Posté le 17/09/2014 16:52
La fille de feu cessa sa ronde rythmée autour l'infirme debout, droite, fine, fragile, devant elle ; les voix s'étaient tues, et la mélopée lentement se dissimulait à nouveau dans la brume qui entourait sa conscience. Elle ne s'effacerait jamais. Une chose aussi profondément enfouie en elle que cette berceuse, cette danse dont elle connaissait chaque mouvement, qu'elle retrouvait à chaque fois que l'énergie en elle s'enflammait, tel un compagnon fidèle qui l'attendait à chaque croisement ; mais qui aussitôt évaporait dès qu'elle posait pieds dans la réalité terrestre et que la règle des hommes reprenait contrôle de son corps, que les évasions de son esprit envahissant l'espace et non le temps.
Maintenant, temps était venu de laisser le sang prendre la place de la parole. Les prières étaient prononcées, il n'en restait plus qu'une à achever en ce jour, dans ce sanctuaires de l'abandon où se reposent les âmes passées qui future seront. Peu à peu, les filles que la Dame avaient accueillies en sont sein devraient fermés les portes et laisser les mystères à leurs spectrales rondes et parades. Qui venait ici sans y être autorisé, le regard tourné vers ses propres désirs, recevait l'accueil hostile ; Qui demandait accès, le regard tourné vers les étoiles, recevait les honneurs de poser le pied sur ces dalles emplies de siècles. Il fallait cependant le quitter, respect au cœur, dès que son esprit serrait reposé.
La Gérudo à l'entrée se gardait d'y entrer tout simplement car elle n'avait aucune prétention, aucune prière particulière à adresser à la Dame. Elle était tournée vers les promesses de sang, et cela seul lui importait, le combat. D'offrandes, elle en faisait à chaque gorge transpercée, à chaque vie noyée.
La Prêtresse de la Force tourna vers l'Aveugle un regard attentif ; autant effacé que l'était une innocence mensongère qui jamais, non, ne l'avait habitée. Faux étaient les pucelles. Toutes avait l'esprit torturé, le jour même de leurs naissance. Il n'y avait pas de Juste, seulement de stupides prétendus, bien dérisoires. La fille devant elle était sauvage, rebelle, derrière un masque de velours et d'innocence enfantine. Elle se cachait derrière le mensonge, là où ses semblables prônaient une vérité qui n'avait de vrai que son prétendu. Fille du Désert.
Elle entendit la voix de la fille devant elle. Mais ses yeux voyageaient, loin de tout attaches, vers les hauteurs de la salle, là où se perdaient les fils d'un passé lointain et se dessinaient les fresques d'une genèse lointaine. Eau, Air, Feu : Terre. Et rivières, vent, flammes s'enchainaient. Une ronde infinie où chaque fragment avait sa place. La fillette patienta un moment, jusqu'à ce que remonte en elle l'emphase de ce monde passé, et elle redescendit jusqu'à toucher l'Aveugle du bout des doigts. Elle prit sa main, conduite à la surface d'un lien unissant l'être à la Terre même.
"Aucune pièce n'est inutile, Aveugle. Il n'y a aucune erreur, seulement la Voie ; La nature ne se trompe pas. Sois fière, car le Destin t'a élevé jusqu'au pilier d'une différence qui fait de toi une enfant du Désert et une pièce de ce monde."
Sa voix avait quelques chose d'étranges quand elle dit cela; Qu'avait-elle dit ? Les mots n'étaient pas tirés de sa langue, de sa conscience étrange plutôt. Mais c'était vrai : la pièce d'un jeu voué à la destruction, mais qui avançait, inexorablement, vers sa fin à travers maintes ères qui ne verraient plus les ombres des douleurs d'aujourd'hui.
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