Roches sempiternelles

Libre.

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Eckard Falskord


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(vide)

Les deux compères avaient repris la marche avant même la levée du jour. Les étoiles éclairaient encore leur chemin au départ et les douleurs plantaires les accompagnaient de même. Eckard Falskord n'aurait jamais cru, une poignée de mois plus tôt, qu'il entreprendrait l'escalade d'une montagne, et dans un pays inconnu qui plus est. Des fois, il se demandait vraiment comment il avait bien pu débarquer ici. "Les Dieux l'ont voulu ainsi", se réconfortait-il lamentablement, quand ses réflexions se perdaient une énième fois sur ces sujets brumeux.

Passée l'arche de bois à demi écroulée qui encadrait la sortie du village au nord, le terrain rocailleux du flanc de la montagne s'ouvrait d'ores et déjà sous leurs yeux. La terre y était sèche et quelques rares touffes d'herbes disséminées çà et là avaient l'audace impudente de se montrer. Les lieux étaient parsemés de gravats de toutes tailles. Du petit gravillon au rocher de plusieurs mètres de diamètres, qu'on avait réunis en plusieurs énormes tas un peu partout. Un éboulement avait eu lieu il y a quelques jours, et pas des moindres.

Les superstitions du nordique étaient déjà peu engageantes au sujet des voyages en montagne, et si Darunia n'avait pas été son moteur dans l'escalade du Mont du Péril, il aurait très probablement quitté les lieux sans demander son reste. L'endroit l'effrayait comme jamais, et il aurait préféré en cet instant se retrouver face à une horde de loups plutôt qu'ici.

Darunia avait bien tenu le barbu au courant : le chemin menant à son village et faisant le tour du flanc sud de la montagne a été rendu complètement impraticable. Des cratères apparaissaient partout, aussi indésirables que des cheveux dans de la soupe, des rochers éparpillés et plus guère trace du chemin de naguère. Des tas de gens en ramassaient les décombres pour les réunir et reconstruire la route par la suite. Pas pour maintenant, votre foutue route. Et nous, faut qu'on monte, putain.
L'humeur d'Eckard n'était réjouie en rien. Il avait quitté le village de manière impromptue et pas vraiment comme il l'aurait désiré, il était fatigué, exténué, il avait mal aux pieds et chaud. De plus, les grondements intempestifs du volcan l'avaient fait sursauter de nombreuses fois... avant qu'il ne réalise qu'il s'agissait là des injonctions de l'estomac affamé de Darunia. Le chasseur en était effrayé.

« Préviens-moi si c'est une éruption et pas ton bide, le gros. Que je prenne mes dispositions pour crever », avait-il sorti au Goron alors qu'il préparait un feu de camp, en soirée.

Les premières nuits furent éprouvantes tant le volcan inquiétait Eckard. Mais à la longue, les habitudes et le sentiment de légèreté de son comparse l'aidèrent à prendre sur lui et à se sentir plus serein. Cela ajouté au fait qu'aucun danger ne les avait menacés jusque là et que la chasse était bonne. Des oiseaux charognards, des lapins, quelques fennecs... le chasseur gardait son arc à la main pendant près de la moitié de ses journées et durant ses tours de veille, la nuit, il empennait ses flèches avec les plumes des oiseaux qu'il avait planté. Volailles qu'il faisait rôtir avec joie sur le feu lors des repas.

Certains passages complètement accidentés furent un réel labeur pour la traversée. Des gouffres à franchir à l'aide de solides cordes que le barbu avait la chance de posséder dans son sac, d'autres qu'il fallait contourner, et puis des flancs à escalader. Le nordique maudissait ces instants et manquait souvent rebrousser chemin en beuglant et en jurant. Alors, tant bien que mal, il se remettait son objectif en tête : apprendre l'art de la forge des Gorons. Et c'est en repensant au jeune Alwyn Dalbarde que la motivation lui revint comme une chandelle nouvellement avivée. Ce dernier lui avait décidément donné de bons conseils. Le trajet reprenait alors de plus belle, dans la magnifique austérité du Mont du Péril, sur un lit de mauvaise humeur, malgré tout.

Le chasseur n'avait que peu questionné son ami sur la durée du voyage dans la montagne. Il préférait d'ailleurs éviter la question, de peur d'être extrêmement déçu. Cela faisait seulement une semaine qu'ils marchaient sur les rochers et dans de rares monceaux herbus, mais l'étranger n'en pouvait plus et souhaitait plus que tout arriver à destination. L'homme de pierre semblait compréhensif au sujet du mutisme d'Eckard quant au temps restant avant le Village Goron, aussi ce détail demeura inconnu jusqu'ici.

Lors d'un début d'après-midi au temps dégagé et ensoleillé, un léger son d'écoulement d'eau se fit entendre. Ils avaient enfin retrouvé le ruisseau, au grand bonheur du nordique qui avait du se priver d'eau pendant une journée complète. Heureusement qu'il connaît la montagne comme sa poche.

« Je ne sais combien de fois je t'ai fais confiance aveuglément dans cette montagne ! Combien de fois j'ai bien cru que j'allais calancher ! On pourrait croire que je ne donne pas cher de ma peau, mais bordel, tu tiens vraiment ma vie au bout d'un fil, vieux. »
Le barbu se précipita vers le mince filet d'eau dévalant paisiblement la côte et détacha la gourde à sa ceinture pour la maintenir quelques instants sous l'eau claire. Celle-ci était étrangement chaude, bouillante même. Eckard se brûla la main et lâcha sa gourde, pris par surprise. En y regardant de plus près, une légère vapeur s'échappait du ruisseau. Eckard soupira alors longuement.
« Quand va-t-il y avoir un truc que je pourrais toucher ou regarder dans ce pays sans être surpris ? Tu peux me le dire ? Qu'est-ce que c'est que ce merdier de ru brûlant ? Encore un des maléfices de la montagne hein ? »
Il ramassa sa gourde et la remplit toutefois en faisant attention de ne plus se brûler, escomptant que dans quelques minutes, la flotte serait froide.


L'homme-montagne continuait son voyage, l'estomac creux et le visage démoli, tout autant que le flanc de la montagne sur lequel ils marchaient depuis des jours. Braver la montagne n'était déjà pas chose aisée, les récents événements ont rendu la chose bien plus compliquée. Divers éboulis bloquaient le passage ça et là, et il restait quelques traces de la bataille qu'il avait récemment mené. "Je me demande où ils en sont sur le ménage...", pensa-t-il jetant sans arrêt son regard vers la droite et la gauche, cherchant un éventuel cadavre que ses frères n'auraient pas trouvé.
Malgré sa peine, le goron se devait de garder son calme et rester vigilant. Grottes, alcôves et diverses cachettes se trouvaient sur la montagne, et il n'avait pas exclu la possibilité que quelques Gerudos puissent encore traîner par ici, si tant est que ses frères n'avaient pas terminé le ménage.


« Préviens-moi si c'est une éruption et pas ton bide, le gros. Que je prenne mes dispositions pour crever », lui lâcha nonchalamment son compagnon, las de sursauter à chaque fois que le ventre de Darunia cherchait à exprimer sa tristesse et la faire savoir aux autres.
Quelques nuits passèrent, et bien plus tard, le chef de la montagne esquissa un sourire lorsque son abruti de camarade se brûla, tentant de remplir sa gourde.
« T'as jamais vu de volcans, l'ami ? Tu penses bien que les eaux des ruisseaux ici ne contiennent pas d'eau fraîche, mais de l'eau des sources thermales ! Y en a une juste au-dessus de nous, mais comme tu viens d'un pays froid et que tu ne supportes pas la chaleur de la montagne, j'ai bien peur qu'en te baignant dedans tu finisses aussi rouge que la crinière de Volcania ! Bwahaha ! » s'exclama-t-il, persuadé d'avoir dit quelque chose d'hilarant. N'étant pas d'humeur à blaguer mais ne souhaitant pas refroidir l'atmosphère — même s'il était difficile de le faire en ces lieux —, il tentait désespérément de faire de l'humour, sans grand succès apparent, lui semblait-il.

Les deux vagabonds approchaient enfin du village Goron. Finalement, l'homme-montagne rentrait chez lui.
Quelques frères annoncèrent le retour du Roc en hurlant "Darunia est de retour !", d'autres l'accueillirent avec une violente accolade agrémentée d'une d'autant plus brutale, mais amicale frappe dans le dos. Certains hommes de pierre regardaient le chasseur avec un regard étrange, à mi-chemin entre la surprise et la peur. Ils ne savaient comment réagir devant lui, quelques frères n'avaient vu d'humains depuis bien longtemps, et les plus jeunes n'en avaient encore jamais aperçu un seul. On entendit d'ailleurs une petite voix, dissimulée derrière les puissants bras d'un parent, demander
« Est-ce que c'est ça un Zora, Papa ? » Ils n'avaient que rarement eu l'occasion de voir des individus d'autres races, et jamais pour certains habitants de la montagne. Et même si on continuait bien évidemment à éduquer les plus jeunes, certains se retrouvaient rapidement écrasés sous la tonne d'informations. « Non fiston, c'est un humain. Un Zora, c'est bien plus laid. Bleu comme un ciel sans fumée et aussi maigre qu'un Lizalfos, en plus d'être luisant et visqueux. » lui répondit son père, tapotant aussi doucement qu'il le pouvait son épaule.

Darunia présenta à son compagnon les lieux. Ses frères étaient très accueillants avec Eckard, puisqu'ils n'avaient pas tous nourrit la même haine des humains que l'Homme-Montagne il n'y a pas si longtemps. Il lui fit faire le tour des quelques marchands qu'on pouvait compter sur les doigts de la main.
Le premier, établi dans une petite alcôve derrière un petit muret sculpté pour en faire un comptoir, distribuait une boisson alcoolisée issue de la fermentation de choux-péteurs, un des seuls produits végétaux que les Gorons consommaient, mais après fermentation uniquement. Après avoir été écrasés dans une marmite, on laissait les plantes dans un grand volume d'eau et des levures venaient s'ajouter naturellement afin que le mélange développe ses arômes et produise l'alcool. C'était une recette Goron ancestrale qui donnait une variante de la bière. En avait en bouche une attaque acide, pratique pour rafraîchir les hommes de pierre lors des grosses chaleurs, et en fin de bouche une légère note calcaire, sèche mais qui ne déplaisait pas aux Gorons. En revanche, les humains et autres races d'Hyrule n'appréciaient pas souvent. Et c'était égoïstement tant mieux pour les Gorons ; pas besoin de trop exporter si ça ne se vend pas. Ils gardaient leur breuvage pour eux, et fêtards comme ils sont, les fûts se vidaient vite !
« Allez Frère, sers-nous donc un verre ! s'exclama Darunia en tapant du poing sur le comptoir du commerçant. Et pas un gobelet hein, sors-nous les choppes ! » Le Goron, amusé, s'exécuta et servit à chacun des deux camarades une grande choppe en terre cuite. Darunia l'attrapait aisément, la choppe étant adapté à ses grandes mains. Mais chacun de ses poings faisaient la taille d'un crâne humain. L'Homme-Montagne se rendit compte qu'avec ses petites mains, Eckard aurait certainement grand mal à attraper le récipient. « Donne lui plutôt un demi, ça fera l'affaire. Darunia se tourna vers Eckard et leva sa choppe Allez, camarade, à la santé de Din ! Haha ! » cria-t-il, vidant son verre d'une seule traite. Le commerçant fixait étrangement Eckard, comme s'il attendait quelque chose de lui. « Pas cette fois, Frère. Sur notre territoire, les invités ne paient rien. Tu feras payer quand tu commenceras à exporter ! » En effet, le peuple Goron sortait à peine d'une longue période d'autarcie, et en cela ils avaient grand besoin de rétablir des liens sociaux et commerçants avec les autres peuples d'Hyrule. Ainsi, Darunia avait récemment organisé une réunion avec les différents artisans et producteurs de la montagne. Ces derniers ont à présent la possibilité de proposer leurs produits aux quatre coins du pays. « On trouvera bientôt beaucoup de marchands Gorons en Hyrule. Ils voyageront de campements en villages et de régions en duchés pour proposer les produits de savoir-faire Goron ! Et crois-moi, les tavernes et les forgerons vont se les arracher ! »

Un second marchand, lui, distribuait des roches en tout genre ; granit, pierres précieuses, minerais, gravats... Tout ce dont avait besoin un être de la montagne pour sculpter, forger... et manger aussi, bien entendu. Bien plus que la sculpture et la forge, en fait. Cette tribu Goron était réputée parmi les autres Fratries comme un clan de bons-vivants, mais également de vaillants combattants. « Tiens, Jakka ! Fais-donc goûter à notre invité un de tes fameux "fer et gros rochers !" » Jakka, un frère dont les compétences culinaires n'avaient jamais été remises en question, pris sur une de ses plaques de cuisson une petite friandise ronde, enveloppée dans une feuille de chou-péteur. « C'est une petite boule de fer fourrée avec de la lave et un caillou au centre, et Jakka y ajoute des gravats sur l'enrobage en fer. La lave apporte le moelleux et garde le fer chaud et fondant, ce qui nous permet de mordre dedans ! Et tu verras, c'est délicieux ! » s'exclama une fois encore Darunia, lui tendant la "friandise" de sa grosse main.

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Eckard Falskord


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(vide)

La destination était enfin atteinte. Après de longues semaines et longs mois de labeur, de douleur, de larmes, de sueur et de sang, Eckard arrivait au Village Goron. Ses jambes meurtries par le voyage n'avaient qu'un seul désir : s'affaisser pour le laisser choir à terre, et l'homme ne parvint pas à retenir cette faiblesse, ce besoin. Une fois l'entrée franchie, semblable à l'ouverture d'une sorte de caverne béante et grossière, ses genoux churent pour heurter violemment le sol rocailleux. Il se fit mal mais ignorait la douleur. Ce que ses yeux admiraient alors n'avaient rien d'habituel, et sûrement que l'affaissement de ses jambes n'avait pas que la fatigue pour excuse. Eckard Falskord tomba des nues, tout simplement, devant l'art de l'ouvrage architectural Goron.
« Nom de dieu... »
Alors qu'il s'attendait à une obscurité caverneuse et angoissante, la lumière rayonnait. Des torches illuminaient chaque once de mur, et des flambeaux titanesques en forme de calices étaient situés un peu partout au sol ; c'était sans compter le lustre cyclopéen s'élevant dans les plus vastes hauteurs, accroché au plafond de la pièce, suffisant à lui seul pour l'éclairer. La salle en question s'apparentait à un gouffre béant, une circonvolution creusée dans le flanc de la montagne et s'y engouffrant plus bas, plus bas, plus bas. L'énorme trou était agrémenté de nombreux étages, chacun de plus en plus petit et plus étroit que le précédent, accompagnant la forme creusée du gouffre sur ses parois de pierre brute. Le sol tout en bas était, malgré la luminescence des lieux, difficile à apercevoir. Tout autour, les murs étaient façonnés de sorte à rendre la salle ronde, bien que ceux-ci fussent chacun plats sur de nombreuses toises et donne en réalité à la salle la forme d'un gigantesque polygone. Sur ces mêmes murs, les torches rendaient visibles des peintures rupestres, des sculptures dans la pierre et autres hiéroglyphes d'un langage inconnu, encore différent de l'Hylien dont le nordique ne savait rien non plus. Ces façades dépeignaient l'Histoire du peuple Goron sur les Âges, son évolution, ses drames, son âge d'or. De même, le plafond si haut des lieux était soutenu par de larges et monumentales colonnes de pierre ouvragée, conçues par la superposition de plusieurs épais disques ou cylindres de pierre, chacun au moins aussi grand que l'homme qui les admirait. Ces colonnes fascinantes se voyaient gravées d'autres runes du même style que celles des murs, servant elles aussi à conter les hauts faits de Gorons disparus. On appelait d'ailleurs ces colonnes les "chroniques" du peuple Goron.
Le barbu n'en revenait toujours pas et restait ainsi agenouillé, coi, devant les merveilles d'un peuple de tailleurs de pierre, de mineurs, d'architectes, d'artistes sans pareil nulle part au monde. Les lieux étaient bruyants, vivants. Comme si la montagne elle-même s'exclamait -ou bien était-ce à nouveau l'estomac de son compagnon- de plus belle. On pouvait d'ores et déjà ouïr des coups répétés portés par moult marteaux sur les enclumes des forges. S'élevaient également les annonces des marchands vantant les bienfaits de leur marchandise avec entrain.

Eckard fut réveillé par Darunia qui lui fit une tape sur l'épaule après quelques instants d'admiration éperdue. Le chef Goron semblait lui aussi avoir profité d'un moment de quiétude et d'exaltation du fait d'être enfin rentré chez lui et d'avoir retrouvé les siens.
Tous deux descendirent par le côté dextre et le visiteur constata qu'en réalité, ce qu'il pensait être plusieurs étages n'était en fait qu'une sorte d'énorme spirale, entrecroisée d'une autre faisant le tour de la pièce de façon régulière, à la manière d'un escalier en colimaçon. Cette prouesse architecturale rendit d'abord Eckard confus, n'étant pas très à l'aise avec ce genre de géométrie absconse pour lui, mais ne tarda pas à s'émerveiller à nouveau devant le chef d'oeuvre de la construction, pourtant rudimentaire si l'on n'y regarde pas de plus près.
À mesure qu'ils marchaient tous deux, chaque Goron saluait dignement le retour de leur souverain, parfois par une accolade violente, parfois par un signe de main irrévérencieux ou encore un signe de tête approbatif. En revanche, Eckard ne bénéficiait pas d'autant d'attention. Beaucoup l'ignorèrent ou lui jetaient un regard méprisant, méfiant. D'autres allant dans le sens de Darunia firent un sourire au barbu en le voyant. Visiblement, les Gorons avaient des avis plutôt mitigés envers les humains, aussi Eckard en éprouva-t-il quelque malaise.

Le gros Goron emmena son compagnon jusqu'à une alcôve d'où un autre Goron, un "frère" comme les appelait Darunia, présidait une sorte de comptoir. Ces alcôves pullulaient dans la structure rocheuse comme les alvéoles innombrables d'une ruche d'abeilles. Ces creux servait tantôt d'étals aux vendeurs, tantôt d'habitation si on poursuivait à travers ces ouvertures dans un dédale de couloirs sombres et labyrinthiques menant vers d'autres pièces. Le roi des lieux avait un jour dit à son collègue de voyage qu'une vie de Goron -bien plus longue que celles d'autres races- ne suffisait pas à explorer la totalité des mines de la Citadelle Goronne du Mont du Péril. Eckard ne pouvait alors qu'agréer à ces mots, maintenant qu'il en avait ne serait-ce qu'un vague aperçu.

Le breuvage qu'on servit au nordique le fit grimacer dès qu'il le porta à ses lèvres, puis quand il en avala une gorgée, il expectora bruyamment. Les deux autres se fendirent littéralement la poire en le voyant, visiblement habitués à ce genre de réaction, car ils étaient restés silencieux et attendaient de manière appuyée la réaction de l'humain au goût du breuvage alcoolisé. La saveur de la boisson avait quelque chose de très âcre et acide à la fois. Eckard avait l'impression d'avoir bu un vin tannique à mort, avec un arôme plus proche de celui d'un vinaigre dégueulasse que d'autre chose. Toutefois, la boisson l'avait réchauffé à l'intérieur, l'avait brûlé même. Le liquide semblait aussi bouillant et douloureux dans l’œsophage qu'une remontée acide. Le barbu ne cessa de tousser qu'après un bon moment. Des gouttes de la boisson s'étaient échouées dans toute sa barbe.
Darunia présenta ensuite cette friandise pour le moins étrange à son ami. La description de l'objet le fit pâlir et il dodelina de la tête, faisant un "non" vague.

« À moins que tu ne désires me tuer, le gros, je ne toucherai pas à ça, dit-il d'une voix rauque et encore engluée par un glaire abominable. Montres-moi plutôt les forges ! Fais-moi visiter ta demeure ! Et raconte-moi l'histoire de ton peuple, vos us et coutumes. Je veux savoir ce que disent ces piliers et ces murs dans lesquels vous habitez. Après tout, je vais devoir m'acclimater si mon séjour est aussi long que tu veux bien le prétendre ! »
Le goron derrière son comptoir jeta un regard amusé à l'intrus, signifiant qu'il semblait l'apprécier. Ce fait ne faisant toutefois guère l'unanimité, Eckard se dit qu'il mettrait un temps incroyable à se faire accepter par cette tribu dont beaucoup méprisaient les humains. Il faisait néanmoins confiance à Darunia.