A la recherche d'une fleur

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Dun Loireag Dragmire


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[RP privé jusqu'à nouvel ordre, say rare!]

Le Village Cocorico. Une charmante bourgade où d’honnêtes gens s’installent afin de pouvoir goûter à une félicité que la ville ne permet pas. Proche de la nature et du Mont du Péril, la communauté s’étend régulièrement et il n’est pas rare de voir de nouvelles constructions à chaque fois que l’on y est de passage. Les ouvriers triment alors chaotiquement sous les ordres d’un charmant chef de chantier qui sait s’y prendre afin d’indiquer les manœuvres à effectuer ; le tout à l’aide de patience, poussière, cris et grands gestes furieux. Mais si la journée le village est emplie de vie et d’animations telles la musique du moulin fou ou des cocottes perdues; la nuit toute personne goûte à un repos bien mérité à la chaleur de son foyer. Il y a toutefois un bâtiment qui au contraire des autres s’anime justement le plus souvent la nuit, un bâtiment qui accueille en son sein ces ouvriers qui débattent alors de sujets fort importants, un bâtiment enfin, renommé dans tout Hyrule. « A BWARE, ON VEUT A BWARE ! » peut-on entendre généralement lorsque la discussion se dirige sur des sujets philosophiques… Mais généralement l’intervention du Tavernier NuttyK suffit à réduire au silence toute tentative de liberté d’expression, au grand soulagement des voisins.
Ce fut dans ce contexte qu’une silhouette encapuchonnée pénétra dans le village aux rues maintenant abandonnées. Son pas n’était marqué d’aucune hésitation comme s’il savait déjà où se diriger et c’est devant les fenêtres éclairées de l’auberge de NuttyK qu’il s’arrêta. Une légère appréhension s’était emparé du voyageur qui se contraignit finalement à pénétrer dans l’établissement fort animé. Depuis combien de temps n’y était-il pas venu ? Plus de deux ans sans aucun doute… mais le temps ne semblait pas avoir de prise sur les lieux ce genre : De la bonne bière débordait des chopes, une odeur de viande grillée flottait dans l’air, le bois était lustré malgré les récentes bavures des clients, et un ménestrel raccordait les cordes de son instrument entre deux chants. Tous ces éléments ne pouvaient que contribuer à la bonne humeur générale alors que les hommes et femmes échangeaient rires et plaisanteries tout en se donnant des tapes dans le dos.
Qu’il les enviait ! Il aurait tout aussi bien pu prendre une chaise et se mêler à ces personnes ! Mais s’installant discrètement à une table vide, le jeune homme se contenta de commander une bière à un jeune serveur qui s’empressa de s’exécuter. Non, ce n’était pas lui… Parcourant la salle du regard, l’étranger scruta chaque personne méticuleusement jusqu’à ce qu’il la repère. Elle servait apparemment un lot de boissons à une table forte animée… Bah !


Serveur : « Eh bien étranger, que venez-vous faire au Village Cocorico ? Serait-ce la réputation de notre bière qui vous aurait attiré ? »

Voyageur : « ... A vrai dire je ne suis que de passage, je suis venu rencontrer une connaissance. Dîtes-moi, je suis déjà venu dans cette auberge voici quelques années déjà, elle semble s’être agrandie depuis ? »

Serveur : « Aha, ça oui, vous pouvez le dire ! Sa renommée n’a fait que grandir depuis que le gérant a présenté son alcool ‘Sang de Dodongo’, et les concours de boissons ! Depuis sa démission du château il s’est consacré entièrement à l’alcool ; un peu trop même parfois… » Cette dernière phrase avait été prononcée plus bas, sans doute avait-il peur que NuttyK l’entende.

Voyageur : « Vous m’en direz tant… Mais je ne me souviens pas de vous, le tavernier a dû engager plus de personnels. Vous êtes nouveau n’est-ce pas ? Il y en a aussi d’autres je suppose… »

Serveur –souriant malgré lui- : « En effet, et le travail ne manque pas ! » dit-il en s’éloignant pour prendre de nouvelles commandes.

Ceci expliquait cela, voilà pourquoi il ne se ‘la’ remémorait pas. C’est ainsi qu’il s’installa confortablement au comptoir afin de savourer la bière qu’on venait de lui servir... Mais à un stade avancé de la soirée où la résistance des hommes reculait face à la boisson que l’on descendait de moins en moins, il fit signe à une serveuse de venir prendre sa nouvelle commande. Attendant que celle-ci arrive, le voyageur fit mine de regarder le menu des boissons accroché au mur avant de parler d’une voix d’où perçait une certaine malice.

« Je vais prendre une Rose Blanche… »

… ? Une Rose Blanche ? Voilà un nom bien plus raffiné que le Sang de Dodongo, et qui ne figurait pas à la carte ! A plus forte raison que la serveuse à laquelle il avait adressé arborait elle aussi une Rose Blanche dans les cheveux… Coïncidence fortuite ? Il en doutait. Ils étaient légèrement à part, à l’une des seules places isolées de l’auberge à vrai dire, raison pour laquelle il s’était installé ici. Fouillant dans la cape qu’il portait, il en ressortit alors deux rouleaux qu’il tendit à la jeune femme.
S’il ne s’était pas trompé, et si on ne l’avait pas mal informé, elle n’exerçait pas que le travail de serveuse… Dans le pire des cas, il pourrait prétexter l’abus de boisson afin de justifier ses paroles !


« … J’ai ici deux présents pour vous. L’un est un arrêté royal permettant l’emprisonnement d’une chasseuse de primes aux méthodes expéditives ; l’autre est la description d’une nouvelle affaire à lui présenter. Lequel choisissez-vous ? »


Le moins que l’on puisse dire, c’était qu’il savait entamer une discussion lui !


Sen Hime


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Si en général l'auberge rencontrait un franc succès, c'était encore plus vrai ce soir-là, il y avait du monde et l'ambiance ne faisait pas défaut. Sen passait de table en table, les oreilles tendues pour capter les brides de conversations, la mémoire occupée à mémoriser les commandes de chaque table. Cependant elle n'avait jusque là rien discerné de bien intéressant. Les gens blaguaient, riaient, les plus enhardis par l'alcool se mettant même à chanter pour accompagner les musiciens. Ce n'était pas l'heure des discussions sérieuses et maigres étaient les rumeurs qui filtraient. Aucune information qu'elle ne connaisse déjà en tout cas. L'ambiance était à la fête, mais elle se sentait bien loin de tout cela. Elle arborait cependant un visage rayonnant, riant aux blagues des quelques clients qui s'adressaient à elle, n'hésitant pas à inciter discrètement les "plus intéressants" à se resservir. La boisson délie les langues, et elle ne perdait pas espoir d'enrichir son savoir d'une perle rare, c'était ce qui pourrait faire la différence.

Malgré ses allers-retours d'une table à l'autre, elle remarqua du coin de l'oeil l'entrée d'un nouvel arrivant. Elle connaissait les habitués, il n'en faisait pas partie, et sa façon de scruter la salle lui confirma qu'il n'était pas venu ici récemment. Néanmois, il restait habituel de voir des voyageurs s'arrêter à l'auberge, et qu'ils soient encapuchonnés ne les rendait plus suspects depuis longtemps. Elle se contenta d'enregistrer l'information et ne s'y attarda pas, retournant au comptoir chercher la commande d'une autre table. La commande étant assez basique, elle n'eut pas à attendre longtemps que les boissons soient prêtes pour les poser sur son plateau et parcourir à nouveau la foule, agilement, en contournant les divers groupes rassemblés. Elle arriva enfin à la table qu'elle devait servir, déposa les boissons devant les clients avec un large sourire.

"Trois cervoises, deux bières et une absinthe."

"Eh tu ne veux pas rester avec nous ma jolie ?"

Uniquement des boissons, des boissons communes même, pas d'accompagnement. Cela n'empêchait pas ces clients d'être richement habillés, ce qui laissait supposer une certaine importance qui valait la peine de leur faire bonne impression. Pas au point de rester avec eux, mais au moins de ne pas les froisser.

"Désolée, ce serait avec grand plaisir, mais j'ai beaucoup de travail ce soir, une prochaine fois peut-être."

Elle ne leur laissa pas le temps de répondre, et après un rapide clin d'oeil s'éloigna de la table pour, déjà, s'occuper d'un autre groupe. La soirée fut en enchainement de services et elle dut jongler avec son plateau d'un bout à l'autre de la salle. Au fur et à mesure que la nuit s'avançait, l'ambiance devint finalement plus calme. Elle continuait de voyager entre les tables, mais elle était déçue du manque d'intérêt qu'avait eu cette soirée pour elle et commençait à se dire que ce n'était pas ce soir qu'elle obtiendrait quelque chose de croustillant. Elle s'apprêtait à aller attendre au comptoir qu'on ait besoin d'elle, quand un client l'appela pour passer commande, c'était l'homme encapuchonné qu'elle avait vu rentrer dans l'auberge un peu plus tôt. Elle s'approcha donc de ce dernier. Il s'était installé plutôt à l'écart, dans un endroit relativement isolé du reste de l'auberge...

« Je vais prendre une Rose Blanche… »

Si jusqu'à présent elle avait caché à la perfection aux clients l'ennui qui s'insinuait en elle, une lueur nouvelle éclaira pourtant son regard. Avant qu'elle n'ait eu le temps de répondre, elle vit l'homme sortir de sa poche deux parchemins et les tendre vers elle.

« … J’ai ici deux présents pour vous. L’un est un arrêté royal permettant l’emprisonnement d’une chasseuse de primes aux méthodes expéditives ; l’autre est la description d’une nouvelle affaire à lui présenter. Lequel choisissez-vous ? »

Elle ne pouvait rien voir de l'homme à cause de sa cape, mais elle fixa tout de même de ses yeux bleus espiègles l'emplacement de son visage. Elle ne savait pas qui lui avait parlé, ni de quelles éventuelles preuves il disposait. Elle aurait pu nier, elle avait toujours pris bien soin d'effacer ses traces ou de s'assurer que ses clients sauraient rester discrets. Elle avait une bonne réputation, et peu de gens de son entourage auraient pu douter de son innocence. Pourtant, la curiosité l'entraîna dans une autre direction, un chemin qui pouvait s'avérer dangereux, mais elle était confiante - se serait-elle insérée dans un tel milieu sinon? - et ses paroles n'étaient pas empreintes d'hésitation. S'il était direct, elle le serait elle aussi.

"Je n'ai pas entendu que des éloges sur le confort des prisons du château et je n'ai nullement l'intention de vérifier par moi-même. En outre...", et un large sourire étira ses lèvres, "...Je suppose qu'une mission confiée par une personne capable d'obtenir un tel arrêté royal est digne d'intérêt. Je suis à votre service, Monseigneur."

Sur ces mots, et sans lâcher l'inconnu des yeux, elle tendit la main pour qu'il lui remette le bon parchemin. Il avait gagné son intérêt. Si elle ne savait pas qui il était, il devait néanmois avoir au minimum de bonnes relations hauts placées. Elle n'attendait donc plus qu'une chose, en apprendre plus sur le travail qu'on souhaitait lui confier et, qui sait, sur l'inconnu avec qui elle s'entretenait.


Dun Loireag Dragmire


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Patient, le jeune homme attendit la réponse de son interlocutrice qui la fixa pendant quelques secondes… sans doute était-elle en pleine conjecture quant à l’offre qu’il venait de faire. Nierait-elle l’évidence ? Prendrait-elle la fuite ? Quelques secondes passèrent avant qu’elle ne prenne la parole tout en lui tendant la main. Ainsi donc elle était intéressée ? Les informations qu’il avait recueillies sur la serveuse n’étaient donc pas erronées et il avait réussi à capter son attention. Le sourire qu’il lui lançait était loin d’être celui d’une serveuse aguichant un client, mais celui, honnête et carnassier d’une personne intéressée par une occasion s’offrant à elle.
Esquissant un sourire semblable à son tour, le voyageur jeta l’arrêté dans les flammes du foyer où il se consuma rapidement. Bien que cela semblait quelques peu prématuré quant à l’affaire, ce geste constituait un gage de bonne volonté pour cette dernière. De toute manière, toute cette agitation n’avait été qu’un prétexte pour jauger le chasseur à qui il avait l’intention de confier l’affaire. Des deux personnes précédentes –elle était donc la troisième-, l’une d’elles s’était même soulagée dans son pantalon à l’évocation de la prison! L’autre ayant refusé la mission après l’avoir découverte…
Posant le rouleau cacheté par un sceau de cire dans la main de la jeune fille, l’étranger ne retira pas la sienne et prit à son tour la parole :


« Vous n’avez pas hésité, c’est surprenant, il semblait que ce que l’on m’a dit sur vous est vrai, j’espère qu’il en est de même pour… vos autres services. Pour ma part, vous m’excuserez de garder l’anonymat, mais dans ce genre d’affaire il ne réussit guère d’être connu n’est-ce pas ? »


Une certaine jubilation malsaine perçait dans sa voix alors qu’il lui laissait finalement le rouleau. Du coin de l’œil, l’étranger avait en effet remarqué qu’un groupe d’hommes le regardait mauvaisement. Il ferait mieux de se préparer sur le chemin du retour, juste au cas où bien sûr. Reprenant la parole en faisant un signe de la main à la serveuse pour l’inciter à ne pas trop s’approcher, il continua :

« Ne brisez donc pas le cachet avant que nous ayons fini de discuter, voulez-vous ? La mission en question est plus que risquée, voire mortelle. Je dirais même que les geôles de la prison royale seraient une véritable cure de jouvence à côté de ce qui… adviendrait de vous si vous veniez à échouer. »

Non qu’il éprouvait quelque sympathie envers cette jeune femme, mais il devait être clair dès le début qu’elle ne devrait compter sous aucune forme d’aide si cela venait à dégénérer. S’adossant contre le dossier de sa chaine, il en vint finalement au sujet principal, celui qui pouvait faire basculer la situation du tout au tout.

« Lorsque vous aurez pris connaissance de la mission, vous serez en droit de la refuser, mais il est nécessaire de régler nos conditions respectives auparavant… En contrepartie bien sûr, la récompense s’élèverait à la hauteur du danger encouru. Qu’il s’agisse de rubis et votre chiffre sera le mien, un objet que vous recherchez et vous l’aurez… »

Il s’agissait là de récompenses, non banales mais qui n’étaient selon lui pas réellement désirables. C’est pourquoi il désigna de la tête l’arrêté royal finissant de se consumer dans la cheminée tout en ajoutant :

« … Et ma foi, vous ne seriez plus inquiétée par la Justice Hyrulienne de votre vie ? »


Sen Hime


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Il venait de lancer l'un des deux rouleaux dans les flammes du foyer. Elle regarda avec délectation le papier noircir et se tordre, destiné à finir en cendres. Le geste était bien sûr symbolique, s'il avait obtenu ce papier, il pouvait sans doute le remplacer, mais elle appréciait l'initiative. Elle ne savait pas ce qui l'attendait exactement, mais elle savait ce qu'elle évitait, et c'était tout ce qui comptait à ses yeux. Elle se débrouillerait toujours, elle le savait, elle l'avait toujours fait jusqu'à présent. Parce qu'elle ne comptait que sur elle même, elle était sûre de ne jamais se retrouver au dépourvu. Elle ne se retourna vers lui que lorsqu'il posa l'autre rouleau dans sa main, toujours tendue.

« Vous n’avez pas hésité, c’est surprenant, il semblait que ce que l’on m’a dit sur vous est vrai, j’espère qu’il en est de même pour… vos autres services. Pour ma part, vous m’excuserez de garder l’anonymat, mais dans ce genre d’affaire il ne réussit guère d’être connu n’est-ce pas ? »

La question ne nécessitait pas de réponse et elle n'en donna pas, son sourire flottant toujours à ses lèvres. Elle n'y vit qu'une confirmation de ce qu'elle avait pensé de prime abord lorsqu'il avait évoqué l'arrêté royal, il ne s'agissait pas de n'importe qui, et il ne tenait pas à laisser de quelconque trace de son implication dans l'affaire qu'il lui confiait. Ses clients habituels ne souhaitaient certes jamais que l'affaire s'ébruite, mais ils ne prenaient pas tant de précautions. Elle le comprenait. Elle-même ne se serait pas fait confiance.

Lorsqu'il retira sa main, elle s'empressa de glisser le parchemin dans une poche de son tablier de serveuse. Il était inutile de garder ce dernier en main pour l'instant et de risquer d'attirer l'attention d'éventuels clients curieux dessus. D'autant plus qu'il lui confirma qu'il ne souhaitait pas qu'elle prenne connaissance de son contenu tout de suite. Ainsi donc la mission pouvait s'avérer dangereuse et même mortelle ? Évidemment, elle n'avait pas besoin de désceller le parchemin pour le savoir, aurait-il pris la peine de se procurer un arrêté royal et de toute cette mise en scène s'il s'était s'agit d'une simple affaire comme on lui en confiait habituellement ? Elle avait compris dès l'instant où elle avait donné son accord qu'il ne s'agirait de rien de comparable à ce qu'elle avait pu réaliser précédemment. Néanmois sa décision ne s'en trouvait pas ébranlée, elle n'avait aucune envie de moisir dans une cellule, et la perspective de plonger dans l'inconnu ne lui faisait pas peur. Elle aurait pu avoir peur si elle avait compté sur un quelconque soutien, mais il n'en était rien. Elle vieillait elle-même sur sa vie, et ne se trahirait jamais. Certaines personnes se sentent intouchables et capables de tout traverser si elles sont réunies, dans son cas ce sentiment se rattachait à sa solitude.

Elle fut cependant surprise lorsqu'il lui fit savoir qu'elle était en droit de refuser la mission. Elle rangea l'information comme on entasse des babioles qui pourraient servir mais auxquelles on n'est pas sûr de toucher un jour. Après tout, la lâcheté n'était qu'un concept dont elle n'avait que faire, et elle n'aurait jamais hésité à abandonner le bateau en route, qu'elle dispose d'un accord ou non, si elle avait estimé que les risques étaient plus grands que les avantages qu'elle en tirerait. Il semblait l'avoir bien compris, puisqu'il évoqua les termes du contrat, et la récompense sur laquelle elle pourrait compter une fois le travail achevé.

*Ce que je souhaite ...*

Ce qu'elle souhaitait ... ? L'argent était utile. Mais elle n'était pas vénale. Elle savait que si l'argent en suffisance permettait un certain confort de vie, en excès il n'était plus d'aucune utilité. Que faire de rubis si on n'a plus besoin de rien, quelle utilité de les accumuler ? Il ne lui servirait à rien de courir des risques démesurés pour être couverte d'or si un travail facile et rapidement expédié lui permettait d'en obtenir suffisamment pour ne pas rencontrer les barrières de la pauvreté. Un objet ? Comment une jeune fille qui n'avait jamais souhaité s'attacher à personne aurait-elle pu rattacher sa vie à un objet ? Son souhait était justement de n'avoir besoin de rien et de se suffire à elle-même. C'aurait été impossible si elle avait voué sa vie à un objet. Bien sûr, il lui était arrivé de chercher à se procurer un objet, mais uniquement parce qu'elle en avait l'utilité directement que ça soit de manière directe ou de façon plus indirecte en le vendant. Pas d'attachement sentimental.

« … Et ma foi, vous ne seriez plus inquiétée par la Justice Hyrulienne de votre vie ? »

L'annonce ne tomba pas dans l'oreille d'une sourde. C'était l'ultime confirmation de l'importance de son "nouvel employeur". Elle eut l'impression qu'elle venait de tirer une carte joker. Son boulot de chasseuse de primes lui permettait d'obtenir des sommes d'argent conséquentes rapidement. Sans cela, elle aurait dû travailler beaucoup plus longtemps à l'auberge et aurait perdu de sa liberté. Mais il y avait un revers à la médaille, si les sommes étaient si conséquentes, c'était à cause des risques encourus. Bien sûr, chaque travail confié causait ses propres difficultés, mais une grande part des risques restaient liés à la justice. Et si jusqu'à présent elle pensait avoir toujours bien nettoyé derrière elle, et n'avoir pas laissé d'élément compromettant, nul ne pouvait savoir de quoi demain serait fait, et son identité elle, ne pouvait pas rester secrète, le risque nul n'existait pas dans le métier. Elle n'avait pas peur, mais la tranquilité d'esprit supplémentaire qu'elle pourrait obtenir n'en était pas pour autant négligeable. Un point restait cependant à préciser à ses yeux.

"La proposition est ma foi fort alléchante. Je ne souhaite rien que je ne possède déjà, et l'argent seul, même en grande quantité, ne justifie pas de risquer sa vie. Mais je suppose que vous savez ce que vous m'offrez en m'otant le poids de la justice, puisque vous l'avez utilisé vous-même plus tôt comme une menace. Toutefois...", son regard se posa à son tour sur l'arrêté royal, maintenant illisible, "Peu de gens ont la possibilité d'offrir un tel présent. Serait-il présomptueux de ma part de vous demander si vous êtes en mesure de me fournir la preuve qu'une telle récompense m'attend bel et bien ?"

Elle n'avait que présumé qu'il disait vrai jusqu'à présent, son assurance l'avait convaincue qu'il était ce qu'il prétendait, et elle n'avait à aucun moment douté de la nature des papiers qu'il lui avait apportés. Elle ne doutait pas vraiment plus qu'avant. Mais il tenait apparemment à son anonymat et elle ne pourrait être convaincue de la récompense qu'il attendait et qu'il avait les moyens de la lui fournir que s'il pouvait obtenir une preuve tangible. C'était d'autant mieux s'il pouvait prouver non seulement qu'il était en mesure de lui offrir ce qu'il lui faisait miroiter, mais aussi qu'il était prêt à tenir parole.

"Ne vous y trompez pas, je ne refuserai pas votre proposition dans le cas contraire. La valeur de cette offre vaut à elle seule de tenter sa chance quels que soient les risques, et si j'avais réellement douté de votre importance, je ne serais jamais allée aussi loin. Néanmoins, ne nous voilons pas la face. Vous êtes direct et je le serai aussi, vous attirer de ma part une détermination et une loyauté sans faille pour cette affaire serait dans notre intérêt à tous les deux."


Dun Loireag Dragmire


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La dernière phrase était restée en suspens entre les deux personnes, la jeune femme examinant sans doute soigneusement la proposition qu’il lui faisait, et lui guettant toute réponse de sa part. Les paies dans ce genre de métiers étaient en général assez hautes compte tenu des risques que les chasseurs prenaient. Tout ce qui brille n’était pas or disait-on… Ici c’était pourtant bien le cas, mais l’or en question pouvait se révéler être en enfer. C’est pourquoi l’étranger était allé jusqu’à proposer une récompense aussi inhabituelle qu’inaccessible, de celles que l’on hésite à accorder tant l’engagement qui nous y lie est énorme. Pourtant la jeune fille était méfiante et c’était bon signe, elle ne s’engageait pas tête baissée dans n’importe quelle situation, comportement que l’homme appréciait grandement chez les personnes avec qui il travaillait.
Près d’eux, les clients qui les fixaient depuis un moment déjà s’agitaient, la serveuse était depuis trop longtemps en compagnie de cet homme à leur gout. Il semblait les avoir déjà vus… Non, pas eux, leurs vêtements plutôt.
La réaction de la serveuse ne se fit pas attendre : L’argent ne l’intéressait pas, sans doute n’en manquait-elle pas ou ne l’amusait-elle plus vraiment ; et de tous les choix proposés, ça avait été la protection de la Justice qui l’avait intéressée. Aurait-il été déçu si sa sélection s’était portée ailleurs ? Sans doute… Mais ce que demanda ensuite la jeune femme le pris légèrement au dépourvu :


"Peu de gens ont la possibilité d'offrir un tel présent. Serait-il présomptueux de ma part de vous demander si vous êtes en mesure de me fournir la preuve qu'une telle récompense m'attend bel et bien ?"

Oh ? C’était présomptueux en effet, surtout de la part d’une serveuse exerçant un métier qui justifierait n’importe quelle peine de prison… mais tout autant compréhensible. De son point de vue, il n’aurait été que folie que de croire un homme clamant pouvoir vous apporter ce que vous désirez, et ce, sans garantie.

« Ainsi donc il me faut vous fournir une preuve de cette influence ? Vous n’avez pas froid aux yeux et sachez que cela me plait fortement, j’espère toutefois qu’il en est de même en toute circonstance… Laissez-vous faire voulez-vous ? »

Se levant brusquement et l’attirant à lui par la taille, le jeune homme la pris dans ses bras –tout en lui pelotant les fesses !- afin de l’embrasser !... C’était tout du moins ce que l’on pouvait croire de loin. Capuche aidant, leurs visages se trouvaient à quelques centimètres l’un de l’autre –sans se voir- ; et il pouvait même sentir le souffle légèrement fruité de l’employée.
De l’oreille, il entendit alors les raclements de chaises et les pas précipités d’hommes se dirigeant vers eux ; il sourit intérieurement : Il avait atteint l’effet escompté.


Homme ivre 1 : « Eh ! On t-te dérange pas ?! On embête made… mademess… mademoisa…. la p’tite poulette!? »

Homme tout aussi ivre 2 : « C’est vrai ! On était sur ell-… On l’avait invité les premiers ! »

Les ignorant grandement, l’étranger continua à serrer la jeune fille contre lui en mimant des gestes plus qu’explicites, ce qui eut pour effet d’augmenter la colère des poivrots qui en vinrent aux mains afin de les séparer. Poussé contre un mur, les deux hommes le prirent à part en prenant l’air menaçant.

Homme ivre 2 : « OH ! Tu nous é-écoutes quand on te parle, ouais ? Elle est à nous, on l’a vu les premiers, alors tu DEGAGES ? »

L’Etranger : « … Vous appartenez bien à la compagnie Millefiore ? »

Les deux hommes, à l’unisson : « Hein ? »

L’Etranger : « Je vois à vos vêtements que vous portez les armoiries des Millefiore, cette compagnie est sous la protection du Marchand Millefiore. Un très grand homme sachant faire preuve de bonté !... Mais châtiant ceux qui entachent l’honneur de sa famille… Je me demande ce qu’il adviendrait de vous s’il venait à apprendre la débauche de ses protégés en publique, portant ses couleurs qui plus est ! »

Il avait, tout en parlant, tendu sa main afin de dévoiler un simple pendentif en bois : Y était gravé le blason de la famille royale incrusté d’un rubis étincelant. Aux yeux du profane cela ne représentait presque rien, mais les deux hommes eurent un hoquet à la vue de ce dernier et sentirent que la délicieuse ivresse qui les accompagnait jusqu’à s’était soudainement évaporée. Ce pendentif ! Preuve même que vous étiez reconnu par la royauté en tant que Marchand Officiel ! Ce statut n’était accordé qu’à quelques personnes choisis par la Princesse elle-même afin de développer le commerce d’Hyrule.
Mais là n’était pas la raison des tremblements qui parcouraient maintenant le corps des deux ivrognes. En effet chaque collier reflétait le chiffre d’affaire du commerce dont s’occupait le marchand et donc son importance. On pouvait les différencier par une méthode aussi ingénieuse que simple : Le rubis du pendentif. Si ce dernier était de couleur verte ou bleue, vous étiez de la caste la plus modeste ; s’il était rouge ou pourpre, on vous considérait comme un marchand relativement riche ; et si d’aventure vous aperceviez un rubis argenté, ce dernier témoignait d’une des fortunes du royaume et la voix de son propriétaire au Conseil des Marchands pesait lourdement. Le Marchand Millefiore possédait par ailleurs un Pendentif au rubis Argent et peu de monde osait lui refuser une faveur…
Le rubis du pendentif de l’étranger était doré.
Un Marchand Officiel mourrait plutôt que de céder son pendentif, par conséquence cet ornement lui appartenait… Ils avaient osé déranger, brutaliser un marchand au pendentif doré ! Que leur maître Millefiore considère ce dernier comme un ami ou un concurrent, cela ne changeait rien : Il verrait la chose comme un affront. Il suffisait que ce dernier l’apprenne pour qu’ils puissent dire adieu à leur travail, voir même à leur vie confortable en Hyrule ! Bafouillant, bégayant, les deux hommes se confondirent en excuses avant d’aller réveiller leurs compagnons de tablée, ils devaient tous déguerpir d’ici très rapidement !
Attendant que les ivrognent quittent précipitamment l’auberge, le jeune voyageur se retourna vers la serveuse.


« Eh bien, vous ai-je convaincu ? »

Il aurait tout aussi bien pu lui montrer directement le pendentif marchand, mais cela aurait été loin d’être aussi amusant.


Sen Hime


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Alors qu'elle demandait la preuve des dire du jeune homme, et attendant qu'il lui réponde, elle n'avait pas prêté attention à l'agitation des clients qui les fixaient. À vrai dire le fait n'avait pas vraiment d'importance à ses yeux. Qu'ils s'agitent donc, elle savait que pour sa part elle pouvait rattraper le coup sans problème plus tard, et doutait fort qu'ils agissent maintenant, alors qu'elle gardait certaines distances avec son interlocuteur depuis qu'il lui avait fait signe pour le lui faire comprendre.

« Ainsi donc il me faut vous fournir une preuve de cette influence ? Vous n’avez pas froid aux yeux et sachez que cela me plait fortement, j’espère toutefois qu’il en est de même en toute circonstance… Laissez-vous faire voulez-vous ? »

"Se laisser faire" ? Elle se demanda un instant ce qu'il voulait dire par là, mais elle eut assez rapidement la réponse à cette question. Elle se contenta donc d'obtempérer, lui laissant le bénéfice du doute et curieuse de voir ce qu'il voulait lui prouver par là. Elle se retrouva assez proche du visage du jeune homme pour sentir son souffle sur son propre visage mais, à sa surprise, il ne l'embrassa pas réellement. La provocation eut toutefois vite fait de fonctionner, et si Sen ne vit pas les hommes arriver, elle les entendit néanmoins lorsqu'ils se mirent à exprimer leur contrariété. C'était apparemment ce que souhaitait le jeune homme puisqu'il reprit de plus belle sa mise en scène et ne stoppa son manège que lorsqu'ils furent séparés de force, elle rejetée en arrière, lui poussé contre un mur, menacé par les deux hommes.

L'attitude de ces hommes l'énervait, leur façon de la prendre pour un trophée de chasse était exaspérante, mais elle réussit à contenir cette colère sans problème. Elle en avait l'habitude puisqu'elle souhaitait garder sa couverture et que pour ça elle ne devait pas réagir violemment dans son rôle de serveuse, lorsqu'il pouvait y avoir des témoins. Innocente. Elle poussa même la comédie jusqu'à prendre l'air apeuré d'une jeune fille dépassée par les événements, se prenant le visage entre les mains. C'était à lui de faire ses preuves de toute façon, et quelle que soit la tournure des événements elle n'interviendrait pas. Soit il se débrouillait, soit il perdait tout crédit à ses yeux et elle n'avait plus que faire de sa mission. Elle ne perdit pas une miette de la scène.

Il avait bien fait de ne pas simplement lui montrer le collier. Elle était bien informée et elle connaissait le bijou. Elle connaissait sa valeur tout comme elle connaissait le métier de Marchand Officiel. Certains passaient souvent à l'auberge, dont une part qui n'hésitaient pas à s'en vanter devant elle et c'était de ces conversations qu'elle tirait son savoir sur le sujet. Elle ne mesurait toutefois pas jusqu'à présent l'influence que son porteur pouvait en retirer suivant son importance au sein des marchands, et la preuve qu'elle venait d'obtenir de visu valait tous les discours du monde. Les hommes détalèrent comme des lapins. Elle abandonna ses faux-airs d'effroi et lui offrit un sourire radieux dès qu'ils se furent éloignés.

« Eh bien, vous ai-je convaincu ? »

"Monseigneur, mon dévouement vous est tout acquis. Puisse notre accord nous permettre d'accomplir de grandes choses."

Une main portée sur le coeur pendant son discours, elle n'était pas allée jusqu'à mettre un genou à terre. Mais si le ton était ironique et qu'elle apportait peu de crédit - aucun à vrai dire - aux serments d'allégeance, il devait s'en douter, cette plaisanterie était sa façon à elle de lui faire comprendre qu'elle était bien décidée à aller au bout pour obtenir la récompense promise, dont elle ne doutait plus maintenant de sa capacité à la lui offrir.

Ce n'était pourtant pas la seule information qu'elle avait retiré de cette mise en scène. Elle n'avait jamais douté de son propre charme, qu'elle n'hésitait pas à utiliser quand c'était nécessaire et elle savait que nombre d'hommes, même influents et respectables, à plus forte raison ceux qui étaient prêts à lui confier un travail, n'auraient pas hésité à profiter d'une telle mise en scène sans se donner la peine de seulement feindre une embrassade. Un instant elle avait été tentée de se rapprocher et porter réellement ses lèvres sur celles de l'homme pour le simple fait d'observer sa réaction, mais selon les raisons qui avaient poussé le jeune homme à agir ainsi, la plaisanterie pouvait s'avérer risquée, et l'appat du gain potentiel, qui venait d'ailleurs de lui être confirmé à l'instant, l'en avaient dissuadée. L'employeur - et sa récompense surtout - eurent-ils été moins importants qu'elle aurait peut-être tenté la blague. Elle se garda bien de tirer une conclusion, ce qui était impossible sans plus de détails et sans avoir essayé de le taquiner, les interprétations étant nombreuses et l'information pouvait se révéler sans importance, mais elle nota toutefois le détail dans sa mémoire.

Le plus important était maintenant de mener cette mission à terme, et d'obtenir la fameuse rémunération qui allait de paire avec. Si l'homme gardait son anonymat, il avait pris le risque de montrer ce collier, lui dévoilant tout de même un indice sur son identité, et elle prit ça comme une preuve supplémentaire de sa bonne foi.

"Pour ma part les conditions sont claires. Y a-t-il d'autres points que vous souhaiteriez aborder avant que je ne prenne connaissance des termes du service que je vais vous rendre ?"


Dun Loireag Dragmire


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Le silence général provoqué par le petit intermède entre l’étranger et les employés de la compagnie Millefiore fut rapidement oublié par le reste de l’auberge : Les rixes faisaient partie intégrante du décor et celle-ci s’était terminé sans bagarre, voilà tout. Ainsi donc l’allégeance que la serveuse jura au jeune homme paru presque inaperçue, ou en tout cas comme un simple remerciement. Toutefois celui-ci souriait intérieurement de la réaction de la jeune fille, plus surpris qu’amusé à vrai dire. Il devait l’avouer, il se serait attendu à une gifle pour l’audace dont il avait preuve… Mais il n’en était rien. Au contraire, son interlocutrice le gratifiait maintenant d’un sourire radieux qui signifiait qu’elle avait apprécié le spectacle. Décidemment elle se révélait être de plus en plus intéressante… Peut-être pourrait-elle-même accomplir à bien sa mission ?
Caressant du bout des doigts le pendentif en bois qu’il tenait toujours en main, le jeune homme l’écouta parler attentivement. Il aurait préféré ne pas le dévoiler car –bien qu’il ne s’en séparait jamais- le jeune homme n’était plus Marchand Officiel depuis quelques temps déjà, et cette relique appartenait désormais à son passé. Bah, il n’y avait pas réellement de danger à le montrer en publique, et il doutait que cette jeune fille chercherait à le trahir jusqu’à l’obtention de sa récompense tout du moins !
Les conditions qu’il avait énoncé paraissaient satisfaire cette dernière, et c’est d’un ton presque léger qu’elle prit la parole :


"Pour ma part les conditions sont claires. Y a-t-il d'autres points que vous souhaiteriez aborder avant que je ne prenne connaissance des termes du service que je vais vous rendre ?"

Restant aussi directe depuis le début de leur rencontre, la serveuse semblait pressée de se pencher sur la mission qui l’attendait. C’était une bonne chose et le voyageur ne voyait aucune raison de la faire patienter plus longtemps.


« A dire vrai, si vous n’avez pas plus de question, non, vous êtes maintenant au courant de tout ce qu’il y avait à savoir. »

D’un hochement de tête il indiqua la bosse de son tablier qui indiquait la présence du rouleau qu’elle avait choisi lors de sa proposition.

« Ce rouleau contient toutes les informations sur la mission en elle-même, du nom de la cible au temps imparti pour l’accomplir. Comme je l’ai dit précédemment, vous serez en droit de refuser ou de l’accepter. Comprenez toutefois que dans ce dernier cas vous ne pourrez revenir en arrière à aucun moment, mais je ne vous apprends rien n’est-ce pas ? » dit-il d’un ton malicieux.
« Pour cela, après avoir brisé le sceau de cire il vous suffira de brûler le parchemin. Jetez le tel quel dans les flammes d’un foyer et cela certifiera votre refus ; signez le d’abord de votre sang et il se consumera en assumant votre accord. Dans tous les cas, il se réduirait en poussière aux premières lueurs de l’aube… »

Il s’agissait là d’une façon relativement glauque de conclure un contrat, mais qui permettait au moins de ne laisser aucune trace matérielle de l’accord. Laissant quelques temps à la chasseuse de primes pour d’éventuelles autres questions, l’étranger regarda l’horloge accroché au mur de l’auberge et se dit qu’il avait déjà passé trop de temps en ces lieux. Se relevant et se dirigeant vers la sortie, il conclu sur ces mots :

« Le choix vous appartient désormais, et de ce dernier découlera notre prochaine rencontre. Bonne nuit à vous, et… choisissez bien. »
__________

Une silhouette encapuchonnée sort maintenant par la porte du village, elle ne se presse ni ne se retourne pas. Appréciant la clarté fantomatique de la pleine lune, le jeune homme attend patiemment d’être hors de vue de la bourgade avant de rabattre la capuche qui l’avait dissimulé jusque là. Humant les odeurs d’herbes fraiches de la plaine alors que ses mèches maintenant libérées se mêlent au vent, on peut désormais discerner ses trais : Le Prince Dun se trouve seul dans cette plaine habituellement agitée durant la journée.
Sortant un parchemin qu’il déplie devant lui et exécutant un signe de la main, il porta ses doigts aux lèvres et sembla saisir quelque chose d’immatériel. Ce sortilège mineur de changement de voix acquis lorsqu’il occupait pleinement ses fonctions de Chancelier s’était révélé être fort utile ; bien que particulièrement fragile. Un simple baiser aurait en effet suffit à déchirer le délicat tissu de magie créé par ce parchemin. Il avait d’ailleurs cru frôler la catastrophe alors qu’ils n’étaient qu’à quelques centimètres l’un de l’autre… Mais cette situation lui apparaissait plus cocasse qu’autre chose maintenant.
Car c’était un sourire qui ornait son visage alors qu’il admirait la lune. Un sourire… De joie ? De malice ? D’excitation ? Un peu de tout sans doute… La tournure des évènements s’était révélée plus intéressante que prévu et il n’était déçu en rien de cette jeune chasseuse de primes. Celle qui se faisait appeler Rose Blanche dans le milieu s’était peut-être révélée être la personne qu’il cherchait.
A ce stade, sans doute aviez-vous deviné son identité depuis son entrée même dans l’auberge. Pourtant, la raison de sa jubilation à ce moment très précis n’était pas du tout l’anonymat qu’il avait su garder envers et contre tout. Non. Il s’agissait plutôt du contenu même de la mission qu’il lui avait remise.

[spoiler]"Loireag Dun - Prince d’Hyrule
Vous avez jusqu’au Gerudoni 13 Tonnerôse de cette année pour le neutraliser complètement, au-delà, cette mission sera considérée comme échouée
N’impliquez que la cible, aucune personne de son entourage
Les méthodes employées afin de compléter l’objectif ne sont pas limitées, vous avez carte blanche."

Il avait demandé à cette chasseuse de traquer sa propre tête.[/spoiler]


Sen Hime


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Sen regarda l'étranger quitter l'auberge, inconsciemment sa main alla caresser du bout des doigts le parchemin dans la poche de son tablier. Comme pour s'assurer qu'elle n'avait pas rêvé. Comment avait-elle pu croire un seul instant que cette soirée allait être inutile ? Elle ne regrettait pas le moins du monde d'avoir pris son service à l'auberge cette nuit-là. Elle hésita un instant, et puis se ravisa en se souvenant de la présence des quelques derniers clients. Elle ressortit la main de sa poche sans le parchemin - pas tout de suite - et retourna près du comptoir. Un de ses collègues serveurs qui, mais ça elle n'en savait rien, avait servi le jeune inconnu un peu plus tôt lors de son arrivée à l'auberge l'y attendait, l'air un peu inquiet.

"Il n'y a aucun problème au moins... ?"

Avait-il vu la scène ? Non, peu de chances, l'endroit choisi par l'inconnu n'était pas très visible depuis le reste de la salle, d'autant plus que le serveur avait dû être occupé par son travail. Il avait seulement dû remarquer qu'elle restait plus longtemps que nécessaire près du jeune homme. Elle préféra toutefois ne pas prendre de risques et détourner un peu la conversation. Lorsqu'elle lui répondit elle avait remis son masque, elle arborait de nouveau le sourire radieux d'une jeune serveuse amusée par la situation.

"Non, aucun, il voulait seulement des renseignements sur la région, c'est aussi notre rôle d'assister les voyageurs. Mais dis-moi, c'est bien gentil de t'inquiéter comme ça pour moi."

Comme elle l'avait espéré, sa dernière phrase prononcée sur un ton amusé fit rougir le serveur et coupa court à toute autre question concernant l'étranger.

"Non je.. C'était juste... Enfin, pas plus que ça..."

Elle profita d'un client qui l'appelait pour prendre congé du jeune serveur et aller prendre la commande. En s'éloignant, elle soupira intérieurement. Il était important qu'elle garde de bonnes relations avec ses collègues de travail, son image n'en ressortait que meilleure, mais qu'est-ce qu'elle aurait préféré l'envoyer se mêler de ses affaires.

Elle dut attendre ainsi qu'arrive l'heure de la fermeture. Vers 5h, les derniers clients étaient priés de s'en aller, et avec NuttyK il n'y avait en général pas beaucoup de protestations. Elle avait pris soin de s'entrenir avec ce dernier pour lui signaler qu'elle était volontaire pour s'occuper de la fermeture. Comme elle l'espérait, personne n'eut d'objection à ce qu'elle s'en charge, après tout cela voulait aussi dire qu'il fallait tout ranger et nettoyer sommairement, ce qui n'était pas spécialement une partie de plaisir. Elle se retrouva donc seule dans la grande salle une fois que tout le monde fut reparti. Lorsqu'elle se fut assurée que la salle était bien vide, et qu'elle eut fermé la porte à clef par précaution, elle se rendit à l'endroit où avait eu lieu sa conversation avec l'inconnu. Il n'y avait plus aucune trace de l'arrêté royal et le feu brûlait toujours aussi ardamment dans l'âtre.

Elle aurait bien sûr pu attendre d'être chez elle, elle disposait aussi d'un foyer dans sa propre demeure, ce qui lui aurait évité la corvée de nettoyage qui s'annonçait après, mais elle n'en avait pas envie. Elle voulait juste que les clients s'en aillent, et terminer ce qu'elle avait commencé là où elle l'avait commencé, et elle s'accordait toujours ce qu'elle souhaitait. Délicatement, elle tira le parchemin de sa poche, le décacheta, et le déroula sur la table à laquelle elle venait de s'asseoir. Elle le parcourut des yeux. Les instructions étaient sommaires, précises. Elle n'eut besoin de le lire qu'une seule fois.

"Rien que ça."

Elle ne put retenir un fou rire. Ainsi donc c'était la tête du Prince qui pouvait lui rapporter la plus belle récompense qu'on lui ait jamais proposée. Elle qui n'avait jamais accordé la moindre valeur à la Famille Royale se devait de réviser son jugement et elle trouvait cela pour le moins amusant. Elle finit pourtant par retrouver son calme et se releva en repoussant sa chaise dans un crissement du bois contre le sol. La tâche n'était pourtant pas aisée. Ne se surestimait-elle pas ? Ne prenait-elle pas trop de risques ? Si elle était capable de neutraliser le Prince à elle seule, avait-elle vraiment besoin d'aide pour échapper à la justice ?

"Petit parchemin, il semblerait que tu doives rejoindre ton copain dans les flammes..."

Pourtant, elle ne se dirigea pas immédiatement vers le foyer, mais pris le temps de soulever sa jupe et retirer une petite dague du fourreau qui était fixé à sa jambe. Cette dague qu'elle préférait conserver avec elle pour le cas où un client se montrerait un peu trop insistant avec elle après sa sortie de l'auberge, dans une rue déserte... Son utilité allait être toute autre ce soir. Elle appuya son doigt contre la pointe de la lame jusqu'à sentir un picotement, et elle le retira pour admirer la perle de sang qui était apparue. Très proprement, elle apposa ainsi sa signature sur le parchemin avant de ranger la dague.

Parchemin en main, elle se dirigea vers l'âtre où elle jeta négligeamment ce dernier. Elle resta un moment devant la cheminée à le regarder se consumer. Si elle était capable de neutraliser le Prince à elle seule, avait-elle vraiment besoin d'aide pour échapper à la justice ? Mais la question n'avait pas d'importance. Elle n'en avait plus depuis un moment déjà. C'était trop tard, elle avait déjà pris sa décision, elle trouvait le jeu amusant, et elle voulait sa récompense. Ce qu'elle voulait, elle se l'accordait. Elle était libre, et rien ne se mettrait en travers de son chemin.

"Ca tombe bien, j'ai toujours rêvé de visiter le château..."