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Mémoires

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Tali N. Thorlak


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(vide)

Elle ne pouvait se souvenir, maintenant, d’avoir déjà ressenti la joie ou la tristesse. Elle avait seulement faim. Elle était seulement vide et gourmande et insatiable. Pas de nourriture, mais quelque chose de bien plus sombre qui ne possédait pas encore de nom. Peut-être était-ce la magie qui était liée à elle qui lui causait ce seul et unique sentiment, mais elle ne savait même ce qu’était une émotion ni même ce qu’était la magie. Tout ce qu’elle savait, c’était qu’elle devait tuer et obéir à la douce voir du Champion de Din.

La bête de fer – où ce qui en restait – s’était perdu dans le désert tel un animal qui avait perdu son maitre. Après le combat de la Citadelle, il n’y avait eu que les mouvements des sables et cet appel de l’âme qui avait mener ses pas dans le désert hanté. Mais elle n’avait rien à craindre : après tout, n’était-elle pas hantée elle-même ? La main aux doigts brisées et craquées comme les branches d’un arbre vinrent gratter la peau découverte du cou, dégageant les quelques longs cheveux roux chatouilleurs sans toutefois être capable de faire partir les quelques gouttes de sang séchées qui parsemaient sa peau comme les étoiles d’une galaxie. Elle faisait fit de la douleur qui aurait pu accabler n’importe quel être sensé, tendis que l’autre main toujours vêtu d’un épais gantelet aux griffes toujours aussi acérées veillait bien sur la lourde arme qu’elle possédait. Il s’agissait de son seul bien contre ses créatures du désert qui avaient appris par les défaites fréquentes à ignorer, de plus en plus, l’être de chair et de métal qui avait occupé le petit espace de leur territoire, tout prêt d’une ancienne tour Gérudo maintenant abandonnée.

Peut-être était-ce le petit drapeau rouge qui volait qui l’avait attirée à cet endroit, comme il attirait certains bovins colériques. Probablement déçue et sans solution, elle s’était assise les jambes croisées dans le sable, laissant les tempêtes de sables, les monstres et les intempéries arracher les morceaux manquants au redoutable casse-tête maléfique: le bras à la main aux doigts tordus étaient nu comme un vers, mais laissait entrevoir des brulures dû au soleil alors que l’une de ses genouillères commençaient tranquillement à s’écarter du reste de l’ensemble. Elle n’avait point cherché à se nourrir ni même à s’abreuver dans ce désert qu’elle avait déjà traversé dans une autre vie.

Elle était une armure sans maitre. Une armure magique laissée comme un vulgaire objet dans un désert aux jours enflammés et aux nuits glaciales. Elle avait cherché la mélodie de la voix du Seigneur de l’Ombre sans la trouver. Elle s’était alors endormie, sans compter les jours, ni les semaines et les mois.


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Héros du Temps

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(vide)

Il porta sa main en visière, protégeant ses yeux d'un astre d'airain de feu et d'or. Sa lumière seule inondait le désert tandis qu'il dominait les dunes plus qu'aucun roi ou aucune reine qui prétendaient régner sur ces terres. Les peuples se succédaient, les monarques se suivaient et les forteresses tombaient, mais toujours il écrasait les ruines de l'ancien monde et balayait les cendres du nouveau. Il renifla, fronçant les sourcils. Au loin se dessinait la tour qu'avait évoqué le vieillard, dans la lueur éclatante du soleil. L'homme avait été clair : il était primordial — vital, même — de s'en tenir le plus éloigné possible. Le mal hantait ces lieux maudits. Et c'était précisément ce qu'il était venu chercher. Il tira une outre de cuir et de fourrure de la sacoche qui pendait dans son dos, tâchant d'estimer la distance qu'il lui fallait encore parcourir sous ce soleil de plomb. De toute évidence, il en aurait pour plusieurs heures de marche, si pas le reste de la journée.

C'est quand la gourde rencontra ses lèvres qu'il hésita. Il n'avait à peine de quoi remplir une écuelle d'eau clair et à peine plus de porc séché. Si, comme il l'espérait, il se retrouvait à devoir faire marche arrière avec un compagnon, il aurait besoin de tout ce qui lui restait. Vraisemblablement plus, en vérité. Doucement, il éloigna l'outre de sa bouche et la referma. S'il avait la gorge sèche son amie, elle, devrait être assoiffée. Rangeant le petit récipient, il se remit en marche, non sans pester intérieurement de ne pas avoir de cape. La dernière qu'il avait possédé avait disparu en même temps que ne tombait le Palais de Ganondorf. Réajustant son bonnet tant bien que mal pour se garder un minimum de la chaleur et de ses rayons sans doute plus mortels que le plus aiguisé des cimeterres. Et en dépit du sable qui s'insinuait dans les plis de ses vêtements, ou des flammes que l'étoile du jour (en fin de vie) lui jetait au visage, il progressait. Les buttes de sables se ressemblaient toutes mais, indéniablement, la largue structure de pierre se rapprochait, à mesure que le soleil ne tombait.

Du bout des doigts, il effleura les murs rongés par la poussière et balaya nonchalamment quelques unes des toiles qui tapissaient la roche, vestiges de bannières anciennes et jadis glorieuses. Tout lui semblait tomber en ruine, et les Skultullas elles-même avaient fui les lieux. Certaines des pierres qui avaient servi à bâtir le mirador s'effondraient à la moindre pression. D'autres n'avaient guère attendu : des trous béants s'ouvraient d'ores et déjà sur le désert devenu froid et sombre. Une fois encore il regretta de ne pas avoir la moindre cape, d'aucune sorte. Il frissonna en silence quand un courant d'air portant les relents glacés des dunes l'attaqua jusqu'au os. Du moins... Il espérait que ce ne fut que cela mais dans les faits il savait que l'ambiance des lieux lui pesait également. En un sens, il espérait presque s'être trompé, tant il souhaitait que son amie n'ai pas eu à vivre cela des semaines durant depuis la chute de la Forteresse. Ca et là, les crânes jonchaient le sol. Tantôt humains, tantôt ceux de rats visiblement difformes. Les viscères de certains animaux venaient combler les trous des dalles explosées par les âges. Il ferma les yeux et repensa à son amie. La peste qu'elle se soit fourrée jusqu'ici. Il jura, les lèvres pincées et les dents serrées, maudissant Ganondorf et ses sortilèges.
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Il s'avança précautionneusement, marche par marche. La pierre grinçait parfois, comme si elle eut été faite de bois. En vérité l'escalier tombait en lambeaux, comme le reste. Il savait pertinemment qu'à se précipiter il aurait tôt fait de tomber avec tout un pan de la tourelle. Et peut-être même finir enfoui sous les débris. Sa main monta jusqu'à un chandelier qui était resté indemne ou presque et qui, de toute évidence, avait été entretenu : la flamme continuait de briller au bout des bougies, neuves. Il arqua les sourcils — le maure l'avait assuré que tous les avant-postes des environs étaient abandonnés depuis des lustres. Il ne savait s'il pouvait se fier à lui. L'édifice avait l'air déserté, certes. De la même façon que le Prince avait eu l'air enlevé. Ses doigts emprisonnèrent plus fermement l'alliage rouillé de sa torche improvisée, tandis qu'il portait son flambeau au devant de son regard. La faible lueur des flammes l'éclairait assez pour qu'il voit jusque son pied, mais elle ne le protégeait pas du froid. De ses lèvres s'échappaient de petits nuages de vapeur, quand il ne grelottait pas.

L'Enfant-des-Bois progressait lentement — il ignorait tout de l'avancée du temps, mais il avait le sentiment de lutter contre la tour elle même pour gagner quelques millimètres à chaque fois. La dernière fois qu'il avait vu son amie elle était parée d'une carcasse de bronze, de cuir et d'acier. Elle devait peser, au bas-mot, le double de son poids si ce n'était plus. Il ignorait fondamentalement comment elle avait pu s'avancer dans les entrailles de la structure. Le cuir bouilli de sa botte gagna un nouveau palier qui donnait sur un mur fendu d'une meurtrière. Il s'approcha, jetant un œil à l'extérieur. S'il ne pouvait distinguer les hyènes qui l'avait suivi sans oser s'approcher du bâtiment, il ne pouvait pas non plus voir les étoiles de cette nuit sans lune.

En revanche, il disposait toujours de son oreille. Quand le donjon tout entier se mit à grogner, il eut tout juste le temps de bondir en arrière. Un pan entier du colimaçon chuta et manqua de l'emporter. La roche hurla une seconde fois, tandis qu'une nouvelle fois le mur se détachait de sa base, brisant son unique chemin vers le  sommet du chemin de garde. D'une main, il se couvrit tant bien que mal le visage, en reculant aussi vite qu'il lui était possible dans les limites de la prudence, qu'il avait manifestement mal estimé : ses jambes se dérobèrent, ses genoux fauchés par un vieux tonneau qui dévalait les escaliers à une vitesse folle. Le chandelier lui échappa et il balança ses doigts au travers du créneau pour ne pas être écrasé ou jeté au bas de la tour. Aussi soudainement que s'était déclenché la tempête, le calme revint, dans la poussière. L'Hylien resta immobile un instant, tâchant de reprendre son souffle. Il se baissa pour récupérer la lampe qu'il avait perdu dans l'accident, et cracha le sang qui tentait sa bouche. « Tali ? » Lança-t-il, sans savoir s'il espérait une réponse. « Tali, c'est toi ? » Poursuivit-il en se lançant de nouveau dans l'ascension, les yeux rivés vers les cimes du mirador. Tout un ensemble de l'escalier en hélice manquait, mais cela ne l'arrêterait pas.

Il fit bientôt face au gouffre qui grimpait sur une vingtaine de pieds. Il recula, prit son élan et sauta, se hissant dans les airs, avant de se réceptionner  sur l'une des rares marches toujours fixée au mur. Sans attendre il bondit de nouveau, la sentant craintive. Il lui restait une grosse dizaine de pieds à parcourir, et il sut qu'il serait juste aussi balança-t-il son bras droit. Sa paume rencontra la pierre avant de s'y agripper aussi fermement et durablement que le permettaient les replis et les aspérités. Les muscles de son bras le lançaient, mais il continua à tenir la position, tentant de se stabiliser en parallèle. Il pendait encore à plus d'une demi-douzaine de mètres dans le vide, quand il jeta enfin la chandelle de l'autre côté de la berge. Jouant de ses deux bras, il commença à s'élever à la force de ses épaules et de ses poignets. La sueur poissait son front quand il grognait et une chaleur lancinante parcourait ses membres. A force d'escalade, il avait compris qu'il valait mieux compter sur ses jambes pour grimper mais avait également appris à se tirer de situation où il ne pouvait compter que sur la partie haute de son tronc. Poussant un râle sous l'effort, il gagna le haut de l'escalier, en nage. Au moins ne craignait-il plus la morsure du froid.

"Funérailles...—" Souffla-t-il, encore sur les genoux. La sueur gouttait de son front et de ses tempes, venant humidifier la pierre sèche. Aride. Du bras droit, il s'épongea le front sans plus de considération pour l'étoffe qu'il portait alors que du gauche il récupérait une nouvelle fois le chandelier dont les bougies brûlaient encore. Il soupira, en s'appuyant au mur pour poursuivre sa montée, souhaitant de tout cœur qu'aucune nouvelle secousse n'ébranlerait les ruines jusqu'à son arrivée.

Il continua de monter, progressant tant bien que mal, jusqu'à découvrir l'ancien emplacement d'une trappe qui permettait jadis de rejoindre le chemin de ronde depuis le poste d'observation principal. Les sables, le chamsin, les âges et probablement les guerres n'avaient laissé qu'un trou béant qui laissait s'engouffrer un air frais et qu'il trouva vivifiant. Sa main libre épousa la déchirure  et il se tira en haut pour mieux faire face à un Hache-Viande. D'instinct, il chercha la fusée de la lame qui pendait à sa ceinture, sans toutefois tirer le fer au clair. « Tali ? » Murmura-t-il à nouveau, s'approchant prudemment, mais tendant la main vers elle, comme pour l'inviter à le rejoindre. Pour avoir vaincu un nombre grandissant de ces créatures sans-vie, il savait que les armures n'abritaient rien d'autres qu'une sombre magie et du vent. La longue cascade sanguine qui courait de sous le casque jusqu'au bas du poitrail et la chair qui paraissait là ou mourrait l'alliage ne laissait pas de place au doute : il avait trouvé ce pourquoi il était venu. « On rentre à la maison. Tout est fini. — » Souffla-t-il, cherchant du regard les yeux de la créature. Conscient que le sortilège du Paria devait toujours être à l'oeuvre, il garda la main tendue pour l'inviter, mais se préparait déjà à une réaction agressive. Ses pieds s'ancrèrent dans le sol en silence, alors qu'il fortifiait ses appuis.


Tali N. Thorlak


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(vide)

Vent et sable se mariaient sur les dalles de la tour, créant de petits tourbillons que la bête s’amusait à briser de ses doigts violacés, rougis, laids et crochus, sans pour autant mouvoir le reste de ses membres. Il était sûr que la petite escalade pour atteindre le haut de la tour n’avait certainement pas aidé les pauvres saucisses boudinées. Les autres doigts bien plus fort et toujours protégés par le sombre métal tenaient fermement l’arme meurtrière comme un chien de garde. Le nouveau « palais » de la bête n’était pas solide et elle en était bien consciente : après tout n’avait-elle pas emprunter les mêmes chemins que le présent Héros escaladait ? Les dégringolades des murs et des pierres qui le constituaient ne sonnaient donc aucune cloche d’alerte chez le Hache-Viande.

Ce fut plutôt la voix étrangère – elle n’appartenait certainement pas à son maitre égaré – qui parvint soudainement à ses oreilles sous l’imposant heaume qui fit grincer les joints de l’armure. Une première fois. Était-ce seulement le vent qui murmurait un mot qui créait de drôles d’images devant ses yeux ? Une deuxième fois. Les images s’évaporèrent, confirmant qu’il y avait bien une présence d’un être quelconque dans la tour de l’Armure esquintée. Cette deuxième fois envoya un frisson, une émotion dans le corps de la bête. Cependant, ce n’était pas simplement un frisson qui permettrait à cette personne de retrouver ce qui s’était perdu dans les plus sombres recoins de son corps meurtri.

Le champion du Seigneur Noir, car elle s’estimait à ce rang, se leva avec difficulté, s’aidant de son imposante arme pour tenir sur ses deux pieds, le temps de trouver un équilibre. La cascade sanguine resta immobile, comme les armures vides qu’il était possible de retrouver au Castel d’Hyrule. À l’affut du moindre bruit, même si le sable à l’aide du vent réussissait à lécher l’heaume, le Hache-Viande tendait l’oreille. Peut-être que le petit être était tombé dans les bras de la mort après l’éboulement, ou alors peut-être avait-il simplement perdu pied. Incertaine, elle veillait.

Le temps d’un clignement de yeux – peut-être que le champion du Seigneur s’était rendormi – la voix réapparut, encore plus douce ou alors agressante que les premières fois. La bête ouvrit les yeux, toujours aussi immobile. Face à elle, un petit être tout de vert vêtu, le même vert qu’elle avait affronter il y avait cela des semaines, mais elle se souvenait. Trop bien.

La bête grogna avant de durcir sa prise sur la hache à l’aide de ses deux mains, malgré celle aux doigts cassés. Sans réfléchir, elle s’élança vers le garçon tout de vert vêtu en abattant sa hache verticalement en direction de sa tête suivit d’un bas arc de cercle plus ou moins rapide : ces petites choses avaient l’habitude de bouger vite et leur couper les jambes résolvait le problème. Les jointures de l’armure coinçaient, diminuant la vitesse de la bête.


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Héros du Temps

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Tali ne le reconnut pas. Il s'y était malheureusement attendu, mais ne put réprimer un pincement au coeur, au souvenir de tout ce qu'ils avaient traversé ensemble. Sans elle, il aurait été bien incapable de se souvenir de la moindre scène du passé ô combien trouble qui était le sien. Sans elle, sans doute, il n'aurait jamais plus été ce que toujours il fut, ce pourquoi il lui semblait parfois qu'il était né. Il lui avait semblé que la bête qui lui volait son amie était tout aussi troublée que lui ne l'était, mais il n'avait pas la moindre certitude. Il savait juste à quel point il souhaitait éviter l'affrontement. Non pas par crainte du danger : il avait déjà défait des dizaines de ces mastodontes de bronze sans jamais faillir, mais parce qu'il connaissait l'état de la femme qui habitait bien involontairement la carcasse de métal. Un simple regard sur sa main suffisait pour comprendre que le moindre des coups portés, fut-ce une offensive de sa part à elle, contribuerait à émietter les chairs de la Gérudo. Il grinça des dents, quand le fer racla contre le fer, alors que le colosse ne se mettait en marche, affirmant sa prise sur la hampe de sa hache.

Soulevant un nuage de poussière, l'Auroch d'acier se releva. Grinçant et boiteux, il ne s'en jeta pas moins sur lui, plus rapidement que certains bretteurs ne savaient le faire. L'Hylien ne défera pas, tâchant de ne jamais perdre à l'esprit Tali, prisonnière entre les plaques de l'armure orientale. Le hachoir fondait sur lui à une vitesse insoupçonnée, mais il ne se démonta pas. S'il restait quelques forces à la jolie pimbêche, il tâcherait avant tout de les ménager. Sa main gauche tenait encore le chandelier qu'il avait pu récupérer, mais la droite s'éloigna ostensiblement de la garde de son épée, tandis qu'il amorçait un repli. Il ne se contenta que d'un pas et demi. La lourde hache fendit le vide, avant de venir exploser une dalle, la brisant sur toute sa longueur. Avant même qu'il n'ai pu l'appeler de nouveau, elle amorçait un nouveau mouvement, visant de toute évidence à lui couper la retraite s'il avait tenté une esquive sur le côté. Une fois encore le tranchant le manqua de loin. Il n'avait pas eu à reculer plus puisque la jeune femme avait anticipé un pas chassé qu'il n'avait pas fait.

"Tali !" Mugit-il alors, aussi fort qu'il lui était possible pour couvrir le vacarme. L'Enfant-des-Bois demeurait immobile, tandis que le flambeau n'éclairait qu'un pan de son visage le reste demeurant assombrie par une nuit sans lune mais dont les étoiles brillaient encore. « Tali, écoute moi ! » Reprit-il, alors sans laisser sa voix faiblir. Du regard, il cherchait, vainement sans doute, celui du Berserk. Il leva alors les bras en croix, comme pour traduire ses intentions. « Je ne veux pas me battre ! Pas contre toi ! » Lança le Sans-Lignage, conscient qu'il abandonnait toute garde face à un adversaire des plus coriaces qu'il ai jamais été amené à rencontrer. Il espérait que son amie parvienne un tant soit peu à lutter au fond, derrière ces murs de fonte livides. Pour elle, bien sûr, mais aussi parce qu'il savait que les mailles sous sa tunique ne le protégerait bien peu d'un assaut comme celui qu'elle venait de lancer. Brièvement ses yeux sautèrent sur la roche qu'elle avait frappé de sa hache, sans parvenir à la trouver. Au milieu du chemin de ronde s'ouvrait dorénavant un petit trou d'à peine un pied. Modeste, mais vraisemblablement promit à une croissance fracassante. Un léger frisson parcourut son échine alors que la réalité le giflait durement. Ce n'était sans doute pas  « bien peu » que la cotte de mailles le protégerait. Un revers d'une force pareille ne trancherait peut-être pas au travers de sa propre chemise d'acier, mais en vérité elle lui briserait sans nul doute assez de cottes qu'il en fallait pour transformer ses poumons en passoire.

Cette fois-ci, sa main descendit à nouveau vers sa ceinture et la lame qui y pendait. Doucement et sans le moindre geste brusque, il s'approcha du Guerrier du Paria. Le fer cliqueta dans un bruit sec et très vite le cuir cessa de ceindre sa taille. La ceinture, tout comme l'Epée de Maître, en main, il la leva assez haut pour que la bête n'ai pas à baisser le regard, maintenant toujours le chandelier au niveau de son propre regard. Après s'être assuré que le Hache-Viande ai pu distinguer l'intégralité de son geste, le Fils-de-Personne laissa tomber son paquetage, et le repoussa d'un rapide coup de pied. « Tu vois ? » S'enquit-il simplement, progressant un peu plus vers les reste de la charpente de bronze, serein. A la lueur des flammèches et des bougies, l'armure semblait roussir un peu plus encore.  « Tu n'as rien à craindre. Je suis ton ami. » Il n'était plus qu'à quelques pas de la créature et donc de l'amie qui sommeillait à l'intérieur.  « Nous sommes amis, Tali. Amis. » Glissa-t-il dans un presque murmure. Sa main droite rejoint celle, blessée, de l'Ouestrienne.  Leurs peaux se rencontrèrent, et s'il ne priait pas, il espérait profondément qu'un contact physique l'aiderait à revenir. Sans ignorer l'incapacité de Llanistar à la ramener, en dépit de tous ses appels, il avait cependant le pressentiment qu'il pourrait réussir là où le Général avait été défait et avait échoué. Quelque chose le poussait à croire que la jolie rouquine désirée par le nordique — et sans doute bien d'autres hommes  — l'écouterait. Il le fallait.

Sans rien dire de plus, Link poussa un petit soupir discret. Car sans Excalibur, loin de plusieurs pieds, sans bouclier et sans la moindre autre arme, le moindre outil qu'il ai été en sa possestion par le passé, il n'avait jamais été aussi désarmé. Jamais.


Tali N. Thorlak


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Le petit homme vert était agile – où alors était-ce seulement la bête qui était lente – et avait évité les coups portés d’une telle facilité … Peut-être que cela faisait un bon moment que la bête n’avait pas combattu et en avait pratiquement perdu ses aptitudes a prévoir les mouvements. Elle avait bien trop longtemps médité, essayant de trouver la voix de son maitre, mais ce n’était certes pas cette sensation, ce sentiment – si on pouvait dire qu’elle ressentait des sentiments – qui l’empêcherait de combattre.

L’Armure mangé par le temps et le sable était restée en position, la lame de la hache toujours enfoncée dans le mur après l’arc horizontal, épuisée par un tel assaut. Des haussements d’épaule étaient visible, signe qu’elle reprenait son souffle alors qu’une odeur de fer commençait à lui monter au nez : une vieille blessure s’était ouverte à nouveau.

Le petit mur n’était plus, s’effondrant dans un vacarme tel que le Monstre de Métal ne fut capable que de percevoir un fredonnement. Un fredonnement qui bourdonnait comme un mot, ou un nom. Elle senti une grande chaleur l’envahir, qui attendri la bête, la rendant immobile comme si le temps avait figé, le temps que la poussière ne redescende lécher le sol. Le Hache-Viande toujours exténué se redressa tranquillement, du mieux qu’il ne le pouvait, ne lâchant des yeux le petit homme habile. Si elle avait réussi à lui couper les jambes, il aurait fait un des meilleurs repas, qu’elle avait eu depuis longtemps. Les pauvres rats qui peuplaient l’endroit s’étaient fait rares depuis son arrivée.

À peine avait-elle fait un pas qu’à nouveau, sans sa fameuse arme devenue trop lourde pour elle, le nom se fit entendre, éveillant des images longtemps perdues, cachées dans des voiles ténébreux maintenant touchés par une simple lumière, une simple voix. Il y avait de ces tempêtes dans ce monde qui éveillaient un feu dans l’âme et des tempêtes qui laissaient dans le noir. Cette voix suscitait la naissance d’une tempête de feu qui brulait doucement.

Les images disparurent et laissèrent place à l’homme tout de vert vêtu, les bras grands ouverts, ses bras formant une croix devant elle bien que les mots se perdaient en murmures, ne laissant que le ton et la voix du Héros imprégner ses oreilles et ses entrailles. L’Armure au maitre égaré fit un autre pas devant, écourtant la distance qui les séparait. Les joints grincèrent d’une manière semblable à un éclat qui appelait le nom du garçon de la forêt. L’épée qu’il présenta la fit grogner, bien qu’elle ne reconnu pas l’acier sacré qu’elle avait affronté à la forteresse, ni celle qu’elle avait vu au Lac Hylia.

Le fou laissa tomber son arme et s’approcha encore en prononçant des mots, dont un seul que la bête saisit : Tali. Elle s’agenouilla au sol, laissant le Héros s’approcher d’elle, comme un adulte le ferait à un enfant pour être à sa hauteur. Elle était emplie de curiosité plus qu’elle ne l’était de paix. L’Armure était immobile et leurs peaux se touchèrent. Un contact chaud qui, à nouveau, lui transmis des images et des sons en tête. Elle ne broncha point, envahie par cette même tempête de feu.

La main gantée s’approcha du visage du garçon, lentement, comme il l’avait fait avec elle quelques secondes plus tôt. Ses lèvres visibles sous le reste du heaume qui couvrait sa tête se mirent à bouger tranquillement, tentant de reproduire le son qui lui était familier, ce fameux Tali, mais sa langue se claquait contre ses dents et ses dents mordaient ses joues. L’Armure se mit à trembler et à faire des cliquetis, comme si elle pleurait, mais les images qui défilaient de plus en plus rapidement devant ses yeux cachés sous le heaume devinrent quelque chose qu’elle ne pu supporter.

La main toujours gantelée ne caressa jamais la joue du blondinet, elle se saisit plutôt, d’un mouvement vif, de la gorge du malheureux en l’écrasant de ses gros doigts métalliques. Elle ne perdit pas non plus son temps à se remettre sur ses deux pieds, regagnant toute sa grandeur et empêchant sa victime de toucher le sol. La main se refermait, petit à petit sur la trachée du pauvre Héros. Il lui avait fait voir des choses qu’elle ne devait pas voir, mais c’était des choses qu’elle ne pouvait plus effacer.

Un spasme se saisit de sa main gantée, suivit de tout son corps. Son autre main, nue et brisée comme une marionnette sans fil vint s’emparer d’une rapide impulsion de sa propre gorge. Ses ongles s’enfoncèrent dans la peau dénudée de son cou, serrant son gosier comme l’autre main le faisait avec le jeune homme. La tempête de feu ne s’était éteinte. Surprise par ce geste de son propre corps, l’Amure possédée lâcha sa victime, le gant s’agrippant soudainement à la main négligée, voulant l’enlever comme s’il livrait bataille à un Poigneur. Le mastodonte noir recula de plusieurs pas, cherchant à trouver son air qui s’amenuisait.

Voyant son succès s’amincir en essayant d’arracher la main aux doigts brisés toujours attaché et serrant sa gorge, l’Armure se frappa le torse dans une ultime tentative d’enlever ce mal qui la prenait soudainement. Ces coups devinrent de plus en plus fort, son corps devant reculer de pas en pas pour assimiler les chocs pour finalement avoir le dos collé contre un mur délicat. Le coup porté à son torse effrita le mur derrière elle. Le suivant fut si violent que le mur éclata, faisant entrer un puits de lumière dans la tour tendis que l’Armure tombait dans le vide avec les décombres de l’ancienne paroi.

Son corps ne mit pas bien longtemps à rejoindre le sol sableux du désert et s’y enfoncé. L’heaume remplit de sable et de sang glissa sur le sable et lorsque Tali ouvrit les yeux un bref instant, ce fut pour voir les derniers débris de la tour lui tomber dessus.


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Héros du Temps

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Sans doute avait-il été trop téméraire. De tous les défauts qu'on lui connaissait, c'était certainement celui qui le mènerait à sa perte. Pourtant capable de prudence, l'Enfant-des-Bois avait cette fâcheuse tendance à se jeter dans la gueule du loup – ou du lion, au choix – à échéances presque régulières. Peut-être était-il incapable de garder la tête tout à fait froide quand les choses en venaient à le toucher particulièrement. La logique imposait certains comportements auxquels il désobéirait sciemment et volontairement pour peu que la situation l'exige à son sens. Quand Zelda s'était rendue sur le champ de bataille, il n'avait pas hésité un seul instant avant de mettre fin à son affrontement avec Ganondorf. Il n'avait rien d'un stratège, ni l'habilité du Rusadir à prévoir avec une précision relative les événements à venir. Et il le payait chèrement.

Le fer enserrait sa gorge mieux qu'une corde. Il se sentit faillir, quand le sol se déroba sous ses propres pieds. Il grogna, ramenant ses deux mains contre celle d'acier qui l'étouffait et mordait son cou. Il s'était offert, désarmé et presque dénudé. N'importe quel adversaire doué d'un tant soit peu de raison aurait profité de cet instant de faiblesse. C'était exactement ce qu'il aurait fait, et c'était ce qu'elle avait fait. Sa véritable erreur n'avait pas été de l'oublier. Au contraire, il en avait toujours eu conscience. Ce qu'il n'avait su réaliser, c'était qu'il faisait face à un ennemi. « ... Ugnh — » Souffla-t-il, tachant de se négocier un peu plus d'espace. Ses propres mains se refermèrent sur celles de plaques et de mailles. Le cuir qui bardait ses doigts avait beau le protéger, il avait le sentiment que l'armure déchirée lui mordait les mains. Il força plus encore, cherchant un soutien secondaire, pour ne pas finir pendu au poing d'une vieille amie.

"Ta... — Tali...?!" Sa voix sifflait, tandis que ses traits se durcissaient. Un oeil presque fermé, il continuait pourtant de chercher le regard de la rouquine, dans le noir insondable de l'épaisse visière de son heaume de cuivre. Il n'était pas rassuré, de fait, mais ignorait la peur en l'instant. Quand bien même il n'avait peut être jamais été à ce point en danger, il ne parvenait pas à la craindre. Inconsciemment, elle lui avait envoyé trop de signes pour qu'il parvienne à la considère comme une menace. Il souhaitait lui parler, mais le souffle lui manquait. Ses poumons lui brûlaient plus que le soleil n'avait su le faire dans le désert. « ...— », réussit-il à articuler, avant que la fille des dunes ne se saisisse de sa propre trachée. Pendant un instant, le bras de fer interne qu'elle avait amorcé persista. Il tentait, tant bien que mal, de l'aider en soutenant un regard qu'il ne pouvait qu'imaginer, mais sa tête commençait à lui tourner.

Il chuta, sur les rotules. Ses genoux percutèrent lourdement les dalles et la pierre érafla la pulpe de ses doigts nus. Il toussa et cracha, ramenant sa main sur sa gorge, comme pour s'assurer que la poigne d'acier avait véritablement cessé d'écraser son cou. Le fer déchiré avait incisé sa chair, et il le réalisa quand sa vue revint – troublée jusqu'alors – et qu'il aperçu le carmin qui tachait le cuir de ses gantelets. Un gout de fer avait envahi sa bouche. Il renifla, avant d'éructer vermeil quand la Gérudo persistait dans son combat. « Tali ? » Murmura-t-il, toujours installé à la manière d'un chien. Le colosse de cuivre le dominait de toute sa hauteur, frappant son torse et reculant pas à pas. « Tali ! » Lança l'Hylien en la voyant se rapprocher lentement sûrement des créneaux. D'un bond, il se réceptionna sur ses jambes, et s'élança. « TALI ! ARRÊTE ! » Hurla-t-il alors la main tendue vers l'avant. Il eut tout juste le temps de refermer les doigts sur l'une des lanières de cuir avant que la pierre ne cède.

Ils s'effondrèrent ensemble.

"Foutu sable..." Souffla-t-il, en s'arrachant aux dunes. Dans sa main demeurait la lanière de cuir, mais il avait perdu trace de l'armure. Sans un mot, il pesta contre lui, contre la jeune femme, contre l'état de la tour et surtout contre son incapacité à protéger ceux qui nécessitaient son intervention. Refusant un échec de plus, le Sans-Lignage débuta les recherches. Le beffroi lui semblait plus fragile et plus croulant que jamais. Conscient qu'il devait se hâter, il lança l'une de ses mains à l'assaut de la petite sacoche qui pendait dans son dos. L'autre vint chercher presque mécaniquement son arme, en vain. « Chier... », grommela-t-il, avant de poursuivre ses recherches. Sous la lumière de la lune, chacun des grains de verre brillait comme le cuivre de la cuirasse qu'il traquait sans relâche.

Le donjon grogna, comme s'il disposait encore d'une cloche et d'un carillonneur. Le givre de ses yeux glissa le long des pavés alors qu'elles chutaient. Il commença à courir, les yeux rivés sur le sol, jusqu'à découvrir la carcasse. Les débris continuaient de tomber comme une pluie de pierre, quand ils n'avaient pas déjà épousé les dunes. « Tali... Enfin.. ! » Marmonna Link, en distinguant finalement les cornes de bronze de l'armet. Il se laissa tomber à genoux pour mieux creuser le sable et extraire l'armure. Dès qu'il le put, il décasqua la belle. Son regard semblait perdu, et il était incapable de dire si elle était consciente ou si elle s'était abandonnée au Poisson-Rêve, chimère qu'il aurait toujours souhaité trouver. « Là... Tout doux... », murmura-t-il, glissant le visage de son amie contre son torse. Sous peu, les gravats les auraient ensevelis. Protégeant toujours la Gérudo, il tourna son propre faciès vers le mirador et se sentit au bord de l'abyme. Sa lame glissait vers-eux, entraînée par la tour dans sa chute. 

Le Fils-de-Personne tira son ocarina et patienta. Il se déporta légèrement, de manière à offrir son profil en guise de bouclier à la Gérudo apatride. L'épée de Légende filait vers lui, avant de tomber du palier de la tour. Il saisit la lanière et ramena brusquement sa main sur l'instrument. Dans le creux de son coude, sur son torse, reposait Tali quand tonna le Prélude de Lumière.