Posté le 10/01/2013 22:35
Les mots de Cécilia avait au moins le don de rassurer la jeune Villarreal. Alors qu'elle ne savait plus où elle allait, que sa cause semblait perdue et que son manque de confiance en elle devenait presque criant, elle savait qu'au moins une amie serait là, en cas de besoin, pour elle. C'était comme une sorte de filet de sécurité, le genre dont elle n'avait jamais pu profiter auparavant. Les choses avaient tellement vite changées pour elle... Les sentiments de colère, d'amitié, de pitié, de haine ; elle en découvrait les saveurs et les effets chaque jour passant. Autrefois si froide, inébranlable et sans état d'âme, elle laissait maintenant transparaître ce qu'elle était au fond d'elle-même : une pauvre petite orpheline cherchant désespérément à se rattacher à quelque chose.
Si seulement elle avait eu assez de recul à l'époque pour se rendre compte de ça à ce moment. Malheureusement, la miss était tellement tiraillée et aveuglée qu'elle était incapable de faire preuve de lucidité, du moins, pas assez pour se rendre compte qu'elle était dans l'erreur.
Soudain, alors que la danseuse parlait de nouveau, des bombes éclatèrent et un gaz blanc se répandit sur quelques mètres autours d'elle, les laissant momentanément sans la moindre visibilité. Swann fut totalement dépassé par les évènements sous le coup de la surprise et ne fit rien, à part rester plantée sur place. Ses membres tremblèrent légèrement lorsqu'un frisson lui parcourut le dos. Peur. Était-ce cela, la peur ? Sans doute non, du moins pas à son paroxysme. Tout se déroula assez vite pour qu'elle reprenne rapidement son calme.
Elle sentait pourtant de léger tremblements dans les jambes. Son regard descendit, tandis que le nuage blanc qui s'était formé était dispersé par son amie, et elle découvrit son guépard en état de détresse total. Celui-ci s'était collé à sa "mère", et feulait, crachait dans n'importe quelle direction, quand ce n'était pas un simple éternuement dû à la bombe à poivre. Éternuements qui gagnèrent d'ailleurs Swann, au passage, mais rien de bien méchant. Le Cygne s'empressa de poser la main sur l'animal pour le rassurer, avant d'échanger un regard d'incompréhension avec Cécilia.
Toujours sans dire un mot, elle découvrit enfin le résultat de cette attaque. Et elle l'accueillit avec de gros yeux ronds, en premier lieu. Une tombe, avec le nom Villarreal gravé dessus. Swann en resta bouche bée quelques instants, jusqu'à ce qu'une vive douleur ne la lance au niveau de l'omoplate gauche. Ses oreilles cessèrent d'entendre, d'abord, puis son corps se refusa à tout mouvement. La douleur, continue, s'intensifiait et se répandait à tout son être, jusqu'au plus profond d'elle-même. Elle voulait crier, mais elle ne le pouvait plus. La dernière chose qu'elle vit fut Cécilia s'éloigner de quelques mètres, puis à ses yeux s'exposa une nouvelle réalité.
Elle était toujours au cimetière. Pas Cécilia. Le sol n'était plus boueux et humide, simplement sec. Et il faisait nuit. On pouvait apercevoir quelques monstres aux alentours, encore assez éloignés pour qu'ils ne causent aucun problème majeur. Elle sentit quelque chose se frotter contre sa jambe gauche, et baissa immédiatement la tête pour voir que Seatah l'accompagnait toujours.
Elle ne savait pas ce qu'il se passait. Était-ce un rêve ? Une vision ? Tout paraissait étrangement réel, jusque dans les sensations qu'elle percevait. Le vent, le guépard, les odeurs... Son corps tout entier répondait et interagissait avec cet univers, cette autre dimension. « Il est des plus belles lunes pour enterrer un membre de la famille, n'est-ce pas ? » Swann sentit en elle toutes les fibres de son corps qui réagirent à l'entente de cette voix. Elle la reconnaissait parmi des milliers d'autres ; si unique, si douce, si agréable à l'oreille lorsqu'elle ne criait pas. Néanmoins, l'impossibilité d'une telle chose était telle qu'elle ne se retourna pas d'un coup. « Ma... » commença-t-elle, tout en se tournant lentement vers la source de cette voix, jusqu'à ce que son regard croise le sien. « ...man ? » réussit-elle a peine à souffler, sous le choc de ce qu'elle voyait devant ses yeux.
Clair-de-Lune était debout, devant elle. Toujours aussi belle, et toujours aussi pétillante de jeunesse. Identique jusque dans les moindres détails, la jeune femme restait tout à fait fidèle aux souvenirs de sa fille. Swann ne se posa pas la moindre question quant à la réalité de la chose ; sa mère était morte, là où elle avait laissé Cécilia. Ce devait être un rêve, alors. Provoqué par quoi ? Ca, elle n'en avait pas la moindre idée, et la question ne lui traversa même pas l'esprit, à vrai dire.
" De... De qui parles-tu ? Qui est mort ? " Articula-t-elle avec difficulté, tandis que son esprit s'habituait peu à peu à la situation, et se calmait sensiblement.
" Eh bien... euh... " barbouilla sa mère, sous le coup de la surprise. Elle ne s'attendait pas à une telle question venait de sa propre fille. " Tu sais bien... ton... enfin... "
Le regard du Cygne se déporta jusque sur une tombe. De grands yeux horrifiés s'ouvrirent alors, puis elle s'avança et s'agenouilla devant la tombe en trombe, n'arrivant pas à croire à cette mascarade. La tombe arborait le nom de Villarreal... Eisuke. Son propre frère.
Elle ne comprenait plus grand-chose. Ou était-elle tombée ? Tout était bien trop réel pour que ça ne soit un rêve ; impossible également qu'il s'agisse là d'une hallucination. En vérité, elle aurait pu jurer sur sa vie être en train de vivre ce moment, alors que tout était pure fiction. Son frère était parti d'Hyrule il y avait deux mois déjà, avec le coeur de leur mère implanté dans sa poitrine. La scène se déroulant devant elle ne pouvait pas avoir lieu... C'était impossible. Plus que ça, même : inimaginable.
Un clignement d'oeil plus tard, tout était revenu à la normal. Enfin, si normal était cette tombe sur laquelle était gravée son nom, bien sûr. Cécilia lui était réapparut, au même endroit où elle l'avait laissé, tout comme son guépard peu rassuré et coller à ses jambes, observant les alentours. Qu'est-ce qu'il venait de se produire ? Un rêve ? Impossible en prenant en considération les éléments déjà répertoriés plus haut. Elle avait juste... échappé à la réalité, l'espace d'un instant. Son esprit s'était volatilisé.
La tête emplie de mille question, son regard se reposa sur la tombe ; elle s'approcha par curiosité pour en lire le message, tandis que Cécilia la rejoignait. Son amie était tendue, ça se voyait. Mieux, ça s'entendait dans le timbre de sa voix. Une fois ayant pris connaissance du message laissé par les assaillants, les âmes, elle se redressa et confronta son regard perdue à celui en colère - mais adouci - de la danseuse.
" Je... Ce n'est rien, t'en fais pas... " dit-elle, presque dans un murmure, avant de regarder autours d'elle, cherchant des ennemis qui avaient déjà fuis depuis longtemps déjà. " Rédemption, ce n'est qu'un réseau... formé par quelques compagnons dont je fais partie, comme tu l'auras compris... mais mieux vaut pour toi ne pas en savoir plus, dorénavant. "[/color]
Elle posa une main contre son front, puis ferma les yeux. Elle avait mal au crâne, étrangement. Sûrement était-ce à cause de cette étrange... "rêve". Ses globes ambrés allèrent une nouvelle fois se poser sur la tombe, puis elle soupira et commença à avancer vers la sortie du cimetière.
" Il faut que je parte... " Fit-elle, en retrouvant un ton un peu plus éclatant, plus habituel. " J'ai des choses importantes à régler. Très vite. "
Tant de choses, effectivement. Le fait qu'elle soit repérée comme appartenant à Rédemption d'Ambre était la priorité. Ces âmes avaient plutôt bien effectué leur besogne, pour le coup. Sûrement que ce qu'il venait de se passer dans ce cimetière changerait considérablement la donne concernant la suite des évènements. Elle n'avait pas prévu un tel coup de théâtre.
Ses pas la menèrent elle et son compagnon félin jusqu'à la sortie du village.
Vite. Le temps pressait. Ses compagnons et elle pouvaient être en danger, à cette heure. Tout comme la population qui allait vraisemblablement encore souffrir de ce mal incurable. Tout ce que pour Swann se battait était directement visé, encore et toujours. C'en était trop.
Et quand un Villarreal décide que c'en est trop, il change la donne.