Un mal qui ne dort jamais.

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Llanistar van Rusadir


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La douleur s'était faite intense dés l'aube. Llanistar avait eu beau se bourrer le gosier d'alcool à s'en décrocher la machoire la veille avec deux camarades récurrents de beuverie, la douleur l'avait éveillé et fait hurler. D'abord une sensation de brulure dans son coeur puis la sensation que tous ses os se brisaient, les uns après les autres et enfin les crampes. Dans les jambes et les bas puis dans le dos et enfin l'impression que son coeur était écrasé. Le supplice dura pendant plus d'une heure avant qu'enfin il ne s'évanouisse. Lorsqu'il était revenu du trou noir, la femme de l'aubergiste se tenait au dessus de lui, lui épongeant le front avec un linge humide. La fraicheur du tissu l'apaisait. Il se sentait brulant et fiévreux et les mots ne sortirent qu'avec peine de sa bouche. Sa voix même était plus celle d'un cadavre.

"Eau...s'il vous plait. Soif..."

"Bien. Calmez vous, ne bougez pas. Mon mari est allé chercher le médecin, il va arriver."

Elle sortit et revint un bol remplit d'eau claire. Sa sollicitude touchait Llanistar, étonné de tant d'attention de la part d'une femme qu'il n'avait fait que croiser quelques fois. Certains moins généreux l'auraient fait taire définitivement et auraient récupéré ce qu'il possédait. Pas grand chose mais assez pour justifier le passage d'un couteau sur sa gorge.
Il but à grand traits et sentit le liquide tracer son chemin dans ses entrailles. Peu après, le médecin arriva, portant un étrange masque. Il examina Llanistar sous toutes les coutures en murmurant quelques mots de vieil hylien et sortit de son sac une sangsue. Il s'apprêtait à la poser sur le torse du nordique quand la main de ce dernier se referma sur son bras. Le nordique le fixait, la douleur de son geste l'accablant malgré sa volonté de ne pas le laisser paraître.


"Hors...de question. Vous rangez...vos merdes et vous sortez."

Llanistar sortit une pièce d'or et lui envoya en guise de paiement. Dix fois trop pour un charlatan que c'était. Les saignées étaient une pratique courante au sud d'Artensyr mais le nordique en avait vu les dégâts. Un de ses amis en était mort. A Hyrule, on les utilisait pour lutter contre des maladies graves...Mais le noble savait qu'il n'était pas malade. Ce qui l'assaillait était un mal bien plus profond et ancré en lui. Depuis des semaines, le Vir s'était endormit en lui pour se réveiller cette nuit là. Et le parasite ne laissait rien au hasard. Llanistar tenta de nouer un lien mental mais il n'eut pas de réponse. Le monstre s'était il agité dans son sommeil ? Avait il souffert tout autant que son hôte ? Autant de questions qui restaient sans réponse. Il resta immobile pendant plusieurs heures avant de sentir son corps à nouveau et de parvenir à mouvoir ses membres sans grimace de souffrance. Il s'habilla le plus légèrement possible, se sentait brulant, et descendit dans la salle commune. L'aubergiste chiquait du tabac en attendant ses premiers client du soir. Lorsqu'il le vit, sa voix d'ours retentit :

"Ah, messire ! Vous vous sentez mieux ?"

"Pas assez pour passer une bonne nuit mais suffisamment pour ne pas rester immobile à attendre la douleur arriver. Ecoutez, personne ne peut guérir cette maladie mais j'ai besoin de quelqu'un qui sache en atténuer les souffrances. Vous ne connaitriez pas un guérisseur, un apothicaire, n'importe quoi ?!"

"Y a bien l'apothicaire du bourg mais il est encore jeune et il ne saura pas quoi faire face à un cas comme vous, m'est avis. En fait j'ai bien ma petit idée mais c'est pas très recommandable..." Il marqua une légère pause, guettant une réaction chez Llanistar qui resta stoïque. "Dans un coin discret du village Cocorico vit une sorcière. On dit d'elle qu'elle aurait un caractère pire qu'un cochon mais on vante aussi sa puissance et l'étendue de sa connaissance... Si quelqu'un a Hyrule peut vous aider, c'est elle."

"Merci..Et désolé pour le dérangement."

Il lança une pièce d'or dans la main aussitôt ouverte de l'aubergiste. Les deux hommes ne se connaissaient pas mais Llanistar sentait chez l'homme quelque chose de plaisant, comme une sorte de camaraderie de soldats. Se pouvait il qu'il ait dût la perte de son oreille droite à une guerre? En ce cas, il avait bien fini. Aubergiste à son compte avec une femme et deux filles...Le nordique sentait une pointe d'envie grandir en lui. Cette fin là lui aurait bien plu.

Il arriva dans la nuit au village, après avoir galopé aussi vite que lui permettait son corps meurtrit, une pluie glacée n'améliorant pas son état fiévreux. Pour beaucoup le village Cocorico était un lieu calme et paisible mais Llanistar n'avait jamais été de cet avis. Trop proche de son cimetière, trop proche d'une source d'ombre en dessus du sol, trop marqué par les ombres à son gout. Le nordique sentait la mort suinter du sol à chaque fois qu'il passait en ce lieu...Bien qu'il semblait être le seul dans ce cas. Alors qu'il passait prés du puits, il fut prit de violents vertiges et lutta pour rester en selle. Finalement un brusque mouvement de sa monture l'envoya à terre, rouler sur le sol boueux. Il ferma les yeux...

Lorsqu'il les rouvrit, une vieille femme se tenait au dessus de lui, le regard inquisiteur. Elle laissa échapper un petit rire mesquin afin de lui donner un petit coup de sa canne.


"Est il saoul ? Non, il est malade. Bien plus malade qu'un mortel ne devrait l'être, oh oui ! Allons, relève toi, pauvre âme ! Je ne te porterais pas !"

"...Etes vous..."

"Je suis celle que tu cherchais avant de finir dans cet état ! Relève toi fils de Veren, je n'ai pas toute la nuit !"

Fils de Veren ! Cette vieille le connaissait, et mieux que personne en ce pays ! Comment cela étais ce possible ? Llanistar ne se posa pas longtemps la question. La vieille reprit sa route et il dut forcer sur ses membres fatigués pour se remettre debout et la suivre, menant sa monture derrière lui. Ils marchèrent peu, la vieille montant un escalier peu après et lui faisant signe de la suivre. Elle était déjà rentré quand il arriva à la porte. Avec précaution, il ouvrit puis entra. Elle se débarrassait de son vieux manteau en cuir raccommodé, un sourire aux lèvres.

"Je sais pourquoi tu es venu, fils du nord, mais prend ton mal en patience. Je ne commencerais pas tant qu'il ne sera pas là, lui aussi."

"Qui donc?"

"Tu le découvriras bien assez tôt..."

Mais alors que Llanistar s'attendait à la voir invoquer un démon au centre de la pièce, il entendit la porte grincer derrière lui.


Eckard Falskord


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Cette virée à l'auberge de la Place du Marché fut plus que déconcertante pour le croisé meurtri. Ayant presque strangulé un pauvre hylien innocent alors que la rage le prenait, il nageait dans lui-même, son esprit tournant et se retournant dans un cercle vicieux de haine et d'incompréhension. Pourquoi avait-il attrapé ce bougre par la gorge déjà ? Aucune idée. Il n'était pas dans les habitudes de Valheim de s'attaquer à quelqu'un sans raisons particulières, outre les ordres de son seigneur et maître. Mais ce ne fut pas le cas. Reprenant ses esprits, il quittait l'auberge pour ressentir d'étranges sensations naissant en lui. Anesthésie des membres inférieurs et supérieurs, vue trouble, langue pâteuse endolorie, ouïe s'estompant peu à peu, odorat s'absentant de ses naseaux. Les pouvoirs de l'homme en gris semblaient manifester un retour de flammes non désiré.

Main du Seigneur du Malin, âme désormais plus en peine qu'auparavant, le guerrier déambulait toute la nuit dans une plaine brumeuse qui annonçait certainement ce qui serait une future tempête. Marchant sans but, comme la dernière fois qu'il avait quitté Ganondorf, s'éloignant de lui pour perdre ses pouvoirs, à présent, il voulait plus que tout retrouver celui pour qui il était dévoué corps et... âme. Si l'on voyait cet homme dans la plaine pendant la journée, on aurait pu le croire drogué ou sous l'emprise de l'alcool. Il avançait de façon saccadée et manquait de chuter à chaque pas qu'il faisait. Titubant, chancelant à contre-temps, dans une polyrythmie inconcevable.

" Ga... n... Ganon... dorf. "

Il n'arrivait qu'à peine à s'exprimer convenablement. Sa dépouille brûlait d'une chaleur nettement trop élevée pour un corps humain, il s'approchait plutôt de la chaleur d'un goron. Une fièvre incurable s'en prenait à lui, ou bien était-ce autre chose. Oui, ça l'était. Et il ne fallut que peu de temps pour que le guerrier ne s'en rende compte. Le démon qui logeait en lui forçait le blocus mental de l'homme. Dans son état, subsister serait pure folie, mais sa volonté était d'acier. Céder la place à cette chose sans forme, masse d'anti-matière, fruit d'on ne sait quel maléfice ? Jamais ! En son être, Valheim "discutait" avec la chose, refusant de lui céder son corps malade. Mais l'esprit noir était ce qu'on pouvait appeler l'incarnation des pêchés capitaux, aussi, sa volonté rivalisait avec celle de Valheim.

" Merde, lâches-moi donc, démon ! "

" Ne te fais pas d'illusions, gamin, je réclamerai mon dû jusqu'à la fin. Et si mon emprise doit te tuer, ainsi soit-il. Je te sais fort, mais tu n'es qu'une larve. Allez, laisses-moi entrer. "

Valheim l'ignora. Il continuait sa route, arrivant au centre de la plaine. Là, il posa un genou à terre, impossible de résister plus longtemps. Un moment passa. Ses souvenirs se bousculaient les uns aux autres, si bien qu'il ne comprit pas ce qui se passait sous ses yeux. Une jeune femme aux teintes vertes lui fit grâce d'un sort de soin, qui allait l'aider pendant quelques instants. Aussitôt, le croisé se releva, remerciant la femme qui lui avait rendu un service plus qu'énorme. Tout allait beaucoup mieux. Il combattait contre quelques gus qui pointèrent le bout de leur nez, puis voyant que des nausées le prenait à nouveau, il partit.

Ne sachant plus où aller, l'homme gris tournait en rond dans les landes vertes. Le malaise l'avait rattrapé. Sa vue se troublait à nouveau, il était temps de faire quelque chose, et vite. Par chance, ses yeux de taupe parvinrent à apercevoir ce qui semblait être une charette. Un marchand. Essayant de rattraper le vendeur, Valheim s'engagea à courir, chose qu'il parvint à faire, sans oublier de chuter. Le croisé se relevait difficilement pour finir sa course effrenée vers les marchandises. Interpelant l'homme pour lui demander de l'aide, il s'accrocha à une caisse qui dépassait de la charette pour la renverser sur lui. Tout le contenu de la caisse tomba sur Valheim, qui était de nouveau par-terre. Pitoyable homme qu'il était en cet instant. Par chance, il y avait là quelques potions curatives. Le guerrier s'en saisit d'une aussitôt, qu'il cacha sur lui et resta au sol, faisant le mort. Le marchand gromela et descendit pour réparer les dégats. Il appréhenda Valheim qui gisait par-terre comme un gueux. Certainement un clochard en quête de nourriture, se dit-il. Le commerçant ignora l'homme et rangea ses articles dans sa caisse, qu'il remit sur son chariot pour repartir au plus vite, de peur que l'autre ne se réveille.

Une fois le détaillant reparti, le serviteur du Malin se releva difficilement, buvant la potion d'une traite, sans plus attendre, comme un drogué ingurgitant sa came. Il réfléchit au plus vite avant que son état ne s'aggrave à nouveau. Sa magie étant devenue inopérante, il ne pourrait pas rejoindre son maître, ni l'appeler. La seule solution possible était de trouver un guérisseur, un sorcier, un médecin... Quoi que ce soit, peu importe, mais du moment que ça pouvait faire revenir Valheim auprès de Ganondorf, car seul lui pouvait faire quelque chose, pensa-t-il.

Proche du Village Cocorico, il monta les marches au plus vite. C'était probablement le seul lieu où quelqu'un serait apte à lui venir en aide. Il était encore suffisamment en forme pour y aller prestement. Le temps cours, aussi vite que la Main du Roi Sombre en cet instant. Et plus le guerrier s'avançait dans le village, plus il ralentissait, chutant encore et encore, le mal le rattrapait trop vite. Proche du puits, l'homme failli vomir. Les nausées étaient omniprésentes dans son être.

" Ca te rappelle des souvenirs, hein ? Hahaha ! "

" Fe... fermes-la, raclure ! "

Encore des marches, probablement les plus difficiles qu'il eut à monter. Il rampait presque sur ce dernier escalier, rampart final à chevaucher. Chaque marche était un horrible défi à relever. Gravissant les dernières avec un mal effroyable, il se saisit d'un poignée de porte, celle de la demeure de la sorcière. Sa main tremblant affreusement, il s'y appuya comme si c'était là le dernier espoir de sa vie. D'ailleurs, l'était-ce assurément. Valheim y était parvenu sous le seul joug de sa volonté. Enfin, il entra. La porte grinçant, s'ouvrant lentement, et dans un même mouvement, le guerrier tomba sur le seuil de la pièce. Affalé comme un misérable, il releva sa tête et ses pupilles voyant flou pour distinguer la sorcière et un homme qu'il avait revu il n'y a pas si longtemps... Voulant demander de l'aide, aucun son ne sortit de sa bouche. Il tendait un bras vers l'avant et s'arrêta net. Plus aucun mouvement n'était à envisager, l'agonie. Juste l'agonie.


Llanistar van Rusadir


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Llanistar n'en cru pas ses yeux lorsqu'il reconnu en l'homme évanouit, fâce contre sol, Valheim le serviteur de Ganondorf. Depuis leur duel lors du tournoi, les deux hommes s'étaient croisés à une unique reprise et le nordique se souvenait avoir trop bu cette nuit là. A l'inverse, la Main du roi gérudo paraissait toujours sobre et les idées claires. Pas un modèle pour autant mais très loin du pathétique individu qui gisait là.

La sorcière s'amusait, elle, de la situation. Elle fit signe à Llanistar de le relever et lui désigna un siège où l'asseoir en attendant qu'il revienne à lui. Le noble s'exécuta puis s'installa en face de l'hylien tandis que la vieille partait dans son arrière boutique. Observant son ancien adversaire, il lui trouva un teint plus pâle qu'un cadavre et des marques d'extrême fatigue en dessous des yeux. Ses lèvres trahissaient également un état maladif. Se pouvait il que leurs maux aient quelque chose en commun? Et puis, la vielle les attendait visiblement. Elle devait avoir prévu cette situation.

Les questions se bousculaient dans son esprit quand la sorcière revint, ricanant toujours. Elle posa deux petits coffres d'ébène sur une table entre les trois fauteuils et s'installa dans le dernier. Alors, elle embrasa un bâton d'encens et laissa quelques instants à l'arôme étrange pour se disperser dans l'air chaud de la pièce. Llanistar n'osait pas bouger un doigt ni prononcer un mot, son regard allant de l'unique lanterne rouge diffusant une sombre lueur rougeâtre à Valheim, toujours inconscient mais respirant d'un rythme plus sain qu'à son entrée chez la vieille. Il se sentait oppressé par la chaleur moite du lieu mais également par une présence invisible, comme si le sol l'attirait plus fortement. Pouvoir mystique de leur hôte ou délire de fièvre, il l'ignorait mais sa tension dût apparaitre à la sorcière qui lui jeta un regard moqueur avant de lui asséner :

"Détends toi, fils de l'hiver. Tu n'as rien à craindre de moi ou de tout ce qui vit ici. Les monstres ne s'attaquent pas entre eux..."

"Je ne suis pas un monstre ! Et cessez de me nommer ainsi !"

"Je te nomme par tes véritables noms, qu'importe si tu les aimes ou non ! Dehors tu peux te cacher aux autres et à toi même comme un lapin dans son trou mais pas ici. Mon toit, ma loi. Et je le maintiens : tu es un monstre. Une créature pire encore que moi ou tout ce qui peut vivre dans ce village. Rien ici n'a tué son père, empoisonné son frère, baiser sa soeur et trahit son pays. Rien ne porte en lui une horreur telle que tu en portes."

"...Comment savez vous tout cela?"

"Un tel destin attire l'attention, Rusadir. Dans le monde des monstres, tu es un demi-dieu. Qu'importe que tu sois un mendiant chez les hommes, ca n'est pas chez eux que tu trouveras la fin de ta route...Ah ! Qu'es-ce que les hommes comme toi peuvent être stupides ! Petites choses fragiles et meurtries, vous n'acceptez même pas cette idée et vous vous efforcez de prouver au monde le contraire. Mais au fond de toi, il n'y a rien d'autre que le petit garçon pleurant et gémissant sous le coup de la peur et de la douleur. Ton père fut cruel avec toi, comme son père avant lui et tu as reproduit cette cruauté. La force d'un homme n'est qu'une carapace masquant un amas de faiblesse et de tristesse...Tout comme cet homme. Valheim, le serviteur de Ganondorf le plus craint dans tout Hyrule, un être réputé si noir et vil que certains l'imaginent facilement forniquant des chèvres ou mangeant des enfants. Au final, lui aussi a besoin d'aide. Même les monstres ont besoin d'aide... En sont ils alors réellement ? Je ne pense pas."

"Alors pourquoi m'appeler ainsi ?"

"Pour tenter de te remuer un peu, fils de l'hiver ! Comprend que j'ai peu de visites et que j'apprécie quand la vie entre chez moi. Or toi comme lui, vous puez la mort. J'ignore si cela vous vient de ce qui vous habite tous les deux ou si vous êtes naturellement des cadavres ambulants mais je trouve cela triste."

Valheim s'agita sur son siège tandis que la sorcière fit de la place sur l'accoudoir de son siège à son chat qui sauta aussitôt s'y installer en ronronnant paresseusement. Llanistar, lui, ne savait plus que penser. Trop troublé par les connaissances que son hôte avait de lui, il n'avait pas bien prêté attention à ce qu'elle avait dit mais les quelques mots sur la cruauté de son père l'avait mit mal à l'aise pour de bon et il gardait un silence gêné et oppressé. Il "puait la mort", c'était ses mots. Son corps ou son âme ? Les deux, peut être ? Après tout, lui même n'était plus bien sur d'être en vie.

"Ce qui nous habite tous les deux...A quoi faisiez vous allusion ?"

"Au Vir, bien entendu."


Eckard Falskord


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L'inconscience de l'homme en gris n'était effective qu'à moitié, dirons-nous. Il était réduit à l'état de légume. Impossible d'effectuer le moindre mouvement, pour peu qu'il eut été aisé de le faire. Oncques n'aurait-il pu lever ne serait-ce qu'une paupière, lourdes comme le plus obèse des Gorons du Mont du Péril. Il en était de même pour sa mâchoire, entrouverte comme celle d'un cadavre en putréfaction. Néanmoins, ses oreilles restaient grandes ouvertes, et bien que certainement bouchées ou altérées par un mal affamé, il perçevait, il entendait. Les voix dans la pièce parvenaient jusqu'à lui avec un effort olympique. Le comateux ne comprenait qu'un mot sur deux, encore trop dans le brouillard. Valheim sentait les bras du Nordique l'attraper pour l'installer dans un gigantesque fauteuil. Un étrange fumet se dégagea de ce qui semblait être une table. Celle-ci séparait les deux hommes. L'odeur de l'encens trouva refuge dans les naseaux de la Main de Ganondorf, pour ensuite y prendre racine. C'était un parfum agréable, fruit d'on ne sait quelle potion de cette vile sorcière. Certainement allait-elle leur lancer un quelconque maléfice... Non, l'ambiance paraissait encore trop sereine pour ça. Les yeux de Valheim s'entrouvrirent, iris timides voulant établir refuge dans leur obscurité précédente. Sa vision demeurait encore et toujours voilée d'un flou opaque mais il parvint à comprendre que le Nordique se trouvait face à lui, dans un autre siège. Ce dernier semblait agacé par ce que lui disait la vieille femme. Le guerrier aux cheveux d'argent commençait à être prit de légers spasmes. On dirait que son état s'améliorait peu à peu, car il retrouvait des couleurs. Visiblement, cet encens y était pour beaucoup et semblait apaiser les âmes. si bien que Valheim discerna mieux ce qu'il voyait et entendait.

"Or toi comme lui, vous puez la mort."

Cette phrase fut la première qu'il comprit aisément, et cela lui fit écarquiller ses yeux, se relevant presque du fauteuil pourtant bien confortable. L'homme regardait Llanistar, puis ses yeux se perdirent dans une valse macabre sur tout ce qui attirait son regard : l'encens, les deux coffres sur la table, le troisième fauteuil vide, la sorcière qui revenait de l'arrière-boutique, le chat s'installant près d'elle... Puis la sorcière fit allusion au Vir. Le Vir ? Ce mot eut pour effet de faire réagir un instant l'odieuse créature dans le corps de Valheim, on le remarquât à ses yeux qui virèrent au jaune pendant une fraction de secondes imperceptibles. D'ailleurs, ce dernier prit enfin la parole, suite au silence religieux qui prit place, s'imposant non gracieusement.

" Homme du Nord, que fais-tu ici ? Devons-nous consulter cette bonne femme dans un même temps ? C'est absurde et cela ne m'enchante guère. Et toi, vieille peau. Quelles sont tes intentions ? J'ai besoin d'un... traitement. "

Le guerrier se sentait particulièrement bien ici, en fait. Plus les secondes défilèrent, plus cette sensation de bien-être se développait. Il ressentait comme l'effet d'une drogue, certainement l'encens. Le poids de son corps se faisait plus léger, il s'envolerait certainement en levant séant. Toutefois, un nombre incalculable de questions trottaient sans réponses dans sa tête. Il attendait d'abord de voir ce que l'autre mégère avait à lui... leur annoncer. Le mot "Vir" inspirait terreur et rien d'autre. Aussi, cela lui rappelait vaguement le Vàsa -signifiant "dévoreur" dans un dialecte ancien-, une même sensation malsaine se dégageant de ces deux entités obscures... La Main du Roi Gerudo ne s'impatientait pas, contrairement à ses habitudes. Restant tout de même méfiant à l'égard de l'enchanteresse maléfique, mais aussi du guerrier face à lui qui restait de glace.



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Llanistar van Rusadir


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Aussitôt que les mots eurent franchit la bouche du criminel, Llanistar sentit l'agacement pointer chez la sorcière. La main vive, elle s'empara de sa canne et donna à Valheim un coup vif en pleine poitrine qui lui coupa le souffle. Elle eut alors un sourire mesquin digne d'une enfant contemplant une vengeance accomplie...Etait elle vraiment la personne désignée pour ce que le Nordique voulait elle ? Son savoir l'impressionnait mais elle ressemblait plus à une vieille chouette mal lunée qu'à une guérisseuse suffisamment compétente pour le soigner. Il n'arrivait pas, à vrai dire, à se faire un avis sur cette femme qui portait plus de rides sur son visage que de cheveux sur son crane. Elle parlait juste et sans doute parvenait elle à lire dans les esprits aussi aisément que dans des livres mais le Vir n'était pas une maladie bénigne comme une grippe et ne se soignait pas, de ce que Llanistar en savait. A peine pouvait on apaiser les souffrances de son porteur...

C'est alors qu'il réalisa ce qui lui avait échappé jusque là. Ses yeux vinrent se poser sur Valheim et ils échangèrent un regard. Le Nordique était abasourdi par ce qu'il venait de comprendre. Partout en ville, on se souvenait moins de sa victoire lors du duel contre Valheim que de la défaite de la main de Ganondorf. En effet, celle ci était réputée invaincu et invincible. Son nom seul faisait trembler les gens du peuple et provoquait l'angoisse chez les soldats. Personne n'avait parié sur lui avant le combat et sa victoire avait fait la fortune des preneurs de paris. Et pour cause : Jamais un étranger d'aspect aussi frêle que le noble n'aurait dû vaincre celui qui défiait la couronne avec insolence depuis tant de temps ! Mais leur combat n'avait pas été un duel d'homme à homme. Cela avait été un duel de Vir à Vir. C'est pour cela qu'ils étaient tous les deux sur le même toit en cette nuit d'orage : ils possédaient le même mal en eux.


"Héhé ! Llanistar a été plus rapide à comprendre que toi, main du prétendu roi. Sachez que mon temps est précieux et que je ne l'accorde pas facilement. Le dernier qui est venu me voir pour un rhume des foins l'a bien comprit...Seuls les cas les plus rares m'intéressent et vous en êtes deux ! Le même mal vous atteints, tous les deux. Il existe depuis des temps très reculés et mon savoir est lacunaire à son sujet...Mais je pense pouvoir vous aider."

"A quel prix?" L'interrompit rudement Llanistar. Il refusait de se fier naïvement aux promesses de la vieille pie, persuadé que rien n'était gratuit en ce bas monde. Elle le foudroya du regard un instant avant de s'apaiser.

"Rassures toi, fils du Nord, nous aurons tous le temps de parler de mon payement ensuite...Où en étais je ? Ah oui ! Le mal qui vous atteints est communément appelé "Vir de nos jours mais dans l'ancienne langue on l'appelle "Vàsa". Le sens de ces deux mots est le même : affamé, dévorant. En revanche, peu de mortels peuvent se vanter de connaitre son origine exacte...J'ai l'honneur d'en faire partie.

Elle ouvrit un des coffrets noirs qu'elle avait posé sur la petite table et en sortit un objet ovale empaqueté dans un tissu mauve dont l'aspect évoquait à Llanistar de la soie. Avec précaution, elle l'ouvrit en prennant garde à jamais toucher l'objet : une pierre noire. Le nordique se rappela alors que le réceptacle dans lequel se trouvait le Vir avant qu'on ne le lui inculque était une pierre d'aspect identique.

"Alors que ce monde était encore jeune, les dieux s'intéressaient beaucoup à nos ancêtres et, tels des parents bienveillants mais soucieux de rendre leur enfants indépendants, ils dispensaient avec parcimonie leur savoir et leurs bénédictions. Certains diraient d'eux qu'ils restaient prudents face à l'avidité et à l'ambition qui pouvait s'emparer des hommes, d'autres, moins nombreux, les accusent d'avoir gardé jalousement leur pouvoir, de crainte que les hommes ne se satisfassent plus de leur position inférieure. Or il advint que l'un des Dieux ne supporta plus de voir ses enfants souffrir de terribles maux sur Terre alors qu'il aurait pu les aider. Ce dieu commit l'imprudence de confier aux hommes son pouvoir : il leur offrit le feu. Car il donnait naissance, faisait grandir et commandait toute flamme sur Terre. Son nom était Hemrath le Flamboyant mais il devint bien vite Hemrath le Maudit. En effet, ses frères et soeurs, apprenant sa trahison, s'emparèrent de lui et déchaînèrent contre lui une grande fureur. Ne pouvant être tué, Hemrath fut brisé, son essence séparée en plusieurs milliers de fragments que les dieux semèrent négligemment sur Terre...Et qui furent trouvés. Le feu d'Hemrath éteint laissa place aux ombres et à sa compassion succéda une haine immense et irréfrénable. Ainsi, les fragments du dieu devinrent des Virs, parasites ténébreux à la faim dévorante et à la haine infinie. Certains les utilisèrent pour renforcer la puissance de leur royaume, comme chez toi Llanistar. D'autres s'en servirent à des fins plus personnelles comme toi Valheim. Mais pour tous, l'issue a été la même : la mort. Car d'une tragédie pareille à celle ci ne pouvait sortir que du malheur...Et ce malheur est tombé sur vous comme sur d'autres. Elus, maudits ; les points de vus divergent mais tous les hôtes reconnaissent que le Vir est autant un don qu'une malédiction."

Llanistar n'en croyait pas ses oreilles. Cette vieille femme en savait plus sur son parasite que n'importe qui en Artensyr. Un royaume entier était plus ignorant qu'une sorcière terrée dans un village perdu ! Mais il ne douta pas un instant de la véracité de son savoir : tout devenait trop logique pour que cette histoire soit un mensonge. Il avait souvent eu cette impression que la puissance conférée par le Vir n'avait rien d'humain, rien de mortel. Qu'il manquait à son âme une dimension surhumaine pour maîtriser le parasite. Il ne regarda pas vers Valheim, ses yeux étaient fixés sur la pierre noire. Il attendait que la vieille reprenne la parole, ce qu'elle fit après avoir caressé un instant son chat.

"Plus qu'une maladie, le Vir est un fardeau divin, bien trop lourd pour des épaules humaines. Cependant, nombreux sont les sages à s'être penchés sur la question d'un remède...Et il semblerait que les plus brillants...ou les plus chanceux aient trouvés. Ces pierres viennent d'un lieu lointain appelé Brannjord : la terre de feu. C'est là que, sous la forme d'un titanesque roc flamboyant tombé du ciel, Hemrath arriva sur Terre pour aider les Hommes. Là où le roc a atterri, rien ne pousse plus et, en creusant, on peut parfois trouver des fragments de cette météorite. Cette pierre noire a comme propriété unique de pouvoir emprisonner le Vir, de le forcer à s'y enfermer lorsque son hôte meurt. Ainsi, le Vir a été préservé chez eux qui voyaient en lui un moyen précieux de pouvoir."

"Je savais déjà cela, on m'a transmit le Vir par une pierre de ce type. Je me fiche de savoir si mon parasite me survivra ! Je veux vivre sans lui !"

Il s'était relevé, la fureur bouillonnant dans son regard. Une colère sourde grondait en lui contre tous ceux que la sorcière appelait "sages" et qui avaient permit qu'il soit infecté de cette chose. Elle grondait contre tous ceux qui avaient vanté les bienfaits du Vir à l'oreille du jeune garçon fragile qu'il était. Elle grondait contre lui même de ne pas avoir vu clair à cette époque. Mais alors qu'il s'attendait à un coup de canne, elle se leva, le visage prit d'une soudaine excitation.

"Ah bon ? Mais dis moi, fils de Veren, que te reste il sans le Vir ? Tu lui doit tes succès, tes réussites, tout ce qui t'as sourit dans ta vie. Chaque fois qu'il n'était pas là, le destin te faisait chuter dans les abysses et tu ne t'en relevait que par son aide ! Qu'es tu donc sans lui ?"

"Un homme libre."

La réponse avait jaillit en lui aussi vivement que la foudre. Le Vir pouvait lui avoir obtenu toutes ses victoires, il n'en était pas moins prisonnier de lui depuis des années. Des années à porter des chaînes trop lourdes pour lui, trop lourdes pour n'importe quel homme ! Il avait envie que cela s'arrête. Il suppliait les dieux, au plus noir de chaque nuit alors que la faim du Vir l'empêchait de trouver le sommeil. Il les suppliait de mettre fin à ses souffrances, de lui accorder le repos auquel il croyait avoir droit. Peu lui importait qu'il ne soit qu'un homme, ou même moins : il voulait être libre. Libre pour que sa vengeance lui appartienne vraiment. Si il tuait le Kairn avec l'aide du Vir, alors il aurait vraiment tout raté.

"Et que serait tu prêt à sacrifier pour ta liberté, Rusadir ?"

[hrp]Qui a dit Pavay ?! Vous, là, au fond ! Oui, je vous ai bien vu ! Vous êtes un cuistre ![/hrp]


Eckard Falskord


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(vide)


Les élucubrations de la vieille bique ne laissèrent pas Valheim de marbre. Il écoutait, répondant intérieurement aux questions de la sorcière, les mêmes réponses que Llanistar. Un homme libre. C'est tout ce qu'il souhaitait. Et en faisant attention au récit, l'homme en gris comprit. Il comprit que lui et le guerrier du Nord avaient tous deux subi les mêmes maléfices, les mêmes souffrances, la même prison.

Victimes cruelles d'un mal qui ne dort jamais.

Voilà donc ce qu'était le Vàsa, le Vir. Oncques le Seigneur du Malin ne lui avait dit le moindre mot là-dessus. Et sa Main gageait qu'il en savait un rayon, lui aussi. L'homme commença à serra le poing aussi fort qu'il put, faisant signifier le frottement de ses gants de cuir. La rage bouillonnait en lui, envers Ganondorf, envers ces sages qui ne rédigèrent pas le moindre grimoire sur le sujet -car ce n'était pas faute d'avoir cherché-, envers le monde entier qui lui avait caché ces vérités. Depuis qu'elle avait ouvert ce coffre et dévoilé la pierre noire, Valheim ne sut changer la position de son regard, comme aspiré par elle. Un noir si profond, si envoûtant... On pouvait presque encore discerner en elle les flammes du météore brûler intensément, malgré sa couleur monochrome. On pouvait y voir... Hemrath. Ou bien n'était-ce qu'une illusion. La vieille mégère jeta une toute dernière question à la suite de son étalement historique.


"Et que serait tu prêt à sacrifier pour ta liberté, Rusadir ?"

À ces mots, Valheim se leva immédiatement du siège, décrochant ses yeux de la pierre pour les rediriger vers la bonne femme. Il répondit aussi bien pour lui, que pour l'autre homme.

" Tout. " dit-il simplement, comme s'il s'agissait-là d'une évidence. Il tourna la tête vers le Nordique, comme pour s'assurer de la véracité des propos qu'il tenait. " Nous sommes prêts à tout sacrifier pour retrouver cette dignité que nous n'avons désormais plus. Qu'avons-nous à perdre maintenant ? Je ne sais pas pour toi, Rusadir, mais en ce qui me concerne, il n'y a rien que je regretterai d'abandonner pour retrouver un semblant de vie normale. Je ne veux plus dépendre de cette immondice qui me ronge de l'intérieur. Toi non plus Rusadir, j'en suis persuadé. Et si nous devrions mourir pour avoir été des hommes, alors nous serions en paix. Je ne veux pas mourir en monstre. "

On ne pouvait que difficilement croire les paroles de cet homme, lui qui a tant semé la terreur tout au long de sa vie, au service de son seigneur et maître. Dévoué et fidèle, peut-être n'était-ce là que le désir du parasite. Peut-être que depuis tout ce temps, le cerveau même de Valheim ne pensait plus correctement ? Peut-être que le Vàsa s'était inséré jusqu'à même son système de pensée, et celle-ci se retrouverait altérée ? Comment pouvait-il donc réellement savoir si ses choix étaient bien les siens ? Ce qui était sûr, c'est qu'il voulait demeurer libre. Et cette faveur, seule la sorcière pouvait la lui accorder.
La grognasse, avec son chat et sa canne vengeresse, elle allait devenir la clé de voûte de l'avenir de ces deux hommes. Si toutefois elle était aussi assurée qu'il n'y paraissait. À l'entendre déblatérer, cela semblait être d'une simplicité déconcertante, mais l'homme en gris n'y crut pas une seule seconde. L'opération ne se fera pas sans souffrance, assurément. À présent il mettait tout ses espoirs dans les mains tremblantes de la femme agée. À qui d'autre faire confiance ? Les mages de son niveau se faisaient rares en Hyrule, et le temps pressait affreusement, pour Llanistar, comme pour Valheim. La Main du Roi Gerudo espérait encore que ce dernier n'espionnait pas ses faits et gestes actuellement. Auquel cas, la situation ferait un terrible revirement et le Vir de ce dernier déchaînerai sa colère. Ganondorf sait très bien comment s'y prendre pour cela. Ce diable a toute maîtrise sur son fidèle... Et quand bien même le Vàsa en sortirait, Valheim serait libéré du joug de son maître... Si toutefois l'extraction du parasite ne lui ôtait pas la vie...



[HRP]Mon inspiration laisse à désirer, je t'autorise à m'immoler sur-le-champs.[/HRP]
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Llanistar van Rusadir


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"Tout."

Llanistar et la sorcière, prit de court, se retournèrent vers Valheim qui avait bondit sur ses pieds. Alors que le Nordique allait donner sa réponse, celle ci était sortie des lèvres du criminel avec une émotion et une sincérité presque touchante, qu'il comprenait parfaitement ; il les partageait. Après des années à avoir cherché un remède, chacun de leur côtés, on pouvait sentir chez les deux hommes la flamme de l'espoir bruler à nouveau. Ainsi, il existait un échappatoire ! Leur mal ne resterait pas incurable ! Il sourit à Valheim et hocha la tête, lui montrant ainsi qu'à la sorcière, qu'il approuvait tout ce qu'il avait pu dire en son nom. Les deux ennemis de la veille, à défaut de s'entendre, se comprenaient et il cherchait à atteindre le même objectif : la guérison.
La veille rit alors de bon coeur, faisant sursauter son chat qui bondit du siège et alla se réfugier derrière un meuble. Llanistar se refusait encore à la voir comme une amie, même comme une alliée mais il décelait chez elle plus de signes d'un mauvais caractère que d'une profonde malveillance.


"Tu ne veux pas mourir en monstre, dis tu ! Ainsi vous êtes au moins d'accord sur une chose...Mais sachez qu'avant d'aller plus moins vers votre but, vous devez être avertis de plusieurs choses. La première est que le Vir ne se laissera jamais déposséder de son hôte facilement : La guérison est longue, ardue et très douloureuse. La seconde est que tout service a un prix et que le mien sera élevé. Enfin, avec la disparition du Vir de vos vies s'en iront vos plus grands malheurs mais également vos plus grands dons... La puissance titanesque que vous avez pu déployé au domaine Zora s'en ira pour toujours...Au grand dam de ceux que vous servirez."

Llanistar comprit l'avertissement qu'elle envoyait à Valheim. Avide de puissance et de gloire, le Seigneur du Malin n'était pas homme à garder un serviteur par affection. Si sa main perdait de sa poigne, la garderait il ? Pour sa part, le Nordique repensa à son ancien Roi. Quelle ironie cela serait de le tuer en possédant le Vir, le monarque ayant toujours eu une passion macabre pour le parasite ! Mais Llanistar n'accomplirait pas réellement sa vengeance en la laissant au fragment d'Hemrath. C'était sa main pour devait percer le coeur du Kairn, pas une autre !
De plus, la dureté du traitement ne l'effrayait pas. Au regard de toutes les souffrances que le parasite lui infligeait, il pourrait tout endurer pour que cet enfer s'arrête enfin, même frôler la mort si il le fallait ! En revanche la question du prix le rendit méfiant. Les sorcières avaient toujours des intérêts autres que l'argent ou la gloire. Les paiements de leurs services différaient souvent du tout au tout selon la sorcière et les moyens mis en oeuvre par elle. Pour un tel "service", Llanistar craignait d'apprendre ce qu'il allait devoir donner. Elle ne lui laissa pas le temps de demander.


"Prenez donc ces coffres quand vous rentrerez chez vous. N'ayez crainte, les pierres noirs qu'ils contiennent sont vides de tout Vir. Dans chacun des deux se trouve également un parchemin avec inscrit mon prix pour votre guérison. Je ne la commencerais pas ce soir. Pour des rituels de cette complexité, je dépends des cycles lunaires et cette nuit n'est pas bonne. En revanche, j'ai de quoi apaiser vos tourments."

Un sifflement leur parvint de l'arrière boutique et elle se précipita pour retirer une vieille bouilloire en fer de son feu. Elle la ramena à leur table et leur servit chacun une infusion étrange aux lueurs bleutées, un sourire de fierté aux lèvres.

"La plus puissante potion que vous pourrez trouver à Hyrule ! Il faut des corps solides pour encaisser ses effets mais pour vous, ça ne sera pas un problème ! Allons, détendez vous donc ! Vous aurez le temps de réfléchir à mon offre plus tard !"

Elle repartit dans son arrière boutique, étonnamment enjouée malgré la tension qui persistait chez ses deux invités. Encore perplexe, Llanistar se rassit et porta la tasse à ses lèvres, humant l'odeur de la mixture. Puis, après avoir longuement expiré, il avala la potion d'un trait. Il eut l'impression, l'espace d'un instant, qu'il avait fait entrer dans sa gorge le feu ardent d'un dragon. Il manqua de recracher tant son corps entier semblait bruler au passage du liquide mais se retint. Car il sentit l'apaisement le gagner. Là où la douleur était permanente et sourde, ses muscles s'apaisaient et le calme revint le bercer. Puissante, cette potion l'était, sans aucun doute.


Eckard Falskord


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Le fidèle de Ganondorf ne se fit pas prier et prit le petit coffre qui lui était tout désigné. Celui-ci était vraiment de taille médiocre, il était aussi petit que n'aurait pu l'être la boîte à bijoux d'une femme lambda du village Cocorico. Il s'en saisit puit intervint un sifflement strident venant de l'arrière-boutique. Aussitôt la sorcière se leva et rejoigna sa cuisine pour revenir avec sa bouilloire encore brûlante. Elle leur servit à chacun une tasse de ce breuvage bleuté et leur fit témoignage des effets que cette potion procurerait, les mettant tout de même en confiance. Valheim observa le Nordique boire la mixture avant lui, se crisper légèrement sous les effets de celle-ci.

" Prendre le thé chez une sorcière... Voilà qui n'est pas banal. " ricanait-il tout en se saisissant de la tasse. " Santé. "

Il inséra le bord de la tasse à ses lèvres pour y faire couleur le liquide bleu dans son gosier. C'est à peine s'il se brûlait déjà les doigts en tenant la tasse, malgré sa main gantée. Il garda un long moment sa gorgée à l'intérieur de la bouche, lui procurant une sensation plus que désagréable, digne d'un aliment avarié. Agitant sa langue et restant hésitant s'il devait vraiment avaler ou non le contenu de sa bouche. Après tout, la sorcière pouvait très bien se jouer d'eux, que ça ne l'étonnerait pas. Il porta un dernier regard à l'autre compère qui semblait plus relaxé. Ni une, ni deux, décidé, il ingurgita. Probablement que la sensation ressentie paraissait aux feux de l'Enfer qui se propageaient dans son oesophage. Le guerrier plaqua ses mains contre sa gorge tout en maugréant en son for intérieur que la sorcière était en train de les empoisonner ou les droguer. Impossible de prononcer quoi que ce soit tellement la douleur était intense. Mais progressivement, la souffrance s'estompait. Chacun des muscles de l'homme se détendaient pour l'anesthésier presque complètement. Voilà qui était mieux.

Peut-être était-il temps de quitter les lieux à présent. À moins que la mégère n'aie un traitement particulier à préconiser aux deux hommes, mais Valheim ne le pensait pas. Il dirigea ses yeux de jade vers ceux de Llanistar, l'interrogeant du regard comme pour savoir la suite des "opérations". L'on irait certainement pas jusqu'à dire que les deux étaient devenus proches, mais peut-être qu'une certaine complicité pouvait naître de par leurs ressemblances. Demeurer adversaires fut tout bonnement stupide tant que les Virs seraient encore en eux. Ils provoqueraient on ne sait quels ravages en s'affrontant à nouveau. Aussi, l'attitude belliqueuse de la Main du Roi Gerudo n'était pas de mise actuellement. Chose rare. Il reprit dans ses mains le petit coffre et l'ouvrit pour revoir cette pierre incandescente d'un noir plus obscur encore que le Seigneur du Malin lui-même. La potion lui avait fait un bien fou. Il regarda à nouveau Rusadir.


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Llanistar van Rusadir


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Visiblement la potion eut le même effet chez Valheim que pour Llanistar et l'apaisement qu'ils en ressentirent les fit rester quelques instants, l'un face à l'autre. Les pensées du Nordique se bousculaient en lui, il ne savait plus que penser de cet homme. Un criminel, oui sans doute, mais en même temps victime. Pouvait on le tenir pour responsable de ses actes, alors que le Vir l'influençait et le poussait vers un chemin toujours plus obscur et tortueux ? Le Vir, comme toutes les folies, n'était cependant pas une circonstance atténuante aux yeux de la justice, Llanistar en était conscient. Si il ne partageait pas le même mal que Valheim, il n'aurait surement même pas tenté de le comprendre. La haine. La haine et la peur, voilà ce qui dominait le monde. Pas la princesse, pas Ganondorf, pas un dieu mais la Peur et sa soeur Haine. Il leur devait son exil, les trahisons qu'il avait subit ainsi que ses plus grands crimes. Il avait tué son frère par peur, son père par haine. Mais chaque jour de sa vie, il se rappellerait l'ultime regard de compassion jeté par ce père pourtant si malveillant. Un regard où se mêlaient de la pitié, de l'amour et du pardon. Llanistar serait il capable de jeter un tel regard à son dernier frère, lorsque leurs lames se rencontreraient ? Surement pas si il conservait le Vir. Le parasite ignorait le pardon, la compassion. Il ne le poussait que vers la mort, vers cette fin brutale et irrémédiable qui tranchait d'un coup les multiples fils de possibilités qu'offraient la vie. Il devait s'en débarrasser pour redevenir l'humain qu'il avait été un jour. Ce petit garçon battu et meurtrit par la morsure du fouet et qui courrait se réconforter dans les bras de sa mère puis de son précepteur. Si il voulait être à la hauteur du regard offert par son père dans son dernier souffle, il fallait revenir à ses origines...Et se débarrasser de ce qui l'en avait éloigné. Il jeta un dernier regard à Valheim, pressentant qu'ils ne se reverraient pas de si tôt, s'empara du coffre et se leva. La sorcière se tenait derrière son étal et le regardait d'un air grave où aucun sourire ne filtrait. Llanistar dit alors ces quelques mots à l'attention de son frère de mal.

"La puissance seule n'est rien. Le Vir nous offre une force infinie qui n'apporte sur ce monde que la souffrance...Et nous rend monstrueux. J'espère de tout mon coeur que ta décision sera la bonne, frère. Moi, je l'ai déjà prise."

Et il sortit, sans se retourner. Dehors, la pluie avait cessé mais le ciel restait couvert...Tout comme en lui, sa crise n'était plus mais son parasite oui. Llanistar remonta sur son cheval et prit la route du bourg. Arrivé au pont sur la rivière qui parcourait l'est de la plaine, il n'y tint plus et ouvrit le coffre. Dedans reposait la pierre ainsi qu'un parchemin enroulé. Avec précautions et une angoisse montante, le nordique le descella et porta le parchemin à la lumière de la lune. Les mots étaient écrits avec précaution et finesse.
Mes arts sont obscurs tout comme ton mal.
Mes talents ne sont pas dépourvus de dangers.
De ton propre choix dépendra ta destinée.
La Vir peut te suivre jusqu'à ton dernier râle.

Ou bien disparaitre de ton corps sans un cri
Et pour ta guérison voilà mon prix :

Le Vir m'appartient.
Ton pendentif m'appartient.

PS : Le rituel te laissera avec juste assez de forces pour vivre 3 ans.
De quoi accomplir ta dernière geste à temps.


Eckard Falskord


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Les derniers mots du Nordique atteignirent directement Valheim et le touchèrent. Sa bouche hésita à effectuer un sourire, se dessinant presque de façon invisible. L'homme aquiescait d'un signe de tête et le regarda partir, laissant la porte ouverte. Inutile de la clore car l'énergumène aux cheveux argentés emboîta également le pas pour prendre congé de la sorcière. Il attrapa la poignée grincante, jetant un bref regard derrière lui.

" Puissent tes soins nous apporter chance, vieille bique. "

Puis il sortit en trombe, claquant la porte. On pouvait entendre la mégère pousser des jurons, piaillant telle une harpie à l'encontre du dernier sortant. Celui-ci descendait les marches calmement et rejoint la sortie du village Cocorico sans plus attendre. Il faisait toujours nuit et frais dehors. Juste avant de retrouver la plaine, le guerrier s'arrêta sur le grand escalier, entrée du village. C'est comme si le contenu du coffre l'appelait, l'incitait à ouvrir. Ce qu'il fit. Un parchemin scellé cachait la petite pierre, entourée de coussinets pourpres. D'une main, Valheim arracha le sceau, tenant toujours la boîte de pandore avec sa dextre. L'écriture de la sorcière était laide et non aisée à déchiffrer. On croirait presque une ordonnance de médecin, après tout, elle en était une. Le fidèle du Malin n'avait que faire de ses élucubrations sur papier, il cherchait où elle avait bien pu noter le prix qu'il aurait à payer.
Le Vir m'appartient.
Ton aile m'appartient.
Un prix inconcevable en réalité, bien que cet appendice noir de plumes soit la seconde chose dont Valheim souhaitait se débarrasser. Pourtant, retirer son aile signifiait pour lui perdre tous ses pouvoirs, toute sa magie, toute sa force, et voire plus encore. Cela signifiait le transformer en un être amorphe, le priver de combats, le priver de gloire et... le priver de sa monstruosité. La Main de Ganondorf afficha une mine colérique, serrant les dents à se les briser. Il frappa de toutes ses forces la paroi rocheuse à côté de lui et quitta les lieux, remettant avec haine le parchemin dans le coffre. Un dilemme affreux lui était alors imposé : se débarrasser du Vir et vivre comme un déchet, ou le garder et souffrir jusqu'à la fin de ses jours ?
...

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