Posté le 28/01/2012 17:18
Relents volcaniques, bouffées nocives. Chaleur implacable, peau moite. Vapeur et cendres. Sueur et poussières rouge. Un flanc de montagne, de poussière et de sang. Et sur ce flanc de montagne, une hostilité relative, des dangers nombreux, et ennemis en masse. Brigands, parias, déserteurs, rejetés, tout ce genre d'oubliés de la société, qui courait se réfugier dans les coins le plus reculés de l'Hinterland Hyrulien.
Plus encore, il avait eu vent de l'existence de quelques créatures exotiques, (voir préhistoriques, pour certaines), peuplant les terres de ce prétendu Saint-Royaume. Bien que n'ayant rien aperçu encore, les traces qu'il avait pu trouver lui avait clairement laissé comprendre qu'il n'existait pas que des humanoïdes en Hyrule. Des animaux qu'il n'avait jamais rencontré, de part chez lui, à l'Ouest.
Et s'il doutait de la présence de Guivres dans les montagnes, il préférait rester sur ses gardes.
Il appuya sa lame contre la roche qui lui avait servi de fauteuil un instant plutôt, avant de retirer le lin qu'il portait, pour le remplacer par la cotte de mailles. Celle-ci était courte, ne protégeant que le torse, et s'arrêtait aux bras, tout juste de quoi prévenir d'un coup visant le tronc. N'ayant jamais été très à l'aise avec les plaques (quoi qu'il eût connu leur indéniable efficacité, et porté nombres d'entre elles pendant ses années de guerre), il préférait quelque chose de relativement souple, et léger.
Par delà le fer, l'Impur ré-enfila l'étoffe noire qu'il portait un instant plus tôt, pour ensuite passer l'épée à sa ceinture. Il ne souhaitait tarder.
Le raclement du fer contre le cuir. La vibration de l'acier, et le chant presque muet de la lame. Le Calicien n'avait pas hésité une seconde à déférer son couteau dès lors que le mouvement avait commencé. Et maintenant, le sommet de son arme pointait droit vers la dame, tandis que sur son visage se dessinaient les rides du lion. La barbe de quatre jours et trois nuits qui lui dévorait le faciès, les cheveux sales, et la sueur qui faisait briller sa peau semblaient comme s'articuler autour des deux mers grises et prête à frapper la falaise qu'étaient ses pupilles.
Il resta comme ça, un instant, le temps qu'elle prenne la parole, à la menacer implicitement de sa lame. Bien entendu, il ne l'aurait pas touché, à moins qu'elle même l'eut mis en danger, mais la colère latente dans ses yeux et les plis qui s'étaient formés au niveau de ses sourcils laissaient parfaitement comprendre que ce n'était pas là le genre de comportement qu'il appréciait.
Détournant le regard de la Gérudo, il rangea son arme d'un petit geste sec mais non dénué de précision, pour ensuite retourner à ses affaires. Enfilant sa cape de voyage (pratique en toute situation, mais qui, il faut le dire représentait une couche de plus, et donc un surplus de chaleur assez déplaisant, en l'instant...), il passa la lanière de cuir de sa sacoche.
"Ava care, Eri va'Ang." Le ton correspondait bien à l'expression passée. Froid, sec. Désagréable, dur, mais sans exprimer de ressenti, ou de rage. Un ordre, tout simplement, ce genre de décision que l'on ne discute pas.
Septentrion était aussi revenu à l'Occidentin. C'était, après tout, la langue qu'il parlait depuis qu'il avait su faire usage de la parole, et elle lui était autrement plus naturel que l'Hylien.
Ceci fait, il reprit sa route, passant à côté de la jeune femme sans un regard, les yeux rivés sur son chemin, et l'attention englobant tout le périmètre qu'il lui était possible d'englober. La pente vers le Sud et Cocorico était forte, la route fourbe : il fallait faire attention, lui mortel qui ne disposait aucunement de capacité de bond aussi développée que la Dame de Fer.
Force était de dire, néanmoins, qu'il avait été surpris, et relativement impressionné. Elle avait fait preuve d'aptitudes hors-normes, qui forceraient presque l'admiration. En dehors de tout ce côté « m'as-tu vu », on pouvait difficilement nier la présence de réelles prédispositions au combat, ou du moins, pour le terrain.
Vaäls porta la main à son coup, cherchant la petite chaîne et plus particulièrement le pendentif accroché à celle-ci. Une fois trouvé, il ferma la main sur l'ornement cristallin, fatigué et incertain. Que diable restait-il en Hyrule ? Il lui fallait fuir, et continuer vers l'Orient. Hyarmen ar'Romen. C'est là qu'il devait se rendre, le plus loin possible de chez lui. Le Sud et l'Est.
Rester ici, c'était mourir. Partir, c'était abandonner plus encore de liberté.
Le bâtard posa pied sur une pierre bancale, qui manqua de se détacher de la paroi en l'emmenant avec. Fort heureusement, il n'avait jamais cessé de faire attention à son environnement. Alerte, un réflexe venait de le sauver d'une mort certaine, et d'épargner à quelques voyageurs la vue d'un corps brisé, et l'échine détruite.
Il passa le bras sur ses lèvres, comme pour les essuyer. La chute de ce fragment de montagne avait soulevé tant de poussière que son visage s'était teinté de la couleur de celle-ci. Nonchalamment, il cracha une salive rougie par les particules de roche.