Posté le 01/04/2013 20:17
Le vagabond n'était pas tranquille, assurément. Cela faisait trois semaines qu'il croupissait dans sa cellule, bien trop grande pour sa seule personne. Celle-ci était vide, pas un tabouret, pas un tas de foin sur lequel il pouvait rejoindre les bras de Morphée. Son corps demeurait inlassablement au contact du sol, formé par les dalles de pierres. Pierres omniprésentes dans cette pièce dans laquelle il résidait depuis bien trop longtemps. Son dos et ses bras souffraient, en plus d'être glacés par la froideur de la nuit du désert. Malgré cette condition peu accommodante, Lloyfell était nourri -peu, certes- et n'avait pas à dormir dehors, où il aurait pu être la proie des monstres et victime des tempêtes de sable.
Cette soirée était quelque peu agitée, contrairement aux nuits précédentes où tout était calme. Ce soir, et comme depuis trois semaines, il avait beaucoup de mal à dormir, et les chahuts ne l'aidaient en rien.
Au milieu de ce tapage nocturne sonnait une note particulière, peu récurrente mais connue de tous. Un instrument utilisé pour quelques occasions seulement, et pas des meilleures : le cor. Il sonna une fois. Puis une seconde fois. Et pour terminer, une troisième fois.
De ce dont se souvenait le paladin, un souffle de cor signifiait en général la présence d'intrus ou d'incident, dans une citadelle ou n'importe quel autre lieu du genre. Deux souffles prévenaient une attaque ennemie. Ici, le cor avait sonné trois fois. Le Sans-Visage avait l'ouïe fine, et les chahuts extérieurs se firent de moins en moins discrets à l'écoute de ce troisième souffle. L'agitation augmentait, et il entendait des cris de douleur, d'agonie.
À présent debout, attentif à ce qui pourrait se passer près de lui, des bruits de pas vinrent chatouiller ses tympans. Des pas légers et rapides, et d'autres pas brusques et lourds. Les sons se rapprochèrent, et une jeune Gerudo haletante fit son apparition, poursuivie par un Stalfos. Le vagabond se cacha derrière le rideau qui couvrait la porte de sa cellule, afin de ne pas être vu pas le meurtrier squelettique. Son angle de vue lui avait laissé voir la jeune Gerudo trébucher, et tomber au sol. Cette dernière dégaina de sa taille une épée courte et fine, qu'elle pointa contre son ennemi. Le Stalfos, toujours debout, ne tarda pas à donner un coup de pied dans la main de la jeune femme pour la désarmer. Il attrapa le maigre cou de son opposante, la plaqua violemment contre les barreaux de la cellule et l'embrocha au coeur de sa lance grande de deux mètres. Le corps de la rousse tomba au sol, inerte.
Toujours dans l'ombre, ni la défunte Gerudo ni la créature maléfique ne remarquèrent la présence de l'homme captif. Le Stalfos continua sa course en allant de l'autre côté de la pièce. Il aurait pu tuer Lloyfell s'il l'avait vu, mais il lui avait été en vérité d'une grande. De toute sa force il avait embroché la Gerudo contre les barreaux, qui se retrouvèrent complètement déformés. La serrure avait aussi été abîmée, le Sans-Visage n'eut que peu de peine à ouvrir la porte de sa geôle. Il observa la jeune femme au buste complètement détruit et s'empara de l'arme de cette dernière un peu plus loin.
Le vagabond s'engagea sur le chemin d'où venait la Gerudo et le Stalfos. Voilà bien longtemps qu'il n'avait pas mis les pieds dehors ! Il se retrouva donc à l'extérieur de la forteresse, légèrement en hauteur. Il vit quelques combats çà et là et en déduit que l'ennemi s'était introduit par surprise dans le bastion. Il se souvenait qu'en général, deux coups signifiaient une intrusion ennemie. Que pouvait-donc prévenir trois souffles ?
Décidé d'en savoir plus, il s'agrippa au lierre afin d'atteindre le sommet de la forteresse, avant d'entrer à nouveau dans celle-ci. En grimpant, son dos lui rappela qu'il souffrait énormément de ses trois semaines de captivité. Ses jambes étaient engourdies, lui donnant beaucoup de mal à courir.
Arrivé à destination, il entra enfin à l'étage supérieur. C'était avec surprise qu'il y découvrit que le feu et la glace se mêlaient pour former en ces lieux un chaos innommable. Ici régnait une atmosphère à la fois revigorante et somnolente.
Il comprit vite qui était derrière tout ça. Ça ne pouvait être une autre personne que les sorcières Gerudo. Visitant chacune des pièces enflammées pour une part et gelées d'une autre, il stoppa sa course quand il tomba sur le duo maléfique.
« Ainsi donc, trois souffles signifiaient la venue du Roi Gerudo et de ses acolytes... J'espère que je vais pouvoir en découdre avec vous cette fois-ci, car votre tempête de sable sur la forteresse m'a bien embêté. »