahison à titre personnel et le nordique connaissait pertinemment cette situation. S'apaiser relevait de l'impossible. On hésitait continument entre le refus, la colère, la haine, la tristesse...Tant d'émotions négatives au coeur d'un même esprit avait de quoi rendre fou...Un homme trahit n'était jamais vraiment lui même. Et Llanistar ne souhaitait pas le chancelier ait le temps de prononcer des mots qu'il regretterait plus tard. Il s'avança donc, contourna le bureau vivement sous le regard indigné d'un Cerscastel prêt à dégainer et s'agenouilla devant la souveraine.
Une main sur le coeur, l'autre bras manchot le long du corps, la tête baissée, il revenait aux plus anciennes traditions de la noblesse. Peu lui importait qu'il soit conforme aux moeurs actuels d'Hyrule, il agirrait d'une manière qui ne saurait laisser de doutes. Il repensa à la première fois qu'il avait prononcé de tels mots. Devant le Kairn, sa cour, les officiers de son état major...En cet instant, rien de tout cela. Une princesse fatiguée, un vieux chevalier et un chancelier furieux...Il se sentait pourtant plus à l'aise qu'il ne l'avait été, 8 ans auparavant. Alors il redressa la tête et soutint le regard intense et lumineux de Zelda. Sa voix lui parut rauque et disgracieuse mais il s'en fichait.


« Zelda, princesse d'Hyrule. Pardonnez moi ce geste prompt mais je ne peux vous laisser sombrer plus longtemps dans la sinistre fatalité. J'étais présent lors de l'assaut sur la citadelle d'ombre et de flamme. J'ai combattu aux côtés du chancelier et j'ai eu l'honneur d'être sauvé par lui. Croyez moi, ma dame, lorsque je veux dit connaître ce que vous vivez. Les affres de la trahison sont immensément douloureux et seul le temps permet à ses blessures de cicatriser. Je conçois que le choc soit rude, pour chacun d'entre vous. Il l'a été pour moi, en mon temps. Mais il ne sert à rien de se lamenter sur ce que l'on a perdu. Ganondorf a remporté une bataille mais il en a perdu une autre. Sa croisade s'est envolée, sa citadelle est prise...Ne laissez pas ces petits succès se faner ! Le roi Gérudo peut être atteint ! Nous en avons eu une preuve, quand bien même ses coups sont douloureux. Votre rôle est d'incarner l'espoir, pour tous. Votre peuple a besoin de vous. Il ne pourra se sortir de cet âge sombre seul. Regardez moi, ma dame. Regardez moi dans les yeux et vous verrez que je dis vrai. Sur ce chemin qui est le votre, vous ne pouvez marcher seule...Général je fus, réfugié je suis. Tout comme j'ai donné une main pour Hyrule, je suis prêt à me donner tout entier à ce pays. Si telle est votre volonté, acceptez que je sois votre bouclier, le gardien de votre royaume. »

Llanistar ignora le regard, surement indigné, de Cerscastel. Seuls comptaient pour lui les yeux bleus la souveraine. Depuis trop longtemps, il se contentait de survivre. Le temps était venu pour lui de redevenir plus que ce qu'il était depuis sa chute. Il espérait simplement un "oui". Un simple "oui". Car pour la princesse, nulle barrière. Il lui ouvrait son esprit et son âme, ne lui cachant rien, guettant un mouvement de ses lèvres.


Orpheos


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(vide)

-JE LE SAIS !

Jamais Orpheos ne l’avait vue faire. Jamais il ne l’avait vue hurler, ni balayer d’un geste si colérique ce qui se trouvait sous ses yeux troublés. Quand ceux-ci croisèrent les siens, le chancelier eut beaucoup de mal à les soutenir.

-Je le sais... ! haletait la princesse. Ne crois-tu pas que j'ai pensé à tout cela !? Que je n'arrive toujours pas à comprendre comment il a pu me faire ça !?

C’était vrai. Elle était la première victime de cette haute trahison, et dans sa colère, il l’avait oublié. Il avait pensé à sa propre douleur, avant celle de sa souveraine et amie. Orpheos ne put s’empêcher de penser qu’elle avait bien fait de hurler, d’exprimer ainsi sa souffrance : cela l’avait un peu remis à sa place, et surtout, il n’aimait pas la voir se taire.


-Un grand nombre de nos guerriers sont morts... Mon royaume souffre... Link a été enlevé...

-Zelda…
-Et ce n'est pas fini... Et tout cela... C'est arrivé par ma faute, c’est moi qui ai ordonné cette expédition dans le désert, avec tous les risques que cela comportait, et tout ça pour...

Les trois hommes se turent avec la princesse. Le silence était bien trop éloquent pour que quelqu’un ose le briser… Mais ce silence n’allait pas calmer la colère d’Orpheos, qui bouillonnait toujours en lui. Il ne savait pas comment l’exprimer calmement, ni comment la contenir comme arrivait à le faire Zelda.

Tout le laïus de la princesse lui passa bien au-dessus de la tête. L’esprit d’Orpheos avait déconnecté un instant de la réalité, pour se focaliser sur un détail qui attira son œil dans la pièce. Un détail que les autres ne paraissaient pas avoir vu. Son ombre, qui aurait dû être projetée sur le mur par la lumière des nombreux éclairs au dehors…

Son ombre n’était plus là !

Orpheos retint un hoquet de surprise, au moment même où Zelda recommença à l’observer. Avait-elle capté son malaise soudain… ou était-elle trop affaiblie pour le remarquer ? Elle semblait elle-même trop occupée à masquer sa propre peine.


-Je n’en sais pas plus que ce qui t’a été rapporté. Seulement que le jour de son enlèvement au sein même du château, pas un garde n’a été appelé ou prévenu... Je n’ai pas assisté à la scène, mais j’ai toujours trouvé étrange... Tu l’as aperçu, non ? T’a-t-il semblé possédé ?
-Dun était au seuil de l’inconscience, répondit-il d’une voix agacée.

Zelda marqua une pause, et Orpheos regarda à nouveau vers le mur. Son ombre avait repris sa place parmi les autres…


-Enfin... Pour répondre à ta question, tu me surestimes. Je ne prétends pas pouvoir à coup sûr triompher seule face à Ganondorf, ou même en compagnie réduite. Ce dernier n’était d’ailleurs pas vraiment seul... Mettre en péril le château et ma vie, c’est mettre en péril tout le royaume, et mon sacrifice ne l’aurait pas sauvé, loin de là... Je crois que j’ai pris assez de décisions risquées pour l’instant, il n’était pas temps pour un affrontement...

Comme un serpent qui s’était réveillé en lui, prêt à mordre de nouveau, la colère du chancelier refit surface. Si Llanistar ne s’était pas agenouillé face à Cerscastel et Zelda, il aurait hurlé pour la seconde fois dans le bureau.

-Zelda, princesse d'Hyrule. Pardonnez moi ce geste prompt mais je ne peux vous laisser sombrer plus longtemps…


Il eut beau écouter le guerrier d’Artensyr, il ne put s’empêcher de penser que cela ne servirait à rien de prêter serment à la princesse. A quoi bon, si celle-ci était incapable de se battre elle-même ?! Oui, Orpheos était en colère après elle. En colère parce qu’elle aurait pu tenter, au moins, de se battre comme il l’avait fait. Mais cette colère, il la reportait surtout sur elle parce qu’il n’avait personne d’autre sur qui le faire – faible comme il était, et comme il se plaisait souvent à le penser.
Elle était là, toute fragile, devant un Artensys soumis et un vieux chevalier qui ne faisait rien d’autre que de se taire, alors que lui avait pactisé avec les Ombres pour sauver Dun. Zelda aurait pu agir d’elle-même !

Et ainsi, suite au discours de Llanistar et coupant la parole à Zelda, la colère d’Orpheos déborda une nouvelle fois. Voir la reine aussi passive le rendait fou.


-Tu parles de responsabilités royales, mais tu ne comprends pas que ces mêmes responsabilités incluent de te battre pour ton royaume ?!
tempêta le Sheikah. Ganondorf était en face de toi, tu avais le pouvoir de le blesser ! Tu en avais le devoir, au vu de la situation dans laquelle était plongé Dun ! Je te connais depuis des années, et malgré la séparation due à mon exil, tu n’as pas changée ! Tu n’oses toujours rien faire ! Tu restes là, à recevoir des serments de fidélité comme maintenant, à laisser les autres agir sans le faire par toi-même ! Au vu de ton apathie, ce n’est guère étonnant qu’Efelron ait réussi à s’enfuir si aisément !

Un nom ressurgi du passé et des paroles blessantes : les mots d’Orpheos dépassaient maintenant sa pensée.

-Dès notre première rencontre j’ai voulu que tu t’affirmes, car je sais ce qui repose au fond de toi, Zelda ! Mais tu n’es pas capable d’oser ! Pas capable de sortir du rôle passif dans lequel on t’a formatée, et dans lequel tu t’es toujours enfermée ! Même aujourd’hui : je préférerais tant que tu hurles sur moi, plutôt que tu persistes à te murer dans le silence ! Je ne te surestime pas : tu vaux tellement mieux que ce que tu veux être ! En duel, une personne comme toi n’aurait pas été vaincue comme tu le crois !

La respiration du musicien se faisait saccadée.

-J’ai le plus grand respect malgré tout pour cette capacité, que tu as, à garder ton sang-froid même dans ces circonstances dramatiques ! Moi, pour une fois, je suis incapable de conserver le mien ! Car dans le désert, je suis venu pour le prince, et j’ai aussi sacrifié une part de moi-même pour… pour…

Pour rien. Pour perdre le prince, voilà le résultat de ses actions.
Sa voix s’étrangla. Il devait sortir sous peu, sinon il allait exploser davantage. Et le regard de Zelda, plein de douleur, lui était tout simplement insupportable. Ceux de Cerscastel et de Llanistar lui importaient peu : cette discussion n’était qu’entre lui et elle.


-…Excusez-moi, je crois qu’il vaut mieux pour moi de partir, murmura-t-il enfin d’une voix qu’il fit trembler le moins possible. Pour un moment, pour quelques jours…

Il était profondément touché ; il avait réussi à reformer une liaison d’amitié avec Dun, malgré leur passé compliqué, et on venait de le lui enlever… alors que tout n’avait fait que recommencer entre eux.
Il s’en voulait aussi, et déjà, d’avoir hurlé de la sorte sur Zelda. De l’avoir fait passer pour une souveraine faible, devant Llanistar qui n’avait même pas pu entendre de réponse à son serment. Mais, trop fier, le Sheikah ne s’excuserait pas. Regarder la réalité en face lui faisait déjà assez mal.


-…Pense à ce que je viens de te dire, en attendant, conclut Orpheos avant de tourner les talons, et de disparaître de la pièce sans un regard pour les deux autres hommes.

La porte se referma derrière le Sheikah, qui claudiqua comme un forcené à travers le couloir. La colère lui avait presque fait retrouver toutes ses forces physiques. Mais la colère lui fit également oublier ce qui s’était passé avec son ombre, dans le bureau royal.

Une heure plus tard, tous les gardes du château donnèrent la même nouvelle à son sujet : le chancelier des Beaux-Arts et de la Culture s’était, une fois de plus, volatilisé. Sans doute s’était-il enfui de la citadelle, sous la pluie torrentielle provoquée par le malin.


Zelda Nohansen Hyrule

Princesse de la Destinée. ∫ Édile de Nayru.

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(vide)

Zelda se tourna vers Cerscastel d’un air interrogatif lorsqu’il s’arrêta en pleine phrase. Reconnaissante qu’il n’insiste pas sur le mouvement d’humeur qu’elle venait de laisser passer, elle se demandait tout de même ce qu’il avait à lui dire.

“Qu'est-ce que ... ?”

Elle fut toutefois vite interrompue dans sa question. La Princesse fut surprise de voir l'homme qu'elle ne connaissait pas venir s'agenouiller devant elle, et elle écouta attentivement son long discours, sans ciller ou quitter des yeux son regard. Toutefois alors qu'elle s'apprêtait à répondre, le contact visuel fut brisé par le Chancelier vers qui elle se tourna lorsqu'il se mit à s'énerver à nouveau.

Sa colère à elle était déjà tarie, étouffée par une tristesse sans limite, et de la lassitude aussi. Elle retint une chose de ses nouvelles accusations : lui aussi l'abandonnait. Tout comme Efelron l'avait fait… Et lui-même d'ailleurs… N'était-ce pas la seconde fois ? Tous ils finissaient par la quitter, et s’ils ne partaient pas de leur propre chef on les lui enlevait, et elle se retrouverait toujours seule. Quelle idée bizarre avait-elle, malgré toutes les mises en garde depuis sa plus jeune enfance, de s'attacher ainsi à certaines personnes ? Sans doute si elle n'avait pas elle-même été si touchée par les récents événements, ou si sa tête avait cessé de la faire souffrir et qu'elle avait pu réfléchir librement, aurait-elle pu comprendre la détresse de son ami, et que ses paroles étaient dues à cette même détresse, mais malgré son calme elle n'était pas en état de prendre du recul. Ce n'était ni plus ni moins qu'un nouvel abandon. Sans compter qu'elle l'avait déçu, mais ne comprenait-il donc pas ces lourdes responsabilités qui pesaient sur ses épaules ? Elle ne s'en plaindrait pas, jamais, mais quelles risques pouvaient décemment prendre une jeune princesse, dernière représentante de la famille royale, sans héritier, sans même de successeur désigné. Sa seule mort suffirait presque à anéantir le royaume, du moins à le faire sombrer dans le chaos que connaissent les royaumes sans dirigeant désigné. Nul doute qu'une telle situation servirait à merveilles les plans du Seigneur du Malin. Elle n'aurait jamais supporté qu'une manifestation d'orgueil de sa part ne les emmène là. Croyait-il vraiment qu'elle ne souhaitait pas agir ? La présence de Sheik était même une manifestation physique de ce besoin de quitter la Cour pour agir de façon plus concrète. Bien que Sheik n'ait pas plus qu'elle le droit de se mettre en danger, il semblait en avoir moins conscience ou résister plus difficilement.

Mais qu'importait après tout ? Elle resterait toujours aussi seule, elle devait s'y faire. Sur ce triste constat elle reporta son attention sur l'étranger qui était resté. Elle avait été touchée par sa dévotion pour le royaume, dont témoignait à présent sa main. Elle ignorait ce qui lui valait de tant tenir à Hyrule. Bien sûr, son amour pour le royaume était sans limites, et elle aurait pu citer toutes ses merveilles et qualités, bien qu'il ne donnât pas forcément la même image que celle qu'elle en avait en ces temps troublés, mais il semblait venir de loin, et sans doute ce pays différait-il beaucoup du sien. Toutefois elle le sentait sincère. Il serait faux de dire qu'elle n'avait aucune méfiance. Comment aurait-elle pu après ce qui venait d'arriver ? La blessure saignait toujours, et avec elle cette impression de ne pouvoir faire confiance à personne. Mais malgré cela elle sentait un réel et honnête désir de protéger le royaume.

Il lui parlait d'espoir. Oui, elle avait perdu le sien. Il était déjà arrivé à Hyrule de vivre des heures sombres, et il lui était déjà arrivé de paniquer. C'était humain. Mais toujours, dans ses rêves elle avait vu la lumière percer les ténèbres, et lui redonner Courage. Mais nulle lueur aujourd'hui, son espoir on le lui avait enlevé, et les jours ne faisaient que s'assombrir à ses yeux. Elle avait le plus grand mal à penser à la suite à présent. C'était uniquement l'énergie du désespoir à présent, ainsi que le besoin d'être occupée et d'agir qui la poussaient à enchainer les réunions et conseils de guerre. Jamais elle ne baisserait les bras pour le royaume, mais il fallait avouer qu'elle ressemblait par moments à un automate.

Néanmoins une chose lui restait obscure dans le discours de l'homme. Et elle ne pouvait lui répondre sans avoir totalement compris ce qu'il lui demandait.

"Sachez que je suis touchée par votre volonté de protéger le royaume, et même si ma reconnaissance ne compensera jamais les sacrifices, elle vous est acquise. Toutefois... Qu'entendez-vous par "bouclier"?"

Elle n'avait en effet pas souvenir d'une telle fonction ait jamais existé à la Cour. Elle ne savait donc pas ce qu'il attendait exactement d'un oui de sa part, et à quoi cela les engageait l'un envers l'autre.


Llanistar van Rusadir


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(vide)

-…Excusez-moi, je crois qu’il vaut mieux pour moi de partir. Pour un moment, pour quelques jours…

Llanistar hésita à se lever pour retenir le chancelier mais il se retint au dernier moment, le bras déjà tendu dans sa direction. Orpheos passa la porte et se déroba à son regard. Sans savoir exactement pourquoi, l'Artensys sentit son coeur se serrer à l'instant où il fut séparé de son compagnon. Etait ce le fait de voir l'Homme qu'il avait protégé personnellement pendant 3 jours s'enfuir encore faible, le fait de se retrouver seul en compagnie uniquement d'inconnus qui pouvaient ne pas être bien disposés à son égard ? Non, c'était autre chose...Mais le nordique refusait d'y penser trop, de laisser un sentiment étrange l'envahir malgré toutes ses tentatives de se recentrer sur la situation présente.
A dire vrai, il avait trouvé dans l'intervention d'Orpheos un esprit libre et sauvage plus qu'intéressant. Lui même pétrifié pendant la longue harangue du chancelier contre sa propre souveraine, il n'avait osé imaginer ce qu'il pouvait risquer à affirmer si rudement des vérités blessantes à une jeune femme fragile mais qui aurait pu le faire écarteler d'un simple claquement de doigt : Tel était l'ultime privilège des Rois.
Un point de cette avalanche verbale frappait néanmoins Llanistar à présent. Une phrase étrange qui l'intriguait et l'inquiétait. Car le chancelier avait été diagnostiqué comme en bonne santé, bien que fatigué, par le médecin du château et ne portait aucune séquelle conséquente. Dans ce cas, pourquoi avait il eu ces mots étranges :


-...j’ai aussi sacrifié une part de moi-même pour… pour…

Orpheos n'avait pas combattu à proprement parler. Il était...entré dans les ombres. Llanistar se mordit la lèvre. Il devrait retrouver le chancelier une fois ce qu'il devait faire ici achevé. Celui ci ne pouvait pas être laissé seul ainsi...Pour sa propre sécurité. Mais il revint au présent. Car une fois la tornade sortie, la princesse avait retrouvé de sa tenue et semblait moins accablée qu'auparavant. Fière et belle comme une déesse, elle semblait l'avoir écouté avec attention mais une expression sévère l'habitait encore. Le nordique n'osait deviner si il s'agissait de méfiance, d'incompréhension ou de refus. Il se refusait à lire en elle...Il savait que si il le tentait, il serait à nouveau éblouit, peut être à mort, par la flamme divine qui se trouvait en elle, autour de son âme. Sa voix aussi pure que l'eau lui demanda alors :

-Sachez que je suis touchée par votre volonté de protéger le royaume, et même si ma reconnaissance ne compensera jamais les sacrifices, elle vous est acquise. Toutefois... Qu'entendez-vous par "bouclier"?

Il y était. La plus grande épreuve.
Réussir à obtenir la confiance de la Princesse, non pas dans son intérêt mais dans celui du royaume. Hyrule n'avait pas besoin d'un soldat qui se mêler à la masse des incapables qui constituaient déjà la garde. Cette contrée nécessitait une armée, un homme pour la diriger. Un général capable d'établir des stratégies au très long terme et de réagir promptement à l'inattendu. Pas d'orgueil ni de modestie mal placés chez Llanistar : il se connaissait, connaissait ses capacités et savait profondément qu'il pouvait apporter beaucoup à Hyrule et à cette jeune femme si seule...Mais comment la convaincre de lui faire confiance au point de l'élever si haut ? Surtout en compagnie de ce vieux débris en armure. Mais le temps n'était plus venu de penser. Après un regard tendu vers Cerscastel, il commença.


-J'entends par "Bouclier" ce que cela signifie, princesse. Votre pays subit les assauts du roi gérudo depuis bien trop longtemps. Il n'a aucun droit sur votre couronne, aucune loi des hommes ou des dieux ne l'autorise à commettre ses crimes. Hyrule doit se défendre et...il n'est pas en état de le faire. Votre Link pouvait posséder tous les artefacts magique de la Terre, un homme seul n'arrête pas une armée. Il faut une autre armée pour cela. Majestée, votre peuple vous estime et vous aime. Il est plein de bonne volonté et de colère contre l'envahisseur...Mais même si il prenait les armes, il ne ferait que se condamner. Ganondorf est un Roi guerrier, dirigeant un peuple aussi violent que lui. Il vous faut donc un bouclier pour armer votre bras. Et je me propose d'être ce bouclier. Il prit un instant pour reprendre son souffle, remarquant un début d'intérêt chez Cerscastel. Puis il reprit, la voix plus forte. Je viens du pays d'Artensyr, d'où son Tyran m'a bannit. J'y étais fils de Duc...et Général. J'ai eut la meilleure éducation militaire, ait commandé ma première légion de mille hommes à 20 ans. Ma seconde une année plus tard. Dés mon quart de siècle, je dirigeais l'état major de ma nation...Avant d'être trahit et jeté à bas par une conspiration. J'ai remporté une dizaine de batailles rangées et gagné trois guerres extérieures pour ma nation. Mon expérience est plus grande que bien des nobles en ce monde. Ce savoir, je vous l'offre. Nommez moi à vos côtés et je saurais donner à Hyrule les armes de sa défense. Donnez moi les pouvoirs de lever une armée et jamais Ganondorf ne pourra s'attaquer à votre peuple impunément. Je met mon épée et mon sang noble à votre service. Moi, Llanistar le général, le Fléau de Markand

Un faillit le prendre quand son vieux surnom franchit ses lèvres. Surement inconnu par une majorité de ce côté de la mer, il l'avait prononcé pour achever de se donner le courage d'affronter la réponse de Zelda.


Zelda Nohansen Hyrule

Princesse de la Destinée. ∫ Édile de Nayru.

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(vide)

* Link … *

C’est de peu que la Princesse se retint de prononcer à haute de voix ce nom, tout comme elle s’interdit de laisser paraître à nouveau sa tristesse dans l’immédiat. Pas tout de suite. Elle se refusait à parler de lui au passé, elle se refusait à imaginer qu’il puisse ne plus revenir, parce que si elle l’avait perdu lui aussi… Ce n’était pas le moment, et elle retint ses larmes.

Ce n’était pas le sujet, et ça ne l’avait pas empêchée d’écouter le reste du discours. Elle se lamenterait tant qu’elle le voudrait ensuite, elle devait d’abord répondre, et rester digne jusqu’au bout. Elle avait assez montré de faiblesse, et Orpheos, s’il lui demandait des risques qu’elle ne pouvait pas prendre, n’avait pas tort pour autant : elle n’était pas si faible qu’on le pensait.

L’ancien général ayant fini d’exposer sa requête, elle s’accorda un temps de réflexion. Qu’il était épuisant de réfléchir avec ce constant mal de tête… Mais elle n’avait pas le choix, et elle sentait qu’elle devait une réponse immédiate à son interlocuteur, que c’était la moindre des politesses. Il s’agissait là d’une intervention qui lui aurait semblée inespérée quelques temps plus tôt… Un impressionnant parcours, de belles capacités. Elle-même ne pouvait cacher à personne que son éducation militaire laissait à désirer, elle disposait tout au plus des bases et de l’expérience des quelques derniers mois. Quelle éducation militaire avait-elle reçue d’ailleurs ? Des années que le Royaume était en paix, son Père lui-même ne devait pas avoir une si grande expérience dans le domaine. C’était tout naturel qu’il n’ait pas estimé nécessaire de donner à sa fille des cours en la matière, ou si peu. Et ses enseignants eux-mêmes en restaient au stade de la théorie. Peu des soldats hyliens avaient expérimenté beaucoup de guerres, et ceux qui l’avaient fait était plus souvent ceux qui avaient voyagé de par le monde, non-nés à Hyrule ou explorateurs pour leur compte avant d’avoir intégré l’armée. Et pourtant, malgré cela…

* Tu as déjà été plus prompte à accepter une main tendue. *

Les choses avaient changé, depuis… Depuis tout récemment en fait. Son propre mari avait été capable de la trahir, sans qu’elle n’ait rien vu venir. Même pour beaucoup de ses plus proches collaborateurs, elle s’était vu naître des soupçons tout récents. Comment placer une totale confiance en un étranger et lui confier une si grande responsabilité sans aucune réserve ? Elle n’était pas sans savoir quels avaient été ses sacrifices pour le Royaume. Mais une erreur… Une seule erreur de confiance pouvait créer tant de dégâts à Hyrule et parmi son peuple…

* Tout comme refuser une aide précieuse pourra le conduire à la ruine. *

Des pensées qui étaient les siennes sans exactement l’être. Sheik avaient bien plus de recul qu’elle, et sans doute souhaitait-il l’aider à raisonner, protégé qu’il était contre le mal qui la rongeait depuis que la météo semblait s’être affolée, et plus distant de ses sentiments à elle. Il avait raison sur ce point, c’était bien joli de faire la fine bouche et d’attendre des preuves de confiance, mais la situation était loin d’être idéale, et une aide plus que nécessaire. Ce Savoir… Hyrule en avait besoin. Elle en avait la confirmation maintenant, cet homme avait perdu sa main pour Hyrule, et il avait sauvé la vie d’un de ses Chanceliers, que demandait-elle de plus ? Rien ne lui permettait de savoir s’il remplirait correctement sa tâche… Si ce n’était de la lui confier.

« … C’est entendu. Vous devenez officiellement et dès à présent mon Bouclier. Vous incombera la tâche de monter et entraîner une armée capable de protéger le royaume et ses habitants, ainsi que de mettre en déroute le Seigneur du Malin, ceci pour préserver une paix durable. Les moyens vous en seront fournis. Toutefois… Vous comprendrez aisément que la responsabilité est grande et que même si je suis impressionnée par le parcours dont vous me faites état et votre dévouement pour mettre votre expérience au service du Royaume d’Hyrule, vous étiez à mes yeux un inconnu il y a de cela encore quelques instants… Il m’est difficile, de placer en vous une telle confiance sans aucune réserve. Seigneur Cerscastel ici présent gardera donc un œil sur vos opérations dans un premier temps. Et dès lors qu’il estimera votre loyauté prouvée, vous aurez alors mon entière confiance en même temps que la sienne, et cette surveillance n’aura plus lieu d’être. »

La Princesse était bien loin d’avoir remarqué une quelconque animosité entre les deux hommes, cela lui aurait de toute façon peu importé. Le vieil homme restait l’une des rares personnes pour lesquelles sa confiance n’était pas érodée. Et s’il n’avait plus les capacités de se rendre lui-même sur le champ de bataille ni même d’entraîner les troupes, ses conseils lui étaient restés précieux et elle savait qu’il avait à son époque connu les ficelles du combat. Elle tenait donc à ce qu’il garde un œil sur ce qui se passait, et lui laissait une entière confiance pour estimer quand il pourrait se retirer. Elle avait l’espace d’un instant pensé à ne pas informer l’homme face à elle de cette surveillance, mais s’était bien vite reprise. Ce n’étaient pas ses méthodes, c’était un manque de respect pour l’aide proposée par cet homme, et elle ne comptait pas en changer ainsi. Sa peur toute récente de la trahison ne la changerait pas sur ce point, elle resterait honnête et sincère envers tout ceux qui l’entouraient.

« Cela vous convient-il ? »


Le vieil homme arqua le sourcil. S'il n'avait pas de base réalisé qui il avait en face de lui, il saisissait désormais un peu plus l'ampleur que prenait la conversation. Le nom Rusadir lui avait échappé, mais le Fléau de Markand lui revenait bien mieux en mémoire. Oh, oui, il se souvenait bien avoir entendu parler de ce petit jeune homme, revêtant si jeune les effets de général. Par delà les frontières, et les océans, dans une contrée suffisamment lointaine pour qu'il n'eusse jamais penser rencontrer un des Artensys de manière physique. Une nouvelle surprise, qui lui prouvé que malgré son âge avancé (soixante-douze longues et pleines années, doit soixante et une passées à servir la famille Royale), la vie n'était pas encore exempt de surprise.

Il avait laissé s'éloigner le Chancelier. En dépit du respect et de l'affection qu'il avait pour Orpheos, il le préférait loin de Zelda tant qu'il serait dans un état pareil. Il ne souffrirait pas que l'on mette à mal sa protégée. Homme d'honneur, et surtout homme d'épée, sa dextre s'était déposée sur la fusée de sa lame tandis que ses doigts en tapotait silencieusement le pommeau.

Le discours qu'avait prononcé le Nordique s'était fait long, et la réponse de sa Reine, point moins consistante. Sous la longue barbe blanche (qui, il l'en remercia, cachait ses lèvres, fines et couleur chair), il grimaça de douleur. Sa jambe droite le faisait toujours autant souffrir, après ces trois décennies. Le loup, même une fois la tête tranchée, continue de mordre, et il ne l'oublierais plus jamais. Si les soins qu'on lui avait prodigués au Castel lui avaient permis de retrouver une mobilité totales des années durant, c'était désormais peine perdue. On peut lutter contre la douleur, il est vain de lutter contre la vieillesse. Les drogues ne faisaient plus effet que quelques heures, et il refusait dorénavant de les prendre, préférant souffrir librement que de vivre artificiellement, enfermé dans l'optique de la médecine pour seule survie.
Il avait de toute façon fait son temps.


"Ma reine." Fit-il simplement en posant à son tour genoux à terre, une main sur le coeur. Une nouvelle fois, il remercia ses longs cheveux blancs de masquer son visage, et les rides qui se formaient, alors que la douleur appliquait un masque immonde et difforme à son faciès. Non sans effort, il se releva, expirant longuement, mais suffisamment discrètement pour que personne ne le remarque. Il reconnaissait la valeur de l'homme en face de lui, mais certainement point sa loyauté. « Si cet homme est effectivement celui qu'il prétend être, alors ne doutez point de ses facultés. » Le regard méfiant du Chevalier s'était posé sur le Rusadir. « Pour autant, c'est avec joie que j'exécuterais votre bon vouloir. » Ses yeux bleus percèrent cette fois-ci le regard de Zelda, comme pour la mettre en garde. Celui qui a trahit une fois n'est jamais pleinement fiable. Et du tyran d'Artensyr, ou du Général Banni, qui fallait-il croire ?

"Je suppose que nous pouvons mettre fin à ce Ban, Altesse. Vous avez certainement nombres de choses à traiter. Si vous avez besoin de moi, faîtes moi mander." Termina-t-il, avant de sortir, cachant bien mal son handicap. Si ses cheveux et sa barbe savaient dissimuler les plis de son visage, sa cape ne voilait que bien mal lorsqu'il lui prenait de boiter.

Ce compte est un compte narrateur : les personnages joués par le narrateur ne peuvent pas être utilisés par les joueurs ou joueuses dans leur post (sauf autorisation d'un admin) et les jets de dé du narrateur sont contraignants.



Llanistar van Rusadir


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Llanistar sentit un profond soulagement l'envahir lorsque Zelda accepta finalement sa requête. Il avait, quelques instants auparavant, ressentit un malaise étrange liée à la princesse elle même. Malgré la brûlure mentale que lui infligeait la Triforce de la Sagesse, il n'avait pas détourné le regard. Or, le temps d'un éclair, il avait par deux fois perçu comme une présence. Comme un être inexistant mais néanmoins présent ce bref instant, une expérience inédite pour le télépathe qui avait pourtant une certaine expérience dans l'usage de son don. Mais lorsque la souveraine s'adressa directement à lui, il chassa ces pensées et l'écouta avec attention. Visiblement, elle avait choisit de lui faire confiance, autant que possible. La condition qu'elle lui imposait de se tenir sous le contrôle de Cerscastel ne le gênait pas. Le vieux chevalier l'avait braqué bêtement un peu auparavant mais il était sans doute le meilleur soutien de Zelda et serait d'une aide précieuse. La méfiance de la princesse était parfaitement légitime en une telle situation et Llanistar la comprenait. Lui même se montrait intensément prudent dans ses relations à autrui depuis la trahison qui l'avait conduit à l'exil. Que valent des mots quand les serments peuvent être brisés comme du verre ? Seuls les actes comptent. Et le nordique comptait bien prouver sa bonne volonté en agissant aussi promptement que possible. Empli de respect et de gratitude, il se releva et s'inclina longuement avant de finalement poser sa main sur son coeur et de déclarer, la voix pleine d'émotion.

"Princesse Zelda, souveraine d'Hyrule, je ne vous décevrais pas."

Cerscastel appuya la décision de la princesse, ce qui rassura Llanistar. Il restait un étranger, un inconnu à la cour et du peuple. Si personne exceptée Zelda ne le soutenait, il ne serait qu'un épouvantail sans pouvoir ni autorité. Un de ces gros lards impuissants placés à des grades importants par leurs relations. Le nordique ne voulait pas être cela. Ni un héros d'ailleurs. Il détestait les héros, les méprisait. Aucun homme sur Terre ne pouvait prétendre réellement à en être un. Surtout pas lui. Il serait un général tel qu'Hyrule en avait besoin, tel que ce pays le méritait. Et qu'importe si Ganondorf le traquait, il pouvait le supporter. Lui, le gardien silencieux, le protecteur vigilant, le chevalier du Nord.

Lui et Cerscastel sortirent des appartements royaux. Llanistar voulut engager la conversation mais il n'en fut pas capable. Il se contenta de donner rendez vous au chevalier quatre jour plus tard dans l'antichambre de la salle du trône, la pièce la plus facilement accessible pour quelqu'un ne connaissant pas le château tel que lui. Puis il se séparèrent. Le nordique descendit les escaliers principaux jusqu'à se retrouver au rez de chaussé, non loin de la bibliothèque. Il la traversa rapidement puis se dirigea vers la sortie du château. Le pont levis était abaissé mais les blessés de la citadelle étaient tous arrivés. Quand à savoir combien avaient survécu...C'était autre chose. Dehors, trois gardes qui portaient des stigmates de ce combat sans pitié se reposaient à l'ombre d'un arbre. Aussitôt qu'il passa l'entrée du castel, l'un d'eux le héla, l'appelant "Sire". Intrigué, Llanistar s'approcha. L'homme se leva et alla à sa rencontre, l'air gai.


"Ah sire ! J'suis content de vous revoir ! On vous a pas vu à l'infirmerie, on pensait que vous étiez partit. Toutes ces horreurs..."

"...Ne seront pas advenu en vain. La Princesse Zelda m'a chargé de la protection de son royaume. Je suis général d'Hyrule à présent. Il laissa quelques instants aux soldats d'intégrer la nouvelle avant de rajouter, l'air complice. Si vous voulez prendre votre revanche sur Ganondorf, soyez dans 4 jours à la cour extérieure. Faites passer le mot."

Il reprit le chemin pour sortir de l'enceinte de la citadelle. Quatre jours, assez pour rassembler ses affaires, remercier l'aubergiste qui le logeait et le forgeron qui lui avait permit de s'occuper quelques temps. Mais aussi assez pour que la nouvelle circule et soit acceptée par tous les soldats et le peuple. Sans désirer une renommée, Llanistar savait que l'autorité d'un général n'était effective que si son nom était connu. Et surtout...Cela lui laisserait le temps de retrouver Orpheos. Le nordique avait au sujet du chancelier et de sa réaction à la trahison de Dun un mauvais pressentiment...Tout comme il en avait un bon sur sa relation avec lui. Sifflant un air d'Artensyr, il se dirigea vers le bourg.