Et ainsi la Belle rencontra la Bête (Part. 1)

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Swann

Cygne Noir

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(vide)

La jeune serveuse observait chaque geste de son tortionnaire. Il allait, de droite à gauche, et tendait quelques fils de fer d'une horloge jusqu'à la porte d'entrée. Le tout dans un calme pesant. Elle-même ne pouvait rien dire, bâillonnée. Les seuls interactions qui lui était possible d'avoir avec l'autre brune ne se faisait que par le regard. Parfois, cela se fit. Mais alors qu'elle y recherchait un réconfort, elle n'y voyait que du désespoir ; les yeux de cette inconnue ne laissaient transparaître aucune émotion. Jamais elle n'avait croisé un regard si glacial. Elle avait toujours espoir, cependant, qu'elle lui parle enfin. Ne serait-ce que pour lui dire ce qu'elle voulait d'elle. La jeune fille, qui avait tout juste passé le cap des vingt années de vie la semaine passée, n'avait pas la moindre idée de ce qu'elle faisait ici. Un étrange sentiment l'envahissait. Elle avait cette impression plus que désagréable de ne pas exister, du fait qu'on était loin de lui porter la moindre attention.

Elle tenta donc de se dégager, vainement. Les fils de fer lui lacéraient le corps, aussi bien vite cessa-t-elle ses protestations. Elle émit quelques bruits, bien sûr. Des gémissements, tout au plus, mais pas de quoi alerter les gens du village de sa captivité dans cette chambre. Elle eut cependant un frisson, lorsque la jeune femme qui la gardait prisonnière se tourna vers elle, et la fixa du regard avant de s'approcher lentement. Enfin ! se dit-elle. Enfin elle existait de nouveau. Mais elle déchanta bien vite, tandis que l'inconnue revêtait l'armure délabrée d'un soldat de l'armée hylienne. Tachées de sang, incomplète et rouillée par endroit, la tenue qu'elle enfilait était loin d'être des plus attirantes. Mais surtout, comment un soldat pouvait-elle lui faire ça, à elle ? Ils se devaient de protéger le peuple, pas l'inverse ! La situation n'en devenait que plus énigmatique.

« Cesse donc de me regarder de la sorte », lâcha la brune, qui s'approcha à hauteur de sa prisonnière. Son regard était impénétrable, et toujours aussi froid. La serveuse ne savait plus quoi penser, mais elle ne lâcha pas pour autant le morceau, et défia son tortionnaire en lui envoyant un regard remplis de haine. « Je comprend ta colère, mais modère-la. Celles qui t'ont placée dans cette situation ne sont autre que les trois déesses, en te modelant de la même manière que je l'ai été. » Enfin un élément de réflexion. Enfin une raison, qui expliquait en partie sa présence ici, avec elle. « Ne les prie pas. Ce ne sont pas elles qui décideront de ton sort. Au contraire, emplie tes pensées du seul espoir qu'il te reste : que je réussisse mon coup. »

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Bigre, qu'il faisait froid. Si froid ! L'hiver était arrivé plus vite qu'aucun hylien ne s'y était attendu. En tout cas, pas le Sergent Dorian. Et il pestait corps et âme contre ce temps un peu trop rafraîchissant, à son goût. Mais ainsi était la volonté des Déesses, et il l'acceptait - difficilement, certes. L'uniforme de garde n'était pas adapté à ces températures si basses, aussi avait-il pris soin de bien se couvrir sous sa carapace de fer. Mais rien n'y faisait, et sûrement la neige qui tombait en permanence du ciel n'y était pas étrangère. Cette saleté avait recouvert le sol sur une bonne vingtaine de centimètres, et ses bottes s'était imprégnée très vite d'une humidité désagréable, et surtout glaciale. Des frissons lui parcouraient l'échine, et pourtant il devait attendre la relève, avant de quitter son poste et se réchauffer.

" Tu trembles de partout Dorian ! Ahahah ! Évite de te pisser dessus, ça réchauffe un temps, mais après c'est un enfer ! "
" T'es franchement dégueulasse dans ton genre, Jack ", répliqua le sergent dans un soupire.

Quelle plaie, celui-la. Heureusement le sergent ne l'avait pas toujours dans les pattes, et il s'en passait bien. Simplement, cette fois, ce n'était pas sa journée. Entre l'hiver et l'abruti, le sergent Dorian avait du mal à faire sa place, alors il préférait rester silencieux la plupart du temps, et comptait les secondes, les unes après les autres. De fait, il savait que son tour de garde serait bientôt fini, même malgré un soleil qui se cachait derrière les nuages pleureurs de flocons.
« La peste emporte cet imbécile... », soupira le soldat, désireux de se retrouver seul quelques instants. Il avança alors de quelques pas, pour s'écarter un peu de Jack. Son regard fut alors attiré par une silhouette, plus qu'étrange, venant directement du Bourg par la route principale. Il crut voir un vieillard au début, la silhouette se pliant en deux, mais il ne pouvait en être sûr à cause de la neige qui redoublait. Il s'approcha, jusqu'à distinguer enfin des pièces d'armures spécifiques de la garde. Puis le soldat s'écroula au sol, la face dans la neige.

" EH ! " cria d'abord Dorian, avant de se tourner en direction de Jack. " Appelle les deux autres, on a un pépin ! "

Aussitôt il accourut vers le corps inerte du soldat, qu'il retourna, face tournée vers le ciel. Une femme. C'était une femme, jeune qui plus est, et particulièrement belle. Il la souleva quelque peu, de sorte qu'elle ne se retrouve pas gelée sur ce matelas blanc. Il remarqua alors la probable cause de l'évanouissement : une blessure, à l'épaule droite. Le sang s'en déversait à flot, et sûrement en avait-elle perdue suffisamment pour s’évanouir. Son armure était également dans un sale état ; elle devait avoir rencontrer un brigand, ou quelque chose dans le genre. Là n'était pas la question, à dire vrai.
Lorsque ses trois compagnons arrivèrent, le sergent donna d'emblée ses instructions.

" Toi, va tout de suite à l'infirmerie, et préviens les de se préparer pour une intervention d'urgence ! Jack, aide-moi à la porter. Quant à toi, tu gardes le passage jusqu'à notre retour. Aller, on se grouille ! "

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Le Cygne ouvrit un oeil. Puis le second. Elle mit un certain temps avant de retrouver toutes ses sensations. Ses membres, tous engourdis par la potion qu'elle avait bu à la va-vite, refusaient de se mouvoir. Et aussi, elle avait mal au crâne. Voila donc ce que ressentaient les personnes qu'elle avait endormis de la sorte, à leur réveil. Elle tourna la tête, et observa dans un calme absolu la pièce où elle avait atterri. Sans surprise, et d'après l'unique mur qui formait un cercle tout autours d'elle, elle se trouvait dans la tour des gardes. Et vu les instruments et potions qu'elle voyait un peu partout, sûrement était-ce une infirmerie, ou quelque chose s'en rapprochant du moins. Et surtout, il n'y avait personne.
Après quelques minutes à attendre que son corps lui réponde enfin, la jeune Villarreal se leva. Aussitôt, elle porta une main sur son épaule droite lorsqu'une vive douleur se réveilla, soudainement. Sa blessure... Avait-elle bien fais, au final, de porter un coup si terrible à cet endroit, rien que pour entrer dans cette forteresse ? Seul l'avenir le lui dirait. Mais peut-être aurait-il mieux fallut enfoncer la lame moins profondément. Qu'importe. La plaie était recousue, aux frais de la Princesse. Merci, osa penser le Cygne avec un sourire moqueur.

Son équipement avait été déposé sur une autre table, juste à côté. Les plaques de son armures avaient aussi été échangées par de plus neuves et reluisantes. Swann soupira, et ne s'habilla que de ses vêtements, qui lui avait été retirés pour que l'on puisse la soigner. Par chance, le haut était toujours là, bien qu'imbibé de sang et troué. Elle s'en contenterait. Ces quelques étoffes de soie noire faisaient partis des rares tenues qu'elle possédait. Elle en changerait très vite, bien sûr, une fois sa besogne accomplie - ou non.
L'assassin ramassa les deux couteaux de lancé qu'elle avait prédestinés pour le foie et la jugulaire de sa Reine bien-aimée, puis les attacha à sa ceinture, recouverte par le tissu noir qu'elle avait revêtis. Elle attrapa également une enveloppe non cachetée, qu'elle garda néanmoins à la main ; enfin, elle poussa l'unique porte de la froide pièce, pour enfin débuter ses recherches.

" Enfin vous êtes réveillés ! " Lança subitement une voix de femme, alors qu'elle venait à peine de poser un pied dehors. Lorsqu'elle tourna la tête, Swann vit une femme d'une quarantaine d'année. Elle tenait un panier en osier, avec quelques étoffes de tissus. " Vous n'auriez pas dû vous lever. Tenez, j'étais allé chercher ces vêtements, pour vous. "
" Je n'en ai pas besoin. Est-ce toi qui a pansé ma plaie ? "
" Effectivement, et d'ailleurs... "
" Tiens, prend ceci ", coupa l'ancien Numéro XII de l'Ordre. " Voici ma bourse. Je n'en ai plus l'utilité. Prend cela comme un paiement pour tes soins. J'aurais néanmoins une dernière requête, peut-être pourras-tu me répondre. "
" Je vous écoute. "
" Je cherche la Princesse Zelda. Où est-elle ? "
" Et bien, dans sa suite je suppose, à l'étage supérieur. Demandez aux gardes, ils sauront vous renseigner mieux que moi. "

Sur ces mots, le Cygne Noir faussa compagnie à la guérisseuse, puis se faufila dans les couloirs de la tour. Elle trouva les escaliers menant à l'étage sans mal. Elle croisa du beau monde sur le chemin ; des seigneurs, des gardes et des servants, la plupart du temps. Aucun ne vînt à son encontre, aucun ne la détourna de son objectif. De toute évidence, maintenant qu'elle était infiltrée, la peuplade de la forteresse ne faisait preuve d'aucune méfiance à son égard. Au contraire, ils la remarquaient à peine, comme si elle n'existait plus. Quelle magnifique chance que voila pour un assassin. Ces pauvres ahuris se croyaient donc tellement à l'abris, ici ? Misérable illusion que celle-ci.
Ce serait mentir que de dire que le Cygne Noir mit longtemps à repérer les appartements de sa cible. Bien qu'elle n'en était pas tout à fait sûr au début, mais les deux gardes qui gardaient la porte la laissait penser avoir pioché la bonne carte. Et encore plus lorsque l'un de ces gardes la poussa en arrière alors qu'elle s'était approché d'un peu trop près à son goût. « Recule ! Il te faut une autorisation pour passer », lança-t-il en empoignant le pommeau son arme, toujours rangée ceci dit. « Je dois voir la Princesse » répondit simplement l'assassin d'un ton plus que blasé. Elle sortit l'enveloppe, dont elle montra uniquement une face aux deux gardes. « Un message de la plus haute importance, du Général Rusadir », renchérit-elle.

Les portes s'ouvrirent, et Swann pénétra les lieux du futur crime. Luxueuse, spacieuse et lumineuse, tels étaient les termes qu'elle pouvait employer pour décrire cette pièce. Ça la dégoûtait. Bien qu'il s'agisse d'une reine, il n'était pas envisageable pour elle de voir tant de belles choses réunies ici, et non aux mains du peuple où elles seraient bien plus utiles. Elle s'approcha lentement, tout en observant les moindres recoins de la pièce. Elle n'accorda d'abord aucun regard vers la Princesse, ni le moindre mot. Elle l'avait pourtant bien repéré, évidemment. Elle s'avança jusqu'à une fenêtre, et observa en contre-bas.
« J'ai un message, pour vous », dit alors le Cygne, en tendant la lettre à la belle blonde. L'enveloppe ne contenait qu'une brève phrase écrite par l'assassin, mais avant que la Princesse ne l'ouvre et n'y découvre l'inscription, Swann se mit à chanter d'une voix douce. Pas un mot plus haut que l'autre, et pas la moindre erreur de prononciation. On eut dis qu'elle le soupirait, ou presque.

Adieu rêves et merveilles, je n'espère plus,
La Paix tant espérée est une quête vaine
J'ose penser qu'elle viendra en temps voulu
Elle est de loin la plus souveraine des reines.

Le peuple se meurt dans la souffrance
La noblesse se complaît dans la suffisance
Hyrule a perdu tout ce qui faisait sa vaillance
Et moi, je ne puis supporter sa déchéance.

Pardonnez-moi, pardonnez mon geste
J'ai le malheur de vous apprendre
Ne plus être en mesure d'attendre
Puissent les déesses ne pas me reprocher ce jour funeste.

J'ai bien essayé de faire preuve de gentillesse
...


Tout en récitant ces quelques vers, l'assassin avait progressivement marcher jusqu'au bureau de la Reine. Elle gardait néanmoins deux bons mètres de distance avec sa cible.
Voyant le regard d'incompréhension que lui jetait cette dernière, d'un simple geste de main, le Cygne invita Zelda à ouvrir l'enveloppe, sur laquelle la fin de sa chanson était marqué.
Malheureusement, l'heure de ta mort sonne, Princesse.

Tout alla très vite ensuite. Tandis que Zelda avait à peine eut le temps de lire ces mots, l'assassin attrapa ses deux couteaux de lancé. Le geste d'élan, la visée, la cible, tout était ok. Les couteaux partent, fusent littéralement. Ils fendent l'air, et se plantent. Malheureusement, ils ne se plantent pas aux endroits voulus. Le premier finis sa course dans un carreaux de fenêtre, qui se brise sous le choc. Le second ne fait pas mieux et finit dans une arrête du bureau de la reine.
La jeune Villarreal n'en croit pas ses yeux. Elle était pourtant si sûre de son coup... Elle en avait pourtant tué bon nombre de la sorte. Au moins l'un des couteaux touchaient forcément. Vexée, la jeune femme sortit une lame courte, puis s'élança avec rage vers sa proie.
Mais obnubilée par son affaire, elle en perdit le contrôle des évènements. Tout alla dès lors beaucoup trop vite. Oh, oui, beaucoup trop pour elle...


Llanistar van Rusadir


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(vide)

"Merci Naslin, vous pouvez nous laisser. Allez donc prévenir le sergent Dorian que son tour de garde a commencé. Je ne l'ai jamais vu le prendre à l'heure. "

Llanistar fit un bref signe de la main au lieutenant de le laisser, lui et le vieux Cerscastel. Réunis dans la salle du conseil et penchés sur de vieilles et nouvelles paperasses depuis midi, les deux dirigeants de l'armée épluchaient le budget militaire, tentant au possible de faire rentrer les dépenses prochaines dans ce que leur permettaient les impôts. Ni Zelda ni le général ne serait satisfait d'avoir à les monter, et à faire plus de mécontents dans le peuple. La princesse, parce qu'elle se souciait de ce dernier et Llanistar parce qu'il savait que toucher à l'argent de la multitude était l'assurance de troubles. Et c'était la dernière chose dont il avait besoin. Ainsi, il s'arrachait, presque littéralement, les cheveux sur ces problèmes sans manger ni se reposer depuis plusieurs heures, grattant quelques économies par-ci par-là... Sans trop de résultats probants. Le nordique sourit en repensant à sa dernière proposition de taxer les nobles aux trois quarts de leur richesse et le tollé provoqué en conseil de noblesse. Non, autant il avait aimé annoncer une mesure pareille pour effrayer les barons, autant ceux ci risquaient de passer dans l'autre camp si celle ci était appliquée. Leur loyauté restait malheureusement peu ou pas acquise et le dernier des Rusadir craignait que certains ne soient tenté de rejoindre le plus offrant, tels de vulgaires mercenaires. Il regarda le vieux chevalier. Ce dernier avait plutôt apprécié sa proposition, venant du peuple et détestant, de manière notoire, les vautours qui rôdaient autour de la couronne. Des vautours nécessaires, en ces temps de guerre, pourtant. Des vautours qu'Hyrule ne pouvait se permettre de perdre. Puis, la nuit tomba. Aussitôt, Llanistar demanda au page de Cerscastel qui l'accompagnait en permanence, certains disaient même pour pisser, de leur apporter des chandelles. Mais à la bougie et après tant de temps, les deux hommes fatiguaient de plus en plus vite et bien vite, le vieux dut lutter pour ne pas sombrer dans le sommeil.
Désireux de mettre fin à la torture pour lui même et d'épargner la carcasse du vieillard, bien qu'encore solide, le nordique souffla sa bougie, remit ses parchemins en un tas à peu prés rangé et déclara d'un ton léger à son compagnon de labeur,


"Je ne sais pas pour vous mais moi je tombe de sommeil ! Que diriez vous de stopper ici et de reprendre demain ? Je n'en puis de toute façon plus !"

Le "Grand père" poussa un soupire comme de consternation mais que Llanistar savait être du soulagement. Devant son page, Cerscastel n'aurait jamais arrêté le premier, par fierté. Que le général lui permette de s'arrêter sans montrer sa faiblesse lui enlevait un sérieux poids sur l'esprit, et cela, le nordique lui offrait de bon coeur. Le vieux chevalier restait un symbole pour tous les jeunes garçons au château, nobles ou non. Haut, fier, puissant, adroit, simple et honorable, il aidait les autres à garder la tête haute dans ces temps difficiles et il se comportait à la hauteur de sa charge. Un exemple pour tous, même pour quelqu'un qui avait déjà tant vécu si jeune comme le dernier des Rusadir. Avec un bref salut, il s'en alla, et Llanistar se retrouva seul, se demandant ce qu'il allait bien pouvoir faire. D'un coup lui revint le cas de ce Dorian, un sergent bien peu discipliné, quand il s'agissait d'aller aux corvées. Il prit la décision d'aller l'inspecter quelque peu. La neige avait commencée à tomber, drue, et l'hiver lui ferait du bien. Il avait toujours aimé cette séance, la préférant à l'été et ses chaleurs écrasantes. Il trouvait dans le manteau blanc neigeux un charme unique. En sortant de la pièce, il s'empara de son lourd manteau de laine et de fourrure avant de se diriger vers le rempart sud, celui qui dominait le chemin vers le bourg.
A l'instant où il pénétra à l'air libre, il sentit le froid se jeter sur lui, sans pour autant le blesser, comme un chien de compagnie se réjouirait de revoir son maître. Llanistar oubliait parfois, à force d'être général, que le sang des Rusadir était lié à l'hiver et à la glace. Il pouvait geler l'eau, manipuler le blizzard, écarter la neige mais cela ne lui servait que peu. Si il avait vécu sur ses terres natales, peut être. Duc van Rusadir, héritier légitime de Waundel, maître de l'hiver. Cela sonnait bien, à présent qu'il était loin de chez lui...Si tant est qu'il avait encore un "chez lui".
Soudain, il vit à travers la neige qui tombait la silhouette d'un garde en armure, qui semblait se réchauffer au mieux prés d'un brasero. Il devina qu'il s'agissait de Dorian et s'approcha. C'était en effet bien lui, le visage rougi par le froid, la mâchoire tremblante et un air profondément las sur le visage. Au moins, il était en poste depuis assez longtemps pour n'avoir plus rien en tête que la prochain relève. Sans intentions traîtres, Llanistar s'approcha de lui par devant, dans la lumière du feu. Aussitôt, le soldat effectua un garde-à-vous bancal.

"Repos, soldat. Je suis venu m'assurer que tout allait bien."
"Ou...oui mon général ! Il y a bien eu cette femme de l'armée, blessée à l'épaule, qu'on a recueillit évanouie sur le chemin du bourg, mais elle a été envoyée à l'infirmerie en attendant d'être en état d'expliquer le pourquoi du comment de sa blessure. Mais vous aurez un rapport.
"L'infirmerie tu dis ? Une jeune femme inconnue ? Tu peux m'y mener ? J'aimerais l'interroger moi même."

Le sergent hocha la tête, pensant sûrement s'être ainsi fait remarquer en bien du général. Llanistar, lui, sentait son intuition le prévenir d'un péril imminent, sans pour autant en être encore certain. Il se laissa mener par le soldat jusqu'à l'infirmerie, proche de l'escalier de la tour sud-est, qui menait aux étages supérieurs. Mais lorsqu'ils entrèrent, Dorian eut une expression surprise qui confirma les craintes du général. Une infirmière se dirigea alors vers eux, l'air enjoué. Llanistar ne lui laissa pas un instant, il s'approcha d'elle et lui demanda, d'un ton autoritaire et sans doute plus brusque qu'il ne l'aurait voulu.
"Où est elle ?"
"Qui donc ?" Répondit la pauvre femme, impressionnée.
"La femme qui est arrivée tout à l'heure ! OU EST ELLE ?"
"Elle...Elle a dit qu'elle devait voir la princesse."

"Malmort et sangdieu !"

Sans perdre un instant de plus, Llanistar se précipita hors de la pièce et couru. Cerscastel n'était pas avec la princesse en cet instant, il n'y avait personne d'autre pour la protéger que deux pauvres gardes. Et l'assassin avait déjà berné deux personnes, ils ne l'arrêteraient pas. Escaladant à pleine allure les marches, à en perdre halleine, Llanistar alla au plus vite à l'étage des appartements de Zelda. Lorsqu'il arriva dans son couloir, il vit les gardes en faction mais il vit aussi leur surprise de le voir arriver ainsi...Et il comprit que ses pires craintes pouvaient être vraies. Sans ménagement, il les bouscula et fracassa la porte d'un coup d'épaule, tirant son épée du fourreau aussitôt après.
"Restez où vous êtes ! Un geste et vous êtes mort !"

Il avait hurlé à la silhouette devant lui, qui le séparait de Zelda, visiblement toujours sauve. Mais il comprit vite qu'il s'agissait bien d'une femme et non d'un artifice. Une femme drôlement douée, pour ainsi réussir à berner tous ceux qu'elle avait rencontré. Les deux gardes avaient suivit Llanistar dans la pièce et brandissait leurs piques en direction de l'assassin, mais ce dernier pouvait encore menacer Zelda. Le général ne pouvait pas faire bouclier de son corps.
*Bouclier ou épée, je la protégerais !*

Et l'épée en avant, il se jeta sur l'assassin.


Zelda Nohansen Hyrule

Princesse de la Destinée. ∫ Édile de Nayru.

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(vide)

À chaque page tournée, elle perdait un peu plus espoir. Elle finit par refermer le livre, le poser sur la pile à sa droite et en reprendre un nouveau à sa gauche. Pour une fois elle ne se trouvait pas en réunion à cette heure tardive de la nuit, le général van Rusadir et Cerscastel lui ayant affirmé que sa présence n’y était pas nécessaire, sans doute dans l’espoir qu’elle se repose. Elle avait bien sûr essayé, mais son esprit était préoccupé par un détail, et elle avait fait un petit voyage à la bibliothèque pour récupérer quelques ouvrages.

Des siècles et des siècles de connaissances, amassées dans une bibliothèque assez monumentale qui aurait fait la joie de tout érudit, et pourtant elle était incapable de mettre la main sur ce qu’elle cherchait. Même ce qu’elle savait déjà ne se trouvait pas forcément relaté dans toutes les pages qu’elle lisait, ou sous le format de légendes imagées et incomplètes. Si seulement elle avait pu avoir la certitude que ces informations étaient là, quelque part, posées sur le papier… Mais non, elle devait chercher à l’aveuglette. Elle savait très bien que si les légendes populaires étaient très répandues, il y avait souvent une version plus réelle et moins altérée par le temps. C’est ainsi par exemple, qu’elle avait jadis pu conter à Link une version très différente et peu connue des avertissements sur le Saint Royaume et le Trésor d’Or qui s’y cachait. Cette version, qui s’était avérée bien plus exacte et précise, avait été transmise de génération en génération dans la famille royale. Était-il possible que son Père ait oublié ou manqué l’occasion de lui fournir d’autres vérités concernant la Triforce ? Il était à présent trop tard pour lui demander ce qu’il connaissait d’autre à son sujet… Et elle doutait qu’Impa en sache plus qu’elle, mais elle ne pouvait pas non plus le lui demander, cette dernière étant occupée ailleurs.

Ce n’était guère la première fois qu’elle faisait ces recherches, elle avait même fini par perdre l’espoir de découvrir quelque chose par le passé. Mais les raisons avaient changé : la première fois, elle cherchait à savoir comment retirer à Ganondorf son fragment, elle était à présent décidée à découvrir comment récupérer celui de Link. Si le Roi Gerudo, un étranger, avait réussi à découvrir le moyen de détacher un des fragments divins de son porteur, pourquoi était-elle incapable d’en faire autant alors qu’elle avait bien plus de moyens à sa disposition ?

Elle tournait une nouvelle page lorsqu’un bruit la fit relever la tête vers porte pour apercevoir une femme, pénétrer dans le bureau. Elle avait entendu parler derrière la porte, mais trop concentrée elle n’avait pas prêté attention au sens des mots prononcés. Elle vit donc la jeune femme traverser son bureau devant elle comme si de rien n’était, le temps d’aller jeter un coup d’œil à la fenêtre. Elle n’était sans doute pas la souveraine la plus à cheval sur le protocole, mais tout de même ! Jamais il ne lui serait venu à l’idée de pénétrer la maison du moindre des citoyens d’Hyrule sans annoncer la raison de sa venue. Elle en venait même à se demander si cette femme savait où elle se trouvait, mais l’inverse était impossible… Elle se leva de sa chaise afin de demander à son invitée surprise la raison de sa visite.

« Je vous prie de m’excuser, serait-il possible de m'indiquer la raison de votre présence ici s’il vous plait ? »

Ce qui la surprenait bien plus, c’était que les gardes venaient de la laisser entrer. Ils avaient forcément une raison autre que de lui laisser admirer le panorama donné par la fenêtre de son bureau, et elle ne comprenait donc pas que cette raison ne lui soit directement exposée. Mais alors qu’elle s’apprêtait à relancer sa question avec plus d’insistance, la jeune femme répondit finalement, daignant enfin lui accorder un regard.

Intriguée elle se saisit de la lettre qui lui était tendue par la demoiselle, remarquant au passage une déchirure sur le vêtement qu’elle portait, au niveau de l’épaule. Qui pouvait bien lui envoyer un message en employant cette messagère ? Il n’y avait nul jugement dans cette question, uniquement de la surprise face à ce qu’elle était incapable de deviner, alors que tout dans ce château était généralement parfaitement ordonné. De toute évidence ce ne pouvait être un noble, elle avait été habituée à bien plus de cérémonie, et ils avaient cette habitude d’étaler leur richesse même par leurs domestiques en parant ces derniers de beaux atours eux aussi. Était-ce une amie de Link ? Il ne lui avait pourtant encore jamais transmis un message autrement que par lui-même. Plus important encore que l’identité de l’expéditeur : était-ce grave ? Elle prit peur un instant, et s’apprêta à retirer prestement de l’enveloppe le mot qu’elle contenait, mais elle stoppa son geste lorsque la femme entonna un chant. Au vu du non empressement de la jeune femme à délivrer le message et de sa nonchalance, elle doutait fort que ce dernier soit urgent...

Comme captivée par la chanson, assez surprise et déroutée en réalité, elle ne reprit pas son geste et en écouta attentivement les paroles. L’espace d’un instant, elle s’était demandé s’il ne s’agissait pas d’un prétendant insistant, mais la forme était bien mal choisie, et de toute façon les paroles infirmèrent bien vite cette supposition. Elle avait aussi écarté toute possibilité que Link soit à l’origine du message, et commençait à se demander si la femme ne parlait pas en son nom propre. Mais c’était impossible, on ne l’aurait pas laissée entrée pour porter son propre message ainsi… Et où voulait-elle en venir… ? La chanson s’acheva alors, et, comme semblait l’attendre la jeune femme, elle sortit le mot de l’enveloppe pour lire, alarmée par ce qu’elle découvrit, le court message qui s’y trouvait.

Les événements s’enchaînèrent à ce moment, et elle eut à peine le temps de s’interroger. L’essentiel n’était pas de comprendre et chercher pourquoi, ou comment elle était arrivée jusqu’à elle, mais de réagir au plus vite à la menace. Elle eut à peine le temps d’invoquer sa magie pour créer un bouclier magique autour d’elle que la femme avait déjà lancé ses couteaux. Elle avait beau entendre des pas de course dans le couloir, elle devait se débrouiller seule avant l’arrivée du marcheur, et il s’en était fallu de quelques secondes pour qu’elle n’ait pas le temps de réagir. Mais si la jeune femme parut surprise du résultat de son lancer, la princesse le fut tout autant. Elle avait créé une zone de bouclier qui était supposée ralentir et arrêter les projectiles, pas les dévier de la sorte. S’était-elle trompée par précipitation… ? Ou les couteaux avaient-ils été lancés dans la mauvaise trajectoire… ? Là encore, l’information n’était pas de première importance, et voyant la jeune femme qui fonçait à présent dans sa direction, elle maintint avec plus de force le bouclier qui, elle l’espérait bien, allait stopper la demoiselle dans sa course. D’autant plus qu’il était invisible, et qu’elle ne semblait pas se douter de sa présence. La seule indication de son existence aurait pu être l’immobilité de la princesse qui n’esquissait pas un geste pour s’esquiver, ni ne montrait d’inquiétude. Elle n’avait pas crié, pas bougé, elle se concentrait uniquement sur la magie qu’elle déployait, et venait tout juste de se rendre compte de l’arrivée des deux soldats qui gardaient le bureau, ainsi que la présence du Général van Rusadir qui prenait déjà part à l’action et lui avait plusieurs fois déjà démontré qu’elle pouvait compter sur lui. Elle n’aurait donc vraisemblablement pas à en faire plus, tant qu’elle échappait une nouvelle fois à sa lame.


Swann

Championne d'Aegis

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(vide)

La lame se brisa sous le choc, sous le regard incrédule de l'assassin. Rien ne lui était visible, et pourtant, elle aurait juré pouvoir sentir frapper de plein fouet un mur. Elle en eut mal, très mal même, au niveau du poignet, tandis que le bout de sa dague tombait quelques mètres plus loin. Alors c'était donc ça, le pouvoir des Déesses ? Une simple protection impénétrable et invisible. Swann pesta contre elle-même, intérieurement, tandis que ses yeux remplis de haine et de rage retrouvait toute leur sérénité, au fur et à mesure qu'elle prenait conscience de son impuissance.
« Lâche », osa l'assassin avant de cracher un mollard sur le bouclier magique. Elle n'accorda cependant pas davantage d'attention à la Princesse qui, elle le savait, ne représentait en rien une menace pour elle. Il était bien question d'un autre dorénavant qui pouvait intenter à sa vie, en la personne du Général Rusadir. Elle n'avait pas eu besoin de plus d'une demi-seconde pour le voir arriver tambour-battant, l'épée hors du fourreau et prêt à défendre une monarque plus que faible. Le regard de celle-ci lui avait indiqué sa soudaine et inespérée arrivée avant que son sixième sens ne lui dévoile la charge du soldat, droit sur elle. Elle se retourna brusquement, puis dévia la pointe de son épée avec ce qu'il restait de sa pauvre dague.

Il n'était nullement question d'affronter quatre ennemis à la fois. Ne serait-ce que parce qu'elle se trouvait seule, mais aussi parce qu'un combat ne faisait aucunement parti de son plan. En bon assassin qu'elle était, il lui était impensable de déroger aux règles qu'elle s'était fixé. Il était, malheureusement pour elle, temps de se retirer et de reconnaître son triste échec. Ne serait-ce que pour le peuple qu'elle voulait délivrer de la fainéantise de ses plus nobles représentants, elle allait pouvoir regretter cet instant maudit où ses couteaux avaient mystérieusement refusé de lui obéir. D'un bond, elle prit appui sur le bureau qui se trouvait sur sa gauche, puis sauta au-dessus du Général. Sa course, très brève, l'amena jusqu'à l'imposante fenêtre du bureau, devant laquelle elle se stoppa avant de se retourner.
« Ne bouge plus, assassin ! » Hurla l'un des gardes accompagnant Llanistar. Tous deux pointèrent leur pique en direction d'une jeune femme qui ne cessait de surprendre de part sa parfaite maîtrise de ses nerfs dans une telle situation. De quoi aurait-elle bien pu avoir peur ? Même à deux contre elle, elle leur était bien supérieure. Quant au Général, il devait être bien trop occupé à rester près de sa Princesse. Non, clairement, il n'y avait pas de quoi s'affoler. D'autant que son moyen de fuite était déjà tout trouvé.

Le Cygne Noir allait s'envoler, très bientôt. Sa fuite n'allait pas être très commune, mais la personne qu'elle avait cherché à réduire à l'état de macchabée ne l'était pas non plus. Sa situation n'était pas vraiment désespérée ; bien qu'on eut dis le contraire en voyant la scène, l'assassin savait parfaitement gérer ce genre de cas. Il lui fallait simplement attendre un geste, une course, un élan. Mais pour le moment, bien qu'elle soit totalement désarmée, aucun des deux soldats auxquels elle faisait face ne daignaient bouger le moindre petit doigt. Peut-être pensaient-ils l'avoir sous leur contrôle, en pointant ces pics dans sa direction. Pathétique.
Même si elle se savait sans la moindre arme à portée de main, ses ennemis n'étaient pas au courant. Aussi mima-t-elle le simple geste de vouloir dégainer une arme qu'elle aurait cachée dans son dos jusque là. La réaction de l'un des soldats, qui semblait bien nerveux, ne se fit pas attendre : il chargea pic en avant, alors que son compère restait patiemment en retrait, prêt à couvrir l'hypothétique fuite par le couloir que le Cygne pouvait tenter. L'attaquant devait être bien irrité pour si peu réfléchir à la situation - sûrement était-ce dû au fait de s'être fait tromper avec autant de facilité, allez savoir - et cela était presque trop parfait pour la jeune Villarreal. Il ne lui fallut qu'un pas de côté au dernier moment pour éviter de se faire crever sur place.

Mais il n'était pas question que d'éviter la mort ; elle devait aussi fuir la Justice. Sa main se porta au même moment sur l'arme du soldat, sur laquelle elle tira en direction de la fenêtre. Pris dans son propre élan, le garde en brisa les carreaux avant de se cogner les jambes contre le mur. Il n'eut pas le temps de comprendre que Swann, plus agile et rapide que bon nombre de personne sur cette fichue terre, le frappait fortement d'un coup de pied au niveau du dos. Le corps du garde bascula en avant, puis, tête la première, tomba dans le vide.
« Je te crèverais un jour ou l'autre, Princesse », lança-t-elle à peine avant de sauter sans la moindre hésitation par la fenêtre, à la suite du soldat. Comme un Cygne prenant son envol. La chute pouvait s'avérer mortelle, certes. Elle prenait de très gros risques, mais elle ne le faisait pas sans garanties non plus. Alors qu'elle prenait de plus en plus d'accélération, elle rattrapa le malheureux garde à mi-parcours, puis s'accrocha à lui. L'adrénaline était là à son paroxysme car si en effet elle avait fais preuve d'un certain contrôle de son corps et de son esprit jusque là, ce qu'elle tentait là était juste désespéré ; elle-même ne semblait pas y croire. Les cris de terreur du soldat accompagnèrent le silence de l'imprévisible et audacieuse jeune femme, jusqu'au brutal arrêt de cette folie.

Comme elle l'avait prévu, le corps du garde s'écrasa de plein fouet sur le sol, le tuant sur le coup. Mais s'en étant servis comme d'un matelas, la chute de l'assassin ne fut pas mortelle. Néanmoins, mal positionnée au moment d'arriver au sol, son bras droit avait rompu dans un craquement fabuleusement sinistre, et la couture de sa blessure à l'épaule avait lâchée. Ce fut donc dans un hurlement de douleur assorti de quelques nombreuses et nerveuses larmes qu'elle pu constater sa survie tant espérée et inattendue.
La tempête de neige qui continuait lui fut salvatrice pour elle. Le froid lui glaça les membres, et surtout anesthésia en partie ses terribles blessures. Elle se releva avec de grandes difficultés, ceci dit. Elle se sentait si atteinte, si fragile. Si... faible, quelque part. Mais il n'était pas question de penser plus de temps à tout cela. Elle avait échapper à la mort, à la Justice d'un Royaume voué à sa propre perte - en partie à cause d'elle et de son manque d'efficacité. La fabuleuse occasion qu'elle avait gâché cette nuit allait sans nul doute faire naître quelques regrets. Néanmoins, il lui fallait regagner le Bourg. Sa vie n'était pas pour autant finie et elle s'était accordé le droit d'une seconde chance. C'est donc ainsi, masquée en partie par la tempête de neige, qu'elle se dirigea vers le Bourg en toute hâte.


[Merci pour ce RP vous deux ! Vous m'avez inspiré, je ne dirais pas le contraire]


Llanistar van Rusadir


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(vide)

Tout alla vite, trop vite. L'assassin faisait preuve d'une agilité stupéfiante qui fit manquer son coup à Llanistar. Bien que clairement en difficulté, elle dévia la lame du Rusadir avec une facilité déconcertante et sauta par dessus lui en le prenant complètement par surprise. Conscient de son devoir de protection de la princesse, le général alla se placer entre Zelda et l'intrus, décidé à lui servir de "bouclier" comme il en avait fait le serment. Et c'est avec douleur qu'il vit un des gardes commettre une imprudence impardonnable. Avant même qu'il ait pu lui hurler de prendre garde, l'irréparable fut commit. Toujours avec une aisance parfaite, l'assassin saisit la pique du soldat, l'envoya contre la fenêtre et le fit basculer dans le vide. La rage au ventre, Llanistar vit la meurtrière sauter à sa suite et il comprit sur l'instant. Rejoignant la fenêtre, il vit l'horrible spectacle du soldat gisant au sol et la criminel s'enfuir vers le bourg. Aussitôt, retenant son envie de hurler l'alarme, il se tourna vers l'autre soldat qui avait lâché sa pique et s'appuyait sur le mur pour ne pas chuter. Le général le rejoignit et le saisit par les épaules, forçant leurs regards à se rencontrer. Le soldat était en état de choc.
La claque que lui mit le nordique eut au moins le mérite de le sortir de sa léthargie. Toujours un peu hagard, il se détournait de la fenêtre, qu'il ne considérerait surement plus jamais comme avant. Llanistar le secoua et, toujours en le fixant, lui parla fermement et d'un ton qui ne souffrait aucune objection,


"Rend toi à la salle de garde, déclenche l'alarme. Tu as vu cette salope. Tu connais son visage, son allure. Décris la aux officiers et dis leur que j'ordonne aux troupes montées de se lancer à sa poursuite ! Au moins cent chevaux sur la plaine, autant d'hommes à fouiller le bourg. Elle ne doit pas s'échapper. Et va trouver les deux capitaines des gardes. Dis leur que je les retrouverais dans la salle de ban d'ici une heure. Allez, soldat !"

L'homme semblait avoir reprit des couleurs et une contenance à mesure que son général lui donnait des ordres et détournait ses pensées du spectacle horrible auquel il avait assisté. Llanistar ordonnerait à d'autres de s'occuper du cadavre en contrebas. Puis, conscient que la brutalité de la scène n'avait pas dû choquer que le soldat, il se tourna vers la princesse. Sa princesse, qu'il n'avait pu protéger. Lorsqu'il la rencontra du regard, le pouvoir intense de la Triforce l'aveugla et il du masquer ses yeux le temps de fermer son esprit à la magie des esprits. Alors seulement, il put regarder Zelda dans les yeux...Et il tomba sur ses genoux, une main sur le coeur, baissant la tête sous la honte et la culpabilité. Sa voix avait tout perdu de sa force et de son autorité lorsqu'il lui déclara,

"Princesse Zelda, souveraine du royaume d'Hyrule, je... J'ai échoué dans ma tache et en suis conscient. Vous ne devez la vie sauve qu'à vous même et je n'ai pu tenter de rectifier mon erreur que trop tard, assez pour que l'assassin vous approche et qu'il tue un de vos sujets. J'ai fait serment d'être votre bouclier et n'ai pas su le tenir. J'accepterais toute sanction que vous jugerez juste mais laissez moi rester à votre service. Ce qui est advenu cette nuit ne se reproduira plus."

Je vous le promet, faillit il ajouter. Mais il se ravisa, sa parole ayant été bafouée une fois déjà. Promettre encore ne donnerait pas plus de réalité à ses mots. Seules sa volonté et sa force le pourraient. Mais si Llanistar avait eu l'impression la veille d'avoir fait de son mieux, il devait s'avouer que cela ne serait pas suffisant. Et il pourrait comprendre que Zelda soit déçue de lui. La peur d'un rejet royal au ventre, il attendit que sa princesse ne lui réponde, comme un criminel en jugement attends la sentence du juge.


Zelda Nohansen Hyrule

Princesse de la Destinée. ∫ Édile de Nayru.

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(vide)

Tout était allé si vite… Il n’y avait pourtant aucune échappatoire, et elle avait pensé que l’assassin serait forcée de se rendre. À dire vrai, elle espérait pouvoir lui parler au calme une fois la jeune femme désarmée. Essayer de comprendre ce qui l’avait poussée à en venir là… Savoir si elle était au service de quelque ennemi de sa famille ou si elle avait agit seule comme elle en avait eu l’air avec toute cette mise en scène. Elle ne comprenait pas ce qui lui valait une si grande haine envers elle.

Au grand dam de la princesse, la réalité fut toute autre, et avant qu’elle n’ait pu saisir ce qui se passait ou réagir, l’assassin avait déjà attiré un des gardes près de la fenêtre, et s’élançait dans le vide à sa suite. Elle n’eut pas besoin de courir se pencher pour voir à travers les carreaux brisés ce qui était arrivé. Son général s’en était déjà chargé et sa réaction lui avait suffit à comprendre que le scénario n’avait pas été différent de ce à quoi elle s’était attendue, du moins pour le garde. Elle avait cru un instant que l’assassin allait elle aussi y rester, mais ça semblait ne pas être le cas. Elle n’avait toutefois souhaité la mort d’aucun des deux.

Elle aurait sans doute dû, tout comme Llanistar, prendre des dispositions et donner des ordres, mais elle ne prononça pas un mot. Elle était choquée, non pas par la violence de la scène, par plusieurs fois elle avait déjà assisté à des combats. Mais un innocent était mort aujourd’hui, par sa faute. Sans doute pas le premier, ni le dernier, mais un de plus. Elle était la cible de l’assassin, et c’était un de ceux qui avaient cherché à la protéger qui en avait payé le prix. Elle aurait donné beaucoup pour que les autres ne se voient plus arracher leur vie à sa place. L’assassin ne l’avait certes pas blessée physiquement, mais elle venait indéniablement de lui porter un coup moralement, qui s’ajoutait à tant d’autres auparavant. Elle ne put s’empêcher une pensée égoïste pour Link. Elle avait tellement peur qu’un jour il ne suive le même sort, encore tout récemment elle avait vraiment cru… C’est seulement en portant une main jusqu’à la boucle d’oreille qui partageait le lien avec lui qu’elle put s’apaiser. Elle savait que ce n’était pas le moment d’y penser, ses peurs ne feraient que s’amplifier. Néanmoins elle en étant conscience, jusqu’à la fin de sa propre vie, elle verrait souffrir ou mourir des gens autour d’elle… Pour elle… Sans pouvoir engager sa propre vie, ne serait-ce que pour préserver le Fragment qu’elle détenait et le Royaume d’une éventuelle guerre civile.

C’est le général van Rusadir qui la ramena à la réalité en venant s’agenouiller devant elle. Elle attendit en silence la fin de ses paroles avant de lui tendre une main. Elle était bien en mal de cacher sa tristesse, aussi le sourire qu’elle lui offrit en était-il teinté malgré elle.

« Allons, relevez-vous. Nous sommes en vie, et nous avons encore tellement à faire… Nous avons fait de notre mieux, nous ne pouvons plus qu’apprendre de nos erreurs. Elles nous rappellent que nous ne sommes qu’humains. »

Elle savait que rien ne ramenait les morts. Quand bien même cela ne la consolait pas vraiment, tout ce qu’elle était en mesure de faire, c’était de continuer à avancer pour ceux qui étaient tombés dans ce but. C’était pour ça, et pour son amour pour Hyrule que quelque soit le poids, elle ne pourrait jamais abandonner.

« Vous ne m’avez pas déçue. Vous êtes arrivé aussi vite que vous l’auriez pu étant donné l’imprévu de la situation. Et je n’ai pas pu empêcher non plus ce qui s’est passé ensuite… Comment l’exiger de vous ? »

Elle s’était sentie tout aussi impuissante. Elle ne pouvait pas non plus nier avoir fait des erreurs, de mauvais choix et dû accepter leur lot de conséquence. C’était le risque qui venait avec les responsabilités, et tout un chacun était faillible et devait l’accepter, mais le Général n’avait pas trahi sa confiance, c’était l’essentiel à ses yeux.
En plus d’une vie prise, il restait un dangereux assassin en liberté, ainsi qu’une guerre. Ils devaient se concentrer sur le présent.