Les yeux s'ouvrent. Et tous les sens sont en émoi. Les flammes des torches qui illuminent la pièce aveuglent Markus. Il tente d'ouvrir la bouche, mais aucun son ne sort de sa gorge. Son corps est froid, et il est recouvert d'une substance liquide qui le recouvre. L'odeur des feuilles et du bois viennent pénétrer ses narines lorsqu'il respire à grandes bouffées. De trop grandes bouffées même. Cela fait si longtemps qu'il n'a pas réellement respiré. Pendant un instant, il perd connaissance quelques secondes, il tourne de l'oeil. Puis il se ressaisit, s'agrippe aux bords de l'étrange bassin dans lequel il reposait. Des sons bruissent dans ses oreilles. Ce n'est que là qu'il reconnait un être, un enfant, tout vêtu de vert. Il le regarde avec crainte, méfiance et étonnement.
Markus se lève, et d'un instinct animal, il se jette sur le malheureux qui n'a pas même le temps d'agripper son poignard. Le corps couvert de cicatrices de l'homme lui font souffrir le martyr. Il a besoin d'hurler, de se défendre. Le seul être vivant qui est avec lui dans la pièce reçoit ainsi toute sa décharge. Il l'a plaqué au sol, et le Kokiri cherche tant bien que mal à aspirer de l'air pour pouvoir respirer. Son agresseur ouvre la bouche, et enfin, un son rauque, presque inaudible, s'éveille pour devenir un rugissement :
- Markus a écrit:
- OU EST CE QUE JE SUIS ?
Le Kokiri ne peut pas répondre. Markus attend la réponse, lui rugit à nouveau de lui répondre. Puis, il commence à comprendre où est le problème. Il décharge son étreinte. Mais le Kokiri ne répond pas. Ce dernier cherche à retrouver sa respiration, et quand bien même, il est trop surpris et effrayé pour parvenir à articuler un propos compréhensible. Markus finit par se relever et se reculer. Le jeune homme tourne la tête, les yeux écarquillés par un mélange d'incompréhension et de terreur. Il ignore où il est, et ce qu'il fait ici. L'homme a retrouvé ses sens, mais n'a pas de repères. Où est-il ? Quand est-il ? Qui sont ces gens ? Et pire, qui est-il lui même ?
Une douleur encore plus vive s'éveille. Sa jambe a été transpercée d'une flêche. L'homme émet un cri de souffrance et de surprise lorsqu'il aperçoit d'autres petits êtres aussi haut que le premier. L'un d'eux tient un arc. C'est lui qui a décoché sa flêche sur Markus. Et il est déjà prêt à en décocher une autre. Sa voix s'ouvre, celle d'un enfant plus vieux qu'il en a l'air :
- Kokiri archer a écrit:
- Si tu bouges, je t'en décoche une autre.
Le ton est autoritaire. Mais le Kokiri n'est pas dupe. Il voit bien l'état d'excitation dans lequel se trouve leur "protégé". Il sait qu'il n'aura d'autres choix que de l'achever. Markus respire à grandes bouffées, encore, et encore, et encore. Plus à nouveau, il tourne de l'oeil. Et s'écroule. C'est trop pour son esprit affaibli. Trop d'informations, trop d'éléments qu'il ne comprend pas. Son corps décide d'abandonner. Et c'est peut-être ce qui lui a sauvé la vie.