Posté le 22/02/2013 21:41
Elle regarda vers le bas, là où ne régnait plus que le feu du Mont Péril. Elle ne regrettait pas s'y être aventuré, bien au contraire. Peu d'hommes avaient osé pénétré le Temple du Feu pour le contempler de l'intérieur, et encore moins de femmes sans doute. Elle était déjà morte une fois, ce genre de pensée ne lui faisait plus peur dorénavant. Non, si elle s'accrochait vraiment de toutes ces forces à cette paroi, c'était pour la simple raison qu'elle n'avait pas atteint son objectif en ces lieux. Et elle savait au fond d'elle que son amie viendrait la chercher, ce n'était qu'une question de temps et son bras si douloureux tiendrait le temps qu'il lui faudrait tenir. Pour autant elle ne pouvait s'empêcher son cœur de battre à vive allure. Le Dinolfos sous elle ne l'aidait pas à se calmer non plus.
C'est alors que la tête de Cécilia passa le bord. D'instinct la brune avait levé les yeux, et sourit à cette heureuse apparition. Elle en oublia sa main crispée, dont les ongles s'enfonçaient presque dans la roche pour mieux s'agripper, ainsi que ses blessures. Le fouet la saisie par la taille, puis elle entama l'ascension ; le Dinolfos n'aurait pas cette chance. Une fois que les jambes de Swann retrouvèrent le sol, la danseuse s'empara d'une arbalète et se chargea de la bête ensuite.
" On a vraiment eu chaud… Vraiment… "
" Si peu... ", soupira le Cygne, qui reprenait son souffle petit à petit.
Il ne lui fallut que quelques instants pour se remettre d'aplomb. D'abord, elle sortit la potion que Cécilia lui avait donné et en avala deux bonnes gorgées ; elle faillit s'étouffer bêtement tellement elle était allée vite et que son bras gauche tremblait encore des efforts fournis. Puis elle se concentra sur son objectif, sa venue en ces lieux, sa quête. Les deux jeunes femmes avaient encore beaucoup à faire, se disait-elle. Cette bande de lézards n'étaient que l'entrée, maintenant allait arriver le plat de résistance.
Elle se releva d'un coup sec après une bonne minute de récupération en silence. S'il était possible de s'éterniser ici, elle aurait bien voulu se reposer un peu plus mais ce n'était pas le lieux et le moment. Elle se dirigea donc vers l'alchimiste, puis lui offrit sa main pour l'aider à se relever. Là, leurs regards se croisèrent ; Le battant de l'assassin s'était bien calmé, aussi était-elle d'apparence sereine et froide, de nouveau. Mais il n'en était rien : elle était heureuse, plus qu'à n'importe quel autre moment de ce début d'aventure.
" Cécilia, tu... " Elle suspendit sa phrase, chercha ses mots, puis reprit deux ou trois secondes après dans le même souffle : " Tu m'as sauvée la vie. " Elle l'enlaça de son bras gauche, soudainement. Puis elle murmura à l'oreille de la belle brune, comme soucieuse que tout cela reste intime entre les deux femmes. Même si personne ne se trouvait ici, même si le monde entier ne saurait ce qu'elle dirait, Swann se sentait comme obligée de le dire en cachette, d'une voix presque inaudible si elle n'était pas aussi proche de l'autre jeune femme. " A partir de ce jour, tu seras ma sœur ; celle que je n'ai jamais eu. Tes problèmes seront mes problèmes, et je te dois une vie. Par le sang qui coule dans mes veines... " - Elle serra l'étreinte un peu plus fort - " Je jure d'être toujours là pour toi, tant que tu ne t'opposeras pas à ma volonté et celle de mes frères et sœurs de clan. Et même si cela doit arriver, je jure de t'aimer comme une véritable sœur le ferait. Ce lien qui nous unis à présent elle le seul qui soit véritablement indestructible. " Elle lâcha enfin sa sœur de feu, celle qui venait de naître des flammes de ce Temple brûlant. Un sourire furtif passa sur ses lèvres, puis elle se hâta vers la porte, comme si rien de tout cela n'était arrivé. " Continuons, nous n'en avons pas encore fini ", conclue-t-elle enfin alors qu'elle allait passer la grande porte et pénétrer dans la nouvelle salle.
Rien n'était fini en effet ; tout juste cela avait commencé. Le principal sujet avait à peine été évoqué par un mot : clan. Consciemment, la femme-au-félin avait cherché à mettre son amie sur la piste sans pour tout lui dire d'un seul coup. Simplement, elle voulait que l'idée germe dans la tête de la jeune femme avant de l'évoquer ouvertement. Une sorte de stratégie, en somme, pour que la vérité soit plus douce à passer. Ca n'enlevait rien à la fiabilité et la sincérité de ses paroles.
La salle dans laquelle elle arriva la première ressemblait à une sorte d'arène. Huit piliers de pierre disposés en cercle cachait à moitié un autel, sur lequel un objet était entreposé. Le sable et la poussière recouvrait le sol, confirmant la première impression qu'avait eu le Cygne Noir. Pas de gradin néanmoins pour apprécier le spectacle, même si on pouvait distinguer une marche qui marquait l'estrade de pierre qui faisait le tour de la pièce parfaitement ronde. Quelques pas pour s'avancer, et de nouvelles inquiétudes arrivèrent, prenant le pas sur l'émerveillement quant à l'immensité du lieux. Quelques squelettes d'hommes, mais aussi de diverses bêtes, étaient étalés ici et là. Parfois, on ne trouvait que des morceaux, un bras ou une tête. Ca laissait présager que des batailles avaient eu lieu ici, mais impossible pour autant d'en comprendre la teneur. On reconnaissait, sur certains boucliers, le blason royal. Mais la plupart du temps, Swann ne reconnaissait pas les diverses maison qui avaient combattu ici.
" Ça pu la mort ", lâcha Swann après avoir reniflé l'air. Un mélange de renfermé et d'odeur de cadavres brûlés emplissant la pièce. " Vois si tu trouves quelque chose d'intéressant. "
Swann s'avança vers la droite, puis commença à enjamber les squelettes, observant chacun avec une attention toute particulière. Il était difficile d'y voir ici ; le peu de lumière qu'il y avait émanait de l'entrée - la porte avait été laissé ouverte - et du plafond de braises, dont la lumière peinait à combattre l'obscurité ambiante. Il n'y avait pas de torches accrochées au mur, ce qui renforçait le mystère quant à l'utilité de cette pièce. L'assassin ne se concentra pas trop dessus à vrai dire, surtout lorsqu'un éclat d'or survint parmi les ténèbres.
Elle s'en approcha, prudente, puis ramassa l'objet : une petite pièce d'or. Mais la face dont elle était frappée était inconnue ici, ce n'était pas une pièce d'Hyrule. Le bouclier qui traînait à côté et qui arborait un animal qui lui était inconnu vînt confirmer ses soupçons. La bête représentée, sorte de serpent à trois têtes, était encadrée par quatre ornement d'or de taille et de forme différentes ; elle supplantait un château noir, ou du moins trois tours dont la plus grande était celle du centre. L'assassin ne s'attarda pas plus dessus, mais conserva la pièce et garda l'image du bouclier gravée dans sa mémoire. Quelque part, cela lui évoquait vaguement quelque chose. Elle avait déjà vu ça quelque part, sans pouvoir dire où ni quand exactement.
Elle souleva l'imposante plaque de métal et découvrit dessous une épée d'un genre nouveau. Celle-ci était toute blanche, bien que salie par la poussière et le sable. Elle la tira et la présenta à la faible lumière des hauteurs pour mieux la contempler. Son poids était assez léger, du moins bien moins que l'acier d'une épée de même taille. Il semblait que la lame n'ait jamais servi à verser le sang car aucune tâche n'était visible. Le pommeau faisait partie intégrante de la lame, comme si... comme si l'épée n'avait pas été forgée, mais plutôt taillée directement. Taillée dans quelle matière ? La jeune femme l'ignorait. On aurait dis de l'émaille mais... aucune dent d'aucune bête de sa connaissance n'était capable d'atteindre une si grande longueur. Si encore, il s'agissait bien d'une dent, la taille de la mâchoire de l'animal qui la portait devait être considérable. Mais il ne s'agissait probablement qu'une d'une matière qui lui était inconnue, tout simplement.
Soudain, un puissant cri résonna dans la salle. Enfin ! Elle le reconnaissait entre mille. Plus puissant qu'aucune bête ici, c'était le rugissement d'un Dodongo. A nouveau, le cri retentit, mais celui-ci était différent. Il n'y en avait pas qu'un, en fait ; deux Dodongos, le mâle et la femelle, avaient sentis des étrangères fouler leur domaine. Les bruits de pas bruyants se firent entendre, par les entrées des deux cavernes qui surplombaient la grande salle, aux extrémités Nord et Sud. C'était bien au-dessus des têtes des deux Sœurs de Feu que l'entrée en scène du plus terrible prédateurs du Mont Péril allait se faire. Il s'agissait bien d'une arène, en fin de compte.
" Les ennuis reviennent enfin ! " Lança Swann à son compagnon, amusée et la main gauche ferme sur le pommeau de son épée de circonstance - elle n'en trouvait nulle autre qui la satisfasse dans les environs, et sa dague avait fini dans la lave un peu plus tôt.