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[Souvenir d'enfance - PV Ganondorf ]

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Manhienna Valkaresh


Inventaire

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(vide)

Elle n'avait pas seize ans. Ou à peine.
Petite fille aux allures de femmes. Elle jurait.
Jurait avec les autres, avec elle-même.
Elle était insolente, indomptable, incapable : elle se refusait à leur logique, à leurs idéaux.
Des voleuses. Pour quoi. Pour qui.
Elle serrait les dents, grinçait des poings, prête à l'attaque.
C'était la même chose à toutes les fois où on la mettait à l'épreuve : elle se refusait au jeu.
Elle combattait simplement pour combattre, crachait sur les règles, ne volait rien que pour son propre intérêt, ignorant l'essentiel.
Pour elle, ça n'avait aucune raison d'être.
Dans la déception dorée de ses mères, de ses sœurs, Manhienna n'y voyait là que la réprobation d'un peuple qui ne la contenait pas.
Qui ne pouvait la satisfaire.
Elle était plus que ça. Elle valait mieux que le contentement qu'elles avaient à prendre ce qui ne leur appartenait pas.
Elle s'insultait aux moindres critiques, voyait en leur soumission une insulte à propre sang. Elle était des leurs comme elle ne leur appartenait pas.
Elles étaient guerrières. Les serpents du Désert. Les gardiennes des sables.
Dans le ravage des rumeurs où on lui disait que son sang était le produit de l'acide d'une traitresse, elle ne pouvait guère oublier que tout ce dont elle connaissait d'elle était son nom.
Dragmire.
Manhienna Dragmire.
Fille du Roi du Désert.
Comme bien d'autres.
Mais contre ses autres, elle ne semblait pas adhérer au mode de vie auquel on la conviait.
Elle n'était pas une simple voleuse.
Ne le serait jamais.

On l'avait menée devant le conseil du Désert.
Soumise aux plaintes de ses dirigeantes, de ses maîtresses : elle n'écoutait pas.
Ne se pliait pas.
Elle pouvait mettre la faute sur son sang, sur son rang, mais non.
Manhienna avait cette flamme qui ne se contrôlait pas chez elle, celle de ne pouvoir appartenir à personne.
Son identité était tranché entre ce monde de soleil et de sable et un autre inconnu qu'elle n'arrivait pas cerner.
Son père n'abordait jamais la situation comme elle ne le faisait pas.
Elle était sa fille, son sang.
Alors pourquoi ne pouvait-elle pas se conformer à ce qu'il pouvait bien attendre d'elle? De son peuple?
Elle était femme, et ces femmes n'avaient pas d'autorité.
Pas de pouvoir.
Pas de droit.
Si ce n'était des lois.
Mais droits et lois se valaient-ils réellement.
Peu d'entre elles avaient le privilège d'être plus.
D'être valable.
D'être un exemple.

Agenouillée devant le trône de son père. Elle avait abaissé la tête, attendant les représailles de son maître.
Et pourtant, le silence de la pièce, elle n'osait regarder ni son supérieur, ni les gardes qui l'avaient conduite pour faute de ne pouvoir subvenir aux besoins de la légion.

Elle ne serait jamais complètement l'une d'elles.

Manhienna déglutit malgré elle.


« Elle a brisé plusieurs fois les os de ses soeurs à l'entraînement, quand elle accepte de s'y rendre ! Elle ne respecte rien, ni mon autorité, ni les lois, ni même les dieux ! »

« Je n'aime pas cet air de défi qu'elle affiche en permanence ! Elle nous provoque, c'est inacceptable. »

Entouré des sages, des maîtresses des armes, des compagnes de chevaux, et de toutes les gérudos suffisamment importantes pour posséder un titre et une place au conseil, Ganondorf se massait les tempes en s'efforçant néanmoins de conserver son sérieux et son air attentif. Ces soeurs martelaient son crâne à grands cris depuis plus d'une heure, en vain puisqu'il était parfaitement au courant du problème. Mais comme souvent au sein de la tribu, le Roi se devait d'attendre que l'affaire éclate au conseil pour enfin pouvoir la régler. Si il était intervenu avant... Il aurait piétiné l'autorité des professeures de sa fille.
Ah, Manhienna. La plus turbulente des gérudos de son sang et l'une des plus douées aussi. Ces deux traits étaient souvent jumeaux, le Lion en savait quelque chose. Ganondorf ne la connaissait pourtant pas de prés, pas plus que toutes les autres gérudos. Non pas qu'il se soit désintéressé de sa descendance, mais le Roi de la tribu ne peut privilégier son sang sur les autres. Dés lors qu'il ceint le diadème d'ambre sur son front, il se doit d'être aussi proche et aussi éloigné de chacune, même de ses favorites.

Pourtant, il en avait entendu parler, de cette indomptable. Les échos des nombreuses plaintes qu'elle soulevait depuis plusieurs mois lui étaient parvenus. Sans doute les maîtresses de la tribu avaient elle cru pouvoir régler le problème... Elles s'étaient lourdement trompés.
Le Lion regarda sa fille du haut de son siège. En dehors de leur refuge de pierre ancestral, le vent du désert frappait les murs, harcelait la roche, furieux et libre... Manhienna avait de cela en elle. Ganondorf aussi. Bon sang ne saurait mentir, disait on parfois.
Mais l'on disait aussi que jeunesse se devait se passer, surtout lorsque la jeunesse pouvait pousser à commettre de graves erreurs. Le seigneur du désert soupira lorsqu'une nouvelle gérudo commença à parler, ce qui fut interprété par toutes comme le signe qu'il désirait le silence. Néanmoins, après plusieurs instants où la salle du conseil résonnait de calme, Aleina, assise à la gauche de Ganondorf, la soeur de sang de sa mère, pris la parole et le Lion l'écouta comme aucune avant elle. Il attachait un grand prix à ses avis, rares mais précieux.


« Mon Roi, consoeurs, je crains que les fautes de cette enfant ne soit les nôtres également. Comment attendre de nos jeunes qu'ils comprennent nos lois et l'esprit de notre peuple si ils n'en partagent pas la charge ? Depuis trop longtemps nous sommes terrés ici, protégés du vent féroce et meurtrier. Nous avons laissé la pierre nous attendrir, et les plus jeunes d'entre nous ne connaissent plus la réalité du Désert. J'ai parlé. »

Son regard vint croiser celui de son roi, et Ganondorf manqua de baisser les yeux. Il savait que ce constat était en partie un reproche à son égard. Aleina avait raison : en voulant épargner ses soeurs, il avait mis en danger les fondations même de la tribu, l'héritage de leurs ancêtres. Manhienna n'était peut être que la première pierre de l'éboulement. Il ne fallait pas laisser cela arriver.
Le silence était retombé sur l'assemblée, mais à présent plus aucune des gérudos ne pensaient à prendre la parole. Il suffisait de jeter un regard vers Ganondorf pour savoir qu'il se préparait à rendre sa sentence. Et comme d'ordinaire, le Roi prenait le temps nécessaire pour choisir la bonne décision. Néanmoins cette fois ci, elle s'imposait d'elle même. Sa voix grave envahit la salle, chargée de son pouvoir royal.


« Mes soeurs, je parle et les dieux s'expriment. Le jugement d'Ailena est juste, j'y souscris. Il est temps pour nos jeunes soeurs de renouer avec le désert, et ses lois. Maîtresses des armes, vous prendrez chacune une ou plusieurs de vos élèves égarées et vous les mènerez au delà de la porte pour effectuer le voyage des esprits. Je ferais de même avec Manhienna... Son regard s'attarda sur sa fille. Puisse les dieux et le Soleil nous être favorables. J'ai parlé et rendu mon jugement. Hai. »

Toutes les gérudos du conseil répétèrent le salut et se levèrent avec lui. Si elles n'étaient pas satisfaites du verdict, elles n'osaient le montrer. Toutes connaissaient les lois et savaient que rien ne pourrait s'opposer à la volonté du Roi.Rapidement, la salle se vida et il ne resta que Ganondorf et sa fille. Lentement, il contourna la grande table de pierre en fer à cheval et s'approcha de Manhienna, au centre, la dominant de toute sa taille. D'un geste, il lui fit signe de le suivre.
Avide d'un air plus frais, il sortit de la forteresse. Les gérudos y étaient installés depuis plusieurs années, peut être trop, mais le Lion avait pensé en y installant son peuple qu'ils y vivraient mieux qu'en plein désert. Sans doute avait il négligé l'importance de certaines traditions, d'un certain "esprit gérudo" qu'il pensait inné mais qui semblait plutôt s'acquérir au contact douloureux de l'océan de sable. Savourant la chaleur du soleil sur sa peau, Ganondorf approcha de la porte du désert et, sans la laisser le voir venir, demanda à Manhienna, d'une voix calme mais dure,


« Explique moi, Manhienna. Contre quoi te révolte tu ? Qu'as tu à nous reprocher ? »

Sa fille n'avait pas eu droit à la parole, comme c'était le cas pour les non-adultes menés devant le conseil. Néanmoins Ganondorf désirait entendre sa version des choses, et non pas ce que ses soeurs aînés pouvaient lui prêter comme sentiments. L'adolescence était la période des rébellions mais pas forcément de la bêtise. Son regard plongea dans celui de la jeune fille, cherchant à y lire la vérité.

[hrp]Vraiment désolé du délai, beaucoup de taff ^^[/hrp]

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