Là où rien n'existe et où tout disparaît

[ Hors timeline ]

Ce jour, il l'avait attendu toute sa vie. Souvent avec impatience, toujours avec certitude. Le jour où s'effondreraient devant lui tous les obstacles, où ses ennemis mettraient genoux en terre et baisseraient les yeux, où sa destinée débuterait son achèvement. Longtemps, il avait été incapable de déterminer quel serait ce jour...jusqu'à l'heure de vérité. Celle qui l'avait vu affronter le Héros du Temps, dans un Hyrule bien différent qui ne comptait d'autre seigneur que lui. Cette heure où il était tombé, par deux fois. Tombé et enfermé dans la plus terrible des prisons : le vide infernal. Sa peau mate fut parcourut d'un frisson d'effroi à la simple pensée de ce non-lieu, en dehors de l'espace et du temps qui aurait annihilé par sa simple essence n'importe quel simple mortel qu'on y aurait plongé.

Mais Ganondorf Dragmire n'était pas un simple mortel.
Choisit par la déesse de la force comme l'héritier légitime de son pouvoir, le Seigneur des Gérudo était persuadé de ne plus rien avoir de commun avec l'humanité à laquelle il appartenait encore avant le présent de Din. A présent qu'il avait gouté puis dompté la puissance divine, son âme aspirait aux plus hautes ambitions. Ses ennemis l'appelaient voleur, assassin, sanguinaire...Lui se voyait glorieux, conquérant, impérial. De par la grandeur même de son âme, il méritait de guider les Hommes vers un âge meilleur que lui seul saurait amener sur Terre. Car la majesté d'un roi n'était pas dans l'âge de sa lignée mais dans la hauteur de son esprit et la force de son bras. Le monde méritait mieux qu'un ramassis de nobliaux incapables de survivre sans des légions de serviteurs pour les nourrir et les habiller. Il méritait la suzeraineté du grand Ganondorf... Mais pour prétendre à cela, le gérudo savait parfaitement qu'il ne pouvait se contenter d'un seul fragment. Aussi noble et proche du divin qu'il pût être, le monde ne tomberait pas entre ses mains sans qu'il ait pu toucher la Triforce réunifiée et qu'il prononce son vœu. Alors, qui oserait s'opposer à la volonté des Dieux ? Pas même ses pires ennemis ne s'y risqueraient.

"Toute ma vie j'ai désiré cet instant. Et depuis toutes ces années où tu m'as vaincu, ce désir ne m'a jamais quitté. J'étais un jeune chef, jaloux des vents d'Hyrule. Cette lutte m'a rendu homme puis dieu. A présent, je pense qu'il s'agissait d'une épreuve. Quelle gloire m'aurait apporté la conquête du monde si je ne la devais qu'aux déesses ? Auparavant, il me fallait me battre, de toute mon âme, contre un adversaire à ma hauteur. Et tu le fus, Link."

Paré de sa tenue la plus royale, Ganondorf se tenait haut et fier devant son plus fidèle ennemi, tenu debout par des chaînes approchées au plafond de la salle. Plus d'armure cette fois mais des vêtements aussi rares que luxueux, teintés de noir, de rouge écarlate et de fines nuances d'ambre et d'or. De la soie, du lin et du cuir de la meilleure qualité, voilà ce que portait le Seigneur du Malin en ces instants décisifs. Autour d'eux, la salle circulaire était presque vide, baignée dans une lourde obscurité. Seuls deux braseros de part et d'autre du héros du temps laissaient danser des flammes rouges vif. L'Ombre et la Flamme, tout ce que Ganondorf avait toujours été. Les deux parts de son être qui le poussaient à se dépasser, à aller en permanence chercher plus haut les objets de ses désirs.
Derrière lui, seul autre occupant de ce lieu, se trouvait le traître. Depuis l'accomplissement de son oeuvre, il restait là, derrière son nouveau seigneur et maître, sans prononcer un mot. Au fond de lui, le gérudo ressentait un plaisir pervers intense à la simple pensée de ce qu'il avait accomplit. Du jour au lendemain, Hyrule perdait son défenseur le plus zélé et, lui, gagnait un serviteur au potentiel impressionnant. L'ex prince possédait des pouvoirs inédits et terrifiants aux yeux d'un simple mortel. Plier l'espace, le temps, la réalité même à sa volonté...Combien d'hommes pouvaient se vanter de telles capacités ? Un seul en ce monde, d'après ce que Ganondorf en savait. Et cet homme là était sous ses ordres, à sa botte même. Il avait su le briser et réveiller en lui les penchants qu'il avait toujours voulu cacher. A cet instant, le Seigneur du Malin le considérait comme l'un des ses fidèles les plus fiables. Car un point de non retour avait été franchit au cours de ces nuits de tortures et Dun Loireag Hyrule ne reviendrait jamais.

Link ne répondit pas. Il était encore faible. Trop faible pour tirer de sa mort une quelconque gloire. Au fond de lui même, Ganondorf ressentait une profonde déception. Il avait tant rêvé de massacrer de ses propres mains le principal acteur de sa chute passée que se le voir offert sur un plateau d'argent avait un gout assez amer. Mais il n'était pas stupide. Laisser passer cette chance serait la pire de ses erreurs. Par deux fois il avait laissé le gamin en vie et l'avait regretté des années entières ensuite. Avec sévérité, il releva le visage du héros du temps et se contempla dans l'azur de ses yeux. Son regard était brisé. L'espace d'un instant, le gérudo regretta presque son plan. Puis il repensa à son échec au temple, à la morsure de l'acier béni lors de leur duel au ranch et la rage manque de s'emparer de lui. Avec sévérité, il gifla ce visage amorphe.


"Au final, tu n'étais qu'un gamin. Loireag ! Commençons je vous prie."

Devant lui, arrivant à la taille du héros du temps se trouvait un autre piédestal circulaire gravé en son centre d'une Triforce et d'une série de cercle runiques complexes. La clé permettant de récupérer le fragment directement de son possesseur. Si Ganondorf tuait Link purement et simplement, le Courage irait trouver un nouveau porteur. Tout serait à recommencer et beaucoup de temps aurait été gâché. Non, le fragment devait repasser à son véritable maître.
Dun Loireag baissa légèrement les chaînes de manière à ce que le front du Héros touche le symbole de la puissance divine. Alors, ils débutèrent le rituel.

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Dun Loireag Dragmire


Inventaire

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(vide)

Un songe. Une réminiscence de la réalité. Des évènements à venir qui s’étaient déjà déroulés. Dun se tenait ainsi là, à genoux, auprès de son nouveau maître. Les jours qui avaient suivi la trahison de la Forteresse s’étaient écoulés comme dans un rêve : Si vite et en même temps si lentement, porteur d’un fardeau capable de le précipiter au plus profond de la terre sans aucun espoir de rédemption. Mais contre toute attente, il y était parvenu ! Sacrifiant ce qu’il avait de plus cher au monde, le jeune homme pu enfin présenter son dû au Seigneur du Malin, en ce lieu où tout se séparait du reste du monde. Semblable au Sanctuaire des Sages, cet emplacement se voulait complètement isolé, même à Ganondorf : L’aurait-on qualifié de Sanctuaire du Vide que cela aurait été exact. Résultat du Royaume des Songes en lui-même, résidu de cette barrière si mince entre la réalité et le rêve, la voie avait été ouverte par la Sorcellerie de Dun, mais le fragment de la Force avait su corrompre ces lieux autrefois vierge de toute trace de l’homme. Dès lors, le vide avait disparu, dès lors, le Sanctuaire des Vestiges était né.
Ce fut en ces lieux que l’ex-Prince avait pénétré, chargé du Héros du Temps qu’il avait su enlever au nez et à la barbe du reste de la compagnie du désert. Pas d’acclamations, aucun honneur, et nulle cérémonie ne l’attendait, il le savait. C’est pourquoi que lorsque le jeune homme entra en ce non-lieu, il jeta le corps paralysé et empoisonné du Héros devant son Seigneur, avant de prendre la parole :


« Cela en fait deux. »

Quatre simples mots. Une simple phrase que Ganondorf avait sans doute voulu entendre toute sa vie et que Dun lui offrait aujourd’hui. Car ce dernier lui présentait maintenant le second fragment de la Triforce, celui du Courage, un résultat que jamais le Seigneur des Ténèbres n’avait su atteindre dans cette vie, comme les antérieures sans doute. Ses actes valaient bien tous les serments d’allégeance ! Certes, ce qu’il avait dû sacrifier afin d’en arriver là l’aurait peiné dans un temps maintenant révolu, mais cela en valait le prix.
Dès lors l’ex-Prince était resté ainsi, agenouillé auprès de son maître, tandis que ce dernier savourait manifestement le moment présent. Paré de riches atours et dominant du regard le Héros de la Forêt, le Gérudo était apparemment perdu dans ses pensées. Cela aurait été aussi le cas de Dun, si d’esprit il était libre, mais il attendit simplement pour le moment : Il aurait tout le temps de laisser libre court à ses pensées par la suite.


"Au final, tu n'étais qu'un gamin. Loireag ! Commençons je vous prie."

Sortant de son rêve en ce royaume onirique, le jeune homme se leva alors. Tout Sorcier qu’il était, assassin et progéniteur de réalité et d’espace, Dun ne pouvait aucunement influencer directement un être vivant, et c’est pourquoi il ne fit qu’assister le Seigneur Ganondorf dans son œuvre.

Des heures, des minutes, des jours s’écoulèrent peut-être. Qui le savait ?

Submergé par l’intervention divine, le jeune homme ne pouvait même pas décrire ce qu’il voyait. Tantôt horreur hideuse, tantôt toile de maître, le rituel du recueillement de la Triforce du Courage dépassait les simples mortels qui seraient devenu fous en y assistant. Mais l’esprit putréfié du jeune homme se rapprochait déjà de la folie, et tomber plus bas que terre n’était guère possible. Néanmoins il n’en conterait jamais le déroulement avec exactitude par la suite; et que ce soit parce qu’il conserve un tel souvenir comme un trésor, ou une peur refoulée au fond de son âme ne serait jamais connu de son vivant.
________

Peu importe le temps, seul comptait le résultat : Une lumière céleste illuminait la pièce, avec laquelle les ombres et les flammes se mêlaient délicieusement. De la main de Ganondorf, le symbole de la Triforce apparaissait toujours, à une différence près : Deux fragments s’illuminaient sur les trois. Le Courage et la Force furent alors réunis pour la première fois depuis des temps immémoriaux. L’influence du Malin s’intensifierait fortement dans les prochains jours sans aucun doute, et ces terres ne tarderaient pas à subir cette dernière.

Tombant à genoux, le corps épuisé par un effort qu’il ne saurait pourtant définir, le jeune homme n’en perdait pas moins l’esprit froid et logique qui lui était propre. C’est pourquoi il prit de nouveau la parole alors qu’il n’était pas vraiment loquace depuis son apparition.


« Sire … En ce jour, Hyrule est arrivée à la croisée des chemins. Deux réceptacles pour trois fragments, la balance divine est maintenant brisée. Néanmoins, de grands sacrifices ont été faits afin de vous glorifier de ce pouvoir divin nouvellement acquis. Le mien, alors que j’ai aujourd’hui tourné le dos à tout ce qui m’était propre, mais le vôtre aussi… »

Il marqua une pause, se remémorant la dernière vision qu’il avait eu de la Forteresse.

« La Croisade Sanglante est vaincue. »

Certes leur plan s’était déroulé à la perfection mais ils ne pouvaient ignorer une réalité : La Citadelle Sombre était tombée, et nombre des Croisés avaient disparu ou étaient en débâcle. Une victoire nécessitait des renoncements et cette défaite factice en était une, néanmoins elle impliquait une conséquence fort importante :

« Comme vous l’avez-vous-même dit, nous ne pouvons prendre le risque de tuer le Héros. Néanmoins, nous ne pouvons pas non plus le garder prisonnier. L’engouement qu’il suscitera sera mille fois supérieur au mien, et repousser continuellement les assauts de nos ennemis est possible, mais non la meilleure alternative dans notre situation. Certes il sera dangereux, mais le garder sous note tutelle le serait encore plus. »

S’humectant les lèvres, l’ex-Prince arriva enfin au dénouement logique de ce raisonnement.

« Nous devons le relâcher. »


Des frissons de plaisir intense le parcouraient, du sommet de son crane jusqu'à la plante de ses pieds tandis que le rituel s'écoulait. Le piédestal sur laquelle reposait le front du héros du temps avait requit des mois pour sa création et la présence des sorcières Koume et Kotake pour aider Ganondorf dans cette tâche. Amenée dans ce monde par des créatures que seul le Seigneur du Malin connaissait, cette pierre s'était révélée aussi instable à tailler que puissante et le Gérudo avait plusieurs fois frôlé le découragement. Mais à force d'efforts acharnés, il était parvenu à son but : créer un réceptacle pour le fragment du courage. Ou plutôt une prison. Car si il tentait par d'autres moyens de s'en emparer, le Courage fuirait encore une fois vers un nouveau porteur. Ganondorf se savait haït de Farore mais il comptait bien déjouer les manigances de la déesse ! Plusieurs jours durant, il avait tracé avec précaution les symboles cabalistiques nécessaire à l'emprisonnement de la puissance divine.

Il s'approcha lentement du héros du temps et plongea soudainement ses mains dans les deux braseros, laissant le feu courir sur sa peau et lécher ses doigts à la manière d'un chien dressé. Ce qui était l'élément le plus meurtrier et destructeur de la création le considérait depuis déjà longtemps comme son maître, or ce feu débordait d'une énergie infinie et dévorante...une énergie dont Ganondorf allait bien avoir besoin. Avec une inspiration, il fit couler son pouvoir le long de ses bras jusqu'à la dernière de ses phalange. Alors, il débuta le rituel.
Sans hésiter, il commença à aspirer la puissance du feu dans ses mains et des ombres autour de lui, tout en murmurant les premières incantations. Là vint le premier cri de douleur du héros du temps. Les symboles de la pierre maudite s'illuminèrent de mille feux et le front de Link parut comme aspiré par la création démoniaque. Sur sa main, le symbole de la triforce s'était réveillé, tout comme celui de Ganondorf. Le pouvoir divin commença alors à être aspiré du corps du jeune Hylien. Second hurlement de douleur du héros...Auquel faillit se rajouter celui du Seigneur du Malin. Ce dernier ressentait une profonde souffrance le traverser, preuve que le fragment du Courage lui résistait déjà de toute sa puissance...Mais il tint bon. La souffrance, il la connaissait bien et jamais ça ne l'avait arrêté. Comme une vieille amie dont on ne s'émeut pas des taquineries, il en appréciait la morsure.
Après plusieurs heures d'efforts, le résultat fut à la hauteur de ses attentes. Link gisait, brisé et sur sa main, le symbole avait presque disparu. Et lorsque Ganondorf, les yeux écarquillés et un sourire nerveux sur le visage, posa sa main au centre de la pierre, il sentit la puissance divine couler en lui, se diffusant dans tout son corps et l'électrisant d'une énergie nouvelle et grisante.

Les flammes étaient éteintes et pourtant la salle baignaient dans la lumière. SA lumière. Celle de ses deux fragments, de son nouveau pouvoir. Un pouvoir que jamais un homme en ce monde ne pouvait se vanter d'avoir possédé. Il était la Force, il était le Courage, il était Ganondorf, le très haut roi des hommes. Et de ce jour coulerait un âge dédié à sa gloire et à la hauteur de son âme.
Jamais le gérudo ne s'était sentit aussi heureux. Une joie sincère et intense s'était emparé de lui. Et tandis qu'il observait avec amour sa main droite et la preuve de sa victoire, il ne parvenait pas à penser. Il savourait pleinement cet instant attendu depuis tant d'années. La puissance...Il pouvait la sentir pleinement, couler en lui dans son corps et son âme, embrasant le feu de son ambition et de son orgueil.

Dun Loireag s'approcha alors de lui. Le traitre était éreinté par le rituel, rien de plus normal étant donné sa durée et l'ampleur de la tache. Mais il avait pleinement complété son rôle. Du commencement à la fin, il avait prouvé sa loyauté et sa valeur. Les deux qualités les plus importantes aux yeux de Ganondorf. Un insecte loyal avait autant d'intérêt qu'un loup tourne-casaque, c'est à dire aucun. L'ex prince était un élément de choix et plus encore : il était un symbole. Le symbole qu'un hylien, même le plus fidèle à l'ancien monde, pouvait ouvrir les yeux et choisir de se rallier à l'ordre nouveau qui était né en ce jour. Quel Hylien hésiterait encore à ployer le genou quand même leur prince s'y était résolu ?


« Sire … En ce jour, Hyrule est arrivée à la croisée des chemins. Deux réceptacles pour trois fragments, la balance divine est maintenant brisée. Néanmoins, de grands sacrifices ont été faits afin de vous glorifier de ce pouvoir divin nouvellement acquis. Le mien, alors que j’ai aujourd’hui tourné le dos à tout ce qui m’était propre, mais le vôtre aussi… La Croisade Sanglante est vaincue. »

Ces paroles firent sortir Ganondorf de son euphorie. Dun venait de le ramener en un instant à une réalité moins glorieuse, ce qui lui déplut. Cependant il ne pouvait en blâmer son serviteur. La situation exigeait une décision immédiate, tous deux en étaient conscients. Plus qu'un simple voleur, le Seigneur des Ombres et des Flammes avait dans ses veines le sang des monarques et il saurait régner. Le temps de savourer sa victoire avait assez duré. Et il dû admettre la véracité des dires du traitre. A la suite de leur défaite, Valheim et Withered avaient disparus...Ces deux plus grands fidèles s'étaient enfuis...une fois de plus. La Croisade était morte avec eux, il le savait. C'était le prix de sa victoire. Néanmoins il ressentit une profonde lassitude l'étreindre. Se pouvait il qu'il soit voué à être trahit, toujours et par tous ses serviteurs ? Si son armée était une guilde, ou un Etat il aurait pu le comprendre mais c'était bien plus que cela... C'était un clan. Une grande famille dont il était le père et tous ses fidèles, des enfants. Qu'ils soient humains, créatures d'un autre monde, ombres ou flammes, tous étaient avant tout ses fils et ses filles.
Peut être était il temps de revenir à ces valeurs. En ces temps troublés, il devait être le guide des plus faibles que lui vers cet âge d'or qu'il désirait, pour le monde entier, sous sa protection.


« Comme vous l’avez-vous-même dit, nous ne pouvons prendre le risque de tuer le Héros. Néanmoins, nous ne pouvons pas non plus le garder prisonnier. L’engouement qu’il suscitera sera mille fois supérieur au mien, et repousser continuellement les assauts de nos ennemis est possible, mais non la meilleure alternative dans notre situation. Certes il sera dangereux, mais le garder sous note tutelle le serait encore plus. »

Ganondorf écoutait avec attention. Le traitre agissait comme un courtisan, exposant les arguments avant la thèse. Le gérudo voyait néanmoins où il voulait en venir. Car si le tuer et le garder prisonnier était hors de question, il ne restait qu'une seule solution.

« Nous devons le relâcher. »

"Qu'il en soit ainsi. Donnez lui son épée et relâchez le dans le désert."

Cette décision lui aurait paru une erreur quelques heures auparavant mais tout avait changé à présent. Link était brisé, privé de la puissance des Dieux et surement abattu moralement par la trahison du Prince...Le danger était minime. Mais surtout au fond de lui, Ganondorf ne supportait pas l'idée d'achever le héros du temps dans un pareil instant. La Gloire était ce qu'il désirait, plus que tout au monde. La triforce n'était que le meilleur des moyens pour y parvenir. Terrasser Link à son apogée aurait été suffisant à lui donner un prestige incroyable à Hyrule. Au fond, le gérudo espérait que le gamin survive pour pouvoir le tuer en combat, de ses propres mains. Et pour ce qui était de l'épée, la moindre proximité avec l'acier béni lui était insupportable. Qu'il s'en aille avec cette horreur ! Et qu'il revienne au meilleur de sa forme. Voilà ce qu'espérait le Seigneur du Malin. Et après que des ombres aient emportés Link, il approcha du centre de la pièce. Après quelques instants, il parla.

"Tu as raison, Dun Loireag. La Croisade est morte hier, alors que la grande porte de ma citadelle s'ouvrait aux combattants de Zelda. Je prend conscience de ses faiblesses et je le laisserais plus jamais cela se reproduire ! En ce jour nait la promesse d'une aube nouvelle et meilleure ! La promesse d'un ordre nouveau qui conduira le monde et les êtres qui le peuplent vers un âge d'or ! Je ne veux pas de serviteurs, Loireag. Je veux des fils et des filles, fidèles et loyales. Je les veux rassemblés autour de ma personne en une famille, un clan qui les liera à moi ! Je veux les avoir à mes côtés lorsque je monterais sur mon trône d'or ! Je veux leur donner un monde nouveau où tous répondraient avec fierté au nom de Dragmire ! Un Trône pour les Dragmire, voilà ma vision !"

Débordé par les émotions que lui inspiraient sa vision, le Seigneur avait ouvert les bras en un grand geste paternel tandis que sa voix profonde et grave résonnait longuement dans l'édifice. Il se tourna alors vers le traitre.

"Seras tu un fils pour moi, Dun Loireag ?"

Ce compte est un compte narrateur : les personnages joués par le narrateur ne peuvent pas être utilisés par les joueurs ou joueuses dans leur post (sauf autorisation d'un admin) et les jets de dé du narrateur sont contraignants.



Dun Loireag Dragmire


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(vide)

[A la demande du joueur incarnant Link, Excalibur est scellée dans le RP. Et contrairement au reste des récents évènements, il ne s’agit pas d’une action prévue par moi et Ganondorf seuls. Cela permettra de faire des RPs plus légers par la suite, sans tomber dans de l’Event, ce qui est une bonne idée.]

"Seras tu un fils pour moi, Dun Loireag ?"

Les deux hommes l’ignoraient mais au même instant, dans un autre Hyrule et une autre réalité, les flots se déchainaient sur le pays en recouvrant ce dernier d’un manteau azur et le purgeant par la même occasion son mal. En effet le Seigneur du Malin était réapparu, mais le Héros n’en fit pas de même malgré les supplications du peuple. Dès lors, les Hyruliens prièrent ardemment les Déesses de recouvrir la terre sacrée de flots qui donnèrent naissance à la Grande Mer. Mais ceci, mes amis, est une autre histoire : Celle du Héros du Vent.
Car ici, le Destin en avait décidé autrement et Link était revenu. Certes il était aujourd’hui mal en point, mais il était revenu. Nul ne le savait, mais le Ganondorf de cette autre réalité deviendrait bien plus sage et moins tyrannique lorsqu’il affronterait le Héros du Vent. Pourquoi avait-il changé ? Mystère. Toujours est-il que dans cette réalité ci, le même changement opérait.
C’est ainsi que l’ex-Prince se trouva pris au dépourvu lorsque que son maître lui demanda de devenir l’un de ses fils, d’être un Père pour lui. Un père … ? « Cet homme que je ne voyais que de dos » était la façon dont Dun se souvenait de son géniteur, Natheim Loireag. Si sa mère avait toujours été le symbole même de la famille à ses yeux, ce n’était pas le cas de son père qui était même allé jusqu’à faire des expériences de Sorcellerie sur son fils.
Et lorsque l’on célébra son mariage avec la Princesse Zelda, le jeune homme cru retrouver un semblant de famille. Mais les problèmes que rencontrèrent le royaume mis rapidement cet espoir à mal, tiraillé de toutes parts par les responsabilités.
Peut-être était-ce finalement l’occasion de connaître ce pan d’une vie que tout homme avait connu sauf lui … ? Natheim Loireag … Qui était-ce déjà ? Posant un genou à terre, l’ex-Prince prononça alors les paroles suivantes :


Je n’ai aucun mot, aucune parole pouvant décrire ce que je ressens aujourd’hui en ces lieux.
Vous qui me demandez de devenir votre fils, je vous considèrerai dès aujourd’hui comme mon Père.
Trahirai-je encore et encore toutes les causes du monde que vous suivrai jusqu’à l’apogée de votre Clan, jusqu’à la montée du Trône des Dragmire à la place qu’est la sienne !


Quelques secondes s’écoulèrent alors que venait de prendre place la renaissance de l’un des clans les plus anciens clans d’Hyrule. Ganondorf Dragmire, plus connu comme Ganondorf Mandrag, « Ganondorf des voleurs enchantés »… Une famille transcendant les Gérudos, une famille pouvant prétendre au trône d’Hyrule… Ma foi, il s’agissait là d’une ambition des plus hautes !

« En ce jour, j’abandonne et renie le nom d’Hyrule afin de devenir votre fils à part entière. Moi, Dun Loireag Dragmire, vous aiderai à atteindre votre but. »

________

Restant silencieux quelques secondes après le serment d’allégeance et de dévouement qu’il venait de faire, le jeune homme finit par se relever avant de se diriger vers Link. Il prit alors ce dernier et remarqua Excalibur qu’il était supposé relâcher dans le Désert. L’acier béni que le Seigneur des Ténèbres redoutait tant pouvait éventuellement devenir à son tour une menace, et c’est pourquoi le jeune homme demanda à son Père s’il pouvait y remédier. La réponse fut immédiate est efficace.

Trois sceaux de l’épée, intacte d’apparence, brisée à l’intérieur, tous les réunir il faudrait afin de bénir à nouveau la Lame Sacrée.

Ainsi donc, Excalibur fut scellée par le pouvoir de la Force et du Courage. Redevenant une simple arme en acier comme toute autre épée, il faudrait à son porteur réunir les trois sceaux afin de lui faire connaître de nouveau sa gloire d’antan. La détruire était impossible pour le Seigneur des Ténèbres qui ne pouvait même pas la toucher, mais la réduire était encore à leur portée.
Quelques jours passèrent encore, pendant lesquels Link pu recevoir les soins nécessaires à sa survie. Et lorsque son état fut jugé excellent, l’ex-Prince exécuta les ordres de son maître. Pénétrant dans le Désert Hanté, le jeune homme fixa une dernière fois Link, conscient mais dans l’impossibilité de se mouvoir.


« Les prophéties du château se sont révélées fausses, la Grande Mer n’a point été crée. Peut-être suis-je le pire des traîtres à tes yeux, mais comment puis-tu être certain de la cause que tu as épousée ? Si les choses en avaient été autrement, peut-être les Déesses auraient-elles noyées ce monde ? Le combat qu’il te reste à mener sera mille fois pire que la bataille remportée il y a 7 ans, Link. »

Pour la première fois de sa vie, il l’appelait par son nom et non son titre. Ce dernier avait disparu à ses yeux, déchu de la défaite qu’il avait essuyé, et aussi par le changement d’esprit de Dun. Néanmoins, lorsque ce dernier s’éloigna, il eut légèrement mal au crâne tout en repensant à une dernière chose. Esclave de la douleur depuis des années, il savait fort bien que s’il ne cédait pas à ce « toc », il ne serait guère tranquille par la suite. C’est pourquoi l’ex-Prince s’approcha du Héros et lui murmura à l’oreille…

« Lorsque tu verras à nouveau Zelda, transmets-lui un message de ma part… Les oranges furent douces et sucrées, mais il n’y en aura plus à l’avenir ; l’allée des orangers se meurt. »

Tels furent les derniers mots que Link entendit de Dun alors que ce dernier disparaîssait dans les sables du Désert.


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