L'homme n'émit pas le moindre geste permettant une auto-défense potentielle. Il omit également de prononcer la moindre parole, volontairement. Un entretien entre lui et une gerudo ? Excellent ! C'est justement ce pour quoi il est venu s'aventurer dans ce dédale de murs ensablés, à la base. La dénommée Nocta se railla ensuite de lui haut et fort, fière du butin qu'on venait de lui confier. D'ailleurs, Valheim eut un léger sourire lorsque cette dernière clama qu'il était fou à lier de venir ici désarmé. Il n'en fit guère plus, c'est bien la seule expression qui se dessina sur son visage, alors qu'il se faisait guider sévèrement en direction de sa future geôle.
L'autre femme, qui n'était effectivement pas une gerudo, s'en alla presque joyeusement hors de la forteresse. Elle ne lui a toujours pas dit son nom finalement, la bougresse. Qu'importe, il savait bien que ce n'était pas leur dernière rencontre. Après quelques minutes passées à déambuler dans ce dédale de pierres froides, les gerudos parvinrent enfin à mener leur nouveau captif dans sa cellule. Cette pièce était très haute, menue d'une fenêtre en bois, entrouverte en son sommet, qui laissait s'échapper les rayons du soleil à travers elle. "Voici mon ticket de sortie" se dit Valheim en souriant à nouveau, presque déçu de la facilité d'escapade qu'il venait d'analyser.
Il se fit jeter violemment contre le mur d'en face, avant de se laisser tomber le long de la façade et se retourner vers Nocta, et de s'asseoir, toujours contre le mur. Affichant un regard neutre, malgré cela, très provocateur envers la gerudo qui le regardait de haut. Celle-ci envoya valser son pied sur la figure du guerrier.
"Ne me regardes pas ainsi misérable mâle ! Est-tu assez fou pour me défier du regard encore longtemps ? Assez fou pour t'aventurer ici, seul ? Témoignes-moi la raison de ta venue avant que je ne t'écartèle membre par membre !"
L'homme releva la tête, affichant encore et toujours son air hautain envers Nocta, qui devenait presque rouge de colère.
"Je ne suis pas ici pour rien, j'ai quelques questions à vous poser, notamment à propos de..."
La femme, folle de rage envoya à nouveau un coup de pied magistral, cette fois dans le ventre de Valheim, qui toussa une gerbe de sang aussitôt. Nocta colla son sabre sur la gorge de celui-ci. Elle approcha ensuite rapidement son visage du sien.
"Avorton ! C'est moi qui pose les question ici. Es-tu inconscient où le fais-tu exprès ? Je t'ai demandé de me dire pourquoi tu es venu t'aventurer ici ! Réponds-moi sur le champ si tu ne veux pas finir comme le précédent locataire de cette geôle !"
Valheim acquiesça d'un signe de tête et écarta d'une main le sabre de la gerudo, sa force l'emportant sur celle de la femme. Il se releva pour parvenir à sa hauteur et lui tourna le dos. Il releva ses cheveux de ses deux mains pour laisser entrevoir le tatouage que Ganondorf lui avait apposé sur la nuque :
La femme s'écarta d'un pas et laissa son sabre chuter librement sur les dalles de pierres. Son regard changea d'une traite à la vue de ce sigle. Elle était comme horrifiée, et des sueurs froides coulèrent le long de son dos nu. On pouvait presque sentir comme un sentiment de remord la ronger de l'intérieur. Nocta essayait tant bien que mal de reprendre ses esprits.
"C'est le symbole des Gerudos, tu es donc au service du Haut Roi ?"
Valheim relâcha ses cheveux qui se posèrent délicatement le long de son dos, fit volte-face et regarda Nocta droit dans les yeux, de tout son sérieux.
"Certes, accepteriez-vous de répondre à mes quelques questions ?"
L'interrogatoire allait, paradoxalement, s'inverser entre les deux personnes. Il n'y avait qu'en marchandant de cette manière qu'on pouvait ne serait-ce que tenter de discuter avec une gerudo, celles-ci, habituellement indomptables.
"Je ne te promets rien, homme. Sache qu'il en faut bien plus que ça pour amadouer notre peuple. Je ne suis pas née de la dernière pluie, figures-toi, et puis, tu es mon prisonnier, ne tente pas quoi que ce soit qui pourrait te porter préjudice ou tu pourrais le regretter amèrement. Je ne répondrai qu'à une seule et unique question, choisis-la bien !"
Nocta ramassa alors son arme d'un geste vif et patienta. Elle ne voulait guère plus rester dans la même pièce que cet homme qui l'effrayait quelque peu, depuis qu'il avait dévoilé le sceau présent sur sa nuque. Valheim s'assit à nouveau et n'hésita pas avant de déblatérer sa réponse :
"Je vais vous questionner sur un sujet qui me tient à coeur. Sachant qu'aucun homme n'a le droit de pénétrer l'enceinte de la Forteresse Gerudo, et que les femmes de votre peuple évitent par-dessus tout de sortir du désert, comment m'expliqueriez vous le secret de la naissance de Ganondorf ?"
La gerudo se mit à rougir immédiatement. Elles qui avaient pour habitude de rester vierges toute leur vie, le sujet de la naissance de leur Roi les gênaient plus que toute autre chose. Elle s'empressa de tourner le dos au prisonnier, sortir de la pièce et claquer la porte métallique dans un bruit sourd, sous les yeux étonnés du guerrier. Après quoi elle hurla à travers les barreaux :
"Nous ne parlons pas de ça aux étrangers ! Croupis ici jusqu'à la prochaine aube ! Nous te jetterons en pâture aux dieux du désert !"
Valheim haussa les épaules et soupira. Il ne s'attendait visiblement pas à une telle réaction de la part de la gerudo. Déçu malgré tout de ne pas avoir pu en apprendre plus, il égara son regard vers la petite ouverture au sommet de la pièce, faisant office de fenêtre. Il se disait qu'il aurait passé trop peu de temps entre ses murs pour devoir s'en échapper aussi rapidement, c'eut été pourtant trop facile. Au moins il savait désormais comment hâtiser la colère des gerudos. Un point qui pourrait s'avérer utile, à l'avenir. La prochaine étape du plan -qui venait de changer subitement, soi-dit au passage- serait de prendre la fuite. C'était bien évidemment joué d'avance. Ensuite il fallait retrouver cette jolie jeune femme avec qui il eut un second accrochage quelques minutes plus tôt. Leur conversation dût être interrompue par la venue des gardes. Le guerrier soupira à nouveau et réfléchit quelques heures durant. Perdu dans ses pensées, il attendait vainement la venue d'une nouvelle gerudo qui pourrait lui permettre de répondre à une autre de ses questions.
Fichtre, quel idiot ! Bien sûr qu'elles n'y répondraient pas, quelle idée de penser à ça, il n'était point invité d'honneur mais prisonnier, ce détail lui avait échappé l'espace d'un instant. Il préféra patienter tout de même, sait-on jamais. Valheim avait jusqu'à demain matin pour s'échapper, après tout.