1# En sommeil

ou quand deux Kokiri s'interrogent sur les bienfaits de la vaillance.

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Markus Johnson


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(vide)

Kokiri a écrit:
Tout ce temps depuis, il dort. Penses-tu qu'il se réveillera un jour ?

Questionna le lutin de la forêt à son ami posté dans la souche géante qui servait de maison. Le second baissa la tête, et répondit d'un regard sombre et d'une voix presque honteuse.

Kokiri gardien a écrit:
Peut-etre serait-ce mieux qu'il ne s'éveille jamais ?

Kokiri a écrit:
Que veux-tu dire ?

Kokiri gardien a écrit:
Tout ce temps passés dans les Bois Perdus. Combien d'Hyliens ont vu leur esprit s'évaporer en pénétrant dans ces bois maudits. Qui sait les ravages que celui-ci a pu subir avant que nous ne le trouvions ?

Kokiri a écrit:
Peut-être aurais t'on du le laisser ?

Kokiri gardien a écrit:
Ce n'est pas ce que je dis. Abandonner un Hylien dans les Bois Perdus, c'est s'assurer la création d'une abomination.

Le Kokiri garda le silence. Son ami l'observa. Il savait qu'il n'osait pas prononcer les prochains mots.

Kokiri a écrit:
Mais ... ?
Kokiri gardien a écrit:

Etait-ce utile de le soigner si c'est pour l'abattre à nouveau ?

Les deux Kokiri restèrent silencieux. Ils savaient ce que l'autre pensait, car ils craignaient tous les deux la même chose. Ils connaissaient ces histoires d'un autre temps, ces contes racontés de génération en génération. Ces histoires où des lutins de la forêt sauvèrent des égarés, et furent finalement dévorés, punis de leur bienveillance. C'étaient ces histoires qui étaient racontés afin que les Kokiri apprennent à se méfier de tous les étrangers. Les Bois Perdus pouvaient être une porte de sortie hors d'Hyrule. Ainsi, il arrivait que des voyageurs tentent de les traverser, s'équipant d'amulettes bienfaitrices et protectrices, tout en se préparant à devoir lutter contre ce que certains appelaient la "perdition". Ils étaient souvent observés, mais jamais approchés par les Kokiri. Curieux, mais prudents, ils restaient à distance. Ils avaient entendu les histoires des lutins qui étaient sortis de la forêt, transformés en esclave par de dangereux voyageurs. Et après leur service au fond des bois, la mort venait les toucher dès que leur pied touchait l'orée de la forêt. Tous étaient punis. Le Kokiri par son imprudence, le voyageur par son avidité.

Kokiri gardien a écrit:

De toutes façons, ce n'est pas à nous d'en décider.

Kokiri a écrit:
Tu as raison.

Les deux Kokiri observèrent une dernière fois le corps dénudé de l'Hylien. Ce dernier trempait dans une eau régénératrice. S'écoulant à travers leur village, c'était la seule maison où la rivière traversait. D'étranges lits avaient été sculptés à même le bois et la terre. Ainsi, les patients étaient déposés dans ces cuvettes. Peu à peu, le liquide soignait les blessures les plus graves, les désinfectait, et les refermait. Les savants qui avaient eu l'occasion d'entendre parler de ce phénomène évoquaient la sève des arbres de la forêt qui venait s'adjoindre à l'eau qui coulait dans la forêt. La force et l'énergie de ces bois permettaient de sauver, à patience, les corps les plus meurtris. Et les Kokiri avaient vu à quel point cet Hylien avait été blessé. Son corps retrouvé était recouverts de coupures de tailles différentes. L'homme aurait du mourir. Et les raisons de sa survie pouvaient avoir de nombreuses explications. Sa vitalité ? La chance ? Ou l'énergie maussade des Bois Perdus qui affectait le corps des Hyliens dès leurs premiers pas dans la "perdition ? Ou peut-être même était-ce là la facétie de l'une des déesses ?

Markus trempait ainsi dans cette eau. Et si pendant tous ces jours, il avait erré dans l'inconscience totale. Les mots des Kokiris venaient résonner dans ses oreilles pointues. C'était là, dans l'obscurité de son coma, les premières notes qui firent naître son retour à la réalité.


Markus Johnson


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(vide)

Les yeux s'ouvrent. Et tous les sens sont en émoi. Les flammes des torches qui illuminent la pièce aveuglent Markus. Il tente d'ouvrir la bouche, mais aucun son ne sort de sa gorge. Son corps est froid, et il est recouvert d'une substance liquide qui le recouvre. L'odeur des feuilles et du bois viennent pénétrer ses narines lorsqu'il respire à grandes bouffées. De trop grandes bouffées même. Cela fait si longtemps qu'il n'a pas réellement respiré. Pendant un instant, il perd connaissance quelques secondes, il tourne de l'oeil. Puis il se ressaisit, s'agrippe aux bords de l'étrange bassin dans lequel il reposait. Des sons bruissent dans ses oreilles. Ce n'est que là qu'il reconnait un être, un enfant, tout vêtu de vert. Il le regarde avec crainte, méfiance et étonnement.

Markus se lève, et d'un instinct animal, il se jette sur le malheureux qui n'a pas même le temps d'agripper son poignard. Le corps couvert de cicatrices de l'homme lui font souffrir le martyr. Il a besoin d'hurler, de se défendre. Le seul être vivant qui est avec lui dans la pièce reçoit ainsi toute sa décharge. Il l'a plaqué au sol, et le Kokiri cherche tant bien que mal à aspirer de l'air pour pouvoir respirer. Son agresseur ouvre la bouche, et enfin, un son rauque, presque inaudible, s'éveille pour devenir un rugissement :

Markus a écrit:
OU EST CE QUE JE SUIS ?

Le Kokiri ne peut pas répondre. Markus attend la réponse, lui rugit à nouveau de lui répondre. Puis, il commence à comprendre où est le problème. Il décharge son étreinte. Mais le Kokiri ne répond pas. Ce dernier cherche à retrouver sa respiration, et quand bien même, il est trop surpris et effrayé pour parvenir à articuler un propos compréhensible. Markus finit par se relever et se reculer. Le jeune homme tourne la tête, les yeux écarquillés par un mélange d'incompréhension et de terreur. Il ignore où il est, et ce qu'il fait ici. L'homme a retrouvé ses sens, mais n'a pas de repères. Où est-il ? Quand est-il ? Qui sont ces gens ? Et pire, qui est-il lui même ?

Une douleur encore plus vive s'éveille. Sa jambe a été transpercée d'une flêche. L'homme émet un cri de souffrance et de surprise lorsqu'il aperçoit d'autres petits êtres aussi haut que le premier. L'un d'eux tient un arc. C'est lui qui a décoché sa flêche sur Markus. Et il est déjà prêt à en décocher une autre. Sa voix s'ouvre, celle d'un enfant plus vieux qu'il en a l'air :

Kokiri archer a écrit:
Si tu bouges, je t'en décoche une autre.

Le ton est autoritaire. Mais le Kokiri n'est pas dupe. Il voit bien l'état d'excitation dans lequel se trouve leur "protégé". Il sait qu'il n'aura d'autres choix que de l'achever. Markus respire à grandes bouffées, encore, et encore, et encore. Plus à nouveau, il tourne de l'oeil. Et s'écroule. C'est trop pour son esprit affaibli. Trop d'informations, trop d'éléments qu'il ne comprend pas. Son corps décide d'abandonner. Et c'est peut-être ce qui lui a sauvé la vie.


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