Perla emboita le pas aux autres, distraite; elle enroula une mèche de ses cheveux autour des ses doigts palmés. Elle pensait encore à la stèle à l'entrée du cimetière. Tous ces gens qui maintenant dormait le repos éternel... elle se demandait qui ils avaient étés, quelle avait été leur vie. Elle était distraite et suivait Gallyfrey en ne regardant que ses pieds, les sens tendus vers son amie la pluie dont les "pleurs" comme elle les appelaient enfant s'écrasait sur ses cheveux algueux puis coulait le long de son dos. Il y a quelques années à peine, elle avait pour la première fois vue l'eau tomber du ciel, et se rappelait très bien s'en être étonnée, et avoir pensé quel fleuve coulait au-dessus des nuages, si les gens étaient libres de vivre là-bas. Elle rêvait parfois qu'elle pouvait s'envoler, disparaitre loin derrière les nuages, et oublier la honte avec laquelle elle était née, et le destin qu'elle s'était elle-même donnée. Celui d'être destinée à mourir. Mais elle avait survécu.
[spoiler]Elle sentit autre perle d'eau couler le long de son cou, puis sa route fut stoppée par l'écaille argentée qui s'y balançait au bout d'une fine corde qui, sans doute, se rompra bientôt.
Elle appréciait tant le moindre contact avec son élément fétiche, qui semblait lui redonner force, l'apaiser. L'angoisse qui l’étreignait sur cette terre qui n'appartenait qu'à ceux qui étaient partis. En son fort intérieur, elle se demandait pour quelle raison on avait construit un cimetière à cet endroit, qui étaient en fait les Sheikahs et pourquoi le Village Cocorico était juste à cet endroit là, au pied du mont du Péril. Toute ses questions... elle ne s'était jamais demandé l'origine des choses, avant. Non, ç’avait toujours été une évidence que tout soit là, autour d'elle. Mais les choses commençait à changer. Elle changeait. Pour aller où? Elle n'en avait aucune idée.
Elle leva la tête quand elle faillit entrer en collision avec Gallyfrey car celui-ci s'était soudainement arrêté. Pourtant, ils n'étaient pas encore sortis du cimetière. Elle voyait Cecilia et Link un peu devant eux. Le héro du Temps l'intriguait, mais elle faisait de gros effort pour ne pas le montrer, en aucune manière que ce soit, elle détournait les yeux; on racontait tant d'histoires sur lui, que pour elle, qui n'en croyait pas la moitié, il était devenu presque une légende, un mythe inventé pour redonner courage à ceux qui douterait. Mais voilà que cette personne était là, devant elle. Avec toute ces histoires d'élus, de combat divin et compagnie, il y avait de quoi être intriqué. Mais elle ne voulait en aucun cas indisposer ou être une gêne pour quelqu'un, alors elle se taisait, essayait de ne pas le regarder de ses grands yeux bleu-violets. Elle refixa le sol, enroulant et déroulant des mèches bleues autour de ses "doigts".
Elle entendit alors quelqu'un crier et, levant enfin les yeux, Perla se rendit alors compte de l'état réel des choses: ils étaient encerclés par un groupe de gens à l'air pas très avenant, qui bloquaient la sortie -elle ne les avaient même pas remarqués avant. Ah, tu ferrai une charmante combattante, idiote, se maudit-elle intérieurement. Si ces gens étaient les compagnons de Stanislaus, le petit groupe qu'ils avaient improvisés avec Gallyfrey et Cecilia se trouvait en assez mal posture, ils étaient en sous nombre. Elle se mordit la lèvre presque jusqu'au sang quand elle réalisa subitement que Si Eux les attaquaient, elle ne servirait strictement à rien, ne serrait qu'un poids: Elle ne savait pas se battre. Ses maigres connaissances en magie ne valait pas, elle ne pouvait l'utiliser aussi vite et... oui, bon, elle se débrouillait en tapant dans tous les sens quand elle était énervée, mais elle ne tiendrait pas contre des épées au fils tranchant et des couteaux dont elle devinait les formes sur la ceinture de celui qui s'avança devant eux, sa mine revêche dressée comme signe de supériorité. Il parla, mais elle ne remarqua pas tout de suite que c'était à elle qu'il s'adressait:
[/spoiler]
«
Je peux savoir depuis quand les Poissons se promènent dans ma ville, arpentent mon cimetière et prient mes morts ?! Je suis sûr qu'elle est venue souiller nos morts les gars. Il faut tout leur apprendre à ces animaux. Et surtout le respect des êtres que nous sommes... »
Sa première réaction fut la honte ; elle enfonça la tête dans ses épaules et baissa les yeux. N'avait-il pas raison? Qu'avait-elle fait exactement, elle ne le savait pas, mais certainement quelque chose de mal. Elle faisait toujours tout de travers. Sur la terre en tout cas, car là n'était pas sa place ; elle s'y sentait mal, enfermée presque. Cet homme trouvait qu'elle n'avait pas sa place ici, il avait raison. Mais il ne pouvait tout de même pas accuser Tous les Zoras. Les autres ne sortent plus. Tu est la seule, ou presque qui s'aventure encore dans le monde des Hyliens...Si il y en avait d'autres, elle ne les avaient jamais vus encore.
Si elle avait été seule à cet instant, sans doute se serrait-elle contentée de baisser la tête et passer sans rien dire en subissant tout mais, voilà: elle n'était pas seule. Cécilia et l'autre garçon prirent sa défense devant les intrus. Pourtant, ils se connaissaient à peine...Personne ne l'avait jamais fait, avant. Personne ne l'avait jamais défendue, comme eux venaient de le faire. Un étrange sentiment de chaleur de répandit au niveau de sa poitrine alors qu'elle réalisait la vérité de ce fait. C'était comme... comme se baigner dans une source chaude en plein hiver.
Mais le temps ne lui était pas donné d'analyser plus loin ses sentiments, le fleuve infini continuait de couler : les soleils rouges -car il lui semblait clair que c'était d'eux qu'il s'agissait- avaient tirés leurs armes et semblaient sur le point de les attaquer. Sans être forcément désespérée, la situation ne leur était certainement pas favorable. Par sa faute, encore une fois. Peut être, si elle avait été moins perdue dans ses pensée, moins dans l'autre monde, plus dans celui des vivants, aurait-elle pu... faire quoi? De quoi était-elle réellement capable? Rien d'utile, rien qui puisse servir. La situation le montrait bien, encore une fois.
Mais cet homme-là, qui l'accusait si impunément... de quoi déjà? De rien, il se sert de toi comme bouc émissaire, juste pour trouver une raison d'attaquer les autres., lui souffla une voix. Elle serra les poings. Comment osaient-ils parler de respect alors qu'eux mêmes n'en avaient aucun pour "ceux qui étaient passés de l'autre côté". Ce lieux étaient celui du dernier repos du corps, de la libération de l'âme. Et eux, comme des bêtes, osaient tirer leurs armes pour faire couler le sang avec une vague excuse. Voilà un beau exemple de l'utilisation des mots-trompeurs, se dit-elle en serrant les poings. Les mots qu'il disaient, eux, n'avaient pas de sens, ils n'étaient destinés qu'à tromper. Tandis que ceux de la stèle, eux, étaient des mots de vérité, des phrase destinée à garder le souvenir et la mémoire. La différence lui apparaissait très clairement maintenant. Elle se demanda ce qu'en diraient les Sheikahs si ils voyaient le cimetière ainsi saccagé.
La jeune Zora se préparait à combattre pour sa vie, même si ça ne lui plaisait pas vraiment, lorsque des renforts inattendu soudain vinrent en aide au petit groupe: les soldats de tout à l'heure, eux aussi armés. Ouf, voilà que leurs chance de survie venaient d'augmenter considérablement. Et, aussitôt, le combat qu'on pouvait presque appeler "de rue", le premier combat de la Zora, commença. Les combattants se jetèrent les uns sur les autres, certain roulant déjà à terre, frappant avec tout les moyens possibles, mains, armes, pierres, créant en quelques instants une grande pagaille. Comme Perla l'avait redoutée, elle n'était qu'un poids pour les autres.
Un mercenaire fonça directement sur elle en tirant une long dard de sa ceinture, et tout ce dont elle fut capable, ce fut de fermer les yeux et de se jeter à terre. Roulant dans la poussière, elle se releva péniblement sur un bras, et grimaça quand un élancement le traversa en un douloureux éclaire. Elle leva la tête, perdue. Le mercenaire était juste eu-dessus d'elle, son épée levée, un sourire vainqueur sur les lèvres. Il bougea les muscles de son bras, qu'on devinait derrière sa chemise...Elle ferma les yeux, comme une petite fille, qui refuse de voir ce qu'elle ne veut pas, tout simplement. Mais quelques chose, ou quelqu'un plutôt, s'interposa entre elle et la lame, dont elle n'entendit plus le sifflement -Gallyfrey, avec ses étranges baguettes de magicien. Il ne s'arrêta pas là, et fonça aussitôt vers un autre ennemi. A quelques pas, elle aperçut un instant Cécilia, une dague à la main, qui se battait férocement comme un guerrière divine, puis sa vue fut à nouveau cachée par deux combattants. Le héros du temps, lui, était invisible à ses yeux.
Elle avait peur, horriblement. Mais que croyait-elle en venant ici? Elle ne servait à rien, rien du tout! Poussant sur ses mains entaillées, elle se hissa sur ses genoux, perdue. Que faire, que faire? Allait-elle mourir, finalement? Deux hommes combattait avec acharnement juste à côté d'elle. Le soldat royale, reconnaissable à la Triforce sur sa côte de mailles, était en difficulté face à un ennemi deux fois plus grand -et plus gros- que lui, qui, d'un coup de sa grande épée, arracha l'arme du pauvre homme, qui se retrouva à terre et sans défense. Son casque avait du glisser à cause de la pluie, car il était de travers et l'empêchait de voir correctement. L'autre homme se dressa et planta son arme dans la jambe du soldat qui poussa un hurlement à déchirer les tympans ; le mercenaire étira ses lèvres en un sourire pervers et retira son épée d'un geste sec, pour achever sa victime. S'en était trop pour la jeune Zora, dont le cœur, soudain sortit de sa léthargie pour battre plus vite, plus vite. Elle se leva en poussant sur ses pieds, l'adrénaline du combat pulsant dans ses veines, elle se rua sur le tueur en poussant un cri qu'elle n'entendit même pas.
Un battement. Le temps se rallongeait, tout autour d'elle ralentissait, tandis qu'elle courrait. Deux battements. Elle s'immobilisa devant le soldat à terre, les poings levés ; l'autre abruti ne fit que rigoler devant sa nouvelle, si faible adversaire. Il se ferrai une joie de l'entendre crier, de l'entendre supplier qu'il l'achève. Trois battements. Il leva son arme, tout enjoué à cette idée, et l'abattit sur l'étrange bête à la peau bleue. Mais Perla n'était déjà plus dans la trajectoire de l'arme, qu'elle avait esquivée de justesse d'un pas de côté; énervé qu'elle lui résiste, il releva son épée, et cette fois frappa de côté. Mais son arme était lourde, il ne pouvait la manier rapidement, ce qui donnait un avantage à Perla qui usait de l'extraordinaire agilité de son corps fait pour bouger rapidement. Elle ne se laissait pas toucher sévèrement, juste quelques égratignures, rien d'important, elle lui glissait entre les doigts. Tans pis pour elle, il allait en finir autrement. Jetant son arme, le mercenaire commença à envoyer ses poings sur la Zora, dans l'espoir d'écraser ses os un par un, si elle en avait. Fatale erreur. Elle attrapa son bras droit et, jouant sur leur différence de poids, le tira vers elle, avant de sauter de côté ; il ne pu résister à l'élan qu'il avait lui-même mis dans son bras et tomba lourdement sur le sol en ayant pas l'occasion de se redresser car le soldat, qui entre temps s'était redressé et avait arrangé son casque, s'empressa de rendre son ennemi hors d'état de nuire.
Pela s'approcha de lui pour s'assurer qu'il allait bien, mais à peine eut elle rencontré son regards reconnaissant que, déjà, un autre ennemi fonça sur eux, et il furent séparés. La jeune adulte se tourna vers son prochain adversaire, et continua à se battre sans arme, juste en esquivant autant que possible et en frappant des pieds et des mains, souvent dans le vide. L'adrénaline du combat lui faisait oublier toutes les entailles qui brulaient ses bras et ses joues, le gout de poussière dans sa bouche, ses mains douloureuses, pour se concentrer sur son adversaire, et rien d'autre. Elle n'aimait pas se battre, n'en tirait aucun plaisir, mais elle n'avait pas le choix. Soit elle se défendait, défendait les autres, soit elle mourrait. Et, pour être honnête, elle était véritablement heureuse de pouvoir, enfin, réellement atteindre la raison de vivre qu'elle s'était si naïvement trouvée. Tant qu'elle ne tuait personne...
Elle venait de distraire son troisième ennemi pour qu'un allié puisse l'abattre, quand soudain elle entendit un sifflement près de son oreille gauche et, l'instant d'après, une douleur fulgurante lui traversa l'épaule. une flèche y était plantée. Des archers, ils avaient aussi des archers. Sans réfléchir, elle l'arracha brusquement, se mordant les lèvres pour étouffer un cri de douleur. Premier combat, première vrai blessure. Mais l'archer, à quelques pas d'elle, encocha déjà sa deuxième flèche, visant cette fois un point beaucoup plus sensible que l'épaule. Perla eut juste le temps de se jeter sur lui et de le renverser avant qu'il ne décoche. Ils tombèrent tous deux à terre; elle, l'écrasant de tout son poids, réussi à arracher l'arc des mains de...de la femme?! Elle roula sur le côté pour échapper à la main qui cherchait à attraper sa gorge, et eut du mal à se relever: son corps créer pour se porter sur les flots, et non pour combattre sur un sol destiné au repos. Ses membres étaient lourds et, même si elle ne voyait pas sa blessure, elle devait perdre beaucoup de sang. Sa main serra le bois de l'arc. Et il y en avait encore tellement, des ennemis. Résiste!
Une autre perle d'eau coula le long de son visage. Cette archère n'était pas la seule, il y en avait d'autre... si seulement la pluie pouvait se densifier, ils auraient sans doute plus de mal à viser !
Exhaussant son souhait, la petite diurne qui tombait sur sa tête se transforma en véritable averse, coulant partout sur son corps, le long de son dos, sur sa poitrine, sur ses cheveux, lui redonnant un peu de force, de courage aussi. L'archère dont elle avait pris l'arc se jeta sur la Zora, qui enfonça son arme -sans munitions- dans le ventre de l'adversaire, lui coupant le souffle. Ce simple geste lui arracha une grimace de douleur. Encore un peu, encore un peu plus, résiste un peu plus...