Posté le 22/05/2012 10:23
Qu'il répugnait cette situation, il se retenait presque de prendre Saria par les bras et de lui ordonner de finir ce rituel. Son impatience colérique empourpra pendant quelques secondes ses joues creuses et blafardes, mais sous son heaume, la Sage n'en vit rien, au grand soulagement du Vil Larron. Il dut toutefois l'enlever, car la petite s'approcher de lui.
Finalement la Kokiri posa ses mains d'une douceur incroyable sur son visage. La fraicheur le fit frissonner un instant, puis la gentillesse qui faisait briller les pupilles Saria se répandit à travers ses doigts et apaisèrent l'ancien Général de Ganondorf. Un halo vert étrange et calme caressa ses deux joues puis tout bascula.
La rancoeur, la tristesse, la haine, la colère, tout ce qui forgeait le caractère infecte d'Arkhams disparut. Que se passait-il ? Il paniquait presque d'être dénué de cette carapace émotionnelle. Il se retrouva presque nu et sans défense, son âme à ciel ouvert. Il manqua de pleurer lorsqu'une sensation de chaleur pénétra ses os usés. Dans un recoin de son esprit, une agréable mélodie d'oisillons se fit entendre et une odeur de forêt, d'humus et de parfum de fleurs se fit sentir. Son espièglerie d'enfance, qui le faisait passé à l'époque pour un trouble-fête rejaillit en lui. Il se sentait ... jeune. Prit d'une panique soudaine il se releva d'un bond, en sueur et les yeux exorbités. Il crut bousculer Saria, mais elle avait déjà terminé ses soins mystérieux. Depuis combien de temps se vidait il de ses émotions empoisonnées et acides ?! Depuis combien de temps la Sage examinait son combat intérieur ?! Mais soudain il se rendit compte que la fille qui l'observait paraissait beaucoup moins ... petite.
Il détacha brusquement les cordelettes de son armure blanche et or. Celle ci tomba dans un fracas bruyant sur le sol. Ses gantelets de fer étaient trop petits, il les ôta subitement. Arkhams contempla alors des petites mains fines couleur pêche. Elles étaient agiles mais surtout chaudes, tièdes d'une vitalité depuis longtemps disparue. Il hurla de panique.
« Que m'as-tu fait, sorcière ?! »
Après l'assertion nerveuse de l'Illusion dépravée, une douleur intense se manifesta sur sa nuque. Il y porta son étrange main qui ne lui appartenait pas et s'agenouilla de douleur. Il palpa des nervures sur sa peau. Un sceau. C'est alors qu'il comprit. Il regarda ensuite Saria avec des yeux perplexes où plusieurs sentiments contradictoires malmenés son esprit. Les paroles de Saria revinrent alors à sa mémoire. Elles furent prononcés pendant qu'il luttait en lui.
« Malédiction, retenir ...ôte une vie... se brisera. »
Il se laissa choir sur son séant, à moitié nu devant la Kokiri. Il tremblait de froid, sensation qu'il n'avait pas ressentie depuis des lunes. Il était devenu l'adolescent qu'il n'avait jamais été, grandi trop vite pour cela. Saria venait de lui offrir une nouvelle vie. Un nouveau départ. Son inquiétude quant au prix de cette magie magnifique fut repoussée loin de son esprit, trop heureux de son nouveau physique. Il ne sut quoi dire. Plusieurs fois il ouvrit la bouche, mais aucune phrase ne venait agiter sa langue. Il caressa ses cheveux, très longs, par moment, avec un plaisir exquis. Il n'était plus le sombre marquis à moitié mort. Il sentait courir dans ses veines une vitalité incroyable, il se sentait prêt à se battre à mains nues contre un Goron !
« Je ... Merci. »
Prononça t il enfin, avec une voix pleine de vie, cristalline et non plus caverneuse et sans chaleur. Saria trônait fière de sa miséricorde dans une barrière verte, presque invulnérable. Il aurait bien aimé la serrer dans ses bras, mais qu'importe. Il s'agenouilla devant elle, avec toute l'humilité qu'il pouvait manifester.
« Je louerai votre nom chaque jour, Madame. »
Il ne s'écouta qu'à peine, son esprit vagabondait déjà très loin du temple, imaginant sa nouvelle vie. Quelle serait-elle, à présent ?