Posté le 15/04/2016 20:51
L'homme-montagne continuait son voyage, l'estomac creux et le visage démoli, tout autant que le flanc de la montagne sur lequel ils marchaient depuis des jours. Braver la montagne n'était déjà pas chose aisée, les récents événements ont rendu la chose bien plus compliquée. Divers éboulis bloquaient le passage ça et là, et il restait quelques traces de la bataille qu'il avait récemment mené. "Je me demande où ils en sont sur le ménage...", pensa-t-il jetant sans arrêt son regard vers la droite et la gauche, cherchant un éventuel cadavre que ses frères n'auraient pas trouvé.
Malgré sa peine, le goron se devait de garder son calme et rester vigilant. Grottes, alcôves et diverses cachettes se trouvaient sur la montagne, et il n'avait pas exclu la possibilité que quelques Gerudos puissent encore traîner par ici, si tant est que ses frères n'avaient pas terminé le ménage.
« Préviens-moi si c'est une éruption et pas ton bide, le gros. Que je prenne mes dispositions pour crever », lui lâcha nonchalamment son compagnon, las de sursauter à chaque fois que le ventre de Darunia cherchait à exprimer sa tristesse et la faire savoir aux autres.
Quelques nuits passèrent, et bien plus tard, le chef de la montagne esquissa un sourire lorsque son abruti de camarade se brûla, tentant de remplir sa gourde. « T'as jamais vu de volcans, l'ami ? Tu penses bien que les eaux des ruisseaux ici ne contiennent pas d'eau fraîche, mais de l'eau des sources thermales ! Y en a une juste au-dessus de nous, mais comme tu viens d'un pays froid et que tu ne supportes pas la chaleur de la montagne, j'ai bien peur qu'en te baignant dedans tu finisses aussi rouge que la crinière de Volcania ! Bwahaha ! » s'exclama-t-il, persuadé d'avoir dit quelque chose d'hilarant. N'étant pas d'humeur à blaguer mais ne souhaitant pas refroidir l'atmosphère — même s'il était difficile de le faire en ces lieux —, il tentait désespérément de faire de l'humour, sans grand succès apparent, lui semblait-il.
Les deux vagabonds approchaient enfin du village Goron. Finalement, l'homme-montagne rentrait chez lui.
Quelques frères annoncèrent le retour du Roc en hurlant "Darunia est de retour !", d'autres l'accueillirent avec une violente accolade agrémentée d'une d'autant plus brutale, mais amicale frappe dans le dos. Certains hommes de pierre regardaient le chasseur avec un regard étrange, à mi-chemin entre la surprise et la peur. Ils ne savaient comment réagir devant lui, quelques frères n'avaient vu d'humains depuis bien longtemps, et les plus jeunes n'en avaient encore jamais aperçu un seul. On entendit d'ailleurs une petite voix, dissimulée derrière les puissants bras d'un parent, demander« Est-ce que c'est ça un Zora, Papa ? » Ils n'avaient que rarement eu l'occasion de voir des individus d'autres races, et jamais pour certains habitants de la montagne. Et même si on continuait bien évidemment à éduquer les plus jeunes, certains se retrouvaient rapidement écrasés sous la tonne d'informations. « Non fiston, c'est un humain. Un Zora, c'est bien plus laid. Bleu comme un ciel sans fumée et aussi maigre qu'un Lizalfos, en plus d'être luisant et visqueux. » lui répondit son père, tapotant aussi doucement qu'il le pouvait son épaule.
Darunia présenta à son compagnon les lieux. Ses frères étaient très accueillants avec Eckard, puisqu'ils n'avaient pas tous nourrit la même haine des humains que l'Homme-Montagne il n'y a pas si longtemps. Il lui fit faire le tour des quelques marchands qu'on pouvait compter sur les doigts de la main.
Le premier, établi dans une petite alcôve derrière un petit muret sculpté pour en faire un comptoir, distribuait une boisson alcoolisée issue de la fermentation de choux-péteurs, un des seuls produits végétaux que les Gorons consommaient, mais après fermentation uniquement. Après avoir été écrasés dans une marmite, on laissait les plantes dans un grand volume d'eau et des levures venaient s'ajouter naturellement afin que le mélange développe ses arômes et produise l'alcool. C'était une recette Goron ancestrale qui donnait une variante de la bière. En avait en bouche une attaque acide, pratique pour rafraîchir les hommes de pierre lors des grosses chaleurs, et en fin de bouche une légère note calcaire, sèche mais qui ne déplaisait pas aux Gorons. En revanche, les humains et autres races d'Hyrule n'appréciaient pas souvent. Et c'était égoïstement tant mieux pour les Gorons ; pas besoin de trop exporter si ça ne se vend pas. Ils gardaient leur breuvage pour eux, et fêtards comme ils sont, les fûts se vidaient vite ! « Allez Frère, sers-nous donc un verre ! s'exclama Darunia en tapant du poing sur le comptoir du commerçant. Et pas un gobelet hein, sors-nous les choppes ! » Le Goron, amusé, s'exécuta et servit à chacun des deux camarades une grande choppe en terre cuite. Darunia l'attrapait aisément, la choppe étant adapté à ses grandes mains. Mais chacun de ses poings faisaient la taille d'un crâne humain. L'Homme-Montagne se rendit compte qu'avec ses petites mains, Eckard aurait certainement grand mal à attraper le récipient. « Donne lui plutôt un demi, ça fera l'affaire. Darunia se tourna vers Eckard et leva sa choppe Allez, camarade, à la santé de Din ! Haha ! » cria-t-il, vidant son verre d'une seule traite. Le commerçant fixait étrangement Eckard, comme s'il attendait quelque chose de lui. « Pas cette fois, Frère. Sur notre territoire, les invités ne paient rien. Tu feras payer quand tu commenceras à exporter ! » En effet, le peuple Goron sortait à peine d'une longue période d'autarcie, et en cela ils avaient grand besoin de rétablir des liens sociaux et commerçants avec les autres peuples d'Hyrule. Ainsi, Darunia avait récemment organisé une réunion avec les différents artisans et producteurs de la montagne. Ces derniers ont à présent la possibilité de proposer leurs produits aux quatre coins du pays. « On trouvera bientôt beaucoup de marchands Gorons en Hyrule. Ils voyageront de campements en villages et de régions en duchés pour proposer les produits de savoir-faire Goron ! Et crois-moi, les tavernes et les forgerons vont se les arracher ! »
Un second marchand, lui, distribuait des roches en tout genre ; granit, pierres précieuses, minerais, gravats... Tout ce dont avait besoin un être de la montagne pour sculpter, forger... et manger aussi, bien entendu. Bien plus que la sculpture et la forge, en fait. Cette tribu Goron était réputée parmi les autres Fratries comme un clan de bons-vivants, mais également de vaillants combattants. « Tiens, Jakka ! Fais-donc goûter à notre invité un de tes fameux "fer et gros rochers !" » Jakka, un frère dont les compétences culinaires n'avaient jamais été remises en question, pris sur une de ses plaques de cuisson une petite friandise ronde, enveloppée dans une feuille de chou-péteur. « C'est une petite boule de fer fourrée avec de la lave et un caillou au centre, et Jakka y ajoute des gravats sur l'enrobage en fer. La lave apporte le moelleux et garde le fer chaud et fondant, ce qui nous permet de mordre dedans ! Et tu verras, c'est délicieux ! » s'exclama une fois encore Darunia, lui tendant la "friandise" de sa grosse main.
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