Posté le 11/09/2013 20:53
La bataille de la forteresse avait eu lieu quelques lunes plus tôt…
La prêtresse de Farore avait été mandée par l’Eglise pour assister le prêtre aux funérailles des soldats tombés lors d’une attaque secrète du château d’Hyrule. Elle avait eu lieu pendant que tout le reste de l’armée s’était rendu à la forteresse Gérudo. La prêtresse avait cru comprendre qu’elle avait eu pour but de tuer la Princesse Zelda, mais de toute évidence, l’initiative avait échoué. Ceux qui étaient enterrés ici, au cimetière de Cocorico, étaient les soldats que les attaquants misérables avaient réussi à emmener dans leur furie. Paraissait-il même que l’un d’eux se trouvait là.
La cérémonie avait été très pieuse et solennelle, mais la prêtresse s’y était ennuyée. Elle n’aimait pas l’enterrement d’hyliens tombés simplement au combat. Elle préférait envoyer aux déesses des âmes qui leur étaient destinées, des âmes sacrifiées pour le bien commun.
Une guerre ne pouvait avoir pour but le bien commun.
Mais si elle se trouvait dans ce cimetière, alors que le soleil venait à peine de se lever, ce n’était pas afin de prier pour tous ces hommes tués brutalement dans l’accomplissement de leur devoir. C’était pour elle… ou plutôt pour elles.
La jeune femme aurait détesté que quiconque voit le regard qu’elle avait en cet instant, perdu, posé sur la stèle qui s’élevait à un mètre d’elle. La stèle qui recouvrait le caveau dans lequel sa dépouille irait, portant le nom des huit membres disparus de sa famille quasi-éteinte. Une fissure lézardait sur le haut de la pierre, et coupait en deux le nom du père.
La prêtresse de Farore était la seule de cette famille ayant survécu à la folie du père. Depuis toujours, il avait enseigné à ses enfants la notion de sacrifice et de don de soi, mais aucune de ses quatre filles n’aurait imaginé qu’il puisse appliquer ce principe dans sa propre fratrie. La prêtresse avait vu ses trois sœurs aînées disparaître l’une après l’autre dans le plus grand mystère, tandis que leur mère, prostituée traine-misère exclue du clan familial, ne donnait également plus signe de vie.
Puis une nuit, en découvrant justement sa mère sacrifiée sur un autel, entourée des hommes de la famille, la dernière du clan avait été jetée les pieds devant puis enfermée par un ami du père… qui avait fini par la laisser s’échapper. Dès lors, elle s’était mis en tête de leur faire subir le même sort que ses sœurs. Elle ne savait toujours pas comment, ni par quel miracle, mais elle avait réussi… Elle qui était si faible. Sans défense. Comme une… femme.
Et parce qu’elle était une femme, des hommes avaient tenté d’écrire son destin à sa place.
-Que les déesses vous maudissent… Vous, les fous qui bruliez votre propre chair et qui me les ont toutes enlevées…
La prêtresse murmurait aux noms de son père, mais aussi de ses frères, qui trônaient sur la stèle au-dessus des prénoms de ses sœurs. Fallait-il que même sur un tel monument, les hommes siègent plus en hauteur que les femmes ? Même lorsqu’ils étaient des criminels ? La prêtresse était bien heureuse d’honorer chaque jour des déesses, et non des dieux…
Même si son entrée dans l’Eglise avait été précipitée.
Ses yeux fixèrent la stèle, encore et encore, avec un certain voile de tristesse qui s’étendait sur ses pupilles de jade. Pourtant, tout au fond de celles-ci, la colère sommeillait… perpétuellement.
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