Posté le 16/04/2013 03:50
« N’ayez crainte car je vous l’assure mon Général, je suis aussi laid à l’intérieur qu’à l’extérieur ! »[/b]
Llanistar n'avait plus aucun doute à ce sujet. De toutes les rumeurs qu'il avait pu entendre sur cet homme, de tous les ragots immondes glanés à l'époque où il traînait sa carcasse fatiguée de taverne en taverne, aucun n'approchait la réalité. Le général n'avait qu'entrouvert son esprit que le dégoût l'avait envahit. Cet Arkhams ne ressemblait en rien aux figures du hors la loi héroïque, défendant les faibles contre l'oppression des grands. Il suffisait au nordique d'observer ces traits, de lire dans ces yeux la forme de folie qui y habitait, pour se rendre compte que ces histoires restaient dignes de livres et de contes. Comme souvent, la réalité s'habillait de haillons et sentait mauvais.
« La Justice est une gueuse que j’aime à trousser chaque jour de mon existence. Je permets à vous autres les Saints défenseurs du monde libre de prouver aux Déesses que vous êtes des héros au cœur d’or. Je suis un mal nécessaire, mon Général. »[/b]
Pensait il vraiment ce qu'il disait ? Avait il conscience de l'absurdité de son discours ? Espérait il convaincre quelqu'un d'autre que lui ? Llanistar n'aurait su le dire. Un malaise s'était emparé des officiers, comme si le poison qui quittait les lèvres du prisonnier les atteignait. Mais le général avait connu bien pire serpent et survécu à un venin bien plus dangereux. Il était un criminel, par delà les mers. Il savait ce que c'était d'être incompris... Mais il pensait profondément que rien ne saurait excuser un meurtre, pas plus que la moitié des horreurs dont s'était rendu coupable l'homme qui lui faisait face, malgré toute sa désinvolture.
« En tant que création divine, qu’épreuve pour votre bonté et courage, j’exige en dernière volonté de voir votre visage, Général. De plus, je souhaiterai expirer mon souffle sur le parvis du Temple du Temps que j’ai tant aimé souiller avec deux, trois collègues. Tenez, pendez donc à mes côtés Galastop. C’est un vieil ami qui fut heureux de prêter sa lame pour mes crimes religieux ! »[/b]
Un silence embarrassant suivit cette saillie. Llanistar dut admettre que Arkhams avait l'esprit habile. Il avait raison de rappeler que ce Galastop, garde royal, avait combattu pour l'ennemi du royaume, pour l'argent. Ce changement de camp, ce post obtenu au plus prés de la princesse elle même... Rien de tout cela n'avait jamais plu au général mais ça n'était pas à lui de juger des actes passés de l'homme...Tout comme il ne serait pas le juge de ceux d'Arkhams. Il hocha la tête néanmoins et répondit.
« Je me fiche de votre délire, Arkhams. Vous n'êtes rien d'autre qu'un pauvre hère que personne ne pleurera ni ne regrettera. Mais je serais présent, ce jour là. Après tout, vous avez suffisamment fait trembler les honnêtes gens. Je pense que le parvis du temple ne manquera pas d'attirer un large public. »
Aucune haine dans sa voix. Aucun agacement. Juste un ton froid, sentencieux. Llanistar ne doutait plus que ces paroles ne se réalisent prochainement. Mais il se refusait à laisser aller sa haine contre cet homme, même aussi méprisable qu'il put être. Peut être entrevoyait il là ce qu'il aurait pu devenir si sa peine l'avait laissé traîner dans la boue des tavernes et la chaleur des bordels. Lui, n'avait pas franchit cette frontière, mais il savait que tous n'avaient pas eu cette chance. Il allait s'en aller quand Arkhams ajouta,
« Après quoi vous pourrez partir, Messire. Jusqu’à preuve du contraire, vous vous trouvez dans mes appartements privés. »
« Puisse vos dieux avoir pitié de vous. »
Il soupira, soudain las, et fit signe aux officiers que le temps était venu de laisser le prisonnier à la solitude. Le temps viendrait de l'en déloger.
[hrp]Affreusement désolé pour ce retard impardonnable.[/hrp]