Froncés de dépit, ses sourcils broussailleux se rejoignaient presque. Ils jetaient sur son visage un air austère, dur et froid si tant est que le regard d’une gerudo puisse être si différent de l’image du désert. Dans son dos, sa sœur jouait distraitement avec la gemme qui ornait usuellement son front, visiblement déçue elle aussi. L'Etranger venait de passer les lourdes portes de pierre et le silence demeurait maître des lieux, au moins en apparence. En vérité, il était troublé par les cris inaudibles des pauvres âmes que les Mères conservaient enfermées au plus profond des entrailles du Colosse. Kotake, toujours à genoux sur les tapis de méditation, leva le poignet gauche, imposant à l'unique battant de retomber sourdement derrière leur hôte. Les lieux ainsi scellés, elle dans sa paume les cendres chaudes de l'encens qu'elle avait fait brûler. Portant sa main jusqu'à ses lèvres, la vieille édentée souffla sur les braises. «
E'sem », murmura-t-elle les yeux rivés sur ses doigts vieillis. Avant que l'épais brouillard qui enfumait la pièce ne se dissipe, elle renifla bruyamment, pour en capturer une dernière fois le parfum. Enivrée par les psychotropes, elle secoua la tête de gauche à droite, le visage tiré par les rides ainsi que par un demi-sourire malsain. «
Il n'a toujours rien fait ? » S'enquit-elle, déjà persuadée de connaître la réponse. «
Non. Bien sûr que non. » Sans surprise, Koume constatait l'immobilisme de
l'étrangeté que leur fils s'obstinait à compter parmi les siens. Ses griffes glissées entre les entrelacs de bois contre lesquels elle s'adossait, elle observait la Grand-Salle, une centaine de pieds plus bas. «
Qu'espérais-tu de lui, de toute façon ? » La question était rhétorique et n'appelait pas à une réponse. L'une comme l'autre savaient ce qu'il y avait à attendre de la
chose. «
Il ne fera rien. » Kotake se releva, profondément agacée. Époussetant brièvement sa robe brunie, elle vint se placer aux côtés de sa cadette. «
Nous l'y forcerons, Kotake. » Plus bas, le smog commençait à se former, ainsi que le lui avait ordonné la sorcière. Bientôt, l'
Ombre elle même peinerait à distinguer ses propres poings. «
Evidemment, Koume. »
L'embrun ne tarda pas à envelopper l'ensemble de la salle. Surnaturel par essence, il n'avait rien de comparable aux brouillards qui pesaient parfois sur les landes. La fumée que les sœurs Koutake avaient conjuré était chargée d"un fumet morbide qui troublait les sens et imprimaient des scénarii faussé dans l'esprit de ses victimes. Et puisque le
Reflet se décidait à jouer à cache-cache, elles entendaient bien l'obliger à se montrer. En vérité, Aslaak n'était pas le seul à devoir craindre l'issue de cette rencontre. «
Il fait un peu froid, je trouve... » Commença Koume, avant de taper deux fois dans ses mains. Quelques uns des brasiers que Kotake avait éteint reprirent leur crépitement traditionnel. Ils dégageaient une forte odeur de chair brûlée, sans pour autant éclairer vraiment la pièce : la vapeur sombre en étranglait toute la lumière. «
Voilà qui est bien mieux ! Hinhin. ~ » S'amusa la sibylle, dont le sourire déchirait le bec et laissait voir des crocs épars, jaunis et mesquins. «
Ne fais pas tout le travail pour lui, Koume. » Le regard de l'aînée se posa sur la sorcière, toujours aussi austère. Tout mépris qu'elles éprouvaient toutes les deux pour le
Mirage, il ne s'agissait pas de le mutiler et d'offrir une victoire facile à l'Hylien. Elles espéraient qu'il parvienne à triompher, mais ne souhaitaient pas pour autant prendre son parti. «
Sois rassurée, ma sœur. Sous peu, nos invités vivront l'enfer. Mais ils vivront. » Kotake hocha la tête, gardant le silence pour l'instant. Il le fallait, effectivement, mais elle n'avait aucune certitude. Nombre de leurs anciens élèves avait succombé pendant l'apprentissage.
Les serres de la pythie glissèrent un peu plus entre les orifices de la cage de bois qu'elles occupaient. Son œil, fatigué mais alerte, détaillait l'initié d'un regard inquisiteur. Maigre, presque frêle, il avait opté pour une tenue bien étrange pour traverser le Désert. Ses bras nus trahissait sa consistance, sa faiblesse. De là où elle était, et malgré sa sorcellerie, la Koutake ne distinguait aucune arme la ceinture de l'apprenti. Son apparente arrogance lui tira un bref sourire. C'était un défaut qu'elle pouvait tolérer, dans certaines circonstances. S'il était suffisamment confiant dans ses sortilèges pour ne pas s’embarrasser d'une arme, où même d'un tissu plus rigide qu'un pantalon et une chemise de toile, peut-être n'allaient-elles pas perdre leur temps. Peut-être serait-il différent des autres, après tout. S'il n'avait pas l'ambition des idiots et l'infidélité des traîtres peut-être considéreraient-elles de le former. De faire de l'argile un roc, du roc un Golem. Du moins, s'il survivait à ce qui s'annonçait. «
Ils sont prêts, Koume. » Lâcha-t-elle, aussi sèche que froide. Une lueur de givre brillait au fond de ses yeux. «
J'en doute, Kotake. Mais soit. Tant pis pour eux. » Jetant deux voiles de chair sur ses iris, Koume hissa son rostre jusqu'à la voûte qui les surplombait. Elle huma l'air longuement avant de renifler un coup. «
Sh'a-un Qtuul », souffla-t-elle sans bruit.
***
De ses lèvres arides et striées s'échappa un râle strident. La douleur qui la consumait perçait sa poitrine avec la force d'un pieu, déchirait ses poumons comme les récifs éventrent les vaisseaux. Sous le poids du bélier qui lui piétinait les tripes, elle jeta ses mains contre les dalles. Ses ongles morts raclèrent la roche, une fois de plus. Les sillons courraient en nombre sur les parois de sa geôle. Sur les murs de son tombeau. Elle tira, tant bien que mal, sur les chaînes qui lui sciaient les poignets et les carcans qui lui lacéraient les jambes. Sous le fer forgé, son corps se fendait par endroit. Sa main gauche était presque séparée du reste de son bras et son os malmené avait creusé sa chair jusqu'à la vriller. «
Eeerrr... — Shhreeerrr... » siffla-t-elle avec difficulté, s'arrachant un peu plus le bras contre ses chaines. Ses lamentations résonnaient et rebondissaient contre les façades de sa prison depuis ce qui lui semblait être une éternité, perforant toujours un peu plus ses tympans. La pauvre femme se jeta au sol à nouveau, roulant dans la poussière, la gerbe et le sang séché.
Même avec le thorax enfoncé, elle parvint à grogner, dévorée par la faim. Elle était affamée, comme jamais auparavant. La famine la rongeait seulement, au début, puis elle était devenue plus violente. Elle était ce million de scarabées qui becquetaient ses intestins, avalaient son être. Elle était les centaines de milliers de larves qui pullulaient sur les cadavres des Reines dans les sarcophages où sur ceux des sœurs dans les
koubba. «
Sh'a... — Sh'a-un Qtuul... » gronda-t-elle difficilement, d'une voix rendue rauque et sourde. Dans un grincement aigre, la porte de bois cloutée et sculptée s'ouvrit devant ses yeux vide. «
EERRRR... ! — Eeeerrrrrrr .. ! » gronda-t-elle, s'arrachant à son bagne, à quatre pattes, les fers encore aux poings. Derrière elle, les chaînes rappaient contre le sol, cliquetant avec une intensité renouvelée, comme l'organe principal d'un chœur macabre. Leur chant retentirent un temps dans les couloirs, sous le Colosse, alors qu'elle avançait doucement vers la Grand-Salle. Elle passa devant d'autres cellules, vides pour la plupart, parfois occupée par d'anciennes amies des Mères. Finalement, alors que rougeoyaient doucement les braseros, ses doigts livides et sales s'enroulèrent autour des barreaux d'acier qui lui bloquaient le chemin. Ses ongles griffaient la structure comme les griffes d'un animal.
Lentement mais sûrement la herse se leva, dévoilant un nouveau monde à ses pupilles vides. «
Eeerrr... — EEEERRRRRR ... ! » Hurla-t-elle, en se glissant sous les piques de fer, sans attendre que la voie ne soit libérée. La gemme qui ornait sa couronne religieuse attrapa brièvement le faible éclat d'un des flambeaux, révélant un peu plus de son apparence. La jeune femme, morte depuis des jours à l'évidence, devait avoir entre quinze et seize ans. Ses cheveux bruns avaient été bouclés et brillaient encore de quelques reflets roux. De petite corpulence, elle était courbée sur elle même. A la main droite, il lui manquait quatre doigts, qu'elle avait dévoré. Sur sa poitrine menue et enfoncée reposait le collier traditionnel de la Prêtresse de Din tandis que ses épaules étaient couvertes d'un châle rouge. Pour le reste, et à l'exception de ses fers, elle était nue.
L'enfant leva la tête vers le sorcier qui se tenait à une vingtaine de coudées d'elle. Elle grogna, non sans ramener ses ongles sur son torse, se lacérant un peu plus encore. Sa voix enrouée et le chant de ses lourds chapelets de métal troublèrent le silence des lieux. Avec une vigueur inattendue, la créature s'élança, se jetant droit sur l'impertinent qui avait eu le courage – ou l'absence d'esprit ? – de pénétrer son sanctuaire. La faim la rongerait toujours après l'avoir tué et traîné jusqu'à sa cage, sans doute. Mais elle n'en savait rien. D'un bond, elle se hissa jusqu'au brasero le plus proche, sur la gauche de l'imprudent. «
Ta... — Ta'ekül.. » Siffla-t-elle d'une voix âpre, aigre et sinistre. Son regard disait la mort.
... Alea Jacta Est ...
Un unique dé est jeté pour déterminer la résultante de l'action de la Ghoule envoyée par Koume & Kotake. Il s'agit d'un D3 (Dé à trois faces) dont les résultats ne sont pas contestables.
D3 :
Si le résultat est 1 :
La Ghoule, installée sur le brasero, bondit en direction d'Aslaak. Se faisant, elle rompt l'équilibre précaire du brasero qui s'effondre avec fracas sur les dalles de la Grand-Salle. Le feu ensorcelé de Koume se répand, comme doué de sa propre conscience et enferme Aslaak dans un cercle parfait. Aslaak est brûlé sur tout l'avant-bras et doit trouver un moyen de sortir du piège. Néanmoins, tant qu'il demeure dans le cercle de feu, il est protégé de la Ghoule, qui ne peut pas le rejoindre.
Si le résultat est 2 :
La Ghoule, installée sur le brasero, bondit en direction d'Aslaak. Se faisant, elle rompt l'équilibre précaire du brasero qui s'effondre avec fracas sur les dalles de la Grand-Salle. Le feu ensorcelé de Koume se répand, comme doué de sa propre conscience et enferme Dark Link dans un cercle parfait. L'ombre, en plus d'être brûlée à la jambe est obligée de se révéler à tous et ne peut pas sortir sans l'aide d'Aslaak. Elle demeure en sécurité tant qu'elle ne cherche pas à traverser le cercle de flammes, dans la mesure ou la Ghoule ne peut pas l'y rejoindre. A l'aide de sa magie, Aslaak peut tenter un assaut sur Dark Link, ou lui venir en aide.
Si le résultat est 3 :
La Ghoule, installée sur le brasero, bondit en direction d'Aslaak. Se faisant, elle rompt l'équilibre précaire du brasero qui s'effondre avec fracas sur les dalles de la Grand-Salle. Le feu ensorcelé de Koume se répand, comme doué de sa propre conscience et enferme l'ensemble des combattants dans un cercle parfait, qui recouvre la moitié de la salle environ. Aslaak est brûlé sur tout l'avant-bras tandis que Dark Link, en plus d'être brûlée à la jambe, est obligé de se révéler à tous. Tout comme la Ghoule, qui n'essuie aucun dégât, il est incapable de quitter le cercle de feu sans que celui-ci ne soit rompue par Aslaak, aidé de sa magie. Tous deux sont à la merci de la Ghoule.
Ce compte est un compte narrateur : les personnages joués par le narrateur ne peuvent pas être utilisés par les joueurs ou joueuses dans leur post (sauf autorisation d'un admin) et les jets de dé du narrateur sont contraignants.