Posté le 30/11/2013 03:22
" Je suis une sheikah de naissance. Ce pays, c'est le mien "
Aedelrik resta interdit, surprit par ce brusque changement de langage. Le sourire de la jeune femme ne l'aidait pas à comprendre la situation. Le croyait elle capable de saisir le sens de ses mots ? Se jouait elle de lui ou bien ne se rendait elle pas compte de ce qu'elle faisait ? Le voleur commença à envisager l'idée qu'elle fut sous l'emprise d'une quelconque drogue. Elle se déplaçait bien, mais elle avait réagit avec une légèreté étonnante face au danger du mort vivant et à présent elle lui parlait dans une langue dont il ne comprenait que quelques vagues mots, des déformations d'une langue dont il avait quelques notions... Etrange, presque fascinante mais en même temps un peu inquiétante, Elena semblait obéir à une logique propre, différente de celle que chaque enfant apprends et que suivent la plupart des gens.
Elle cambra son corps en arrière, saisissant d'un coup le désir très humain d'Aedelrik à la gorge. Chaque geste, l'étranger l'observait tout en tachant au mieux de ne pas afficher son intérêt. Elle croisa les jambes, les bras et plongea son regard dans le sien. Le voleur maudit alors son goût des belles choses. Il ne parvenait pas à se détacher de ces yeux et se savait vulnérable à cause de ça.
" Je suis parti il y a cinq ans, environ. Je n'étais pas très appréciée dans le coin, j'en ai peur, et je me suis fais des ennemis. J'étais jeune et naïve, et probablement trop inexpérimentée en matière de... " Une langue qui sonnait bien avec cette voix. Mais malgré ses efforts, Aedelrik ne comprenait pas grand chose. Parti, ennemis, jeune. Assez pour saisir qu'elle venait visiblement de ce pays et avait dû le quitter. Au moins Elena était elle expressive et son corps disait autant que ses paroles. Malgré son assurance, il la senti moins à l'aise, puis pensive. Elle semblait avoir laissé la phrase en suspens. Après un instant de réflexion, elle poursuivit," ...séduction, dirons nous.
Séduction. Un mot qui se disait également dans sa langue et celle que le voleur connaissait. A l'instant où il comprit le sens de ce qu'elle voulait dire, son intérêt fut d'autant ravivé. Il est des mots qui suffisent à enflammer les sens. Séduction en est un. Et c'était sans doute l'un de ceux qu'ils maîtrisaient tous les deux, bien qu'Elena semblait moins attiré que lui, ce qui était somme toute classique et peu surprenant dans l'éternel jeu auquel se livraient hommes et femmes depuis la nuit des temps.
Puis, il y a deux semaines, j'ai refusé un travail, je me suis mis un certain homme à dos, et j'ai décidé de revenir. Voila, tu sais t... "
Elle stoppa net, d'un seul coup, visiblement gênée. Aedelrik sourit comme une réponse muette. Oui, elle venait de lui parler dans une langue inconnue et non, il n'en tirait ni rigueur ni grief. C'était amusant pour lui de déceler enfin une faille dans le masque de la jeune femme, pour la première fois. Elle reprit, dans la langue de l'empire, moins naturellement, ce qui confirma au voleur ce qu'il avait cru comprendre.
" Hum... If you don't understand what I'm saying... "
" Only a few words. But I think I got your point. One month ago you were a stranger, and now you're home."
Sans qu'il ne l'ait voulu ni vu venir, sa voix manqua de s'enrailler et le reste de ses pensées restèrent coincées dans sa gorge. Aedelrik l'enviait, elle, qui pouvait revenir au pays. Lui avait essayé, en vain. Les montagnes étaient bien là, mais son chez lui avait disparu. Envolé, emporté par Sveinnir dans sa tombe. Quelques pierres et un paysage chargé de souvenirs, voilà tout ce qu'il en restait. L'étranger ne prit conscience qu'après un long instant du silence et du fait qu'il devait sembler sombre et maussade, le regard perdu dans le vide. Finalement, il enchaîna, sans trop d'entrain,
"So. My turn now. I left my land because of a crime I committed. Understand me, I have committed more crimes than I could count, but this one was worst than all the others together. So, I asked to a merchant a place in his ship and I went, across the seas, to a place that my ennemies wouldn't know...Hyrule. And I plan to do what I always did : survive."
Il avait finit son récit par un simulacre de sourire, trop triste pour être sincère. Par habitude, Aedelrik se refusait à en dire trop mais cela lui faisait du bien, de pouvoir se confier, au moins en partie. Il n'attendait ni pitié ni compassion. Seulement une oreille qui saurait écouter ce qu'il osait dévoiler de son histoire. Un instant, son humeur lui parut assez mauvaise pour un peu de tabac de Norfolk, et sa main commença à s'approcher de la poche où il s'en gardait, mais il se ravisa, et s'empara du lût trouvé sur le chemin. Distraitement, il gratta trois notes, tout en déclarant avec une pointe d'humour à Elena,
"If you want to speak your langage, you should teach me it."