Et ainsi la Belle rencontra la Bête (Part. 2) [Privé]

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Swann

Championne d'Aegis

Inventaire

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(vide)

Les yeux de l'étrange animal ne la quittaient toujours pas. Et cela faisait des heures que la situation était ainsi. Resté pour la surveiller et lui ôter l'envie de s'enfuir, le félin était parfaitement obéissant à sa maîtresse. Ou plutôt sa « mère », comme elle s'était désignée peu avant son départ. La serveuse avait bien tenté de s'extirper de ses liens de fer, mais au moindre le mouvement il avait redressé le museau vers elle et se préparait à se lever. Alors elle avait finalement décider de prendre sur elle. Il n'y avait malheureusement que deux espoirs possibles : le premier, quelqu'un décide d'entrer dans cette chambre, et le second, que son mystérieux agresseur ait réussi son entreprise. Elle en ignorait toute la teneur, malheureusement, aussi espérait-elle être libérée sous peu.
La seule chose qui bougeait, c'était cette saleté de neige qu'elle pouvait voir à travers la seule fenêtre de la chambre. Les flocons avaient défilés toute la journée les uns après les autres, jusqu'à la tombée de la nuit. Jusqu'au moment même qu'elle définissait comme le présent. Et ça continuait, ça défilait... La jolie Marjorie avait cette affreuse impression d'être isolée, coupée du monde et perdu quelque part dans l'espace temps. Sa vie était en suspend, entre les mains d'une dangereuse femme et de son féroce animal. Et pendant ce temps, derrière la fenêtre, la vie continuait, et les nuages continuaient de pleurer. Elle n'avait, de fait, pas eu l'occasion de voir le soleil en cette bien triste journée.

Des bruits de pas particulièrement insistants se firent entendre dans l'escalier situé derrière la porte de la chambre. Un soudain regain d'espoir emplit les yeux de la demoiselle, alors que ceux-ci se dirigèrent d'instinct sur la poignée de la porte. Avec ceci, une myriade de question lui arriva à l'esprit ; elle essaya de deviner d'abord de ce qui pourrait être cette personne, au bruit des pas. Mais elle n'arrivait pas à en saisir la moindre cohérence. A vrai dire, elle entendait les pas de manière saccadée, mais aussi des chocs contre les murs. Des plaintes aussi. Une voix de femme. Marjorie désespéra au fur et à mesure que se rapprochait cette voix qui commençait à devenir trop familière à son goût.
L'étrange garde - qui d'ailleurs ne portait plus sa tenue - entra en trombe dans la chambre. Il ne fallut pas longtemps pour la serveuse de comprendre que sa mission était un échec, lorsqu'elle vit le sang dégouliner le long du bras de l'agresseur. Plusieurs jurons accompagnèrent la scène, avec également quelques plaintes. Elle pleurait. Ceci dit, ça avait l'air plus nerveux que triste, même s'il était possible que les deux aspects soit mêlés pour cette fois. Un sentiment de peur envahit alors Marjorie ; il n'y avait aucune compassion, aucune empathie. Seulement une grande crainte, suite aux derniers propos qu'avait tenus cette jeune femme avant de s'en aller.

« Saurais-je me pardonner cet échec ? », dit alors la femme-au-félin en se couvrant les yeux de sa main gauche - son bras droit, au passage, avait l'air parfaitement inutilisable. Il y eu comme un instant de flottement ensuite, que Marjorie prit d'abord pour une hésitation à exécuter ses menaces proférées plus tôt dans la journée. La jeune femme se calmait en même temps que le coeur de la serveuse s'emballa, la crainte lui revenant soudainement. Quel affreux sentiment que celui du doute et de l'incertitude ! La réponse n'allait pas tarder à arriver. Un long frisson lui parcourut le dos lorsque le regard de cette femme, rougi par les pleurs, se posa sur la jeune femme. Un long silence, qui lui parut durer une éternité. Puis derrière, ces paroles qui lui dirent perdre tout ce qu'elle avait du peu d'espoir qu'il lui restait jusqu'ici.
« Je suis désolé... mais je dois prendre certaines précautions avant de partir. » Elle eut peur, très peur. Encore plus lorsque son tortionnaire dévoila un sac rempli de bouteilles d'alcool, dont elle déversa le contenu sur le sol et sur les murs. Les gémissement que Marjorie tenta n'eurent aucun effet particulier. En vain, elle tenta à nouveau de se libérer, tandis que l'étrange félin quittait la pièce avant de s'asseoir de l'autre côté de la porte de la pièce. « Je suis désolé », répéta de nouveau la brune, tandis qu'elle déversait une première bouteille sur la serveuse elle-même, puis une deuxième, puis une troisième. Les gémissements ne la touchaient pas. La serveuse se secoua sur sa chaise de bois, dont un pied rompu au bout d'un moment. Elle s'écroula sur le plancher gorgée d'alcool, et vit sa future meurtrière effectuer quelques dernières manipulations avec ses fils de fer. Puis elle ferma les yeux ; non pas qu'elle acceptait son sort, mais elle avait du mal à voir venir la mort en face...

Au bout de quelques minutes seulement elle dû rouvrir les yeux, lorsqu'elle se sentit soulevée et entraînée malgré elle. L'autre femme l'amena jusqu'au niveau de la fenêtre, puis la redressa pour la mettre debout. Toujours les pieds et poings liés, elle la fit tenir de bout avant de dégainer une dague. Marjorie n'eut pas le temps de s'en rendre que l'acier s'enfonçait au niveau de son épaule droite. La lame, froide et extrêmement douloureuse, semblait la traverser de part en part. Elle en pleura ses dernières larmes, les premières ayant déjà couler en même temps que l'alcool s'était déversé sur elle.
La dague fut retirer, puis un nouveau fil de fer vint l'empêcher de tomber au sol, la collant contre le mur. Tout fut alors beaucoup plus confus et de toute façon, la serveuse se passerait bien des détails superflus de la suite des évènements. Elle ne vit que le départ de la jeune femme, qui prit soin de fermer la porte de la pièce, dont un fil de fer reliait la poignée jusqu'à un mécanisme qui lui était inconnu. Elle se savait morte, dorénavant.

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Les cliquetis des armures dont les jointures s'entrechoquaient se firent entendre au Bourg. Par une telle tempête, rares étaient ceux qui se risquaient dehors. Néanmoins, les soldats ne pouvaient en faire autrement. Une grande troupe qui venait droit du château se dissémina à travers les ruelles du Bourg, à la recherche de leur cible : l'assassin. Celui-ci avait berné bon nombre d'entre-eux, et avait osé s'en prendre à leur Reine. La Princesse Zelda n'avait heureusement pas la moindre égratignure, à ce qu'il se racontait. Ça n'empêchait pas le fait qu'il fallait de toute urgence traduire ce criminel devant la Justice, et ce au plus vite.
Le Sergent Dorian était sans aucun doute le plus touché par la tromperie de cette femme. Lui qui l'avait trouvé puis emmené pour recevoir des soins d'urgence... Il regrettait amèrement son geste, tout autant qu'il condamnait sa fabuleuse bêtise. Avoir laissé cette femme sans surveillance était une erreur que tout Hyrule aurait pu payer très cher, en d'autres circonstances plus tragiques. Autant dire qu'il était extrêmement remonté, et qu'il prenait l'affaire personnellement - bien que rien ne l'y obligeait si ne n'était sa fierté. Il filait à vive allure, tellement qu'il échappait parfois à son petit groupe. Ses hommes peinaient à le suivre, même si pour eux également l'affaire était particulièrement importante. Ceci dit, ils étaient tous découragé d'avance par cet unique mais néanmoins important soucis : l'assassin avait filé, et ils ne savaient pas où. Cela revenait à rechercher une aiguille dans une botte de foin.

Le fils d'Ergond ne se laissait pas pour autant démonter, et suivit comme il pu les traces laissé dans la neige, la seule piste qu'il avait là. Il avait la chance, par une telle tempête, que le nombre de piste à suivre soient assez restreinte, tout comme cela posait le soucis que les traces disparaissent au fil des minutes. Il repéra alors un homme qui ramassait quelques affaires étalées un peu partout dans la neige, non loin. Du moins, c'est ce qu'il crut reconnaître de par les gestes de la silhouette, même s'il n'en était pas très sûr. Il s'en approcha bien vite pour découvrir un vieil homme dont le contenu de son chariot était renversé. D'une voix claire et parfaitement audible, le sergent s'adressa d'emblée à ce qui pourrait être sa seule piste.
« Eh là ! Citoyen ! As-tu vu passer une jeune femme vêtue de noire par ici, dis moi ? », lui lança-t-il sans plus attendre. L'ancien le regarda avec des yeux haineux, avant de s'expliquer. « C'est ti pas que ch'tais là bien, pis une donzelle m'rentre d'dans, seigneur ! 'vec des habits noirs, c'comme vous dites ! L'malpolie s'tirée par là ! », lui répondit le vieillard en pointant de sa main en direction d'une rue sur la droite. Sans le remercier, Dorian se précipita sans plus attendre dans ce sens, son petit groupe peinant à reprendre son souffle et toujours à la traîne, derrière. Le soldat avait à coeur de réussir cette périlleuse mission, ne serait-ce que pour se faire bien voir du Général ; il avait rarement l'occasion de le faire. En même temps, il était le premier impliqué sur cette tentative infructueuse, le premier fautif. Il voulait à tout prix réparer cette regrettable erreur.

La course des soldats fut relativement longue, il fallait l'avouer. Le vieillard rencontré sur le chemin n'était pas le seul à avoir croisé le chemin de la demoiselle ; deux autres personnes, un marchand et une couturière firent la rencontre des combattants, chacun ayant une dent contre la femme que Dorian poursuivait. A croire qu'elle avait fais exprès de s'en prendre à ces personnes et de se faire remarquer...
Le petit groupe arriva enfin jusque dans un cul de sac au terme d'un long parcours sous la tempête de neige. Ils n'étaient pas les premiers à arriver sur les lieux, ceci dit : un autre groupe de quatre soldats étaient là, à la porte d'une maison, dans l'attente de renfort. Ils les rejoignirent en vitesse, se demandant ce qu'attendaient ces soldats pour intervenir et surtout la raison qui les poussaient à attendre devant cette maison en particulier, en plein milieu de la nuit. Une fois assez proche, le soldat Dorian pu reconnaître son supérieur, le Capitaine Hellénoïre.

" Sergent, enfin vous voila ! On attendait du renfort, nous pouvons enfin intervenir ! " Lâcha d'emblée le dernier cité en voyant arriver la petite troupe. " L'assassin est au premier étage, près de la fenêtre. Vous le voyez ? " Il attendit que les soldats eurent lever le regard pour apercevoir la silhouette de la fuyarde avant de reprendre. " Nous avons interrogé le voisinage en attendant votre arrivée, et beaucoup nous ont signaler une jeune femme blessée rentrant dans ce bâtiment. Nous la tenons, c'est certain ! Tenez, voila de nouveaux renforts ! "

Un autre groupe de soldats arrivait effectivement. Le Capitaine mit tout le monde au parfum et continua son speech. De son côté, Dorian continuait de regarder par la fenêtre. L'assassin restait statique, il ne bougeait pas. Étrange... Il n'eut pourtant pas le temps de réfléchir davantage qu'il reçut ses ordres. Tandis que les autres se chargeraient d'empêcher toute fuite de l'ennemi, lui était chargé de monter au premier étage avec son groupe pour arrêter le dangereux criminel. Voila qui était parfait pour lui ! On lui donnait une chance de briller, et il n'allait clairement pas s'en priver !
Il s'élança le premier dans la maison en défonçant la porte, tandis que quatre autres soldats allèrent derrière la maison pour couvrir toutes les sorties. Le revanchard soldat monta bien vite les escaliers, puis s'arrêta net devant la porte. Il y avait un petit mot, accrochée à l'aide d'un couteau. Intrigué, il le décrocha pour le lire avec attention, tandis que ses hommes le regardaient avec insistance. Il n'en saisit pas tout à fait la portée, et s'écarta de la porte tandis qu'il lisait et relisait ce fichu bout de papier. « Chef ! Vos ordres ? », lança le moins patient de tous. Après un court silence, Dorian fit part de son incompréhension.

" Je... Il y a écris sur ce bout de papier : ouvrir cette porte déclenchera les flammes de ma colère. "
" Putain mais j'en ai rien à foutre ! On entre ! " Lâcha le fougueux Jack de rage, lui aussi visiblement très irrité par ce qu'il s'était passé.
" NON ! "

Il tourna la poignée. L'explosion retentit. Et la Mort s'empara de leurs pauvres âmes.

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Fatiguée. Souffrante. Affreusement dégoûtée. Ses pas étaient lents, comme s'ils réveillaient en elle une douleur à chaque fois que l'un de ses pieds foulait le sable. Mais à y regarder de plus près, on comprenait vite qu'elle était juste dans un état catastrophique. Le sang coulait toujours malgré le bandage qu'elle avait entreprit de poser sur sa blessure à la va-vite, laissant une trace rougeâtre derrière elle. Elle perdait la vie ; et malheureusement pour elle il n'y avait pas un rat au moindre kilomètre à la ronde. D'un autre côté, elle n'en avait plus rien à faire. Elle avait fui ses ennemis et son ancienne condition d'esclave de la Reine, plus communément appelé citoyen. Se lancer dans une telle traversée sans la moindre goutte d'eau et dans l'état - autant physique que mental - dans lequel elle se trouvait, il fallait avoir un sacré culot. Certains parleraient même d'un grain de folie.
Il était évident qu'elle en avait un, même si elle continuait de se leurrer à ce propos. La fin justifie les moyens, auraient-elle sans doute répondu à celui qui la questionnerait sur son affreuse plaie. Et s'il aurait trouvé quelque chose à lui redire, elle aurait sans doute répéter la même chose avec plus de virulence. De toute évidence, elle n'était pas en état de débattre avec des arguments très poussés et s'en tiendrait à l'essentiel. Son plan était bon, son exécution parfaite. Ce n'était que dans le dernier geste que quelque chose avait merdé, mais elle ne savait absolument pas quoi.

Et elle se passerait bien de le savoir, aussi. La réflexion était un luxe qui lui était impraticable en ce moment. Non seulement à cause de sa faiblesse physique mais aussi parce que ses pensées étaient toutes tournées sur une seule et unique chose : son échec. Swann avait terriblement honte de la tournure qu'avait pris les évènements tout comme elle avait honte d'avoir fais brûler vive une innocente serveuse. C'était pourtant son seul espoir de s'enfuir, et de se faire passer pour morte. Cette nuit-là, presque six heures après les terribles évènements, sa haine ne cessait de croître à l'égard d'une monarque qu'elle jugeait lâche, hautaine et insensible. Elle l'avait bien vu, dans son regard impassible et vide de toute terreur lorsque le Cygne Noir s'était jeté sur elle l'arme à la main.
La Colère du Cygne grondait en elle. Comme une incroyable et terrifiante tempête, les foudres de son aversion se mêlaient à l'ouragan de sa rancoeur, savant mélange de dégoût et d'exécration. Ses membres en tremblèrent presque d'excitation ; ou alors était-ce le fait que son corps était à cette heure plus fragile et frêle que celui d'un enfant. Son regard méprisant se déporta jusque sur le château d'Hyrule, dont on devenait le bout des plus hautes tours malgré la distance. « J'te crèverais, ouais... Je te ferais la peau, pétasse ! » Cria-t-elle, puis de reprendre avec toute les forces que ses poumons pouvaient encore lui accorder : « JE VOUS DÉTRUIRAIS TOUS !!! »

Le cri résonna au loin ; ses jambes fléchirent. Elle tomba à genoux et y resta, n'ayant plus la force de se relever à cause de tout ce sang perdu. Était-elle seulement consciente que la Faucheuse se rapprochait d'elle à grandes enjambées ? Aucunement. Il y avait trop de chose inaccomplies dans sa vie - à commencer par elle-même - pour ne serait-ce que songer à la Mort. Et surtout, elle était beaucoup trop fière pour admettre être mourante. Son bras gauche retint l'inévitable chute du reste de son corps dans le sable, tandis que son bras droit pendait nonchalamment d'avant en arrière. La douleur qu'elle en ressentait était importante, mais beaucoup moins que celle qui la détruisait de l'intérieur. Haine et Fureur consumait son âme déchue, jusqu'à l'inévitable explosion de Tristesse qu'elle cachait derrière ses deux soeurs aînées.
Les larmes de la fragile Villarreal lui montèrent aux yeux avant de redescendre le long de son doux visage. Elle ignorait tout de ce que pouvait être ces gouttes qui perlaient les unes après les autres. Elle pensait le chagrin ne jamais se finir et se surpris à regarder vers le ciel et ses étoiles. Les nuages de la tempête de neige avaient disparus depuis bien longtemps, pourtant ça ne fut qu'à ce moment que Swann le réalisa pleinement. La nuit était déjà moins noire, signe que le soleil arriverait dans l'heure qui suivait ; l'aurore arrivait. Un nouveau jour, la vie continuait. Mais cette fois, elle n'en verrais probablement pas le bout...

Elle était dépossédée de toutes ses forces, plus rien ne pouvait la faire avancer dorénavant. Son bras gauche, qui la retenait de s'écrouler, avait plié au fur et à mesure des minutes. L'assassin réussit néanmoins un dernier exploit, avant de rompre : en balançant sa tête en arrière, elle mit suffisamment de force pour tomber sur le dos. Elle s'accordait le droit de regarder le ciel, encore un peu. Sans un sourire, sans le moindre plaisir. Elle sentait la vie la quitter lentement, tout en gardant ce mince espoir que tout ce ne soit qu'un cauchemar. Ses larmes changèrent de trajectoire et coulèrent le long de ses pommettes, jusqu'à ce que la jeune femme n'ait plus une goutte d'eau qui lui permettent d'arracher cette Tristesse à son âme.
Son compagnons félin tournait autours, pris d'une soudaine panique à la vue du sang et de l'incapacité de sa mère à bouger le moindre membre. Il feulait à tue-tête, alarmé comme le serait n'importe quel fils. Son regard se portait aux alentours puis revenait instinctivement sur celle qui l'avait si bien soigné jusque là. Et il feulait de désespoir à son tour. Il appelait à l'aide, lui bien plus vivant que le Cygne Noir ne l'était. Et miraculeusement, quelqu'un vint... redonnant instinctivement espoir de vivre à la mère et son fils-félin.


Songe Tristenuit


Inventaire

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(vide)

Alors que ses pieds cessaient de glisser dans le sable et qu’elle jetait un regard autour d’elle, elle regretta quelque peu les plaines qu’elle avait quittées pour s’aventurer dans le désert. Le paysage autour d'elle était des plus monotones et depuis plusieurs heures déjà elle avançait sans avoir l’impression de véritablement avancer. Pour l’heure, elle devait toutefois composer avec ce sable qui s’étendait à l’infini, et elle pesta quand elle eut fini son tour d’horizon. Elle ne voyait toujours que du sable à perte de vue, et aucun signe de vie.

On lui avait pourtant assuré la présence de sorcières dans les environs. Deux, très exactement. Elle n’avait pas compris qu’elles ne soient pas plus nombreuses, habituée qu’elle était à la vie en communauté. Mais soit, deux sorcières, c’était un bon début. Par contre personne n’avait été capable de lui fournir une adresse précise, et elle commençait à se dire que se lancer sans plus d’indications dans le désert ne servait à rien. Elle aurait dû se douter qu’il était aussi grand.

Alors qu’elle s’apprêtait à faire demi-tour et abandonner les recherches, elle entendit un hurlement qui, s’il semblait venir d’une bonne distance, étouffé, était quand même assez fort pour qu’elle en distingue le sens.

« JE VOUS DÉTRUIRAIS TOUS !!! »

Elle se demanda qui était ce « tous » là où elle n’avait pu rencontrer personne jusque là dans ces étendues sablonneuses, du moins depuis qu’elle avait passé les barrières de la forteresse Gerudo. Contre toute prudence – car même si elle ne voyait pas de raisons de faire partie de ce « tous », c’était loin d’une phrase accueillante ou de celles dont on veut rejoindre l’auteur – elle fit marche vers la source de la voix. Au fur et à mesure qu’elle approchait, elle entendit les cris d’un animal, semblable à des pleurs, qui lui permirent de se guider facilement.

Il ne lui fallut pas si longtemps que ça pour l’atteindre finalement, soit qu’elle avait surestimé la distance, soit que les enjambées sur le sable étaient rapides, ou la voix plus faible qu’elle ne l’avait pensé, mais elle aperçut très vite une silhouette étendue sur le sol, ainsi que celle d’un animal qui tournait autour. Elle avança prudemment, surveillant le regard et l’attitude de l’animal dont la réaction l’étonna. Elle avait cru un instant qu’il voulait profiter de la dépouille qui se trouvait à ses côtés – du moins la silhouette ne semblait plus très vivante – mais à bien y regarder, il avait plutôt l’air de veiller sur elle. Remarquant qu’il semblait lui faire confiance, sans doute démuni face à la situation, elle continua doucement à s’approcher jusqu’à ce que son ombre recouvre le corps.

Un œil toujours rivé sur le félin, elle s’accroupit pour examiner la femme étendue sur le sol. Si elle avait d’abord cru être tombée sur un cadavre, elle se rendit rapidement compte que cette dernière respirait encore, bien que péniblement. Elle remarqua également combien elle était en piteux état.

« Il faut plus de santé que ça pour accomplir de telles menaces. »

Elle avait parlé d’un ton neutre, qui aurait été amusé si les circonstances avaient été meilleures, ne sachant même pas si la femme l’entendait ou non. Une chance pour la demoiselle qui gisait à ses pieds : Songe ne disposait pas encore du moindre domicile, ce qui l’obligeait à transporter son petit sac de voyage et ses maigres possessions avec elle.

Elle déposa ses affaires à terre pour tirer du sac ce dont elle avait besoin. Avant de démarrer les soins à proprement parler, et par simple soucis de confort pour la jeune femme avant de la toucher, elle lui fit avaler une potion qui apaiserait la douleur, une de celles qu’elle avait voulu vendre au marché pour se faire un peu d’argent et dont elle n’avait pas écoulé tout le stock. Une fois que cette dernière eut l’air de faire effet, elle s’autorisa à déplacer les membres de la blessée et lui appliquer d’autres onguents qui trainaient aussi dans son sac, destinés initialement à la vente eux aussi. Elle alla même jusqu’à sacrifier son unique tenue de rechange pour arriver à lui faire quelques bandages correctes. Ne pouvant faire grand-chose de plus dans un endroit aussi isolé, elle s’assit sur le sable à côté de la jeune femme, surveillant l’évolution de son état, et espérant un regain de conscience de la part de cette dernière. De toute façon, elle n’avait pas grand-chose d’autre à faire, alors cette occupation ou une autre… Laissant traîner ses yeux autour d’elle jusqu’à se poser sur l’animal qui semblait lui aussi veiller à côté d’elle, elle laissa vagabonder ses pensées pour s’occuper. Elle se rendait soudain compte qu’elle se sentait très seule depuis son départ de chez elle. Quoi d’autre sinon, l’aurait poussée à la recherche de sorcières sans même savoir quoi leur dire ou leur demander ? Ou à secourir avec tant de prévenance une complète inconnue ?


Le vent le ramenait chez lui.
Un fin sourire de satisfaction sur le visage, Ganondorf observait le paysage qui s'offrait à lui. Le désert, océan infini blanc comme l'argent sous la lueur pâle de la lune. Enfin, il rejoignait ses terres, son royaume. Là, dans ce qui lui avait longtemps paru être un enfer de souffrances, le Gérudo se sentait apaisé. Il pouvait bien trouver un charme irrésistible à Hyrule, contrée verte au vent clément, son coeur persistait à considérer le désert comme une bête qu'il aurait dressé, à la force de sa volonté. Encore et toujours, tous était question de force, de puissance. Le reste restait accessoire. Il sentit la présence discrète du Traqueur qui s'approchait de lui. Sans doute, le spectacle devait fortement l'impressionner, lui qui n'avait connu pratiquement que la forêt des kokiris. Le tableau d'une mer sans fin de dunes avait de quoi intimider le plus féroce guerrier. Car si il pouvait opposer de l'acier à un adversaire de chair, que pouvait on face aux caprices de la nature ? Un homme plus faible que Ganondorf aurait répondu "Rien". Mais lui n'était pas de cette trempe, et le désert ne l'effrayait plus. Au fond de lui, le seigneur de la flamme en était persuadé : ces terres le reconnaissaient comme Roi.

Le vent souffla, rejetant en arrière une mèche de ses longs cheveux de feu. Ce même vent qui l'avait ramené chez lui. Depuis qu'il avait quitté la montagne du péril, une angoisse inconnue ne l'avait jamais quitté ne serait ce qu'un instant. Il se revoyait en permanence laisser sa colère monter, perdre le contrôle...Et obtenir un pouvoir plus grand que tout ce qu'il avait pu ressentir jusque là. Ce qui l'avait habité lorsqu'il s'était perdu lui même...Ce quelque chose surpassait en force toute forme de vie en ce monde, Ganondorf le savait. Et encore, cet être n'avait pu sortir que partiellement, le gérudo s'étant crispé dés qu'il avait sentit la transformation échapper à son contrôle et à sa volonté. Ce Thor devait être puni, mais pas à un prix aussi élevé que celui qu'aurait exigé ce monstre, une fois libéré. Toutefois, une question demeurait : d'où venait il ? Qui était il ? Le Haut Roi eut la conviction que les réponses lui viendraient, lorsque le destin en aurait décidé ainsi. Il se retourna et fit signe au Traqueur de le suivre, ajoutant d'une voix calme,


"Les sables ne pourront te blesser tant que tu resteras à mes côtés. Viens, ton maître l'ordonne."

Nul rudesse dans sa voix, seulement une autorité ferme. Le Traqueur avait été soumit par Ganondorf, mais cela ne faisait pas de lui un esclave. Au contraire, cette bête avait besoin de liberté pour laisser son plein potentiel s'exprimer. Une force brute, naturelle, pure, s'exprimait dans chacun de ses gestes, laissant percevoir des possibilités réjouissantes. Du moins si sa loyauté s'avérait acquise. Or, pour l'heure, le Gérudo n'avait rien à redire de son fidèle. Certain qu'il serait obéit, il engagea la descente de la falaise jusqu'au désert. En effet, après avoir parcouru la plaine d'Hyrule à pied, sous une neige glaciale qui semblait prendre plaisir à sa douleur, Ganondorf avait évité la forteresse gérudo en empruntant un chemin secret à travers la vallée rouge, afin de parvenir aux sables infinis sans risquer pour sa vie. A présent seulement, le manteau blanc de l'hiver avait cessé de tomber, à la grande satisfaction du Roi, fatigué d'invoquer la Flamme en permanence pour réchauffer son corps et son esprit. L'Hiver avait cela de dangereux sur les gérudos qu'il engourdissait leur corps et gelait leur âme. Aucun habitant du désert ne pourrait jamais d'habituer au froid venu du Nord. Pas même Ganondorf lui même.

Dés que son pied se posa sur le sable blanc, il sentit la satisfaction de ce toucher unique, de l'affaissement des milliers de grains sous son pied nu. Chez lui, enfin ! Enfin, il allait pouvoir retrouver son clan et penser à la suite de sa guerre. Fermant les yeux pour profiter de cet instant, tandis qu'il continuait à avancer, il entendit très vite la musique contenue dans le sifflement du vent glacé, le son de sablier du sable déplacé à la surface des dunes...Puis soudainement, un cri.


« JE VOUS DÉTRUIRAIS TOUS !!! »

Piqué par une curiosité tout aussi soudain que ce cri, il se dirigea dans sa direction. Au fur et à mesure qu'il approchait, il sentit trois présences. L'une d'elle était plus discrète que les autres et il lui fallu un moment avant de la capter. Puis finalement, il parvint au sommet d'une dune qui dominait une scène étrange. Deux femmes, dont une qui semblait mal en point, escortée d'un félin rare dans ces contrées. Elles se détachaient nettement dans la clarté de la lune mais aucun des deux visages ne résonna dans la mémoire de Ganondorf. Il ne connaissaient pas ces jeunes femmes qui se trouvaient dans son désert, loin du moindre lieu habité, en pleine nuit. Le soupçon d'être tombé sur des espionnes s'évanouit bien vite pour être remplacé par le sentiment d'avoir affaire à des fugitives. D'ailleurs, la blessée était soignée par l'autre, qui semblait être au fait du savoir de guérison. Alors, soucieux de ne pas provoquer de réaction stupide de leur part, il fit signe à Traqueur de ne pas se servir en gorges et s'avança vers elles. Puis il demanda, d'une voix mélodieuse,

"Etrange spectacle que celui de deux jeunes femmes en un tel paysage. Puis je savoir par quelle folie vous êtes vous aventurées dans mon royaume ?"

Impossible pour elles d'ignorer qui il était, à présent. Restait à savoir dans quel camp se situaient elles.

Ce compte est un compte narrateur : les personnages joués par le narrateur ne peuvent pas être utilisés par les joueurs ou joueuses dans leur post (sauf autorisation d'un admin) et les jets de dé du narrateur sont contraignants.



Swann

Cygne Noir

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(vide)

Esperanza gardait ses yeux virés sur la nouvelle arrivante. Une jeune femme au teint pâle et aux cheveux blancs, dont l'air le rassura d'emblée. Ce n'était pas une prédatrice. Elle la laissa donc s'approcher, tout en feulant continuellement et en baissant la tête et les oreilles. L'animal ne savait pas quoi faire, aussi peut-être qu'une représentante de l'espèce de sa mère saurait l'aider. Il s'assit et observa avec une attention toute particulière chaque geste et chaque mouvement que faisait la jeune femme. Au moindre écart, elle s'en sortirait avec une morsure ou une griffure dont elle se souviendrait.
Le Cygne Noir restait couchée sur le dos, dépossédée de toute force et donc dans l'incapacité de bouger ne serait-ce que le moindre petit doigt. Seul ses yeux virèrent sur la gauche lorsqu'elle sentit cette nouvelle présence. Elle ne pouvait que l'observer, elle aussi. Elle était encore consciente, aussi avala-t-elle la potion qu'on lui donna. Elle sentit tout de suite son cœur battre un peu plus fort, tandis que la douleur venant de la profonde plaie s'estompait petit à petit.

Elle ne pouvait toujours pas se mouvoir et laissa donc tranquillement la belle aux cheveux aux reflets d'argent s'occuper de sa terrible blessure autant qu'elle le pu, non sans s'en étonner quelque peu ceci dit. Pourquoi ? Ce simple mot lui revenait en tête tandis que l'on prodiguait des onguents sur sa plaie. Elle ne dit rien cependant, trop faible pour gaspiller des forces et sa salive. Son regard, neutre et impassible, ne trahissait rien. Elle était passée à deux doigts de la mort et croyait à peine à sa survie. Sa tâche n'était pas encore accomplie, pensait-elle, sinon pourquoi la chance l'aurait-elle mis sur le chemin de cette inconnue. Autant elle réfutait l'idée que les déesses avait une influence sur chaque action des belligérants de ce monde, autant elle ne croyait pas aux simples coïncidences. Ou plutôt, disons qu'elle estimait avoir un rôle à jouer dans ce monde, et que tant qu'elle serait en vie elle se devait de le poursuivre. Sa sauveuse l'obligeait à reprendre sa besogne. Elle ne mourrait pas aujourd'hui, en tous les cas.

Alors que Swann restait allongée sur le dos, l'inconnue s'assit à sa gauche, son guépard se coucha à sa droite, rassurée de voir sa mère en vie. Puis ce fut le calme plat. Tous autant qu'ils étaient, ils en profitèrent chacun à sa manière ; l'animal se reposait, le Cygne récupérait et l'autre femme semblait perdue dans ses pensées. La scène était assez cocasse vu de loin, car assez inhabituelle, surtout en plein milieu du désert et à une heure si matinale - car celui-ci pointait enfin le bout de son nez. Les yeux ambres se déportèrent sur la belle aux cheveux blancs, qui n'avait pas dit mot depuis un moment déjà. Elle n'avait pas entendu, ou du moins compris ce qu'elle lui avait dis en arrivant, et avait même oublié depuis.
« Peux-tu m'aider... à me redresser ? », réussit-elle à articuler dans un souffle dénué du moindre éclat. En entendant la voix de la brune rompre le silence, le félin s'était dressé sur ses quatre pattes, et fixait dorénavant les deux femmes, rassuré en partie. Swann soupira un coup, lentement, puis essaya tant bien que mal de dresser son torse. L'inconnue l'y aida tout autant que la fille-félin, qui resta derrière sa mère comme pour servir de dossier. La tête et le dos reposé contre l'une des pattes avant de l'animal, elle pu enfin accordé un « Merci », court et simple, pour cette femme. Elle ne gaspilla cependant pas son souffle dans quelconque présentation cependant. Elle devait avant tout le récupérer. Elle se sentait encore bien faible pour tenir une discussion.

C'est alors que deux autres présences se révélèrent. Le Cygne Noir ne les avait pas vu arriver ; un homme, imposant par la taille et la prestance, suivi de près par une étrange créature. Elle ne distinguait pas bien, mais il lui semblait voir un homme. Seulement il ne marchait pas comme tel, et était nettement moins impressionnant que son compagnon. Elle ne s'attarda pas trop sur les détails, et les regarda avancer en silence vers les deux femmes, toujours assises et silencieuses. Esperanza non plus ne bougeait pas, même si Swann sentait les muscles de son animal étrangement pris de quelques tremblements. Tout ça n'augurait rien de bon. Le sort avait-il voulu la sauver pour mieux la tuer une seconde fois ?
Lorsqu'il fut au plus près d'elles, Swann ne pu que contempler davantage la stature de celui qui leur faisait face pour n'être que plus impressionnée. Nulle expression sur son doux visage pour le retranscrire cependant, alors que d'une voix mélodieuse il invita le duo à expliquer sa présence dans "son royaume". Swann haussa un sourcil, de peur de comprendre. Néanmoins, elle dû se résoudre à l'accepter : Ganondorf se dressait devant elle.

« Est-ce Folie que de chercher refuge là où la Justice d'un faible régime n'osera pas vous traquer ? » Demanda-t-elle dans un faible souffle. Au moins, la parole lui revenait ; elle pourrait communiquer les informations importantes, mais pas davantage. Le ton utilisé ne se voulait provocateur, pas plus que ses paroles. Au contraire, la jeune femme était parfaitement sereine et ne cherchait aucun conflit pour l'heure. « Je ne suis pas là pour vous affronter, Seigneur Ganondorf... Je venais simplement mourir loin de cette terre ingrate. Loin de ces rapiats, ces gens qui ne comprendront jamais pourquoi je suis. » Elle aurait pu rajouter tant d'insulte qu'elle en serait devenu presque drôle. Sa haine envers ces êtres abjectes était tout autant contenue que son soulagement de rester en vie. Elle se réjouissait que le sort lui accorde une nouvelle chance de façonner le monde.
Son regard s'éleva enfin pour croiser pour la première fois celui du Seigneur du Malin. S'il était glacial à en geler l'âme, on pouvait y lire toute la tristesse et la souffrance qu'elle endurait chaque jour depuis sa naissance. « Mes excuses si je vous offense par mon ton désinvolte, Seigneur... mais ma mort occupe mes pensées », dit-elle sereinement, alors que tout ce qui s'était passé cette nuit lui revenait petit à petit en tête. A l'heure qu'il était, elle devait être considéré comme brûlée vive dans l'explosion d'un étage entier d'une maison du Bourg ; et elle sentait une partie d'elle disparue pour l'éternité dans les flammes de sa colère. Le fait d'y avoir incluse une pauvre innocente était loin d'être anodin. Elle ne serait sans doute plus jamais la même après cette nuit.


Lanre


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(vide)

Nous avions eu peur. Si peur ! Là haut sur la Montagne, l'épouvante nous avait pris, l'effroi s'était joué de nous. Nous nous étions terrés, silencieux, loin de toutes ces sorcelleries violentes et malsaines. Nous avions eu si peur que le Traqueur s'était mis à gratter le sol rouge du Mont du Péril, jusqu'à s'en faire saigner les doigts, se déchirer les mains. La pierre des Gorons n'avait pas la tendresse des vallons Kokiris. Ses gémissements s'étaient élevés, son désespoir s'était jeté au ciel, cinglant et profond. Si les hurlements du Dragmire, la souffrance des cieux écartelés par la foudre et la colère de la pluie ne s'étaient pas effondrés sur nous, nos craintes modélisées par ses propres cris auraient envahi l'air. Il n'en avait pas même la force.
Les Déesses nous protègent d'un tel spectacle à nouveau. Les Trois préservent le coeur des Hyliens de l'arrêt, à la vue de cette Chose que nous avions pu voir se transformer. Les Grandes emportent ce Roi-aux-cheveux-enflammés ! La peste ! Et la peste que le Traqueur !

Mon coeur continuait de manquer des battements, malgré les jours et les heures qui nous séparaient du macabre évenement. J'avais beau m'époumoner et m'arracher la mince gueule de Fée dont la nature m'avait fait grâce, le verre empêchait mes vociférations de parvenir ailleurs qu'au fond de mon propre crâne. Chaque récrimination rebondissait contre les parois transparentes de ma cellule pour mieux me frapper sans la moindre pitié. Je hurlais beaucoup, et je hurlais pour rien. Pour rien ? Peut être. La seule certitude que j'avais c'était que les déités nous oubliaient.

Ca nous abandonnait. Ca nous abandonnait pour mieux nous laisser perdus. Le jour de la mort de mon compagnon avait été ce jour où Din, Nayru et Farore nous avaient tourné le dos. Peut être l'avaient-elles déjà fait avant ? Je ne sais. C'est toutefois à ce moment là que je l'avais réalisé. Et les récents troubles ne faisaient rien sinon le confirmer. Ces divinités, ça nous abandonnait.

Certains ne nous oubliaient pas, néanmoins. La « Boule-brillante-qui-chauffe » comme mon bourreau se plaisait à désigner l'astre du jour appréciait de nous brûler. Il affectionnait nous torturer aussi. La neige qui recouvrait tout Hyrule s'amusait à nous geler, je voyais la bête, nue, trembler. Et ce maudit Dragmire ! Il nous forçait à la marche — vers son domaine, sans nul doute. Il avait établi son droit de propriété sur un chien perdu.

Chien perdu, certes, mais libre et profondément fourbe. Pour avoir passé plus d'un quart de siècle (à l'évidence, et à vu de nez — le temps dans les Bois Perdus ne s'écoule pas comme partout ailleurs) attachée à sa hanche, je savais lire quand la rebellion pointait sous ses traits. La crainte nous retenait. Mais la crainte n'avait rien d'un verrou solide.
Le Traqueur suivait son maître, pour l'heure, mais viendrais tôt ou tard le jour où il remettrait en cause la légitimité du loup alpha. Et pour une fois, sûrement la première, je ne pourrais que l'approuver. Nos esprits se rejoindraient enfin pour la première, dernière et unique occasion. C'était avec hâte que j'attendais cet instant ou les mains aujourd'hui écharpées se refermeraient sur le cou du Monstre. J'avais bon espoir que chacun trouverait sa propre fin en cet affrontement.

Une nouvelle fois, je soufflais sur ma prison de cristal. La buée se forma, sereine, et en aussi grands que je le puis j'écrivais ; dans les caractères que nous utilisions par delà les frontières du Domaine Sylvestre du Vénérable. « M — E — U — R — S. »

Le Désert finit par nous accueillir, si chaleureux. Nous savions que chacun des pas nous menaient un peu plus vers une mort sans pareille. J'attendais encore cette délivrance, mais je voulais avant voir sa dépouille, brisée, désarticulées et massacrées. Comme il en avait laissée tant de celles de mes amis. Après, seulement, je laisserais la Faucheuse m'emporter. Tristesse que mon espèce n'ai ni besoin de boire ou de manger.

Le Gérudo s'exprima quand les sables devinrent violents, et c'est clairement que je distinguais la tête de l'animal se lever vers celle du seigneur. Une chance soit son diadème, je pouvais voir cette lueur d'insurrection luire dans les yeux de mon geôlier au travers du rubis qui pesait sur le front basané. Mais le Traqueur n'en fit rien. Il ne se rebella pas.


"Eeernh ! Eeernh ! Pas bon ! Pouah !" Se contenta-t-il de lâcher, avant de cracher sur les dunes qu'il méprisait autant qu'il ne craignait à l'évidence. J'avais l'impression que ce Désert devenait la laisse invisible qui liait ce chiot bâtard au lion, superbe et dangereux. La peur de mourir le poussait à se soumettre au plus fort, et ce haut-lieu des Amazones menaçait directement sa survie. « Ca être brûlant, méchant ! Ca être vilain, mesquin ! » S'indigna-t-il ensuite, en donnant un coup rageur dans le sable, masquant l'ensemble de ma vision des lieux pour un bref instant. Le pauvre ignorait tout de la ruse des sandlands.

Ils finirent par suivre une nouvelle direction sans que je ne sache pourquoi, immédiatement. Ils tournèrent et je fus contrainte et forcée de les suivre. J'était condamnée à suivre une furie elle même enchainée à un monstre. Et le spectacle qui s'offrait à mes yeux me souleva. Deux femmes, perdues. Il allait les tuer, j'en était certaine. Il n'avait jamais su faire que tuer et voler la vie aux autres. Il n'avait jamais su composer autre chose que de morbides chansons, de macabres rimes pour désigner ses proies.

Ses doigts s'enfoncèrent sans le sable et leur courbure trahissait son obsession. Les cous représentaient chez lui quelque chose que je n'aurais jamais su identifier clairement.
« Eeernh ! Toi qui crie, petit pourceau ?! Eeernh ! » Lâcha-t-il, m'étonnant par son vocabulaire. Nul ne savait rien des origines de ce Croque-Mitaine des Bois, à ma connaissance, mais c'était rarement qu'il employait des mots pareils, bien que je soupçonnais sa non compréhension du terme qu'il utilisait. « Pour faire taire, taire, taire, commença-t-il à chanter, en tournant doucement autour de toute la troupe, taire, taire, les vilaines voix, on tord, tord, tord, tord, tord, les vilains petits cous ~ Eeernh ! »

Je ne voyais pas ses yeux, mais je savais à quoi ils ressemblaient. Les yeux d'un fou. D'un malade, à la santé mentale réduite à néant. Il avait commencé les cabrioles, et se jouait bien de la température, dorénavant. « Pour faire taire, taire, taire, taire, taire, les vilaines voix, on tord, tord, tord, tord, tord, les vilains petits cous ~ Eeernh ! Eeernh ! » Reprit-il avec plus de force, en accentuant sur tous les « e » que pouvait contenir la phrase. Un autre animal le regardait avec insistance sans qu'il n'y prête une réelle attention — en apparence. Je savais qu'il l'avait vu. Et je craignais qu'il ne tue de nouveaux ingénus.


Songe Tristenuit


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(vide)

Songe glissa une nouvelle fois sa main dans le sable, la souleva délicatement, et laissa s’écouler doucement les fins grains de sable qui s’éparpillèrent aux quatres vents. Elle ne comptait plus combien de fois elle avait répété ce geste depuis qu’elle était là. Elle n’avait encore jamais vu de sable auparavant, elle avait donc le luxe d’encore s’en amuser. Elle devinait toutefois qu’elle se lasserait rapidement de cette large étendue désertique et des grains de sable qui la composaient. Le temps passait lentement, terriblement lentement, et elle aurait aimé s’en préoccuper, mais le soucis était là : elle s’en moquait bien, parce qu’elle n’avait rien à faire ensuite. Personne ne l’attendait. Elle allait sortir bredouille de son expédition et ne savait pas encore quel serait son plan B. Est-ce qu’elle pouvait obtenir plus d’informations sur une position précise ? Est-ce qu’elle devait tenter sa chance ailleurs ? N’y avait-il vraiment aucun autre lieu plus accueillant qui lui permette de rencontrer une sorcière ? Elle ne savait même pas ce qu’elle espérait si elle en croisait une. Parler, apprendre, des conseils... C’était sans doute de compagnie dont elle avait besoin avant tout, alors cette femme, même mourante, ainsi que son gros chat feraient l’affaire. Quant à la meilleure façon de rentrer chez elle, le calme ambiant ne pouvait que l’inviter à y réfléchir.

Alors qu’elle tournait et retournait en silence le casse-tête qui la tourmentait, elle abandonna le fil de ses pensées et se retourna lorsque la jeune femme lui demanda de l’aide pour se redresser. Elle lui porta assistance sans se faire prier, et même si elle fut déçue du manque de conversation, elle se rendait bien compte que dans la même situation elle n’aurait sans doute pas tellement eu la tête aux bavardages non plus. Elle s’étonna en revanche de la docilité de l’animal, apparemment bien dressé sous ses airs redoutables. Ennuyée par le silence qui était de nouveau retombé, elle s’apprêtait à démarrer un monologue qui aurait au moins le mérite de lui changer les idées quand elle le sentit. Elle le sentit avant de voir le regard de Swann qui se détachait d’elle, avant de se tourner elle-même et de voir les deux silhouettes qui approchaient. Elle renifla une nouvelle fois. Ça sentait la magie à plein nez. Beaucoup même, au point de lui piquer les narines. Il lui fallut toutefois attendre qu’ils approchent pour mieux identifier qui étaient leurs visiteurs.

Toute la magie qu’elle avait sentie, si puissante soit-elle, ne venait que d’un seul des deux hommes, qui devait probablement être sorcier. Quant au second... Elle avait du mal à l’identifier. Ca semblait être un homme, sans magie qui plus est, mais il avait une posture et une attitude étrange. Son accoutrement aussi d’ailleurs... Elle remarqua tout de même que comme elle, il appréciait garder les pieds nus. Le sorcier semblait quant à lui avoir une tenue plus noble et autoritaire, allant même jusqu’à leur demander des explications sur leur présence dans son royaume. Son royaume ? Songe ignorait si elle avait quitté Hyrule, en réalité, arrivée encore récemment, elle connaissait aussi peu la géographie des lieux que les dirigeants des endroits par lesquels elle passait. Contrairement à ce qu’il semblait penser, elle ne savait donc absolument pas qui il était. Il se trouvait qu’elle pouvait toutefois compter sur sa nouvelle camarade pour l’éclairer. Cette dernière répondit avant qu’elle ait pu prononcer un mot, et le nom prononcé lui fit revenir en mémoire des bribes de dialogues entendues lorsqu’elle errait à travers Hyrule. Elle n’avait pas entendu que du bien, et elle comprenait à présent la peur qui transparessait au son de ce nom, la magie qu’elle ressentait l’oppressait un peu. Et l’homme – ou la créature ? – qui l’accompagnait n’arrangeait rien, lorsqu’il se mit à tourner autour de la troupe en chantonnant, elle remonta instinctivement le col de son vêtement. Il aurait été faux de dire qu’elle avait peur, dans la mesure où il ne lui restait pas grand chose à perdre, mais tout aussi faux de dire qu’elle se sentait à son aise. Pourtant, elle défendrait chèrement sa peau quoiqu’il arrive, et foutue pour foutue, elle préférait garder son humour.

« J’ignorais être sur vos terres, mon Seigneur, je me suis quelque peu égarée. Je cherchais des sorcières qu’on m’a situées dans la région, mais si je puis me permettre un petit reproche, la région est bien mal balisée, impossible de trouver mon chemin. Quelques panneaux m’auraient bien aidée. »

Quand bien même elle n’avait pas d’adresse, de petits sentiers n’auraient pas non plus été de refus. Elle gardait toutefois l’œil attentif à la Bête qui tournait autour d’eux, ainsi qu’au sorcier contre qui elle savait ne pas pouvoir lutter en matière de puissance. Il n’y avait toutefois pas eu le moindre geste offensif jusque là, aussi espérait-elle que cela continue.


« Est-ce Folie que de chercher refuge là où la Justice d'un faible régime n'osera pas vous traquer ? »

La plus mal en point des jeunes fut la première à se justifier. La voix faible, le souffle court, il était évident qu'elle était dans un sale état, et que son mal avait eu le temps de la gagner profondément. Ganondorf sentait en elle un apaisement étrange, comme une réjouissance ou une acceptation de sa mort. Qu'avait elle bien pu faire pour se mettre dans un état pareil... Mais l'attention du gérudo fut attiré par de légers grognements derrière lui. Traqueur s'agitait. Avait il envie de tuer les deux femmes, sans en avoir reçu l'ordre ? C'était là un bon test de sa soumission. De toute façon, il serait aisé de stopper la bête si elle décidait de faire un acte stupide. Ganondorf revint vers la beauté brune qui gisait sur le sable.

« Je ne suis pas là pour vous affronter, Seigneur Ganondorf... Je venais simplement mourir loin de cette terre ingrate. Loin de ces rapiats, ces gens qui ne comprendront jamais pourquoi je suis. Mes excuses si je vous offense par mon ton désinvolte, Seigneur... mais ma mort occupe mes pensées. »

Sereine, elle le paraissait. Rien dans sa voix ni dans ses gestes n'indiquait qu'elle refusait son trépas imminent. Mais ses mots avaient frappé Ganondorf. Celle qu'il avait prit pour la victime d'une agression ou d'un viol commit par des hommes sans honneur se révélait donc une ennemie des Hyliens. Elle croisa son regard, et là, le Seigneur de l'ombre et de la flamme mesura la rage qui couvait en elle. Oh, bien sur ! Dos au mur comme elle l'était, elle acceptait sa fin puisque c'était là son unique voix... Mais il ne suffirait pas de beaucoup pour rallumer le feu en elle. Une touche d'espoir, celui de se venger de ses ennemis. Le gérudo sourit, intéressé par l'idée de faire renaître cette femme brisée. Les hyliens n'avaient pas su la comprendre ? Lui le pouvait.
Mais alors, il sentit une aura prédatrice grandir derrière lui. Vif et agile, Traqueur commença à danser autour de la troupe en entonnant un chant macabre. Etait-ce une sorte de rituel pour cette créature étrange qui n'avait conservé de son ancien état d'humain que ses aspects les plus brutaux, meurtriers ? Ganondorf devait bien avouer qu'il allait mettre un certain temps à connaître le Traqueur,
son Traqueur. Visiblement, ce dernier avait faim et le seigneur du désert ne pouvait pas lui en vouloir. La route depuis le mont avait elle longue et la plaine était sûrement moins source de viande que la forêt. Mais il ne pouvait pas le lâcher sur la jeune femme brune. Il restait la blonde, qui avait l'air d'être une guérisseuse, voir plus. Intrigué mais sans plus, le Gérudo lui laissa néanmoins le temps de se justifier, elle aussi.

« J’ignorais être sur vos terres, mon Seigneur, je me suis quelque peu égarée. Je cherchais des sorcières qu’on m’a situées dans la région, mais si je puis me permettre un petit reproche, la région est bien mal balisée, impossible de trouver mon chemin. Quelques panneaux m’auraient bien aidée. »

Ganondorf pouffa, sensible à l'humour de la jeune fille. Elle avait un certain cran pour lui répondre ainsi, c'était indéniable. Mais au moins, ses mots confirmèrent un soupçon du seigneur démon : elle était plus qu'une simple guérisseuse. Une sorcière en quête d'apprentissage ? Peut être. En tout cas, il se pourrait que Koume et Kotake soient intéressées. Tout comme la plupart des savants géniaux, elles adoraient pouvoir discuter, débattre de leur domaine d'expertise avec des personnes capables de les comprendre. Cette jeune fille pourrait leur plaire. Et puis... elle venait de soigner l'autre avec un certain talent. Sans elle, la femme brune serait sûrement déjà morte et le vent jouerait déjà son requiem. Non, aucune ne pouvait mourir. Ganondorf attendit que Traqueur ne passe derrière lui en dansant et il le saisit, le plaqua dos à terre et approcha sa main de la gorge de la bête. Il le fixa droit dans les yeux et lui déclara, une profonde colère dans la voix.

« Je suis ton maître ! Ton dominant ! Je ne t'ai pas autorisé à les tuer ! Reste tranquille ou il t'en coûtera, homme ou bête que tu es ! Puis desserrant sa prise sur la gorge, plus sereinement. Tu auras à manger lorsque nous serons arrivés. Je suis un maître bon, tant que tu m'obéis.»

Il approcha des deux femmes, laissant le Traqueur sur le sable. L'avait il calmé pour longtemps ? Ganondorf en doutait. La créature le suivait, ne l'attaquait pas, mais il n'était pas encore soumis définitivement, et le Gérudo se refusait à utiliser ses pouvoirs pour cela. le Traqueur était une force brut, sauvage. L'envoûter briserait cet élan naturel chez lui et, par là même, tout son potentiel. Le temps ferait son affaire. Et bientôt Hyrule aurait une légende noire de plus à raconter aux enfants pour les terrifier.
Il se tenait à présent droit, dominant la jeune femme mourante. Il la regarda, une expression dure sur son visage. Valait elle la peine d'être sauvée ? Qu'avait elle donc fait pour se retrouver ainsi ? Un acte ridicule de banditisme ou bien un assassinat important ? Que des questions auxquelles il n'aurait pas de réponse si il n'agissait pas rapidement. Il tendit donc la main à cette âme au bord du gouffre et lui demanda d'une voix où perçait une autre côté de son être : un Ganondorf protecteur et paternel. Ce Ganondorf qui voulait changer le monde pour le rendre meilleur.


« Pourquoi accepter la mort ? Pourquoi accepter la victoire de nos ennemis ? N'as tu donc pas peur des abysses qui t'attendent ? Du jugement dernier ? Tous tes actes révélés...Tous tes péchés punis ! Mais je te propose une chance d'y échapper. Ta dernière. Ravive le feu en toi, promet moi de combattre nos ennemis sous ma bannière...Et relève toi plus vivante que jamais ! Dis moi ton nom. Prononce le serment avec tes mots et prend ma main.»

Ganondorf lui souriait. Sur le dos de sa paume, brillait la Triforce.

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Swann

Cygne Noir

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(vide)

Les yeux de la jeune femme retombèrent plus bas lorsqu'elle se rendit compte des chants qu'entonnaient l'étrange second homme. Imperturbable, elle le contempla en silence, plus par le fait qu'elle soit encore dans un état de choc plutôt que par courage. Qu'était-ce donc que le courage, de toute façon ? Un simple mot pour réunir la dangerosité et la stupidité, rien ne plus. Son battant n'accélérait pas, nulle crainte n'était nourrie à l'égard de cet être sombre. C'était de la curiosité, et malheureusement elle était dépourvu de beaucoup de ses facultés intellectuelles pour répondre aux questions qui se posaient. Non pas qu'elle était devenue stupide ! Simplement, la perte de son sang la rendait étonnamment lente. Et bien qu'elle éprouve un intérêt pour la bête, elle n'en avait pas assez pour se concentrer dessus.
C'était tout autre pour Esperanza. L'œil vif, elle s'attardait sur cet homme, le scrutant comme jamais. Il avait un aspect menaçant, un comportement anormal et typiquement bestial. C'était une sorte de prédateur, et bien vite l'animal se sentit menacé. Elle osait à peine cracher dans sa direction cependant, l'inactivité de sa mère la laissant un poil perplexe. Swann sentait l'animal trembler de peur. Elle pouvait comprendre cette erreur de jeunesse. Le prédateur qui se retrouve en l'état de proie pour la première fois ne sait jamais trop comment réagir face à la menace. Une main vînt apaiser le malaise ; Elle caressa le crane de l'animal lentement, tandis qu'un murmure grimpait jusqu'à ses oreilles attentives : « Calme, Esperanza... Chhhht... », souffla le vent, ce qui eut pour effet d'apaiser nettement le félin.

La main continua de se balader dans la fourrure tandis que l'attention de la Belle se recentrait sur l'imposant Seigneur du Malin. Elle écouta avec attention les dires de se sauveuse, sans pour autant qu'elle n'y décèle une mine d'information la concernant. Elle y voyait surtout les intentions de sa venue ; Hyrule était connu pour sa magie, et les perfides sorcières Koume et Kotake en était des représentantes parfaites. Leur puissance, à elle deux, était sans égale en ce bas monde si l'on omettait Ganondorf lui-même et la Princesse. Et encore, l'assassin n'en était pas tout à fait sûr.
Aucun sourire ne vînt s'afficher sur son visage à la petite blague. Insensible ? Sans doute. La situation ne lui donnait aucune envie de rire ; le fait d'avoir presque serrer la main de la Faucheuse, tout ça. Le rire serait sans doute l'une des choses qu'elle avait pourtant réussie à emporter avant qu'elle ne parvienne à lui échapper. Elle ne se rendait que trop compte, dorénavant, de ses erreurs. Ce temps qu'elle avait passé à boire dans les tavernes dans le simple but de s'amuser. C'était à proscrire, tout comme tant d'autres chose auparavant. Seule sa mission - dont elle ne connaissait pas la teneur - en ce bas monde motiverait ses actes à partir de cette triste journée.

" Tu m'as sauvée... ", siffla-t-elle, la gorge sèche. Il y eut un petit temps d'attente pour qu'elle ne reprenne son souffle ; en même temps, le Roi Gérudo passait un savon à son serviteur. " Je n'aurais probablement pas l'occasion de faire de même pour toi... mais dis moi ton nom... s'il-te-plait. "

L'air peinait à emplir ses poumons. Le souffle était court, très faible. Tout comme la totalité de son être, malheureusement. Inutile de se leurrer en pensant le contraire ; l'assassin n'était plus que l'ombre de lui-même en ces instants maudits. On aurait pu croire à un avantage pour ce type de personne préférant agir dans les ténèbres, mais cette fois-ci, non. Ce n'était pas une image, du moins pas entièrement. Déjà, et ce pour un bon moment, elle évoluerait avec un bras en moins. Même si elle restait étonnamment dangereuse ainsi, elle l'était deux fois moins, qui plus est alors qu'elle devait se préoccuper de la guérison de sa plaie à l'épaule. Clairement, cela l'handicaperait pour un long moment.
Son regard se braqua alors sur deux jambes, face à elle, avant de s'élever pour rencontrer le terrible air de Ganondorf. L'air qui lui allait si bien : dur et sévère. Swann pu tout y lire, de son questionnement quant aux actes de la Belle jusqu'à l'hésitation de la remettre en scelle. Si elle ne présentait pour lui le moindre intérêt, sa tête sauterait. Bah ! Qu'importe, puisque de toute évidence les perspectives d'avenir étaient tout aussi sombre les unes que les autres. Mais c'est bien avec une main tendue et un regard un brin radouci qu'il lui proposa de poursuivre son but et sa quête.

Les yeux de la jeune femme, eux, n'avaient en rien changé, et pourtant en elle brûlait une petite flamme d'espoir. Une lueur, maigrelette et difforme, qui s'obstinait à percer les ténèbres les plus noires de son fort intérieur. Etait-ce le discours qui l'en avait fais prendre conscience ? Ou simplement le fait de vouloir rectifier ses intentions qui avaient été mal comprises ? Non, elle ne mourrait pas ici. Elle ne l'avait pas accepté, elle y avait été contrainte jusqu'à l'arrivée de son sauveur. Ou plutôt, de ses sauveurs en l'occurrence. « La peur n'existe pas. C'est un ressenti ; de fait, c'est nous qui la concevons, lorsque nous ne nous sentons pas capable d'accomplir certains actes. Beaucoup se cachent derrière... », dit d'abord la jeune femme, tête basse.
Lentement, la main de son bras valide cessa de se cacher dans les poils de la fille-félin et s'éleva avec difficulté et lenteur dans les airs jusqu'à attraper celle de Ganondorf. « J'ignore ce que l'avenir nous réserve, Seigneur. Mais j'espère être à vos côtés lorsque la tête de la Princesse gisera au sol pour qu'enfin soit libérer le peuple de sa condition d'esclave. C'est là ma seule raison de vous suivre et d'œuvrer pour l'Ombre et la Flamme. A partir de cette heure, je ferais couler le sang en votre nom. » Elle toussa légèrement, lâchant prestement la main du guerrier pour tenter de se contenir, par réflexe. Il n'y avait là aucune insolence de sa part, et de toute façon elle était bien trop faible pour tenir sur ses deux jambes. On aurait beau le lui demander, elle avait beau le vouloir, ça lui était impossible. « Oh, et appelez moi Swann », dit-elle tout bas, enfin, lorsqu'elle se rendit compte avoir omit son prénom. Il était inutile de préciser le nom de circonstance qu'elle avait choisi de porté toutes ces années. Elle ne voulait pas impliquer Villarreal dans ce serment qui ne la concernait que trop personnellement.


Songe Tristenuit


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(vide)

Lorsque la femme à qui elle venait de porter assistance lui parla, elle était en train de regarder distraitement le Seigneur du Désert effectuer une démonstration de force sur l’homme étrange et sauvage qui semblait prêt à les attaquer quelques instants plus tôt. Elle n’avait rien trouvé de rassurant à sa danse, et pourtant elle ressentait de la pitié alors qu’elle le voyait malmené ainsi. Homme ou bête, sauvage ou non, elle ne voyait rien de pire que la captivité, et plaignait cet être à présent privé de sa liberté. Elle interrompit toutefois son observation pour répondre à la question qui venait de lui être posée par la demoiselle à la voix toujours faible. Il lui faudrait vraisemblablement de la patience pour être complètement remise sur pieds.

« Songe. Songe Tristenuit. »

C’était tout. C’était simple et suffisant. Elle aurait pu ajouter qu’elle n’avait pas besoin d’être sauvée, qu’on lui avait déjà tout enlevé et que sa vie n’avait plus tant d’importance à ses yeux à présent, qu’elle vivait par pur réflexe comme on respire sans y prêter attention. Elle se battrait pour ne pas regretter en cas d’échec, plus que par conviction qu’elle pouvait retrouver ce qu’elle avait perdu. Mais elle n’avait pas envie de s’étendre sur elle et sur sa vie. Son prénom, et le pseudonyme qu’elle avait choisit à la suite de la tragédie qu’elle avait vécue suffiraient amplement à la décrire.

Restant spectatrice, elle se contenta d’écouter la discussion de l’homme du Désert avec la femme en convalescence, qui se trouva s’appeler Swann. Elle se sentait étrangère au contenu de leurs paroles. Tout cela ne la concernait pas réellement, elle ne se considérait même pas attachée à cet endroit, comment se préoccuper de ses dirigeants et de sa gestion ? Les guerres de pouvoir lui semblaient futiles et ne changeraient rien à sa vie. C’était sans doute égoïste, mais tout aussi raisonnable, elle ne voyait pas comment prendre position sans avoir en main tous les éléments, et n’en avait pas l’envie non plus. Elle laisserait les conflits à ceux qui avaient quelque chose à en retirer.

« Je vous souhaite bonne chance pour vos projets d’avenir. Avant de vous laisser à vos occupations je tente ma chance. Comme je l’ai dit je suis à la recherche de deux sorcières, connaîtriez-vous par hasard leur lieu de résidence ? On m’a appris qu’elles vivaient sur vos Terres mon Seigneur, si ce n’est point vrai je m’en retire. »


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