Une ombre, l'innocence et une main froide. [Interrogatoire]

[Geôles]

[ Hors timeline ]

Llanistar van Rusadir


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Après l'interrogatoire de Katrina Skara, Llanistar avait décide de prendre un certain temps pour réfléchir à ce qu'il avait pu apprendre, de la personne qui s'était trouvée face à lui et de ses activités. Il avait également dicté au jeune huissier de justice chargé de la prison le contenu de ce premier interrogatoire. Au final, si le nordique avait apprécié la femme, il devait s'avouer déçu de ce qu'elle lui avait donné. Peu d'informations sur ce qui l'intéressait : cette organisation si secrète des Rédempteurs d'Ambre. Assis derrière son bureau, affalé sur sa chaise, il feuilletait les rapports de témoignages de la veille. De braves citoyens qui s'accordaient presque toujours pour dire que ces justiciers hors la loi avaient bien agit. Certains avaient même émit des remarques sur la lenteur à réagir de la garde. Sans doute qu'ils ne se rendaient pas compte que les troubles s'étaient déroulés très rapidement. Le général tiqua lorsqu'un des rapports évoqua l'opinion d'un saoulard sur la vie sexuelle des soldats. Le langage très imagé y était conservé et il suffit à agacer profondément Llanistar. Sans doute Katrina avait elle raison, l'armée sortirait grandie de cette intervention... Mais il pouvait s'empêcher de prendre les quelques réactions négatives pour lui.

Rageusement, il jeta le parchemin fautif sur son bureau et s'empara d'un second. Dehors, un nuage passa devant le soleil, soulageant ses yeux. Bien qu'en plein hiver, les Hyliens avaient eu droit ses deux derniers jours à un temps radieux, en contradiction avec l'humeur de leur général. Ce dernier était travaillé par son désir de tirer le maximum de ses prisonniers, conscient de la valeur de ce qu'ils savaient, sur eux mêmes et leurs factions. Hyrule subissait depuis des années la tyrannie de guildes dangereuses pour la couronne et le peuple, le temps venait d'y mettre fin. Mais impossible de saisir puis détruire ce qu'on ne voit pas. Avant d'opérer une action salvatrice, le nordique devant en apprendre plus. Si Katrina n'avait pas pu l'aider dans ce but, il plaçait plus d'espoir dans le second interrogatoire. Hâtivement, il fouilla la masse de papier jusqu'à trouver le document qui résumait ce que l'on savait du second prisonnier sur la liste.
Très remarqué par les témoins, décrit comme brave et valeureux. Le premier a s'être opposé à ces "âmes" et un des principaux combattants. Jeune homme, étranger, peu connu avant son coup d'éclat. Et surtout, identifié comme membre potentiel des Rédempteurs. Il fallait faire la vérité sur ce point, c'était la priorité absolue. Si les soupçons s'avéraient vérifiés, alors il faudrait tirer de lui le maximum d'informations possible. Llanistar s'étira bruyamment, fit craquer les articulations de son dos avant de se lever du siège et de se diriger vers la porte. Il tenait toujours le parchemin dans sa main, assimilant ce nom étrange : Endë.

* * *

"Au travail messieurs. La journée sera longue."

Llanistar s'était rendu à nouveau dans la prison et venait d'y retrouver ses hommes, deux capitaines de confiance. Holon ne l'assistait pas dans cette tache, occupé qu'il était à régler les derniers détails du retour de l'expédition. Ces deux officiers étaient reconnus comme de merveilleux instructeurs pour les nouvelles recrues. Ils connaissaient l'art de faire respecter l'ordre et la discipline. C'étaient ces qualités qui avait poussé le général à les prendre avec lui pour cette tache rude que pouvaient être les interrogatoires de prisonniers. A peine avait il franchit la porte de la salle des gardes que déjà les soldats le suivaient de prés. Efficaces et prompts à obéir.
Le nordique marcha le long du principal couloir de la prison, dépassant les cellules les plus spacieuses et confortables, dont une avait accueillit Katrina Skara lors de son séjour, et s'enfonçant toujours plus profondément sous la terre. Finalement, il s'arrêta devant la porte d'une cellule étroite, du type de celle où la lumière ne rentrait pas, mais qui étaient dotées d'une paillasse où dormir. Un luxe que ne possédaient pas les cellules plus lointaines. Il fit alors signe à l'un des officiers de l'ouvrir. La lourde porte de fer grinça sur ses gonds, avant de révéler une forme fine et assez petite. D'un ton où ne perçait aucune compassion, Llanistar appela,


"Prisonnier Endë. Suivez moi."


Eckard Falskord


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Quoi qu'il en soit, cette geôle fut d'un luxe qu'Endë s'était rarement vu la chance de posséder. À vrai dire, il s'agissait-là du troisième lieu de repos le plus confortable qu'il ait pu connaître, après les chambres d'auberges du bourg, et l'immense chambre Gerudo d'il y a quelques temps, maintenant. Quelle ironie ! Le voilà assis sur cette misérable paillasse, se déléctant de celle-ci comme d'un matelas confortable. Le garçon semblait ne pas rechigner à cette pénitence. Il avait là à la fois un toit et un endroit pour dormir. Le son gargantuesque que produisit son estomac ne tarda pas à résonner dans sa cellule, à la suite de quoi il se demanda si on allait lui apporter quelques victuailles, ou s'il devait se sortir d'ici pour en trouver. "Je suis prisonnier" répéta l'homme en son for intérieur, comme pour se convaincre qu'il ne se trouvait guère dans une chambre d'hôte, et que les choses n'allaient pas se passer aussi simplement qu'il ne s'amusait à se l'imaginer. Toutefois, l'homme du Sud-Ouest semblait le plus heureux des pénitenciers. Certains gémissaient de désespoir ou de faim, les plus faibles d'esprit se mettaient à pleurer, même. D'autres encore rouaient de coups les murs et les barreaux, vainement. Le blond demeurait sur sa couche, assis en tailleur, patient comme toujours. Il fermait ses yeux pour les reposer. Cernés de cernes, ses deux globes occulaires rougis par la fatigue n'attendaient que le repos. Obtu, il ne daigna pas céder au sommeil. On n'allait plus tarder à le sortir de là pour l'interroger, à la suite de quoi il restera, ou partira. C'est seulement s'il reste qu'il se permettra un somme probablement mérité, après ces trois jours d'activité sans interruption.

Malgré lui, fermer les yeux s'avéra comme la mauvaise idée pour ne pas somnoler. Le Londëyantien s'endormit aussitôt et se mit à chuter paisiblement vers le royaume des songes. Mais le voyage fut de courte durée, car un bruit strident vint réveiller soudainement le blondinet. Les gonds métalliques de la porte mi-fer, mi-rouille hurlaient dans un son abominable. Les oreilles d'Endë sifflèrent un instant, mais il ne mit que deux secondes pour se lever brusquement lorsqu'il vit un homme bourru face à lui. La tête du garçon se mit à tourner, s'étant levé trop rapidement. Ce vertige ne dura qu'une fraction de secondes. Ses yeux avaient l'air encore fermés tant ses paupières étaient lourdes. Et les poches sous ses yeux lui donnaient un air plus lugubre qu'autre chose. On l'aurait presque comparé à un revenant, en ajoutant à cela son teint plus que pâle. Il était toutefois difficile d'en distinguer quoi que ce soit, tant la luminosité paraissait mourrante en ces souterrains humides.

L'on prononça le nom d'Endë. Ce dernier reconnut immédiatement le général Rusadir, aperçu pour la première fois d'assez loin, lors des Nuits d'Or au bourg. Le haut-gradé lui ordonna de le suivre, ce qu'il fit sans dire mot. L'homme d'or et de blanc commançait à se demander où pouvaient bien se trouver ses effets. On lui avait retiré sa ceinture -neuve- et tout ce qu'elle contenait, sa cape, et sa chaîne. Il remercia les dieux de ne point posséder son épée actuellement, trop de questions lui auraient été posées à ce sujet, des interrogations qu'il se posait lui-même et dont il n'avait pas les réponses.
Deux officiers lui tenaient chacun un bras lors de cette expédition interminable dans les cachots. Le même décor défilait sans cesse, à vive allure, un couloir infini. Le sud-occidental se demandait s'ils en verraient le bout un jour. Pour l'heure, il ne se contenta que de conserver son sang-froid. Le garçon n'était que peu réceptif à la terreur que la prison était sensée inspirer envers ses pénitenciers, il n'était ni effrayé, ni quoi que ce soit d'autre. Simplement serein et prêt à suivre le fil conducteur de cette histoire avec le plus grand intérêt. Après tout, paniquer finirait par rendre les choses plus problématiques, et ce, pour tout le monde.
Endë remarqua une chose. De tous les captifs présents dans ces geôles, aucun n'émit le moindre son en la présence du général et de ses collègues. Était-ce une loi mise en application dans la prison ? Une marque de respect ou que savait-il encore ?

Le silence qui s'était installé lui firent lever les yeux au plafond. Si on voulait lui faire peur en invoquant cette ambiance lugubre, c'était peine perdue. Alors il décida d'y couper net.


"Un peu monotone ce séjour, mmh ? Qu'avez-vous fait du soleil, Général ?"

Loin de lui l'idée de penser à mal, ou de paraître sarcastique. L'ambiance commençait simplement à peser lourd. De plus, il n'était pas bien friand de l'obscurité.


Llanistar van Rusadir


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Une jolie tête blonde, voilà comment le garçon apparut aux yeux de Llanistar. Un gamin, à peine assez vieux pour avoir un début de barbe, à l'air innocent et aux yeux rougit. La fatigue, ou bien la prison l'avait elle déjà fait cédé aux larmes ? Si tel était le cas, il le cachait bien, affichant un masque de sérénité imperturbée. Pourtant, il n'était pas autre chose qu'un gosse qu'on venait d'enfermer loin de la lumière du jour. Nombreux auraient déjà implorés leurs geôliers de les libérer, mais aucun rapport n'était parvenu au général à ce sujet. Cet Endë semblait bien supporter son séjour à l'ombre. Lorsque le nordique lui fit signe de suivre, il s'exécuta sans discuter, aussitôt flanqué par les deux officiers. Ceux ci semblaient légèrement mal à l'aise et Llanistar se souvint d'avoir lu dans les rapports journaliers que l'arme du gamin avait fait jasé au sein de la garde, le forgeron du château qui l'avait examiné ayant affirmé n'avoir fait observé d'arme semblable. Un étranger, cet Endë, et d'un genre peu commun qui mettait les soldats peu à l'aise, craintifs devant l'inconnu. Le général ne leur en voulait pas mais lui, venant lui même d'un autre pays, ne voyait aucun motif de craindre le prisonnier. Il craignait plus que cette sérénité ne devienne acharnement à ne rien révéler, et qu'il doive donc user de la torture. Questionner par la souffrance un enfant en passe de devenir un homme, cela ne pouvait être justifié, en aucun façon. Et il ne s'en sentait pas capable. Tandis qu'ils avançaient dans un silence éloquent dans le long et large couloir de la prison, Llanistar se retourna et croisa le regard calme de son prisonnier, avant de se détourner brusquement, craignant de laisser transparaître son trouble. Si il voulait éviter d'en arriver là, il lui faudrait toute son autorité. Et pour cela, il serait inflexible.
C'est alors que la jeune et mélodieuse voix du garçon vint à ses oreilles,


« Un peu monotone ce séjour, mmh ? Qu'avez-vous fait du soleil, Général ? »

Venant d'une geôle, un rire gras approuva la pique verbale. Ce garçon ne pouvait pas l'avoir provoqué consciemment, il ne pouvait être aussi stupide ! Llanistar stoppa net, imité aussitôt par ses officiers. Après un instant de blanc, lentement, il se retourna, l'air profondément agacé. Un jeu, mais qu'il devait jouer si il voulait éviter d'en arriver à certaines extrémités. Les lèvres pincés en une grimace intimidante, il approcha du garçon et le gifla violemment, du revers de la main de chair. La chevalière des Rusadirs heurta sa joue, lui faisant ravaler sa sérénité. Le nordique détesta ce qu'il put lire dans le regard d'Endë mais il ne regretta pas son geste. L'impertinence ne pouvait pas être tolérée devant ses hommes et d'autres criminels.

« Et ne te plains pas, je ne t'ai pas frappé avec celle d'acier. » Il brandit sa main sombre et lâcha sur un ton qui ne souffrirait pas de réplique,« Les criminels n'ont pas besoin de lumière. »

Sans rien modifier du masque de colère sur son visage, il se retourna et reprit la direction de la salle d'interrogatoire. Difficile de dire comment la prochaine heure allait se passer mais au moins, il ne s'ennuierait pas. Lorsqu'il entra, un soupire faillit quitter ses lèvres. Il allait recommencer son petit jeu d'acteur quand la porte en face de lui s'offrit sur une silhouette qu'il connaissait par cœur.


Eckard Falskord


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Cette gifle donna comme un coup de chaud au garçon. L'air froid de cette cave de pierre s'était depuis bien longtemps imprégnée en lui, chose qu'il n'appréciait pas non plus ; ce qui n'était pas étonnant car sa vie fut en grande partie passée en plein désert. Le coup lui réchauffa donc la joue, puis cette sensation se propulsa comme une décharge éléctrique dans le reste de son corps. Endë resta impassible malgré tout et ne prononça rien qui puisse fâcher encore plus son bourreau. Il ne s'était contenté que de fixer cet homme au crin de jais, du regard le plus neutre qui soit, quoi qu'avec une once d'amusement, peut-être. Une marque rouge commença à se former sur cette joue meurtrie.
Les mots du général surprirent le blond. Un "criminel" ? Lui ? Il retint un sourire avant de devoir se prendre une nouvelle gifle. On n'avait donc rien dit à cet homme ? Ou bien était-il le dernier des imbéciles ? Non. La garde s'était chargée d'arrêter tous les potentiels individus susceptibles d'avoir commis ce grabuge sur la place. Enfin... il y avait des limites, tout de même. Les réels mécréants instigateurs des récents évènements dramatiques se trouvaient dans les geôles, mais le Londëyantien avait-il vraiment besoin de cette étiquette de "criminel" collée sur lui dès à présent ? Il n'avait pourtant pas la tête de l'emploi.
Le sud-occidental allait rétorquer immédiatement aux propos plus que déplacés de Rusadir, mais ne fit qu'entrouvrir la bouche. Sa langue avait suffisamment tourné pour annoncer un nouveau sarcasme qui ne le sauverai certainement pas d'une nouvelle douleur immédiate. Il se retint, sachant pertinemment qu'il s'agissait-là d'une bien sombre idée. Et puis, le garçon ne devait surtout pas jouer à ce jeu-là. Pas avec cet homme.
Lui qui était sans nul doute la clé de voûte permettant de mettre en route chaque engrenages menant à l'objectif d'Endë, lui qui est le général de l'armée hylienne, lui qui est un fervent défenseur de la justice et un proche de la souveraine du royaume. Le blondinet se ressaisit sans plus tarder. Quelle bourde avait-il commise ? Lui-même qui souhaitait devenir un garde et demeurer dans les petits papiers de la princesse... Quel idiot il put être en cet instant.
Endë ne fit pas la concession de s'excuser, pensant que cela allait le faire passer pour un simple soumis à l'autorité -ce qui était indubitablement le cas- et un couard comme tant d'autres prisonniers séjournant aux alentours. Ses excuses allaient demeurer dans son esprit, ou bien finiraient par sortir lors de ce fameux interrogatoire.
Par-dessus tout, le garçon allait devoir faire preuve de bon sens et de jugeote. Aucun mot de travers ne serait toléré et il le savait. C'était une occasion en or pour lui que d'avoir un entretien avec le général des armées d'Hyrule. Mais avant de sombrer dans ses utopies personnelles, il devrait clâmer son innocence et prouver sa valeur. Ce qui ne se présentait pas comme une tâche aisée, malheureusement.

Enfin, une porte finit par apparaître devant ceux qui déambulaient dans les couloirs obscurs de la prison. Celle-ci s'ouvrit mais l'homme de blanc et d'or ne put y voir quoi que ce fut à l'intérieur. Le général se trouvait toujours devant lui, seul son dos était visible, ainsi que sa longue crinière ondulée.
La suite des évènements ne tarderait plus à se dévoiler.


Orpheos


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Les murs de la prison étaient humides… Dans le sous-sol du château d’Hyrule, l’air était dense et la pénombre grande. Tout ce que pouvait apprécier Orpheos, en réalité. Car depuis quelques temps, lorsqu’il venait se réfugier dans les ténèbres, il s’y sentait… terriblement bien.

Le chancelier avait été absent d’Hyrule pour quelques temps, et voilà que le jour-même de son retour, de terribles nouvelles lui étaient parvenues. Les multiples catastrophes naturelles qui s’étaient abattues sur le royaume, la tentative d’assassinat de Zelda au château-même, la rixe sur la place du marché interrompue par Llanistar…

C’était pour cette dernière affaire qu’il était descendu dans les sous-sols. Intrigué par le fait que ce soit justement Llanistar qui soit intervenu, il voulait savoir ce qui avait pu le pousser à agir. L’affaire avait dû couvrir une importance certaine.
Sans doute était-il descendu dans les prisons parce qu’il s’en voulait d’avoir manqué tant d’affaires graves, en son absence. Il était furieux contre lui-même de ne pas avoir été présent, lorsqu’on avait tenté de tuer sa royale amie, et il s’était promis de rattraper ce faux-pas qu’il ne se pardonnait pas.


Tout à coup, les oreilles du chancelier captèrent un bruit de pas familier. Une démarche qu’il ne connaissait que trop bien. Et lorsque la porte s’ouvrit pour lui laisser voir son bien aimé, il put sentir son corps reprendre vie. Même les traits tirés, et le cheveu moins vif, Llanistar lui semblait toujours aussi beau. Et même si le général avait enfilé son masque le plus sévère, Orpheos crut deviner la naissance d’un sourire sur ses lèvres, durant un très court instant. Mais le regard que les deux hommes s’échangèrent en disait déjà long, sur le plaisir qu’ils avaient de se retrouver.

Même si c’était pour auditionner un vulgaire prisonnier… Quoique, lorsqu’on amena le captif dans la pièce, Orpheos ne le trouva pas si grossier. C’était un jeune homme au visage d’enfant, aux grands yeux de couleur ambrée, et aux cheveux blonds comme le blé. Et quand Llanistar se déplaçait avec assurance, le garçon paraissait un peu perdu dans cet endroit sombre. Mais qui aurait pu lui en porter préjudice ?


-Salut à vous, général Rusadir,
déclara Orpheos d’un ton solennel destiné à masquer sa joie de le retrouver.

Le regard perçant du dignitaire ne s’attarda guère sur Llanistar, par peur de lui sourire en des circonstances qui ne le permettaient pas, pour se concentrer sur le jeune homme. Il avait une joue rosie.


-Vous devez être étranger pour porter de tels habits ? lui lança Orpheos. Asseyez-vous.

Le chancelier lui-même était assis sur une vieille chaise inconfortable, à côté d'une grande table au bois rugueux. Les bras croisés, il observa les deux hommes évoluer devant lui en silence, l’air plus inquisiteur que jamais. Il savait ce que Llanistar devait penser : Orpheos, en tant que Chancelier des Beaux-arts, n’était pas forcément à sa place en ces lieux. Non, il était là en tant que Sheikah, un protecteur de la Famille royale… Veiller à interroger les criminels faisait partie de la tâche de protection du Royaume, et de sa Famille au pouvoir.


Llanistar van Rusadir


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Orpheos, l'homme le plus beau d'Hyrule aux yeux de Llanistar, celui qui habitait son coeur et partageait son lit depuis plusieurs mois déjà. Chaque courbe de ce corps, chaque boucle de cette chevelure abondante, chaque pouce de sa peau, tout cela, le nordique avait l'impression de le connaître par coeur. Même si il s'était souvent interdit de dormir, il passait rarement ses nuits de repos sans son amant auprès de lui, au moins pour quelques heures. Ces instants de secret n'appartenaient qu'à eux, c'était ce qui faisait leur valeur. Or, cela faisait plusieurs nuits que les deux hommes n'avaient pu en profiter. Souvent, Llanistar ne pouvait se le permettre, une fois c'était Orpheos qui s'était absenté sans prévenir. Comme si il cachait quelque chose. Mais le général ne croyait pas à une fourberie, il ne l'avait même pas imaginé. Il savait que le chancelier vivait mal la trahison de Dun et récemment, la tentative d'assassinat sur la personne de la Princesse Zelda. Au moins partageaient ils cela également...

Nul mot ne s'échangea entre eux au premier abord. Les yeux dans les yeux, ils se criaient par leurs âmes un amour inaudible, car impossible. Personne ne devait savoir pour eux, ne devait comprendre ce qui les unissait. Hyrule n'avait pas besoin de cela. Parfois la vérité ne suffit pas. Parfois le peuple méritait mieux : une lueur d'espoir, un beau mensonge auquel se raccrocher. Llanistar n'était pas sur de la réaction des sujets si ils apprenaient à quel amour il s'adonnait, mais il avait vu et subit les effets de l'intransigeance du peuple et de la religion. Il ne prendrait pas à nouveau ce risque. Son visage resta de marbre tandis qu'il disait avec les yeux ce que sa raison lui interdisait de crier.


*Je t'aime.*

-Salut à vous, général Rusadir,

-Chancelier des Arts Orpheos, c'est un honneur que de vous trouver ici.

Orpheos, en excellent acteur, détacha son attention de son amant et s'intéressa au prisonnier. Le jeune Endë avait décidément droit à beaucoup d'honneurs. La présence des deux dignitaires, de haut rang, l'intimiderait sûrement...Et c'était à espérer. Llanistar connaissait ses limites, il saurait arrêter l'interrogatoire si le garçon montrait des signes inquiétant. Mais le chancelier, certainement craintif pour son amie, la princesse, n'aurait peut être pas ce contrôle.

-Vous devez être étranger pour porter de tels habits ? Lança Orpheos, la voix froide. Asseyez-vous.

Llanistar alla s'installer debout, à côté d'Orpheos. Il le laissa prendre la chaise et s'établir comme le chef. Les deux hommes allaient jouer une superbe pièce. Celle du gentil et du méchant garde. Celle qui marchait toujours.

-Qui êtes vous ? Commença t'il.


Eckard Falskord


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L'homme qui s'était présenté se trouvait en revanche, inconnu aux yeux du garçon. De par ses parures et sa façon de se tenir, il était évident qu'il s'agissait-là d'un homme important. Et la voix du général ne fit que confirmer les impressions d'Endë : "Chancelier des Arts, Orpheos", voilà donc qui il était. Une place assurément plus enviable que celle de Llanistar au sein de la bourgeoisie hylienne. L'homme en question était mince et léger, mais semblait toutefois fort. Oui. Ces deux personnages dégageaient une personnalité imposante, sans pour autant se faire écrasante. Un sentiment étrange hérissa les poils du blond lorsqu'il les vit tous deux face à lui. Ces gens sont importants, c'est indéniable. Le garçon réalisa la chance qu'il avait de se retrouver en leur présence, à tous les deux. Et ceci dans une pièce confinée, minuscule, où rien n'échapperait à leur vigilance. Le Londëyantien était à la fois terrorisé et pris d'une excitation sans pareille. De nombreuses questions lui venaient à l'esprit sans pour autant qu'il puisse en poser la moindre. Car ce n'était pas, et strictement pas à lui de poser les questions, mais à eux.
Le garçon ravala difficilement sa salive et tâcha de garder son calme comme il savait si bien le faire -c'était un réel don chez lui- et regarda chacun de ces interlocuteurs dans les yeux pour leur répondre à tour de rôle, Orpheos le premier.


"Je suis bel et bien un étranger, et mes vêtements viennent d'une cité prospérant loin vers les mers de l'Ouest. Mon nom est Endë Menelmar Yana. Je suis l'unique descendant de feu l'ex-général des armées d'Andùnësil. Je n'ai rien pour vous prouver tout ceci hormis la valeur de mes frusques, ainsi que ce petit grimoire accroché à ma ceinture, dont vous vous êtes saisi plus tôt."

Endë réalisa plus tard qu'aucun hylien ne connaissait le langage runique de Londëyanta. Qu'importe après tout, mentir n'aurait guère le moindre intérêt ici, et cela lui apporterait plus d'ennuis qu'autre chose, d'autant plus qu'il était du genre à ne rien cacher.
Orichalcum, sa chaîne magique, était aussi en détention avec le reste de ses affaires comme sa cape et ses sacoches. Grand bien lui fasse pour son épée toujours portée disparue... Quoique cela lui aurait fait une preuve supplémentaire pour appuyer ses propos. Endë se sentit idiot alors, et l'on pouvait distinguer ce petit dérangement au pincement de sa lèvre inférieure. Si seulement l'un d'eux pouvait connaître plus ou moins Londëyanta, les choses seraient plus simples, mais il ne fallait pas se faire d'illusions. Cette ville était bien loin d'ici. Beaucoup trop loin.

Le regard du sud-oriental resta franc en toutes circonstances. Et sa façon de fixer les deux hommes d'une façon presque plus attentive que la leur n'allait probablement pas manquer de les faire tiquer à un moment ou un autre. Le garçon se garda bien d'insister sur les détails car là n'était pas le but, sauf si la noblesse décidait d'en savoir plus que cela, bien sûr. Et il y avait beaucoup à dire.


Llanistar van Rusadir


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Llanistar était soulagé par l'attitude du jeune homme. La perspective de devoir en venir à la torture s'éloignait, et ce pour le bien de tous. Il dit s'appeler Endë, clairement pas un nom de ce pays ni du monde connu d'Artensir. En revanche, le nom de son pays évoqua au nordique quelque chose, comme un vague souvenir d'une page où était inscrit ce mot. Avait il lu un ouvrage traitant de cette contrée ? Sans doute. Sa mémoire ne le trompait que rarement et quelque chose chez le jeune garçon lui rappelait son continent. Cet Endë connaissait peut être l'empire... Mais ça n'était pas important. Inutile de l'embrouiller. Si il voulait bien jouer franc jeu, autant ne pas abuser de sa bonne volonté. Voyant que Orpheos restait songeur et désireux de ne pas laisser traîner l'interrogatoire, Llanistar se pencha sur la table, fixant le suspect, et affichant clairement une méfiance hostile, il lui demanda d'une voix ferme,

"Bien. A présent donnez nous votre version des évènements qui se sont déroulés sur la place du marché ? Des témoins vous ont clairement vu provoquer un groupe de criminels et d'autres vous ont décrit comme un criminel aliéné, vous même. Qu'avez vous à y répondre ?

Coup de bluff, rien de plus. Les témoins étaient élogieux sur le garçon, certains exagérant même son apparition, le décrivant avec des ailles blanches...Contrecoup de la peur qui s'était emparés d'eux durant cette journée. Mais si Llanistar savait ne pas devoir se fier aux plus irréalistes, tous les témoignages indiquaient une certaine bravoure et un dévouement remarquable. Tout cela pour la vie d'un nouveau né. Ca n'était pas de cela qu'Endë devrait répondre, mais de son implication très probable dans cette organisation secrète dont Katrina lui avait déjà un peu parlé. Le noyau dur de l'interrogatoire se jouerait là, mais il fallait déjà faire comprendre au garçon qu'il ne risquait rien à ce sujet, sans pour autant relâcher la pression sur lui. Llanistar tenait à avoir des renseignements sur cet ordre clandestin. Et il ne lâcherait pas.


Eckard Falskord


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Le Londëyantien pouffa presque à la question de son tortionnaire. Lui, un criminel ? Peut-être y avait-il du vrai là-dedans, après tout. Car si Endë n'eut été ici, cette escarmouche aurait-elle eut lieu ? C'était lui et uniquement lui qui répondit aux provocations de ce fou furieux menant le peuple par le bout du nez. Une chance d'ailleurs, car l'homme au masque se serait retrouvé bien seul. Endë avait le goût du risque et de l'amusement, et il était bien plus fourbe que l'on eut pensé, surtout de par ses mots souvent tranchants. Preuve en est la réaction immédiate du danger public à la place : dès que le blond eut parlé, ils s'enflammèrent tous. Une gueule d'ange mais une langue affutée comme un rasoir. Cette certaine maîtrise de la conversation et de la répartie qu'il avait apprise dans les livres mais dont il avait peu usé, jusqu'à maintenant. Le garçon savait l'utiliser au bon moment. Il ne suffisait que de quelques mots, il ne parlait d'ailleurs que très peu. Mais cela lui a valu cette gifle monumentale tout à l'heure, sa joue en était encore rougie. Il ne fallait pas jouer. Son avenir en dépendant, et le blondinet ne souhaitait absolument pas s'attirer les foudres de personnes aussi importantes que ces deux hommes.

"Oh, ces criminels sont les premiers à m'avoir provoqué, je me suis uniquement contenté de leur renvoyer la balle. De plus, leurs actes sont -et vous en conviendrez- des plus détestables. Prendre un nouveau-né en otage et répandre son sang... c'est tout simplement immonde. J'ai alors décidé de me rabaisser à leur niveau grâce à la provocation. Ce qui eut l'effet escompté."

Le sud-occidental marqua un temps de pause, prenant une forte inspiration pour soupirer ensuite bruyamment, comme exaspéré. Il n'avait pas une seule seconde délogé ses yeux de ceux du général Rusadir, prouvant son honnêteté. Hélas, ce n'est probablement pas cela qui le sauvera, car ne connaissant point l'homme face à lui, cela pourrait être prit comme une sorte de provocation. Et si le général était susceptible, les déesses seules savaient ce qui arriverait à Endë. Il reprit alors, choisissant de jouer une nouvelle carte de sa manche.

"Ces dites "âmes", les individus fauteurs de troubles sur cette estrade... vous avez pu voir de vos propres yeux qu'il s'agissait là de gens dangereux. Ils n'ont pas hésité un seul instant avant de mettre la ville à sac. Les dégâts auraient été irrémédiables sans votre arrivée. Leur objectif était certainement prévu depuis bien longtemps." Le garçon reprit son souffle une nouvelle fois, puis continua. "Selon votre jugement, vous pourrez me considérer coupable de ce qui s'est produit au bourg d'Hyrule, car je ne suis pas exempt de toute faute. Mes mots ont hâtisé leur haine. Toutefois, j'étais désarmé... je ne comprends pas qu'on puisse me qualifier de "criminel aliéné" !" termina-t-il en riant.

Et ce fut sans compter cette barre de fer qu'il avait ramassée, mais en aucun cas elle ne lui avait servit pour blesser. La défense seule en fut son utilité, malgré toutes les attaques magiques qui furent envoyées à tort et à travers dans la place, blessant la plupart des citoyens présents sur les lieux en cet instant.
Le fait d'avoir les mains liées entre elles commençaient à faire souffrir le blond. Il sentait un certain malaise en plus de cette pression qui régnait en maîtresse sur les lieux. Endë reprit alors, sur un ton plus grave et solennel.


"Vous êtes mon seul juge, général."


Orpheos


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Orpheos ne cessa pas un seul instant d’observer ce jeune Endë. Pas seulement parce qu’il était beau garçon -ces frivolités n’avaient pas à entrer en compte dans un interrogatoire- mais parce qu’il cherchait à cerner sa personnalité. Au premier abord, il ne percevait rien de négatif en lui.

-Oh, ces criminels sont les premiers à m'avoir provoqué, je me suis uniquement contenté de leur renvoyer la balle. De plus, leurs actes sont -et vous en conviendrez- des plus détestables. Prendre un nouveau-né en otage et répandre son sang... c'est tout simplement immonde. J'ai alors décidé de me rabaisser à leur niveau grâce à la provocation. Ce qui eut l'effet escompté.

-Un effet tel que vous avez fini par vous retrouver ici, le reprit Orpheos. Continuez.

L’étranger ne répondit pas à la pique du chancelier, le regard concentré sur Llanistar. Il reprit son discours devant les deux hommes, mais Orpheos eut la tête ailleurs. Cela lui arrivait fréquemment depuis quelques jours, de se mettre à réfléchir sur ce qu’il devait faire… Les Ombres lui faisaient de plus en plus sentir leur présence, à travers ses rêves, mais aussi dans la réalité. Et il avait l’impression d’être observé en raison de cette présence, y compris par Llanistar.

Avait-il remarqué quelque chose de suspect en lui ? Sans doute, mais Orpheos espérait qu’il ne puisse pas mettre de mots sur… "ça".
Il pensait de plus en plus à un nouvel exil, temporaire, pour s’accoutumer à cette nouvelle force magique… Oui, c’était la meilleure solution.


-Vous êtes mon seul juge, général.

Orpheos sortit de sa rêverie pour revenir à l’interrogatoire. Endë paraissait sous pression, mais devant le regard que lui lançait Llanistar, il ne pouvait que le comprendre. Mais le général devait l’avoir compris et ressenti : leur prisonnier n’était qu’un gamin. Peut-être pas un innocent, peut-être un mercenaire, mais au moins quelqu’un qui se battait contre l’Ennemi du désert.

-Vous ne me paraissez pas hostile à la Couronne,
lâcha soudain le dignitaire. Mais votre seul juge est le général, il est vrai.

Le chancelier des Beaux-Arts se leva de sa chaise, et contourna la table. Cet Endë faisait face à un empathe, en la personne de Llanistar, et Orpheos faisait clairement confiance à ce dernier pour débusquer la moindre pulsion de malveillance chez leur prisonnier. Il se tourna vers son amant et collègue.

-Je m’en remets à vous, général. Certaines affaires m’attendent pour être réglées… ajouta-t-il, mystérieux.

Orpheos sortit alors de la pièce, en laissant à Llanistar un dernier regard équivoque.

Le chancelier disparut quelques heures plus tard du château, en n’ayant déposé qu’une seule et unique lettre dans la chambre de son bien-aimé. Une lettre qui lui demandait de ne pas l’attendre, et lui expliquait qu’il devait partir… pour mieux revenir.