Douze jours après

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Swann

Cygne Noir

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(vide)

    La porte s'ouvrit.

    Lentement, la lionne mit un premier pied en dehors de sa chambre. Ses petits yeux cernés balayèrent le couloir dans sa longueur, puis elle décida de s'y engager après une brève hésitation. Comme auparavant, elle passa d'abord devant les cuisines pour y commander son repas d'une voix fluette, puis elle se rendit dans l'Aile Ouest pour attraper un livre quelconque dans la bibliothèque. Juste histoire d'avoir quelque chose pour s'occuper.

    Ensuite de quoi elle se dirigea instinctivement jusqu'à la salle du Trône, comme elle l'avait fais chaque jour depuis qu'elle s'était installée dans cette Citadelle. Mal réveillée, elle ne remarquait ni la foule de gens qu'elle croisait ni les regards, soit hagards soit surpris, qu'elle suscitait - ou bien s'en fichait-elle tout bonnement. Après tout, le temps avait coulé depuis sa dernière apparition en publique.

    Arrivée à la salle en cette fin de matinée, elle s'installa nonchalamment sur un des nombreux sièges vides qui entourait le trône de son royal père. Un trône laissé à l'abandon depuis quelques temps, mais voila justement que son propriétaire approchait du château, ce qui avait provoqué la fin - tout du moins une pause - dans le sommeil du Cygne Noir. Pour autant, elle ne s'était pas vêtue spécialement pour l'occasion. Un pantalon et un haut noir, cela suffisait.

    Jambes croisées, le bouquin ouvert et posé sur les cuisses, la main en support de la tête ; voila la façon dont elle se préparait à accueillir son seigneur. Autours d'elle, les gérudos s'affairaient et les esclaves couraient dans tous les sens pour terminer les préparatifs. Le Roi du Désert n'était plus très loin désormais, et tous étaient au courant. Déjà stressés par la venue du gérudo, ils étaient aussi effrayés par le manque de directives de la part de la Dragmire. A peine levait-elle les yeux pour voir la façon dont avançait les choses. Douze jours et douze nuits à comater dans une chambre plongé dans l'obscurité la plus totale, ça l'avait crevé...

    Tout le monde eut vite finis son travail bien avant que le supposé cortège n'arrive aux portes de la Citadelle. La Belle de Villarreal, venait de lâcher son livre par terre pour finir de manger lorsque l'on annonça le nom de Ganondorf de l'autre côté de la salle. Prenant une profonde inspiration - presque de dépit - Swann se leva de son siège et s'approcha jusqu'au bord de l'estrade sur laquelle elle se trouvait. Elle se frotta les yeux pour la énième fois de la journée, avant que son père n'apparaisse.

    Les mains derrière le dos, en petite fille bien sage, elle l'observa s'avancer de son regard fatigué. Puis, elle lâcha, de sa petite voix alors qu'un silence religieux régnait dans la salle,

    « Bienvenue chez vous, père. »

    L'hispanique désigna d'un doigt le trône du roi gérudo, ses yeux ambres toujours posé sur le propriétaire des lieux enfin restaurés en totalité.

    « Votre siège commence à prendre la poussière. Vous êtes venus le chercher ? »

    Dans l'assemblée, cette petite touche d'humour ne manqua pas d'arracher quelques sourires, et même des légers ricanements en fond de salle. Et Swann, contente de son effet, attendit la réponse de Ganondorf.


« Enfin chez moi. »

La terre sacrée de son peuple s'étendait devant lui, à perte de vue jusqu'à l'horizon. Le pays de sa tribu, son berceau et celui des siens. Les seuls écrits ancestraux qui en parlaient lui donnaient le nom d'Adonaï, et en faisait le lieu le dieu-roi soleil avait façonné les pierres rouges pour en faire les premières gérudos. A ces femmes originelles, il avait offert sa bénédiction et sa préférence, leur promettant de toujours rester à leur côté sous la forme de leur unique mâle, qui serait ainsi Roi de plein droit.
Il suffisait d'un coup d'oeil à Ganondorf pour comprendre d'où venait la légende. De fait, le pays était un désert au sein d'un plus grand désert. Il se différenciait du second par la profusion de roches écarlates, de crevasses, l'absence de sable mais aussi l'existence de créatures monstrueuses et prédatrices. Le paysage de mort qui bordait Hyrule était un éden à côté de cet enfer blanc, rouge et or, calciné par le soleil depuis des éons. Et pourtant, le Lion s'y sentait comme chez lui. Ce désert, c'était le sien, celui qu'il avait dompté bien des années auparavant. Et c'était celui où s'érigeait son royaume.

Son regard se porta sur les hautes tours de la citadelle, première étape d'une ville qui deviendrait royaume puis empire. Il en éprouvait toujours autant de fierté, pour lui et pour sa fille Swann. Sa force de caractère et sa volonté d'agir étaient parvenues à faire sortir de la terre un monument à la taille de son maître. De tous ses fidèles, pour lesquels Ganondorf avait toujours un attachement, sa fille était la plus importante à ses yeux. Il savait bien qu'un patriarche se doit de ne pas faire rivaliser ses enfants, mais c'était là un réflexe plus fort que lui : Swan ne l'avait jamais déçu.
Après ce temps de répit qu'eux deux s'étaient accordés, il comptait bien poursuivre son destin avec elle à ses côtés.

Le Roi lança son cheval en direction de la Citadelle. Sa garde sonna aussitôt du cor, provoquant un écho impressionnant entre les amas de rocs rouges en contrebas. On aurait dit le rugissement d'un géant, et Ganondorf sourit en pensant que la métaphore n'en était presque pas une. Lorsqu'il arriva, il vit ses soeurs en rang, au garde à vous, le séparant de la masse des esclaves qui s'affairaient d'ordinaire à bâtir l'édifice. Ses premiers sujets hyliens mais pas les derniers. Il ne leur accorda pas plus d'attention qu'un simple regard, comme un éleveur pour ses bêtes les plus faibles et laides, et se rendit au monument. Là, sautant de sa monture, il entra d'un pas rapide qui trahissait son impatience et sa joie. Le Roi parcouru son grand hall en quelques instants, apercevant juste les Darknuts de nouveau en poste telles des statues, et poussa brusquement les lourdes portes de la salle de son trône.

Swann était là, devant son propre siège, sur l'estrade des trônes Dragmires. Visiblement, elle l'attendait avec une patience qu'il ne lui connaissait pas. Tandis qu'il s'approchait, son pas lourd résonnant profondément entre les colonnes de l'immense salle, Ganondorf se demanda si elle allait bien, si elle avait pu récupéré. De tous ses fidèles, Swann avait subi le plus, lors de l'attaque des Hyliens. C'était même pour cela qu'elle et lui avaient eu besoin de temps pour repartir. Finalement, lorsqu'il fut face à elle, elle déclara d'une voix qui lui paru faible,


« « Bienvenue chez vous, père. Puis, elle désigna le trône noir et majestueux, son regard planté dans celui de son père,« Votre siège commence à prendre la poussière. Vous êtes venus le chercher ? »

Dans la bouche d'un autre, la pique aurait provoqué la colère de Ganondorf, mais dans celle ci, elle lui arracha un sourire soulagé. La Swann qu'il adorait était toujours bien là. Visiblement lasse mais bien là. Il ne se retint pas et l'étreignit puissamment, sa bonne humeur intacte malgré les quelques rires qu'il avait perçu derrière lui. Et finalement, il lui répondit, d'une voix malicieuse,

« Tu as raison, ma fille, je l'ai trop négligé ces derniers temps. Mais je ne suis homme à croupir sous ma couronne. J'ai peur de ne pas me reposer sur ce trône avant un temps. Il posa ses mains sur ses épaules et son front contre le sien, plantant son regard dans celui de Swann, C'est toi que je suis venu chercher. La guerre nous appelle, et les tambours sonnent déjà. Tu sens tu prête ? »

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Swann

Championne d'Aegis

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(vide)

    Son corps se raidit.

    Ce n'était pourtant pas la première fois que le Roi Gérudo se montrait aussi proche de sa fille, mais la rareté du geste suffisait à la surprendre. Ses yeux vairons plongés dans ceux de Ganondorf, Swann était hypnotisée par la force de conviction et la sincérité qui émanait de sa personne. Elle ne répondit pas de suite ; il lui fallait trouver les bons mots.

    Prête à faire la guerre ? Elle ? La dragmire avait beau avoir guéri de la majorité de ses blessures, elle restait dans une méforme totale. La chaleur accablante du désert, le manque d’exercice et les douze derniers jours où elle s'était cloîtrée dans sa chambre avait suffi à réduire drastiquement la menace qu'elle pouvait auparavant représenter. Le dernier assaut dragmire sur les landes d'Hyrule, avec en grand final l'attaque de Cocorico, avait laissé entrevoir un Cygne Noir en pleine possession de ses moyens ; puis le chagrin était passé par là, avec tout ce qu'il pouvait entraîner. Le jeûne, les doutes, l'isolement...

    Alors en l'état, non. Elle n'était pas prête, elle le savait, comme tous ceux qui habitaient ces lieux. Assurément, elle ne pouvait pas non plus répondre par la négative au Seigneur Noir. D'une part parce qu'il comptait sur elle, et qu'elle ne voulait pas que cette confiance s'effrite. De deux parce que ce n'était pas une proposition qu'il lui faisait.

    « Plus que jamais », laissa-t-elle échapper du bout des lèvres.

    Une lueur bleue s'alluma dans son regard. Une telle proximité avec le Seigneur Noir réveillait le pouvoir qu'il lui avait transmis et qu'elle portait en elle. Elle décida de s'écarter la première, sans attendre qu'il le fasse, et ses yeux perdirent leur menaçante lueur. Elle balaya la salle et son assemblée de droite à gauche, puis elle déclara, affectueusement,

    « Et je pense qu'elles le sont aussi », dit-elle à propos de la trentaine de fidèles gérudos qui l'avaient suivie de la forteresse jusqu'ici. « En tout cas, nous sommes toutes physiquement aptes. »

    Le contraire aurait été étonnant, les ennemis n'étant pas bien nombreux dans les environs...

    La bonne humeur affichée par le gérudo déteignait sur Swann, qui arborait un fin sourire sur le bout des lèvres. Elle se déplaça lentement sur la gauche, lentement, de sa démarche habituellement très nonchalante, et sans un mot, d'un simple signe de la main, elle fit comprendre au petit comité de réception de sortir de la salle. Seules restèrent une servante, cruche de vin à la main, et la gérudo qui secondait la dragmire entre ces murs. Et dont l'hylienne avait oublié le nom, accessoirement.

    La servante remplit un verre de vin qu'elle proposa ensuite au Seigneur du Malin tandis que Swann alla s'asseoir tranquillement sur son siège. Elle poussa un bref soupire.

    « Donc vous avez fais vous-même tout ce chemin pour simplement venir... me chercher », souffla-t-elle. Puis, amusée, elle reprit : « Je me sens très flattée. Une missive aurait suffi. »

    Elle croisa ses jambes en même temps que son regard avec celui de Ganondorf.

    « Alors... Quels sont vos plans ? Où aura lieu la prochaine bataille ? Et surtout : en quoi vais-je pouvoir me montrer utile cette fois ? »

    S'il lui redemandait de commander des troupes, comme à la forteresse ou à Cocorico, elle le referait sans hésiter. Mais n'étant pas une as du commandement, elle n'avait pas connu le succès escompté. Elle espérait quelque chose de particulier qui n'impliquerait pas de se retrouver au centre d'une mêlée.


« Donc vous avez fais vous-même tout ce chemin pour simplement venir... me chercher. Je me sens très flattée. Une missive aurait suffi. »

Ganondorf goûta au vin que la servante lui avait servit. Fruité, légèrement âpre, fort, et à la robe semblable à celle de sa fille. Il l'avala, sentant avec satisfaction sa soif s'apaiser. Après une demi journée de cheval dans le désert, le gérudo appréciait pleinement ce léger plaisir. Un instant, il n'y eut que cela : le vin, lui, sa fille, et le silence. Et puis, la voix de la Dragmire s'éleva à nouveau et le Lion revint dans sa salle du trône et reprit conscience du lieu, du temps et de la servante qui restait là. Il lui tendit à nouveau sa coupe.

« Alors... Quels sont vos plans ? Où aura lieu la prochaine bataille ? Et surtout : en quoi vais-je pouvoir me montrer utile cette fois ? »

« Cette fois ? Ne commandais tu pas lorsque nous avons remporté notre plus brillante victoire ? N'as tu pas réussi à mener un raid fructueux en territoire ennemi ? N'as tu pas remit sur pied le socle de mon futur royaume ? Je crois que tu n'as jamais manqué une occasion d'être utile, Swann. »

Ganondorf vida sa coupe d'un trait et la déposa sur le plateau de la servante. Il s'approcha alors du Cygne Noir et l'invita à se lever en lui tendant une main galante. Son air de complicité malicieuse à l'égard de sa fille ne l'avait pas quitté et c'est avec une pointe d'ironie qu'il conclut,

« Tous ne peuvent en dire autant. Suis moi donc. »

Le seigneur du désert ne perdit pas un instant de plus et se rendit vers la grande porte, derrière les trônes, où se trouvait la salle de son conseil. Ce lieu avait eu la chance de se trouver relativement épargné par l'effondrement de la citadelle, et le gérudo constata avec satisfaction que la pièce était entretenue et ordonnée. La citadelle n'était pas qu'une coquille vide mais bien digne de ce qu'elle avait été auparavant. Ganondorf se pencha sur la grande table de forme triangulaire au centre de la pièce. La pierre noire parsemée de rouge n'avait pas subit les affres du temps et de la guerre, comme il l'espérait. Alors il commença à la manipuler, s'aidant des ombres et des flammes dont elle était imprégnée. Ce faisant, le Lion reprit la parole,

« Si je suis venu en personne, c'est que la forteresse que j'ai conquise n'est qu'un avant poste. Cette citadelle sera le véritable centre de mon empire et c'est d'elle que je lancerais la guerre contre mes ennemis. Les éléments brûlants et obscurs filaient un ouvrage complexe sur la table, tirés et manipulés par les mains expertes du sorcier noir, formant petit à petit un royaume d'Hyrule en miniature, si détaillé qu'on eut pu croire voir à travers les yeux d'un dieu, Et ce moment approche, Swann. Avec le printemps, mes blessures se sont refermées et, avec elles, celles de mon armée. Nos pertes ont été comblées et j'ai même recruté quelques cas intéressants... »

Ganondorf pensait notamment à Négus et son sourire s'élargit. Si Vérité, la nouvelle Prêtresse de Din ou Victoire étaient tout autant susceptibles de révéler un gros potentiel, le Stalfos d'un genre nouveau était celui qui stimulait le plus l'imagination du gérudo. Et l'idée de laisser Swann le découvrir était assez amusante à son goût.
Finalement, il fut satisfait de son oeuvre. De la haute montagne de la mort à la cascade zora, tout Hyrule était représenté. On y voyait également la forteresse, la citadelle noire, le bourg d'hyrule, des villages et même le camp fortifié de l'armée hylienne. Ganondorf ouvrit un bras pour présenter son ouvrage achevé à sa fille et lui demanda,


« Dis moi donc, selon toi, où tu frapperais pour infliger le coup le plus lourd qui soit à nos ennemis ? »

Lui même avait son avis, mais le Lion voulait montrer au Cygne Noir qu'elle n'était pas qu'un simple outil à ses yeux.

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Swann

Championne d'Aegis

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(vide)

    Réellement, Swann se sentit très flattée.

    Les mots qu'employait Ganondorf témoignaient de toute la confiance qu'il lui accordait. Cette affection toute particulière qu'il avait à son égard prenait toujours plus forme à mesure que les jours passaient, et l'assassin s'en réjouissait. C'était ce pourquoi elle l'avait rejoint ; sentir en son fort intérieur qu'elle était importante à ses yeux. Sentir qu'il ne l'abandonnerait pas. Sentir l'amour d'un père pour sa fille, ce dont elle avait grandement manqué dans sa jeunesse. Et elle aimerait bien le faire comprendre à Cécilia un jour.

    Elle se laissa guider jusque dans une salle dont elle ignorait toute l'importance ; elle observa d'abord sans comprendre le gérudo qui était en train de fabriquer une réplique miniature du pays d'Hyrule. Ses pupilles virèrent de nouveau à l'azur alors qu'elle contemplait les ombres et les flammes manipulées avec finesse et savoir-faire par le sorcier. Fascinée, elle but chaque mot de son discours et sourit faiblement, mais malicieusement, à l'annonce de la reprise des combats.

    Swann n'était pas très pressée d'en découdre et de tuer de nouveau mais la perspective de reprendre du service l'emballait. Faire bouger les choses, affronter de puissants adversaires, et s'élever en conquérante ; voila un programme alléchant. Et en faire partie lui plaisait beaucoup.

    La petite carte finalisée, le gérudo demanda conseil à l'aînée de ses enfants. Sans paraître surprise qu'il lui demande conseil sur la stratégie à aborder - c'était une première, mais elle avait tout mis en œuvre pour y arriver - elle s'approcha de la table triangulaire, les bras croisés, et réfléchit quelques instants.

    L'assassin n'était pas le plus fin des stratèges qui soit, et cela le gérudo devait en être forcément conscient. Sûrement cherchait-il chez sa fille une idée nouvelle, quelque chose auquel un pur guerrier n'aurait pas immédiatement pensé. Ou bien cherchait-il à l'initier dans ce domaine ?
    Elle pointa du doigt la carte, sans savoir quoi montrer dans un premier temps ; elle hésitait.

    « En stratège novice que je suis, j'aurais d'abord pensé à frapper ici », dit-elle en pointant le ranch au milieu de la plaine. « Mais de lointains événements me reviennent en mémoires et me poussent à me dire que c'est une belle connerie. » Son visage se fendit d'un sourire amusé.

    Titiller son père, c'était comme un jeu nouveau pour elle. Quelque chose d'amusant et de complice qu'elle (re)découvrait. Le tout était de ne pas en faire trop ; alors son doigt remonta vers l'est, jusqu'à la montagne et son sommet, où il s'arrêta.

    « En temps qu'assassin », commença-t-elle avec un regain de sérieux, « c'est ici que je frapperais. D'abord parce que ça surprend, ensuite parce que c'est facile. »

    Et d'un autre côté, elle avait une affaire à régler avec les gorons, qui avaient fais raté son assaut sur Cocorico, en parti.

    Son regard azur se releva vers son interlocuteur. Elle était à peu près sûre que son idée soit bonne, et elle lui plaisait parce qu'elle lui correspondait beaucoup. Attaquer à l'Est, c'était comme donner un coup dans le dos d'un homme. C'était comme frapper là où les défenses sont les plus faibles.

    « Après, ça parait compliquer de conduire une armée jusque là. Seul un petit groupe peut y arriver. Quelque chose de très réduit, comme... une dizaine de personne. Peut-être un peu plus si une diversion est menée à Cocorico ou au Domaine Zora. »

    Après tout, la sécurité globale dans cette zone du royaume avait dû être renforcée depuis son dernier passage. Passer derrière les lignes ennemis pourraient se montrer compliquer en l'état.

    Elle interrogea le gérudo de ses yeux imperturbables. Elle espérait avoir fais preuve de jugeote, assez pour qu'il soit toujours aussi fière d'elle.


Ganondorf avait rit à la moquerie taquine de sa fille, et répondu à son sourire. Encore une fois, elle se permettait avec lui ce qu'aucun autre n'osait, et lui adorait cela. Quand à sa plaisanterie... Le Roi ne regrettait pas son raid passé sur le ranch, qui avait ouvert pour de bon les hostilités avec ses ennemis et avait forcé Hyrule à ne plus l'ignorer. Cependant, Swann avait raison, ça n'était pas une cible de premier plan. L'endroit serait mieux protégé, il lui faudrait donc y amener son armée et ainsi abattre le camp fortifié aux portes de la vallée... Ca n'était pas dans ses priorités. Le gérudo avait d'autres projets que de s'acharner sur un élevage de chevaux.

« En temps qu'assassin », Son ton plus sérieux ramena le Lion à l'instant présent, « c'est ici que je frapperais. D'abord parce que ça surprend, ensuite parce que c'est facile. »

Son doigt fin pointait sur la montagne du péril, sur le sommet du volcan. Le regard de Ganondorf se rétrécit et il fixa Swann dans les yeux. Il se demanda un instant si elle avait entendu parler de ses plans, ou si ils commençaient à se lier au point de penser la guerre de la même manière. Cela faisait un moment que le gérudo envisageait une attaque à contre courant de tout ce que prévoiraient ses ennemis, une attaque qui ne viserait pas les Hyliens eux même mais la Couronne. En s'en prenant aux peuples vassaux et soumis aux Nohansem. Dans cette logique, il n'y avait que deux choix intéressants : Zoras ou Gorons. Et Ganondorf connaissait bien le domaine des mangeurs de pierre.

« Après, ça parait compliquer de conduire une armée jusque là. Seul un petit groupe peut y arriver. Quelque chose de très réduit, comme... une dizaine de personne. Peut-être un peu plus si une diversion est menée à Cocorico ou au Domaine Zora. »

«... Penche toi sur la carte. »

Ganondorf avait ordonné avec douceur, un léger sourire aux lèvres. Ne résistant pas à l'envie de rendre la moquerie de tantôt, le gérudo attendit que sa fille s'exécute pour imposer à nouveau sa volonté aux éléments. Il y eut des vibrations, la montagne réduite trembla et soudain, une grande gerbe de flammes et jaillit, comme un immense serpent paré d'ailles. Devant l'évidente surprise de Swann, son père éclata de rire. Comme provoquée, la bête de feu sembla hurler et les flammes redoublèrent de vigueur. Une lueur de folie dans les yeux, le seigneur du désert déclara enfin,

« Tu me rends fier, ma fille. Nous avons eu tous deux la même vision. Le dragon dansa quelques instants au dessus de la table, devant l'air charmé de son maître, avant de retourner dans la montagne. Les gorons sont notre prochaine cible. Les affaiblir, c'est priver la couronne d'un renfort de taille... Et peut être pourrons nous du même coup punir également les villageois qui t'ont résisté.

Le Roi balaya d'un revers de main la carte et imposa à nouveau sa volonté. Cette fois, les formes reproduites par les éléments ressemblaient à la seule région de la Montagne et du village. Ganondorf posa son doigt sur un point discret et déclara avec malice,

« Nous arriverons par là. Je pense que mes pouvoirs associés à ceux de Songe pourraient y transporter un petit groupe, avec nos meilleurs éléments. La diversion se fera au village, afin de ne pas trop éloigner nos combattants. Et une fois en haut... Son doigt glissa vers le sommet du volcan, son sourire devint carnassier. Les déesses aient pitié d'eux. »

Ganondorf se redressa, plein d'orgueil et plein d'une impatience trop longtemps contenue. Tout son être n'attendait plus que de relancer l'assaut sur ses ennemis, de redonner du souffle à la guerre...Sa guerre. Il vint aux côtés de Swann et posa sa main sur son épaule.

« Ais je oublié quelque chose ? Me suis je trompé ? »

Le gérudo n'aurait reconnu devant personne d'autres que ses plus proches la possibilité d'une erreur de sa part. Et pourtant, une part de lui hésitait encore, craignait d'oublier un détail qui ferait tout rater. Il avait besoin - bien qu'il ne l'avouerait jamais - d'un avis extérieur, et il avait choisit Swann.

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Swann

Championne d'Aegis

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(vide)

    Elle se redressa d'un coup, surprise.

    Alors que le dragon dansait sur la mini-carte confectionnée par le sorcier, les yeux de la lionne allèrent chercher ceux du lion. Elle arqua un sourcil, tandis qu'il riait aux éclats, très satisfait sans doute d'avoir rendu la moquerie de la jeune femme. Un fin sourire vint accueillir cette farce. Puis on en revînt aux choses sérieuses, à l'essentiel.

    Il était fier de sa fille ; c'était là ses propres mots, et elle en était plus que ravie puisque c'était exactement ce qu'elle recherchait presque constamment en sa présence. Même si ce n'était pas exactement ce à quoi elle avait pensé - elle ignorait qu'un dragon sommeillait au cœur de la Montagne -, ils avaient tous les deux dans l'idée de réduire les gorons en graillons. Ces mangeurs de pierre constituaient une aide de taille pour la Princesse et son armée, au même titre que les Haches-Viandes et les Darknuts pour le Roi Gérudo. Les affaiblir, voir même les supprimer, était une priorité pour conquérir le pays.

    L'imposant guerrier posa sa main sur la frêle épaule de Swann, qui releva alors son regard vers le sien. Ce qu'il lui demanda alors l'étonna presque ; elle ne l'aurait jamais imaginer poser une telle question. Ou tout du moins, pas à elle, pas de cette façon.

    « Vous avez oublié Link », souffla-t-elle de sa douce voix sans faillir.

    L'hylienne doutait que Ganondorf est réellement oublié le nom de son pire ennemi, mais elle s'inquiétait qu'il n'ait pas évoqué la possibilité que le Héros du Temps intervienne pour mettre fin aux agissements des Dragmires. Une fois de plus.

    « Il traîne sans cesse dans nos pattes », précisa-t-elle. « Il y a des chances pour qu'on le croise, encore, et il est capable de nous poser problème. »

    Et pour preuve, il l'avait déjà fais. C'était notamment lui qui, à Cocorico, avait éliminé sa meilleure carte lors de l'attaque. Sans cette intervention, l'abomination mi-homme mi-loup aurait fais bien davantage de ravages. La Dragmire en gardait un mauvais souvenir ; elle ne nourrissait pas de haine particulière à l'encontre du Héros, mais il commençait à l'agacer.

    Alors Ganondorf devait trouver une solution pour l'écarter, ou le distraire, lui en particulier. Le Cygne Noir avait bien tenté de mettre sa tête à prix pour l'embêter, sans succès jusqu'à ce jour-ci ! Les mercenaires ne se risquaient pas tellement à un combat contre une légende vivante.


Ambiance musicale
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« Vous avez oublié Link. »

Sa fille avait parlé sans peur ni précautions inutiles, ainsi que le lui dictait son caractère, mais la légère pointe d'ironie qui teintait d'ordinaire sa voix avait disparue. Ganondorf se raidit en entendant ce nom, comme si une lame venait de le frapper dans le dos. En vérité, il ne l'avait pas oublié car Link ne sortait jamais réellement de ses pensées. L'aura du héros semblait planer en permanence au dessus du Lion, et de son clan, et le gérudo n'en avait que trop conscience.
Mais au fond, Swann avait raison, les Dragmires devaient se protéger du garçon avant de tenter quoi que ce soit. Aussi, le gérudo n'interrompit pas sa fille lorsqu'elle précisa le fond de sa pensée. Au moins se rejoignaient ils sur le constat. Sans doute se rejoindraient ils sur la solution.

Ganondorf avait un temps pensé à l'envoyer tuer ou au moins blesser le héros, mais son intuition l'en avait dissuadé. Si lui même n'avait pu tuer Link en combat singulier, alors il était peu probable que le Cygne Noir, tout puissant et talentueux qu'il soit, y parvienne. En stratège, le Lion avait retourné le problèmes sous tous les angles avant de trouver une possibilité, un moyen détourné que ses ennemis n'avaient sans doute pas imaginé. Et ce projet était justement rendu possible par le dévouement de sa fille, car sa clé de voûte se trouvait là, à la citadelle.


« Link pourrait ne plus représenter un si grand danger, bientôt. »

Le seigneur du désert avait prononcé ces mots avec assurance, mais aussi une pointe de malice. Son sourire en disait long sur les sentiments mauvais qui l'animaient en cet instant. Il chassa alors les ombres et les flammes de la table d'un geste de main et fit signe à Swann de le suivre. Ses pas ne le menèrent pas vers la salle des trônes mais à l'opposé, à une porte en pierre noire gravée d'une multitude de runes sans doute plus anciennes que le temple du temps. Ganondorf glissa un ongle dans une des rainures qui courraient de bas en haut. Comme au passage d'un clé, les loquets s'ouvrirent les uns après les autres, et, au moment où le gérudo écarta sa main, la porte s'ouvrit, lentement, sur un escalier descendant.

Aussitôt, une brume sombre et opaque s'échappa de l'ouverture. Aucune lumière ne permettait d'y voir plus loin que quelques mètres. Cependant, lorsque le Lion fit un premier pas, le son résonna en échos pendant de longues secondes. C'était là un lieu d'ordinaire interdit à tous, esclaves comme Dragmires. Un domaine impie que les sorcelleries mêlées de Ganondorf et de Dun Loireag avait corrompu et maudit.

Ne doutant pas un instant de la détermination de sa fille, le Haut Roi s'avança et descendit les marches sans hésiter, comme si ils les connaissait au point de pouvoir se passer de lumière. Après une longue minute, l'escalier laissa place à une salle étrange. Circulaire, il y régnait une obscurité à peine combattue par un brasero aux flammes bleues et une puanteur presque insupportable. C'était l'odeur du sang.
Car autour du centre de la pièce, des sillons abreuvés de fluide vital dessinaient des symboles impurs. Et en son milieu se dressait un pilori de la même pierre noire que la porte du lieu. Le gérudo huma l'air vicié et y reconnu sa marque, ainsi que celle de son ex serviteur disparu.
Quand il entendit Swann derrière lui, sans se retourner vers elle, il déclara, désignant du doigt l'instrument de torture central,


« C'est à cette place que se trouvait Link, il y a quelques temps. »

Ganondorf se souvenait encore de cette nuit maudite, où Dun et lui avaient arraché le Fragment du Courage au héros d'Hyrule. Il avait fallu tous leurs efforts combinés pour forcer le destin, et la volonté des dieux. Toute la sorcellerie de sang de l'ancien prince alliée aux pouvoirs ancestraux et semi-divins du sorcier gérudo avait faillit ne pas suffire mais ils y étaient parvenus. A présent, deux triangles d'or étaient visibles sur la main du Lion, quand bien même l'un brillait plus que l'autre.

« Ne touche à rien. Tout ce que tu vois est impie, haït des déesses. »

Pas lui, évidemment. Din l'avait soutenu, il en était certain. Autrement, elle ne lui aurait pas permit d'user de ses pouvoirs lors du rituel. Et pourtant... Il en avait douté, après cette nuit là. Quand le prince lui avait demandé la permission de tuer Link, il avait refusé. Prendre le fragment du héros était déjà un grand blasphème, mais si il se débarrassait d'un ennemi autant affaiblit, Din pourrait lui retirer sa faveur.
Ganondorf n'avait pas osé prendre ce risque. Et à présent, Link vivait, et se montrait toujours aussi efficace à le stopper dans sa quête de gloire.
Le Lion se rendit à pas décidé vers un meuble collé au mur de la salle, évitant soigneusement d'approcher le dispositif macabre. Après plus d'une année, le sang était toujours liquide, et les énergies démoniaques, toujours présentes. Plus rien ne pourrait purifier cet endroit. Il fallait espérer qu'aucun Dragmire ne puisse franchir ses portes sans que Ganondorf ne l'ait voulu. L'étagère qui intéressait le gérudo était presque vide, à l'exception d'un flacon sans étiquette, gorgé à ras bord d'un fluide écarlate et fermé par un bouchon de verre. Il s'en empara et retourna sur ses pas, pour finalement s'arrêter devant Swann, affichant un sourire plus mauvais que d'ordinaire,


« Il me semble que nous avons parmi nous une sorcière qui saurait faire usage de ceci. »

Il tendit le flacon à sa fille, en en ayant ôté le bouchon. Une douce effluve en sortait. C'était l'odeur du sang. Le sang d'un héros.

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Swann

Championne d'Aegis

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(vide)

    Il l'avait mené dans un endroit lugubre et sombre.

    Swann masqua son visage d'une main tant les effluves étaient fortes ; notamment de sang. Elle avait la désagréable sensation d'en sentir partout autours d'elle, et si ça ne la répugnait pas en temps normal c'était parce qu'elle n'en voyait que trop rarement autant d'un coup. La lionne éprouvait aussi un étrange sentiment de pitié à l'égard du garçon qui avait été torturé dans le corps et dans l'âme ici-même. Elle n'approuvait pas tout cela, mais devant le fait qu'on était en temps de guerre, elle fermait les yeux. Ces souvenirs et ces pensées, elle préférait les mettre de côté et elle y arrivait plutôt bien. Ce n'était pas ce genre de chose qui l'empêchait de dormir la nuit. Puis, si son Père estimait qu'il fallait user de ce genre d'outil pour parvenir à ses fins, elle ne le discuterait pas.

    Elle le suivit pas à pas, craignant de marcher à un endroit où il ne faudrait pas. La sorcellerie n'était pas un art qu'elle connaissait bien, aussi préférait-elle suivre les mises en garde de son Roi. Il la mena jusqu'à un meuble poussiéreux et à moitié pourri pour y attraper un flacon rouge, qu'il déboucha et lui tendit ensuite. Du sang. Et dès qu'elle vit le sourire machiavélique que le gérudo arborait sur son visage, elle comprit. Alors à son tour, elle se mit à sourire, en parfaite complice.

    Le sang contenu dans ce pauvre flacon de verre était celui d'un héros à la tunique verte. Songe, sa sauveuse, saurait évidemment l'utiliser à l'avantage du Trône, le Cygne n'avait aucun doute là-dessus. Elle avait déjà vu de quoi elle était capable en plein combat, alors si on lui laissait tout le temps dont elle avait besoin pour préparer un sortilège...

    « Elle trouvera quelque chose, c'est certain », souffla-t-elle.

    Fascinée par les perspectives qui s'ouvraient devant le Trône, l'assassin resta un instant pensif. Peut-être les dragmires allaient-ils porter le coup fatal aux hyliens, enfin ! Car reprendre le Désert avait certes été un coup dur pour eux ; mais s'ils venaient à être attaqué sur leurs propres terres, sans la perspective de voir le Héros du Temps intervenir, leur moral s'écroulerait définitivement.

    « Avec votre permission, j'irai lui porter ceci », fit-elle en s'emparant délicatement du flacon des mains de Ganondorf. « Je sais où elle se trouve. »

    Songe n'était pas à la Forteresse, ça, tout le Trône était au courant. Mais combien étaient-ils à savoir où elle se terrait ? La Fille de Ganondorf n'aurait pas de mal à mettre la main dessus, elle avait même déjà sa petite idée. Et puis retrouver sa sauveuse et sœur lui ferait le plus grand bien, quand bien même elles n'étaient pas très proches. C'était juste... symbolique.


« Elle trouvera quelque chose, c'est certain »

Ganondorf partageait cet avis, mais il est satisfait de l'entendre de la bouche de celle qui connaissait le mieux la sorcière, au sein du clan. De fait, si Songe était d'un naturel discret voire effacé, le gérudo avait noté avec plaisir une certaine proximité entre les deux femmes. Lui même s'en voulait parfois du peu d'attention qu'il avait montré envers Songe, du peu de temps passé avec elle. Personne ne peut apprécier être laissé à l'écart, même quelqu'un de réservé comme elle. Il était temps que le père retrouve tous ses enfants. Il aurait besoin de chacun d'eux, pour ce qui allait arriver.

« Avec votre permission, j'irai lui porter ceci. Je sais où elle se trouve. »

Swann lui prit délicatement le flacon des mains, sans attendre sa permission. Elle savait que c'était inutile, et que Ganondorf aimait quand elle prenait des initiatives. En réalité, il n'en attendait pas moins de sa fille. Si il lui serait relativement aisé de retrouver Songe, il préférait agir avec doigté. Que la sorcière ne se sente pas forcée et que son retour aux affaires du clan se passe le mieux possible. La loyauté exigeait de prendre ce genre de précautions.

« Très bien, Swann. Nous partons dés ce soir, moi pour réunir nos forces, et toi pour retrouver ta soeur. Et une fois la meute réunie, les Lions pourront lancer la chasse. »

Le gérudo faisait signe à sa fille qu'ils pouvaient quitter ce lieu lorsqu'il sentit que quelque chose n'allait pas. Un vibration dans l'air, un murmure dans son esprit, une tension dans son bras. Reconnaissant les symptômes, il fut prit d'une violente angoisse et comprit. Cette pièce maudite était en train de l'éveiller, lui. Ca commença par une douleur à la poitrine, qui l'empêcha de respirer. Puis sa vue se troubla et la lumière bleue du brasero fut étouffée par les ténèbres. Enfin, il le sentit ramper en lui, hors des lymbes de son esprit, et telle une nécrose sombre sur son bras.
En proie à une douleur intense, luttant pour garder l'esprit clair, le Seigneur du désert chuta sur ses genoux, une main crispée sur son poitrail, son autre bras envahit par la corruption. C'est alors que la voix retentit.


« Prit au piège, au coeur de ta propre citadelle... Quelle ironie. Mais c'est de ta faute. Tu n'aurais pas dû baisser ta garde. »

Alors, il fut là, présent dans l'esprit du Lion, occupant l'espace, en pleine maîtrise de ses moyens. La volonté de Ganondorf ne suffisait pas dans un lieu envahit par l'essence du démon. L'homme se sentait faiblir. A chaque instant, il perdait du terrain. Il se souvint de tous les assauts que l'autre avait déjà lancé contre lui. Toujours, le gérudo avait été sur son terrain, dans le monde des mortels. Mais à présent... La corruption remontait, toujours plus. Usant de l'énergie du désespoir, il parvint à murmurer, dans un souffle suppliant,

« Swann... Les flammes. »

Que les déesses aident sa fille à comprendre ses mots.

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Swann

Cygne Noir

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(vide)

    Swann se demandait quel serait son rôle à jouer dans la prochaine bataille du Trône. L'heure n'était peut-être pas à le connaître... ceci dit, elle espérait ne pas replonger dans le même bain de sang que lors de la conquête de la Forteresse. Elle n'aimait pas la guerre ; elle n'aimait pas voir souffrir le peuple. Elle se sentait d'ailleurs très peu coupable pour ce qui était arrivé à Cocorico. Certes, c'était elle qui avait imaginé le plan et qui avait dirigé les troupes mais elle ne se sentait pas coupable du carnage qui y avait eu lieu. Elle avait été trop en retrait lors de cette attaque pour qu'elle lui soit imputée entièrement. Du moins, c'est ce qu'elle pensait.

    Son unique motivation n'était que de protéger sa famille et son clan ; en somme, son père. Elle le savait très puissant et bien malin, pour autant comme tout homme il avait ses propres faiblesses. Sa suffisance, parfois, sa pitié. Si elle avait été à sa place, jamais le Héros du Temps n'aurait quitté cette pièce. La lionne se promettait de combler ces faiblesses. Elle serait son bouclier invisible, une menace fantôme pour quiconque tenterait de l'approcher de trop près, qu'il s'agisse d'ennemis ou... d'alliés. Il lui avait dis avoir recruté certains bons soldats pour le Trône, mais elle s'en ferait sa propre opinion.

    Ce sentiment de devoir de protection s'accentua davantage lorsque son père tomba sur les genoux juste derrière elle. L'un de ses bras semblait se changer ; on aurait dit une mutation.

    « Père ! » Souffla-t-elle en glissant jusqu'à lui.

    Le regard inquiet de Swann alla rechercher celui du Roi Gérudo, mais il n'y vit pas de réponse quant au mal qui le prenait soudainement. Ses petites mains se posèrent tantôt sur ses épaules, tantôt sur son visage, délicatement ; elle ne savait pas quoi faire. Et à la perspective de perdre la seule figure paternelle qu'elle avait, elle paniqua - avec une certaine retenue.

    Ses yeux virèrent à un azur scintillant dans les ténèbres alors que son battant tapait fort et vite dans sa poitrine. Que pouvait-elle faire ? Quel mal rongeait son père ? Il lui sembla distinguer une énergie obscure et malsaine, mais l'émotion l'immergeait et prenait le pas sur sa lucidité. Il n'en fallait que peu néanmoins pour qu'elle se rende compte que toute la pièce dégageait dorénavant une aura malfaisante. C'était comme un spectre qui se baladait au-dessus de leurs têtes, prêts à fondre sur eux à la faveur des ténèbres les plus noires. L'atmosphère devenait pesante. Insoutenable.

    Puis vint le souffle de Ganondorf :

    « Swann... Les flammes. »

    La Fille de Ganondorf ne se posa pas plus de question et dirigea son regard instinctivement sur l'endroit où brûlait auparavant un petit brasero bleuté. La dragmire, dame de l'Ombre et de la Flamme, y dirigea sa main et fit naître de nouveau la flamme. En plus grande et plus intense, pour libérer cette pièce des ténèbres qui y régnaient depuis trop longtemps.

    Redevenus normaux, ses yeux se reposèrent sur son père et roi, en espérant avoir repoussé le mal qui avait tenté de le corrompre.


Un instant, il n'y eut plus que le noir.
Envahit, encerclé dans son propre esprit, Ganondorf luttait désespérément mais l'obscurité gagnait sans cesse du terrain, comme si le gérudo avait voulu arrêter le cours d'un torrent avec ses mains. A chaque instant qui passait, sa volonté et ses forces faiblissaient, assaillit de toute part qu'il était. Déchiré, compressé, l'âme du Lion sentait son corps lui échapper et les chaînes du démon l'entraver. Pourquoi s'était il cru assez fort pour le contrôler dans son propre royaume ? Quelle folie s'était emparée de lui ?


« Et d'où t'es venu cette idée d'après toi ? Hum ? Ah, ce que les âmes mortelles peuvent m'amuser ! Si faibles, si malléables, et pourtant vous ne cédez jamais qu'au dernier instant. Pathétique... »

Et soudain, il y eut un flash. Non, une cascade de lumière ! Dans l'instant, Ganondorf sentit les liens qui le retenaient voler en éclats et sa force lui revenir. En proie à une rage et une peur que le Lion ne lui avait jamais connu, le démon se débattait contre une puissance bien trop grande pour lui, une puissance qui portait la marque du Dragmire, mais pas uniquement. Levant les yeux vers la source éclatante, le gérudo y reconnu en son centre deux yeux aimés.
Le contact avec le regard de sa fille décupla la volonté de Ganondorf, qui se redressa intérieurement. Déjà, la présence sombre du démon était poussée vers les lymbes, les tréfonds de son esprit. Alors, il y envoya tout ce dont il était capable. Son pouvoir jaillit en déferlant vers l'intrus, sa Triforce réveillée par l'action de Swann, et dans une dernier hurlement, il disparut.

Lorsque Ganondorf revint dans son état de conscience normal, ce fut considérablement affaiblit, le dos voûté et les mains tremblantes sous l'effort que lui avait demandé sa résistance. Il n'avait plus grand chose à voir avant le terrifiant seigneur des ombres qu'il était avant son duel contre le démon. Mais néanmoins, c'était bien son esprit, et pas un autre, qui habitait de nouveau son corps. Soulagé bien qu'encore sous le choc, il se laissa un instant reposer contre sa fille. Et lorsque sa langue fut délié, il prononça faiblement un mot,


« Merci... »

Un coup d'oeil lui apprit que le brasero était rallumé, ce qui lui laissait un répit, mais il ne comptait pas prendre le moindre risque en plus. Refermant doucement la main de Swann sur le flacon de sang de Link, il se releva difficilement et, maintenu autant que possible par le Cygne Noir, remonta l'escalier pour finalement quitter ce lieu maudit.
Une nouvelle fois, il referma les portes sombres et glissa son doigt dans cette serrure particulière. Au fond de lui même, Ganondorf espérait fortement ne jamais avoir à retourner là, ni qu'un de ses enfants n'auraient la mauvaise idée d'essayer. Ce que lui et Dun avaient scellé là l'était pour une bonne raison, et il s'en voulut de l'avoir oublié. Ce genre d'erreurs pouvait signer sa perte dans le combat qu'il menait avec cette autre part de lui même. Les deux mains appuyés sur ces portes, tournant le dos à sa fille, il déclara finalement, comme un ultime aveu de faiblesse,


« Sans toi, cela m'aurait vaincu. Je t'en suis reconnaissant Swann, mais tu ne dois jamais évoquer ce qui vient de se passer. A qui que ce soit. Jamais. »

L'idée qu'une simple rumeur puisse arriver aux oreilles de ses ennemis le terrifiait. Ainsi que l'idée d'être vu comme un fou. Car fou, il ne l'était pas, il le savait depuis la première fois que le démon avait tenté de l'envahir, et non plus de lui murmurer de sombres pensées comme il l'avait toujours fait. Un instant, le gérudo fut tenté de baisser les bras et de céder au désespoir : il ne voyait aucun moyen de gagner son combat. Et puis, il revit le regard de sa fille et il releva la tête, décidé à ne pas faillir. Pour elle, pour lui, pour tout ce qu'il lui avait promis et ce que le monde leur devait.

Se retournant brusquement, Ganondorf adressa à Swann un sourire rare, où se lisait une profonde affection et une grande fierté. Il fit un pas vers la sortie et lui tendit sa main.


« Allons y, ma fille. Hyrule nous attends. »

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Swann

Championne d'Aegis

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(vide)

    Ses doigts tremblaient.

    La lionne était prise par un sentiment de panique, quelque chose dont elle pensait être débarrassée. Bien trop rares étaient les moments où elle avait la peur au ventre, aussi n'y était-elle jamais habituée. Elle détestait ce sentiment. Elle détestait être impuissante et devoir attendre que les choses s'améliorent sans ne pouvoir rien faire. La flamme qu'elle avait rallumée semblait n'avoir aucun effet et Ganondorf ne disait plus le moindre mot depuis plusieurs secondes déjà. Elle se sentait faible et inutile ; tout l'exact contraire de ce qu'elle désirait être en permanence.

    Ses yeux scrutaient la moindre parcelle de son père dans l'espoir de comprendre et de trouver le moyen d'intervenir. Mais elle avait beau avoir les yeux grands ouverts, elle n'y voyait rien. Le stress lui faisait perdre tous ses moyens ; elle avait l'impression d'assister à la mort du gérudo. Qu'aurait-elle fais si une telle chose s'était produite ? Que serait-il advenu d'Hyrule, de Zelda, de Link et du peuple ? Elle ne se voyait pas poursuivre cette quête sans lui pour l'épauler. Ganondorf était de la trempe de ces hommes prêts à vous faire croire à l'improbable, voir à l'impossible. Si Swann se méfiait de lui lors de leur première rencontre, leur relation avait suffisamment évoluée et elle avait confiance en ce qu'il lui disait. Il ne la manipulait pas. Lorsqu'il lui disait être son père, il ne lui mentait pas. Elle en était persuadée.

    Perdre son père était inconcevable. Et pourtant, que pouvait-elle bien tenter de faire dans cette situation ? Elle n'avait pas la moindre idée du mal qui rongeait l'esprit du Seigneur du Malin. Les faibles mains de l'hylienne allèrent se poser sur les épaules du Champion de Din, qu'elle tenta de redresser. Là, elle plongea ses yeux vairons dans ceux dorés du gérudo ; l'instant sembla durer une éternité.

    Finalement, il revînt à lui.

    Quelque soit la façon dont il avait vaincu la corruption, il l'avait fais vite. Au bout de ses doigts, Swann sentait le corps encore fébrile de son père, qui alla se reposer contre sa petite épaule. La situation lui rappela la fameuse bataille contre le Chancelier au bout de laquelle elle avait longuement agonisé, jusqu'à ce le lion ne la reprenne aux mains de la Faucheuse. Que lui avait-il dit, ce jour-là ? Les mots lui échappaient...

    Après avoir mis le flacon dans une de ses poches, elle aida le gérudo à se redresser et à quitter la pièce. Encore toute remuée par ce qu'il venait de se passer, ce fut dans un silence religieux qu'elle l'aida à gravir les marches pour sortir de ce lieu de ténèbres. Au moins était-elle grandement soulagée alors qu'elle s'était imaginée la pire situation possible quelques minutes plus tôt. Son cœur reprit peu à peu un rythme plus normal à mesure qu'ils montaient l'étroit escalier de pierre ; elle l'entendait encore respirer fortement à ses côtés. Le voir dans un état aussi faible lui avait rappelé qu'avant d'être un champion porteur du pouvoir des déesses, Ganondorf restait avant tout un homme. Un mortel. Comment avait-elle pu oublier qu'à chaque instant il pouvait trépasser aussi rapidement qu'elle ?

    La lionne devait être l'une des rares privilégiées à avoir vu le terrible Seigneur des Ténèbres aussi faible mais elle ne s'en félicitait aucunement. En fait, elle n'aurait jamais parlé de cet instant à qui que ce soit, aussi ce qu'il lui précisa était tout à fait inutile. Comme tout roi, il tenait à sa réputation, ce que la jeune femme pouvait aisément comprendre. Et cet épisode cachait une faille chez lui qu'elle connaissait dorénavant. Au fond, c'était un mal pour un bien ; elle en savait un peu plus sur ses faiblesses et sur ce qu'elle devait protéger chez lui.

    Swann ne rendit en rien le tendre sourire qu'il lui adressa. Elle se souvenait de ses mots. Elle se souvenait de ce qu'il lui avait fais promettre sans son accord lors de la bataille de la Forteresse. Elle saisit la main du roi, son regard extrêmement sérieux et déterminé soutenant celui de l'homme qui se prenait pour un dieu. Un brin de colère et de haine subsistait même, mais elles n'étaient pas dirigées à son encontre ; c'était surtout contre elle-même et la peur viscérale de le perdre qu'elle était énervée. D'un autre côté, c'était aussi de sa faute ; il n'avait pas le droit de l'abandonner après tout ce qu'elle avait fais pour lui et en son nom.

    « Ce jour-là, vous m'aviez dit que je revenais de loin. Et vous m'aviez dit de ne plus jamais vous causer pareille frayeur », dit-elle, sachant pertinemment qu'il saurait exactement se remettre en mémoire cet instant. Elle marqua une pause, pour bien appuyer son propos, puis reprit : « Je vous retourne ces mêmes mots : ne me faites plus jamais cela. »

    Elle le toisa un court moment, puis elle lâcha sa main et commença à partir devant sans attendre de réponse. Ce n'était pas une promesse qu'elle demandait qu'il lui fasse ; elle la considérait comme déjà faite.


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