Retrouvailles inespérées.

Privé avec Negai

[ Hors timeline ]

Eluria Daerren


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Le lac, un des rares endroit où Eluria prenait plaisir à visiter de nuit pour contempler la beauté obscure de la Lune, de loin son astre préféré. Elle en avait besoin, surtout après l'épisode sanglant du village Cocorico, où elle avait cru qu'elle allait y rester. Même si son premier combat s'était soldé par une défaite, elle s'estimait heureuse de s'en être sortie en vie. Elle alla s'adosser contre un arbre, et sortit un pendentif caché sous l'armure qui protégeait sa poitrine. Elle l'ouvrit pour contempler l'image qui s'y cachait, gravée dans le métal : un couple, avec leur fille. Cela faisait un peu plus de seize ans qu'elle n'avait plus du tout de nouvelles de ses parents. Seraient-ils fiers d'elle si ils avaient eu vent du courage dont elle avait fait preuve pour défendre le village du fléau qui tourmente Hyrule? Mais la première question qui lui venait en tête était surtout : sont-ils encore en vie aujourd'hui?

Elle préférait se forcer à donner une réponse positive à cette dernière question.
Pour dire qu'elle avait réussi à se faire pas mal d'amis à son arrivée en Hyrule : Laurent, Miltiades, les membres de la Rédemption d'Ambre, il lui manquait quand même quelque chose : sa famille.

C'était la deuxième raison pour laquelle elle avait accepté la quête de son mentor, l'espoir de retrouver, un jour, sa famille. Elle n'arrêtait pas de se souvenir de son enfance depuis quelques temps, le taudis dans lequel elle vivait, l'homme qui la tira de la misère et surtout : un petit garçon à la chevelure violette avec qui elle passait ses journées à s'amuser et partager de bons moments. Était-il encore vivant? Si oui, avait-il pu fuir la misère comme elle l'avait fait? Se reconnaîtraient-ils si ils se croisaient de nouveau? Elle ne savait que peu de chose à son sujet, avec le temps elle en avait même oublié son nom.

Elle se posait beaucoup de question en contemplant la Lune. Mais des bruits de pas se rapprochant la firent sursauter. Surprise et inquiète, elle déclara.


Qui est là?


Negaï


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Cocorico avait fait du bruit bien plus loin que son enceinte. La citadelle elle-même avait subi les retentissements de ce qui s’était passé là-bas, bien que les versions diffèrent d’une bouche à l’autre. Partout, les sentiments déchiraient les foules, et Negaï avait bien du mal à briller par la simple blancheur de ses dents ou la couleur singulière de ses iris.

Profitant de ces temps de calme pour ses activités diurnes et nocturnes tout aussi lubriques les unes que les autres, il avait quitté le plancher poussiéreux sur lequel il avait l’habitude de dormir pour aller au Lac. La distance lui imposait de longues périodes entre chaque visite. Mais chaque fois qu’il avait voyagé jusque là, la chance lui avait souri. Il se cachait souvent dans les chargements de marchands ou de brigands. On trouvait toujours à s’arranger, car même quand on avait du temps, on appréciait toujours d’en gagner.

Le temps était brumeux, près des eaux d’Hylia. Il avait entendu quelques murmures dire qu’il s’agissait des fumées d’un Dodongo ravageur. Lui n’y croyait pas, mais n’était tout de même pas rassuré de ne pas voir ce qui pouvait rôder autour de lui. De même, après une longue et morne discussion au laboratoire, il n’avait pas su profiter de la lampée d’air qu’il inspira, celui-ci étant affreusement lourd.

Sa nuit à la belle étoile n’allait pas être une véritable partie de plaisir, mais au moins avait-il eu les herbes qu’il était venu chercher. De plus, il attendait une visite d’Hortense qui, malgré sa froideur et les coups qu’elle pouvait porter à son corps et à son cœur, trouvait toujours le moyen d’apaiser ses nuits.

Il avait marché des heures autour de la berge, car il s’agissait de la seule trace qu’il pouvait suivre sans se perdre dans la brume. Mais quand celle-ci se dissipa, il aperçut rapidement une silhouette, un peu plus loin, logée contre un arbre, comme s’il s’agissait d’une magnifique sculpture dans ses racines. Il s’approcha à pas félins, pour ne pas être remarqué, se demandant s’il s’agissait d’Hortense. Mais l’aspect de la chevelure qu’il devinait en réduisant la distance lui indiqua le contraire.

Deux solitaires, perdus dans la brume, quand tout appelait à être ailleurs ? Le violet n’aimait pas les coïncidences, et se sentit presque menacé. Il détaillait cette femme dont il ne savait rien, mais qui l’intriguait tout particulièrement.

Elle n’était pas visible, mais déjà de dos, quelque chose chez elle attirait le regard. Les personnes évoluant seules trop longtemps pouvaient devenir grotesques tant elles rejetaient tous les codes sociaux. D’autres, comme cette beauté, se tournaient vers des postures plus reptiliennes, à la fois hypnotisantes et terrifiantes aux yeux du prostitué.

Et la manière dont la jeune femme tourna la tête vers lui, suivie par un délicieux mouvement de cheveux, ne fit que conforter Negaï dans son hypothèse. Cette créature, tout comme lui, avait été taillée dans les plus belles matières pour séduire. Mais dans quel but ? Il ne se cacha pas assez vite, et cette sculpture mouvante le repéra.


« Qui est là ? » lui lança sa jolie voix, elle-même étudiée dans les moindres détails pour séduire les oreilles les plus esthètes. Jouant la carte de l’aventure, Negaï s’avança davantage, sans se faire discret cette fois, non sans être sur ses gardes.

« Pardonnez-moi si je vous ai effrayée, je me suis perdu dans cette brume, et je me suis senti rassuré de voir que je n’étais pas seul. »

Il s’arrêta lorsqu’il put voir ses traits, qui étaient aussi saisissants que le reste de son apparence. « A dire vrai, je ne m’attendais pas à tomber sur qui que ce soit, et encore moins quelqu’un d’aussi remarquable que vous. » Un petit sourire vint ponctuer sa phrase. Un sourire plus amical que charmeur. Il se doutait bien que la personne en face de lui n'était pas aussi dupe que les citoyens qu'il croisait habituellement au bourg.


Eluria Daerren


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Pardonnez-moi si je vous ai effrayée, je me suis perdu dans cette brume, et je me suis senti rassuré de voir que je n’étais pas seul.

Elle était tellement perdue dans ses pensées qu'elle n'avait même pas remarqué la présence de la dite brume. Celle-ci commençait déjà à se dissiper alors que la source de ces mots s'approchait de plus en plus, au point de pouvoir discerner...une personne.

Une voix d'homme, visiblement un corps d'homme, mais ayant définitivement les traits fins, presque féminins. Eluria n'avait jamais vu un visage comme celui-ci, possédant de plus une chevelure pouvant être presque aussi longue que la sienne, bien qu'elle était attachée. La noirceur de la nuit l'empêchait pourtant d'en distinguer la couleur, bien que la lune en dévoilait des reflets mauves.


A dire vrai, je ne m’attendais pas à tomber sur qui que ce soit, et encore moins quelqu’un d’aussi remarquable que vous.

Elle ne connaissait pas la raison de la présence de cet inconnu ici, mais la sienne ne faisait nul doute : certainement pas pour se laisser charmer par le premier venu. Son regard bleu acier se plongea dans le sien, comme pour analyser son âme, histoire de savoir si il pouvait représenter un potentiel danger, "Prudence est mère de sûreté!" comme on dit. Elle resta cependant courtoise.

Quant à moi, je ne m'attendais pas à rencontrer ici une personne de votre prestance, surtout au beau milieu de la nuit, à moins que la balade nocturne soit l'un de vos loisirs favoris?

A son tour de lui adresser un sourire plus amical que charmeur, sourire qu'elle accompagna d'un geste du bras pour lui présenter sa main.

Toutes mes excuses, prise au dépourvu j'en ai oublié les bonnes manières. Je suis Eluria. Et vous?

Jouer le jeu ne l'effrayait pas particulièrement, elle était prête à le geler sur place à la moindre entreprise suspecte de sa part.


Negaï


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Alors qu’il s’attendait à trouver le caractère farouche de ces personnes un peu sauvages qui se sauvent, grognent ou attaquent quand on les approche, Negaï fut surpris – soulagé ? – de se trouver face à une jeune femme plutôt ouverte à la communication. Cependant il ne se laissait pas leurrer si facilement. Derrière ces beaux yeux, ces belles dents et cette main tendue se tapissait une réserve qu’il connaissait bien, puisqu’il optait souvent pour la même. Même si dans le cas de cette fameuse Eluria, le terme froideur était le premier qui lui venait en tête en dépit de son agréabilité.

Il leva ses longs doigts qu’il laissa glisser à peine le temps d’un battement de cils avant de prendre plus franchement les phalanges de son interlocutrice entre les siennes, sans serrer, presque sans toucher.
« Je m’appelle Negaï. » lui répondit-il avant de reprendre doucement sa main. « Et pour vous répondre, on me surnomme l’Oiseau de nuit, je doute que ce soit sans raison. » plaisanta-t-il sur son goût pour les promenades nocturnes.

Suivit un moment de flottement, de silence un peu gêné. De toute manière cette proie n’était pas à sa hauteur. Il regarda l’obscurité autour d’eux, avant de raviver son petit sourire. « Parlant de nuit, je ne voulais pas vous importuner. Vous sembliez dans vos pensées, et si vous le désirez, je peux vous laisser y retourner. » Son regard vint se perdre un peu plus bas et fut accroché par le pendentif de la brune. Tss… encore ces babioles de sentimentaux…

Mais vu d’ici, la sirène tout droit sortie du lac devait avoir l’impression que le violet lorgnait autre chose qu’un simple bijou, alors il revint immédiatement scruter ses yeux.
« Si certaines personnes craignent la solitude plus que tout, d’autres la recherchent. Mais faîtes tout de même attention, on ne sait pas ce qui peut rôder dans la nuit à des heures pareilles… » ajouta-t-il sur un ton si neutre qu’il en devenait malsain.

Avertissement ? Menace ? Ses mots pouvaient être interprétés de tant de manières différentes qu’il bouillait d’impatience de découvrir celle qu’elle aurait choisie. Et si ses activités horizontales se montraient assez restreintes, la lutte pouvait néanmoins en faire partie. Cette femme avait un quelque chose qui l’intriguait, et il était assez motivé pour découvrir de quoi il retournait.


Eluria Daerren


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Ravie de faire votre connaissance, Negaï!

Pour une raison qu'elle ne pouvait décrire, la Rose Noire se sentait de plus en plus à l'aise en la présence de cet homme. De plus, le ciel désormais dégagé laissait à la Lune l'occasion de mieux éclairer l'endroit, permettant à Eluria de voir, sous une meilleure luminosité, son interlocuteur.

Parlant de nuit, je ne voulais pas vous importuner. Vous sembliez dans vos pensées, et si vous le désirez, je peux vous laisser y retourner.

Interlocuteur qui avait baissé ses yeux pour observer son buste. Faisant de même, elle avait oublié le pendentif qu'elle prit dans ses mains.

Oh, ça? Je me remémorais juste le passé, je pensais à ma famille...cela fait tellement longtemps que je ne l'ai pas revue. Et votre présence ne me dérange pas, bien au contraire. Parler me fait du bien.

Elle n'avait plus aucune méfiance envers lui. Mis à part Miltiades et Laurent, elle n'avait pas beaucoup d'amis à qui parler. Elle n'était pas habituée à voir beaucoup de monde, ce qui compliquait son intégration chez les Rédempteurs et, de fait, ne leur parlait pas beaucoup pour le moment. Ce qui n'était pas bien grave dans un sens, si ils passaient leur temps groupés, cela éveillerait bien des soupçons.

Pour l'heure, elle observait l'Oiseau de Nuit en fronçant légèrement les sourcils et en plissant les yeux. Plus elle l'observait, plus elle avait l'impression de le connaître.


Dites-moi, on ne se serait pas déjà croisés auparavant, en dehors de ces terres?


Negaï


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La Belle sembla se détendre quelque peu. Negaï, mal à l’aise, ne savait s’il devait s’en réjouir, avoir pitié d’un être ignorant ses menaces – peut-être de la comédie ? – ou avoir peur d’un revirement que lui-même ne voyait pas. Toujours était-il que la donzelle voulait causer. Alors ils allaient le faire, il n’allait pas errer sans but ici toute la nuit.

« Dites-moi, on ne se serait pas déjà croisés auparavant, en dehors de ces terres ? »

Là, le Violet partit d’un éclat de rire des plus déstabilisants, tant pour elle que pour lui. « Ahah, désolé, mais… Non, je n’crois pas ! J’viens d’assez loin, et là-bas on était trop timbré pour s’souv’nir de moi ! » Il était aussi amusé par la tournure de phrase, ignorant si la question était sincère ou s’il s’agissait d’une combine pour essayer d’avoir des informations. Le séduire peut-être ? Mais il se sentait présomptueux d’imaginer une telle chose.

« Mais vous piquez ma curiosité. Si un type s’balade dans l’monde avec d’près ou d’loin mes allures, j’dois absolument voir ça ! » Petit sourire complice. L’atmosphère était désormais chaleureuse des deux côtés, même si l’angoisse ne quittait pas les entrailles du Prostitué.


Eluria Daerren


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La fille à la longue chevelure d'ébène écarquilla les yeux, surprise de constater que l'homme avec qui elle conversait avait un autre point commun avec la personne à laquelle elle pensait. Si seulement elle avait pu connaître son nom...

Je viens aussi d'une contrée assez lointaine. Un vieux taudis ou régnait misère et famine...J'y ai passé une partie de mon enfance avant qu'un riche homme ne me prenne sous son aile, ayant remarqué en moi quelque chose qui lui permettrait de continuer son travail...

Elle se racla la gorge, se rendant compte qu'elle parlait trop, avant de se reprendre.

Toujours est-il que durant la période précédant l'adoption, je me souviens avoir passé le plus clair de mon temps à jouer avec une petite fille qui vous ressemblait un peu. Bizarrement, mes parents n'ont jamais voulu que je la côtoie et du coup on se retrouvait en cachette. Même elle ne voulait pas me dire qui elle était, et je n'aurai jamais su pourquoi...

Elle arbora un air plus triste, réalisant que cette fille lui manquait quasiment autant que ses propres parents, si ce n'est plus. Elle se sentait un peu ridicule de s'ouvrir autant à quelqu'un dont elle venait à peine de faire la connaissance, mais il lui rappelait tellement de souvenirs.

[HS : Yeah, après 3 siècles d'oubli, Elu reprend du service! xD]


Negaï


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Encore et encore des boniments de bonne-femme. Il regrettait presque d’avoir été agréable quand la fille s’était mise à lui raconter sa vie dans les moindres détails. Elle sembla néanmoins comprendre que son esprit commençait à vagabonder, puisqu’elle s’arrêta. Elle justifia ensuite sa tirade par la présentation de la personne que Negaï lui rappelait.

Etrangement, elle le mettait en parallèle avec une fille. Une petite fille qui avait grandi, comme elle il semblait, sur un tas de déchets en perdition.
« Charmant, comme enfance, dites-moi. » se contenta-t-il de commenter. Toutefois, ce petit discours l’avait troublé.

Il avait en effet passé un bon nombre de ses journées à jouer avec une gamine de son âge, une gamine qu’il avait du mal à retrouver dans cette créature semblant taillée de toute pièce pour être désirée. Mais se livrer lui semblait trop risqué. Le Paternel pouvait très bien avoir envoyé quelqu’un pour le tourmenter. Pourquoi ? Car le tourmenter était devenu sa raison de vivre depuis qu’il lui avait volé l’attention de sa mère.

Les chances que la jeune femme soit réellement cette cousine qu’il tentait de préserver de ses tarés de parents étaient si minces qu’il se refusait à y croire. Il tâcha donc d’élaborer une stratégie pour obtenir plus de détails. Il se rappela leurs escapades, et surtout leurs bêtises quand ils – elles, à l’époque – jouaient les aventuriers. Leurs pauvres haillons avaient souffert de leur quotidien.


« Et comment improvise-t-on les poupées dans votre séduisant canton natal ? » demanda-t-il, feignant la curiosité. La poupée, il n’y avait jamais joué, contre toute attente. A voir comment elle allait se débrouiller avec ça.


Eluria Daerren


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Elle eut un sourire gêné, constatant que son monologue l'avait quelque peu agacé. Mais au fond, parler lui avait fait du bien.

Son interlocuteur avait quand même eu la politesse de l'écouter jusqu'au bout, sans interruptions.
Eluria remarqua cependant quelque chose chez Negaï, devenu pensif après sa tirade. Était-il, lui aussi, entrain de se rappeler son passé? Allait-il le lui raconter? Avait-il des informations sur cette fameuse fille avec qui elle avait passé une partie de son enfance? Une certaine impatience commençait à se faire ressentir en elle mais garda tout de même son calme, attendant que son compagnon d'un soir lui donne la réplique.


Et comment improvise-t-on les poupées dans votre séduisant canton natal ?

La Rose Noire lui lança un regard stupéfait. Pourquoi cette question, elle qui attendait une réponse? Que viennent faire des poupées dans cette histoire?

Dans le taudis où elle vivait on y trouvait que des amas de tôles et autres débris. Rien qui ne permettait de concevoir ce genre de jouet. Et même si elle en avait eu une, elle n'aurait pas pu en faire grand chose. Pas de brosses pour la coiffer, pas de vêtements pour l'habiller, non...elle ne se souvient pas avoir eu de quelconques poupées durant son enfance, et ne se souvient pas en avoir vu non plus. De toute évidence, elle ne pouvait apporter une réponse satisfaisante.


Personnellement ce ne sont pas les poupées que j'ai connues durant mon enfance. La seule chose que je me souviens avoir improvisée...c'était une arme. Un bout de tôle suffisamment tranchant fixé sur un manche en bois de fortune. L'amie dont je parlais était effrayée par quelqu'un, et c'était tout ce que j'avais pu faire pour l'aider : lui donner un moyen de se défendre au pire moment...

En parlant de ça, elle eu comme un frisson. Lui était-il arrivé quelque chose durant son absence? Sa peur passée avait-elle fini par se justifier? Cette personne avait-elle fini par avoir raison de son ancienne amie? Encore des questions qui ne trouveront jamais réponses. Décidément cette soirée était bien maussade, bien qu'elle était en charmante compagnie.


Negaï


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Il fixait un point invisible sur sa droite en l’écoutant parler, exhibant son os maxillaire aux lueurs de la lune. Il partait du principe que si une personne passait outre ses airs de dragon affamé, avec les os menaçant de percer sa peau à l’endroit où elle était la plus fine, elle passait également la première épreuve d’entrée dans son cercle de relations. Un petit cercle dont il aimait fortifier les murailles à l’occasion.

Cette posture demeura comme sculptée dans la glace alors que son regard vint se poser vivement sur elle pour la scruter. Un œil d’oiseau de nuit qui perçoit un mouvement dans la pénombre, ne le quitte plus, pas même le temps d’un battement de cœur, et s’apprête à fondre au moment que lui seul aura trouvé opportun.

Son masque finit toutefois par se détendre, et il lui fit face.
« C’est moche. Jouer avec des armes pour pas finir comme jouet du premier connard. » Il parlait ouvertement en connaissance de cause : à quoi bon s’en cacher ? De toutes les manières, c’était loin, tout ça, et il se refusait à retourner dans cette époque. Il chassa toute image d’effusions baignées de larmes, et commença déjà à pivoter pour poursuivre sa route.

« De tout’manière, vous et moi on a eu d’la chance. On a sauvé not’ peau. Si Fleur est restée là-bas, et qu’personne ne l’a tuée, elle doit quand-même se décomposer à cause de l’alcool quelque part. » Il avala sa salive, et ferma les yeux en comprenant sa bourde. La donzelle ne lui avait jamais donné le prénom de son amie, et il venait de vendre la mèche comme un putain d’amateur qu’il n’aimait pas être.

*Et merde.*


Eluria Daerren


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« C’est moche. Jouer avec des armes pour pas finir comme jouet du premier connard. »

Bien que cette réponse l'eu quelque peu agacée, elle acquiesça tout en ajoutant :

C'est moche, certes, mais quand une vie est potentiellement en jeu, n'importe qui ferait n'importe quoi pour se protéger. L'instinct de survie prévaut dans ces moments, peu importe les conséquences que cela implique. Et cette vie-là, même si elle ne m'appartenait pas, je me devais de la préserver, j'y tenais autant qu'à la mienne...

Elle le fixait alors qu'il se préparait à reprendre son chemin, toujours l'air aussi distant, juste avant de lâcher :

« De tout’manière, vous et moi on a eu d’la chance. On a sauvé not’ peau. Si Fleur est restée là-bas, et qu’personne ne l’a tuée, elle doit quand-même se décomposer à cause de l’alcool quelque part. »

Eluria écarquilla ses yeux tout en le fixant de son regard saphir.

F...Fleur?!?

Elle vit qu'il venait de commettre une bourde vu la manière dont Negaï avait réagit après-coup.
Comment pouvait-il connaître son nom alors qu'elle-même n'en savait rien? A y réfléchir...le fait qu'il sache son nom, qu'il arbore à peu de choses près les mêmes traits...serait-il de la famille de son amie du passé? Elle le questionna.


Comment connaissez-vous son nom? Et comment savez-vous qu'elle serait du genre à sombrer dans l'alcoolisme?

Pour elle, Negaï avait l'air d'en savoir bien plus qu'il n'y paraissait. Il lui cachait quelque chose, pour sûr.


Negaï


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Negaï ne dissimula en rien son soupir exaspéré. D’où est-ce qu’elle sortait, cette déesse effarouchée qui s’offusquerait d’une mouche après avoir soi-disant connu les horreurs des rues bordées de cabanes plus que de maisons ? « On a vraiment du t’sortir très tôt d’ton camp si tu  t’souviens pas de l’haleine pleine de gnôle de tous les connards qui  vivent dans ces endroits. » commenta-t-il sèchement en profitant pour abandonner le vouvoiement, trop respectueux pour cette greluche. « Ton arme, c’tait un bien noble geste, mais ta copine avait pas les armes pour contrer les attaques de ces alcoolos. »

Il se mordit la lèvre et lui fit de nouveau face, l’air visiblement bouleversé. « Les nanas sont tellement fracassées qu’elles boivent encore plus pour moins s’en rendre compte. » Plus il avançait dans ses phrases, et plus son corps s’agitait : mouvements de bras, roulements d’yeux… « Puis elles font même plus la différences entre un garçon et une fille, et se gourent en essayant vainement d’élever leurs gosses. »

Il marqua une pause pour reprendre sa respiration et tâcher de se calmer un peu. Il savait qu’il s’emportait, mais parler de son enfance était une activité qu’il remettait tant que possible à plus tard.  « Alors quand tu bois pas, c’t’on âme qui souffre. Avoir quelqu’un avec qui jouer, ç’doit être salvateur mais… T’es partie, faut croire. » La colère fit peu à peu place à une infinie tristesse dans les yeux clairs du garçon. « A ton avis, quelle idée est la plus moche ? Que t’aies été tuée pour avoir joué avec cette sale chose pestiférée ou… Que tu l’aies tout bonnement abandonnée ? Personnellement, ça m’ferait bien boire pour oublier. »

En effet, Negaï ne croyait que peu en l’idée que cette Eluria fût sa tendre cousine. Il avait réussi en comparaison avec les autres membres de sa ‘famille’ : il était aisé de croire qu’on veuille le tourmenter en guise de vengeance.  Et s’il s’agissait vraiment d’elle… Pourquoi ne l’avait-elle pas emmené avec elle ?


Eluria Daerren


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La belle aux cheveux noirs de jais encaissa le flot d'émotions de Negaï. Il venait de déverser sur elle une colère et une tristesse passée qui s'était vue amplifiée au fil des années. Elle ne broncha pas, du moins pour le moment.

On a vraiment du t’sortir très tôt d’ton camp si tu  t’souviens pas de l’haleine pleine de gnôle de tous les connards qui  vivent dans ces endroits.

Effectivement, j'ai quitté le camp alors que j'avais à peine sept ans...

Les nanas sont tellement fracassées qu’elles boivent encore plus pour moins s’en rendre compte. Puis elles font même plus la différences entre un garçon et une fille, et se gourent en essayant vainement d’élever leurs gosses.

Attends...Il parle de sa mère là? Ce qui voudrait dire qu'il aurait été élevé comme une fille durant son enfance? Eluria commençait à avoir des idées de qui se trouvait réellement en face d'elle, mais elle voulait encore attendre...d'avoir l'info qui confirmerait ses doutes.

Alors quand tu bois pas, c’t’on âme qui souffre. Avoir quelqu’un avec qui jouer, ç’doit être salvateur mais… T’es partie, faut croire. A ton avis, quelle idée est la plus moche ? Que t’aies été tuée pour avoir joué avec cette sale chose pestiférée ou… Que tu l’aies tout bonnement abandonnée ? Personnellement, ça m’ferait bien boire pour oublier.

Et cette info, la voici. Au final il s'avérait que Fleur était en réalité un garçon, et que ce garçon se trouvait aujourd'hui devant ses yeux. Elle resta clouée sur place, stupéfaite, avant de se rapprocher de lui d'un pas hésitant.

Quand tu as des parents qui seraient prêt à n'importe quoi pour améliorer leur confort quotidien, au point de vendre leur propre fille aux âmes les plus offrandes, forcément qu'un jour elle finirait par partir avec une personne dont elle ne connait rien. Dans mon malheur j'ai eu de la chance, mon père adoptif était tout sauf quelqu'un de mal intentionné...

Les larmes finirent par lui monter aux yeux, et lorsqu'elle fut à une distance suffisante, prit Negaï dans ses bras.

Tu m'as tellement manqué! Si j'en avais su un peu plus sur toi quand nous n'étions que des enfants, j'aurais pu entreprendre des recherches pour te retrouver plus tard, mais t'as toujours été d'un mystérieux...je ne connaissais même pas ton nom! A quoi bon se lancer dans une enquête si on ne sait même pas quoi chercher à la base?