L'ombre d'une mère et celle d'un Père

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Swann

Cygne Noir

Inventaire

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(vide)

Elle se tenait debout, là, les bras le long du corps. Nue comme un vers, elle gardait le silence et n'esquissait pas le moindre le mouvement. Elle était simplement figée comme une statue de pierre, le son de sa respiration et les frissons parcourant son frêle corps ne constituant que la seule différence qui faisait d'elle un être vivant. Le temps semblait s'être arrêté ici ; il n'y avait pas de bruit, mis à part un souffle court, laborieux, crispant. Le long de son corps couraient de nombreuses larmes, gravissant les courbes avant de redescendre jusqu'à ses jambes tremblantes. Comme une myriade de petites perles qui roulaient sur elle, brillante à la lueur de la lune sauf lorsqu'elles passaient sur des morceaux de chaires encrées d'un noir profond et absolu. Parfois elles rencontraient des obstacles sur leur chemin lorsqu'elles traversaient une surface moins lisse, sauvagement tranchée par le fer.

L'atmosphère était lourde, pesante. Presque insupportable. La maigre lueur lunaire pénétrait la seule fenêtre de la chambre pour enrobée la jeune femme dans toute la blancheur et la froideur qu'elle détenait. Le reste de la pièce restait sombre et l'on en devinait que certains meubles par leurs formes. Le lit était défait, les draps retirés et la couverture déchirée gisait au sol comme une carcasse. Mais Swann n'y prêtait pas la moindre attention. Le vent froid de la nuit du désert terminait de sécher sa peau en douceur, tandis que ses yeux - dont les blancs étaient rougis par la fatigue - fixaient un miroir et son reflet.

L'objet en lui-même n'avait rien de spécial puisqu'il ne s'agissait que d'un basique miroir comme on pouvait en obtenir des tonnes dans chaque boutique spécialisée dans le genre. La glace, encadrée par un vieux bois rongé par les mites, reflétait l'image de la tueuse dans son intégralité, de son visage sombre implacable jusqu'à ses petits pieds qui concluaient de fortes jambes athlétiques. On pouvait lire sur son corps chaque blessure qu'elle avait eu, chaque plaie qu'elle avait dû recoudre, chaque cicatrice qui lui resterait pour bon nombre d'années encore. Certaines étaient plus vives que d'autres, et donc plus visibles, mais ce n'étaient pas sur elles que le regard noir se portaient. Il s'était petit à petit fixé sur les branches et les fleurs du rosier d'encre noir qui ne cessait de pousser au fil des jours, des mois et des années. Autrefois présent sur son seul omoplate droit, il avait poussé d'abord vers le haut et son épaule ainsi que son cou, puis il était redescendu vers la poitrine et recouvrait dorénavant la quasi totalité de son sein droit.
Swann ne souhaitait même plus voir comment celui-ci progressait dans son dos et devinait simplement qu'il devait se rapprocher du bas du dos, lentement mais surement. Elle en ferma les yeux dans un soupir, juste avant l'énième quinte de toux de la nuit qui ne dura qu'une ou deux secondes, cette fois.

Lorsqu'elle les rouvrit, le reflet avait revêtit une nouvelle apparence. Tout aussi sombre, la femme qu'il représentait était vêtu de noir. Plus vivante, plus sensuel, elle avait un air taquin et amusé ponctué d'un léger rictus en coin. Malgré cette apparition soudaine, l'assassin ne broncha pas. C'était plus que monnaie courante ces derniers temps.

" Du mal à dormir, petite fille ? "

Ces mots entraînèrent une réaction immédiate : sans réfléchir, la Belle de Villarreal venait de s'emparer d'un objet - un couteau, une paire de ciseau, elle n'en savait rien ! - sur la table basse et l'avait envoyer contre le miroir qui se fissura au centre. Mais le reflet était toujours présent, souriant d'autant plus comme s'il se délectait de cette réaction sanguine. « Pourquoi ne me laisses-tu pas me reposer ? », demande la voix calme et tranquille de la dragmire la plus douce de tous, qui se refusait à hausser le ton malgré son énervement. Elle n'en avait même plus la force, à dire vrai.
Un rire moqueur et agressif éclata à travers la porte du monde d'envers, mais il n'était accompagné d'aucune réponse. Il traînait en longueur ; il résonnait dans les oreilles de la combattante au bras brisé et semblait toujours plus fort, toujours plus présent dans son esprit. Il lui était plus familier qu'aucun autre rire pour l'avoir entendu déjà des dizaines, des centaines de fois depuis des lustres. Elle ne s'en offusquait même plus dorénavant.

Sachant que cela signifierait qu'elle n'aurait pas de réponse et dans l'incapacité de se rendormir en plein milieux de la nuit, la belle brune aux yeux ambrés attrapa un drap blanc au sol qu'elle enroula autours de son corps avant de sortir de la chambre de la forteresse en trombe. Elle longea les murs en quête de la sortie la plus proche, passant devant quelques gardes de nuit étonnés. Elle les laissait dans l'incompréhension totale, se contentant d'avancer sans leur accorder un regard. Les voyait-elle seulement défiler devant ses yeux ? Les gérudos l'observaient progresser avec peine, pour cause des quinte de toux incessantes qui avaient au moins le mérite de rompre le silence ambiant qui s'était abattu sur la citadelle du désert, le bastion des sables. Saleté de magie ! Sans elle, Swann serait tellement plus heureuse ! Elle pestait contre la sorcière après un toussotement, avant de pester contre la malédiction suite à d'autres. A chaque fois cela lui faisait mal, mais elle s'y habituait petit à petit. Et ce n'était pas ça qui pourrait la tuer ; rien ne pouvait la tuer, excepté le fer d'une lame.

Elle sortit enfin dans la Cour Intérieur, crachant et pestant sa faiblesse et sa fragilité. Elle passa rapidement devant d'autres gardes, le corps plié en deux, tête basse. Mais ses pieds nus se prirent dans le sable et dans le drap qui la recouvrait, et alors elle s'écroula devant les marches de l'escalier. Elle se réceptionna à genoux, ni honteuse ni quoique ce soit, tandis qu'elle sentit peser sur elle les regards de quelques gérudos interloquées et résignées à esquisser le moindre pas vers elle pour l'aider.
La plus amoindrie des dragmires avaient en effet eu le temps, en deux semaines, de s'octroyer une réputation assez froide et distante envers l'armée du Seigneur. Rares étaient les bons échos à son sujet parmi les sujets de Ganondorf, mais tout autant que les mauvais. Trop rares étaient ceux à avoir eu affaire face au Cygne Noir. Les vieilles habitudes ont bien la vie dure.


Elle était là, à ses côtés. Sa cascade ardente de cheveux, son visage si beau, son désir transpirant par chaque pore de sa peau. Ganondorf aurait pu en choisir cent ou mille, mais il n'avait pu trouver chez d'autres cette flamme qui l'habitait, elle. Ce feu, dont il se sentait lui aussi imprégné, qu'il avait toujours possédé et que la Force divine avait révélé. Mais rien n'advenait par hasard, et la femme qu'il désirait se trouvait être la fille spirituelle de Din, la déesse qui l'avait choisit. Il passa sa main sur le visage de la prêtresse, comme pour s'assurer de la réalité de ce qu'il vivait. Elle lui sourit, affichant cette complicité d'amante qu'il adorait. Mais alors qu'il allait l'étreindre, la ramener à lui pour ne plus jamais la perdre, elle se déroba. Son teint bronzé vira au blanc, ses cheveux de feu devinrent gris de cendres et la flamme dans ses yeux s'éteignit. Il ne resta finalement de la femme que Ganondorf aimait qu'une statue froide, dont le bras se leva vers l'Est et qui dit d'une voix caverneuse,

"Hyrule nous sépare toujours. Tu dois les abattre, mon amour."

Ganondorf se redressa sur son lit, le souffle court. A ses côtés, la gérudo qui avait partagé sa couche remua mais ne sortit pas de son sommeil. Encore sous le coup de son cauchemar, le Haut roi vit qu'aucune lueur ne perçait par la fenêtre de la pièce. Il faisait encore nuit, mais il n'avait plus aucune envie de dormir. Si cela s'était révélé possible, il n'aurait plus jamais sombré dans le sommeil, avant que ses ennemis ne fussent à terre. Se considérant comme un dieu, il lui était très difficile d'être ainsi rappelé à sa condition d'homme, avec les faiblesses que cela impliquait. Sentant un début de colère monter en lui, il se leva. Deux autres gérudo se trouvaient dans cette chambre mais toutes dormaient assez profondément pour que rien au monde ne semble pouvoir les éveiller. Ganondorf les envia à cet instant précis, elles et leurs rêves paisibles.
Tandis qu'il approchait de la fenêtre, il se rappela de toutes ces nuits où la défunte revenait le hanter et lui rappeler la tâche qu'il devait accomplir. Parfois, il pensait même voir Din elle même, à travers celle qui fut sa fille. Et toujours, les deux visages haïs s'imposaient à son esprit, ravivant la flamme en lui.

L'oeil rendu noir par ces mauvais songes, il parcouru sa forteresse du regard. Au moins cela était il fait. Les gérudos réunies, leur citadelle entre les mains du roi du désert et les rebelles enfermées. Une première étape d'accomplie...Mais à peine un pas fait sur une route encore longue. Ah ! Si seulement il avait pu rappeler tous les morts des sables ! La guerre serait déjà achevée. Mais on ne peut exiger trop des Dieux, c'est leur privilège, la marque de leur domination sur les Hommes...Et Ganondorf détestait l'idée d'être dominée par quoi que ça soit. Penché à sa fenêtre, partagé entre la rage et la peine, il n'avait qu'un désir : se lancer dans la bataille. Mais ses troupes avaient besoin de repos et il devait organiser la guerre avant de plonger dans les combats. Ces soucis, les légendes n'en parlaient jamais mais ils s'imposaient à n'importe quel chef de guerre...ô combien ennuyeux ils pouvaient être ! Soudain, il entendit un bruit de draps venant de son lit et, sans se retourner, su que sa préférée de la nuit s'était éveillée. Une voix de miel lui parvint alors, encore ensommeillée. Il se rappela aussitôt ce qui l'avait séduit chez elle : son chant, magnifique.


"Quel tourment vous a fait quitté ce lit, mon roi ?"

Il aurait pu retourner à ses côtés, profiter d'instants de plaisir, tenter d'oublier... Mais le souvenir de sa femme était trop vivace pour ça. Ganondorf se retourna un instant et lui répondit,

"Quelque chose contre lequel tu ne peux rien. Rendors toi, je vais profiter de la nuit autrement."

Et le gérudo quitta la pièce après avoir enfilé une large robe sombre, moins par pudeur que pour se protéger du froid et du sable charrié par le vent. Une fois sortit des bâtiments, il parvint dans la cour intérieure, où patrouillait plusieurs de ses soeurs. Aucune ex-rebelle parmi elles. Le haut roi pensait les avoir rallié mais ne leur accordait pas encore sa pleine confiance. Il les mêlait toujours à ses fidèles et ne leur confiait jamais de garde de nuit. Il avait reprit la forteresse par la ruse et la surprise, rien n'interdisait de penser que la couronne ne tenterait pas de faire de même. Soudain, il remarqua que l'attention de ses soeurs était fixée sur les escaliers. Curieux de savoir ce qui attirait ainsi leur regard, il s'approcha et vit alors sous la lueur de la lune ce qui lui sembla une fine silhouette enroulée dans un large tissu, allongée à terre. Il interrogea du regard une garde qui haussa les épaules. Un tel désintérêt de sa part devait signifier que la silhouette venait de la forteresse. Ganondorf avança jusqu'à elle et la reconnu aussitôt. Le Cygne Noir, belle, fière et redoutable dans la bataille, à présent sur ses genoux, l'air misérable. Inquiet pour cette fidèle, il se baissa et posa une main sur sa frêle épaule, avant de demander d'une voix profonde et paternelle,

"Que t'arrives il, cygne ? Qu'es-ce qui t'a mit à genoux ?"

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Swann

Cygne Noir

Inventaire

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(vide)

Elle sentit d'abord la main du gérudo se poser sur sa mince épaule pour la recouvrir sur toute la surface, ce qui lui arracha un long frisson. Ce fut à ce moment que la Belle reprit le contrôle de ses pensées, jusque là vacantes dans de multiples directions, en proie à une sorte de folie furieuse. Puis la voix résonna dans son esprit, perçant le peu de barrières qui la protégeait. Elle ne se sentait pas ainsi. Elle prit conscience que son accoutrement n'était certainement pas adapté à une discussion - même brêve - avec le Seigneur du Malin. Pourquoi ? Parce qu'au fond d'elle-même elle le craignait. Et elle se sentait nue, presque démunie face à ce puissant être de magie dans les pouvoirs ne cessaient de l'étonner. Il avait une aura plus que pesante, trop lourde à supporter pour le Cygne Noir ? Bien qu'il soit son Père, son guide, le Patriarche inspirait la crainte. Essentiellement cette nuit parce que Swann se sentait plus vulnérable qu'à l'habituel, car ce n'était pas le cas en temps normal.

" Rien... " dit-elle peu convaincante, avant de déglutir. " Rien ne me met à genoux. Je décide de l'être, ou non ", reprit-elle avec beaucoup plus d'assurance.

Elle se releva d'un coup et se retourna face au guerrier. Elle s'était repris au meilleur moment, et voila à présent qu'elle soutenait le regard de l'imposant Seigneur qui la dominait de par sa taille et sa prestance. Mais la jeune femme était fière et elle avait appris à se tenir debout sans trembler face à des hommes plus grands, mieux bâttis. Autant elle se savait fragile et particulièrement faible ces derniers jours, autant elle ne pouvait décemment pas faire preuve ni de l'une ni de l'autre face à Ganondorf. Elle ne le connaissait pas, et méfiante comme elle l'était à l'égard de ce genre de personnage, elle se disait qu'il pouvait s'appuyer sur ces faiblesses pour intensifier son emprise sur ses troupes. L'ancienne ambrée s'y refusait purement.

" Vous n'arrivez pas non plus à dormir, Seigneur ? " Demanda-t-elle pour combler le vide qui s'était installé. " Trop de morts sur la conscience, peut-être ? "

Le vouvoiement était quelque chose qu'elle lui réservait à lui tot particulièrement. Bien sûr, elle aurait pu tenter de le tutoyer, mais elle savait les grands de ce monde assez mégalo pour qu'ils en soient touché dans leur infinie grandeur. Et cela pouvait conduire à de mauvaises choses si l'on y prenait pas garde.
Alors que le Roi Gérudo donnait la réplique, une femme s'avança depuis l'entrée du nouveau repère des dragmires. Elle tenait une longue robe en tissu dans ses bras dont les bas balançait à l'air libre, ainsi qu'un long manteau de fourure. La servante gérudo faillit tomber deux ou trois fois dans la précipitation, mais elle arriva à bon ports, s'inclinant brièvement au passage devant son Roi, avant de se tourner vers Swann en lui présentant l'habit. La voix presque tremblante, elle l'incita à revêtir la robe noire, une couleur qui sied parfaitement à la Belle de Villarreal.

" Pardonnez-moi, ma Dame, vous avez oublié de vous... enfin, vous savez ! Je me suis dis que vous apporter ceci ne serait pas une mauvaise idée si vous comptiez vous promener en cette nuit. "

Elle avait parlé avec une certaine précipitation, sans perdre de temps. Elle était craintive, non pas de la présence du Seigneur du Malin mais de la réaction de Swann. Elle la savait très froide et distante, aussi s'attendait-elle à se faire renvoyer sèchement, avec mépris comme sa Dame avait l'habitude de la traiter la plupart du temps. Du moins, c'est ce qu'elle percevait le plus souvent chez elle, bien qu'au fond elle traitait plutôt bien pour une servante.
Le Cygne Noir se sentit quelque peu mal à l'aise devant la situation. L'air gêné lorsqu'elle croisa d'abord le regard de son souverrain, elle renforgna les sourcils et se saisi de la robe presque brutalement en sortant un bras de sous le drap qui lui servait d'habit jusque là. « Tu aurais pu te montrer plus discrète, espèce de crétine ! De quoi ai-je l'air, à cause de toi ! », susura-t-elle tout bas à l'oreille de sa servante, signe de son agacement. Elle remit néanmoins le drap à la servante qui se hâta de l'étendre en l'air de façon à ce que l'intimité de sa maîtresse soit respecté. Un sourire gêné sur les lèvres alors qu'elle regardait Ganondorf, elle fut interrompu lorsque l'assassin eut finit de revêtir la robe et qu'elle rabaissa les bras de la jeune femme, l'air toujours aussi agacé. « C'est bon, tu peux partir maintenant », lâcha-t-elle plus calmement, le regard presque noir. Au fond, elle n'en voulait pas à cette jolie jeune gérudo pleine de bonnes intentions à son égard, mais la situation dans laquelle elle s'était elle-même mise l'avait quelqu peu désarçonné.

La gérudo ne parti néanmoins pas de suite, puisqu'elle présentait maintenant le manteau de fourrure qu'elle avait apporté. Pressée d'en finir, la femme aux yeux ambres lui fit signe de rapidement s'éxécuter pour l'aider à enfiler le manteau en fourrure de loup. Et une fois cela fait, la servante fila avec le drap en direction de la forteresse.

" Excusez-la, hem... ", commença Swann, qui ne savait plus trop comment se tenir vis-à-vis du sorcier. " Elle est jeune et naïve, mais elle veut bien faire. "

D'un certaine façon, l'ancien Numéro XII de l'Ordre délestait la faute de cette interruption à sa servante, même si elle n'était pas exempt de tout reproche. Se vêtir en sortant de la forteresse eut été une bonne idée, dans un premier temps, et ça aurait évité de devoir jouer cette scène ennuyeuse au Roi.


" Rien ne me met à genoux. Je décide de l'être, ou non "

"Et pourtant, tu es tombée. Il y avait sans doute un peu de moquerie dans sa voix mais il ne faisait que constater la situation. Après un instant il reprit, plus sévère, Chuter n'est pas honteux, Cygne. C'est de te relever que tu dois faire ta fierté. Se relever, c'est savoir résister au destin."

Donner des leçons de morale n'était pas son fort, mais c'était son expérience qui parlait. Depuis qu'il avait entreprit de suivre sa destinée d'élu, Ganondorf avait plusieurs fois été terrassé. Mais à présent, il lui semblait que jamais il ne s'était senti aussi fort, aussi proche de son but. Les deux triangles sur sa main en attestaient. Le gérudo ne refusait pas le destin et ses caprices. Il avait apprit à s'opposer à lui, et à considérer les obstacles comme des épreuves dignes d'être surmontées. Que le Cygne noir se soit pas une brebis soumise était tout à son honneur, mais l'orgueil pouvait coûter cher pour un mortel. Les dieux se montraient souvent si susceptibles...
Mais cette femme croyait elle seulement en ces dieux ? Ganondorf réalisa ô combien elle lui restait inconnue, bien qu'elle ait combattue avec talent pour lui. Il regardait ce visage, en appréciait la beauté et y percevait la force de l'esprit mais il dut admettre qu'il de devinait rien à travers ces traits délicats de la véritable nature du Cygne noir.


" Vous n'arrivez pas non plus à dormir, Seigneur ? " Demanda-t-elle, détournant la conversation sur lui, une pointe d'accent moqueur, téméraire. " Trop de morts sur la conscience, peut-être ? "

Ganondorf resta silencieux un instant. Au fond, elle n'avait pas tord.

"Une seule me suffit. Répondit il, finalement. Chaque mot manquait de lui rester en travers de la gorge, tant la souffrance du manque venait de le rattraper. Qui ne fut pas de mon fait. C'est assez pour troubler mes nuits."

Ils furent interrompus par une jeune gérudo qui venait couvrir la Dragmire, avec précipitation et sans le tact qui aurait pu éviter à Swann que Ganondorf oublie le peu de vêtement qui la couvrait. Homme avant tout, le gérudo ne s'empêcha pas de jeter un regard sur une silhouette admirablement faite. Entouré de femmes depuis sa naissance, et adulé par elles depuis lors, il ne s'était jamais gêné pour cela et n'avait évidemment jamais vu une de ses avances refusée... Exceptée par Nabooru, l'insaisissable. Pour autant, l'idée ne lui vint pas de proposer une nuit partagée à sa fidèle. Quelque chose l'en empêchait. Comme si il sentait un gouffre entre eux deux, qui le poussait à la considérer autrement.
Dés lors, vêtue d'une robe et d'un manteau de fourrure de loup, qui lui allaient à merveille, le Cygne noir commença, gênée et cherchant péniblement ses mots,


" Excusez-la, hem... Elle est jeune et naïve, mais elle veut bien faire. "

"Et, pour cela, il n'y a rien qu'elle doive se faire pardonner. Ne sois pas dure avec elle, Cygne. Garde ta haine pour nos ennemis. Eux, la méritent. Il posa une main sur une de ses frêles épaules et revint en la guidant vers la forteresse. Pendant ce temps, il continua à parler, Tu m'a demandé si j'étais tourmenté par les hommes et les femmes que j'ai tué... Je n'ai aucune raison pour cela. Tuer des innocents et des faibles n'a aucune saveur et aucun intérêt pour moi. Lorsque j'ai tué, j'ai tué des ennemis, des adversaires, des obstacles vers ma destinée. Et si ils sont morts, c'est que les déesses l'ont voulu, au final. Si ils avaient reconnu mes droits, ils seraient encore en vie... Et cette guerre n'aurait pas lieu d'être."

Ganondorf savait que le guerrier en lui ne se serait pas aisément satisfait de la paix, mais il l'aurait accepté. Vaincre dans l'adversité amène la gloire, et il adorait cela. Mais à présent qu'il goûtait à la saveur amer de la mort de son amour, il reconsidérait des années de guerre qu'il avait vécu dans une joie violente, et les considérait à présent du point de vue du gâchis qu'elles avaient été. Si seulement les Hyliens l'avaient accepté. Si ils avaient reconnu en lui l'élu de la Triforce qu'il était, aucune de toutes ces tragédies ordinaires ne seraient arrivées. Le gérudo avait combattu par tous les moyens que sa puissance lui offrait, dont les moins avouables, ce qui lui donnait un visage de monstres aux yeux de beaucoup... Mais ces adversaires avaient ils les mains propres ? La réponse franchit, inconsciemment, ses lèvres.

"Ils sont aussi coupables que moi."

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Swann

Championne d'Aegis

Inventaire

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(vide)

Elle avait en réalité peu parler avec son Seigneur en tête à tête depuis son intégration au clan des dragmires, alors s'en était fais une idée assez commune jusque là. Un homme puissant, manipulateur, calculateur, craint et respecté par ses pairs. Et ça s'arrêtait souvent à ces quelques qualificatifs. Pourtant cette nuit là, Swann vit autre chose : l'homme qui se cachait derrière cette terrifiante réputation de conquérant cruel et sans pitié. Celui dont on ne parlait pas, celui que personne dans tout Hyrule ne saurait connaître si ce n'est quelques privilégiés comme elle le devenait. Bien sûr sa méfiance à l'égard du personnage n'en faiblissait pas pour autant, pour la simple et bonne raison que ce n'était pas après quelques mots échangés qu'elle saurait tout de lui. Mais elle baissa volontairement les quelques barrières qu'elle avait dressé soigneusement pour se laisser empreindre des mots qu'il lui adressa avec mélancolie et une forme de douceur traître qui ressemblait étrangement à la sienne. Un point commun, en quelques sorte. 

Ce fut peut-être au mot d' « obstacle » qu'elle laissa écouter avec attention les mots du futur Roi d'Hyrule. Bien qu'il ne l'ai pas dis en premier, il avait le mérite de l'avoir utilisé. Exactement le seul mot qu'aurait utilisé le Cygne pour décrire ses affrontements face à des brigands, des monstres, ou bien d'autres choses encore. Elle avait toujours conçu sa vie comme une succession d'épreuves et d'obstacles à franchir sans jamais accorder la notion d' « ennemi » à l'un d'entre-eux. Le seul qu'elle avait, elle le partageait avec le Seigneur du Malin : la Princesse Zelda en personne. Plus qu'un ennemi, elle était même un but pour l'assassin qu'elle était. Un objectif, une cible, une proie, peu importait le nom. C'était juste une femme que le Cygne Noir voulait voir mourir. 

" La culpabilité... une étrange notion. Être coupable, ou ne pas être coupable ? Telle est la question ", s'interrogea la jeune femme, le regard perdu dans le vide, pensive. " Lorsque l'on met fin à une vie, il est facile de l'accepter. On se dit qu'après tout il sera bien mieux loin d'ici, qu'on met fin à son épreuve dans la vie. Mais ce n'est pas à celui que l'on tue que l'on cause le plus de tord. "

Loin d'elle l'idée d'engager une discussion philosophique, elle incitait pourtant à une brève réflexion suite à ces quelques mots. Elle aurait pu en dire davantage, mais cela aurait été trop révélateur de sa façon de penser quant à tous ces morts semés le long de son chemin. Autant elle voulait bien baisser sa garde et se révéler un peu à Ganondorf, autant elle ne pouvait lui faire tout à fait confiance tout de suite. Même la seule personne qu'elle suivrait sans hésiter les yeux fermés ne la connaissait pas tant que cela... voir quasiment pas. Trop de réserves, trop de méfiance. D'aucun parlerait même de timidité qu'il n'aurait pas tout à fait tord, en fait. 

" Vous voulez savoir pourquoi je crois que les déesses se fichent de nous ? Pourquoi je trouve la notion de destin absurde ? " Demanda-t-elle en reposant son regard sur l'imposant Roi Gérudo. " Si je décidais, là, tout de suite, de tenter de vous tuer, et que je finissais - probablement - par y laisser ma peau ; pourquoi dans ce cas m'auraient-elles fais sauver lorsque j'étais à l'article de la mort, lorsque nous nous sommes rencontrés ? Et ne me répondez pas qu'elles ont des raisons qui nous échappe, j'ai déjà trop entendu ces mots de la bouche des religieux ", dit-elle avant de faire quelques pas en avant, dos au Patriarche. " Ça n'aurait de sens que celui que nous donnerions à cet acte, comme une sorte de tentative veine de mettre fin à la Guerre, ce que je souhaite à tout Hyrule. "

Elle soupira longuement. Un destin... elle aurait bien voulu en avoir un tiens. Une longue ligne droite toute tracée, qu'il ne lui faudrait que suivre petit à petit. Au moins, elle aurait su quand ça finirait pour elle, mais au lieu de ça elle voyait son existence s'allonger toujours plus. Elle ne souhaitait pas la mort, mais elle l'enviait. Tout simplement car cela signifiait la fin de quelque chose, d'un effort long et pénible qu'est la vie. Elle se savait négative dans sa façon de voir les choses ; après tout si elle avait tellement voulu en finir, elle l'aurait fais depuis longtemps. Certaine chose la raccrochait au fil : Hyrule, Cécilia, Zelda. Tous trois allaient être marqués, chacun différemment, de son empreinte, car tel était son besoin. Telle était sa volonté également. 

" J'ai vu la mort plus d'une fois... mais dans toutes ces fins, j'en ai une qui pourrait vous intéresser. Une... qui ne fut pas de votre fait mais qui suffit à troubler vos nuits, pour reprendre vos mots. "

Elle avait facilement de qui il avait voulu parler, lorsqu'il avait abordé le sujet brièvement, un peu plus tôt, et aller savoir pourquoi elle revenait dessus maintenant. Peut-être pour le jauger. Peut-être parce qu'elle avait vu en ça l'ombre d'une faiblesse. Ou peut-être juste par empathie, parce qu'il méritait de savoir comment la Prêtresse de Din avait fini ses jours. Ou peut-être était-ce un peu de tout cela en même temps. 

" Je continue ? " Demanda-t-elle, par politesse. Après tout, il ne fallait pas oublier les bonnes manières.


" La culpabilité... une étrange notion. Être coupable, ou ne pas être coupable ? Telle est la question. Lorsque l'on met fin à une vie, il est facile de l'accepter. On se dit qu'après tout il sera bien mieux loin d'ici, qu'on met fin à son épreuve dans la vie. Mais ce n'est pas à celui que l'on tue que l'on cause le plus de tord."

Ganondorf ne pouvait qu'être d'accord avec la jeune femme. Il avait toujours vu la vie comme une compétition de tous vers le sommet. Une compétition que certains essayaient de refuser, que certains entendaient limiter par des règles comme l'honneur, la religion ou l'amour. Mais au final, au delà de toutes ces illusions fragiles, il ne restait qu'une lutte de chaque instant. Un combat de tous les êtres, chacun protégeant la petite flamme de sa vie de l'immense obscurité qu'est la mort. Si le gérudo ne croyait pas à l'honneur, il croyait en la gloire de chaque âme et pensait qu'il était glorieux de mourir face à lui. Le champion de Din n'écrasait pas ses ennemis comme des insectes, il leur accordait une fin dignes de ses adversaires, à lui, futur maître du monde. Et Ganondorf avait toujours agit et pensé ainsi sans en avoir conscience. Il venait à l'instant de trouver les mots qui convenaient à sa manière de voir les choses. C'était sans doute pour cela qu'il n'avait pas pu tuer Link, après lui avoir prit son fragment à la citadelle et ce, sans pouvoir se l'expliquer alors. Au fond de lui, il aurait été déçu par une conclusion aussi minable de leur histoire commune. Inconsciemment, il sourit à cette idée, en regardant sa main droite. Link aurait il aimé être déchargé de son fardeau, de l'épreuve de la vie ? Le gérudo était certain du contraire. La véritable épreuve pour eux deux, c'était leur confrontation. Le véritable destin des deux s'affirmait dans leur lutte pour la possession du pouvoir divin. Ganondorf fut alors interrompu dans ses pensées par Swann qui reprenait,

" Vous voulez savoir pourquoi je crois que les déesses se fichent de nous ? Pourquoi je trouve la notion de destin absurde ? Si je décidais, là, tout de suite, de tenter de vous tuer, et que je finissais - probablement - par y laisser ma peau ; pourquoi dans ce cas m'auraient-elles fait sauver lorsque j'étais à l'article de la mort, lorsque nous nous sommes rencontrés ? Et ne me répondez pas qu'elles ont des raisons qui nous échappe, j'ai déjà trop entendu ces mots de la bouche des religieux. Ça n'aurait de sens que celui que nous donnerions à cet acte, comme une sorte de tentative veine de mettre fin à la Guerre, ce que je souhaite à tout Hyrule. "

Elle avait fait quelques pas en avant, tandis que lui s'était stoppé. Après qu'elle eut longuement soupiré, le silence était revenu entre eux deux, non pas pesant mais reposant. Ganondorf réfléchit sincèrement pendant quelques instants au paradoxe qu'elle évoquait. Le destin, les déesses... Tout cela, le gérudo y croyait sans trop s'être penché dessus. La question de l'absurdité de son destin ne se posait pas, quand il semblait aussi tracé. Et pourtant, il était vrai que dans le cas de Swann, un acte comme celui qu'elle évoquait n'aurait pas de sens, et semblerait n'appartenir à aucun dessein supérieur. Ganondorf n'imagina d'ailleurs pas un instant qu'elle s'exécuterait, lui faisant autant confiance pour rester fidèle qu'il se faisait confiance pour la maîtriser en cas de folie. Finalement, il répondit,


" Mes mères m'ont apprit lorsque j'étais jeune que le destin était une immense toile dans laquelle les déesses elles mêmes étaient pris et que tous, mortels comme divines, obéissaient à sa volonté. J'ai longtemps cru cela. A présent, je pense simplement que les déesses adorent s'amuser de nous et ont un sens de l'humour vicieux. Il ricana, conscient de son cynisme, avant d'ajouter, en s'approchant de Swann, Pourquoi me donner une partie de leur pouvoir si c'est pour plonger Hyrule dans une telle guerre ? Pourquoi avoir donné à la princesse un don de vision qui a fait échoué mes plans de conquête rapide et propre d'Hyrule ? La vérité c'est que nos vies sont absurdes, nos destins sont absurdes, notre liberté même est absurde. Tous, nous sommes les jouets des dieux. Avec un sourire las, il regarda les cieux au dessus de lui, qui semblaient le narguer, puis sa main qui renfermait leur puissance. Dans un souffle, il termina, Mais je suis sur le point de les doubler.

Car Ganondorf commençait à être lassé par les sursauts du destin et d'approcher du but pour s'en trouver rejeté comme par une marée contre laquelle il ne pouvait lutter. Tant de fois, il avait été sur le point de réussir pour finalement échouer à cause de ses deux pires ennemis. A chaque fois qu'il se sentait au pinacle du royaume des cieux, prés du sommet du monde, les déesses l'en faisaient chuter et lui rappelaient ô combien il était homme. A présent qu'il possédait presque leur puissance, il se sentait capable de leur opposer sa volonté, capable de ce dont aucun mortel ne pouvait rêver : décider lui même de son destin, et ne plus subir d'échec.
Soudain, elle se retourna vers lui, et reprit sur un ton qu'il devina plus gêné qu'auparavant. Cette femme que rien ne semblait embarrassé semblait ne plus oser parler.

" J'ai vu la mort plus d'une fois... mais dans toutes ces fins, j'en ai une qui pourrait vous intéresser. Une... qui ne fut pas de votre fait mais qui suffit à troubler vos nuits, pour reprendre vos mots. "

Ganondorf ouvrit les yeux en grand et sa bouche s'ouvrit légèrement sans qu'il n'en ait conscience. Swann savait pour la mort de son amour ? Elle savait la vérité de ce qui s'était passé ? Tentant difficilement de conserver son calme et sa superbe, le gérudo maîtrisa un soudain vertige et s'approcha de sa "fille".

" Je continue ? "


La réponse ne fut qu'un souffle,

"Dis moi tout."

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Swann

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Comme elle le pensait, elle avait captivé toute son attention sur elle. Les signes ne trompaient pas, comme ce souffle immédiat en guise de réponse à la jeune femme, ainsi que son regard concentré et sa bouche entre-ouverte. Swann se retourna doucement, puis dos à lui, elle sourit finement en pensant à cette vérité universelle qui traversait les espaces et les frontières : l'homme était tellement dépendant de la femme. Le fait que le Roi Gérudo ne déroge pas à la règle la confirmait dans sa reflexion quant au destin, aux déesses et toutes ces bêtises. L'être aimé restait quoiqu'il arrive un sujet toujours aussi sensible pour quiconque... et elle trouvait cela amusant.
L'assassin aurait pu utiliser cela à son avantage si elle l'avait voulu, sa froideur remarquable empêchant toujours de dicerner le vrai du faux de ses paroles. Et pour cause, elle ne mentait presque jamais à autrui. Ganondorf, quelque fut cet homme, ne méritait pas que l'on lui cache la vérité quant au sort qu'avait subi sa bien-aimée, la Prêtresse de Din. Et pourtant, elle aurait pu inventer mille mensonges qui lui auraient été bénéfiques, à plus ou moins long terme.

" Il n'y a pas tellement de chose à dire... sa mort est confuse, mystérieuse. "

Swann se rappelait très bien de cette journée. En plein jour, plusieurs dragmires avaient pénétrés l'enceinte du Bourg pour se rendre dans le Temple du Temps, et plusieurs guerriers - jeunes, pour la plupart - s'y était rendu pour commencer le combat. Et puis les flammes avaient envahis l'endroit, à cause de cette femme qui n'en était plus vraiment une, sûrement à cause de cet étrange bijoux dont émanait un pouvoir inconnu.

" Je crois qu'elle n'était plus tout à fait elle-même, lorsque les flêches lui percèrent le coeur et la gorge. Elle n'avait rien d'humain ", souffla le Cygne Noir, très pensif, qui se retourna alors pour parler avec un peu plus d'entrain. " Tout n'était plus que flammes, y comprit elle. Elle semblait vouloir tous nous tuer. La fumée me piquait les yeux mais je me souviens d'une femme, à une fenêtre. Une archère que je n'ai plus vu depuis. "

Les possibilités était peu nombreuses. Intimement, elle penchait pour cette jeune femme qu'elle avait rencontré lors d'une nuit de pleine lune au Lac Hylia. Katrina... cela faisait un moment qu'elle l'avait perdu de vue. Mais en fait, ce pouvait être elle comme une autre. C'était juste son intuition qui travaillait, mais elle n'avait aucune certitude.

" Elle portait un bijoux, une sorte de bracelet qui brillait fort. J'imagine que c'est pour cela qu'on l'a tué. On m'a demandé de reprendre l'objet... mais je l'ai finalement donné à une amie qui m'est très chère. Je ne sais pas ce qu'il en est advenu ensuite ; en fait je m'en fout. "

Elle avait dis cela avec toute la sérénité et la douceur que l'on lui connaissait à ce jour. Pas un mot plus haut que l'autre, tous dis d'une façon si délicate, lente, respectueuse. Et pourtant, son accent hispanique ressortait pleinement, comme une évidence.

" En fait, je crois que votre femme est morte pour rien ", dit-elle en se retournant, d'un ton si nonchalant qu'il aurait pu en devenir insultant pour son Seigneur. " Et surtout, elle est morte seule, sans famille, sans proche. Tout le monde avait fui. Je crois que c'est cela le plus triste. "

Ses paroles tranchaient avec son regard, pas émotif pour un sou. La distance qu'elle mettait entre ses dires et la façon dont elle l'abordait tenait presque de l'insolence, mais c'était sa façon d'être. Après tout, elle n'avait pas envie de se mettre la Patriarche à dos.


Ganondorf ne regardait plus sa fille lorsqu'elle lui conta comment la flamme de la prêtresse s'était éteinte. Le regard perdu dans le vague, il ressentait un profond malaise. Comme si une partie de lui désirait rester ignorante, ne jamais entendre ce qui était advenu ce jour là. Comme si la douleur de l'ignorance restait préférable au supplice de la vérité. Mais il était Roi, il se devait de savoir. Son ignorance pourrait s'avérer dangereuse si ses ennemis l'utilisaient contre lui. Aussi douloureux que le récit pourrait être, le gérudo ferait de son mieux pour ne pas en perdre une virgule.
Les premiers mots de Swann furent troublants. "Confuse" ? Comment une telle mort pouvait bien être confuse ? A quoi rimait il de lui proposer un récit si ce n'était pour lui donner une histoire complète et cohérente. Mais, réfrénant, toutes ces questions, il la laissa continuer. Ca ne devait pas être facile pour elle de se souvenir de ce jour là, déjà si loin bien qu'il sembla hier à Ganondorf. Celui ci frissonna de haine lorsque le Cygne évoqua les flèches qui avaient tué son aimée. Des flèches signifiaient un arc, et un tireur sachant en user. Déjà, le gérudo repensait aux mille tourments qu'il avait promit à celui qui s'était permis un tel acte. Il fut plus étonné d'entendre que sa femme s'était laissée déborder par ce qui semblait être de la colère. Certes, Din était une déesses volcanique, prompte aux explosions de courroux, mais sa prêtresse avait grandit encadrée par l'Eglise... Et le gérudo ne comptait plus les fois où c'était elle qui l'apaisait, après ses moments de fureur.

" Elle portait un bijoux, une sorte de bracelet qui brillait fort. J'imagine que c'est pour cela qu'on l'a tué. On m'a demandé de reprendre l'objet... mais je l'ai finalement donné à une amie qui m'est très chère. Je ne sais pas ce qu'il en est advenu ensuite ; en fait je m'en fout. "


Ganondorf considéra sa fille avec un étonnement doublé d'un embryon de colère. Où trouvait elle les tripes de lui asséner de tel mots, sur un tel ton ?! Comment osait elle ? Ces questions, le Roi Dragmire se les posait réellement, peu habitué à recevoir une telle pique de la part de ses fidèles. De tous, il savait bien que Swann était la plus libre, la moins docile et que là résidait sa valeur, sa beauté même... Néanmoins, l'élu de Din n'appréciait pas ces mots. Elle venait de lui avouer avoir contrarié ses plans. Du moins vraisemblablement, car il se trouvait alors incapable de se rappeler d'avoir confié à sa femme un tel bracelet. Où avait elle trouvé un tel artefact ? Le gérudo l'ignorait, sa mémoire lui faisant parfois défaut lorsqu'il recherchait des souvenirs précédant son sommeil au volcan.

" En fait, je crois que votre femme est morte pour rien ", dit-elle en se retournant, avec cette insolence qui n'appartenait qu'à elle. " Et surtout, elle est morte seule, sans famille, sans proche. Tout le monde avait fui. Je crois que c'est cela le plus triste. "

Perdant d'un coup son calme, Ganondorf sentit sa colère éclater. Se retenant de frapper sa fille, il la saisit à la gorge. Il ne serra pas, ne la souleva pas. Même hors de lui, le gérudo se maîtrisait, parce qu'il admirait cette témérité inconscience dont Swann faisait preuve en tout instant. En un sens, il éprouvait le sentiment habituel des pères qui aiment leurs enfants, au delà des blessures que ceux ci peuvent leur infliger. La famille, le clan... Bien plus que des mots, ils devenaient une réalité dans l'esprit et le coeur du souverain des sables. Néanmoins, sa voix ne portait aucun signe de faiblesse ni d'attendrissement lorsque, fixant le Cygne Noir, il lui déclara,

"Fais attention à toi. Je t'aime bien mais fais attention. Il est des limites infranchissables à propos des rois. Puis, il soupira. Relâchant son bras et étouffant sa colère, il poursuivit plus calmement, D'entre toutes, ma femme eut le lien le plus étroit qui fut possible avec sa déesse, et la mienne. Si sa mort advint, c'est par la volonté de Din. Mais je ne l'abandonnerais pas à la mort. Si mon destin est d'atteindre le pinacle des cieux, alors j'irais la chercher dans l'au delà. Et sa mort n'aura été qu'une étape de notre voyage. Il se tourna lentement vers le ciel, et la lune, en murmurant, La nuit est noire avant que ne naisse l'aube. Et l'aube vient. Nous n'en avons jamais été aussi proches.

Le hasard voulut qu'en effet, la ligne d'horizon commençât à s'éclaircir, au loin, vers l'Est. Dans la direction d'Hyrule, et de ses ennemis. Le soleil marquait il l'avènement de Ganondorf ou de ces derniers, lui même devait avouer l'ignorer. Mais son coeur y croyait, fermement.


"Accepteras tu de te battre pour moi, Cygne noir ? Au sein de mon clan, à mes côtés dans cette guerre absurde, en risquant une mort qui l'est tout autant ?"

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Swann

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La jeune femme n'avait pas bougé d'un centimètre lorsque le bras du Roi Gérudo se porte à sa gorge, imperturbable et impassible. Probablement inconsciente du danger et de la colère de cet homme, aussi, tant qu'elle n'estimait pas sa douleur et sa détresse autant qu'elle le devrait. Heureusement pour elle, son détachement par rapport à la siuation ne causerait pas sa perte en cette nuit scintillante car il avait su contenir sa haine avant que l'irréparable ne soit commis. Un coup. Un seul coup, et il aurait perdu sa plus élégante tueuse de manière stupide. Il n'appartenait qu'à lui de garder intacte l'affection que commençait à éprouver Swann à son égard.
Les mots entrèrent par une oreille pour mieux ressortir par l'autre. Ganondorf pouvait bien lui dire ce qu'il voulait, elle n'écoutait que ce qu'il lui paraissait important, et dans l'immédiat elle ne faisait qu'observer ses réactions pour tenter de comprendre son ressenti, ses émotions. Et parler de « limites » à Swann, c'était comme énoncer les couleurs à un aveugle ; ça ne leur évoquait rien, bien qu'ils pouvaient les connaître. « Vous m'aimez bien ? Ah ! » reprit-elle doucement, alors que son Seigneur s'était tue quelques demi-secondes. Si elle n'en souriait pas, elle ne s'en amusait pas moins intérieurement. Par respect, elle se priva encore d'un rictus alors qu'il recommençait avec ses histoires de déesses, de destin, tout ce qu'il y avait de plus absurde pour une femme s'estimant libre comme l'air et n'estimant comme maître que la Faucheuse elle-même.

La question qui suivit ses paroles étonèrent la dragmire. Elle avait en effet déjà répondu par l'affirmative lors de la nuit de leur première rencontre, et avait déjà combattu et capturer une forteresse en son nom. Elle plissa les yeux comme pour mieux essayer de comprendre, tout en réfléchissant à ce que pouvait bien cacher cette demande. Elle savait se montrer perspicace, mais là, elle séchait. « J'ai déjà donné mon accord pour vous servir du mieux qu'il m'est possible, mon Seigneur », rappela-t-elle dans un premier temps. « Si vous doutez de ma loyauté, sachez simplement ceci : les ennemis de mes ennemis sont mes amis », dit-elle pour lui donner confirmation qu'elle n'irait sans doute pas à l'encontre du gérudo. Swann se battait toujours pour elle, mais l'union faisait la force, et elle voyait son intérêt de s'allier à lui pour terrasser la Princesse de ce royaume.

" Avez-vous besoin que je vous rende un service particulier, peut-être ? " Demanda-t-elle, l'oeil et l'oreille toujours attentifs, l'air de chercher encore pourquoi cet homme lui demandait ça à un tel moment, alors qu'il était déjà assuré depuis quelques semaines que le Cygne Noir se battrait à ses côtés. Elle voulait bien comprendre afin de satisfaire au mieux le Patriarche, chose essentiel surtout après avoir été à deux doigts de subir sa colère et sa tristesse de plein fouet.


« Vous m'aimez bien ? Ah ! »

Elle s'en moquait certainement, ne le connaissant pas assez pour saisir l'importance de ces mots. Que Ganondorf estime un mortel était déjà rare, mais qu'il l'apprécie relevait de l'exception. Et pourtant, il y avait quelque chose chez Swann qui charmait le gérudo. Non pas son beau corps, cette chevelure en cascade ou la couleur de ces yeux, mais bien le regard qu'elle lui assénait, qu'elle assénait au monde entier. Le Roi y lisait le défi, la puissance du prédateur, la fierté du lion. Et, en tant que son "père, il ne pouvait qu'en être fier. En réalité, Ganondorf retrouvait en elle non pas le même esprit mais la même flamme que lui. Un feu dévorant, logé dans son coeur, prêt à consumer tout ce qui ferait obstacle à sa volonté et qui ne s'éteindrait que par le contact froid de la mort. C'était surement ce feu que la prêtresse avait fait jaillir d'elle peu avant sa disparition. Plus chaud que le soleil, où le sang de la terre qui jaillit des volcans, il couvait dans la voix de la jeune femme.

« J'ai déjà donné mon accord pour vous servir du mieux qu'il m'est possible, mon Seigneur » Lui rappela-t-elle, visiblement surprise. Comment aurait elle pu comprendre ? Elle n'avait pas conscience du nombre de fidèles du Roi, qui l'avaient finalement trahit à la première difficulté. Ces chiens savaient se faire nombreux en temps de victoire mais fuyaient aussi vite qu'ils étaient venus dés que les obstacles devenaient durs à franchir. La question de Ganondorf n'avait rien de banale ni de convenue. Il se souvenait bien de leur rencontre, au désert, alors qu'elle gisait là, blessée. Il lui avait promit de lui offrir de quoi vaincre leurs ennemis communs. Cette nuit là, une nouvelle fille était entrée dans le clan. Mais de là à l'appeler Dragmire...[/i]

« Si vous doutez de ma loyauté, sachez simplement ceci : les ennemis de mes ennemis sont mes amis »

Le Père la fixa, droit dans les yeux. Il ne lisait en elle rien de plus que ce qu'elle lui montrait. Le Cygne était sincère, même dans ces mots les plus douloureux, et il l'aimait bien pour cela. Oui, sans doute resterait elle avec lui jusqu'à ce que cette guerre absurde se termine. Alors, le monde serait sien, mais la jeune femme s'envolerait. Car Ganondorf ne la retiendrait pas. Sa beauté ne survivrait à aucune cage. Swann était belle parce que libre.

" Avez-vous besoin que je vous rende un service particulier, peut-être ? "

Elle devait croire que sa précédente question n'était qu'un préambule, et que le gérudo voulait exiger d'elle plus que ce qu'ils avaient décidés lors de leur rencontre. Mais il ne lui demanderait rien. Il offrait. Apaisé mais grave, il prit l'une de ses mains dans la sienne et déclara,

"Je veux que tu accepte ce don, Swann Dragmire."

Et il prit sa deuxième main dans la sienne. Leurs deux bras joints, un cercle s'était crée entre eux. Ganondorf ferma alors les yeux. Sur sa main, ses deux fragments de la puissance divine rayonnèrent. Force et Courage, cela irait bien au Cygne noir.
Le flux divin jaillit dans le corps du Roi, l'irradiant d'une énergie démentielle. Un instant avant d'ouvrir le cercle et de partager cette puissance avec sa fille, il ouvrit les yeux et lui demanda d'un regard sa réponse.

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Swann

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Un nom. Il venait de lui donner un nom ; plein de sens, signe d'une appartenance à un clan. Quelque chose qu'elle n'avait jamais ressenti ni connu, et ça lui fit tout drôle dès qu'il la nomma Dragmire. Bien qu'elle redevint méfiante - son côté solitaire ressortant d'un coup -, elle ne voyait plus le Seigneur du Malin comme avant. Elle décelait une profonde sincérité, un respect à son égard. Il ne la voyait pas comme un outil, du moins c'est qu'elle percevait. La dimension qu'il accordait au Cygne Noir était bien plus grande qu'elle l'aurait espéré, et cela la toucha. Une affection qu'elle ne connaissait qu'avec sa Soeur de Feu, un lien indescriptible et subtil. Il avait besoin d'elle. Elle avait besoin de lui. Et c'était tout ce qui importait sur le moment.
Il ne fallut aucun mot pour faire comprendre à Ganondorf qu'elle acceptait ce qu'il allait lui offrir, son regard imperturbable et pénétrant suffisant à cela. Un mouvement imperceptible de la tête de bas en haut, comme un reflexe qu'elle voulu retenu, et elle sut que son instinct lui disait de se lier à lui par le pouvoir de la Triforce. Et peu importe les effets que ce pouvoir aurait sur elle, dans tous les cas cela la renforcerait. Et elle pourrait - peut-être - enfin vaincre la Princesse de ce royaume en perdition.

Les mains dans celles du Patriarche, les yeux croisant les siens, elle resta silencieuse quelques secondes de plus. Non pas pour faire durer un quelconque suspens mais juste pour sentir cette aura d'énergie qui émanait du Roi Gérudo. Presque émerveillée par tant de puissance, elle se sentait déjà plus forte alors que rien de plus n'était arrivé. « Je porterais vos larmes », dit-elle, mécaniquement. Ces mots lui étaient venus à l'esprit comme une évidence, alors que l'on ne lui avait rien demandé pour autant. Mais ces larmes... elle les avait senti, cette nuit. Elle et lui partageait de la tristesse, certes incomprable l'une à l'autre, mais tout aussi douloureuse pour le coeur. Et il y avait le reste...

" Je porterais les larmes de notre famille. Les larmes de douleur. Les larmes de tristesse. Les larmes de notre colère et de notre haine. Et j'y noierai nos ennemis ", souffla-t-elle enfin, le ton sec, décidé, mais tout aussi sensuel qu'habituellement.

Elle était prête à rejoindre ce clan, cette famille qu'elle n'avait jamais eu. Et elle espérait ne pas être déçue, cette fois.


Le corps tout entier de Ganondorf irradiait de puissance mais ça n'était pas cela qui le faisait trembler. Le Haut Roi ne craignait pas pour lui même, il se faisait confiance pour contenir un tel flux d'énergie. Sa crainte venait du fait qu'il ignorait si sa fille le supporterait. Swann pouvait être l'une des plus fortes âmes qu'il avait rencontré en Hyrule jusque là, ce qu'il s'apprêtait à accomplir relevait du domaine du divin. Il aurait sans doute accepté qu'elle s'y refuse, étant donné la vision qu'elle avait des déesses, mais espérait également qu'elle franchisse le pas et le rejoigne réellement. Que le fait de l'appeler "fille" soit enfin plus qu'un simple mot.
C'est donc avec un sourire, tendu par le flux, que Ganondorf accueillit ses paroles. Il lui semblait que la voix du Cygne était tout aussi assurée, fière, qu'ordinaire mais qu'il pouvait y sentir une pointe d'affection. De toute manière, le gérudo saurait arrêter le rituel si il devenait évident que la jeune femme ne pouvait pas le supporter. Mais si elle échouait, qui le pourrait ? Le gérudo devrait certainement abandonner son projet clanique. Alors, il ferma les yeux et déclara, d'une voix gorgée de puissance qui faisait trembler la terre,


"Swann, en cette nuit, tu deviens ma fille, devant les hommes et les dieux. Puissent les premiers te craindre. Puisse les seconds t'octroyer ce dont ils m'ont fait don... Le cercle s'ouvrit et l'énergie divine passa vers elle. Ganondorf resserra sa prise sur ses mains, rouvrit les yeux et la fixa d'un regard de flamme afin qu'elle ne faiblisse pas.Puissent ils t'accorder une part de cette puissance, car tel est ma volonté ! Porte nos larmes, porte notre colère, Cygne Noir ! Bientôt le monde appartiendra à notre Trône ! Et tous nous entendront rugir ! Car mon nom est Ganondorf Dragmire, élu de Din et de Farore, Haut Roi des mortels !"

Lorsque le dernier mot quitta ses lèvres, le flux s'interrompit et Ganondorf soutint aussitôt de ses bras sa fille, forcément affaiblie par une telle épreuve. Elle avait enduré cela de bout en bout, sans fléchir. Il lui faudrait sans doute un temps de repos et d'adaptation avant de retrouver l'essentiel de ses capacités mais elle venait de démontrer une force certaine. Le don était passée en elle et lui offrirait bientôt toute la puissance dont le clan aurait besoin, dans les temps qui viendraient. Mais plus qu'une arme pour la guerre, le Roi venait de trouver une véritable fille, digne de lui. Aussi, les yeux du gérudo brillaient de fierté lorsqu'il lui déclara, avec douceur et une pointe d'amusement,

"Bienvenue parmi les dieux, Swann dragmire."

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