Hyrule's Journey

"- Et toi, tu restes là !
- Oui, Grand-père… !"

Une partie de pêche. Il avait voulu faire plaisir au vieux et l’emmener dans un endroit calme pour pêcher. C’était chose faite, puisque la forêt était plus ou moins silencieuse, maintenant. Un petit court d’eau y serpentait, remuant à peine, laissant son clapotis s’entendre là où se trouvait Salacia. Le blanc était parti en vadrouille non loin, se perdant parmi les arbres. Son instinct lui permettait d’avoir un sens de l’orientation tout à fait correct.

Lentement, il sauta du haut d’un petit rocher, atterrissant agilement quelques centimètres plus bas parmi les fleurs et les plantes. Il avança, l’ambiance se faisant plus sombre à mesure qu’il s’enfonçait dans la forêt. Mais il ne devait pas être bien loin de l’orée de cette dernière, puisque le doux son du ruisseau parvenait encore à ses oreilles animales.

Ici, au moins, personne ne le regarderait de travers. Il pouvait être un peu plus libre que d’habitude…


[J'avais pas d'idées sur l'endroit, j'ai pris celui où je vais le moins... x)]

- Terriblement commune. Si tu penses pouvoir obtenir ce que tu cherches avec ça ... Je t'en offre une vingtaine de rubis maximum.

L’œil rouge du marchand d'âme luisait faiblement dans l'obscurité de la cabane. Il frappa avec son bâton dans une cagette où des esprits en mal de liberté remuaient dans leurs bocaux. Assit sur un lit miteux, il observait les quelques flacons que lui présentait l'homme encapuchonné devant lui. Celui-ci ne semblait pas très content de l'offre du marchand. Il repoussa même le rubis rouge avant de repasser ses mains dans ses manches. L'esprit mercantile releva la "tête" et l'observa en ricanant d'un air macabre.

- C'est tout ce que tu obtiendra de ces âmes Dreack.

- Les rubis ne ... M’intéressent ... Pas ...

Les deux se toisèrent dans un silence que l'ont pourrait penser gênant. Mais c'était une situation tout à fait banale entre les deux. Le Marchand d'Âme s'amusait toujours à taquiner Dreack qui ne semblait pas spécialement réceptif à ce genre d'attitude. Le Marchand frappa une nouvelle fois dans les cagettes avant de pointer le Sorcier avec son bâton.

- N'essaie pas de m’arnaque Sorcier ! Je ne suis pas un des serviteurs de ton Seigneur à la psyché fragile. Même cent de ces âmes ne saurait acheter ce que tu veux.

- Dis moi ton prix ...

Le Marchand d'Âme se gratta la tête avec son bâton. Pendant sa réflexion, Dreack tentait de découvrir ce qui se tramait dans son esprit. Ce fut comme si il se heurtait à un mur. Le fantôme avait raison lorsqu'il disait que son esprit était plus puissant que ces congénères. Le Marchand semblait d'ailleurs s'être aperçut de la tentative d'intrusion et puni immédiatement son client d'un coup sec de bâton sur le crâne. Dreack recula, se tenant le crâne pour soulager la douleur grandissante.

- Idiot ! Je t'avais prévenu ! N'oublie pas d'où viennent tes nouveaux pouvoirs !

C'était stupide. Dreack savait que sa maitrise de la magie avait considérablement augmenté grâce au troc qu'il faisait avec le Marchand d'Âme. Mais ce qui était au départ de simple transaction avait tourné rapidement à l'obsession. Au plus le Sorcier fournissait d'âme au Marchand, au plus celui-ci augmentait ses capacités magiques ainsi que son prix. La soif de puissance avait rapidement gagné Dreack qui en voulait toujours plus et l'avidité du Marchand avait été titiller par un client aussi avide de puissance.

Le calme était revenu. Le Marchand d'Âme recadra une nouvelle fois ses marchandises et fixa le Sorcier.

- Il y a bien quelque chose que je voudrais ... Si tu me l'amène, tu auras ce que tu cherches.

Dreack expira fortement. Il s'était enfin décidé à cracher le morceau. Il ne lui répondit pas. De toute façon, il n'était pas du genre loquace et le fantôme le savait. Il se contenta d'un mouvement de tête sec. Il avait toute son attention.

- Je veux une âme torturée ...

Le Marchand d'Âme se mit à ricaner. Les sourcils du Sorcier se froncèrent. Il avait très bien l'ironie de sa demande. Le Sorcier remua légèrement la tête de gauche à droite, ce qui eu pour effet de renforcer les éclats de rire du fantôme.

- Ho non non pas la tienne. Vu ce qu'il en reste, elle n'aurait guère de valeur dans cette catégorie. Ramène moi une âme torturé et tu aura la puissance que tu cherches.

Le Sorcier sentit la moutarde lui monter au nez. Le Marchand lui avait fait son offre et il était rare qu'il revienne dessus. Il devait donc trouver une âme torturée. Ce n'était pas une mince affaire mais pas une tâche impossible. Ce monde regorge d'être mal dans leur peau, il en savait quelque chose. Sans demander son reste, Dreack tourna les talons pour sortir de la cabane pendant que la Marchand lui faisait signe avec son bâton.

La lumière du jour agressa immédiatement les yeux du Sorcier. Derrière lui, la cabane en bois décrépit commença lentement à disparaitre, laissant Dreack seul dans la clairière. Le chant de l'eau était aussi désagréable que l'odeur des fleurs printanières qui vinrent assaillir ses narines. De toute les endroits où le Marchand d'Âme pouvait apparaitre, il fallait que ce soit près de la Forêt Kokiri. Comme si la Malédiction des Skull Kid n'était pas suffisante.

Le bruit des feuilles écrasées lui fit tourner la tête. Il était rare de croiser des personnes dans ces bois. Les Kokiris s'aventuraient rarement plus loin que leur village et les hyliens évitaient soigneusement le bois de peur d'être maudit. Les yeux du Sorcier se fermèrent. A quoi bon les garder ouvert ? La lumière était trop vive pour qu'il y voit distinctement. Sa concentration établit, il se mit à chercher la personne qui s'approchait. Une chose assez compliqué étant donné qu'une grande partie de la forêt était vivante et surtout pleine de vie. Mais il le trouva. Et à ce moment, un sourire mauvais se dessina derrière les tissus qui cachait son visage.

Le Sorcier laissa échapper ses pouvoirs. Il ouvrit sa main devant son visage et laissa une boule d'ombre se forme. La boule ressemblait presque à une fée sans aile, celle ci se mit à luire d'une couleur violette et à virevolté autour de lui avant de s’arrêter devant son visage. Elle grésilla légèrement avant de s'enfuir slalomant entre les arbres. Dreack resta parfaitement immobile. L'heure était venu de partir à la récolte.

La boule violette fit le tour de plusieurs arbres avant de passer rapidement devant l'être fantasque. Elle fit à nouveau rapidement le tour d'un arbre avant de foncer vers le visage de Salacia, s'arrêtant à une dizaine de centimètre de celui-ci. Puis elle se mit à bouger à nouveau de haut en bas et virvolta autour de la taille du jeune homme avant de reprendre sa place initial. La boule fit du surplace avant de partir plus lentement par là où elle était venue. En chemin, elle s'arrêta et paru se retourner face au jeune homme avant de reprendre sa route.

Ses pas le guidaient lentement entre les arbres, évitant les racines et orties qui pouvaient joncher le sol. Il s’arrêta un instant, reprenant à peine son souffle, tandis que son regard bleu nuancé si singulier inspectait les alentours. Rien ne semblait différent autour de lui, pourtant, son instinct lui disait que quelque chose avait changé, sans savoir quoi. Après tout, il n’était en partie animal que par malédiction, alors faire confiance à ses capacités en toutes circonstances était peut-être une mauvaise idée.

Soudain, il se redressa, écarquillant les yeux. Qu’était cette chose qui s’approchait rapidement de lui… ? Cela volait et brillait violet. On aurait dit une fée, mais elle n’avait pas d’ailes. C’était juste un rond lumineux qui se rapprochait, pour finalement s’arrêter juste devant lui. Le blanc eut un sursaut, la laissant l’examiner complètement, avant de la fixer de nouveau. Elle restait figée, à l’observer. Enfin, il supposait qu’elle l’observait… Doucement, pour ne pas l’effrayer, il tendit ses doigts, mais au moment où il allait enfin la toucher, voilà qu’elle repartait.

"- E…Eh… ! Attend… !"

Sans réfléchir, le jeune homme la poursuivit. A mesure qu’il avançait, le silence se faisait et tout devenait plus sombre autour de lui. Il n’avait pas peur… Mais craignait un peu quand même. Ses oreilles se redressèrent alors que, au loin, une silhouette se détachait du reste. Il ne parvenait pas encore très bien à la voir mais… Plus il progressait dans la forêt, et plus son inquiétude faisait battre son cœur avec violence.

La boule d’énergie violette continuait de virevolté dans tout les sens comme si elle était très excitée que le jeune homme ait décidé de la suivre dans sa promenade. Elle s'arrêtait de temps en temps tournant autour des troncs des arbres dont l'écorce commençait prendre des teintes grisâtres. Aussi rapide qu'une flèche, la boule d’énergie fonça sur la forme encapuchonné et commença à tourner autour de la même façon.

Dreack ne bougeait toujours pas. Parfaitement immobile, comme si il était une statue improbable dans les bois. Il entendait parfaitement les pas du jeune homme sur l'herbe, se rapprochant avec prudence de lui. La boule d’énergie continuait à tourner autour de lui, encore plus rapidement. Puis le Sorcier leva flegmatiquement son bras et ouvrit sa main. La boule d’énergie se posa délicatement dans sa paume. La lueur commença à lentement décliner avant de reprendre soudainement toute sa superbe. A la façon d'une torche frémissante sous un courant d'air, elle se mit à rétrécir et à grossir.

L'air était bien plus lourd, une légère odeur de marécage flottait dans les airs alors qu'une brume serpentait par terre cachant l'herbe sèche. Les rayons du soleil avaient subitement disparus, laissant place à une obscurité chassée uniquement par la lueur des lanternes accroché aux branches dépourvu de feuille. Les minuscules flammèches laissaient paraitre des ombres inquiétantes parmi le tronc des arbres donc l'écorce rappelaient parfois le visage des terribles Effrois. Un vent froid amenait avec lui des sons ressemblant à des murmures inaudibles.

Tout était en place à présent. Le Sorcier releva lentement la tête vers le jeune homme, la boule d’énergie palpitante dans sa main. Il la regarda d'une manière insistante avant que de plonger ses yeux éteints dans le bleu du jeune homme.

- Mais qu'es tu donc ?

La voix résonna dans la tête du jeune homme venant de tout les cotés. Caverneuse et puissante, elle semblait venir d'outre-tombe. Mais avant que le jeune homme ne puisse lui répondre, des formes fantomatique se matérialisèrent de la brume au sol. Dee forme vaguement humaine, elles semblaient toisées Salacia, parlant entre eux.

- Qu'est ce que c'est cette chose ? Un homme ? Une femme ?

- Un démon ! Voila ce que c'est ! Regarde ses oreilles et sa queue ! C'est un mutant !

- Il est bizarre ...

Les formes brumeuses s’agitèrent alors que des rires retentir. Les fantômes se mirent à tourner autour de Salacia, caquetant, ricannant.

- Retourne d'où tu viens monstre !

- Déviant ! Pervers ! Impie !

Le Sorcier s'approcha lentement. Certains fantômes vinrent tourner autour de lui avant de repartir vers Salacia, l'assaillant de quolibet.

Plus ses pas le guidaient à travers la forêt, plus Salacia sentait qu’il avait fait le mauvais choix. Les oreilles basses, il scrutait au mieux les alentours. Mais tout était si sombre… Il parvenait à peine à se repérer parmi les arbres. Il avait finalement perdu la « fée » des yeux, et ne la retrouva que lorsqu’elle s’arrêta… Non loin de la silhouette obscure. Là, le blanc pensa aussitôt à s’enfuir. Mais ses jambes ne parvinrent pas à le faire se mouvoir à temps, que déjà, il entendait une voix l’assaillir. Elle lui faisait tourner la tête, trembler les membres et couper le souffle.

Elle fut bien vite rejointe par d’autres échos, qui lui rappelaient de désagréables souvenirs, ses pires cauchemars pour être précis. « Démon », « Mutant », « Monstre »… Tout se mélangea dans sa tête. Lorsque l’on panique, on ne sait plus discerner le vrai du faux, on ne sait plus comment réagir, on oublie qu’on a peut-être encore une porte de sortie et surtout, on ne voit pas le véritable danger qui se rapproche.

"- A…Arrêtez… ! Je vous en prie !"

L’androgyne sentit ses longues jambes fines le lâcher enfin, celles-ci pliant doucement sous son poids sans le faire tomber au sol. Ses yeux se fermèrent vivement, ses bras vinrent encadrer son visage, alors que ses mains couvraient autant que possible ses oreilles. Il ne voulait plus rien entendre… !

"- ARRÊTEZ !!"

Il recula de deux pas. Sa nature animale prenait lentement mais sûrement le dessus, et si l'ombre tentait de s'approcher trop près - comme maintenant -, le blanc ne se gênerait pas pour lui sauter au visage, crocs et griffes dehors.

- ARRÊTEZ !!

Les rires se turent instantanément comme si il n'avait jamais existé. L'obscurité se rétracta comme si elle était aspiré par un courant d'air. La clairière ne présentait plus aucune trace de la terrible Ombre qui s'était jeté sur elle. Le soleil refit surface, comme si il n'était jamais parti mais seulement caché par un nuage noir. Une délicate odeur d'herbe fraîche et de fleur printanière flottait les airs, porté par une brise douce et chaude. Le bruit du ruisseau venait rompre l'ancien silence morbide ainsi que le piaillement incessant des oiseaux qui se posaient sur les branches des arbres.

Une forme se dégagea d'un épais buisson. Un homme d'une vingtaine d'année s'extirpa du feuillage, l'air alerte, son arc bandé d'une fléche prête à être décocher. Ses grand yeux vert clair scrutaient la clairière pendant qu'il dégageait ses longs cheveux auburn derrière ses oreilles en baissant son arme. Lorsqu'il remarqua Salacia sur le sol, il couru vers lui, son gilet de cuir frappant contre son torse aux muscles secs à chacune de ses foulées. Il s'arrêta à un bon mètre avant de parlé d'une voix douce comme une nuit d'été.

- Que se passe t-il ? J'ai entendu crié ! Il y a un problème ? Tout va bien ?

Le jeune chasseur jeta à nouveau un coup d’œil à la clairière comme pour s'assurer qu'il n'y avait pas de danger. Puis son regard se braqua à nouveau sur Salacia. Un sourire angélique et bienveillant se dessina sur son visage. Il venait à peine de remarquer l'étrange allure ce qui semblait l'amuser.

- On vous a volez vos vêtements ? Vous devriez vous couvrir mon ami ou vous risquez d'attraper froid.

Il regarda le ciel bleu magnifique en mettant sa main au dessus de ses yeux pour ne pas être trop ébloui par le soleil radieux.

- Même si c'est une journée particulierement belle. Comment vous appelez vous ?

Le blanc se redressa, alors que plus rien ne semblait terrorisant dans son champ de vision. Pourtant, il restait alerte malgré tout, sursautant lorsqu’on s’approcha finalement de lui. Cet homme-là était des plus gentils à se préoccuper de lui… Oh, mais. Ses oreilles se redressèrent. Non, c’était impossible. Il devait devenir fou… Personne n’était jamais gentil avec lui. On l’insultait, le méprisait ou l’ignorait, mais rares avaient été ceux aux paroles rassurantes.

Ce devait être cela de se perdre dans la forêt… ! La panique s’empara soudainement de lui et, sans un mot à l’homme se trouvant en face de lui, il tourna les talons, se dépêchant au mieux pour partir de cet endroit. Il avait trop peur… Beaucoup trop peur. Et son instinct lui criait de fuir au plus vite.

L'illusion commença à se dégrader. La belle peau du chasseur commença à blanchir comme si elle se desséchait, ses cheveux magnifiques commencèrent à tomber sur le sol alors que son regard se creusa et son corps perdit sa musculature saillante pour devenir aussi maigre qu'un effroi. Sa main passa devant son visage qui s'enveloppa d'une brume noire avant de se dissiper replaçant la capuche et le foulard sur le visage de Dreack.

Un échec ! Encore un échec ! Comment cette créature répugnante avait-elle put lui échapper ?! Lui ! L'un des Sorcier les plus prometteurs de l'armée des Dragmires ! Un râle sinistre s'échappa de ses lèvres desséchés. Contrarié au plus haut point, il regarda sur le sol où brillait de petits fragments. Dreack se baissa et les prit dans la paume de sa main. Il était minuscule, à peine plus grand qu'un grain de raisin chétif. A l’intérieur des gemmes troubles, un fumée grise remuait. Des miettes, voila ce qu'il avait récolté.

Il n'avait pas suffisamment eu de temps. La nature méfiante de cette pitoyable créature avait eu raison de l'illusion tortionnaire. C'était de sa faute, il aurait simplement dû tuer cette misérable copie d'Hylien et s'approprier son âme. L'envie de tester ses nouvelles capacités avaient prit le dessus. Ses doigts se crispèrent sur les petits fragments jusqu'à les briser. Les brumes s'échappèrent entre ses doigts cherchant à fuir l'emprise maligne du Sorcier Noir, heureuse de ne pas connaitre le funeste destin qui les attendaient.

Dreack observa les arbres. Cette endroit le dégoutait. Il sentait déjà les forces de la forêt à l’œuvre pour repousser son influence maléfique. Mieux valait-il qu'il parte. Il ne voulait certainement pas terminer en Skull Kid ....

[ FIN ]