Posté le 18/06/2013 19:26
" La culpabilité... une étrange notion. Être coupable, ou ne pas être coupable ? Telle est la question. Lorsque l'on met fin à une vie, il est facile de l'accepter. On se dit qu'après tout il sera bien mieux loin d'ici, qu'on met fin à son épreuve dans la vie. Mais ce n'est pas à celui que l'on tue que l'on cause le plus de tord."
Ganondorf ne pouvait qu'être d'accord avec la jeune femme. Il avait toujours vu la vie comme une compétition de tous vers le sommet. Une compétition que certains essayaient de refuser, que certains entendaient limiter par des règles comme l'honneur, la religion ou l'amour. Mais au final, au delà de toutes ces illusions fragiles, il ne restait qu'une lutte de chaque instant. Un combat de tous les êtres, chacun protégeant la petite flamme de sa vie de l'immense obscurité qu'est la mort. Si le gérudo ne croyait pas à l'honneur, il croyait en la gloire de chaque âme et pensait qu'il était glorieux de mourir face à lui. Le champion de Din n'écrasait pas ses ennemis comme des insectes, il leur accordait une fin dignes de ses adversaires, à lui, futur maître du monde. Et Ganondorf avait toujours agit et pensé ainsi sans en avoir conscience. Il venait à l'instant de trouver les mots qui convenaient à sa manière de voir les choses. C'était sans doute pour cela qu'il n'avait pas pu tuer Link, après lui avoir prit son fragment à la citadelle et ce, sans pouvoir se l'expliquer alors. Au fond de lui, il aurait été déçu par une conclusion aussi minable de leur histoire commune. Inconsciemment, il sourit à cette idée, en regardant sa main droite. Link aurait il aimé être déchargé de son fardeau, de l'épreuve de la vie ? Le gérudo était certain du contraire. La véritable épreuve pour eux deux, c'était leur confrontation. Le véritable destin des deux s'affirmait dans leur lutte pour la possession du pouvoir divin. Ganondorf fut alors interrompu dans ses pensées par Swann qui reprenait,
" Vous voulez savoir pourquoi je crois que les déesses se fichent de nous ? Pourquoi je trouve la notion de destin absurde ? Si je décidais, là, tout de suite, de tenter de vous tuer, et que je finissais - probablement - par y laisser ma peau ; pourquoi dans ce cas m'auraient-elles fait sauver lorsque j'étais à l'article de la mort, lorsque nous nous sommes rencontrés ? Et ne me répondez pas qu'elles ont des raisons qui nous échappe, j'ai déjà trop entendu ces mots de la bouche des religieux. Ça n'aurait de sens que celui que nous donnerions à cet acte, comme une sorte de tentative veine de mettre fin à la Guerre, ce que je souhaite à tout Hyrule. "
Elle avait fait quelques pas en avant, tandis que lui s'était stoppé. Après qu'elle eut longuement soupiré, le silence était revenu entre eux deux, non pas pesant mais reposant. Ganondorf réfléchit sincèrement pendant quelques instants au paradoxe qu'elle évoquait. Le destin, les déesses... Tout cela, le gérudo y croyait sans trop s'être penché dessus. La question de l'absurdité de son destin ne se posait pas, quand il semblait aussi tracé. Et pourtant, il était vrai que dans le cas de Swann, un acte comme celui qu'elle évoquait n'aurait pas de sens, et semblerait n'appartenir à aucun dessein supérieur. Ganondorf n'imagina d'ailleurs pas un instant qu'elle s'exécuterait, lui faisant autant confiance pour rester fidèle qu'il se faisait confiance pour la maîtriser en cas de folie. Finalement, il répondit,
" Mes mères m'ont apprit lorsque j'étais jeune que le destin était une immense toile dans laquelle les déesses elles mêmes étaient pris et que tous, mortels comme divines, obéissaient à sa volonté. J'ai longtemps cru cela. A présent, je pense simplement que les déesses adorent s'amuser de nous et ont un sens de l'humour vicieux. Il ricana, conscient de son cynisme, avant d'ajouter, en s'approchant de Swann, Pourquoi me donner une partie de leur pouvoir si c'est pour plonger Hyrule dans une telle guerre ? Pourquoi avoir donné à la princesse un don de vision qui a fait échoué mes plans de conquête rapide et propre d'Hyrule ? La vérité c'est que nos vies sont absurdes, nos destins sont absurdes, notre liberté même est absurde. Tous, nous sommes les jouets des dieux. Avec un sourire las, il regarda les cieux au dessus de lui, qui semblaient le narguer, puis sa main qui renfermait leur puissance. Dans un souffle, il termina, Mais je suis sur le point de les doubler.
Car Ganondorf commençait à être lassé par les sursauts du destin et d'approcher du but pour s'en trouver rejeté comme par une marée contre laquelle il ne pouvait lutter. Tant de fois, il avait été sur le point de réussir pour finalement échouer à cause de ses deux pires ennemis. A chaque fois qu'il se sentait au pinacle du royaume des cieux, prés du sommet du monde, les déesses l'en faisaient chuter et lui rappelaient ô combien il était homme. A présent qu'il possédait presque leur puissance, il se sentait capable de leur opposer sa volonté, capable de ce dont aucun mortel ne pouvait rêver : décider lui même de son destin, et ne plus subir d'échec.
Soudain, elle se retourna vers lui, et reprit sur un ton qu'il devina plus gêné qu'auparavant. Cette femme que rien ne semblait embarrassé semblait ne plus oser parler.
" J'ai vu la mort plus d'une fois... mais dans toutes ces fins, j'en ai une qui pourrait vous intéresser. Une... qui ne fut pas de votre fait mais qui suffit à troubler vos nuits, pour reprendre vos mots. "
Ganondorf ouvrit les yeux en grand et sa bouche s'ouvrit légèrement sans qu'il n'en ait conscience. Swann savait pour la mort de son amour ? Elle savait la vérité de ce qui s'était passé ? Tentant difficilement de conserver son calme et sa superbe, le gérudo maîtrisa un soudain vertige et s'approcha de sa "fille".
" Je continue ? "
La réponse ne fut qu'un souffle,
"Dis moi tout."
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