Alors que le Sheikah semblait avoir trouvé quelque chose pour l’aider dans son combat, il fut distrait par des fissures apparaissant peu à peu dans le vide intersidéral, preuve que la concentration du Prince faiblissait. Il reporta son regard sur celui-ci, mais trop tard. Dun avait foncé sur lui et l’avait empoigné par le col, ses yeux fixant celui du Sheikah aux longs cheveux blonds. Il ne semblait pas avoir prévu d’attaques. Il se contentait de reculer lentement jusqu’à ce que…Jusqu’à ce qu’il bascule dans le vide, ayant atteint la limite de la surface du sol invisible. Ils tombaient inexorablement vers un énorme soleil et la chaleur devenait à peine supportable. Ygdrassyl fixait l’énorme astre solaire avec des yeux grands ouverts. RIEN parmi tout son panel de sorts et toute sa puissance magique ne lui permettait de rivaliser avec la puissance destructrice d’un soleil. C’est à ce moment précis qu’il se rendit compte de l’incroyable puissance de Dun et de son extraordinaire endurance. Il arrivait à créer un soleil entier et plus encore. Il arrivait même à le maintenir plusieurs minutes. Ygdrassyl n’était pas si puissant, bien qu’il fût bien plus fort que la plupart si ce n’est de tous les grands mages d’Hyrule. Fortuitement, une sorte de crise vint interrompre Dun et l’obligea à faire exploser sa réalité déjà vacillante. Le Sheikah tomba violemment au sol, mais se releva aussitôt, prêt à en découdre avec le puissant mage. Mais Dun ne se releva pas. Pis encore, il sembla se faire happer par la terre. Ecarquillant les yeux, le mage blond jeta des regards partout autour de lui, se préparant à contrer un assaut inattendu du Prince. Mais celui-ci ne vient pas. Et à peine quelques secondes plus tard, l’homme réapparut subitement, allongé sur le sol, inerte. Profitant de ce court répit, Ygdrassyl murmura une incantation et une brise légère sembla caresser ses cheveux tandis qu’une aura blanche provenant de l’air et de la terre le parcourait. Lorsque la brise s’arrêta, l’aura disparut aussi. Il venait en réalité de régénérer ses cellules endommagées et de soigner ses blessures grâce à l’énergie du mana. Au bout de quelques instants, Dun se leva, le regard vide. Il fixa le Sheikah durant un instant avant de poser deux questions pour le moins déstabilisantes. Ne se laissant pas duper, Ygdrassyl lui répondit aussitôt :
« Tu ne m’auras pas comme ça ! » Cria t’il d’une voix forte.
Il fonça alors sur Dun à une vitesse fulgurante tout en concentrant son mana au bout de sa main droite pour créer une épée de mana capable de couper un cheveu dans le sens de la longueur aussi bien qu’un roc de plusieurs tonnes. Mais alors qu’il fonçait sur lui, le regard terne et sans vie du Prince le stoppa net, à quelques centimètres de lui. Toujours méfiant, il leva la main, passant la lame de mana juste en dessous de sa gorge. Il fixa intensément ses yeux. Des yeux ternes, vides, sans chaleur, typique des amnésiques. Peut-être n’était-ce pas une feinte après tout ? Sans prévenir, Ygdrassyl fit disparaître la lame d’énergie pure et examina ses yeux sous toutes les coutures. Il recula de quelques pas, la tête remplie de questions. Il ne se souvenait pas avoir vu un cas d’amnésie même magique agir aussi rapidement, surtout sur un homme si puissant. Bien sur il était épuisé, mais cela ne faisait pas tout. Quelqu’un lui aurait jeté un sortilège d’amnésie à action lente auparavant ? Non cela ne tenait pas de bout. Dun l’aurait sentit. Le Sheikah recula d’un pas, farfouillant quelques secondes dans sa sacoche avant d’en sortir une petite tablette de roche étrange. Brillante comme le marbre et légère comme une feuille d’arbre. Le mage blond dessina un Kanji sur la surface de la pierre avec ses doigts, et celui-ci s’illumina aussitôt, comme si il avait toujours été gravé là. Ygdrassyl reporta furtivement son regard sur son adversaire puis, il reposa son attention sur la pierre.
« Etat psychique de Dun ? » Interrogea t’il à voix haute.
Pour toute réponse, deux fumées s’élevèrent, une blanche et une noire qui s’entrelaçaient. Cela voulait dire qu’une partie de la mémoire de l’homme avait soudainement disparue. Impossible de savoir s’il en subsistait une trace dans le cerveau du prince. En tout cas, il semblait avoir oublié jusqu’au nom d’Ygdrassyl. « Que devrais-je faire ? » s’interrogea t’il. Aussitôt, la réponse lui vint clairement. Il se rapprocha de Dun, croisa son regard terne une dernière fois avant de s’adresser à lui.
« Tu es souffrant, ta mémoire va te revenir, je te le garantis. Patiente juste une seconde et tout sera déjà un peu plus clair. Je vais t’aider. »
A ces mots, il sortit de sa sacoche un rouleau de parchemin vierge qu’il déroula devant lui. Il traça sur le papier une série de lettres avec ses doigts. Puis une autre série, et encore une autre. Les lettres formées par le Sheikah s’illuminaient quelques secondes après qu’ils les aient tracées. Lorsqu’il eut fini, il relut son parchemin et ajouta un dernier mot au bas du parchemin : son nom, Ygdrassyl, mais écrit comme tout le reste du parchemin en une langue ancienne des peuples du désert à l’est. Puis, il se rapprocha du Prince, écarta une mèche de ses cheveux et traça cette fois une lettre unique sur son front. Elle était très compliquée et composée de nombreux traits. Aussitôt, elle s’illumina, en même temps que les lettres du parchemin, avant de disparaître lentement. Une lumière sembla traverser les yeux de Dun, mais ils redevinrent ternes aussitôt. Le Sheikah roula et rangea le parchemin dans sa sacoche, esquissant un sourire satisfait. En réalité, il venait de lui insérer dans sa mémoire diverses informations, comme par exemple le fait que Dun a toujours été au service d’Ygdrassyl. Celui-ci attendit quelques secondes avant de reprendre la parole.
« Il est temps pour moi d’acheter d’autres vêtements que ceux-ci, un peu trop voyants pour un rôdeur. Il faudrait d’autant plus éviter que quelques anciennes connaissances sachent que je suis de retour. Dorénavant, tu m’appelleras Shuyin, l’élu du mana. Je te laisse le soin de te trouver un nouveau nom. Sur ces mots, il tourna son regard vers l’est et ferma les yeux, humant un parfum inexistant. Il nous faut partir vers l’est et retourner à la bibliothèque perdue d’Elendil, et peut-être, retrouver un ancien ami, j’ai besoin de réponses. »
Sur ces mots, il se retourna, et partit en direction de la sortie du cimetière.