Feuilles mortes au crépuscule

Privé avec Swann.

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Eckard Falskord


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(vide)

Le bateau tanguait au rythme des vagues toutes plus violentes les unes que les autres. Chacune semblait effilée comme un rasoir et entaillait la coque de part en part. Ce n'étaient plus des trous ou des fissures qui se formèrent mais bien des ouvertures béantes dans le bois paraissant pourtant si solide. Les craquements incessants, les échardes venant se greffer dans les épidermes de chaque passager, le bruit de l'eau qui s'écoulait dans la cale... Tout était insupportable. Des cris retentissaient dans toute la mer, déchaînée comme jamais cette nuit-là. Qu'avaient-ils fait pour que les dieux déversent ainsi leur colère ? Était-ce le prix de la curiosité des explorateurs ? Plus une voile n'était en état décent. Même l'un des trois mâts semblait avoir complètement disparu. La foudre s'abattit, les vents hurlèrent, les vagues dansèrent et le bateau dériva. Chaque marin chantait sa propre miséricorde avant de passer par-dessus bord, volontairement ou non, s'il n'était pas assomé par les tangages intempestifs.
L'enfant voyait ses parents dans l'eau. Ses petites jambes frêles tremblaient, mais il osa s'avancer jusqu'à l'ouverture de la cale causée par la tempête. Sa mère lui avait pourtant fait jurer de ne pas bouger de ce tonneau, mais il ne suivit finalement pas ce conseil. Les deux parents se noyaient, bousculés par les vagues qui ne laissaient pas le moindre instant de répit, pas le moindre souffle. Et quand enfin ils purent ouvrir la bouche pour inspirer, déjà leurs corps sombraient dans l'océan. Le gamin pleurait, au bord du gouffre entre le bateau et la mer, entre la vie et la mort. Agrippé à cette épaisse corde pour ne point chuter lui aussi, il crispa ses yeux d'où coulaient d'abondantes larmes, ajoutant encore plus d'eau à ce désastre naturel. Son coeur se serra dans sa poitrine.
Il lâcha le cordage et sauta dans le vide.

Le saut semblait durer une infinité de secondes. Le temps lui-même aurait ralenti sa course effrenée pour faire sadiquement profiter au garçon de sa chute mortelle. Ses frusques trempées l'alourdissant d'autant plus, il fut bercé d'une incompréhension indicible. Sa chemise de lin trop grande pour lui s'évapora comme par magie. Des mèches blondes vinrent rencontrer le haut de ses yeux, et il vit également son corps grandir subitement. Des vêtements inconnus alors firent leur apparition sur lui : ceux de la cavalerie royale de Londëyanta. Puis l'eau. Uniquement l'eau. Sombre et étouffante. Ses parents s'éloignaient à vue d'oeil vers les abysses, mais il nageait, les suivant du mieux qu'il le put.
Hélas, ses géniteurs semblaient plus rapides que lui, alors même qu'ils étaient inconscients. Le blondinet avait même l'impression de reculer, usant pourtant de toutes ses forces pour parvenir à son objectif. Il tendait les bras pour les attraper, en vain.
Sa famille disparut sous ses yeux, tandis qu'il s'enfonçait encore et encore... Jusqu'à ce que ses yeux ne se ferment également.

Du noir omniprésent découlait une fine lumière immaculée. Celle-ci augmenta en intensité jusqu'à masquer toute forme d'obscurité. Le garçon, du haut de ses vingt-deux printemps, voyait une fois encore son arme de prédilection apparaître devant ses yeux meurtris, rougis. L'aiguille vint se ficher sur le septième chiffre du cadran figurant en guise de garde pour l'épée. La moitié de son chemin venait d'être dépassée pour le tour complet. Un grand fracas survint ensuite, comme une immense cloche que quelqu'un aurait sonnée. Puis tout redevint noir à nouveau. Deux silhouettes s'avançaient faiblement vers le blond. Les bruits de pas lents, saccadés, irréguliers, laissait deviner que ces personnes devaient boîter. On pouvait aussi entendre comme des clapotis d'eau à chaque pas qu'ils effectuaient, comme s'ils marchaient dans des flaques. Une fois arrivés à hauteur du garçon, les deux voix appelèrent.


[spoiler]Petit fond sonore.
[/spoiler]

"Endë... En... dë."

Tout était encore trop noir pour qu'il puisse distinguer clairement les deux visages à présent bien proches de lui. Mais le "paysage" se métamorphosa une fois encore. De nouveau, le garçon se retrouvait sur le bateau, ou du moins, ce qu'il en restait avant qu'il ne dérive complètement pour finir en épave dans le sable. La carcasse du navire de son père, le Tirmo Arta, encore secoué par la tempête et la colère des dieux de l'océan. À présent qu'il faisait plus clair, les deux silhouettes auparavant indiscernables dévoilèrent enfin leurs faces.
Alors, le visage de l'orphelin fut tiré par des traits horrifiants. La terreur se lisait sur son visage, comme jamais l'on ne puis la lire. Ses deux parents lui faisaient face, décharnés, littéralement pourris et décomposés. Leurs visages étaient indescriptiblement immondes, des visages morts, pétrifiés.


"Pourquoi... pourquoi nous as-tu abandonnés... Endë... ?

Il se réveilla.
Son coeur palpitait affreusement et il était en sueurs. Sa respiration avait brutalement accéléré et ses vêtements semblaient coller sa peau. Jamais de sa vie il ne fut mal à l'aise à ce point. Ce n'était qu'un cauchemar, mais il semblait si réel pour le Londëyantien.
Comment avait-il fait pour s'endormir au pied d'un arbre dans le cimetière ? Et pourquoi s'était-il rendu ici, déjà ?
Endë se releva, non sans difficultés en se tenant au vieil arbre. Une fois sur ses jambes qui le soutenaient miraculeusement, il épousseta ses frusques. L'air ambiant ne le rassura guère, et peut-être le fait de s'être assoupi ici-même était la cause de ce rêve des plus glauques. Des morts partout... il fallait quitter cet endroit au plus vite ou bien le pauvre bougre finirait dans un état pire encore. Effectuant quelques pas dans ces feuilles rousses qui l'entouraient, il s'arrêta un instant pour prendre une grande inspiration. L'heure était déjà bien tardive au vu du coucher de soleil sur le Mont du Péril. Que faisait-il ici déjà ? Une réponse que son amnésie n'allait certainement pas trouver pour lui.


Swann

Cygne Noir

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L'heure tardive et le soleil qui disparaissait à l'horizon annonçait le début de la nuit, rendue belle par le fait qu'aucun nuage ne voilait le ciel rosé. L'heure de la sortie habituel d'un Cygne qui avait pris la fâcheuse habitude de disparaître en journée pour mieux vivre dans les ténèbres. Ses pas la menaient tout droit sur Cocorico, pour une énième fois. Encapuchonnée pour ne pas trop se faire remarquer, elle était vêtue de son habituel habit noir en tissu très léger et très fin qui devenait de plus en plus supportable à mesure que l'Hiver régressait et que les arbres recouvraient toute leur splendeur et leurs feuilles.

" Tu ne manques pas de culot d'entrer encore dans ce village après avoir craché sur sa Reine. "

Elle l'accompagnait, comme souvent dès qu'un long voyage se profilait. Il était inutile de chercher à la chasser, ou même de l'empêcher de la suivre, puisqu'elle n'était que magie, une projection de son esprit provoqué par la marque ou quelconque autre chose. Mais elle était surtout la Maîtresse des ombres, celle qui lui accordait si régulièrement un fabuleux pouvoir si puissant qu'il en devenait terrifiant. Hélas, un pouvoir si coûteux en vie humaine ne pouvait être utilisé à la légère. A vrai dire, il ne l'était presque jamais.

Swann ne prêtait aucune attention à ce que pouvait bien lui dire cette femme et poursuivait sa fastidieuse avancée aux côtés de son fidèle compagnon félin. Après un très long chemin parcouru à pied - et fort heureusement sans embûches - elle passa enfin le portail du village qu'elle traversa très rapidement. L'Ombre avait cessé de lui tenir compagnie au moment même où elle était entrée, sans pour autant totalement disparaître de la circulation, puisqu'après tout elle n'était que magie.

Alors que le couché de soleil atteignait son paroxysme de splendeur et de rayonnement, elle s'engagea dans l'ombragé cimetière du village. Théodore McGreed. Voila l'objet de sa visite en cette belle soirée de printemps. C'était l'anniversaire de sa mort, et comme chaque année le Cygne Noir lui rendait visite. Ce n'était pas le remord qui la poussait à se recueillir sur cette tombe toutes ces années mais simplement le respect, celui d'un homme qu'elle avait décidé de tuer en connaissance de cause car il constituait une menace pour le Royaume. Il eu été naïf de penser qu'elle fêtait les années de morts de tous ceux qu'elle avait tué ; celui-ci le méritait. Ce n'était pas une erreur : c'était le tout premier homme qu'elle avait abattu, une nuit au clair-de-lune. La nuit où son destin avait basculé.

Un homme était déjà présent sur les lieux, aussi se stoppa-t-elle lorsqu'elle s'en rendit compte, hésitante. Elle observa très vite la posture, l'accoutrement et le reste pour se faire une rapide idée de la personne en face. Esperanza ne semblait pas craintive, alors elle se permit de ne pas se faire du mauvais sang et se remit en marche sans se douter une seule seconde qu'il s'agissait d'Endë. Cela faisait déjà bien longtemps que les deux lurons ne s'étaient pas revus.
Alors elle alla jusqu'à la tombe qu'elle recherchait et y déposa une rose, avant de croisé les mains pour se recueillir quelques instants.

Toutefois son regard fut très vite attiré par un groupe de nouveaux arrivants, armés. Quatre types aux allures de brigands, des gueules puant l'alcool et aux multiples cicatrices qui rappelaient le nombre de batailles qu'ils avaient déjà vécu. Peut-être était-ce d'ancien soldats ? Nul n'aurait su le dire. Ils s'esclaffaient, rotaient, pétaient, gueulaient, buvaient chantaient à tue-tête sans le moindre respect pour les morts qui reposaient en ces lieux. Ils passèrent devant le garçon aux cheveux blond, avant de s'installer plus loin pour rigoler et boire, désireux sans doute de rigoler un bon coup avant de se dérouiller sur les quelques monstres qui ne tarderaient pas à venir au cimetière une fois le soleil complètement disparu.
Swann quant à elle restait passive, devant la tombe. Esperanza non, puisqu'elle rejoignit le blondinet, se rappelant de son odeur. Curieuse comme elle l'était, elle ne pouvait pas s'empêcher de lui passer le bonjour pendant que sa mère passait un moment, seule.


Eckard Falskord


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Les yeux du garçon avaient longuement suivi cette jeune femme qui s'était avancée dans le cimetière, en compagnie d'un félin de plutôt grande stature. Le blond ne manqua pas d'arquer légèrement un sourcil. Il avait déjà vu cette femme par le passé, mais impossible de se souvenir où. De plus, il avait une étrange sensation, comme si cette nouvelle arrivante avait quelque chose de spécial, comme si elle était importante pour lui. Et la vue de cet immense chat tâcheté ne faisait que jouer un rôle ironique dans tout cela. Endë l'avait vu aussi il y a de cela plusieurs semaines, peut-être plus que ça même. Toujours en compagnie de cette demoiselle aux cheveux ébènes flottant dans la légère brise du soir. Le Londëyantien avait pourtant son nom sur les lèvres, et ce fut une torture mentale que de tenter de se rappeler. Il libéra son esprit en fermant les yeux quelques secondes, effectuant une grande et longue inspiration pour terminer par souffler tout aussi longuement. En relevant ses paupières tout doucement, il remarqua que le félin s'était approché de lui, le reniflant aux niveau des pieds. Alors, le sud-occidental leva calmement son bras gauche et vint le poser sur la tête de l'animal puis le caressa. La bête se laissait faire, étrangement ; le garçon ne s'y attendait aucunement. Elle finit même par s'approcher un peu plus du garçon pour venir se frotter contre ses jambes. Il se laissa faire, étonné, continuant d'effectuer quelques allez-retours de sa main sur le crâne du bestiau. Un étrange sentiment naquit en lui, de la nostalgie, une impression de déjà-vu. Oui, cet animal s'était déjà frotté à ses jambes, autrefois. Assis à une table dans une des tavernes crasseuses du Bourg, il discutait alors avec la femme passée dans les allées il y a quelques secondes. Ses yeux se levèrent aussitôt, cherchant la maîtresse du félidé. Celle-ci se recueillait au pied d'une tombe, y déposant une rose sur la pierre de marbre.
Les souvenirs la concernant revinrent alors en mémoire. Le jeune homme n'avait beau l'avoir vue qu'à peu de reprises, elle faisait d'ores et déjà partie des personnes auxquelles il s'était attaché en Hyrule. Cela faisait bien longtemps qu'il n'avait plus vu son visage, et elle lui avait manqué. Après tout, c'était bien elle qui lui permit de rejoindre la Compagnie Ocre. Endë ne l'eut jamais rencontré à nouveau depuis ce jour. Était-elle en mission depuis tout ce temps ?
Le garçon, baissé jusqu'alors, se releva tranquillement pour ne pas effrayer l'animal et s'apprêta à se diriger vers elle. Mais ce à quoi il ne faisait guère attention jusqu'à maintenant commença à le titiller. Ces voix grasses, rocailleuses et éreintées, s'élevant sans le moindre respect dans un lieu prônant "un silence de mort" lui cassaient les tympans. Ces quatre types situés un peu plus loin s'étaient assis, semblant tout ignorer de l'endroit qui les entourait. Ne leur avait-on point enseigné le respect ? Ils buvaient à foison, hurlant leurs vulgarités à qui voulait bien les entendre. Cela insupportait le blondinet, mais il se retint d'intervenir... pour le moment.
Il y avait plus important. Ses retrouvailles avec son amie.

Le Londëyantien emboîta le pas, quittant l'ombre de ce vieil arbre sans feuilles, feuilles qui constituaient une tapisserie croustillant à chaque pas. Lentement, il s'avançait vers la belle qui se trouvait à quelques dizaines de mètres. Le félin suivait le jeune homme de près, gardant un oeil avisé en direction du groupe d'individus alcoolisés derrière eux. Slalomant entre les pierres tombales, il avait fallu pas moins d'une minute pour que le garçon parvienne à hauteur de la brune. Il se trouvait à présent derrière elle, et l'animal vint retrouver sa maîtresse, se blotissant contre ses jambes.
Le nom de cette femme revint enfin en la mémoire du garçon.


"Swann."


Swann

Cygne Noir

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Le vent souffla à ses oreilles pour lui signaler les mouvements du jeune garçon dans sa direction. Tête basse, yeux fermés, les mains croisés, elle le laissa approcher avec son compagnon félin qui fut le plus rapide à la rejoindre. Elle lui tourna autours avant de s'asseoir devant elle, et son nom fusa alors que réapparaissait son regard obscur. Le ton, l'intonation et l'accent de la voix lui rappela très vite de qui il s'agissait. Rares étaient les voix qu'elle oubliait, et celle-ci était particulièrement reconnaissable malgré le fait qu'elle ne l'ait pas très souvent entendu. Endë.

" Minute, papillon ", souffla-t-elle de sa voix si douce.

Il lui fallait finir ce pourquoi elle était venu avant. Elle prit le temps - quelques secondes tout au plus - d'accorder quelques dernières pensées à Théodore avant de se retourner et jauger l'homme qui était resté derrière elle en silence. Elle ne pu s'empêcher de l'observer d'un rapide coup d'œil passant sur l'attirail du jeune homme, un vieux réflexe d'assassin qui lui faisait analyser n'importe quelle situation.

" Et bien, tu ne dis rien ? Je suppose pourtant que tu n'es pas venu me voir pour meubler, mais peut-être me trompe-je ? "

Dit-elle, un brin moqueuse. Son visage se renfrogna lorsque les vieux briscards qui s'étaient établis un peu plus loin s’esclaffèrent tous en même temps à la suite d'une blague sale dont elle avait deviné la teneur en se basant sur quelques bribes de mots et de phrases qu'elle avait réussi à percevoir. Elle sourit légèrement en se recentrant sur le garçon ; un sourire réflexe qui gardait une froideur particulière et qui trahissait légèrement les pensées de la demoiselle. Peut-être cherchait-elle juste à rassurer le garçon ? Après tout, il n'avait pas tout à fait l'air au mieux de sa forme. Lorsqu'elle l'avait quitté une nuit d'hiver, elle avait eu affaire face à un jeune homme passionné et assez bavard. Là, c'était différent. Il avait un regard mélancolique, presque rêveur.

" Qu'est-ce qui ne va pas, Endë ? " Demanda-t-elle.


Eckard Falskord


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Pour meubler ? Certainement pas. De plus, ce n'était en aucun cas dans les habitudes du blond, et ce, pour quiconque. Encore moins lorsqu'il s'agissait d'une des rares personnes pour qui il éprouvait un temps soit peu d'affection. Les mots de la brune perturbèrent quelque peu le jeune homme. Il n'était pas sûr qu'elle l'ait reconnu, de prime abord. Le Londëyantien détailla la femme qui lui faisait face avec autant d'attention que lors de leur première rencontre. Elle était toujours aussi belle, mais quelque chose semblait avoir changé, en elle. Impossible de dire quoi, et le garçon ne s'évertua point à sonder chaque mot qu'elle eut pu prononcer jusque là pour analyser son caractère. C'était elle, un point c'est tout. Aucun doute.
Beaucoup de choses s'étaient produites entre leur dernière conversation et aujourd'hui. Et Endë eu tôt fait de l'oublier le jour de son choc crânien dans le Temple du Temps, tout comme il eut oublié nombre de personnes. Le garçon baissa la tête un instant. Ses yeux revenaient sur le félidé qui s'amusait à enrouler sa queue autour des jambes de sa maîtresse. Un léger sourire se dessina sur le visage du garçon. Un sourire qui disait "merci" à l'animal. "Merci pour m'avoir aidé à reconstruire mes souvenirs" se dit-il à lui-même, ainsi qu'au gros chat tâcheté.

C'est quand Swann prononça le nom de son interlocuteur que celui-ci sursauta presque. Elle ne l'avait pas oublié. Dieu merci. Les petites perles ambrées du garçon fusèrent rapidement vers les prunelles de la jeune femme. Il comprit l'air taquin de sa précédente phrase, et cela le rassura un brin plus. Hélas, il ne savait trop se situer entre le sourire et la mine mélancolique, tant il était heureux de la revoir, et triste de son absence si longue.


"Où étais-tu passée tout ce temps ? Je ne t'ai plus revue depuis que tu m'as donné l'enveloppe, cette nuit-là."

Le blondinet ne faisait déjà plus attention aux marauds qui s'esclaffaient derrière eux.


Swann

Cygne Noir

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La Belle de Villarreal avait ce regard si particulier qu'elle accordait rarement, voir jamais. Il n'y avait nul sourire sur son visage, mais toute son attention se portait sur ce garçon comme une sœur savait être à l'écoute de son petit frère. Elle avait toujours considéré Endë ainsi et ce dès les premières rencontres. Malgré une apparence plus adulte qu'il y a un mois ou deux, elle n'arrivait pas à le considérer autrement que lorsqu'elle l'avait connu. Rêveur, lunatique, un peu niais et touchant. Une belle erreur si l'on se référait à ce qu'il avait traversé depuis ! Mais depuis le début Swann cherchait un substitut à son frère, et elle avait depuis longtemps jeté son dévolu sur lui.

" C'est tout ce qui te tracasse ? " Questionna-t-elle, amusée.

Beaucoup de temps avait passé et la dragmire était à cent lieux de ce qu'elle avait été auparavant. Si elle était moins entraînante, moins... vivante, elle restait fondamentalement la même. Elle était simplement plus calme, plus posée, et malgré le raffut des autres crétins du cimetière, l'ambiance était assez apaisante pour elle. Et elle ne s'était pas attendu à ce que le garçon soit aussi affecté par son absence pour qu'il en perde autant son entrain habituel au moment de la revoir. Enfin, elle savait qu'il couvait autre chose.

" Ne t'attend à rien de bien palpitant ; j'erre simplement dans le pays depuis quelques temps sans but bien précis. J'aide quelques personnes, à droite, à gauche et j'évite de traîner au Bourg, ou même ici. "

Il était inutile de rentrer dans les détails, et surtout il lui fallait préserver le secret quant aux dragmires. Impliqué Endë dans le secret n'avancerait à rien d'autant qu'il devait être toujours un ambré, aussi ce serait une mauvaise affaire de lui révéler ce genre de chose. Autant elle pouvait en parler avec Cécilia, autant ça n'était pas possible avec lui, ou même qui que ce soit d'autre.
Elle aurait pu dire bien d'autre chose, depuis le temps elle avait fais un bout de chemin et rencontré un bon paquet de personnes, mais elle ne voulait pas l'ennuyer avec ça.

" Et toi, tu... "
" Eh ma belle ! Pourquoi tu lâches pas ton copain deux minutes pour t'amuser un peu ici ? " Gueula soudainement l'un des hommes à travers le cimetière.

Ils n'étaient pas bien loin et fixaient le duo, les bouteilles d'alcool levé en l'air pour ne montré que plus fièrement à quel genre de jeu il voulait jouer tout d'abord. Et sûrement avaient-ils autre chose derrière la tête, bien que Swann ne se permit pas de les juger trop sévèrement en première intention. Les bougres étaient irrespectueux, ça n'en faisait pas pourtant des bandits ou des violeurs. De là à dire que l'idée ne trottait pas dans la tête du Cygne, il y avait un pas à franchir.


Eckard Falskord


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Endë avait bien compris qu'il ne fallait pas insister sur le sujet. La belle avait ses propres raisons de s'être volatilisée ainsi, sans dire mot. Et ces mêmes raisons étaient probablement justifiées. La brune n'était pas du genre à agir inconsciemment, le garçon le savait. Il espérait juste que tout irait bien pour son amie, mais cela ne l'empêcha pas de s'inquiéter outre mesure. Le blondinet n'ajouta donc rien de plus aux mots de Swann.

Elle fut interrompue dans sa réponse par les types de derrière qui semblaient bien démontés par l'alcool qu'ils avaient ingéré, et qu'ils continuaient de siffler à tout va. Elle n'avait rien répondu à leurs appels incessants et elle faisait bien. Mieux valait ignorer ce genre d'engeances. Le garçon s'était retourné pour mieux les voir. L'un de ces quatre hommes s'était même levé et commença une approche tout en titubant, s'appuyant aux pierres tombales afin de ne pas chuter.
Voir cet homme ainsi fit ressurgir une réminiscence dans la mémoire du Londëyantien. Un souvenir où lui-même avait bu de l'alcool, pour la première fois de sa vie. Il se trouvait d'ailleurs avec la jeune femme qui lui tenait actuellement compagnie, c'était même leur première rencontre. Quelles maladresses il eut ce jour-là... Cela le fit rougir quelque peu.


"Heeeeeeey chérie ! commença l'homme tout en s'avançant. Je t'dis d'venir. Eul'freluquet avec toi l'a rien dans l'slip, j'vais t'montrer un truc moi..."

L'énergumène commença à défaire les boutons de son pantalon maladroitement. Il n'y avait plus aucune supposition à faire, le blond savait d'ores et déjà ce que souhaitait cet homme. Et ce n'est pas tant la phrase à son encontre qui le fit réagir mais bien le pseudo message subliminal qui en découlait. Tout du moins, les intentions de ce type. Le jeune homme se précipita alors pour rejoindre le titubant et l'attrapa par le col -sans pour autant le soulever, il n'avait pas cette force- puis lui adressa ces mots, tout en le regardant dans les yeux.

"Trouves-toi quelqu'un d'autre, homme-qui-pue. Tu devrais pouvoir te procurer autant de plaisir avec les trois gars derrière toi, non ?"

Ce n'était pas vraiment le genre du garçon d'or et de blanc que d'agir de cette façon, plutôt belliqueuse. Mais s'il y avait bien quelque chose qu'il détestait par-dessus tout, c'était qu'on s'en prenne à ses amis. Mais si pour ce cas-là, ce fut indirectement, cette démarche ne lui plaisait absolument pas.


Swann

Cygne Noir

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L'un des hommes s'était levé et allait à leur rencontre, le pas mal assuré, signe d'une bonne dose d'alcool présent dans le sang. Swann ne fit que le regarder, tout comme Endë dans un premier temps, et sans répondre elle le laissa commencer à défaire son pantalon. Toute l'expression douce et tendre de la Belle avait disparu à cet instant précis pour laisser place à une perplexité justifiée. C'est là que son ami entra en jeu, alors qu'elle allait lui proposer de partir discuter un peu plus loin. Il alla attraper l'homme par le col et lui donner une petite leçon d'éducation. Elle resta en arrière, bien qu'elle s'avança un peu dans la direction des deux hommes lorsqu'elle vit les autres types se lever, dissimulant chacun maladroitement un couteau ou une quelconque lame dont ils auraient visiblement l'intention de se servir. Autant elle appréciait ce que le jeune homme faisait pour elle, autant il commettait une petite erreur en allant défier des hommes saouls. Car eux n'en avaient rien à battre s'ils devaient s'affronter dans ce lieu de repos éternel.

" Endë ! " Lança-t-elle au garçon pour qu'il recentre son attention sur elle.

D'un signe de la tête, elle lui indiqua les trois autres hommes qui se dirigeaient vers lui, l'air belliqueux. L'homme qu'il tenait par le col était amusé, sans doute aussi rassuré bêtement par la venue de ses amis pour le secourir. Aucun d'entre-eux ne se rendait compte de leur stupidité.
« Lâches moi, p'tit con ! » Cracha l'homme en même temps qu'un mollard en pleine gueule du jeune homme. De chaque côté du duo, Swann et les hommes se rapprochaient doucement. L'œil du Cygne était rivé sur leurs moindres faits et gestes, guettant le moindre prétexte à son hypothétique intervention. A ses côtés, le guépard s'avançait doucement en montrant les crocs. La situation ne tenait plus qu'à un fil.

Et non loin de là, deux nouveaux facteurs entrèrent en scène. Deux gardes s'étaient aventuré dans le cimetière, en entendant le boucan qu'avaient fais ces ivrognes aux allures de mercenaires de bas étage. Certes, ils pouvaient arranger la situation par leur simple autorité, mais il pouvait aussi se retrouver mêler à un conflit ouvert en plein dans le cimetière, ou même se retrouver être la cible du Cygne si jamais ils se mettaient à trop en savoir sur la dragmire. La situation ne tenait plus qu'à un fil.


Eckard Falskord


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Sans l'intervention de son amie -qui ne s'était contentée que de l'appeler- Endë aurait très probablement entamé les hostilités. Ce rappel à l'ordre le fit légèrement desserrer sa proie, chemise poisseuse en raison de l'alcool qui avait coulé dessus. Il ne lâcha pas pour autant. Jusqu'à ce que l'homme finisse par lui cracher dessus quelque chose d'assez dégueulasse, pour ne pas mâcher les mots. Le glaviot en pleine joue, le jeune homme jeta un regard noir à celui qu'il tenait encore. Les camarades de cet énergumène s'approchaient dangereusement, armés de lames à peine affutées. La situation commençait à devenir plutôt mauvaise, enfin, le blond et la brune avaient déjà vu largement pire. Toutefois le lieu proscrivait toute arme en son sein et toute forme de violence. Le garçon réfléchissait à un moyen de s'en sortir facilement. La fuite ? Envisageable, mais le blondinet souhaitait malgré tout neutraliser ces sales types pour les empêcher de dégrader et souiller le cimetière.

Fort heureusement, deux gardes pointèrent le bout de leurs truffes par ici. Probablement avaient-ils eu vent de l'agitation au cimetière ou bien avaient-ils entendu ce qui s'y passait. Ceux-ci franchissèrent l'enceinte de l'endroit-aux-tombes et pressèrent le pas pour remonter jusqu'à la source de l'agitation.


"Oh là, que se passe-t-il ici ? demanda l'un des deux chevaliers, peu perspicace.

- Nous parlions tranquillement avec mon amie quand ces hommes ont commencé à proférer des menaces à notre encontre." s'enquit le Londëyantien tout en lâchant prise, ne laissant pas la moindre occasion aux autres de rétorquer. Ceux-ci s'esclaffaient, vociférant un vocabulaire des plus exécrables qui témoignaient de leur état d'ébriété. Grommelant des insultes nauséabondes, crachant leur haine et leur mécontentement sur les pierres tombales.

"Pff... soupira-t-il. Allez, au boulot, Bert."

Les deux hommes en armure s'avancèrent alors, armés de leur hallebarde, prête à l'emploi. Ils avaient beau avoir remarqué que ce petit blond tenait l'un des types par le col, il était clair que les autres semblaient être une priorité, avec leurs couteaux à la main. Sans parler du fait qu'ils n'avaient absolument pas l'air dans leur état normal.

"Veuillez venir ici sans faire d'histoires, messieurs. Les cadavres sous nos pieds puent déjà assez comme ça, ils n'ont pas besoin de sentir vos haleines pestilentielles."


Swann

Championne d'Aegis

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La situation sembla se détendre lorsque les deux gardes arrivèrent à hauteur d'Endë et de celui qu'il tenait par le col. Les hommes arrêtèrent leur marche, non sans lâcher les couteaux qu'ils cachaient maladroitement dans leur dos et l'air tout aussi menaçant qu'avant, si ce n'était plus. Le Cygne Noir s'était également arrêté, en silence, et laissa son ami expliquer clairement la situation à laquelle ils devaient faire face. Sans surprise les gardes se penchèrent sur le cas de ces dangereux ivrognes et leur indiquèrent de se rendre dans les plus brefs délais, ce qu'ils firent sans trop discuter. Malgré de nombreuses insultes à l'encontre des gardes, de l'ambré et de la dragmire, ils suivirent les représentants de l'ordre publique.

Swann en fut soulager, et se rapprocha d'Endë pour observer en sa compagnie ce spectacle déplorable. Sans un mot, elle les regarda s'avancer en titubant - l'un d'entre-eux tomba même, forcément - à travers le cimetière. Ils passèrent l'un après l'autre juste en face du duo, non sans lâcher des regards noirs à leur encontre auxquels la jeune femme n'accorda aucune importance. Mais c'est alors que le climat était redescendu d'un cran que le dernier homme reconnut le tatouage au niveau du cou de la Belle de Villarreal. Un rosier qu'il avait déjà vu, maintes fois, et qui lui fit comprendre qui était cette femme à l'air impassible. « Toi ! » s'écria-t-il les yeux grands ouverts, surpris par sa découverte. S'il n'avait pas bu ce soir là, il aurait peut-être bien reconnu l'assassin avant tout ceci.

" T'as buté notre chef, au désert ! Tout est de ta faute ! "

Subitement, il sortit du rang sans que puisse intervenir l'un des gardes, en brandissant un couteau, le regard devenu d'un fou furieux, ou presque. Swann n'eut aucun instant pour réfléchir à ce qu'il devait être fais ou non ; son premier réflexe fut alors d'éviter le coup de poignard qu'allait lui porter l'ennemi, puis passée à ses côtés, elle lui attrapa un bras et le tordit. D'un geste brusque, elle fit rompre l'os dans un craquement sinistre et malsain qui l'a surpris elle-même. L'homme hurla dès lors sa douleur naissante, tandis que La jeune femme lâchait le membre, l'air surprise. Car elle venait de comprendre à cet instant qu'elle avait fais une bourde.

Les trois autres mercenaires se rebellèrent alors, et les gardes perdirent le contrôle du groupe. L'un d'entre-eux fut d'emblée poignarder quand l'autre dû se mesurer à un ennemi. Un combat s'engagea alors, avec au cœur de celui-ci une jeune femme à l'air abasourdie pour son erreur, par ce réflexe inapproprié qui avait engagé les hostilités. Avant de s'engager dans un combat irrespectueux envers ce lieu, elle posa une main sur le bras d'Endë pour qu'il évite de sortir une arme. « Il faut qu'on parte ! On ne peut pas combattre ici », fit-elle avec insistance, les yeux rivé sur le blondinet. Elle se fichait bien de laisser l'autre garde à son triste sort, mais s'ils voulaient éviter l'affrontement, il fallait le faire maintenant, sans s'attarder. Et c'était bien ce qu'elle comptait faire, alors qu'un des hommes s'était emparé de la lance du soldat tué et s'approchait du duo.


Eckard Falskord


Inventaire

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(vide)

Quand bien même la fuite fut une solution toute indiquée, le blond avait quelques réticences à appliquer ce plan. Les évènements s'étaient positionnés à son revers, les quatre types louches étant parvenus à retourner la situation à leur avantage. Les paroles de l'hurluberlu qui criait firent nager le garçon dans l'incompréhension. Swann avait assassiné le chef de ces hommes ? Certainement une mission de la plus haute importance qu'on lui eut confié, Endë ne pouvait réellement le savoir. De plus, le moment n'était pas tellement approprié pour poser des questions à ce propos. La brune gardait son calme du mieux qu'elle pouvait -avec une facilité déconcertante, même- mais les propos de l'alcoolique semblaient la déranger quelque peu. Elle souhaitait esquiver ce sujet, cela se voyait. Le blondinet n'allait donc pas l'importuner avec ça.

L'homme s'était dangereusement approché mais la belle fut la première à réussir son action. De l'auto-défense plutôt significative, puisqu'elle brisa le bras de l'individu s'étant jeté sur elle. Celui-ci hurla de douleur avant de se tordre par terre, comme un ver. Le son sinistre du craquement du radius avait donné quelques frissons à Endë, parcourant son dos comme une décharge éléctrique. Il ne s'attendait pas à ce qu'elle soit aussi violente, surtout en présence des gardes. Peut-être était-ce l'adrénaline qui la poussa à agir ainsi, car elle était d'origine plutôt réfléchie, ce qui ne coïncidait guère avec cet acte. Le blond regardait simplement l'homme à terre, d'un air presque dégoûté. Mais les autres arrivèrent après s'être chargés d'un des gardes. C'est là qu'il sentit la main de son amie sur son bras, ainsi que ses paroles. Le jeune homme acquiesça.


"Oui, partons."

Le Londëyantien souhaitait venir en aide au garde encore debout. Mais l'idée fut bien rapidement abandonnée. Autant ne pas s'attarder ici alors que son visage était déjà bien ancré dans les mémoires de ces sales types. Il aurait certainement quelques problèmes à cause d'eux, à l'avenir. Lui et son amie quittèrent prestement les lieux en compagnie de l'animal félidé. Heureusement pour eux que les hommes étaient sous l'emprise de l'alcool et donc à moitié maîtres de leur mouvements. La fuite n'en fut que plus aisée. Et peut-être que ces individus auront tout oublié après une nuit de sommeil. C'est ce qui serait préférable en tout cas. Les deux amis rejoignirent le Village Cocorico et tâchèrent de se montrer discrets malgré leurs marche plutôt active, tout en se fondant dans la masse pour ne point attirer d'yeux suspects.