Posté le 22/02/2013 23:51
Quoi qu'il en soit, cette geôle fut d'un luxe qu'Endë s'était rarement vu la chance de posséder. À vrai dire, il s'agissait-là du troisième lieu de repos le plus confortable qu'il ait pu connaître, après les chambres d'auberges du bourg, et l'immense chambre Gerudo d'il y a quelques temps, maintenant. Quelle ironie ! Le voilà assis sur cette misérable paillasse, se déléctant de celle-ci comme d'un matelas confortable. Le garçon semblait ne pas rechigner à cette pénitence. Il avait là à la fois un toit et un endroit pour dormir. Le son gargantuesque que produisit son estomac ne tarda pas à résonner dans sa cellule, à la suite de quoi il se demanda si on allait lui apporter quelques victuailles, ou s'il devait se sortir d'ici pour en trouver. "Je suis prisonnier" répéta l'homme en son for intérieur, comme pour se convaincre qu'il ne se trouvait guère dans une chambre d'hôte, et que les choses n'allaient pas se passer aussi simplement qu'il ne s'amusait à se l'imaginer. Toutefois, l'homme du Sud-Ouest semblait le plus heureux des pénitenciers. Certains gémissaient de désespoir ou de faim, les plus faibles d'esprit se mettaient à pleurer, même. D'autres encore rouaient de coups les murs et les barreaux, vainement. Le blond demeurait sur sa couche, assis en tailleur, patient comme toujours. Il fermait ses yeux pour les reposer. Cernés de cernes, ses deux globes occulaires rougis par la fatigue n'attendaient que le repos. Obtu, il ne daigna pas céder au sommeil. On n'allait plus tarder à le sortir de là pour l'interroger, à la suite de quoi il restera, ou partira. C'est seulement s'il reste qu'il se permettra un somme probablement mérité, après ces trois jours d'activité sans interruption.
Malgré lui, fermer les yeux s'avéra comme la mauvaise idée pour ne pas somnoler. Le Londëyantien s'endormit aussitôt et se mit à chuter paisiblement vers le royaume des songes. Mais le voyage fut de courte durée, car un bruit strident vint réveiller soudainement le blondinet. Les gonds métalliques de la porte mi-fer, mi-rouille hurlaient dans un son abominable. Les oreilles d'Endë sifflèrent un instant, mais il ne mit que deux secondes pour se lever brusquement lorsqu'il vit un homme bourru face à lui. La tête du garçon se mit à tourner, s'étant levé trop rapidement. Ce vertige ne dura qu'une fraction de secondes. Ses yeux avaient l'air encore fermés tant ses paupières étaient lourdes. Et les poches sous ses yeux lui donnaient un air plus lugubre qu'autre chose. On l'aurait presque comparé à un revenant, en ajoutant à cela son teint plus que pâle. Il était toutefois difficile d'en distinguer quoi que ce soit, tant la luminosité paraissait mourrante en ces souterrains humides.
L'on prononça le nom d'Endë. Ce dernier reconnut immédiatement le général Rusadir, aperçu pour la première fois d'assez loin, lors des Nuits d'Or au bourg. Le haut-gradé lui ordonna de le suivre, ce qu'il fit sans dire mot. L'homme d'or et de blanc commançait à se demander où pouvaient bien se trouver ses effets. On lui avait retiré sa ceinture -neuve- et tout ce qu'elle contenait, sa cape, et sa chaîne. Il remercia les dieux de ne point posséder son épée actuellement, trop de questions lui auraient été posées à ce sujet, des interrogations qu'il se posait lui-même et dont il n'avait pas les réponses.
Deux officiers lui tenaient chacun un bras lors de cette expédition interminable dans les cachots. Le même décor défilait sans cesse, à vive allure, un couloir infini. Le sud-occidental se demandait s'ils en verraient le bout un jour. Pour l'heure, il ne se contenta que de conserver son sang-froid. Le garçon n'était que peu réceptif à la terreur que la prison était sensée inspirer envers ses pénitenciers, il n'était ni effrayé, ni quoi que ce soit d'autre. Simplement serein et prêt à suivre le fil conducteur de cette histoire avec le plus grand intérêt. Après tout, paniquer finirait par rendre les choses plus problématiques, et ce, pour tout le monde.
Endë remarqua une chose. De tous les captifs présents dans ces geôles, aucun n'émit le moindre son en la présence du général et de ses collègues. Était-ce une loi mise en application dans la prison ? Une marque de respect ou que savait-il encore ?
Le silence qui s'était installé lui firent lever les yeux au plafond. Si on voulait lui faire peur en invoquant cette ambiance lugubre, c'était peine perdue. Alors il décida d'y couper net.
"Un peu monotone ce séjour, mmh ? Qu'avez-vous fait du soleil, Général ?"
Loin de lui l'idée de penser à mal, ou de paraître sarcastique. L'ambiance commençait simplement à peser lourd. De plus, il n'était pas bien friand de l'obscurité.