Traqué.

[ Hors timeline ]

Dés que Swann avait montré des signes que son état s'améliorait et que la mort s'était éloignée d'elle pour de bon, Ganondorf l'avait confié aux soins de plusieurs gérudos attachées à sa fille et était resté sur son trône, trop épuisé pour se relever. Presque aussitôt, on était venu chercher la sorcière, Songe, que le Roi se promit de féliciter plus tard. Un regard vers le cadavre immobile non loin lui indiqua que le chancelier de Zelda, le fameux Orpheos, devait leur avoir causé du fil à retordre. Il se sentit un instant coupable de cette épreuve infligée à ses deux enfants. Le gérudo avait remarqué depuis longtemps que le jeune homme avait passé un pacte avec les ombres mais il n'avait pas tenté d'en tirer avantage, se délectant d'avance du sort peu enviable qui attendait cet inconscient. De tous les éléments, l'ombre restait le plus imprévisible, le plus sournois, le plus dangereux surtout. Ainsi, le seigneur du malin avait voulu le laisser sombrer dans les tourments des ténèbres. Jamais il n'aurait pu imaginer que ce nobliaux se montre à la hauteur de ses ambitions. Mais à présent, il semblait bel et bien mort.

Peu après, Aveil, la plus influente de ses soeurs, était venue le trouver et lui avait fait un rapport le plus clair possible sur la bataille. Le Lion apprit ainsi, trônant fièrement en sa forteresse, qu'il venait de triompher à nouveau. On avait vu Link et d'autres combattants de la princesse Zelda fuir la vallée pour rejoindre la plaine, de même que le démon à la hache avait vaincu le général ennemi et l'avait poussé à sonner la retraite. Toutes les gorges étaient à présent sous contrôle Dragmire.
En revanche, les pertes chez les gérudos étaient conséquentes. Le Traqueur s'était fait exploser en même temps que les prisons du dernier étage de la forteresse alors qu'il semblait en difficulté, le guerrier Thor avait été décapité par le Héros du Temps et on n'avait plus de nouvelles d'Angeel. Mort ou en fuite, sans doute. Le trône avait donc versé son sang pour garder ces terres, mais il avait également fait saigner ses ennemis. Si le cadavre du garde royal Galastop restait introuvable, personne ne pouvait décemment survivre à de telles blessures. Un jeune garçon membre de la Rédemption d'Ambre avait également trouvé la mort et de même pour de nombreux soldats au vallon.
Aveil sembla avoir achevé son récit et Ganondorf ne comprit pas pourquoi elle avait oublié de mentionner un mort. D'un bras fatigué, il désigna le cadavre du chancelier non loin et lui demanda,


"Pourquoi n'as tu pas mentionné cette mort là ? Un des plus fidèles serviteur de Zelda, ça n'est pas rien !"

Il avait commencé à imaginer qu'Aveil était jalouse de Swann et de Songe et s'en irritait déjà quand celle ci lui répondit, l'air surprise et interloquée, d'une voix légèrement tremblante comme si elle craignait d'aller trop loin,

"Sir... Cet homme n'est pas mort. Seulement inconscient."

Les yeux de Ganondorf brillèrent. Si Orpheos n'avait pas succombé, alors il y aurait profit à en tirer. Peu lui importait qu'il fut assez fatigué pour se tromper aussi grossièrement sur l'état du chancelier, il ordonna aussitôt qu'on l'emprisonne, et qu'on ne lésine pas sur les chaînes. Si il avait mit deux de ses filles dans cet état, il ne devait pas être prit à la légère.
Retrouvant une énergie nouvelle dans ses projets pour ce prisonnier si spécial, il se leva d'un coup, en oubliant son état. Aussitôt, ses blessures se rappelèrent à lui et il manqua trébucher sous la douleur. Aveil se précipita pour le soutenir mais il la retint d'un bras. Même dans un tel état, on ne l'aiderait pas à marcher, pas lui. D'un pas lent, il se rendit auprès de ses soeurs expertes dans l'art de soigner.

* * *

"Seigneur, vous ne devriez pas... Il se tourna pour lui envoyer un regard noir qui la fit taire un instant. Mais dés qu'il fut revenu à sa tâche, elle reprit de plus belle. Il ne peut avoir survécu ! Autant d'explosifs... Il doit être en charpie !"

"Ca ne te déplairait pas hein ? Cette fois il ne s'était pas retourné et lui avait sèchement répondu tout en continuait à déblayer les rochers. Son ton était clairement celui d'un homme agacé. Chez lui, c'était mauvais signe. Tandis qu'elle cherchait à se justifier, il enchaîna, Cesse donc de bafouiller. Je me moque que tu le craigne. C'est pour cela que je l'ai dressé. Mais si tu continues à vouloir m'empêcher de le sortir de là, tu passeras le pire quart d'heure de ta vie, Aveil."

Nulle gérudo n'ignorait que se faire appeler par son nom par le Lion était le signe qu'on avait trop mit sa patience à l'épreuve. Dés lors, elle se tut et le rejoignit même devant le tas de décombres. Dés lors qu'il avait commencé à aller mieux, ce qui était rapide pour une telle force de la nature, Ganondorf s'était mit en tête de sortir son Traqueur du péril dans lequel il s'était fourré. Ses soeurs le pensaient morts, et sans doute l'espéraient elle aussi. Mais l'élu de Din sentait encore l'aura de sa bête et il était résolu à ne pas la laisser crever ainsi. Le Traqueur avait accomplit un acte qu'aucun humain sensé n'aurait osé. Et le gérudo aimait à penser qu'il l'avait fait par loyauté à son maître. Comment aurait il pu l'abandonner après ça ?

Et pourtant, il devait bien avouer que l'exercice n'était pas facile pour lui. Toujours épuisé et aux blessures récentes, il avait bien du mal à dégager le tas d'éboulis qui encombraient à présent l'ancienne pièce où s'était trouvé la sage de l'esprit. C'était sa volonté et sa certitude que sa bête vivait encore qui le poussait à continuer. Après plusieurs heures, tandis que la lune s'était levé au dessus de lui, il était parvenu à la moitié de la salle sans trouver trace du Traqueur et il commença à douter. Se trompait il en croyant percevoir son aura ? Un cadavre mort pouvait il continuer à dégager de l'énergie ? Ganondorf ne s'était jamais posé cette question et elle commençait à le tourmenter quand soudain, il entendit Aveil pousser un petit gémissement. Brusquement, il se retourna dans sa direction, la vit fixer le bas d'un tas de gravats, une main sur la bouche, choquée. Il se précipita vers elle.
En écartant un nouveau rocher, la gérudo avait découvert une cage dont les barreaux avaient stoppé les lourds blocs de pierre tombés du plafond. Dans cette cage se trouvait un Traqueur visiblement inconscient. Décidé à ne pas le laisser un instant de plus dans cet état, le Lion la tira hors des éboulis et, écartant puis brisant chacun des barreaux d'acier, en sortit sa bête. Là, en le tenant dans ses bras,  il se rendit compte qu'une moitié de son visage était écorché, la peau à vif en un masque macabre.

Ganondorf se sentit mal à l'aise devant un tel spectacle. La nouvelle apparence de son Traqueur avait quelque chose de dérangeant, même pour lui. Et un simple regard pour Aveil lui confirma ce dont il se doutait : pour n'importe qui d'autre, la bête était à présent terrifiante. Alors, malgré son regret que son animal ait eu à subir un pareil tourment, un sourire lui vint. Si les gérudos avaient peur du Traqueur, il allait provoquer des cauchemars aux Hyliens. Il serait leur légende noire.

* * *

"Calme toi, Traqueur. Tu effraye notre invité."

Ganondorf siégeait, majestueux, sur son trône noir, au sein de la forteresse qui était à présent pleinement sienne. A ses pieds se tenait un Traqueur qu'on avait soigné mais qui arborait toujours son masque de cauchemar et semblait en proie à de grandes douleurs. Si il avait pu, le Lion aurait ordonné qu'on l'apaise mais ses soeurs médecins avaient été claires : elles ne pouvaient que peu face à une telle plaie. Le gérudo comptait donc bien vérifier le potentiel de terreur de sa bête sur le meilleur cobaye qu'il avait entre ses mains, le chancelier Orpheos.

Ce dernier se tenait là, à genoux, uniquement vêtu d'un pagne, les bras et les mains liées dans le dos par de solides cordes, une autre enserrant son cou et entre les mains de la gérudo chargée de le surveillée et une dernière entravant ses chevilles. Durant son passage dans les geôles, il avait visiblement subit le fouet. Pas de quoi le blesser, à peine quelques coups. Mais c'était là assez pour affaiblir son esprit. Lamentable, c'était bien là l'état dans lequel le prisonnier se trouvait. Et pourtant, Ganondorf ne perdait pas à l'esprit que c'était bien lui qui avait mit à mal deux de ses filles. Un personnage important, dans le camp de ses ennemis, qui devait en savoir beaucoup. Le Roi savait qu'il allait apprendre des choses de lui, mais il ne s'ennuierait pas avec un interrogatoire fastidieux. Il briserait son esprit et s'emparerait de ce qu'il voulait à la source. C'était là le but de son jeu.

Un jeu de peur.
Soudain, alors qu'il semblait absent l'instant d'avant, il déclara à sa bête.


"Traqueur ! Tue le. Mange son coeur."
Aussitôt, l'animal exécuta l'ordre et se jeta sur le prisonnier sans défense. Mais au dernier instant, Ganondorf fit claquer ses doigts, le stoppant net, et reprit,
"Non. Pas tout de suite. J'ai changé d'avis."

Oh, il allait adorer ce jeu.

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Orpheos


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(vide)

Depuis combien de temps se trouvait-il dans le noir… ? Il l’ignorait parfaitement. Il avait perdu toute notion de temps. Et lui qui se sentait pourtant si à l’aise lorsque la lumière ne perçait pas, il avait ardemment souhaité voir celle-ci ne serait-ce qu’une seconde. Un simple rayon de soleil pour lui confirmer qu’il n’était pas sous terre… en enfer.

Il s’était réveillé avec les yeux bandés, mais aussi avec des chaînes autour du cou, des chevilles et des poignets. Ridicule précaution… puisqu’il ne pouvait plus bouger un seul de ses bras. Ses alliées-qui-n’en-étaient-pas les lui avaient brisés. Elles l’avaient puni d’un sacrifice dont le sang était déjà froid, et puis, plus rien. Sa mémoire après ce sinistre évènement était aussi noire que la pièce dans laquelle on l’avait enfermé.

Où étaient la sorcière et le semi-démon ? Certainement en vie et soignées par les voleuses du désert… Orpheos avait pourtant été si proche de les tuer. Ce combat avait seulement été son deuxième contre les Dragmires, mais avait également été le plus rude de toute sa vie. De plus, les ombres n’étaient pas une force à prendre ou à employer avec légèreté. Toute sa vie, de ce jour, il s’en rappellerait.
Si jamais il vivait…


L’esprit hors du temps et de l’espace, il ressassait ce combat dans tous les angles, lorsqu’il ne pensait pas à Llanistar ou à Zelda. Remarqueraient-ils son absence ? Lanceraient-ils une recherche ? Une partie du chancelier espérait que oui… parce que rien ne lui procurerait plus de bonheur qu’une telle preuve d’amour. Mais il savait qu’ils ne feraient pas cette erreur : s’il se trouvait dans la forteresse, alors cette dernière était aux mains des Gérudos, et personne ne pourrait lancer un second assaut dans la vallée. Et s’il se trouvait ailleurs, Orpheos était sûr que personne ne pourrait le trouver.

On ne venait le nourrir au pain rassis qu’une seule fois par jour, et à cause du goût plus que douteux de l’eau qu’on lui faisait boire, il avait l’impression que sa bouche était elle-même en train de pourrir. Quelquefois, la Gérudo chargée de lui amener sa "nourriture" restait dans la pièce pour s’amuser.
Lorsqu’elle désirait le faire, elle faisait toujours claquer son fouet pour avertir le prisonnier du passe-temps qu’il allait subir. Et il subissait… en silence. Il n’avait plus la force de crier, ce qui mettait à chaque fois la Gérudo à bout de nerfs. Elle finissait toujours par abandonner en pestant contre le détenu.

Pourtant après chaque séance, les marques laissées par le fouet le brûlaient.
Elles le brûlaient jusqu’au plus profond de sa peau, plus blafarde que jamais.


Et puis un jour, peut-être des semaines après…


-Chancelier ! gueula sa surveillante qui ouvrit la porte avec fracas. Le Roi désire te rencontrer.

C’était comme si cette femme venait de rallumer une petite bougie dans le noir qu’était son esprit. Même s’il comprenait qu’il s’apprêtait à voir l’Ennemi, cela insufflait une énergie nouvelle à ses pensées. Rien ne pouvait mieux tuer Orpheos que l’enfermement et la privation de sa liberté.


-De quel roi parles-tu… souffla la voix du séquestré, rendue rauque après des jours entiers de mutisme. Il n’est rien de plus que ton seul seigneur…

Il entendit les pas de la Gérudo se précipiter vers lui, et le bruit d’une gifle retentit contre les murs humides.

-Ta gueule ! Ce n’est qu’une question de temps avant qu’il ne devienne Roi d’Hyrule. Un jour ou l’autre, il se baignera dans le sang de cette stupide princesse que tu sers !

Les jambes et la mâchoire d’Orpheos se contractèrent, mais il n’en fit rien. De toute façon il ne le pouvait pas. La rouquine l’avait bien compris et se moquait sans arrêt de l’apparence qui était désormais la sienne, à mesure qu’elle le libérait de ses chaînes.
Quand le musicien fut détaché de la dernière, il s’effondra sur le sol où flottait encore sa propre urine.


-Quel manque de dignité pour un dignitaire ! railla la voleuse.

C’était vrai. Orpheos ne se voyait pas, mais il savait qu’il était plus maigre qu’il ne l’avait jamais été. Il savait aussi qu’il puait. Et il savait aussi que le seul vêtement qu’il portait n’était qu’un vulgaire pagne… pour l’humilier.


-Allons le voir… Notre Roi !


Les yeux bandés, Orpheos erra entre l’éveil et le sommeil durant tout le trajet qui le mena des cachots jusque dans la salle du trône. Malgré son état, il avait rarement pu dormir à poings fermés dans sa geôle. Souvent, il n’avait même pas pu dormir du tout.
Et enfin, après qu’on ait remplacé ses chaînes par des cordes, puis qu’on l’ait traîné dans plusieurs escaliers, il parvint à destination. Dès qu’on eut franchi les portes, on le mit très rapidement à genoux sur le sol froid.


-Seigneur, nous vous amenons le prisonnier.

Puis, pour la première fois depuis son réveil dans sa cellule, on lui retira le bandeau des yeux.

La pièce n’était pas foncièrement éclairée, mais les flambeaux qui brûlaient sur chaque colonne suffisaient à éblouir les yeux du jeune homme. Habitués aux ténèbres pendant trop longtemps, le retour à la lumière était véritablement violent. Un mal de crâne barra aussitôt son front, et en raison de son extrême lassitude, il eut grand mal à faire le point sur ce qui siégeait devant lui.

Ganondorf trônait sur son siège à seulement cinq mètres de lui, au sommet d’une petite volée de marches. Le trône était noir, visiblement en pierre volcanique à l’état brut. Un tapis rouge s’étendait depuis les pieds jusqu’aux portes de la salle, derrière Orpheos, et des tapisseries s’efforçaient de rendre moins sinistre les murs ocres qui les entouraient.
Une très étrange créature se tenait au pied du trône. Vêtue d’une fourrure en piteux état et coiffé d’un crâne de cerf, Orpheos crut d’abord qu’il s’agissait là d’un animal jamais vu… Avant que la chose ne se retourne pour lui montrer son visage à moitié brûlé, et ne se mette à gronder comme une bête lorsqu’elle vit le misérable garçon aux cheveux sales.


-Calme-toi, Traqueur, l’apaisa Ganondorf qui avait bien vu le léger recul qu’Orpheos venait d’effectuer. Tu effrayes notre invité.

La bête ne semblait calmée que pour un instant. Quel démon ce voleur était-il encore parti chercher ?


-Votre invité d’honneur, s’il-vous-plait,
ironisa le chancelier tant bien que mal.

Ganondorf ne répondit rien et se contenta de l’observer… C’était la première fois qu’Orpheos se retrouvait face à cet homme. Il avait déjà eu affaire à son fantôme, à la citadelle noire, mais jamais au véritable roi des voleurs. Ganondorf avait une carrure très impressionnante et un regard que même lui peinait à soutenir. Le Sheikah dut s’avouer que paré comme il était, et assis avec le maintien qu’il avait, le Gérudo pouvait aisément se faire passer pour le maître de tout un royaume. Un royaume qui l’aurait très certainement craint, et à très juste titre…


-Traqueur ! s’écria-t-il tout à coup. Tue-le. Mange son cœur.

Le monstre en fourrure poussa une exclamation qui dut être de la réjouissance, et se jeta immédiatement sur le prisonnier. Orpheos serra les dents et ferma les yeux, prêt à mourir enfin…
Jusqu’à ce que Ganondorf ne claque des doigts.


-Non. Pas tout de suite. J’ai changé d’avis.

La bête stoppa illico son geste et revint près du trône, apparemment déçue.
Quel sadisme… Orpheos n’avait pu contrôler sa poitrine qui s’était soulevée, sous l’effet de la peur, et désormais il était déstabilisé. Ganondorf n’était pas seulement un redoutable guerrier, il semblait également être un fin psychologue. Cela se présentait mal.


-Vous pouvez me tuer de la façon dont vous voudrez, rétorqua Orpheos sans élever la voix. Vous savez de quel peuple je viens, et n’ignorez certainement pas la mission qui a été confiée aux miens… Je perdrai la vie comme eux, pour la princesse.

Les pupilles émeraude du musicien scintillaient. Elles étaient le seul signe de vie véritable chez lui, alors que tout le reste de son corps était à l’agonie.
Orpheos releva la tête et osa darder ce regard plein de vie vers celui, plein de mort, de Ganondorf.

-Quel dommage qu’un seigneur tel que vous ne puisse se contenter des voleuses qui sont à sa disposition, dit Orpheos sur un ton étrange qui oscillait entre respect et sarcasme. L’ambition reste difficile à ignorer, je suppose. Je ne vois pourtant pas en vous de complexe à soulager… ?

Même dans sa position avilissante, seulement couvert de cordes et de pagne, le chancelier des Arts jamais ne pliait. Trop insolent, trop rebelle, trop têtu pour cela.


Lanre


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(vide)

Il avait mal. Le Traqueur avait si mal qu'il en avait assez. Le mal était sournois, comme les vilains avec qui il avait voulu jouer. Vilains, qu'ils étaient... oh, oui, si vilains... Pourquoi avaient-ils fait mal au Traqueur, il ne le savait pas. Mais le Traqueur avait mal désormais, et il n'aimait pas ça. Il ne comprenait pas non plus qu'il fut des gens aussi vilains. Depuis que sa Forêt avait brûlé, personne ne voulait s'amuser, comme avant. Quand le Traqueur voulait jouer, ils essayaient de le battre. Mais le Traqueur voulait gagner ! Gagner ! Gagner ! Pas un n'avait le droit de le battre, donc ils essayaient de tricher. Mais le Traqueur n'aimait pas ça.

Le Traqueur n'aimait pas attendre, mais il avait si mal qu'il en avait assez de ne pas aimer. Il aurait voulu ne plus rien sentir, pour pouvoir jouer comme avant. Au lieu de cela, les vilains le brûlaient encore, sous la peau.
« Triiiiicheurs ! — Les vilains petit tricheurs ! » Siffla-t-il, tandis que Celui-qui-dominait-ce-qui-brûle-comme-l'eau-rouge discutait avec un autre joueur malhonnête, avec un autre hideux trompeur. Le Traqueur n'en avait rien à faire de toutes ces palabres, et le temps lui semblait d'autant plus long qu'il souffrait. Le Traqueur leva haut ses bras, alors que le tricheur parlait et frappa durement le sol, à s'en faire mal. Il regrettait d'avoir fait ça, mais au moins avait-il gagné l'attention du Maître. Le Traqueur cherchait le regard de celui-ci, mais il avait mal.

"Le Traqueur... —" ... ne parvint pas à finir sa phrase. Le Traqueur ne savait pas si les yeux-jaunes-comme-ceux-du-serpent y étaient pour quelque chose, mais ils lui faisaient peur, et le mal aimait qu'il ai peur. Il s'attrapa la tête à deux mains et la balança vers la gauche avec une force à se faire craquer le cou. Il avait mal, et son corps tout entier se tordait. Vilains... Qu'ils étaient de vilains tricheurs ! Le Traqueur ne les aimait pas. Pas du tout. Il avait mal. Il se mit à gémir comme les Kokiris qu'il battait et qu'il mangeait. Mais le Traqueur ne voulait pas être mangé ! Le Traqueur voulait ne plus avoir mal ! « NE PLUS AVOIR MAL ! VILAIN ! » Hurla alors le Traqueur, sans savoir où il avait trouvé la force de crier si fort. Même après qu'il se soit tu, d'autres Traqueurs lui répondirent longuement, un peu partout, comme cela arrivait parfois dans les bois. Le Traqueur se sentit presque apaisé, d'être entouré d'amis qui n'existaient pourtant pas.


Il se serait battu et se serait mangé d'avoir hurlé, tant le mal était sournois. Bientôt le Traqueur tomba au sol et se mit à rouler de droite à gauche, en grognant. Pourquoi ses amis ne venaient-ils jamais l'aider ? Il les cherchait parfois, mais il ne trouvait que le vent entre les grands arbres qu'il aimait à escalader. « Vilains... » Souffla-t-il, alors que le mal lui faisait haïr les seuls qui parlaient encore avec lui.


Et soudain, le Maître parla de jeu. Le Maître désignait le jeu par un son qui n'avait aucun écho à ce Traqueur connaissait, mais ils avaient fini par se comprendre, le Maître et lui. Quand le Maître disait ce mot, le Traqueur devait jouer. Le Traqueur cessa de se rouler par terre, mais ne se releva pas immédiatement. Il sentait que le jeu l'appelait et il avait envie de répondre à son appel. Le jeu était toujours gentil, c'étaient les joueurs qui étaient vilains. Lentement, le Traqueur tira ses bras hors de la boule qu'il avait formé, et lentement le Traqueur se hissa à quatre pattes. Le Traqueur observa son compagnon de jeu, sans comprendre toutes les parures qu'il portait. Comme celles qu'il avait posé sur les joueurs-dans-les-habits-de-fer mais celles-ci lui paraissaient inutiles et juste lourdes. Mais le Traqueur n'était pas bête ! Le Traqueur finit par comprendre que c'était un filet. Un filet bien étrange, mais un filet tout de même.


Soudain, le Traqueur cessa de penser qu'il avait mal. Il se concentrait sur ce filet si étrange. Et puis le Traqueur bondit. En moins de temps que l'air, il était arrivé aux pieds du tricheur. Mais le Maître retira ce qu'il avait dit, laissant le Traqueur seul avec le mal. Le Traqueur cessa son action, pour retourner se tenir la tête dans l'ombre. Il avait froid autant qu'il avait chaud, il avait mal autant qu'il voulait jouer. Parfois il gémissait, un peu, en se tordant à nouveau. Les dents du Traqueur claquaient sans qu'il ne leur demande. Le rythme était disgracieux, même le Traqueur ne l'aimait pas. On aurait dit un de ces méchants esprits qui refusaient de jouer, de se laisser toucher. Clack. Clack Clack. Clack. Clack Clack, Clack. Claaack. — Clack. Clack Clak. ... —


Et puis le Traqueur recommença à bouger. Il voulait jouer et éviter d'avoir mal. Il en avait assez que le Maître et le Tricheur continuent à parlotter. Alors, silencieusement, il se déplaça dans l'ombre, bien qu'il lui arrivait encore parfois de lâcher un bruit étrange, ou de claquer des dents, involontairement. Le Traqueur ne s'en préoccupait plus, il était dans le dos du Tricheur. D'un saut, il se hissa sur le Tricheur, alors que le jeu lui donnait envie de grimper. « Vilain tricheur ! » Beugla le Traqueur, alors qu'il s'asseyait sur les épaules rabougries du tricheur. Avec ses pieds, le Traqueur commença à compresser la gorge du malhonnête, du trompeur, pour l'étrangler. « Ta gorge, au Traqueur. » Murmura le Traqueur à l'oreille du « Un vitré deux nord », avant qu'il ne glisse ses doigts dans sa bouche. La main droite du Traqueur tira la mâchoire du haut vers le haut, tandis que la main gauche tirait celle du bas vers le bas. Le Traqueur n'avait jamais écartelé de visage, mais il n'était pas trop tard pour commencer.


La peur.
Le chancelier venait soudainement d'y goûter, sans qu'il en fut conscient sur le moment. Ganondorf avait remarqué avec un intérêt amusé que ce dernier semblait accepter son sort, dés lors que le Traqueur lui avait bondit dessus. Seulement, lorsque le son de ses doigts avait stoppé l'animal enragé par ses souffrances, le gérudo avait bien vu que l'instinct de son prisonnier avait réagit. Si la volonté de sa conscience demeurait forte, toutes les zones d'ombres de son esprit se rebellaient contre leur fin.
Il lut le doute dans le regard d'Orpheos mais aussi une détermination forte, qui n'était pas du goût du Lion. Oh non, malgré toute la force de sa volonté, il ne quitterait pas ce monde en accueillant la mort, délivré de tout regret ! Le Sheikah s'était dressé face à lui, il avait attaqué sa forteresse et blessé ses filles. A pareil affront devrait répondre un châtiment exemplaire. Il allait souffrir, dans sa chair et son âme ! C'était là se donner bien du mal. Après tout, il eut été plus simple de trancher cette gorge nue ou de donner la permission à la bête du clan d'en faire son jouet... Mais c'était là un sort bien trop clément pour un pareil ennemi. Le message devait être clair : nul ne pouvait s'opposer au Lion et espérer une fin heureuse.
Le silence pesant, malmené par les lamentations du Traqueur, fut brisé par la voix feutrée et calme du chancelier.


"Vous pouvez me tuer de la façon dont vous voudrez. Vous savez de quel peuple je viens, et n’ignorez certainement pas la mission qui a été confiée aux miens… Je perdrai la vie comme eux, pour la princesse."

Ganondorf le vit lever les yeux vers les siens. Des yeux d'émeraude, la pierre dédiée à Farore, où brûlait la flamme d'un grand courage. Evidemment, le gérudo connaissait les Sheikahs et leur fidélité à la famille royale, il en avait assez fait les frais, dans un autre temps. Lorsque Impa lui avait soustrait la princesse et l'ocarina du même coup, puis lorsqu'il avait véritablement envahit Hyrule. De tous, les semblables d'Orpheos lui avaient opposé la plus farouche résistance. Mais il les avait brisé. Pire, il avait parfois réussit à en amener certains dans son camp. Depuis lors, il ne les craignait plus. Le Lion ne craignait rien, hormis une personne.
Il eut un léger rire lorsque le chancelier jura de perdre sa vie en bon Sheikah. A quoi d'autre pouvait il donc s'attendre ? Après ce qu'il avait osé commettre, la seule question qui restait en suspens était : Comment allait il mourir ? Ganondorf ne manquait jamais d'idées lorsqu'il s'agissait d'envoyer ses ennemis dans l'outre monde. Mais cette fois, l'une d'entre elles dominait largement les autres dans son esprit. Il lâcha un bref coup d'oeil à son Traqueur, qui s'était éloigné dans les ombres de la salle, en répétant ses lamentations malsaines. Finalement le gérudo répondit, en écartant les bras,


"Vous mourrez, Orpheos ! Soyez certain que j'honorerais cette tradition de votre peuple, comme je l'ai toujours honorée ! Avec soin...Et grand plaisir. Mais avant cela... Il fit signe à une servante de lui amener une coupe de vin, qu'il porta à ses lèvres, en ajoutant, Vous allez m'être utile une dernière fois.

Il leva la coupe et but à grande gorgées. Ses yeux d'ambre devinrent perçants, comme des lances de cavalier en pleine bataille. Sans prévenir le chancelier par un geste ou une parole , il lança son esprit contre le sien. La charge mentale fut si brutale que Ganondorf se demanda si il n'allait pas faire s'effondrer la demeure de l'esprit d'Orpheos, mais après un instant de confrontation où le gérudo eut le sentiment qu'il allait briser la volonté de son ennemi, il détourna le regard, défait.
Aussitôt, il remarqua que goût de l'échec lui était toujours aussi insupportable. Les poings crispés d'agacement, le Roi paru perdre son calme un instant, avant de se reprendre subitement. Après tout, réagir violemment eut accordé à la petite victoire du chancelier une importance qu'elle n'avait pas. Ainsi entravé, traité avec moins d'égard qu'un esclave, il ne tarderait pas à céder.

C'est alors que, pour la première fois dans leur entretien, Ganondorf sembla perdre le contrôle de la situation. Concentré sur sa tentative de briser Orpheos, le gérudo n'avait pas remarqué le manège de son Traqueur, qui avait contourné le prisonnier pour mieux se retrouver dans son dos, et l'attaquer sans permission. Vert de rage devant une telle insolence, le Lion se leva et rugit,


"Traqueur ! Lâche le, chien !"

Il leva le bras et appela les flammes. Aussitôt, un long fouet rougeoyant tournoya dans les airs autour de Ganondorf avant de fondre sur la bête en un impact douloureux et sonore. Le gérudo n'avait pas usé de cette arme au hasard. C'était ainsi qu'il s'était rendu maître de la créature, lors de leur première rencontre, au mont du péril. Et à présent, il fixait son animal avec la même colère autoritaire et lui rappelait où était sa place. Une deuxième fois, le fouet claqua, mais au dessus de lui, pour l'écarter du chancelier qui semblait peiner à se remettre de l'agression.
Le silence s'installa à nouveau. Toutes les gérudos baissaient les yeux, impressionnées et respectueuses, devant leur Roi. Lorsque le calme revint pleinement, Ganondorf fit se disperser les flammes et se rassit, appelant une nouvelle coupe de vin, mais toujours vigilant. Personne n'est aussi zélé à se faire respecter que les tyrans. Finalement, il lança à Orpheos, moqueur,


"Je vous prierais bien d'excuser le Traqueur, mais il se trouve que ceci est bien peu de choses en comparaison à ce qu'il a subit de la main de vos alliés. A présent, reprenons. Chien, viens ici !

Le Traqueur était une bête naturellement effrayante. Avec sa blessure au visage, elle en devenait cauchemardesque. Mais lorsqu'elle revint dans la lumière, Ganondorf l'entoura d'un voile presque imperceptible d'ombres. Orpheos s'était cru plus fort que les autres et plus malin que lui. Il pensait pouvoir contrôler les ombres, les plier à sa volonté ! Le pauvre fou. Il n'existait pas de pouvoir plus dangereux à manipuler que celui là. Et il allait le lui prouver.
Le voile qu'il plaça sur le Traqueur était un manteau de cauchemar. Un tel sort avait déjà tué des hommes, de terreur. S'installant confortablement sur son siège, Ganondorf appela une troisième coupe de vin. Il la leva et commença, d'une voix profonde et malicieuse,


"Dis moi, Orpheos, Il but une gorgée, s'essuya les lèvres de sa langue, et poursuivit, De quoi as tu peur ?"

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Orpheos


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Que les déesses lui donnent la force de faire face… Plus Orpheos regardait Ganondorf, et plus il se convainquait que sa mort serait douloureuse. Mais peu lui importait : le devoir était ce qu'il était. La mort était le destin de toute chose, autant que la sienne soit fidèle aux traditions de son peuple.

-Vous mourrez, Orpheos ! Soyez certain que j'honorerai cette tradition de votre peuple, comme je l'ai toujours honorée ! Avec soin… et grand plaisir.

Orpheos regarda Ganondorf d'un air parfaitement dégoûté. C'était ce genre de monstre et de mégalomane qui avait conduit ses propres parents à une mort violente.

-Mais avant cela… Vous allez m'être utile une dernière fois.

Les sourcils du détenu se froncèrent… Il n'aimait pas beaucoup ce mot, "utile", dans la bouche du Dragmire. Cela signifiait qu'il souhaiterait l'utiliser contre la souveraine qu'il protégeait, et il ne pouvait pas l'accepter. Il ne pouvait pas mourir avec l'idée que par sa faute, cet homme serait dans la capacité de nuire à Zelda. Alors, immédiatement, il se rebella.


-Jamais je ne vous laisserez m'utiliser. Jamais je ne vous-…



Mais il fut pris de court, tout à coup, en ressentant une gigantesque pression sur son propre cerveau. Une force écrasante chercha à compresser son esprit, lui donnant l'impression que son crâne entier commençait à brûler au fer blanc. Sa tête était prête à imploser comme lors de son combat contre la sorcière !

-Soumets-toi. Tu n'es pas de taille pour me résister, gronda une voix imposante dans son esprit.
-Jamais… Jamais je ne plierai… si facilement…

Ganondorf cherchait à entrer dans sa tête en enfonçant la porte de son esprit. Mais la porte tenait bon, Orpheos se livrait à tous les efforts psychiques possibles pour résister à l'incroyable force mentale qui tentait de le brutaliser.

-Vous n'entrerez pas… Vous n'entrerez pas… Vous n'entrerez pas… VOUS N'ENTREREZ PAS !

Et cette fois, son esprit eut un sursaut suffisamment puissant pour chasser l'intrus de sa tête.
S'il avait pu s'effondrer sur le sol, Orpheos l'aurait très certainement fait, mais la corde que tenait la Gérudo à son cou l'en empêcha. Elle maintint sa prise sur lui pour le faire se tenir droit, en manquant de l'étrangler.



-Ne sous-estimez pas… les Sheikah… haleta Orpheos.
-Vilain Tricheur !

Sans qu’il ne comprenne quoique ce soit à ce qui lui arrivait, quelqu’un se jeta sur le chancelier. Trop occupés dans leur duel psychique, la bête s'était faufilée dans le dos du prisonnier sans que lui-même ou que Ganondorf s'en aperçoivent. Elle se vautra sur ses petites épaules qui n'auraient jamais été prêtes à supporter un tel poids, et qui le trahirent en le laissant s'écrouler face contre terre. Sous la bête qui l'étranglait.

-Ta gorge au Traqueur, siffla le monstre à son oreille.

Sa gorge était-elle si fragile, ou cette chose en fourrure avait-elle autant de force dans les doigts ?! Ses doigts, justement, forcèrent l'entrée de sa mâchoire pour l'écarteler à la fois vers le haut et vers le bas. Orpheos poussa un râle de douleur…


-Traqueur ! Lâche le, chien !

Un fouet de flammes, semblable à celui qu'avait utilisé la comparse de la sorcière face au musicien, claqua aussitôt avec bruit pour s'enrouler autour du monstre. Celui-ci relâcha enfin Orpheos, sous le regard furieux de Ganondorf, avant d'être jeté ad patres loin du Sheikah.
Il suffoqua quelques instants en peinant à reprendre son souffle. Il sentait encore la poigne surhumaine de ce Traqueur autour de sa gorge et dans toute sa mâchoire. Quelle force ! A peine avait-il pu renvoyer Ganondorf hors de sa tête que son "animal" avait manqué de le tuer. Son esprit et son corps n'avaient jamais été soumis à pareilles épreuves, pas dans un tel état.

Le feu disparut lorsqu'Orpheos parvint à reprendre ce qui lui restait de souffle. Le silence plana alors quelques instants dans la salle, et personne n'effectua le moindre mouvement. Même la Gérudo tenue de le maintenir au bout de sa corde n'osa pas le faire se redresser.


-Je vous prierais bien d'excuser le Traqueur, mais il se trouve que ceci est bien peu de choses en comparaison à ce qu'il a subi de la main de vos alliés. A présent, reprenons. Chien, viens ici !

Le ton sarcastique du voleur n'atteignit aucunement son invité, qui continuait de surveiller avec un œil très attentif le Traqueur. D’où pouvait bien venir cette chose ? Et qui avait pu lui brûler à ce point la moitié du visage pendant la bataille de la forteresse ?
Il se prit à espérer qu’il souffrait suffisamment.


-Dis-moi, Orpheos, de quoi as-tu peur ?

L’interpellé allait répondre en un seul mot : rien. Mais c’était avant que sa vision ne semble se troubler. Que se passait-il ? Le Traqueur ne semblait plus vraiment être lui-même… son corps avait une forme différente, mais puisqu’il tournait le dos à Orpheos, le dignitaire ne pouvait pas voir son visage. En revanche, il ne tarda pas à reconnaître qui parlait à sa place.

-Te souviens-tu du jour où tu as scellé le pacte ? lui demanda la voix devenue mortifère de Zelda. C’est moi que tu as vu… C’est moi qui t’aie poussé à offrir ton âme. Moi, la souveraine qui ne pourra jamais mourir pour toi, comme tu es prêt à mourir pour elle.
-C’est inutile, Ombre, répondit calmement le magicien. Tu ne me tourmenteras pas avec l’apparence faussée de mon amie.
-…Vraiment ?!

"Zelda" se retourna alors, toujours couverte de la fourrure et du crâne de cerf.
Dès cet instant, Orpheos crut qu’il allait rendre le peu de nourriture ingurgitée.


[mature contenu="Gore"]A l’instar du Traqueur, toute une moitié du visage de Zelda avait été brûlée. Plusieurs mèches de ses cheveux blonds étaient devenues blanches sur tout un côté. Quand la chair de son cou et de ses bras étaient à vif, sanguinolente, la partie gauche de son visage ne ressemblait plus qu’à de la viande qu’on aurait trop rôtie sur les os du crâne.
Une partie de son nez avait été calcinée, et le coin gauche de ses lèvres avait été arraché de sa bouche pour qu’on ne voie plus que les dents. De sa joue rose pâle ne restait plus que des tissus musculaires qui s’étiraient tant bien que mal sur sa face, tellement secs qu’ils semblaient prêts à rompre. Dans le creux de cette joue ressurgissait même une partie des os, juste sous les tissus brûlés. Et son œil, prêt à sortir de son orbite… Son œil blanc qui dardait Orpheos, engoncé sous une arcade cramoisie qui ne possédait plus de sourcil…


-Tu ne peux pas lui faire ça… gémit l’esclave des Ombres.
-C’est de ta faute. C’est toi qui n’auras pas su la protéger…

La partie saine de son visage se tordait en une expression démoniaque qui ne pouvait être celle de Zelda. Son ami le savait, alors pourquoi son cœur cognait-il à en sortir de sa poitrine ?!

-Admire ton œuvre… poursuivit "Zelda" en se passant une langue coupée en deux sur le reste de ses lèvres.
-Je ne veux pas voir ça.

Le ménestrel ferma ses yeux embués. Mais ce fut comme s’il ne l’avait pas fait, car la salle du trône continua de lui apparaître… avec la sinistre princesse face à lui. "Zelda" lui adressa un sourire qui déforma un peu plus son visage, et s’attaqua à son oreille dépiautée en arrachant le bijou qui y était attaché. Emportant le lobe avec lui.

-Toi au moins, tu peux voir…

Elle fit alors coulisser le bout d’oreille sur la pince du bijou, le jeta au loin, et leva le bras vers son œil qui possédait encore une pupille…


-Qu’est-ce que tu fais… ? NON, ARRÊTE !

La pince du bijou s’enfonça dans l’œil bleu de la princesse et le perça comme un couteau s’enfonçant dans du beurre. Toujours ouvert. Toujours dirigé vers Orpheos.

Le chancelier dut alors pousser un des plus épouvantables hurlements possibles.


-Je ne vois plus rien… continuait la princesse ombrageuse.

Du sang mêlé à du liquide lacrymal s’écoulait de son œil crevé, dont elle s’empara pour l’arracher de sa cavité dans un bruit visqueux, avant de le rouler entre ses doigts munis d’un gant qui devait être originellement blanc.

Orpheos ne voyait plus que cet œil fixé sur lui. Il n’y avait plus que ça.
Jusqu’à ce que l’Ombre ne l’écrabouille dans sa main gantée…
[/mature]

-ASSEZ !


A peine venait-il de pousser son dernier hurlement qu’Orpheos vomit toute la bile qui lui restait dans l’estomac, avant de se recroqueviller sur le sol. Son cœur tambourinait et les bronches de ses poumons se rétrécissaient. Il avait chaud et froid. Son corps entier suait et tremblait. Sa tête tournait.

Quelque part, dans un coin de ce qui restait de son esprit, il était vaguement conscient que l’illusion venait de prendre fin sous le regard de Ganondorf. Trop éprouvé par ce qu’il venait de voir, le Sheikah ne se gênait même plus pour pleurer. Pleurer était bien la seule chose qui lui restait.


-Vous n’aviez pas à faire ça… Espèce de lâche…
sanglota Orpheos.


Ganondorf remarqua avec une pointe d'amusement que toutes ses soeurs avaient détourné le regard du Traqueur, dés lors qu'elles avaient comprit l'effet du manteau d'ombre. L'un d'entre elles tremblait fortement en se bouchant les oreilles de ses mains, tandis que d'autres semblaient tétanisées. Malheureusement pour elles, le maléfice jeté sur la bête du gérudo était plus qu'une simple illusion qui trompait leurs yeux. C'était l'esprit tout entier qui se trouvait abusé par ce que les ombres allaient chercher au plus profond de la victime. Fermer les yeux, s'empêcher d'entendre ou même arrêter de respirer ne changeait rien. Dés lors qu'une âme se trouvait sous l'influence des ombres, elle était soumise à l'influence néfaste des ténèbres. Une seule pouvait se vanter de maîtriser cette influence.

Et ça n'était pas Orpheos.
Un sourire de satisfaction victorieuse aux lèvres, le Lion vit son prisonnier tenter de résister, se débattre avec la vision de sa plus grande terreur. Où était donc passé le chancelier bravache qui osait se moquer et user d'ironie devant lui, à présent ? Il avait disparu. Curieux mais ne pouvait pas voir de ses yeux ce que les ombres avaient réussi à saisir en lui, Ganondorf leur ordonna dans un murmure de le lui révéler. Un murmure identique, imitant sa voix, lui répondit. Dés lors, il comprit pourquoi son "invité" semblait tirer autant de souffrance que de peur devant sa vision. Aucune créature de la nuit, aucun démon maléfique, aucun monstre écoeurant n'effrayait Orpheos. En revanche, l'idée qu'il arrive malheur à sa princesse suffisait à le mettre dans un état déplorable. A cet instant, le Dragmire aurait bien eu envie de partager le spectacle que les ombres offrait au chancelier, mais il y avait plus important.

Cette fois, on ne lui résisterait pas. Afin d'accentuer la force de son assaut, il brandit un bras en avant, comme un plongeoir pour son esprit, et s'élança à l'assaut de la forteresse mentale d'Orpheos. Et, ainsi qu'il l'avait prévu, la résistance fut bien moindre qu'auparavant. Avec une pointe de fierté, Ganondorf enfonça les défenses du Sheikah et s'empara de son esprit.
Conscient que posséder un membre de cette race pouvait s'avérer dangereux, il extirpa les renseignements qu'il convoitait et en sortit aussitôt, pour voir sa victime affaissée sur le sol, incapable de retenir ses larmes. Ainsi donc, Zelda avait réussit à s'attacher à ce point certaines loyautés... Toujours incapable de comprendre la princesse, le Lion pensa qu'elle avait surement usé de son pouvoir divin pour cela. Avec la Triforce de la sagesse et un sang royal, il devait être aisé de priver certains esprits influençables de leur volonté. Mais que ce fut au point qu'une simple vision puisse terrasser un esprit comme celui d'Orpheos impressionnait Ganondorf et commençait à l'intéresser.
Il s'imaginait déjà utiliser cette arme lorsqu'il entendit la voix pleine de haine et de ressentiment mais faible qui était celle de son invité.


-Vous n’aviez pas à faire ça… Espèce de lâche…

Ganondorf reprit un verre de vin et lui répondit calmement,

- C'est bien là ce qui te trompe. Torturer ton corps pour faire céder ton esprit aurait prit du temps et des précautions. Deux choses dont il vaut mieux se passer en temps de guerre. Quand à ma lâcheté, vas donc dire cela à tes amis qui t'ont abandonné ici ! Il but la coupe d'un trait, avant d'ajouter, en y prenant un immense plaisir, Entre les griffes de la mort.

Car en effet, Orpheos allait mourir, ce point ne souffrait pas d'incertitude. Pour son audace, l'affront et le mal qu'il avait fait à ses filles et pour son erreur d'allégeance. Mais pour autant, il n'avait pas de raisons de se plaindre. Etre exécuté sur ordre ou par la main même de Ganondorf lui même était, au yeux de ce dernier, le plus grand des honneurs qu'il pouvait accorder à un de ses ennemis. Nombreux étaient les soldats morts sous les coups de ses soeurs ou achevés d'une pique dans la nuque tandis qu'ils giseaient misérablement dans la poussière des gorges. Le chancelier aurait une mort à sa hauteur.
Presque inconsciemment, Ganondorf jeta un oeil à son Traqueur, qui avait reprit son apparence. La pauvre créature souffrait le martyr, et malgré toute sa puissance, le Lion n'y pouvait rien. Au mieux pouvait il apaiser ses souffrances pour un temps... Ou les lui faire oublier. Un sourire carnassier vint au seigneur du désert. Car il y avait bien quelque chose qui pourrait soulager le Traqueur, et envoyer Orpheos auprès de ses ancêtres. Un jeu. Une traque.


- Traqueur, viens ! Allons nous amuser.

* * *

Ganondorf montait son meilleur étalon. Dressé fièrement, sous la lumière écrasante du soleil, les cheveux ondulants légèrement sous la brise du vent d'Hyrule, il contemplait ce qu'il avait gagné il y avait peu de temps de cela. Les gorges et la vallée Gérudo s'étendaient devant lui, en un canyon massif où le peu qui y survivait avait apprit à dévorer le plus faible et à fuir le plus fort. En somme, cette terre lui évoquait son désert. Et pourtant, il y avait ce vent. Le vent d'Hyrule, doux, frais, comme une caresse sur la peau. Et il y avait cette rivière qui courrait dans cet enfer de roches, et qui avait surement creusé la vallée entière en des temps reculés. Ganondorf se trouvait donc encore à la frontière de sa future conquête, ni au désert, ni dans la verte plaine. Mais déjà, il commençait à apprécier ce paysage. Cette vallée aux chemins traîtres et aux falaises mortelles serait un terrain de chasse parfait.

Mû d'une soudaine envie d'humilier un peu plus son prisonnier, il tira brusquement sur la corde qui enserrait le cou d'Orpheos et le tira en arrière si brusquement que ce dernier chuta lourdement. Ses bras étaient toujours attachés, pour l'instant. A ce sujet, Ganondorf hésitait encore à les libérer. Il fallait du défi pour son Traqueur mais lorsqu'il repensait à ce que le chancelier avait pu faire à ses deux filles... Il n'était plus aussi sur de la facilité du jeu pour son chien.
Finalement, tandis qu'une gérudo le relevait sans ménagement, le Lion se décida à les libérer en s'apercevant de l'état de faiblesse dans lequel se trouvait son invité, après tant de temps passé en prison et de coups de fouet essuyés. Au final, le Traqueur ne risquerait pas grand chose. Ce dernier commençait d'ailleurs à s'agiter et semblait prêt à sauter sur sa proie avant même le signal de départ, ce qui fit penser au Roi qu'il était temps de commencer.

Sans brusquer, il fit avancer sa monture à la hauteur d'Orpheos et lui désigna le paysage devant eux d'un mouvement ample de son bras droit, en déclarant fièrement,


- Ceci est notre terrain de jeu. Les règles sont simples, sieur Orpheos, Il avait ironiquement accentué le titre de son prisonnier, Restez en vie le plus longtemps possible. Essayez d'échapper à mon Traqueur. Rien qu'une chasse bien peu originale en somme. Il n'y a que le gibier qui sorte de l'ordinaire...

Il ricana, plein d'un plaisir sadique d'assister bientôt au trépas inévitable d'un ennemi de longue date. Le Traqueur avait une manière bien à lui de donner la mort. Ca n'était ni rapide, ni indolore, ce qui en faisait des spectacles fort réjouissants, pour peu qu'on goûte à l'art subtil de tuer. D'un geste de la main, il fit signe qu'on tranche les liens qui entravaient le chancelier tandis que son autre main saisissait un long fouet de cuir. Il déclara, assez fort pour que la bête puisse l'entendre,

- Nous vous laissons trente secondes d'avance. Ensuite, la chasse débutera. J'espère que vous êtes prêt... Il brandit le fouet et l'abattit violemment sur le dos nu d'Orpheos, Car nous venons de commencer !

Il lâcha la corde toujours nouée au cou du chancelier. Déjà, un sablier imaginaire s'écoulait dans son esprit.
Encore 25 sec.

Ce compte est un compte narrateur : les personnages joués par le narrateur ne peuvent pas être utilisés par les joueurs ou joueuses dans leur post (sauf autorisation d'un admin) et les jets de dé du narrateur sont contraignants.



Orpheos


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(vide)

Jamais il n’aurait cru qu’un jour, il se remettrait à pleurer si aisément. Il avait trop larmoyé par le passé. Par remords, pour s’être mépris sur la nature de celui qui l’avait élevé avant de le tuer. Par amour, pour celui qui avait été prince avant Dun. Par solitude, bien souvent… Mais jamais il ne l’avait fait pour Zelda. Elle était ce pilier indestructible de sa vie, celui qui tenait bon contre vents et marées. Perdre ce pilier reviendrait à faire s’écrouler tout le fragile temple de paix qui abritait Orpheos de ses nombreux tourments.

Il l’aimait tant. Il donnerait toujours jusqu’à sa vie pour sauver la sienne.
Malheureusement il n’aurait pas l’occasion de le faire…

Sa vie allait être gaspillée.


Orpheos tomba à moitié inconscient lorsqu’il eut quitté la salle du trône, et pour ce, il n’eut guère de souvenirs du trajet qui le conduit à l’entrée de la vallée Gérudo.
On jouissait de la vie lorsqu’on savait à quel point elle était fragile… Alors, lorsque son nez pointa hors de la forteresse pour la première fois depuis des jours, avec la conscience que celui-ci serait le dernier, il profita de chaque sensation qui lui fut offerte.

Le soleil l’aveugla tout d’abord : lui qui n’aimait pas forcément la lumière du jour, il avait de plus été enfermé dans une cellule privée de fenêtres. Mais le Sheikah qui se complaisait tant dans l’ombre se surprit à profiter de la caresse du soleil. Il sentit la chaleur de chacun de ses rayons lécher sa peau… Fermant les yeux, il profita tout autant du vent d’Hyrule qui soufflait jusque dans la vallée, et qui s’engouffrait dans ses cheveux emmêlés.
La vue du ciel, l’odeur du désert, l’écoute du vent, le toucher des rayons du soleil… En redécouvrant ces simples choses, le goût de vivre aurait pu lui être redonné. Toutes ces choses desquelles on se moquait normalement bien. Mais voilà : il devait mourir.


Orpheos fut trainé derrière le cheval de Ganondorf, en se demandant bien quel sort final lui serait réservé. Serait-il exécuté en main propre par le seigneur noir ? Aurait-il sa tête tranchée par le cimeterre d’une de ses concubines ?... Ou serait-il donné en pâture à cette bête immonde en fourrure qui les suivait ?
La façon dont il trouverait la mort, telle était la seule et ultime question qui le taraudait. Quant à Zelda et Llanistar, il comptait déjà veiller sur eux lorsqu’il ne serait plus.

Orpheos était toujours plongé au cœur de ses pensées lorsque Ganondorf tira sur la corde liée à son cou. Le lien écrasa sa pomme d’Adam, fit jaillir un hoquet du fond de sa gorge, et le fit chuter brutalement sur la pierre chauffée par le soleil. Trop faible, ses jambes refusèrent de lui obéir pour le relever. Ou bien était-ce la perte de toute volonté avant la mort ?


-Debout, le drôle ! ordonna la Gérudo qui avait gardé sa cellule.

La voleuse le remit durement sur ses deux pieds, tandis même que ses poignets étaient toujours emprisonnés par une autre corde. Du moins… jusqu’à ce que son grand chef ne décide de le libérer d’elle. Qu’est-ce que cela signifiait ?
Perché sur son étalon noir, il se mit à côté d’Orpheos pour lui désigner la vallée qui s'étendait devant eux.


-Ceci est notre terrain de jeu. Les règles sont simples, sieur Orpheos.

Un jeu… ? Le chancelier n’osa même pas regarder derrière lui, en direction du Traqueur qui continuait d’émettre divers bruits inquiétants.
Pourtant il savait déjà.


-Restez en vie le plus longtemps possible. Essayez d'échapper à mon Traqueur. Rien qu'une chasse bien peu originale en somme. Il n'y a que le gibier qui sorte de l'ordinaire…

Orpheos resta de marbre et tenta d’ignorer le ricanement du seigneur noir. Mais il se doutait de ce qu’un tel rire impliquait… Une mort baignée dans la souffrance. Il aurait bien répondu avec mépris, mais l’envie lui était passée. Le sortilège des Ombres avait durablement affecté son état d’esprit.

Les amazones tranchèrent tous les liens qui entravaient les membres d’Orpheos, et celui-ci se sentit soulagé un bref instant. Un instant où il jouit de recouvrer l’idée de liberté… avant de voir ses deux bras retomber mollement le long de ses flancs. C’était vrai, "elles" les lui avaient brisés. Et un regard vers le Traqueur défiguré suffit à lui faire comprendre l’issue de cette dernière journée… Il serait étranglé sous le regard amusé du Gérudo. Il finirait là. C’était sans espoir…


-Nous vous laissons trente secondes d'avance, déclara Ganondorf d’une voix forte en jouant avec le fouet qu’il tenait en main. Ensuite, la chasse débutera. J'espère que vous êtes prêt…

Le cœur d’Orpheos se serra encore sur lui-même lorsqu’il se retourna, dos à ses ennemis, afin de contempler une dernière fois le paysage… Mais Ganondorf ne lui en laissa pas le temps ; la morsure de son fouet s’abattit sur son dos à découvert.

-Car nous venons de commencer !

Cette fois-ci, le cœur d’Orpheos rata un battement.

Ses jambes peinèrent à se mettre en route, et lorsqu’il voulut s’élancer du monticule de pierre pour atterrir en bas, il se rata d’une façon qui dut faire rire aux éclats les gens du désert. Le Sheikah avait dégringolé la paroi avant d’atterrir à plat ventre.

Pourquoi se mettait-il à courir… ? Il ne lui restait déjà plus que vingt secondes ! Alors à quoi bon ?

Ses bras inutilisables, Orpheos eut la plus grande peine à se remettre sur ses pieds. Mais son corps eut le plus étrange des comportements : il désobéit pratiquement à son esprit, ignora toutes ses pensées funestes, et recommença à fuir. Ses jambes coururent le plus vite qu’elles purent dans son état, soit la vitesse qu’aurait eu un Kokiri ou un simple enfant de sept ans. Pas vite, pas assez pour le Traqueur qui se préparait certainement à foncer…

Dix secondes. Pourquoi continuait-il de courir ? Cela ne servait à rien ! Tout son être lui hurlait qu’il allait trépasser, alors pourquoi ?! Pourquoi ses pieds foulaient-ils la pierre ? Pourquoi ses yeux s’entêtaient-ils à fixer l’horizon où s’écoulait la rivière ? Pourquoi courrait-il en sachant que c’était peine perdue ? Pourquoi n'affrontait-il pas la bête pour faire face à la mort ? Pourquoi, alors qu’il n’y avait plus d’espoir… ?

A cinq secondes de la fin du décompte, Orpheos sut.
Il sut pourquoi son corps lui désobéissait. La réponse était simple…

C’était son instinct de survie.


…Fin du décompte.


Lanre


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(vide)

La pierre taillée par le temps taillait à son tour les doigts du Traqueur. Le Traqueur n'aimait pas toutes ces dents pointées vers le ciel : il préférait les grandes cimes qu'ils escaladaient souvent, les autres Traqueur et lui. Ces grandes dents là lui faisaient mal et l'empêchaient de profiter de ce que le vilain Maître voulait lui offrir. Le Traqueur se tourna d'ailleurs vers le Maître, loin sur sa gauche. Vilain, vilain, vilain. Le Traqueur avait trop peur du Maître pour le contester dans l'immédiat, mais le Traqueur gardait cuisant souvenir du traitement infligé au Traqueur par le Maître.

Le Traqueur avait mal à cause du Maître et pour le Maître. Mais le Maître était égoïste et jaloux. Le Maître gardait ses jouets pour lui tout seul. Le Maître lui avait interdit de jouer alors même que le Traqueur avait fait ce que le Maître avait demandé. Ils n'aimaient pas le Maître, parce que le Maître ne les aimait pas, et que le Maître était méchant. Le Maître avait tapé avec l'eau rouge qui brûle, et ils en avaient peur. Le Traqueur n'aimait pas la peur, et donc le Traqueur n'aimait pas le Maître qui était la peur.

La peur rendait fou et le Traqueur avait peur que le Maître le rende fou. S'il obéissait au Maître, le Traqueur comprenait qu'il ne pourrait pas revoir les autres Traqueur qu'il avait comme uniques amis, mais s'il n'obéissait pas, le Maître le brûlerait encore. Le Traqueur n'aimait pas être brûlé, et le Traqueur était effrayé par l'eau-rouge du Maître. Et si le Traqueur referma ses doigts sur la petite dent qui ne pointait nulle part ailleurs que dans sa main, il continua d'avancer et à suivre le Maître.

Il ne s'arrêta pas quand le Maître le fit. Le Traqueur ignorait bien ce que le Maître pouvait faire avec son jouet, et au Traqueur manquaient les autres Traqueur. Parce que même si le Traqueur ne les voyait jamais, au moins le Traqueur n'avait jamais mal quand ils étaient là, à jouer avec le Traqueur entre les arbres et la maison-dans-les-bois.

Mais soudain le Traqueur se retourna, quand il entendit le bruit qui signifiait la Peur. Dans un grognement vilain et violent, le Traqueur détendit le bras.
« EEEEEERNH ! EEEEEEEERNH ! » Toussa le Traqueur, alors que la dent pointait dans toutes les directions, après avoir quitté sa main. Et quand la dent tomba sur le trône de chair et de peau noire qui portait le Maître, le Traqueur prit peur. Très vite, le Traqueur se déporta et se cacha derrière les dents qui pointent vers le ciel, accrochant ses doigts aux roches qui mordaient le Traqueur. « Vilain, méchant Traqueur... Méchant Traqueur, ne doit pas toucher le Maître... Le Maître brûler le Traqueur, si le Traqueur toucher le Maître... Mais si le Maître... — » Il cessa de gigoter les dents parce que gigoter les dents faisait mal. La Gueule Arrachée du Traqueur lui tirait si fort qu'il essaya à nouveau de dévorer, sans lâcher les roches qui le mordaient, la chair du Traqueur restée indemne. Vilaine chair qui faisait mal au Traqueur ! Vilaine ! Vilain Maître qui laissait les vilaines chairs faire mal au Traqueur.

Ce que le Traqueur ignorait, c'est qu'il était dissimulé à la vue du jouet aussi. Et ce qu'il savait, en revanche c'était qu'il valait mieux savoir où le Traqueur était. Et le Traqueur, habile comme une araignée s'avança sur la paroi, comme une araknon seule aurait pu le faire. Mais le Traqueur avait joué avec suffisamment d'Araks pour savoir marcher comme elles.

Le Traqueur posa sa tête sur la pierre et le Traqueur écouta. Le Traqueur savait qu'un fou courrait, sans doute pour fuir le Maître, et un sourire – dans la mesure où les Traqueurs savent sourire – se dessina sur la Gueule mutilée du Traqueur. Le Traqueur savait que s'il ramenait la proie au Maître, le Maître ne le brûlerait pas, et le Traqueur savait qu'il pouvait suivre le fou sans se faire voir. Beaucoup plus amusant.


Orpheos


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(vide)

Orpheos soufflait comme un animal à l’agonie. Son corps était soumis à trop de chaleur : le soleil aveuglait ses yeux, cuisait sa peau, et l’effort faisait bouillir son sang. Le chancelier avait été enfermé trop longtemps dans sa geôle ombrageuse et souterraine. Affaibli qu’il était, il avait l’impression que les muscles de ses jambes se déchiraient sous l’épiderme. Ses poumons semblaient avoir oublié comment respirer ; le chancelier aspirait et recrachait l’air en désordre. Sa poitrine aussi le brûlait à cause de l’effort intense livré.

Le décompte était terminé depuis quelques instants, et rien ne se passait encore. Pourquoi le faisaient-ils attendre ? Etaient-ils suffisamment vicieux pour lui redonner de l’espoir après le lui avoir enlevé, en lui faisant croire qu’il pourrait peut-être atteindre la rivière qui sinuait au fond de la vallée ?

Orpheos préféra ne pas regarder par-dessus son épaule. Il ne voulait pas voir ce qui se passait loin derrière, à une centaine de mètres de lui. Ganondorf pouvait préparer un sortilège destructeur ou envoyer sa Bête qu’il souhaiterait toujours ne pas le savoir. Il n’était plus assez courageux pour voir sa mort arriver. Il avait perdu tout courage.
Il n’avait plus que son instinct de survie.

La vie entière du Sheikah défila dans sa mémoire, et après un quart de siècle d’existence, il tira la conclusion qu’il aurait une mort méritée. Une mort dans la fuite pour un éternel fuyard. Car toute sa vie il avait fui : fui son éducation en tant que Sheikah, fui l’idée d’accepter le passé de celui qui l’avait élevé, fui la responsabilité de l’avoir tué par colère, fui le Royaume pour fuir son chagrin d’amour, fui ses responsabilités, fui ses attaches… Orpheos n’avait peut-être été, au final, qu’un sempiternel couard. Du début jusqu’à la fin de sa vie. Cette fin dans laquelle il ne regarderait même pas celui qui le tuerait.

Si seulement il avait eu une arme à sa disposition, il se serait peut-être battu… Mais présentement, c’était sans espoir…


-Des gens t’aimeront et tu devras t’en montrer digne,
résonna une voix dans ses souvenirs. Et tu auras le rôle d’un Sheikah, celui qui se bat pour protéger autrui. Tu te battras jusqu’à l’extinction de ton souffle, parce que tu te montreras à la hauteur de la confiance qu’on t’aura accordée.

…Non, il devait se ressaisir. Se battre malgré, envers et contre tout.
Au moins une fois dans sa vie, la dernière, il devrait se montrer digne. Digne de mourir et digne de son rôle, pour tenter de racheter un peu toutes ces fuites opérées si longuement. Pour tenter d'honorer, au moins un peu, l'enseignement de vie et de combat qu'on lui avait inculqué.

Une flamme se ralluma enfin dans les yeux du protecteur de l’ombre, et par l’unique force retrouvée de son esprit, son corps parut mieux supporter la torture qu’il lui infligeait en courant au milieu de la vallée. Ganondorf avait échoué : il ne parviendrait pas à le tuer dans l’indignité. Même si le désespoir l’avait gagné, il se battrait !
Parce qu’il n’avait plus que cela.


Lanre


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La forêt sifflait dans les oreilles du Traqueur, tandis que le Traqueur posait pied sur les parois dures et coupantes des grandes-dents-qui-pointaient-le-ciel dans le demeure de la Terre-jaune-et-fine. Les Traqueurs lui murmuraient les conseils que les Traqueurs pouvaient donner. Des astuces de chasseurs qui facilitaient, ou au contraire compliquaient la partie. Car le Traqueur aimait jouer et plus encore aimait jouer longtemps. Ce que les Traqueur n'avait que trop rarement le droit de jouer, depuis qu'ils avaient rencontré le Maître de l'eau-rouge.

Le Traqueur continuait de suivre la proie, cachée derrière ces épaisses murailles rocheuses auxquelles il s'agrippait comme un reptile. N'était-il pas le Roi-Serpent, après tout ? Lui qui mieux que personne étouffait ses camarades de jeu, lui qui comme les plus forts et les plus futés savait que la gorge était le coeur de toute chasse. Si gorge cessait d'être, alors traque prenait fin. Le Traqueur n'avait jamais aimé que les traques s'arrêtent, mais plus que la traque en elle même il savourait l'instant ou les doigts du Traqueur se posaient enfin sur le fruit-que-la-proie-n'arrivait-jamais-à-dévorer.

Quand l'animal finit par resurgir à la lumière, il avait, et de loin, dépassé le pauvre homme qui tâchait tant bien que mal d'avancer. A quatre pattes, comme l'eut fait le Grand-Chat-à-la-Robe-d'Or, il trônait sur la cime des doyens de pierre. A contre-jour, comme pour mieux briller et détacher sa silhouette. Les fourrures qui le drapaient battaient au vent et faisait au Traqueur une crinière digne d'un Roi-animal.

Les doigts du Traqueur se détachèrent de la pierre, tandis qu'il se dressait sur ses deux pattes arrières. Il saisit alors sa flute, et un air empli le vide de plomb qui reposait sur les Gorges. Le son avait ce côté dissonant, malsain et brisé. Les gammes musicales les plus basiques comme les plus complexes semblaient compressées, étirées, distordues, démantelées, étouffées, hurlées, réorganisées, massacrées, sublimées. Mais l'ensemble de ces notes mises bout à bout ne répondait à aucune logique et n'appelait rien sinon la peur. Rien de mieux que l'effroi pour intensifier la chasse.

Petit à petit, alors que le Traqueur continuait sa mélodie, lancinante et absurde, les flancs eux même de la vallée se mirent à gémir avec le bois craquelé de l'instrument. La roche tremblait, de part et d'autre des murailles naturelles que formaient les gorges. Et bientôt, il paraissait indéniable que le ciel se soit mis, de pair avec le canyon, de pleurer des pierres. Du gravillon à l'épaisse roche plus large que la calebasse, tout se mit soudainement à dévaler à grand bruit les pentes. La proie finirait écrasée et le Traqueur n'aurait qu'à se jeter sur les chaires chaudes.


Orpheos


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La rivière… Il lui fallait atteindre la rivière coûte que coûte. Ses yeux n’étaient fixés que sur ça, et son esprit ne se focalisait que sur cet objectif : sauter dans le courant au fond du vallon pour s’échapper en direction du lac Hylia.

C’était sans compter sur le Traqueur.


-Merde…

L’animal à moitié homme avait surgi sur les parois qui l’entouraient, bien loin devant lui. Si loin qu’Orpheos prit conscience à quel point il ne courait pas vite, exténué et affaibli par son séjour à l’ombre. L’ombre…
Alors que le Traqueur rôdait comme la bête qu’il était sur ses quatre pattes, perché pieds nus sur les rochers, une nouvelle aura fit son apparition quelque part à proximité. Une aura familière que personne à part lui, sauf peut-être Ganondorf, n’aurait pu sentir arriver.


-Tue !


Tandis qu’il courait comme il le pouvait, une ombre surgit tout à coup des rochers loin derrière lui… Et même derrière le seigneur du désert, toujours accompagné de quelques Gérudos qui profitaient du spectacle.
Parmi elles, la geôlière d’Orpheos, celle qui n’avait cessé de le maltraiter chaque jour dans sa prison, fut la première à voir débarquer l’étrange forme noire qui se mouvait d’elle-même sur le sol rocheux, mais aussi la dernière.


-Gleuargh !


A la manière du Traqueur, l’ombre avait brisé le cou de la Gérudo dans un craquement sonore. Puis, bien que sa tête oscille dangereusement sur sa nuque, la jeune femme prit l’initiative de s’élancer du rocher pour accourir à toutes jambes vers Orpheos.


-Qu’est-ce qui te prends ?! s’écria une des autres voleuses. Tu es folle ! Arrête !

Comme pour essayer d’effrayer le prisonnier, la bête au crâne de cerf se dressait sur ses deux jambes à contre-jour. Orpheos courait toujours tout en le gardant à vue, mais la Gérudo derrière lui avançait beaucoup plus vite. Et elle ne fut plus très loin lorsque, d’un souffle, le Traqueur fit sonner la plus affreuse mélodie qu’Orpheos avait pu entendre depuis longtemps. Un son guttural, sinistre, qui résonna contre chacune des parois de la Vallée Gérudo.

Orpheos le comprit aussitôt : il sonnait la charge.
Mais aucun de ses poils ne se hérissa de peur.

L’écho de la "mélodie" retentit de longs instants tout autour de lui, lorsque des rochers commencèrent à s’ébouler de part et d’autres du vallon. Le sol trembla et les parois grondèrent. A cet instant, la Gérudo rattrapa Orpheos dans sa course en ralentissant la sienne le moins possible, et le porta sur son épaule à bout de bras.

Orpheos sentait l’énergie de son ombre qui s’était glissée dans celle de la Gérudo, se permettant la possession de son corps mort. Son ombre était revenue à lui, et avec elle, ils survivraient.

La Gérudo emmena Orpheos dans plusieurs sauts destinés à contourner, esquiver, et bondir sur les rochers qui déboulaient sur eux. Avec ses bras qui emmenaient le poids d’un homme supporté par ses épaules, tout en s’élançant avec force et vitesse sur ses jambes, la forme physique des guerrières du désert opérait d’une façon magistrale. La roche s’abattait avec tant de violence dans le vallon que sans la Gérudo, et sans aucun doute, Orpheos aurait fini en bouillie sous une véritable mer de rocs.

En évitant les énormes cailloux un par un avec rapidité, l’improbable équipe du prisonnier et de la geôlière morte continua de fuir le déluge, autant qu’elle fuyait le seigneur Gérudo et le Traqueur qui devaient les observer, impuissants. Orpheos allait leur montrer pourquoi il tenait tête aux Dragmires depuis si longtemps. Aucun d’entre eux n’aurait sa peau, pas aujourd’hui. Il l’avait décidé.

L’avalanche de rochers s’essouffla quelques instants plus tard.
Et le duo Sheikah-Gérudo, indemne, poursuivit sa course en direction de la rivière…


Lanre


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Chantent les pierres et dansent les hommes car des hommes il n'est plus. Les proies uniquement vivent, et ne vivent que pour mieux jouer ; car du jeu le Traqueur est le Roi, le Seigneur et le Maître. Des Maitres le Traqueur est le Guide, et des Guides il est le juge. Nul mieux que le Traqueur ne connait les ficelles du jeu et des ficelles lui seul sait lesquelles tirer.

Car tout n'est jamais qu'histoire de fil. Loin de toutes ces idées propres aux souris qui courent, le Traqueur sait que tout est histoire de fil. Les images qui bougent dans la tête du Traqueur existent encore, pour certaines. Le Traqueur revoit encore et toujours la corde qui s'enroule autour des gorges de vieillards ou de jeune proies drapées dans de longs tissus qui cachent jusqu'au mollet. Mais aussi des cordes qui en retiennent d'autres, et d'autres encore, et de celles qu'on attache dans les arbres, ou de celles qui cassent en deux les lapins. Le Traqueur laissait défiler les images animées au plus profond de son crâne, tandis que chutaient les dernier morceaux de roches ; maintenant que les notes du Traqueur avaient délié les fils qui les retenaient.

Et de fils, il y en avait tant encore. Tant qu'ils en devenait dangereux pour quiconque décidait de jouer au jeu du Traqueur. Ou plutôt, quiconque décidait de perdre au jeu dont le Traqueur était maître des règles.

Le Traqueur ne se souciait guère que la proie avance, car la proie dans une impasse s'était jetée. La tête la première, soit dit en passant. Les souris courraient, courraient et courraient encore. Seules et isolées dans cet enfer doré. Chanceuses qu'elles devaient se croire, puisqu'aucune roche n'avait su les toucher, qu'aucune roche n'avait su les broyer. Oh, oui, d'ici haut, le Traqueur imaginait sans peine le sourire satisfait qui devait se peindre sur les visages des traqués. C'était ce sourire qui ferait écho au sien. La femme du désert continuait de s'acharner à lui échapper. Mais qu'importe, elle ne pourrait pas s'évertuer plus longtemps. La musique est reine, et les notes tranchent les fils mieux que ne le font les dents.

Chante, chante ! Chante ! Chante la petite flute, et rit chasseur ! Chantent les quelques boiseries qui sommeillent dans le Désert, et chantent les sables ! Que chante les dunes et que tombent les chassés ! Car les fils veillent, et les pierres distraient. L'ombre de la roche est agréable par un temps pareil, trop sans doute, pour que l'on prête attention et que l'on s'arrête sur de petits détails comme ceux-ci.

Le pied de la Gérudo tira sur la corde, dans sa foulée, jusqu'à ce qu'elle se brise. La réponse fut immédiate. Les grains d'or qui meublent l'ensemble des confins Ouestriens d'Hyrule recèlent de petits trésors, comme ils cachent de plus gros cadavres. Exhumer les ossements d'antiques animaux n'avaient jamais été une des passions du Traqueur, auparavant, et pourtant le Traqueur s'était découvert particulièrement amusé par ce passe-temps, qui lui avait servi à la création de pièges.

L'air vrillait, tandis que les griffes tombaient comme des pierres. Montée sur le levier, la structure faite d'ossements, de fer et de chairs pivota à une vitesse plus élevée que celle qu'un oeil humain peut capter. Deux griffes énormes, toute de la taille d'un homme adulte, reliées à une sorte de triangle d'os comme de peau, au centre duquel trônait le crâne d'une gazelle, habituée des Sandlands. La Gérudo fut frappé lourdement, alors que s'effondrait sur elle le piège mortel. La première griffe lui déchira littéralement un bras, qui retomba au sol. La seconde se chargea de la démembrer un peu plus encore, alors même que le crâne et les cornes qu'il possédait s'occupait de séparer l'abdomen du tronc. Le Traqueur gagnerait à coup sûr, comme toujours, si déjà une des deux proies tombait.

Mais le Traqueur ignorait ce qu'il était advenu de la proie préférée de son Maître. Bah...! Qu'importe ! Le filet qu'il avait tendu au dessus du gouffre saurait le retenir s'il tentait de sauter dans la rivière. Les cordes continuaient d'ailleurs jusque de l'autre côté de la falaise, quoique bien en dessous du bord, mais suffisamment haut pour que le saut reste proscrit. Et puis, de toute façon... les notes avaient chauffée le filet mieux que la forge ne chauffe le fer. Son simple contact serait à hurler... De plaisir.


Orpheos


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Plus que quelques centaines de mètres… Il approchait !

L'éboulement n’avait été qu’un obstacle pour l’ombre d’Orpheos. Son double ombrageux pesait de toute son emprise magique sur le cadavre de la Gérudo, qui continuait de soutenir son maître avec vigueur pour le mener droit au fond du vallon. Là où s’écoulait la rivière.

Cinq cent mètres.
Le cou de la Gérudo émettait plusieurs petits craquements sinistres. Orpheos discernait les éclats du soleil se refléter dans chaque vaguelette du cours d’eau. La promesse d’apaiser ses blessures après une agonie passée dans les ténèbres ?

Quatre cent mètres.
A chaque pas avancé, cette promesse se concrétisait et l’espoir se refaisait peu à peu une place dans les pensées du chancelier. Réussirait-il ? Le Traqueur viendrait-il le pourchasser ? Qu’allait-il faire après que son piège ait été déjoué ? En avait-il préparé d’autres ? La réponse ne tarda pas à se dévoiler.

Trois cent mètres.
Il crut sentir quelque chose ; quelque chose qui passa juste sous ses pieds. L’instant d’après, deux énormes masses s’abattirent sur eux sans qu’Orpheos n’ait le temps d’en discerner la forme. Il ne réalisa pas aussitôt non plus que son ombre, par le biais de la Gérudo morte, l’avait sauvé du piège en le jetant en avant de toutes ses forces. Quand le Sheikah fit volte-face sur ses jambes cagneuses pour vérifier l’état du corps de la Gérudo, il n’eut plus à faire qu’à un reste sanguinolent de viande arrachée de toutes parts. Il comprit à quoi il avait échappé en voyant les griffes, et décida de ne pas perdre plus de temps sur ce mortel traquenard.

Deux cent mètres.
Le chancelier des Arts avait pris soin d’ordonner à son ombre de s’emparer du sabre de la Gérudo. L’arme avait été épargnée par les deux griffes géantes, et lévitait dans les airs derrière le Sheikah qui traînait son corps épuisé sur ses deux maigres mollets tout écorchés. Au sol, son ombre tenait celle du sabre… au cas où le Traqueur venait à descendre.

Cent mètres.
Le souffle du magicien lui manquait. Il n’en pouvait plus, il était à bout de forces, et il ne savait plus très bien ce qu’il voulait accueillir, entre le réconfort de son foyer ou la froideur de la mort… tant qu’il pouvait dormir. Il était si fatigué, et il avait tant sommeil… Il voulait tant s’endormir pour ne plus affronter les Ombres, les cadavres doués de vie, les rochers, les Gérudos, les bêtes sauvages déterminées à le tuer, les monstres… Ses jambes comme son esprit étaient prêts à défaillir.

Le Traqueur ne le poursuivit pas.
Ganondorf ne l’attaqua même pas.
Et les Gérudos ne bougèrent pas.

Couvertes de sang séché, les narines d’Orpheos s’humidifièrent au contact de la vapeur d’eau, et la fraîcheur dégagée apaisa ses membres brûlés par le soleil du désert voisin. Ses pieds plongèrent dans le cours d’eau. Puis ses jambes, son abdomen, ses bras, sa chevelure, et enfin son visage.

Complètement immergé et emporté par le courant, Orpheos disparut rapidement de la vue du seigneur Gérudo, tout comme celle du Traqueur.
Il avait réussi !


-Zelda… Llanistar…

Nuls autres prénoms n’auraient su mieux l’encourager à garder conscience. Apaisé par le contact de l’eau fraîche, Orpheos résistait à une tentation incontrôlable de succomber à la fatigue emmagasinée. Mais il ne devait surtout pas le faire, car la cascade de la Vallée Gérudo l’attendait un peu plus loin, et sans la Gérudo morte pour l’aider, il ne savait pas comment passer cette ultime étape de sa fuite.

Dans le dernier couloir menant à la Vallée, immergé sous le soleil et alors que le courant prenait de la vitesse, Orpheos décida de jeter son sort entre les mains des déesses en se laissant jeter par la cascade. Là-haut, elles décideraient de si oui ou non il survivrait à la chute. De si oui ou non, il était toujours digne de protéger la plus pure de leurs trois élus.

La chute vint…
Et la douleur aussi.


-AAAAAAAAHHHHHH !


Les échos de son hurlement auraient pu déchirer les cieux pour atteindre la Trinité divine. Les mailles d’un filet chauffées à blanc s’étendait juste sous la cascade pour empêcher toute chute. Et le corps déjà éprouvé d’Orpheos se tordit en de violents spasmes de douleur, tandis que sa peau pâle fumait littéralement.


-LIBÈRE-MOI ! LIBÈRE-MOIIIII !!


Le sabre en lévitation fondit sur le filet pour en couper les mailles sur tout un côté de la cascade, avec des coups secs mais précis. L’ombre du Sheikah trancha tous ces liens retenant son maître qui roula comme un vulgaire tas de viande grillée sur les mailles, une fois celles-ci privées de leur point d’attache, avant de goûter à une chute finale dans les eaux tumultueuses de la vallée Gérudo. Il perdit conscience juste avant que le choc provoqué par sa collision avec la surface de l’eau ne s’en charge.

Et le corps apparemment sans vie du chancelier vogua dès lors sur le fleuve…


Link

Héros du Temps

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L'eau s'insinuait parfois dans l'esquif qu'ils avaient trouvé, mais il doutait que cela soit la sources d'un mal à venir ou de complications inattendues. Tout au plus, les remous du fleuve saurait rafraichir le bois rendu bouillant par les rayons du soleil, quand bien même celui-ci fut tombant, fatigué et prêt à laisser sa place à une soeur tout juste plus clémente. Le crépuscule saurait bientôt happer le Désert tout entier, et sous peu le loup chasserait probablement le chien. La lumière de la lune, si elle apportait avec elle un froid qu'il ne connaissait que trop bien et redoutait déjà, leur serait sans doute nettement plus profitable que n'avaient été les assauts de l'astre du jour. Car, en dépit de cette tristesse morne et de cette rigueur aussi insensible que glaciale qu'apportait la nuit des confins de l'Ouest Hylien, elle amenait aussi une espèce de repaire, de cachette pour quiconque savait mettre à profit le silence et l'ombre. Et pour cela, il pouvait tout à fait compter sur sa passagère.

Son regard glissa aussi loin qu'il lui était possible sur sa droite, tout en sachant pertinemment qu'il ne pourrait pas même apercevoir la Sheikah. Il se concentra à nouveau sur leur destination. Ses doigts se crispèrent sur la longue perche de cèdre vernis et le cuir qui bardait ses paumes grinça comme toujours. Encore une fois, il tira sur ses bras, non sans ancrer ses deux jambes le plus possible. La chaloupe avait beau être longue, elle était bien fine pour maintenir un équilibre décent lorsqu'il prenait la folle idée à qui que ce soit de se tenir debout plutôt qu'assis. Et sans être un habitué des gondoles ou des rafiots, l'Hylien avait préféré se déchausser. Comment mieux sentir le pont vibrer sous son poids qu'en laissant la plante de ses pieds communiquer avec ? Comment mieux rester alerte et vif qu'en conservant appuis et accroches stables ? Il ne lui avait pas fallu bien longtemps à lutter contre le courant pour comprendre qu'à chaque houle, la semelle de ses bottes se faisait plus glissante. Il ne rencontrait plus ce problème, dorénavant, et il lui semblait pouvoir mieux comprendre et mieux anticiper le navire comme la rivière.

D'avantage que le vent chaud qui soufflait tant sur les berges que sur les eaux, son véritable adversaire n'était autre que le courant. Certains l'avaient déjà bravés, il le savait. Le vieillard qui leur avait prêté l'embarcation avait été aussi clair et formel que faire se peut. Il s'agissait indéniablement d'un tour de force, mais pas d'une épreuve insurmontable. Petit à petit, heure après heure, au fur et à mesure que se levait le soleil et s'éteignaient une à une les étoiles, jour après nuit et nuit après jour, ils gagnaient lentement sur les flots. Ils se relayaient, parfois, et à d'autres moments faisaient des haltes. Quand ils pouvaient regagner la rive. L'Enfant-des-Bois n'aurait su dire depuis combien de temps ils étaient partis, mais une nouvelle nuit saluait leur expédition. Toujours en silence, mais non sans sueur, il repoussa à nouveau la rame pour mieux avancer.

Il ignorait pourquoi ils étaient parti, précisément. Impa n'avait pas pipé mot. Il ne pouvait guère lui en faire reproche, puisqu'il partageait plus que quiconque son mutisme et cet aspect taciturne qui conférait, jadis, à lui donner un air profondément mystérieux. Et si plusieurs fois ses lèvres l'avaient brûlés tandis que lui venaient milles questions, il en savait suffisamment pour le moment. On lui avait fait mention d'un Chancelier fait captif pendant la bataille pour la Place-Forte de Nabooru. Il ne lui en fallait pas plus pour comprendre pourquoi la femme la plus proche de la Princesse avait fait appel à lui. Somme toute, il s'agissait de le tirer discrètement des griffes du Lion Dragmire. Nouveau coup d'oeil vers la Sheikah. Un réflexe instinctif, sans doute, tandis que ses pensées se perdaient dans l'effervescence des vagues, renvoyées par la cascade à bien des lieux en amont. Le Sans-Lignage soupçonnait la Nourrice d'y voir un quelconque danger pour les intérêts de Belle et du Royaume. Le silence lui seyait bien, indubitablement, mais il était aussi le premier moteur d'interrogations. Certainement, le statut de Dignitaire lui valait plus que d'autre l'expédition qu'ils avaient montés, néanmoins Link persistait à se demander si Impa ne craignait pas d'avantage qu'il parle, d'avantage qu'elle ne tenait à le voir rentrer sain et sauf. Et maintenant qu'était passé l'attentat sur son propre Fief de Cocorico... Il était tout à fait temps de se tourner vers d'autres préoccupations.

Son regard de glace se perdait entre la grève et les flots tumultueux, sans vraiment savoir à la recherche de quoi. La lune illuminait désormais le fleuve d'une large coulée d'un argent palot et faiblard. Le vent qui soufflait venait maintenant lui geler les os, et il regretta presque d'avoir retiré ses bottes ; comme chaque soir depuis qu'ils avaient rejoint le Domaine Gérudo. Grognant presque, il poussa encore, néanmoins. Jusqu'à ce que la coque ne ripe salement contre une roche qui s'évertuait à se dresser par delà les courants et les rapides. « Mille épées brisées.. — » Jura-t-il dans un murmure, non sans se battre tant pour ramener la rame à lui avant qu'elle ne se brise que pour ne pas chuter. Mais les nuits de l'Ouest étaient plus fourbes les unes que les autres. Dans l'obscurité il ne réalisa pas où il reposait le pied. Les cordages s'enroulèrent autour de son mollet comme autant d'aspics sournois et malin. Avant qu'il n'ai eu le temps de comprendre, l'eau gagnait sa bouche, s'insinuait dans ses narines et lui piquaient les yeux. Bien vite il perdit la notion de bas et de haut. Recroquevillé sur lui même, son premier mouvement consista à se saisir de ce qui s'était refermé sur sa cuisse. Une corde. Instantanément après s'en être débarrassé, non sans la garder en main, il frappa du pied vers ce qu'il pensait être le bas. Et l'air revint. Il perça la pellicule aquatique alors même qu'il inspirait, bruyamment. Surpris par la chute, il s'était rapidement retrouvé en asphyxie, une fois sous l'eau, et comme n'importe quel être humain, la panique était montée d'elle même. Quand il eut fini de courir après l'oxygène, il réalisa enfin à quel point les flots l'avait charrié en arrière et il pesta contre sa maladresse. Au moins tenait-il toujours le peu de ficelle qui lui permettrait de regagner la barque au plus vite. L'Hiver réchauffait les cours d'eau sans distinction, fussent-ils proches des Sandlands chers aux Parjures et aux traitres.

Mais la curiosité fut rapidement la plus forte. Passant les cordages par dessus son épaule gauche, comme pour mieux tirer le frêle esquif sur lequel se tenait toujours Impa. Il lui avait semblé voir briller quelque chose. Comme si un pan de fer ou d'acier scintillait, au fond de l'eau. A force d'efforts et de brasses, il parvint à regagner le rocher et y attacha la corde sans tarder. « Impa..! » Grogna-t-il, trempé et gelé. « Le bateau ne risque plus de bouger si tu arrimes la corde ! J'ai vu quelque chose briller par le fond, je... — » Une nouvelle vague l'empêcha de terminer sa phrase. La Sheikah aurait surement compris son intention, néanmoins, et le Fils-de-Personne saisit l'occasion pour mieux plonger. Avançant aussi promptement que possible, il tacha de progresser vers les sables qui tamisaient les abysses, de triompher envers et contre les torrents qui le rejetaient vers l'Est. La lueur semblait surgir à nouveau, au détour d'une petite colline marine. Foutredieu que l'eau était froide ! A mesure qu'il avançait, il avait le sentiment de se transformer en un bloc de glace à la fois suffisamment large et compact pour l'emprisonner tout entier, mais aussi assez malléable pour laisser le bout de ses doigts tomber et couler. Ce givre aquatique sapait doucement son moral et son énergie. Comme si son cerveau lui même s'embrumait, tandis que la fatigue germait dans chacun de ses muscles meurtris. Et s'il n'avait aperçu que le reflet d'un rayon de lune sur les écailles d'un esturgeon ou d'un autre animal..? S'il se tuait la tache pour une simple illusion ?

La pulpe de ses doigts s'enfonça dans la vase et dans le sable. Il referma doucement le poing, pour mieux le retirer aussi prestement qu'il ne l'avait laissé descendre. Et même si les eaux étaient bien trop sombres pour qu'il distingue quoique ce soit, il n'avait pas besoin de preuve plus concrète pour savoir que quelqu'un reposait ici-bas. L'Hylien avait assez souvent eu affaire au fer pour le reconnaitre dans les premières secondes, et tout particulièrement quand celui-ci mordait sa chair. Et jusqu'à preuve du contraire, il ne connaissait aucun poisson capable de forger un cimeterre, un sabre ou une lame courbe. Pas même le fameux Gyorg qu'il avait du terrasser il y a de cela des années. Une seconde fois dans la soirée, son pied percuta le fond, alors qu'il se propulsait vers la surface, la main gauche auréolée d'un sang qui se diluait dans les tréfonds du fleuve.

Alors que son visage perçait les eaux à nouveau, il distingua enfin la dépouille que l'obscurité lui avait dissimulé. Arrêtée dans sa course par la même roche que celle qui avait éraflé tout le flanc de leur embarcation. « Impa ! » Lança-t-il, non sans se souvenir qu'il avait toujours la rame en main. Il gagna alors la petite barque à la nage. Ses deux mains vinrent s'appuyer sur la proue. « Tiens. » Fit-il, en lui tenant la longue perche, dorénavant trempée. « Il y a un corps, un peu plus loin, du côté de ce qu'on a percuté. Je vais essayer de le ramener sur le bateau... Si tu pouvais le rapprocher, ça ne serait pas de refus.. — » Le Fils-de-Personne tentait de ne pas trop grelotter en parlant, mais il savait qu'il n'aurait pas deux essais. Le froid ne le lui permettrait pas.

Cette fois ci, il ne plongea pas. Bien au contraire, le vagabond s'aida du filin qu'il avait tendu pour mieux progresser. Nager n'était plus si facile que lors de sa chute. Si le fleuve devait être bouillant en journée, il avait tôt fait de refroidir quand l'argent chassait l'or. Bientôt, ses mains laissèrent une trace carmin sur la pierre, tandis qu'il en faisait le tour. Il passa un bras sous l'aisselle de l'homme, avant de glisser sa main jusqu'à sa bouche, et de constater qu'il respirait encore. Peu, mais encore. D'un bref regard, il crut reconnaitre le Chancelier qu'il avait déjà croisé à la Citadelle, mais il n'aurait pas mis sa tête sur le billot. Toutefois, quelque fut la certitude qu'il avait ou non, il était hors de question de laisser périr cet homme. « Umpf..! Funérailles.. — » Cracha-t-il, tandis qu'il laissait retomber le blessé sur son torse pour mieux le porter jusqu'à leur bicoque. Même dans l'eau, le Sheikah – il lui semblait qu'il était du Peuple d'Impa – pesait son poids. A moins que le froid n'ai trop engourdi son propre être.

C'est dos à l'embarcation que Link finit par arriver. Dans un effort de plus, il s'essaya à soulever le bougre au dessus de lui, pour qu'Impa puisse le faire glisser sur le rafiot. La peste prenne l'Hiver et les Nuits du Désert.


Plus que la disparition du chancelier, c'était les informations qu'on lui avait fait parvenir qui l'avait inquiétée. Elle avait pris sa décision dans un souffle. Si elle n'avait pas pu protéger complètement son propre fief, il fallait au moins qu'elle sauve cette âme. Elle n'avait pas pu rencontrer Link au village à cause de ses blessures, mais aujourd'hui elle était totalement remise. Afin de ne pas mettre en lumière ces indicateurs, elle n'avait rien expliqué au héros, si ce n'est qu'ils devaient aller retrouver Orpheos. Ils auraient le temps de parler de ce qu'ils avaient prévu plus tard, une fois la situation remise d'aplomb.

Pour la discrétion de leur action, le jeune héros lui avait suggéré de prendre une barque, qu'il mena lui-même. Elle garda les lèvres closes, bien qu'elle sentit que la curiosité brûlait les siennes. Elle devait en dire le moins possible pour garantir la réussite de l'opération. Si le début du voyage se déroula parfaitement, ils furent bientôt surpris par des récifs. Si l'accident propulsa le héros dans l'eau, il fut aussi l'occasion rêvée qu'ils n'auraient jamais pu avoir.

Pour la Nourrice, le chancelier devait toujours être dans la forteresse. Mais ces informations dataient de quelques jours, et sans cette rencontre avec les rochers, ils n'auraient probablement jamais mis la main sur le corps presque sans vie d'Orpheos. Elle écarquilla les yeux, répondant d'abord au souhait de Link pour la barque, et loua les déesses de ce coup du sort. Elle rapprocha la barque avec précision, pour être certaine qu'ils pourraient repartir en sens inverse avec. Avec de la chance, ils arrivaient surement tout juste à temps.
Link arriva, et lui tendit le corps. Elle le hissa tant bien que mal, prenant garde de conserver l'équilibre de l'esquif. Elle l'allongea sur le fond, et pu constater l'ampleur des dégâts. Elle eu presque un haut le cœur : le chancelier était en piteux état, et des brûlures témoignaient des tortures qu'il avait du subir. Sans plus attendre, et sans s'occuper de Link, elle posa ses mains sur le torse du Sheikah. Elle n'était pas maîtresse dans l'art des soins, mais elle connaissait quelques rudiments de magie sombre utile. Il fallait juste espérer que ça suffirait à le maintenir envie jusqu'à leur retour.


"Il est en piteux état. Nous devons faire vite jeune homme."

Elle arborait son air grave, et une fois qu'il fut à bord, elle prit les rames. Elle était en pleine possession de ses forces, et ils manquaient de temps.

"Guide-moi, je vais me concentrer sur les rames. Si tu peux, contrôle l'état de son souffle. Si tu sens que ça devient critique, j'essaierai un nouveau tour."

Ils s'enfoncèrent de nouveau, et elle pesta contre elle-même. Elle n'avait pas songé à prendre de l'onguent, trop persuadée qu'ils devraient voyager léger pour s'infiltrer dans la forteresse de la sage de l'esprit. Elle n'avait pas non plus prévenue Llanistar, bien qu'elle soupçonne un lien fort entre les deux hommes, choisissant de ne pas l’impliquer au vu de ses responsabilités. Pourtant, la Fraternité était de mise dans cette opération. Les flots et le froid furent leur seuls compagnons de voyage...

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