Posté le 30/06/2007 03:11
« Qu’est-ce qu’il fait là, lui ? »
Un prisonnier qui jouait aux cartes avec ses compagnons de cellule venait de remarquer Dun, enchaîné aux murs de sa cellule. Cela l’avait marqué, car lorsqu’on attache un ‘résident’, c’est souvent parce que ce dernier s’est particulièrement montré hostile. Le jeune homme semblait mal en point, et Janus, de son nom, se demandait ce qu’il avait pu faire pour en arriver là. Il voulait le savoir, car lui-même croupissait ici parce qu’il n’avait pas payé un œuf dur à un aubergiste, et qu’étant revenu des années plus tard ce dernier avait réclamé beaucoup plus que la somme initiale. Bien sûr, Janus ne pu pas payer et fut jeté en Prison par les Gardes champêtres.
Il n’avait pourtant pas l’air bien vieux cet homme, se disait-il, et n’avait pas vraiment la tête d’un criminel ; tête qui portait les marques des défoulements des Gardes de la Prison. Et, abandonnant sa partie de cartes au grand désappointement de ses amis, le prisonnier s’approcha des barreaux pour tenter de parler avec Dun, sans grand succès hélas. En effet, ce dernier semblait s’être évanoui –ou endormi- malgré le bruit environnant, toutefois, il semblait parler dans son sommeil car ses lèvres remuaient, mais à cette distance, impossible de comprendre ce qu’il disait.
Toutefois, un évènement encore plus étonnant se produisit, Janus remarqua que les cris de prisonniers s’intensifiaient, et lorsqu’il tourna la tête pour voir ce qui se passait, il n’en cru pas ses yeux. La Princesse Zelda elle-même était là, recherchant apparemment quelque chose ou quelqu’un dans chacune des cellules, elle lança même un regard dans celle de Janus. Quand soudain, elle s’arrêta devant le jeune homme enchaîné au mur, il comprit à ce moment-là, que c’était lui qu’elle était venue chercher...
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Des cris… Encore des cris, toujours des cris, cela n’en finissait pas, et pourtant cela n’empêchait pas Dun de commencer à perdre conscience. La journée avait été rude, et ses yeux se fermaient tout seul malgré l’environnement hostile, c’est ainsi que le jeune homme s’endormit avant de s’en rendre compte lui-même. Ce cauchemar… Il l’avait fait si souvent, et à chaque fois, un détail, un souffle ou même une parole se laissait découvrir à nouveau. Dun aurait tant aimé pouvoir enfin faire un rêve comme les autres, plutôt que de voir éternellement la même scène se répéter inlassablement sous ses yeux.
Mais, avant que nous ne puissions décrire ce dernier ici, les bruits du monde réel s’étaient intensifiés, et Dun fini par ouvrir à nouveau les yeux en étant surpris par l’apparition d’une personne : Zelda se tenait là, devant lui, à le regarder sans dire un mot. En effet, dans son fort intérieur, le jeune homme se dit qu’il offrait un spectacle bien pitoyable à la jeune fille. Mais, après quelques secondes passées à la regarder dans les yeux, le jeune homme se décida à parler, sans pour autant y parvenir. En effet, les prisonniers faisaient un tel vacarme maintenant qu’il entendait à peine sa voix !
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Il s’était réveillé ! Même s’il se doutait que la raison était plutôt due au capharnaüm ambiant, Janus prenait plaisir à croire que le jeune homme s’était éveillé grâce à la présence de la jeune femme. Ils étaient toutefois restés silencieux durant quelques instants, mais le prisonnier enchaîné avait puisé dans ses forces pour parler apparemment. Effort vain, puisque les autres détenus criaient de plus en plus fort… Injures, blasphèmes envers les déesses, perversions envers la Princesse, tout cela fini d’ailleurs par taper sur les nerfs de Janus.
« VOUS ALLEZ LA FERMER OUI ?! »
Miracle ou talent de persuasion ? Sa voix avait pu couvrir celles du reste des prisonniers, et si les gardes eux-mêmes ne pouvaient y arriver, tous savaient ici que Janus pouvait s’énerver dans de rares moments, c’est pourquoi ils finirent par se taire. En réalité, il y avait du respect dans tout ça, car s’ils injuriaient la Princesse et ne la respectait donc pas, il n’en était pas de même pour leur co-détenu. Ceux qui avaient mangé dans le plat étaient liés, et c’est ainsi qu’un silence succéda rapidement aux cris.
Voyant cela, Janus retourna sa tête pour se focaliser sur Dun, et, d’un geste de la main, l’encouragea à parler. Pourquoi faisait-il ça ? Dans un premier temps, il avait cru qu’il s’intéressait à leur conversation, mais à peine eut-il indiqué au mercenaire qu’il pouvait prendre la parole que Janus s’était déjà retourné pour aller s’allonger. En fait, il était juste curieux de voir à quoi tout cela aboutirait ; car la Princesse venant voir elle-même l’un des détenus était quelque chose qu’il n’avait jamais vu depuis son arrivée, et sans doute était-ce même la première fois qu’une chose pareille se produisait.
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Dun n’y arrivait pas, il avait beau se forcer, ses paroles n’atteignaient pas la jeune femme. Et alors qu’il allait laisser tomber sa tête par dépit, un prisonnier situe en face ordonna –ou plutôt cria- aux autres de se taire. Au comble de l’étonnement, Dun pu voir que les autres obéirent, et alors qu’il jetait un regard interrogatif vers Janus, ce dernier lui fit signe qu’il pouvait parler, avant de s’allonger au fond de la cellule.
Cela eut le mérite de laisser le champ libre à Dun pour s’accomplir, ce qu’il fit dès qu’il se retourna vers Zelda.
« Bonjour… Drôle d’endroit pour se rencontrer, n’est-ce pas ? »
Dun ne savait pas quoi dire en fait, il ne s’attendait pas à voir Zelda ici, dans la prison, et en vérité, une autre question restait dans son esprit :
« Pourquoi… êtes-vous ici ? »
Il avait chuchoté, car ses paroles résonnaient dans toute la prison dans le cas contraire, et, comprenant pourquoi l’autre individu était parti se recoucher, le jeune homme ne faisait que murmurer.