Pierres inflexibles [RP privé]

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Luka

Le Changelin

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(vide)

[ HRP : RP privé avec Mirage et l'Autre. ]

Le soleil n'allait pas tarder à se lever. Tout du moins, Abigaïl tentait de s'en convaincre. Il avait quitté sa demeure à pas de loup quelques heures plus tôt, tous ses sens aux affuts. La traversée de la plaine ne s'était pas faite sans encombre... Durant les heures les plus sombres de la nuit, les champs avaient pour habitude d'être infestés de bestioles en tout genre. Enfin, ce n'était pas comme si le jeune garde était inconscient au point de sortir sans lanterne ni arme. La lumière chaleureuse que dégageait la bougie formait toutefois des ombres bien insolites, notamment sur les parois des murs... L'hylien eut du mal à passer par le village Cocorico sans sursauter à chaque bruit. D'ailleurs, il faillit faire une syncope en découvrant le visage d'Igor le fossoyeur, endormi devant la fenêtre de sa petite cabane. Par les Déesses, ce qu'il était repoussant ! Et ce n'était certainement pas l'ambiance du village la nuit qui allait rassurer le pauvre garde. Prudemment, il se dirigea vers l'entrée du cimetière. Ah... Sa dernière venue lui revint en mémoire. Et dire que cela ne datait que de quelques mois seulement...
Il pressa le pas, les dents serrées.

Le silence l'oppressait de plus en plus à chaque pas qu'il effectuait, sa gorge s'était nouée sous la tension et l'angoisse. Tant de choses s'étaient déroulées durant les derniers jours... Peut-être n'aurait-il même pas dû venir en ces lieux. Et surtout pas à une telle heure. Mais avait-il vraiment le choix ? Il s'était [strike]marié[/strike] engagé avec l'Autre deux jours auparavant, il n'avait plus vraiment de temps pour lui-même. Déjà que cet imbécile aimait le coller en temps normal, il résidait à présent vingt-quatre heures sur vingt-quatre chez lui ! Et le jeune hylien avait beau le supporter dans une certaine mesure - si répliquer en hurlant était une façon d'exprimer sa patience - il ne pouvait certainement pas l'emmener ici. Oh non. Ce crétin d'Autre restait un tueur à gages... et disons qu'il n'avait pas non plus un esprit totalement sain. Pour ne pas dire qu'il était un psychopathe déchaîné quelque peu libertin sur les bords. Non, non.
Quoi qu'il en soit, il était venu en ces lieux pour une affaire personnelle. Il ne connaissait qu'une seule tombe, dans ce cimetière-ci. Après tout, il venait de Termina. Mais son frère - l'irresponsable, le contrariant, son idiot de grand frère stupidement protecteur - avait perdu la vie en ce pays. Cruelle destinée que de mourir loin de sa patrie... Mais il avait périt avec gloire, sous les assauts de l'armée de Ganondorf. Cela faisait, quoi ? Trois mois ? Peut-être plus. Le jeune garde ne savait pas vraiment, et n'avait pas cherché à compter les jours.
Il en gardait un souvenir bien trop amer.


*Alejandro, sale couillon. J'suis sûr que tu dois bien te foutre de ma gueule, de là où t'es.*

Ah oui, qu'est-ce qu'il devait rire ! Son petit frère était engagé, à présent. Et à un autre homme, qui plus est ! Cela avait de quoi plomber le moral du jeune roux. Lui qui ne supportait pas les homosexuels, le voilà qui se liait tout seul à un individu douteux du même sexe que lui... Enfin bon. En même temps, l'Autre lui avait fait du chantage. Comme quoi il lui devait une dette, puisque l'abruti lui avait sauvé la vie par le passé... Il n'était pas bête, le bougre ! Se nouer à un garde par les liens sacrés du mariage était le meilleur moyen pour échapper à la justice. Ou pour pouvoir enfin dormir dans une maison décente. Rayez la mention inutile. Rien qu'à y penser, l'hylien sentait son sang bouillir de rage.

Mais qu'est-ce qu'il faisait, à se tenir planté comme un piquet au beau milieu du cimetière ?! Et sa lanterne était à deux doigts de s'éteindre ! Maudissant son manque d'attention, il protégea la petite flamme du vent et continua à avancer. Les noms gravés dans la pierre défilaient devant ses yeux, mais son attention était dirigée ailleurs. Rêvait-il ou était-ce une ombre qui venait de bouger là-bas ? Sans trembler, il saisit discrètement la poigne de sa dague. Son imagination commençait à dériver. Et si c'était un esprit errant ? Ou pire, un fantôme ? Il ne savait que manier des armes manuelles, n'ayant aucune connaissance en magie... Il n'avait même pas une noix mojo sur lui pour faire fuir les monstres avec une lumière aveuglante !


*Merde... Il y a quelque chose qui...!!*

" Bouh. "

Agissant par pur instinct, Abigaïl se jeta sur l'être non-identifié dans le but de l'égorger. Mais l'ombre se mouva si vite que le garde rata de peu sa cible et se retrouva... avec un coquelicot coincé entre les lèvres ?
...
Il avait comme une impression de déjà-vu.
Le sourire narquois de son opposant, aussi, lui était plus que familier. Sans parler de ses cheveux noirs qui glissaient sur son visage gracile, de sa peau pâle ressortant dans la pénombre, et de ces yeux rouge sang qui pétillaient de malice...
Le garde eut une soudaine envie de meurtre.


" Non mais p'tain, t'es vraiment cinglé, hein ! J'ai failli faire une crise cardiaque par ta faute, espèce d'imbécile ! ...Et d'ailleurs, qu'est-ce que tu fais là ? Tu m'as suivi ?! "

L'Autre lui souriait de toutes ses dents, l'air ravi de se trouver debout à une telle heure. Furieux, le roux mordit la tige de son coquelicot tout en toisant son aîné. De son regard le plus sévère et le plus assassin. A son plus grand regret, cela ne sembla pas affecter le sheikah... Ce dernier arbora d'ailleurs un air tout à fait innocent, qui lui donna brusquement des idées de morts lentes et douloureuses.

" J'oserais pas. ♥ Tu me connais, Abi-chou ! "

Oh, oui. Il le connaissait. Pour la peine, il lui asséna un coup de poing brutal au niveau de l'épaule. Pourquoi ce crétin l'avait-il traqué ? ...Il était vrai qu'il le faisait souvent - pour ne pas dire quasiment tout le temps - mais ne pouvait-il donc pas le laisser en paix pendant au moins une nuit ? L'hylien poussa un juron bien senti à voix basse.
Bon. Cela faisait partie de la vie, après tout. Même si, d'après ses connaissances, se faire constamment poursuivre par un psychopathe n'était pas des plus banals dans la vie de tous les jours. Qu'importe. L'essentiel était qu'il ne pouvait pas s'en débarrasser juste comme cela - il connaissait quand même un minimum l'idiot qui lui faisait face - alors autant ménager les risques de "dégâts". Agacé, il le frappa au torse à l'aide de la lanterne. Mais pas trop fort. Il ne voulait pas éteindre la seule source de lumière par erreur, après tout.


" Bordel... T'es vraiment incorrigible hein ?! Bon bah écoute, puisque t'es là, rend-toi utile. Aide-moi à porter c'te lanterne. "

Une fois certain que la lampe ne tomberait pas, le jeune garde tourna le dos à son "époux" pour se diriger avec précipitation vers les tombes un peu plus au fond. Il espérait pouvoir distancer un peu l'autre imbécile. En même temps, ce dernier devait avoir saisi les motifs de cette visite nocturne. Ils avaient eu toute leur "nuit de noces" pour partager leurs passés, leurs souvenirs, leurs anecdotes personnelles... Et, à moins d'être un idiot complet, l'Autre devait avoir compris ce que l'hylien recherchait.
Il n'avait pas encore fait de remarque dessus, tiens. Sage décision.
C'était la troisième rangée en partant du fond, si ses souvenirs étaient bons. Avec le symbole de la famille royale gravée dans la pierre. Son frère était garde, avant de décéder au combat. Peut-être était-ce la raison pour laquelle - quelques jours seulement après sa mort - sa compatriote Amethyst était venue chercher Abigaïl ? A l'époque, il travaillait encore en tant que barman. Les souvenirs remontaient...


" PAR LES DÉESSES !! Dites-moi que je rêve ! "

Quelque chose se trouvait sur la tombe de son frère. Rah... L'obscurité l'entravait. Mais quelle était cette masse sombre ? Un être humain ? Ou bien... un monstre ? Pris de surprise, Abigaïl avait reculé de quelques pas et s'étaient heurté à l'Autre. Heureusement que la lanterne n'avait pas été renversée. La lumière ne tarda d'ailleurs pas à se répandre dans les environs, passant la tombe d'Alejandro Artola sous une faible lueur jaune.
Le sang d'Abigaïl ne fit qu'un tour.


" ...Mirage ? "


Mirage


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(vide)

Une légère brise, accompagnant cette fin de nuit, s'était levée . Mirage peinait à la percevoir, mais pouvait encore sentir sa fraicheur sur ses joues devenues froides, espérant qu'elle le sorte de ce cauchemar .
Un cauchemar qui n'en était pas un, car on aurait plutôt pu qualifier cela ''d'habitude''.
Après tout, ce n'était pas comme s'il perdait son humanité et devenait inerte pour la première fois .
Un mauvais passage, à endurer, tous les trente ans.


Elle lui avait patiemment expliqué, trois cent ans auparavant, que c'était une punition . Mais une punition n'était que très rarement agréable, à moins d'être totalement masochiste .
Il l'était probablement un peu dans le fond, car il aimait souffrir . Il ne détestait pas ressentir de la peur et de la crainte pour Elle. Il aurait pu avouer sans rougir, que son être entier tremblait de plaisir et d'excitation, lorsque sa voix angélique et dévastatrice s'immisçait dans son esprit, pourtant quasiment toujours porteuse de lourdes menaces ou d'ordres n'excusant aucune réplique.
Oui, il aimait souffrir, lorsque c'était Elle qui lui infligeait cela .


* Comme maintenant … *

Non, ce n'était pas sa faute . Au contraire, Elle ne faisait que l'aider, impassiblement, trente années après trente années . Pour un humain normal, trois décennies pouvaient paraître longues... Mais pour des anomalies comme Mirage, ou des déesses oubliées dans la course du temps et de la popularité, comme Elle, ne connaissaient pas cette notion de vie si courte, ou chaque minute, chaque seconde, est précieuse .
Malgré tout, il savait qu'il aurait du, lui aussi, mourir depuis longtemps . Son pouvoir , et surtout sa punition, celle administrée par ce dieu étrange, consistant à le rendre éternel, aurait déjà du anéantir sa vraie personne .
Mais Elle daignait rester à ses côtés, et lui permettait de persister face à ce poison, ce cul de sac sans fin . Mais ce moyen de se raccrocher à la vie, ne l'entrainait qu'un peu plus dans ce même cercle vicieux .
Il n'avait que deux choix . Une mort pitoyable, ou une vie pitoyable .
Il avait choisi la vie . Une vie d'imposture, de mensonges, de vices, et d'adoration, pour cette sulfureuse déesse, qui l'aidait toujours plus, tout en l'enfonçant irréversiblement, dans les méandres de la torture.

Mais il aimait cela .. Pourvu que Elle, son encrage, sa raison de subsister, d'avancer …ainsi que de souffrir, ne l'oubliait pas, comme elle même l'était , effacée de la mémoire de ces humains ingrats et lunatiques.

* Je t'en prie … je n'en peux plus , aide moi , ou je serai sali, je serai gris, je ne serais plus rien ...*

Il espérait qu'Elle l'entende, qu'elle vienne enfin à lui . Qu'elle ranime le charme qui lui permettait de bouger, de respirer, de s'articuler, comme s'anime une marionnette .
Mais cette fois ci, elle semblait vouloir faire durer leur ''jeu'' bien plus longtemps qu' habituellement. Il avait pourtant espéré qu'elle ne tarde pas trop à apparaître, après qu'il eut enfin quitté Calypso et Cie .
Non, en vérité, il ne s' attendait pas à ce que son état se dégrade si rapidement . Normalement, il aurait du avoir encore plusieurs jours devant lui, même s'il perdait déjà certaines fonctions propres au corps humain depuis une semaine .
Pourtant, tout s'était écroulé soudainement, après son combat mental, écrasé par le poids de ces deux forces si possessives, se dressant l'une contre l'autre , le pressant entre elles dans un vacarme mental infernal...
En y réfléchissant, il était certain que cet ébranlement soudain avait du l'épuiser, au point de gaspiller le peu de recharges cellulaires qu'il lui restait .

Il n'existait pas de moment plus pitoyable dans le cycle de vie de Mirage, que cette période ci, ou il ne pouvait être apparenté à rien d'autre qu'un déchet . Un être instable, dont la lueur interne baisse, de secondes en secondes.



Il s'était donc trainé, comme une loque, un mort vivant puant et répugnant, à la recherche d'un endroit, ou on le laisserait en paix. Un écart, ou on l'oublierait, dans ses remords, payant à prix fort sa vie artificielle et malhonnête .
Il désirait qu'on le laisse agoniser pour la onzième ou douzième fois dans la solitude . Une solitude qu'il ne partageait volontiers qu'avec Elle .
Mirage avait donc erré, dans la plaine, jusqu'à ce que ses forces s'amoindrissent, et lorsque sa vue avait elle même commencé à baisser dangereusement, c'était à tâtons et à genoux, qu'il était rentré dans le village cocorico, tandis que la nuit, victorieuse, arrivait à son apogée. L'air lui même lui manquait cruellement, et sa respiration s'en était vite changée en un râle rauque à peine audible .
Épuisé, ses membres s'engourdissant à une vitesse hallucinante , il s'était alors tiré, par le seul biais de sa volonté, là ou le néant et le hasard avaient bien voulu l'emmener. Il lui sembla s'être heurté plusieurs fois la tête et les jambes contre des pierres lisses et droites, mais il n'en avait quasiment rien ressenti, mis à part un grondement sourd, au fond de son crane.
Il se savait si lamentable, si faible. … Non il ne savait plus rien . Qui était-il déjà ? Il lui semblait n'être rien d'autre qu'une chose immonde, repoussante, lamentablement écroulée contre ce qui semblait être une tombe. Mais sa vue n'était de nouveau qu'un souvenir, et il ne pouvait se fier qu'aux peu de sensations qu'il lui restait, animant son corps, et à son ouïe, désormais très faible, pour se faire une idée de l'endroit ou il s'était échoué, comme échoue un vieux rafiot, pourri et rongé par la mer .
Lui, c'était le temps qui le rongeait, qui jouait avec lui, et voulait sa perte . C'était aussi le genre humain, si différent de lui et de sa vraie nature, c'était les dieux, c'était un peu tout .
Mais personne ne comprenait, qu'un jour, il les surplomberait tous . Un jour, il deviendrait un dieu . Non, plus que cela . Il savait survivre et se remettre d'un pareil supplice, tel qu'il endurait en ce moment même alors, c'était évident , qu'il deviendrait ce que l'entendement universel lui même ignorait encore .
Mais trêve de rancœur, ou de mégalomanie . Là, il n'était rien, mis à part un corps tout juste d'apparence humaine, mais dépourvu de la moindre réaction.

* Si Elle n'arrive pas, je vais te quitter pour de bon .
Elle arrive toujours .



Pas cette fois on dirait …

Elle joue simplement avec moi. Mais toi tu es mon esprit, tu ne peux pas me quitter .


Je retourne à ses côtés, tu sais que c'est à Elle que j'appartiens avant tout. Nous verrons bien si elle veut encore me léguer à toi encore une fois .


J'ai peur .


Je ne peux m'attarder plus longtemps en toi . La dedans .


J'ai froid .


Elle viendra, et je serai là aussi, pourvu qu'elle daigne jouer encore avec toi.


J'aimerai jouer, mais là je meurs, et pourtant, je ne meurs pas .


Au revoir . Tu devrais savoir depuis tout ce temps, qu'une illusion finit par s'éteindre inévitablement, mais d'abord, elle doit aussi se taire de l'intérieur .


Je vais dormir, mais j'ai si peur de me réveiller en poussière.


Tais toi .


Je me tais ...*

Il s'écoula bien deux heures encore, avant que cet endroit sombre , froid, baigné de silence, ne s'anime enfin un petit peu .
Deux hommes firent leurs apparitions, l'un avec de fermes convictions, à la recherche d'un disparu, l'autre, aussi tranquille et agile que les esprits de ces lieux saints, filant le premier.
Puis, ils approchèrent .

''...Mirage ? ''


Le corps de Mirage fit un mouvement brusque, et, dans un hoquet de surprise, cracha du sang et de la bave . Une faible lueur semblait provenir de la direction d'où provenait le faible son de la voix, bien que celle ci restait non identifiable .
Le corps, non sans difficulté, ordonna à ses pauvres yeux désormais d'un blanc laiteux, de s'ouvrir. Malgré tout, la lueur ne s'intensifia pas plus, et le noir demeura toujours aussi harmonieux, comme indestructible .

Il fallait qu'il demande à ses lèvres de s'écarter un tout petit peu, sans que le dernier litre de sang ne s'écoule encore plus vite.

- Qui ? ...Est ...Qui ? … là ?

C'était miraculeux, mais il était encore doté d'une fonction comme la prise de parole . Mais ce n'était qu'une question de temps, encore une fois . Un corps dépourvu d'esprit , ne pouvait perdurer bien longtemps dans un domaine aussi immense et compliqué que celui des mots et de la parole .
D'ailleurs, il n'était même pas sûr de savoir encore ce que voulait signifier une simple phrase comme ''Qui est là ?'' ….


Aalis


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(vide)

[HRP: Bordel. Mirage, je te hais! Comment tu veux que je poste après... après ça, quoi! J'me suis fait avoir dans l'ordre de postage, je proteste! 'spèce de fourbe! è_é]

Non. Ne dites rien. L’Autre ne suivait pas. Il n’oserait pas, voyons. Ce n’était pas son genre, ou presque. Non, il ne suivait pas, il s’assurait que son époux n’avait pas d’activité extraconjugales. Parfaitement. Ce n’était pas parce qu’on était garde et qu’on avait une tête de campagnard pur et innocent qu’on était obligé de mener une vie sans tâche. Et puis, quand on se lève au beau milieu de la nuit, c’était qu’on avait des choses à cacher à son cher et tendre. Ah ! Deux jours de passion, et on allait déjà voir ailleurs !
Petit coquinou ♥
Bon, d’accord, ce n’était pas totalement la vraie de chez vraie de raison. La vraie de chez vraie de raison, c’était qu’il ne pouvait décemment pas laisser son garde seul et démuni face aux assauts de la nuit. Il se devait de protéger l’homme de sa vie, quand-même. Si il devait arriver malheur à Abi-chou, il… il… Ah ! Et puis, le rouquin n’était apparemment pas habitué aux beautés nocturnes. Il irradiait d’angoisse ! Sa peur était palpable ! Pauvre Abi-chou. Il n’était pas à même de profiter de ce silence d’or, de cette solitude délicieuse, de plaisir qu’on ressent lorsque tous dorment d’un sommeil de juste alors qu’on veille. Son cher hylien était un homme de jour, malheureusement. En fait, son cher hylien était tout ce qu’il n’était pas. Les contraires s’attirent, voyez-vous. Même si dans son cas, un des deux contraires ne voulait pas le réaliser. Que la vie était cruelle.
L’Autre se laissa aller au plaisir de suivre sans être vu. Il ne devait pas être remarqué. Pas encore. Ce n’était pas le bon moment. Ce n’était pas le bon lieu. Oui, parce que bon, ce petit stalker savait très bien que son aimé n’allait pas voir ailleurs. Il faut bien l’avouer. Non, ils avaient eu toute leur nuit de noces pour se raconter leur vie. Il savait très bien qu’il avait un beau frère mort au combat, qu’Abi-chou culpabilisait constamment de s’être mar… engagé avec un homme. Que sa famille l’avait élevé avec moult principes. Il n’était pas totalement idiot, en fait. Si si, c’était vrai. L’Autre avait suivi son époux, mais c’était pour une chose totalement anodine.
Il allait rendre visite à sa belle famille.
Ou du moins, à une partie. Le grand-frère ! Il se devait de rencontrer le grand-frère de celui qui partageait sa vie. Et si ledit grand-frère était six pieds sous terre, ce n’était pas un problème. La Mort n’avait jamais été un problème. Les vivants étaient tout simplement un peu trop coincés pour l’admettre. L’Autre ne voyait pas pourquoi il ne pouvait pas se lier d’amitié avec un cadavre. La discussion risquait simplement d’être un peu ennuyeuse. Bah ! Il savait très bien faire la conversation pour deux.
Caché derrière une pierre tombale, l’Autre remarqua la lumière vacillante de la lanterne. Parfait. L’ambiance était à présent parfaite : ils étaient dans un cimetière, la nuit, sa proie se trouvait seule, au milieu des tombes, et tentait tant bien que mal de protéger sa seule source de lumière. Il se glissa sans bruit derrière le jeune homme. Oh, son ombre avait été remarquée. Tant mieux. De quoi faire monter un peu l’inquiétude.
Il avait tout prévu.
Les vêtements sombres, lui permettant de se mouvoir sans être vu. Et même la fleur. Jouant avec le coquelicot qu’il tenait dans sa main droite, il lança, un sourire narquois sur le visage :


« Bouh. »

Ouh ! Il avait des réflexes, le fourbe ! Notre cher fleuriste l’avait presque oublié. Mais il n’était pas mal non plus, en fait. Il lui glissa la fleur dans la bouche. Et il regretta aussitôt de n’avoir aucun moyen d’immortaliser la tronche d’Abigaïl. Ah ! Ce visage qui s’empourprait, au point d’atteindre une couleur très intéressante se mariant parfaitement avec ses cheveux presque rouges, ce regard ! Oh mon Dieu, ce regard ! Vert, perçant, irradiant d’exaspération ! Ah ! Il ne se lasserait jamais de ce garçon. Colérique. Donc, magnifique. L’un allait avec l’autre, tiens. Il en était tout émotionné.
« Non mais p'tain, t'es vraiment cinglé, hein ! J'ai failli faire une crise cardiaque par ta faute, espèce d'imbécile ! ...Et d'ailleurs, qu'est-ce que tu fais là ? Tu m'as suivi ?!
-J’oserai pas ♥ Tu me connais, Abi-chou ! »


Aïe. Franchement, il devrait penser à changer d’épaule, de temps en temps. A force de toujours se faire frapper au même endroit, il allait devenir difforme. Tiens, voilà qu’il frappait son torse, à présent. Y’avait du progrès.

« Bordel... T'es vraiment incorrigible hein ?! Bon bah écoute, puisque t'es là, rend-toi utile. Aide-moi à porter c'te lanterne. »

L’Autre s’empara de la lampe, sans se départir de son sourire. Il ne dit rien, cependant. Ils étaient en visite familiale. Et même s’il était très énervant, il évitait au maximum d’être lourd… Ou pas, en fait. Enfin, bref. Ils s’enfonçaient dans les ténèbres du cimetière-Mon Dieu, quel lieu romantique- et arrivèrent enfin à destination. Oh mais… quel était donc cette loque affreuse avachie sur la dernière demeure de ce cher et inconnu Alejandro ? … Un mort ? ♥. Oh. Ça avait effrayé son pauvre chéri. Tiens. C’était roux.
C’était fou à quel point le rouquinisme se propageait, de nos jours.


« … Mirage ? »

Ça avait donc un nom. Et ça s’agitait. De spasmes révulsant. Et ça crachait. De la bave. Du sang. Du sang. C’était totalement répugnant. Dégueulasse.
Il adorait le spectacle qu’il avait sous les yeux.
Devant lui s’étendait une chose. Une chose à peine vivante. Une loque, quelque chose de pathétique. Non, de pitoyable, même. Une pauvre petite chose aveugle et démunie, qui ouvrait inutilement ses yeux inutiles. Qui continuait de cracher ses dernières réserves de vie, le liquide rouge s’écoulant de ses lèvres. Le pauvre. Il n’en avait plus pour très longtemps ♥


« Qui ? ...Est ...Qui ? … là ? »

Et ça parlait, en plus ! Mais c’est que ça s’accrochait à la vie, cette vermine ! Bah. C’en était que plus distrayant. Un homme, un homme cherchera toujours à survivre. La vie était cruelle, sadique, affreuse, mais la vie était passionnante. Lui-même, au moment de mourir, ressentirait du regret. Il supposait quand même que les morts s’amusaient beaucoup moins que les vivants. Et le jeu, justement, c’était sa vie. Il s’approcha de l’étrange créature, s’accroupit devant, avant de la toucher au niveau de l’épaule.

« Cela n’a aucune importance, très cher. Je crois que vous êtes, comme-qui dirait allongé sur une tombe, et ça, ce n’est pas très courtois, voyez vous ? »

Puis, avec une joie intense, il prononça la question la plus idiote et la plus hypocrite qu’il aurait pu prononcer à un moment pareil.

« Mon ami, comment-vous sentez vous ? »

Oui. On pouvait se montrer idiot et hypocrite, on en restait néanmoins poli.
On restait toujours poli.


Mirage


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(vide)

[désolée T_T en plus, c'est encore mois qui poste 8D ]



Les humains sont si pitoyables...Si prévisibles .. Si égoïstes ...Si bien que la notion de culpabilisation leur faisait si peur, qu'ils n'hésitaient pas, à se rendre insensibles, à rejeter la faute sur autrui, de peur de voir une vérité en face d'eux mêmes. Ils restaient toujours mauvais au fond d'eux, néfastes, sales, fourbes …
La solidarité elle même ne semblait pas réussir à percer leur impénétrable coquille d'égoïsme .
Elle n'aimait pas les humains. Non, les détestait même. Comment se faisait-il qu'une race, si pitoyable, réussisse à ce point à subsister, depuis des millénaires déjà ? Pourquoi, tant de dieux se montraient si indulgents à leur égards ? Il ne méritaient rien d'autre que de périr sous les flammes, d'être écrasés sous la lave, asphyxiés par les cendres, déchirés par le poid des tempêtes, de ou encore de demeurer impuissants face à la puissances des eaux, de rester engloutis dans leur tréfonds les plus obscurs … Ils devaient s'écrouler dans l'oubli. Comme Elle s'était aussi écroulée, par leur faute : oubliée, rayée des légendes, progressivement effacée de toutes mémoires humaines .

Il était temps désormais, de leur rendre une petite visite . De fouler leur terre souillée . Comment allait-elle apparaître ? De telles vermines ne méritaient probablement pas de la voir, telle qu'elle fut réellement depuis toujours . Il n'y avait que devant son jouet favori, son illusion empoisonnée, son mirage, qu'elle se montrait indulgente, au point de venir du haut de sa grandeur et mystique apparence naturelle.
''Naturelle'' quel adjectif infecté d'ironie . Une déesse, rayée des mémoires ou non, pouvait-elle prétendre appartenir à ce genre de titre ? Non … Elle était bien plus haut que cela . ''Dame Nature'', c'était elle avant . Elle créait la vie, accordait la mort à qui en avait besoin, et choisissait, quelle naissance devait enfin avoir lieu . Il en avait été ainsi, avant que le chaos ne ravage cet équilibre, pourtant si stable . Avant que Din, Nayru et Farore n'apparaissent, et que cette dernière, ne s'attribue le rôle de mère universelle à sa place, à Elle.
La race Hylienne, et tous les autres types de vie environnants virent le jour . Mais le mérite revint à Farore, et Elle, tomba très vite dans l'oubli . Les dieux eux même ont leur lois, et qui les viole, se retrouve enfermé dans les limbes de l'isolement le plus total .
Elle fut chassée , après sa propre rébellion face à temps d'injustice, et se retrouva emprisonnée dans le néant, autrement connu sous le nom de ''Limbes des heures '', et vit ses chances d'atteindre de nouveau la lumière et la gloire que procurent les légendes, s'amoindrir petit à petit …
Oui, elle avait autrefois aimé les humains si tendrement, que leur coup bas mis effroyablement fin à toute trace de sérénité et d'équilibre . Elle les haïssait maintenant, et n'attendait que le jour ou ils s'écrouleraient à leur tour, transplantés par un renouveau irréversible .


- Ou vas-tu ? Tu sais que ta place est ici, tu ne peux partir trop longtemps .

Alors qu'elle allait sauter pour rejoindre la réalité des hommes, le gardien des Limbes et du Temps l'interpella . Se retournant progressivement, se dressant de toute sa hauteur , elle lui sourit, d'un de ces sourires impénétrables et mielleux .

- Allons mon brave Väktare… Depuis quand me refuses-tu une sortie ?


Väktare, le gardien des Limbes du temps, était l'un des rares dieux de cette époque, à ne pas afficher une forme humaine . Il était difforme, arborait un torse puissant, des mains immenses, et un casque recouvrait le semblant de visage qu'on aurait pu lui découvrir, le tout surmonté de deux cornes immenses . Malgré tout, Elle savait à cet instant, qu'il la dévorait du regard, subjugué par son sulfureux charisme de déesse, que les limbes eux même n'avait pas réussi à lui enlever.

- Vas-y …

Il ne lui fallut pas un mot de plus de sa part , pour qu'elle s'en retourne, et se penche vers le vide . Les ténèbres caractérisant le monde des Limbes disparurent au fil de sa douce chute, tandis que la lumière l'enveloppait, l'assurant d'un atterrissage des plus gracieux possible .
Des montagnes apparurent , et de là, elle pu sans peine localiser sa ''proie'' . Elle n'accorda pas un regard aux autres humains, innombrables, peuplant les terres d'Hyrule …
Elle n'était pas venu pour eux . Elle se déplaçait seulement pour une illusion, la seule chose, qui lui appartenait sans aucun doute .
Lorsque le sol fut réellement distinct, la déesse se changea en poussière, et, dans un bourrasque de lumière et de soufre, son apparence humaine se fixa .

Une jeune femme à la peau blanchâtre et douce, les cheveux toujours vert , enveloppée dans une cape de voyage , mit pied à terre, dans le silence le plus total . Cette fin de nuit jouait en sa faveur , et elle ne s'en plaindrait pas .
D'un pas assuré, elle traversa le petit village connu sous le nom de Cocorico , se dirigeant irrésistiblement, sans l'ombre d'une hésitation, vers le cimetière, reculé de l'agitation matinale discernable par ici .

Voilà que tout allait subitement devenir divertissant … Enfin …
Elle aimait tant ces moments , où elle seule gardait encore le contrôle de tout .
Deux êtres cependant, demeuraient face à Mirage . Mais cela ne démonta en rien son engouement . Au contraire, elle jubilait d'impatience , se délectant d'avance de cette rencontre inhabituelle .
Elle se sentait libre, il lui semblait que les feux des regards adorateurs étaient de nouveau rivés sur elle . C'était si envoutant, que d'échapper à l'oubli...

Les deux hommes semblait connaître Mirage . L'un deux prononça clairement son nom, bien que la victime ne le reconnu évidemment pas . Il était déjà dans un état si critique … mais c'était si adorable à contempler, et excitant .
Mirage n'était pas humain.. Pourtant, une chose si pourrie et usurpatrice méritait-elle plus de respect ? Non... Elle n'avait de renommée que le divertissement qu'elle procurait à la déesse .

D'un pas léger et à peine audible, elle s'avança entre les tombes, d'où elle pouvait percevoir les pleurs et remords de certains morts, au plus profond d'elle même . Une fois à la hauteur des deux hommes, elle leur lança, d'une voix suave et assurée :


- Bonjour...

De sa démarche la plus assurée, arborant un sourire provocateur et tranquille , elle se rapprocha encore d'eux.
Des insolents impudents, si insensibles que l'un deux en était même venu à se moquer de son jouet un peu avant.
Elle se tourna tout d'abord vers cet homme ci. Pas que l'autre fut moins intéressant, oh non, mais il n'y avait aucun intérêt à perdre du temps pour des choix aussi futiles.

- Je dirais qu'il ne se sent pas très bien, mais, on peut attendre sa réponse si cela vous chante mon cher …

Étouffant un rire des plus malsains, elle donna un coup de pied à Mirage, plus invalide et inhumain que jamais . La lueur de la lanterne du deuxième jeune homme, offrait un spectacle peu ragoutant . La peau commençait à se détacher en lambeau du corps inerte, laissant entrevoir une couche d'apparence grise et lisse , qui, en aucun cas, ne rappelait la chair humaine.
Ce spectacle restait décidément, toujours aussi intéressant et drôle .

* J'arrive à temps dirait-on … *

- Vas y … Réponds à ces Messieurs ! Comment vas-tu , en ce début de journée si agréable ?

Le corps de Mirage n'eut aucune réaction. Situation prévisible bien entendu . La déesse ne faisait cela que par pure distraction .
Et elle ne pouvait ignorer les deux autres pantins ici présents, ce serait un vrais gâchis . Mieux valait-il leur laisser le temps de faire leur preuve, avant de disparaître .

- Je crois qu'il n'a pas envie de répondre … C'est tellement, tellement dommage …

Elle fit volte face, puis se colla contre l'homme au cheveux noirs. Son corps chaud était des plus agréables pour un humain tel que lui, et dégageait une force tellement alléchante, que l'idée de l'éliminer plus tard, afin d'effacer tout témoignage de ce qui allait suivre, paraissait presque outrageante...

- Tu me plait tu sais … Peut être, puis-je t'être utile en autre chose ?

Elle quitta sa cible du regard, lorsque le deuxième homme , très différent du premier s'agita étrangement .

- Peut être que ma présence vous dérange Messires ? Vous m'en voyez terriblement confuse …

L'autre personne était rousse, et semblait plus jeune . Une certaine détermination émanait clairement de son âme , enveloppant son être entier, bien que ce fut invisible pour un œil humain .
Elle s'élança alors vers lui, puis s'agrippa à son bras . Elle caressa de son autre main ses cheveux roux, puis sa joue droite, pour enfin laisser glisser ses doigts fins sur ses lèvres si mignonnes.


- Cette peau ...Si douce … Qu'est ce que deux jeunes gens comme vous font ici ? Ne vous a-t-on jamais dit de ne jamais importuner une raclure mourante ? Mais peut être ce genre de spectacle vous fascine-t-il ?

Elle marqua une pause, prenant le temps d'observer l'autre homme, puis, elle lâcha enfin le roux, pour finalement aller s'assoir sur le haut de la tombe ou était écroulé Mirage , et posa ses pieds , chaussés d'escarpins, sur la tête de ce dernier .

- Cet endroit empeste la mort et la solitude . Il pullule de cadavre en quête d'une paix éternelle, il reverse tellement de regrets et de souvenirs … Oui, dites le moi... Qu'est ce que deux impudents si charmants comme vous font ici ?


Luka

Le Changelin

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(vide)

[ HRP : La qualité de mon post est... Irk. Rien que d'en parler, ça m'énerve =_= Trop discontinu. Et je sais qu'il ne s'enchaine pas de manière logique. J'aurais voulu développer plus, mais... j'y arrive pas. J'en suis désolée, les filles. Bonne lecture quand même ? ]



La voix de l'Autre se faisait courtoise, mais c'était de la pure hypocrisie qui perçait avant tout dans ses paroles - et l'amusement barbare qu'il ressentait en voyant l'état pitoyable dans lequel était plongé Mirage, Abigaïl pouvait la percevoir. Cela le fit grincer des dents. D'un geste brusque, il écarta l'Autre de Mirage, tout en lui lançant un regard sombre. Psychopathe, d'accord, mais là c'était tout bonnement trop cruel.
Le jeune garde ne reconnaissait presque plus Mirage... Ce dernier présentait un aspect si lamentable qu'il crut entrevoir une peau grise et terne. Trop horrifié pour ne serait-ce que prononcer un seul mot de réconfort, il le vit cracher de la bave et du sang - en un gargouillis qui lui pinça le cœur - avant d'ouvrir ses yeux vitreux. Etait-ce réellement la même personne ? Etait-ce réellement le Mirage souriant, agaçant, languissant, affalé sur la table d’une auberge à la Place du Marché ? Il ne le connaissait pourtant pas très bien. Juste assez pour pouvoir proférer des injures à son encontre. Mais là… Là, ce qui s’étendait sous ses yeux, c’en était presque trop pour lui. Il était trop jeune – trop inexpérimenté – pour pouvoir supporter une telle vision sans broncher.

L'air grave, il voulut saisir la main de Mirage ; il se rappela à l'ordre au dernier moment. Ce n'était pas prudent... Alors il se contenta de prendre la parole d'un ton dur. D'un ton assuré.


- Écoute pas ce connard d'Autre ! C'est Abigaïl. Accroche-toi, Mirage. On va essayer de te sortir de là.

L'hylien savait bien qu'il ne pouvait pas faire grand chose pour l'agonisant. Cependant, il refusait de baisser les bras aussi stupidement... Balayant le cimetière d'un regard alerte, le garde réfléchissait à toute vitesse. Il fallait agir vite. Devait-il le transporter chez lui ? Non, le trajet était trop grand, il ne tiendrait pas la route. Mais alors, il se retrouvait dans l'obligation de réveiller des habitants du village ? Il fallait avant tout placer Mirage dans un endroit sûr et confortable puis contacter un médecin le plus rapidement possible. Pour le reste... Il ne savait pas, et n'avait aucun moyen de le savoir. Il inspira un grand coup. Rester calme... Surtout, rester calme...

- Bonjour...

Abigaïl sursauta, la main placée sur la garde de sa dague. Qui ? D'un geste brusque et automatique, il se tourna vers le nouveau venu. Ou plutôt... la nouvelle venue. Si sa voix avait été chantante et mélodieuse, son apparence, elle, n'était qu'harmonie. Ses cheveux verts se mariaient à merveille avec sa peau laiteuse, qui semblait presque luire dans la nuit... Mais le jeune garde ne se laissa pas aller à fantasmer sur cette apparition merveilleuse. Non ; sa grande méfiance hurlait plutôt, le transperçait par tous les pores de sa peau. Une inconnue, aussi somptueuse et magnifique ? Cela, il pouvait le concevoir. Mais certainement pas à une heure aussi avancée, et dans un lieux si peu fréquentable !
Non ; sa première pensée n'avait pas été d'admirer la beauté de l'être qui venait d'effleurer son regard. En fait, il s'était plutôt dit quelque chose allant dans les lignes de :


*Qu'est-ce que cette put* fout là ?*

Il fallait dire les choses telles qu'elles étaient, la femme était si peu vêtue que l'hylien avait tôt fait de la confondre avec une prostituée. Surtout que ses gestes s'avéraient assez... sensuels. Et provocants, aussi. Cela le fit froncer les sourcils. Déjà que cette personne surgissait de nulle part, elle prenait aussi de grands airs ? Et bien soit. Qu'elle le fasse.
Mais il n'hésiterait pas à lui faire tâter de sa dague au premier geste menaçant.


- Je dirais qu'il ne se sent pas très bien, mais, on peut attendre sa réponse si cela vous chante mon cher… Vas y… Réponds à ces Messieurs ! Comment vas-tu , en ce début de journée si agréable ?

Un rictus des plus hideux apparut sur le visage de la femme, alors qu'elle se mettait en tête l'idée de maltraiter un peu Mirage. Elle lui balança un coup de pied particulièrement sournois, sachant très bien qu'il ne pouvait pas répondre... De là où il était, sous la faible lueur de la lanterne, il pouvait apercevoir un pan de peau se détacher du corps de Mirage. Cette scène donna la nausée au garde. Il sentait une rage terrible gronder en lui. Comment pouvait-elle ? Comment pouvait-elle se permettre ?! On aurait dit qu'elle s'amusait, comme une enfant de bas-âge... Et si l'instant d'avant il avait pu la trouver belle à en couper le souffle, le nouveau coup d'œil qu'il lui lança lui permit une vision plus appropriée :

Il n'avait jamais trouvé une femme aussi répugnante que celle-ci.

Pour la première fois de sa vie, il sentit toute l'injustice de la situation, et cela fit monter sa colère. Il ne voulait pas connaître les raisons pour lesquelles cette nouvelle arrivante agissait ainsi. Les faits étaient là, et cela lui suffisait. Les dents serrées, il voulut se jeter sur elle pour la repousser violemment, lui cracher à la figure, l'injurier à profusion... Tout. Tout sauf l'immobilité à laquelle il était contraint, à laquelle son compagnon semblait avoir déjà cédé.
Il se fit pourtant devancer par l'objet de son animosité.


- Je crois qu'il n'a pas envie de répondre … C'est tellement, tellement dommage …

Par les Déesses.
Elle venait de se... coller contre l'Autre ?
La fureur serait un euphémisme pour exprimer ce que ressentait Abigaïl.

Oh, ce n'était pas de la jalousie. Ce n'était pas comme s'il ressentait quelque sentiment intempestif pour l'imbécile de [strike]tueur à gages[/strike] fleuriste, non. Mais... Il avait beau dire, il s'était attaché à lui. D'un manière ou d'une autre. Et, d'une façon assez abstraite et décalée, il le considérait un peu comme faisant partie du décor qui l'environnait quotidiennement, à présent... Voir un élément - plus que - perturbateur dans ce tableau était une situation presque inimaginable... Pis ! Une prostituée, au bras de ce coureur de jupons, c'était tout simplement une malédiction. Surtout qu'ils s'étaient engagés ne voilà même pas une semaine...
C'était un affront. Un parjure. Un atteinte à sa vie privée à peu près stable - et à tout ce que les sens militaires du jeune homme nommaient "honneur".


- Tu me plait tu sais … Peut être, puis-je t'être utile en autre chose ?

Ce fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase.
Toutes les femmes - et je dis bien TOUTES - sans exception aucune s'étaient retrouvées la porte au nez lorsque l'Autre les avaient ramené dans la demeure d'Abigaïl. Alors que cette... cette catin se permette de tels gestes, de telles paroles ! C'en était décidément trop pour l'hylien. Surtout que cet imbécile d'Autre ne faisait absolument rien pour se dégager du corps chaud et langoureux de la femme ! Avait-il donc les yeux crevés pour ne pas s'apercevoir de toute l'absurdité de la situation ?! Une femme si attirante, au beau milieu d'un cimetière, au beau milieu de la nuit ? Et rien que pour eux ? Cela puait l'arnaque à trois kilomètres de distance. Il ne sortit pas sa dague de son fourreau - ce serait une réaction bien trop extrême, même lui pouvait s'en rendre compte - mais s'apprêta plutôt à donner un coup de poing virulent au visage si parfait de la jeune femme. Histoire de lui faire ravaler son sourire enjôleur. Peut-être qu'après coup, elle pourrait enfin donner les véritables raisons de sa venue ?


- Peut être que ma présence vous dérange Messires ? Vous m'en voyez terriblement confuse …

- Oh oui, elle nous dérange, votre présence de...! Et n'faites pas genre ! Je hais l'hypocrisie.

A ces mots, il lança un regard plus qu'évocateur à l'Autre. Comme pour lui rappeler son attitude précédente. Comme pour le prier de ne pas recommencer devant lui... Ou de ne pas rester stupidement planté là. De faire quelque chose. Cependant, il ne put rajouter quoi que ce soit car déjà, plus preste qu'un rapace, la femme s'était agrippée à son bras. Il se figea, plus tendu que jamais, alors qu'elle caressait ses cheveux d'un geste presque aimant - et un frisson le parcourut lorsqu'il sentit ses doigts glisser sur sa joue.
Sa peau était encore plus froide que la pierre ; mais c'était lui qu'elle venait de changer en statue de sel.
Il n'arrivait tout simplement pas à bouger. Il ne s'y connaissait pas en matière de magie... Pourtant il aurait presque dit qu'il était sous l'emprise d'un charme. Sous l'emprise d'un maléfice. Il avait cette impression indistincte que quelque chose de pesant le retenait sur place, lui bloquait le souffle...
L'émotion qu'il ressentait était horrible.


- Cette peau ...Si douce …

Elle le dégoûtait.

- Qu'est ce que deux jeunes gens comme vous font ici ? Ne vous a-t-on jamais dit de ne jamais importuner une raclure mourante ? Mais peut être ce genre de spectacle vous fascine-t-il ?

Il n'avait jamais rêvé avec autant de force de frapper une femme.
Il ne supportait plus ses manières guindées, sa voix enchanteresse, son regard hautain. Il ne l'écouta même pas continuer, partir en envolée lyrique. Cela ne valait même pas la peine. Tout ce qu'il voyait, c'était son corps souillé perché du haut de la tombe de feu son frère ; tout ce qu'il entendait, c'était le bruit déchirant de ses escarpins écrasant le crâne de Mirage. Sans même réfléchir, il la coupa court dans sa tirade, une expression de pure agressivité prenant place sur son visage :


- Et si vous nous disiez plutôt ce qu'une put* comme vous fait ici ? Ça nous avancerait déjà plus, à mon avis. Les intrus, ici, ce ne sont pas nous, j'vous signale.

D'un geste brusque - qui lui parût tout à fait naturel sur le moment - il s'empara de la main de l'Autre et le tira vers lui avec violence. La lanterne qui faillit se renverser sous le choc ? L'expression narquoise que devait afficher son sombre compagnon ? Il s'en foutait complètement. Ce qui comptait, c'était de savoir qu'il n'était pas tout seul face à cette apparition - cette sorcière.
Parce qu'il avait beau adorer foncer tête baissé, il n'était pas dupe au point de sous-estimer la femme... non, l'entité qui se tenait devant lui. Cela, son instinct le sentait, plus fort que jamais. Il ne fallait pas se fier à son apparence.
Elle était dangereuse.


- J'crois que je vais m'exprimer autrement : Soit vous l'aidez, lui...

Il pointa Mirage du doigt, son regard se faisant féroce. Et cette même main - celle qui ne retenait pas l'Autre près de lui - ne s'éloigna pas bien loin de sa dague.

- ...Soit vous dégagez. Aussi vite que vous êtes venue.

C'était aussi simple que cela. Et dans le fond, il ne savait pas lui-même ce qu'il aurait préféré, entre ces deux situations - son égoïsme hurlant à la femme de partir sur-le-champ. Mais... non. C'aurait été tout bonnement trop cruel. A cela, son regard dévia une brève seconde sur l'Autre...
La cruauté ne faisait pas partie de ses principes.


Aalis


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(vide)

[HRP: Le irk que tu as poussé face à ton post- que j'aimerais bien en pondre des aussi pourris que toi, tiens- n'est rien comparé à celui que tu pousseras face au mien. Je tue tout, moi. Même en médiocrité]


Oh, Abi-chou, c’est bon. Pas la peine de me regarder comme ça, très cher. On ne repousse pas les avances d’une aussi belle dame, même si l’on se trouve au milieu d’un cimetière, et que ladite belle dame porte sur son corps l’équivalent en mètre carré de tissu d’une serviette de bain. Surtout lorsque, par quelque étrange maléfice, on se retrouve totalement subjugué et dans une certaine incapacité à bouger.
Voilà ce qui résumait à peu près les pensées de l’Autre lorsque la belle inconnue se colla à lui. Froide. Glacée. De son corps n’émanait pas la moindre petite parcelle de chaleur… vivante.


- Tu me plais tu sais … Peut être, puis-je t'être utile en autre chose ?
-Voyons, mademoiselle. Peut-être cet endroit n’est-il pas approprié pour de telles propositions ♥


Mais cette réponse s’étouffa dans la nuit, lorsque, déjà, la demoiselle se tourna vers Abigaïl.

- Peut être que ma présence vous dérange Messires ? Vous m'en voyez terriblement confuse …

- Oh oui, elle nous dérange, votre présence de...! Et n'faites pas genre ! Je hais l'hypocrisie.

L’Autre ne se sentait absolument pas visé. Ce coup d’œil éloquent ne le concernait aucunement. Tut tut tut. Aucunement. Lui, hypocrite ? Certes. Mais pas beaucoup plus que le commun des mortels. Dont Abi-chou faisait également partie, après tout… Il sortit son plus beau sourire emplit d’innocence, et répondit à son tour.

-Il est vrai, belle dame, que vous nous dérangez en pleine réunion familiale, voyez-vous. Ca n’est pas très… adéquat, hmm ?

Par les Déesses. Etait-ce bien son cher et tendre qui venait de se faire agripper le bras avec autant de convoitise par une jeune femme pratiquement nue au beau milieu de la nuit ? Est-ce qu’elle était en train de… de… le caresser ?
Ah, ça, c’était bien embêtant. Qu’Abi-chou tombe entre les griffes d’une femme sous ses yeux. Et surtout une femme aussi… inhumaine. Il allait difficilement laisser passer ça sans réagir, bien que l’expression figée de dégout du rouquin soit absolument distrayante. Il s’arrogeait le droit de martyriser son époux. Il le laissait difficilement aux inconnues, qui, bien que sublimes, semblaient… plutôt… pas très respectables ?
Il posa une main sur l’épaule d’Abigail. Sans dire un mot. Juste avec son sourire, qui d’innocent s’était fait railleur. Et enjôleur. Il ne fallait pas oublier qu’il se trouvait aux côtés d’une représentante de la gente féminine. On devait garder ses manières, voyons. Même si on signifiait bien que les caresses, sur le rouquin, on évitait de les faire devant lui.
Elle cessa son petit manège, pour continuer, de sa voix toute aussi caressante et sensuelle que ses gestes :


- Qu'est ce que deux jeunes gens comme vous font ici ? Ne vous a-t-on jamais dit de ne jamais importuner une raclure mourante ? Mais peut être ce genre de spectacle vous fascine-t-il ?

Mais non, pas du tout. Qu’est-ce qui vous fait dire ça ?

- Et si vous nous disiez plutôt ce qu'une put* comme vous fait ici ? Ça nous avancerait déjà plus, à mon avis. Les intrus, ici, ce ne sont pas nous, j'vous signale.

Roh, là là, que de grossièretés. Enfin. Il fallait bien l’avouer, l’Autre comprenait à peu près Abi-chou : Il était sur la défensive. Ce qui était normal. La… bien jolie chose qui se trouvait face à eux n’était manifestement pas une prostituée inoffensive en quête d’affection et de rubis. Mais même s’il trouvait la nouvelle venue étrange, cruelle, sadique et tout le tintoin, il parvenait difficilement dans son esprit tordu et malmené à la trouver inquiétante. Oh, il était vrai que le fait qu’elle joue avec la loque qu’il avait trouvé le premier ne lui plaisait que moyennement. Bien sûr. C’était pas très fair-play.
Il se fit tirer vers le garde d’un geste violent et rageur. Oh ! ♥ Quelle fougue ! Quel homme ! Réflexe protecteur ? Bah voyons. Il avait failli renverser leur belle torche.


- J'crois que je vais m'exprimer autrement : Soit vous l'aidez, lui... Soit vous dégagez. Aussi vite que vous êtes venue.

-Ou bien, vous pouvez également vaquez à vos petites occupations et nous laisser vaquez aux notre, mademoiselle… Et, je vous en prie, ces chaussures ne sont définitivement pas adaptées.

Il regarda les jolis pieds de la femme posés sur le crâne de Mirage. Non, vraiment. Des pieds si délicats n’avaient rien à faire sur la tête de cette chose. Même si la femme semblait être la preuve vivante qu’il ne fallait pas se fier aux apparences, même si son aura semblait tellement subjuguante, maléfique, énorme qu’elle ne pouvait être celle d’une demoiselle ordinaire, l’Autre gardait un certain souci d’esthétisme. Il était bon de rester soi-même, en toutes situations. Et la parlotte faisait partie intégrante de lui-même. Alors autant continuer. A parlotter sur un sujet anodin et définitivement, irrésistiblement décalé par rapport au contexte actuel.
Des chaussures.


-Regardez moi ça, ma chère ! Des escarpins protégeant des pieds aussi délicats, dites-moi, est-ce une tenue adaptée pour une petite escapade dans un cimetière ? Surtout, que, j’ignore si vous vous en rendez-compte, mais si vous continuer à écraser le crâne de cette pauvre… « raclure mourante », comme vous dites si bien… vous allez puer des pieds.

Hu hu ♥. Raconter n’importe quoi. Il ne pouvait s’en empêcher. C’était dans sa nature. Chassez le naturel… il revient au galop.

-Et puis, regardez de plus près, je crois bien qu’il est en train de pourrir. Et si on ne fait pas quelque chose pour lui rapidement, voyez-vous… Ce ne sont pas que vos pieds qui fleureront mauvais.

Ce qu’il faisait était totalement imprudent. Il était en train de parler odeur avec un truc aux formes sulfureuses dont il ignorait totalement l’étendue des pouvoirs. Ce n’était pas très raisonnable.

-D’après ce que j’ai compris, il est encore vivant, mais l’odeur d’agonie, il est très difficile de s’en débarrasser…

Il lui décrocha son sourire le plus narquois possible. Allons bon, avec un peu de chance, cette damoiselle n’était pas dangereuse, juste une folle empreinte de délire mégalomaniaques et d’une certaine envie de plaire qui avait poussé la promenade jusqu’aux grilles rouillées du cimetière.

-Alors autant éviter d’en imprégner vos jolis petons, qu’en pensez vous ?

Et dans le cas contraire, Abi-chou, nous seront deux à connaître le châtiment d’une femme en colère. Ah ! Unis jusque dans la douleur. Nous nous y sommes engagés.
Voilà ce qui résumait à peu près les pensées de l’Autre tandis qu’il parlait à la belle inconnue.
Il sentit comme un frisson d’excitation. Ou d’un je-ne sais quoi de… grisant. Il remercia feu son beau-frère, et aussi sa manie à suivre continuellement son jeune époux. Il se passait des choses intéressantes, dans le coin.
Très intéressantes.