Posté le 29/01/2012 19:16
Déjà, la sueur perlait sur son front. Il avait enduré la chaleur bien d'autres fois, mais comme toujours, se battre sous un soleil aussi lourd restait une épreuve des plus harassante. Et les Déesses savaient à quel point il avait chaud. Il n'imaginait même pas à quel point devait brûler le métal des deux armures restantes. Les deux mastodontes de fer vinrent se positionner à l'avant et à l'arrière de l'Épée de Maître. De quoi empêcher n'importe qui de passer, presque, et l'éloigner de l'arme qu'il maîtrisait le mieux. Toutefois, l'Hylien restait perplexe face à une telle stratégie : en agissant ainsi, le Croisé se privait de deux atouts, pour se lancer seul dans la bataille.
Sans doute l'homme qu'était ce combattant était bien sur de lui pour se débarrasser ainsi de son soutient aussi aisément. Un de ses hommes qui jouaient toujours en solitaire, bien assez confiant en ses forces pour s'estimer capable de vaincre sans aide.
Peut être était-ce vrai, peut être pas. Quand bien même, ce l'aurait été, le blond restait assez interdit : pourquoi prendre des risques inconsidérés ? Pour la gloire ? Pour l'honneur ? Lui qui ne s'était jamais battu que ce soit pour l'un ou pour l'autre avait du mal à saisir ces deux dimensions. Risquer sa vie pour un idéal, quel qu'il soit lui semblait autrement plus logique, mais ce n'était clairement pas pour ça que le Croisé engageait de cette façon.
Il arqua les sourcils, et plissa les yeux, signe de son questionnement. Questionnement bref, ceci dit, et rapidement interrompu : les Haches-Viandes étaient placés, et l'homme se positionnait pour le combat.
A son tour, il fléchît les jambes et raffermit sa prise sur la hampe de la hache. L'arme était énorme, et il avait bien du mal à refermer entièrement ses mains dessus. Qu'importe, pour le moment il n'avait que ça, accompagné d'une vulgaire noix Mojo.
Une vulgaire petite noix Mojo.
Le sourire qui étira les lèvres de l'ennemi se fit signal d'assaut dans sa tête. Il avait connu tant de combats répartis sur les deux passés qu'il avait vécu, pour savoir déceler un appel si implicite pusse-t-il être.
Le Croisé eut tôt fait de se jeter sur lui, et le Champion de Farore se déporta d'un pas sur la gauche laissant le soldat de Ganondorf continuer sur sa lancée. L'acier pourfendait l'air, laissant une infime trace noire, sur laquelle le « Garçon » de la Forêt s'arrêta, surpris et méfiant. Cet acier n'était pas naturel.
L'instant qu'il avait passé, fixé sur cette trace qui n'était déjà plus là, le Chien du Malin l'avait mis à profit pour se réorienter et frapper de nouveau. L'épée fonça vers lui mais rencontra le fer de la hache.
Si Link n'avait eu le temps de dévier le coup, il avait pu le parer tant bien que mal. Sa main gauche (la plus proche du tranchant de l'arme) avait abandonné la hampe prestement, pour venir agripper le fil. Ce n'était sûrement pas la meilleure façon de garder sa main dans le meilleur des états, et heureusement pour lui que la hache en question eût été plus employée pour broyer que trancher véritablement.
Cela n'empêcha nullement le fer de tracer un sillon rouge dans le cuir qui protégeait sa paume. Et la lame de la francisque se teinta de trois fines traînées carmin.
Les chocs répétés ne l'aidèrent pas beaucoup plus. Lentement mais sûrement, sa propre arme en venait à le blesser. Il lui fallait réagir : son arme n'était pas faite pour défendre, mais bien pour attaquer, et dans ce genre de situation l'avantage allait à son adversaire.
Alors qu'il voulait se reculer, pour pouvoir frapper à son tour, il se bloqua. Une violente brûlure lui lançait la cuisse. Celle-ci semblait se consumer de l'intérieur, alors que le tissu qu'il portait s'imbibait de sang, à une vitesse impressionnante.
Ses yeux glissèrent vers sa jambe gauche, et il étouffa un juron. Voilà qui n'allait pas lui simplifier les choses.
Un nouveau coup fila, mais l'Élu ne laissa pas le temps au Croisé de se lancer dans une nouvelle série d'assauts rapide. Prenant appui sur sa jambe valide, il pivota, alors que l'estoc du guerrier frappait là où il était encore une seconde plus tôt.
Sans perdre une seconde en de plus amples réflexion, il se laissa guider par l'instinct. Percutant violemment son adversaire du plat de son arme, de toute sa force et de tout son poids, il le repoussa suffisamment pour s'assurer une marge de manoeuvre correcte. Voir le faire chuter, le coup restant bien peu probable, avec une forte probabilité de surprendre l'ennemi, et donc de briser sa défense.
Faisant fi du feu intérieur qui lui arrachait une grimace de douleur, il ignora l'appel de sa cuisse, et passa à l'action. Reculant de quelques pas, il jeta sa lourde Hache sur le promontoire de pierre que formait le dallage, et recula vers les deux armures qui conservaient son épée.
Les cuirasses meurtrières levèrent la hache vers le ciel, tandis que l'acier brillait au soleil, exécutant l'ordre qui leur avait été donné : tuer quiconque s'approcherait de l'Épée.
Le blond passa le poignet sur son front, pour en éponger rapidement la sueur, puis, d'un pas chassé, s'évita un triste destin.
Une vulgaire petite noix Mojo.
Un flash.
La lumière envahit l'espace, rebondissant sur le métal, frappant le dallage, caressant le sable. Épousant le Désert, et brûlant toutes les rétines qu'elle pouvait rencontrer. Le Champion de Farore, sachant pertinemment quels seraient les effets d'un assaut pareil avait protégé les siennes de ses paupières. Elles s'étaient refermées sur les prunelles bleues comme un suaire vient envelopper un mort, repoussant les rayons et laissant ses yeux indemnes.
Il lui fallait néanmoins faire vite, l'effet des noix Mojo était loin d'être éternel. D'ici une à deux minutes, tout au plus, la vue serait revenue à ses ennemis. Link se jeta donc entre les Haches-Viandes, et referma son poing sur le manche de la Sainte-Lame. Le raclement de l'acier contre la pierre ne passa pas inaperçu pour autant. Toute privée de vue qu'elles étaient, les deux statues métalliques disposaient encore de l'ouïe. Et celle placée dans le dos de l'autre frappa, croyant pourfendre le détenteur du Courage.
La hache rencontra donc l'acier, et se ficha profondément dans l'épaule : le boucher infernal venait d'interdire tout mouvement du bras à son acolyte, lequel jeta un genoux à terre.
Le Héros du Temps passa dans le dos de l'armure encore en état de se battre, avant d'enchaîner un estoc. Excalibur trancha les lanières de cuir, s'attaquant à la structure même de la cuirasse. Sans lien, rien ne pouvait plus maintenir les pièces d'acier jouxtant les autres.
Il coupa en quelques mouvements précis les dernières lanières, et dans un fracas caractéristiques, le Hache-Viande tomba en morceaux, sur le sol. Vide de tout corps, et sans cohésion, il ne pourrait se relever.
Une simple maille suffisait à briser la cohésion de toute une cotte. Un simple détail. Et sa cuisse le brûlait.