La liberté s'envole dans la couleur ambre du soleil..

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La prison...Il était dit par de nombreux hommes qu'elle les changeaient. Le temps passé en son sein paraissait plus long, comme figer, apportant indéniablement l'angoisse d'une solitude sans fin. Le désarroi qui en découlait n'était jamais loin et il était plus facile de s'en souvenir lorsque l'être solitaire observait les cieux par delà les barreaux de sa fenêtre. Ne laissant guère d'espace pour y passer la main, il ne pouvait en rien empoigner sa liberté qui s'envolait au loin, sous son regard des plus défunts. Un simple signe articulé de la main pour lui dire « adieu » avant de retourner dans la pénombre de sa cellule, froide et austère. Les ténèbres l'enveloppait sans effort en cette pièce peu éclairée. La lumière semblait lointaine pour ainsi dire inexistante, autant dans son cœur que lorsque le jour survint, parfois. Le soleil réchauffait bien sa peau lorsque ses rayons orangés la caressait. Sa forte présence agressait évidement ses deux prunelles lorsque celles-ci le dévisageait et pourtant, l'astre céleste n'arrivait jamais à le soulager, ni à lui redonner espoir comme il le faisait si bien à d'autres. Son esprit était brisé et son âme, vide et fatiguée par l'envie de vivre. « Vivre », un mot qui symbolisait bien des choses pour le monde mais qui pour lui ne signifiait plus rien. Était-ce vraiment utile de ce rappeler de son sens maintenant ? La réponse semblait évidente pour le prisonnier qu'il incarnait désormais. Le temps passait lentement en prison..et il était dit de par sa propre bouche qu'elle l'avait changé. Seul son nom semblait défier ces pensées acerbes et amères, ces moments sombres et lugubres...Son nom ? Nayamu.

Parfois, des souvenirs qu'il pensaient perdues revenaient ici et là dans son esprit, bataillant ferme pour toutes lui convenir. Lentement, elles le submergeaient une par une, lui rappelant certains passages de sa vie d'antan. La plupart étaient bercés par la souffrance et nimbés de douleur cependant, quelques unes s'échappaient du lots, lui prêtant ainsi plénitude et bon sens. Toutefois, les occasions où cela arrivait ce faisaient de plus en plus rare à mesure que son séjour s'allongeait. Le poids des années s'accumulaient et sa peine s'accentuait. Elle l'emportait inexorablement vers sa chute, le rendant à l'état larvaire d'âme errante. Un déclin qui lui promettait aucun avenir, juste celui d'exister dans l'ombre de lui même, seul. Quand bien même il parviendrait à s'échapper de ce triste sort, les soldats présent non loin de sa cage faisaient tout pour l'enfoncer plus loin dans cette agonie que d'autres qualifiaient de malsain. Menacer quelqu'un de mourir n'était rien de plus qu'un jeu pour ces tristes sirs, enclin à la fantaisie dans leur métier si basique. « A défaut de tuer le temps, faut bien tuer quelqu'un » qu'ils disaient m'enfin fallait les comprendre, les pauvres. L'ennuie était pour la plupart du temps leur meilleur ennemie, mais surtout amie qui les distrayaient grandement dans leur vie d'hylien névrotique. De plus, voir un être déjà aux affres d'une mort certaine ne pouvait guère le faire sombrer plus bas qu'il ne l'était déjà. Une mentalité bien éphémère qui dépitait le jeune taulard qui néanmoins, acceptait sans sourciller cette faciès de la réalité. Le temps en prison s'écoulait doucement et même pour lui l'ennuie était une ennemie. C'était pour cela qu'il acceptait son rôle de martyr : pour la tromper elle et sa sempiternelle présence qui rendait fou bien des hommes, même les plus censés d'entre tous..

Cette fois-ci, son omniprésence ne serait en rien lourd à porter. Son fardeau s'allégeait sous la bise fraiche de l'hiver qui déjà avait recouvert nombre de bâtiments. Ses couettes blanches aux attraits laiteux recouvraient aisément les toits, laissant ainsi transparaître ses premiers flocons de neige tomber avec grâce sur les premiers rebords de fenêtre. L'un d'entre eux, tendancieux, s'aventurait plus loin que ses frères de givre et ce glissait délicatement entre les barreaux de fer. Son chemin continuait de manière ordonnée dans l'air avant de terminer son parcours sur le visage fatigué du détenu. A son contact, le flocon ce changea en une goutte d'eau qui perla immédiatement sur sa joue, avant de toucher sa main, instinctivement mise devant son fin minois. Son index caressait délicatement la surface mouillé avant de laisser subitement un frisson le parcourir. C'était froid. Ce laissant aller face à l'étrangeté de cette sensation, le prisonnier arqua un sourire. Le premier depuis des cycles qu'il esquissa, soudainement. Un rictus des plus naturels que le jeune homme pensait avoir oublié depuis fort longtemps. Un sentiment de bien être qui le gagna l'espace de quelques instants. Pendant un bref moment, il ressentit cette liberté qui semblait perdu, pendant un bref moment, il était redevenu « vivant ». Cette émotion intense le déroutait au plus haut point car le taulard savait que, tôt ou tard, un garde viendrait briser de nouveau ce moment intime, plein d'humanisme. D'ailleurs, le voilà qui arriverait. Le bruit de ses pas marquait le rythme de son arrivée. L’écho ce faisait plus intense, plus proche. Nayamu masqua son sourire derrière une moue inquiète avant de ce ressuyer d'un revers de paume la joue, maudissant ce sentiment chaud qui lui prenait encore le cœur..