Posté le 06/06/2012 20:22
Des frissons de plaisir intense le parcouraient, du sommet de son crane jusqu'à la plante de ses pieds tandis que le rituel s'écoulait. Le piédestal sur laquelle reposait le front du héros du temps avait requit des mois pour sa création et la présence des sorcières Koume et Kotake pour aider Ganondorf dans cette tâche. Amenée dans ce monde par des créatures que seul le Seigneur du Malin connaissait, cette pierre s'était révélée aussi instable à tailler que puissante et le Gérudo avait plusieurs fois frôlé le découragement. Mais à force d'efforts acharnés, il était parvenu à son but : créer un réceptacle pour le fragment du courage. Ou plutôt une prison. Car si il tentait par d'autres moyens de s'en emparer, le Courage fuirait encore une fois vers un nouveau porteur. Ganondorf se savait haït de Farore mais il comptait bien déjouer les manigances de la déesse ! Plusieurs jours durant, il avait tracé avec précaution les symboles cabalistiques nécessaire à l'emprisonnement de la puissance divine.
Il s'approcha lentement du héros du temps et plongea soudainement ses mains dans les deux braseros, laissant le feu courir sur sa peau et lécher ses doigts à la manière d'un chien dressé. Ce qui était l'élément le plus meurtrier et destructeur de la création le considérait depuis déjà longtemps comme son maître, or ce feu débordait d'une énergie infinie et dévorante...une énergie dont Ganondorf allait bien avoir besoin. Avec une inspiration, il fit couler son pouvoir le long de ses bras jusqu'à la dernière de ses phalange. Alors, il débuta le rituel.
Sans hésiter, il commença à aspirer la puissance du feu dans ses mains et des ombres autour de lui, tout en murmurant les premières incantations. Là vint le premier cri de douleur du héros du temps. Les symboles de la pierre maudite s'illuminèrent de mille feux et le front de Link parut comme aspiré par la création démoniaque. Sur sa main, le symbole de la triforce s'était réveillé, tout comme celui de Ganondorf. Le pouvoir divin commença alors à être aspiré du corps du jeune Hylien. Second hurlement de douleur du héros...Auquel faillit se rajouter celui du Seigneur du Malin. Ce dernier ressentait une profonde souffrance le traverser, preuve que le fragment du Courage lui résistait déjà de toute sa puissance...Mais il tint bon. La souffrance, il la connaissait bien et jamais ça ne l'avait arrêté. Comme une vieille amie dont on ne s'émeut pas des taquineries, il en appréciait la morsure.
Après plusieurs heures d'efforts, le résultat fut à la hauteur de ses attentes. Link gisait, brisé et sur sa main, le symbole avait presque disparu. Et lorsque Ganondorf, les yeux écarquillés et un sourire nerveux sur le visage, posa sa main au centre de la pierre, il sentit la puissance divine couler en lui, se diffusant dans tout son corps et l'électrisant d'une énergie nouvelle et grisante.
Les flammes étaient éteintes et pourtant la salle baignaient dans la lumière. SA lumière. Celle de ses deux fragments, de son nouveau pouvoir. Un pouvoir que jamais un homme en ce monde ne pouvait se vanter d'avoir possédé. Il était la Force, il était le Courage, il était Ganondorf, le très haut roi des hommes. Et de ce jour coulerait un âge dédié à sa gloire et à la hauteur de son âme.
Jamais le gérudo ne s'était sentit aussi heureux. Une joie sincère et intense s'était emparé de lui. Et tandis qu'il observait avec amour sa main droite et la preuve de sa victoire, il ne parvenait pas à penser. Il savourait pleinement cet instant attendu depuis tant d'années. La puissance...Il pouvait la sentir pleinement, couler en lui dans son corps et son âme, embrasant le feu de son ambition et de son orgueil.
Dun Loireag s'approcha alors de lui. Le traitre était éreinté par le rituel, rien de plus normal étant donné sa durée et l'ampleur de la tache. Mais il avait pleinement complété son rôle. Du commencement à la fin, il avait prouvé sa loyauté et sa valeur. Les deux qualités les plus importantes aux yeux de Ganondorf. Un insecte loyal avait autant d'intérêt qu'un loup tourne-casaque, c'est à dire aucun. L'ex prince était un élément de choix et plus encore : il était un symbole. Le symbole qu'un hylien, même le plus fidèle à l'ancien monde, pouvait ouvrir les yeux et choisir de se rallier à l'ordre nouveau qui était né en ce jour. Quel Hylien hésiterait encore à ployer le genou quand même leur prince s'y était résolu ?
« Sire … En ce jour, Hyrule est arrivée à la croisée des chemins. Deux réceptacles pour trois fragments, la balance divine est maintenant brisée. Néanmoins, de grands sacrifices ont été faits afin de vous glorifier de ce pouvoir divin nouvellement acquis. Le mien, alors que j’ai aujourd’hui tourné le dos à tout ce qui m’était propre, mais le vôtre aussi… La Croisade Sanglante est vaincue. »
Ces paroles firent sortir Ganondorf de son euphorie. Dun venait de le ramener en un instant à une réalité moins glorieuse, ce qui lui déplut. Cependant il ne pouvait en blâmer son serviteur. La situation exigeait une décision immédiate, tous deux en étaient conscients. Plus qu'un simple voleur, le Seigneur des Ombres et des Flammes avait dans ses veines le sang des monarques et il saurait régner. Le temps de savourer sa victoire avait assez duré. Et il dû admettre la véracité des dires du traitre. A la suite de leur défaite, Valheim et Withered avaient disparus...Ces deux plus grands fidèles s'étaient enfuis...une fois de plus. La Croisade était morte avec eux, il le savait. C'était le prix de sa victoire. Néanmoins il ressentit une profonde lassitude l'étreindre. Se pouvait il qu'il soit voué à être trahit, toujours et par tous ses serviteurs ? Si son armée était une guilde, ou un Etat il aurait pu le comprendre mais c'était bien plus que cela... C'était un clan. Une grande famille dont il était le père et tous ses fidèles, des enfants. Qu'ils soient humains, créatures d'un autre monde, ombres ou flammes, tous étaient avant tout ses fils et ses filles.
Peut être était il temps de revenir à ces valeurs. En ces temps troublés, il devait être le guide des plus faibles que lui vers cet âge d'or qu'il désirait, pour le monde entier, sous sa protection.
« Comme vous l’avez-vous-même dit, nous ne pouvons prendre le risque de tuer le Héros. Néanmoins, nous ne pouvons pas non plus le garder prisonnier. L’engouement qu’il suscitera sera mille fois supérieur au mien, et repousser continuellement les assauts de nos ennemis est possible, mais non la meilleure alternative dans notre situation. Certes il sera dangereux, mais le garder sous note tutelle le serait encore plus. »
Ganondorf écoutait avec attention. Le traitre agissait comme un courtisan, exposant les arguments avant la thèse. Le gérudo voyait néanmoins où il voulait en venir. Car si le tuer et le garder prisonnier était hors de question, il ne restait qu'une seule solution.
« Nous devons le relâcher. »
"Qu'il en soit ainsi. Donnez lui son épée et relâchez le dans le désert."
Cette décision lui aurait paru une erreur quelques heures auparavant mais tout avait changé à présent. Link était brisé, privé de la puissance des Dieux et surement abattu moralement par la trahison du Prince...Le danger était minime. Mais surtout au fond de lui, Ganondorf ne supportait pas l'idée d'achever le héros du temps dans un pareil instant. La Gloire était ce qu'il désirait, plus que tout au monde. La triforce n'était que le meilleur des moyens pour y parvenir. Terrasser Link à son apogée aurait été suffisant à lui donner un prestige incroyable à Hyrule. Au fond, le gérudo espérait que le gamin survive pour pouvoir le tuer en combat, de ses propres mains. Et pour ce qui était de l'épée, la moindre proximité avec l'acier béni lui était insupportable. Qu'il s'en aille avec cette horreur ! Et qu'il revienne au meilleur de sa forme. Voilà ce qu'espérait le Seigneur du Malin. Et après que des ombres aient emportés Link, il approcha du centre de la pièce. Après quelques instants, il parla.
"Tu as raison, Dun Loireag. La Croisade est morte hier, alors que la grande porte de ma citadelle s'ouvrait aux combattants de Zelda. Je prend conscience de ses faiblesses et je le laisserais plus jamais cela se reproduire ! En ce jour nait la promesse d'une aube nouvelle et meilleure ! La promesse d'un ordre nouveau qui conduira le monde et les êtres qui le peuplent vers un âge d'or ! Je ne veux pas de serviteurs, Loireag. Je veux des fils et des filles, fidèles et loyales. Je les veux rassemblés autour de ma personne en une famille, un clan qui les liera à moi ! Je veux les avoir à mes côtés lorsque je monterais sur mon trône d'or ! Je veux leur donner un monde nouveau où tous répondraient avec fierté au nom de Dragmire ! Un Trône pour les Dragmire, voilà ma vision !"
Débordé par les émotions que lui inspiraient sa vision, le Seigneur avait ouvert les bras en un grand geste paternel tandis que sa voix profonde et grave résonnait longuement dans l'édifice. Il se tourna alors vers le traitre.
"Seras tu un fils pour moi, Dun Loireag ?"
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