"Vos paroles sont du poison"

Première réponse pour Valéria

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Abel Del Naja


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De longues semaines avaient passé depuis qu’Abel s’était rendu au château pour faire valoir les droits qui étaient logiquement les siens. Devant la noblesse d’Hyrule qui avait déjà eu l’occasion de le croiser, il s’était illustré par une insolence dont tous ces pleutres cachés derrière leurs murs se souviendraient.

La dernière fois qu’il était venu au château, cela avait été pour réclamer l’achat de terres paysannes – à l’encontre du souhait de leurs habitants, mais qu’importait. Un comptable l’avait reçu en lieu et place pour sceller cet achat, en l’informant qu’il tiendrait compte de ce contrat à la princesse Zelda. Il savait qu’il y’aurait peu de chance de plaire à la jeune fille, en conséquence, si jamais elle venait à le recevoir en audience. Elle ne souhaiterait sans doute pas voir ces terres rachetées par un noble inconnu venu d’un pays trop lointain, mais son pouvoir serait de toute façon supplanté par celui d’Abel. Peu importait le pouvoir décisionnel accordé par le statut royal ou celui, magique, accordé par les Déesses : l’argent serait toujours le plus fort. En temps de paix comme en temps de guerre, il n’y avait rien de plus puissant que l’argent. Le monde entier ployait le genou devant, priant pour en avoir toujours davantage, comme s’il s’agissait d’une divinité intemporelle qu’aucune autre ne pourrait remplacer dans les folklores populaires. Abel était comme un membre puissant dans la hiérarchie de cette religion sans foi ni déité. Son argent était le pouvoir qui lui accordait de faire ce que bon lui semblait.


Abel était revenu au château et cette fois, les gardes le laissèrent entrer sans hésitation. Non seulement parce qu’il faisait désormais partie de la liste des invités permanents au château, mais également parce que les portiers se souvenaient d’ô combien cet étranger pouvait être menaçant. Du moins, c’était ce qu’Abel se plaisait à penser.
Le noble venu de loin s’arrêta au milieu du sentier. Ses yeux se promenèrent un moment sur l’immense château qui lui faisait face, jusqu’à ce qu’ils se lèvent pour contempler la plus haute tour qui surplombait toute la région environnante du bourg d’Hyrule. L’édifice devait très certainement se distinguer du reste, depuis une montagne telle que le Mont du Péril. Abel aimait cette démesure.

Toutefois, il avait ouïe dire qu’un autre seigneur avait bâti une forteresse plus immense encore. Il serait curieux de voir ça.

-Abel Del Naja ! s’exclama un nobliau en voyant Abel pénétrer la cour intérieure du château. Vous êtes finalement revenu traîner par ici. Qu’est-ce qui vous ramène parmi nous ?
-Pas vous, très certainement. Je viens régler une affaire concernant mes terres.
-Terres qui ne sont originellement pas les vôtres.
-L’argent règle chaque problème. Bien, je dois me passer de votre "agréable" compagnie pour partir voir le comptable royal. A très bientôt, mon petit monsieur.

Les lèvres d’Abel se retroussèrent quand il vit, sur celles du nobliau, se dessiner un terrible mécontentement. "Mon petit monsieur" était efficacement réducteur, et tant mieux. Abel méprisait sincèrement ces nobles d’Hyrule qui accueillaient si mal les étrangers, comme lui, capables de leur tenir tête. Avec mauvais esprit, l’on pouvait penser que c’était la première raison de rejeter ce fameux seigneur du désert dont Abel entendait sans cesse parler.

Le jeune aristocrate parcourut les couloirs d’une démarche de conquérant. Les tapis rouges sur lesquels il marchait semblaient n’être déroulés que pour mieux soigner son entrée en ces lieux. Oh oui, on entendrait parler de lui… Tout le monde finirait par connaître cet étranger qui aurait acheté de plus en plus de terres hyliennes, et qui aurait fait fortune plus que n’importe qui ; peut-être plus que la princesse Zelda elle-même, surtout si elle venait à tomber de son trône.

Avant de faire face au vieux visage dévasté du comptable, Abel décida de voir quelque chose de plus joli d’abord, et de faire un détour par le parc qu’il n’avait encore jamais vu. Le parc était spacieux, vert, chatoyant, pourtant Abel aurait attendu mieux venant d’un jardin royal – il était difficilement impressionnable.
Pourtant, lui apparut une vision qui embellit tout à coup le parc. Il trouva face à lui la plus belle créature qui lui ait été donné de voir entre ces hauts murs.


-Bonjour belle enfant,
commença-t-il, n’habitez-vous pas chez vos parents ?

La demoiselle avait le visage d’une poupée de porcelaine, et les cheveux d’un châtain au reflet soyeux. Ses lèvres étaient bouton de rose, et Abel eut très vite envie d’y poser les siennes.
A bien la jauger de haut en bas, en fait, il pensa qu’il voudrait bien se la serrer immédiatement.


Valéria de La Varenne


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« Non Gary, pour la je-ne-sais-combien-de-fois, je peux y aller seule ! »
« Valéria, votre mère ne souhaite pas vous voir sortir sans escorte lorsqu’elle se trouve en réunion avec le reste de la noblesse. »
« Allons-bon, et que craint-elle ? Qu’une feuille m’agresse ? Qu’un arbre m’assomme avec son ombre ? »

La voix de la jeune femme montait dans les aigus, signe de son agacement. Le vieux garde soupira, ayant laissé depuis longtemps sa fougue derrière lui. Il ne lui restait que son calme face à la jeune noble, et parfois même, cela ne suffisait pas. Une nouvelle fois, il allait céder au caprice de Valéria, juste pour avoir quelques minutes précieuses de paix.

« Si vous restez dans la cour intérieur, il y a en effet peu de risque. »
« Tss, je ne vais pas aller me mêler à la foule dans cette tenue ! Ces gueux pouilleux et dénudés du sens des bonne manières me la ruineraient rien qu’en posant les yeux sur elle. Vous n’avez plus toute votre tête Gary ! »

Et elle s’en alla, claquant les talons en tournant le dos au vieil homme. Il gratta son crâne dégarni. Il avait évité le cœur de la tempête, et il était agréablement surpris du départ précipité de la jeune fille. Au moins, elle ne lui ferait pas subir sa traditionnelle avalanche de moqueries. Mais il se promit d’aller vérifier la présence de la brune d’ici quelques temps, par respect du devoir qui lui était confié. En attendant, il alla prendre l’air sur les remparts, profitant se cette solitude chérie.

Ses talons claquaient dans les couloirs vides, résonnant entre les pierres. Vides ? Pas vraiment. Les autres serviteurs avaient entendu la voix haute perchée de Valéria, et avaient trouvé refuge pour ne pas subir son courroux. Ils connaissaient tous la jeune femme pour les nombreuses fois où elle accompagnait sa mère au château. Mais elle avait le pas décidé, et se dirigea vers la destination promise : le parc.
Le parc avait toujours été son repère lors de ces réunions interminables. Sa mère avait bien tenté de lui faire assister à l’une d’elle, mais le comportement de la jeune fille avait coupé court à celle-ci. Trop mielleuse avec les plus hauts qu’elle, elle ne cachait pas non plus son mépris pour les nobles de bas étages. Sa mère se jura de lui enseigner la conduite à tenir, mais n’en avait pas encore trouvé le courage. Aussi, elle laissait la jeune femme en compagnie de Gary.

Elle alla s’installer sur un banc, qui avait accueilli nombre de ses réflexions. Coquetterie ou secrets, Valéria était libre de penser quand elle était seule. Elle soupira, profitant de cet instant pour examiner ses mains. Ses pensées allèrent un moment vers Cassandra, mais une présence lui fit relever la tête.
Elle ne connaissait pas ce visage, mais elle sut instantanément de qui il s’agissait. Son arrivée n’était pas passée inaperçue, et la cour en avait parlé pendant des jours, et le sujet revenait souvent dans la conversation. Aristocrate ambitieux, Abel Del Naja avait su marquer les esprits, et Valéria ne s’était pas gênée pour participer aux commérages. Elle l’étudia donc de bas en haut, avant qu’il n’arrive près d’elle.


-Bonjour belle enfant, n’habitez-vous pas chez vos parents ?

Allait-elle lui rire ou nez, ou lui exprimer son mépris en pleine figure ? La jeune femme fut tentée de rentrer dans son jeu. En réalité, il l’intriguait. Fraichement arrivé, catalogué comme étranger, il avait pourtant eu le culot d’acheter des terres hyliennes, provocant un émoi sans pareil. Il se pourrait bien qu’il puisse être utile par la suite, plus vif que nombres de nobles, sa mère y compris.

« Lorsqu’on est bien éduqué, on commence par se présenter avant d’aborder une inconnue, Messire. Je ne voudrais pas appeler les gardes à cause de votre manque de justesse. »

Sa langue claqua sur les derniers mots, tranchants. Elle allait la jouer grande dame, que cet aristocrate sache à qui il avait à faire. Elle était noble par le sang, elle, contrairement à lui, et elle comptait bien lui faire savoir.


Abel Del Naja


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A vrai dire, il pensait déjà connaître cette jeune dame à qui il faisait face. N’était-ce pas celle dont le caractère alimentait une bonne partie des potins qu’Abel avait pu entendre, parmi la classe haute de la société d’Hyrule ? Quoiqu’il en soit, son minois n’en laissait rien présager. A part peut-être son regard : deux grands yeux noisette qui dévisageaient Abel de manière insistante, et qui trahissaient la condescendance naturelle qu’entretenait la jeune fille. Soit ! Abel aimait les proies difficiles à saisir.

-Lorsqu’on est bien éduqué, on commence par se présenter avant d’aborder une inconnue, Messire. Je ne voudrais pas appeler les gardes à cause de votre manque de justesse.

Piquante… Abel n’apprécia que davantage. Inutile de jouer les fausses effarouchées, pensait-il. Ce genre de façade glacée, construite pour cacher un caractère brûlant, n’était pas utile face à lui.

-Remettriez-vous en cause mon éducation tout juste parce que je ne viens pas de la noblesse d’ici ? Notez que c’est tout à fait le genre de manières qu’ont la plupart des personnes fréquentant ce château, sourit Abel. Je me demande donc qui finit par en manquer.

La pique pouvait être prise à titre personnelle. Au château, Abel avait déjà entendu parler de cette jeune noble comme étant "la Dame aux caprices" ; ce qui n’était guère glorieux quand on savait que presque chaque noble était un capricieux né.

-Mon nom est Abel. Abel Del Naja, de mon nom complet – un nom qui jure avec ceux d’ici, j’en conviens, mais je ne suis pas prêt à le dissimuler pour renier mes origines. Aussi lointaines soient-elles.

Et elle, qui était-elle ? Que représentait-elle à Hyrule ? Faisait-elle partie des plus grandes et des plus riches familles nobles d’Hyrule ? Son statut lui permettait-elle d’être aussi libre que lui voulait l’être ? L’intérêt d’Abel pour elle évoluerait selon les réponses qu’il obtiendrait. Il ne voulait perdre son temps qu’avec des gagnants.

-Vous ne m’avez toujours pas répondu… Oh non, je pense bien savoir qui vous êtes, mais je veux dire : vivez-vous toujours sous la tutelle de vos parents ? J’aimerais savoir jusqu’à quel point vous êtes libre. Jusqu’à quel point je pourrais profiter de votre charmante compagnie.

Le sourire en coin d’Abel n’aurait pu être plus équivoque.  


Valéria de La Varenne


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Agréable surprise, l’aristocrate ne se laissa pas démonter, et peut-être encore mieux, il ne sembla pas offusqué de son jeu. Mais il ne s’arrêta pas là et ça, elle ne l’avait pas prévu. Elle avait trop tendance à penser que les nobles étaient des mollassons sans répartie directe, mais avec de sacrées langues de vipère une fois dans votre dos. Elle en était un exemple parfait.

-Remettriez-vous en cause mon éducation tout juste parce que je ne viens pas de la noblesse d’ici ? Notez que c’est tout à fait le genre de manières qu’ont la plupart des personnes fréquentant ce château. Je me demande donc qui finit par en manquer.

Le mufle ne se défit pas de son sourire, mais réussit à enlever le sien à Valéria une toute petite seconde. Son visage se crispa de mécontentement et de rage, mais revient à la normale la seconde d’après. Elle, sans manières ?! Elle lui ferait payer cet affront plus tard, mais en attendant, elle devait rester la dame parfaite. Elle n’était pas comme sa mère elle, qui se promenait partout seule depuis la mort de son mari, sans chercher à remplacer l’homme de la maison.
L’aristocrate lorgnant sur un titre de noblesse lui donna enfin son nom. Elle avait déjà eu connaissance du prénom, mais le reste ne lui fit ressentir que du dégout. Abel Del Naja… Oui, tout ceci sonnait trop peu hylien pour qu’elle ait envie de lui accorder de l’attention. Mais l’homme avait brillamment joué ses cartes, et maintenant ses actes passés et à venir importaient plus que son nom de barbare exotique.


-Vous ne m’avez toujours pas répondu… Oh non, je pense bien savoir qui vous êtes, mais je veux dire : vivez-vous toujours sous la tutelle de vos parents ? J’aimerais savoir jusqu’à quel point vous êtes libre. Jusqu’à quel point je pourrais profiter de votre charmante compagnie.

Ainsi donc, il la connaissait. Elle savait les bruits qui couraient sur elle, lesquelles de ses frasques avaient fait assez de bruit pour être connues d’un grand nombre, et tout ça grâce à sa relation clandestine avec Cassandra. Elle avait pu lui donner un regard que bon nombre de nobles n’avaient pas, et il faut dire que la jeune brune savait en user. Plus elle ferait parler d’elle publiquement avec ses caprices, moins on se pencherait sur ses petits secrets. Ce qui n’était pas le cas de tous les nobles, dont certains se faisaient surprendre avec leur maitresse ou pire, leur amant.
Elle fit mine de ne pas prêter attention à son rictus explicite. Joue la sotte ma fille lui avait-on appris.


« La bienséance veut que je ne quitte point le domicile de ma mère avant d’avoir trouvé un parti convenable pour ma famille, aussi ma liberté s’arrêtera à ce parc aujourd’hui. Mais je pense que cela sera largement suffisant pour l’instant, n’est-ce pas messire Del Naja ?»

Elle s’interrompit, tandis qu’un homme passa non loin d’eux, traversant le château. Il leur jeta un coup d’œil, fit une mine interrogative, mais quand il reconnut l’un puis l’autre personnage, il fila sans demander son reste. Était-ce une bonne chose pour Valéria qu’on la voit avec cet étranger ? A vrai dire, elle s’en fichait. Si elle le voulait, il deviendrait son nouveau caprice, surement au grand damne de sa mère.

« Les murs ont des oreilles, mais je suppose que cela ne vous atteint pas, vous dont les actes ont précédé votre arrivée au sein même des discussions. Mais dites-moi…» Elle tapota ensuite la place juste à côté d’elle sur le banc, l’invitant à s’assoir. Elle lui faisait un véritable honneur ! « Je suppose que vous n’étiez pas convié à la réunion de noblesse d’aujourd’hui. Que faites-vous là ? »

Elle n’hésitait pas à lui rappeler que pour l’instant, même s’il se comportait comme un membre de la cour avec ses achats controversés, il restait à l’écart de la noblesse en elle-même -et elle voulait s’assurer que ses propres informations étaient à jour- afin qu’il cesse de la toiser comme il le faisait. Il faut dire qu’elle avait assez mal pris la remarque sur ses manières, et que ce n’était qu’un avant gout de son ressentiment. Elle lui souriait toujours cependant, parfaite petite noble pour quiconque les observerait de loin.


Abel Del Naja


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S’il y’avait une chose qui trahissait difficilement, c’était le regard. Tout un chacun le savait. Mais il y’avait pourtant certaines personnes assez douées pour revêtir un autre état, une autre émotion dans leurs yeux, dans le seul but de mentir impeccablement. Plus Abel regardait la créature qui lui faisait face, et plus il avait la sensation que celle-ci appartenait précisément à ce genre de personnes. Les nobles pouvaient bien être stupides -Abel le constatait encore régulièrement- mais ils pouvaient aussi être les pires fourbes qui soient.

-La bienséance veut que je ne quitte point le domicile de ma mère avant d’avoir trouvé un parti convenable pour ma famille, aussi ma liberté s’arrêtera à ce parc aujourd’hui. Mais je pense que cela sera largement suffisant pour l’instant, n’est-ce pas messire Del Naja ?

Oh oui, ce sourire ingénu n’était définitivement qu’un jeu d’actrice. Des yeux, Abel fit le tour du parc comme s’il s’appropriait la scène sur laquelle tous les deux jouaient, avant de lancer une réplique onctueuse.

-Nous aurons le temps d’être libres de nos mouvements plus tard… Dame Valéria, est-ce bien votre prénom ?

Une simple question rhétorique. De toute façon, Abel remarqua que l’attention de son interlocutrice s’était un instant portée sur un serviteur qui passa non loin d’eux. Que penserait-on de lui, quand on commencerait à le voir fréquenter les gens de la haute société, comme Valéria ? Il se demanda également si elle pensait au même genre de choses, en l’instant même. La perception des autres revêtait tant d’importance, dans le monde si fermé et si cruel des riches personnes.

-Les murs ont des oreilles, mais je suppose que cela ne vous atteint pas, vous dont les actes ont précédé votre arrivée au sein même des discussions.

Abel tiqua. Il était curieux de savoir quelle réputation on essayait précisément de lui construire ici.

-Mais dites-moi… reprit Valéria en l’invitant -finalement !- à s’asseoir sur le même banc, je suppose que vous n’étiez pas convié à la réunion de noblesse d’aujourd’hui. Que faites-vous là ?

Une piqûre de rappel pour remettre Abel psychologiquement hors de la cour royale ? L’attention l’amusa presque ; en tous les cas, il ne s’en offusqua pas.

-Je n’y étais pas, non, répondit-il avec un sourire presque aussi sucré que celui de Valéria. Et même si j’y avais été convié, je n’aurais pas pu m’y rendre. Je suis un homme fort occupé, comprenez-vous. Cependant, avec toutes les terres qui me reviennent au fil des achats que j’entreprends, il faudra bien un jour réaliser le poids que je pèse dans la balance économique de ce royaume.

Toutefois, les investissements en question ne sauraient être bénéfiques si les récoltes rapportées par les paysans s’avéraient être mauvaises. En plus de cela, il allait bientôt devoir cesser d’acheter furieusement comme il le faisait, ou bien son compte en banque se retrouverait à sec. Il devrait patienter pour que l’arbre produise ses fruits, et pendant ce temps d’attente, les gens du rang de Valéria continueraient certainement de le mettre en dehors de leur caste.

-Je remarque en revanche que les gens dont nous parlons n’investissent plus dans quoique ce soit, et ne vivent que sur leurs acquis. Sans doute que la paix instaurée par la Princesse Zelda impose un certain immobilisme chez ses nobles… Et vous, reprit Abel, que faites-vous pour tenir votre rang ? En quoi votre famille brille-t-elle sur le royaume ? Que seriez-vous prête à faire pour celui-ci, le jour où il entrera dans une guerre ?

Abel planta ses yeux dans ceux de Valéria, courtois, rieurs, mais inquisiteurs. Il souhaitait simplement voir si la demoiselle était d’un tempérament oisif ou entreprenant.


Valéria de La Varenne


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L’aristocrate connaissait donc sa personne, puisqu’il l’appela directement par son prénom. Valéria était-elle offensée ? Bien sur que non, elle était même fière de savoir que son nom avait atteint les lèvres exotiques d’un fraichement arrivé en Hyrule. Les nobles inconnus étaient voués à disparaitre, consumé par le peuple pour devenir de petits bourgeois, voir même juste des éléments de la plèbe un peu aisé. Elle acquiesça donc d’un signe de tête pour confirmer sa fausse interrogation, et écouta attentivement ses explications.

-Je n’y étais pas, non. Et même si j’y avais été convié, je n’aurais pas pu m’y rendre. Je suis un homme fort occupé, comprenez-vous. Cependant, avec toutes les terres qui me reviennent au fil des achats que j’entreprends, il faudra bien un jour réaliser le poids que je pèse dans la balance économique de ce royaume.

Essayait-il de la persuader elle, ou de se convaincre lui-même ? Son sourire se fit plus mince, plus acéré. Elle aurait pu encore lui rappeler que son argent ne remplacerait jamais le sang, mais son envie de piquant l’avait quitté. Cet Abel était vraiment intéressant, peut-être plus calculateur qu’elle. Non, ce n’était pas peut-être, c’était certain. Valéria calculait pour ses intérêts personnels, qui ne touchaient que sa vie privée, tandis que lui, il visait à manipuler le destin en son sens pour intégrer directement les hautes places de la noblesse. Quel personnage fascinant… Beaucoup plus qu’au premier abord.

-Je remarque en revanche que les gens dont nous parlons n’investissent plus dans quoique ce soit, et ne vivent que sur leurs acquis. Sans doute que la paix instaurée par la Princesse Zelda impose un certain immobilisme chez ses nobles… Et vous, que faites-vous pour tenir votre rang ? En quoi votre famille brille-t-elle sur le royaume ? Que seriez-vous prête à faire pour celui-ci, le jour où il entrera dans une guerre ?

C’était une excellente question, qu’elle ne s’était franchement pas posée avant de le connaitre. Maintenir son rang ? Faire briller sa famille ? Elle faillit en rire. Elle n’avait aucune prise là-dessus, sa mère la mettant à l’écart, et ce n’était pas pour lui déplaire. Tout cela lui passait au-dessus, et elle s’amusait largement plus de ses escapades secrètes que de l’enseignement de la comptabilité ou celui de savoir récolter des impôts. Mais cette maigre discussion, avec cet exotique ambitieux lui offrait une nouvelle vue sur la noblesse. Combien de fois avait-elle pu cracher sur certains de ces congénères, qu’elle n’estimait pas à leur place ? Mais on n’élimine pas un noble par des paroles acides. Il vaut mieux le vider de son or, ou faire tomber sa tête sous une hache.

« Mon père, Feu Renard du Chai de La Varenne, était un chevalier hors pair qui, à sa retraite, utilisa son or pour acquérir quelques terres et demeures, afin de les louer aux paysans qui… trainaient par ci par là. » Elle accompagna ses derniers d’un signe dédaigneux. « De par son ancien statut et son acte louable, on le nomma noble. A sa mort, c’est ma génitrice, Elizabeth du Chai de La Varenne qui reprit ses possessions, et qui continue de les gérer admirablement bien, avec compassion et sagesse dit-on dans les hautes sphères. Je me dois donc d’attendre que ma très chère mère quitte ce bas monde pour avoir mon mot à dire, et en attendant, j’évite de me mêler de ses affaires, de peur d’être contaminée par sa mollesse d’action. »

Elle jouait son jeu. Si elle voulait le garder sous le coude, et pour ça il fallait conserver son intérêt, il fallait lui faire croire qu’elle était déjà au centre de ces arcanes. Quitte à se renseigner plus tard, une fois cet entretien terminé. Si Abel Del Naja continuait son ascension, elle comptait bien se le mettre dans la poche, s’il pouvait lui permettre d’améliorer encore sa situation.

« Faire quelque chose pour le Royaume hum… Voilà une question pertinente Abel Del Naja. Mais je suppose que ça dépendrait de nos adversaires. Et vous que feriez-vous, si la guerre éclate demain ? Vous ne devez rien à cette terre, et la guerre serait le moment idéal pour finir de placer vos pions. »

La question était épineuse pour elle, alors autant la retourner à l'envoyeur. Et voir ce qu'il oserait lui dire, lui qui ne semblait effrayé de rien.


Abel Del Naja


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-Mon père, Feu Renard du Chai de La Varenne, était un chevalier hors pair qui, à sa retraite, utilisa son or pour acquérir quelques terres et demeures, afin de les louer aux paysans qui… trainaient par ci par là.

Tout le dédain de la demoiselle ressortit en quelques mots. Voilà bien ce qu’Abel pensait… A Hyrule, comme partout ailleurs, les nobles méprisaient les petites gens. On pouvait presque se demander, parfois, si toutes les hautes classes de toutes les sociétés ne méprisaient pas les gens d’en bas juste parce qu’ils avaient peur. Peur de tomber de leur piédestal doré, par la force d’une révolte.


-De par son ancien statut et son acte louable, on le nomma noble. A sa mort, c’est ma génitrice, Elizabeth du Chai de La Varenne qui reprit ses possessions, et qui continue de les gérer admirablement bien, avec compassion et sagesse dit-on dans les hautes sphères.


Comme s'ils savaient ce que signifiaient compassion et sagesse dans les hautes sphères, pensa Abel en reniflant.


-Je me dois donc d’attendre que ma très chère mère quitte ce bas monde pour avoir mon mot à dire, et en attendant, j’évite de me mêler de ses affaires, de peur d’être contaminée par sa mollesse d’action.


Il avait donc bien affaire à une ambitieuse, qui attendait le décès du teneur de la fortune familiale pour en hériter… et qui sait, serait peut-être prêt à user de quelque poison pour y arriver. C’était ainsi, en tout cas, qu’Abel interprétait ses mots. Peut-être Valéria ne pensait-elle pas à mal, en parlant de sa mère, mais Abel aimait à croire le contraire. Par fantasme pour les femmes vicieuses, peut-être.
Valéria lui paraissait si vicieuse qu’elle ne répondit pas réellement à sa question ; celle dont Abel attendait vraiment une réponse. Pis, elle la lui renvoya : que ferait-il si la guerre éclatait demain ?


-Vous êtes déjà bien coquine pour une jeune fille de votre âge et de votre condition,
déclara Abel. Vous supposez qu’avec une guerre, votre réaction dépendrait de nos adversaires ? Les vôtres ? C’est une façon détournée de dire que votre loyauté à la couronne actuelle n’est pas sans faille.

Au beau milieu des jardins du château, Abel avait l’impression qu’il venait de lâcher une énorme grossièreté. Fort heureusement, personne ici ne les écoutait.

-J’ose espérer que vous ne dîtes pas cela à n’importe quel quidam ? Vous devez vouloir me tester,
analysa-t-il en plissant légèrement des yeux. Personnellement, je ne dois peut-être rien à cette terre, mais je l’aime déjà. Je suis venu ici pour m’installer durablement, peu importe le souverain, tant que celui-ci gouverne bien ce beau royaume. Moi, l’étranger qui mène rondement ses affaires, je n’ai pas à prendre parti. Mais sachez que, guerre ou non, je continuerai de placer mes pions.

La dernière phrase sonnait comme un avertissement : peu importe les évènements, Abel se débrouillerait pour conserver sa position de force. Peu importe qui règnerait, peu importe si le ciel devenait sombre ou s’il se débarrassait de toute perturbation, lui, sur ses terres, serait là.

-L’heure tourne et je vais bientôt devoir prendre congé de vous pour me rendre à mon entretien. Je compte encore parlementer affaires,
rappela Abel avec malice. Toutefois, si le cœur vous en dit de m’adresser quelques lettres, pour quelque raison que ce soit… je vous invite à ne pas hésiter.

Leurs deux regards se croisèrent, se fixèrent, et se détaillèrent.
Comme si l’un pouvait discerner le vice et l’ambition chez l’autre.


-Nous ne tarderons de toute façon pas à nous revoir, Mademoiselle. Soyez sûre que bientôt, je serai capable de siéger à vos côtés lors des conseils de la noblesse. Vous me reverrez auprès de vous très souvent.


Le ton employé laissait entendre à Valéria tout un éventail de sous-entendus possibles.