Posté le 16/09/2010 22:45
"Rien de très important j'imagine..."
Le jeune homme fut déçu par cette réponse. Il s'attendait a un récit romanesque, une aventure épique comptée par Withered racontant avec quelle grâce, quelle puissance il avait réduit cette misérable porte a néant. Il s'attendait a ce que la jeune femme lui dise qu'il était indispensable a leur survie, qu'il était « l'homme de la situation », une pièce maîtresse, la dame (toute considération confondue, Tidus n'aimant guère porter des robes, culottes courtes et autre talons aiguilles) de cet échiquier aquatique. Le genre d'homme qui, juste avec sa participation, peut décider du sort d'une bataille a lui tout seul. Le héros sauvant la veuve et l'orphelin, passant son temps a occire les démons d'un autre âge, ces créatures informes qui terrorisent les hyliens et mangent les petits enfants. Non, il n'aura eu pour toute réponse qu'un petit et minuscule « Rien de très important ». Ce n'était pas aujourd'hui qu'il impressionnerait quelqu'un appartement... Après tout, on a pas toujours ce que l'on veut dans la vie.
Tidus regarda l'ouverture (car parler de porte serait déplacé) qu'il avait créé, et ne pu retenir une petite grimace. Il détestait le noir, et se retrouver dans la pénombre le mettait vraiment mal à l'aise. Depuis tout petit, il se promenait avec une petite luciole enfermée dans un bocal afin que son chemin soit éclairé. En grandissant, il ne croyait plus au grand méchant loup, mais le grand méchant stalfos de la plaine d'hyrule avait remplacé son nemesis d'enfance. Toutes sortes de créatures pouvaient se cacher dans l'ombre, et le jeune homme ne pourrait rien faire contre elle.
Pendant qu'il restait tétanisé à l'idée d'affronter les ténèbres, Withered n'avait pas hésité très longtemps pour s'enfoncer dans l'ombre. La gérudo disparu de la vue de l'hylien, puis des bruits étranges se firent entendre. Une nuée de chauves-souris s'extirpèrent de l'ouverture, faisant sursauter le jeune homme et lui donnant encore moins envie de suivre la jeune femme. Décidément, il faudrait vraiment que quelque chose de plus dangereux le guette dans la lumière pour qu'il daigne entrer dans la pièce suivante...
Ou alors l'appel à l'aide d'une femme.
"PU...!"
Le sang de Tidus ne fit qu'un tour. Withered devait être en danger, et il était le seul être capable de la sauver. Peut-être tenait-il son instant de gloire... Chassant d'un seul coup ses frayeurs, il s'engouffra -non sans un frisson de dégoût- dans les ténèbres, brandissant son poing de fer tel une lame vengeresse et...
Il ne vit pas non plus le vide qui se trouvait sous ses pieds. Et c'était sa seconde chute de la journée en moins d'une heure. Mais l'effet de terreur qui lui prenait le ventre était toujours là.
Et comme pour sa première chute, il tomba dans de l'eau, mais cette fois moins profonde, et il toucha le fond très rapidement. L'hylien remonta a la surface et après s'être balayé les mèches qui lui cachaient les yeux, il observa la pièce. Elle était de forme carrée et était embrumée. Elle disposait deux portes; elles étaient fermées, évidemment. Au centre se trouvait une île entourée de hauts fonts où Withered se trouvait. Tidus entreprit alors de la rejoindre. Seul les bords de la pièces était profond. Après quelques brasses, il avait pied.
*Cette pièce a quelque chose d'étrange... Je me sens comme mal à l'aise.*
Quelque chose était perceptible dans l'air. Ce n'était pas la brume, non. Comme si... Quelqu'un les observait. Quand le jeune homme eu enfin atteint l'île, il s'assit a côté de son compagnon d'infortune et déclara d'un ton las:
"Pourquoi m'as-tu suivi? Tu n'avais rien a y gagner. Tu as pris un risque inutile pour une personne dont tu ne connais même pas le nom. Pourquoi?"
Il lui arrivait d'avoir de rare moments de lucidité, surtout dans les moments critiques comme celui-ci. Tidus était ce qu'il était, plein de rêves et d'espoir, lui qui n'avait jamais connu la perte d'un proche ou une destinée tragique comme les héros torturés pullulant dans les romans vendus au bourg. Il avait ses deux parents, de très bons amis, une jeunesse pleine d'aventure à sa manière. Mais parfois, il devait se frotter a la réalité du monde, a la vénalité des gens, et il détestait voir la vérité en face. Il s'était souvent fait avoir, et il en avait tiré quelques leçons. Et le fait qu'une personne lambda l'aide sans contrepartie apparente et puisse aller jusqu'à risquer sa vie (car rien ne disait que ce qu'il y avait en bas n'était pas dangereux) pour lui... Ce n'était pas possible.
Soudain, des ombres tournèrent autours de l'îlot, et après quelques secondes, deux silhouettes ayant chacune l'effigie des deux occupants de l'île lévitaient au dessus de l'eau. Elles ne semblèrent pas bouger, mais quand Tidus se releva, elles se mirent en position de combat.
Ce fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase. Il se remémorait tous ces évènements, ce gant qui n'en faisait qu'a sa tête, ce temple, la menace de se faire virer par un maître dont il ne savait rien, son patron -cette tomate géante- lui criant dessus, sa décharge, les chauves souris... Il sera ses poings ainsi que sa mâchoire, laissant transparaître un sentiment de rage. Le Tidus poltron n'était plus. Il n'allait pas se laisser faire cette fois-ci. Il regarda le ciel comme s'il s'adressait a une entité invisible et s'écria:
"Je sais pas si c'est un défi du destin, de la malchance ou de quoi que ce soit, mais y'a une limite à ne pas franchir, un point de rupture où je craque. D'habitude, je dis que c'est pas mon jour, mais là, aujourd'hui..."
Il regarda en direction des deux silhouettes, respira un bon coup puis sans prévenir, fonça dans leur direction, le poing prêt a frapper.
"VOUS ALLEZ EN C.H.I.E.R!!!"