Posté le 04/04/2012 12:00
Cette virée à l'auberge de la Place du Marché fut plus que déconcertante pour le croisé meurtri. Ayant presque strangulé un pauvre hylien innocent alors que la rage le prenait, il nageait dans lui-même, son esprit tournant et se retournant dans un cercle vicieux de haine et d'incompréhension. Pourquoi avait-il attrapé ce bougre par la gorge déjà ? Aucune idée. Il n'était pas dans les habitudes de Valheim de s'attaquer à quelqu'un sans raisons particulières, outre les ordres de son seigneur et maître. Mais ce ne fut pas le cas. Reprenant ses esprits, il quittait l'auberge pour ressentir d'étranges sensations naissant en lui. Anesthésie des membres inférieurs et supérieurs, vue trouble, langue pâteuse endolorie, ouïe s'estompant peu à peu, odorat s'absentant de ses naseaux. Les pouvoirs de l'homme en gris semblaient manifester un retour de flammes non désiré.
Main du Seigneur du Malin, âme désormais plus en peine qu'auparavant, le guerrier déambulait toute la nuit dans une plaine brumeuse qui annonçait certainement ce qui serait une future tempête. Marchant sans but, comme la dernière fois qu'il avait quitté Ganondorf, s'éloignant de lui pour perdre ses pouvoirs, à présent, il voulait plus que tout retrouver celui pour qui il était dévoué corps et... âme. Si l'on voyait cet homme dans la plaine pendant la journée, on aurait pu le croire drogué ou sous l'emprise de l'alcool. Il avançait de façon saccadée et manquait de chuter à chaque pas qu'il faisait. Titubant, chancelant à contre-temps, dans une polyrythmie inconcevable.
" Ga... n... Ganon... dorf. "
Il n'arrivait qu'à peine à s'exprimer convenablement. Sa dépouille brûlait d'une chaleur nettement trop élevée pour un corps humain, il s'approchait plutôt de la chaleur d'un goron. Une fièvre incurable s'en prenait à lui, ou bien était-ce autre chose. Oui, ça l'était. Et il ne fallut que peu de temps pour que le guerrier ne s'en rende compte. Le démon qui logeait en lui forçait le blocus mental de l'homme. Dans son état, subsister serait pure folie, mais sa volonté était d'acier. Céder la place à cette chose sans forme, masse d'anti-matière, fruit d'on ne sait quel maléfice ? Jamais ! En son être, Valheim "discutait" avec la chose, refusant de lui céder son corps malade. Mais l'esprit noir était ce qu'on pouvait appeler l'incarnation des pêchés capitaux, aussi, sa volonté rivalisait avec celle de Valheim.
" Merde, lâches-moi donc, démon ! "
" Ne te fais pas d'illusions, gamin, je réclamerai mon dû jusqu'à la fin. Et si mon emprise doit te tuer, ainsi soit-il. Je te sais fort, mais tu n'es qu'une larve. Allez, laisses-moi entrer. "
Valheim l'ignora. Il continuait sa route, arrivant au centre de la plaine. Là, il posa un genou à terre, impossible de résister plus longtemps. Un moment passa. Ses souvenirs se bousculaient les uns aux autres, si bien qu'il ne comprit pas ce qui se passait sous ses yeux. Une jeune femme aux teintes vertes lui fit grâce d'un sort de soin, qui allait l'aider pendant quelques instants. Aussitôt, le croisé se releva, remerciant la femme qui lui avait rendu un service plus qu'énorme. Tout allait beaucoup mieux. Il combattait contre quelques gus qui pointèrent le bout de leur nez, puis voyant que des nausées le prenait à nouveau, il partit.
Ne sachant plus où aller, l'homme gris tournait en rond dans les landes vertes. Le malaise l'avait rattrapé. Sa vue se troublait à nouveau, il était temps de faire quelque chose, et vite. Par chance, ses yeux de taupe parvinrent à apercevoir ce qui semblait être une charette. Un marchand. Essayant de rattraper le vendeur, Valheim s'engagea à courir, chose qu'il parvint à faire, sans oublier de chuter. Le croisé se relevait difficilement pour finir sa course effrenée vers les marchandises. Interpelant l'homme pour lui demander de l'aide, il s'accrocha à une caisse qui dépassait de la charette pour la renverser sur lui. Tout le contenu de la caisse tomba sur Valheim, qui était de nouveau par-terre. Pitoyable homme qu'il était en cet instant. Par chance, il y avait là quelques potions curatives. Le guerrier s'en saisit d'une aussitôt, qu'il cacha sur lui et resta au sol, faisant le mort. Le marchand gromela et descendit pour réparer les dégats. Il appréhenda Valheim qui gisait par-terre comme un gueux. Certainement un clochard en quête de nourriture, se dit-il. Le commerçant ignora l'homme et rangea ses articles dans sa caisse, qu'il remit sur son chariot pour repartir au plus vite, de peur que l'autre ne se réveille.
Une fois le détaillant reparti, le serviteur du Malin se releva difficilement, buvant la potion d'une traite, sans plus attendre, comme un drogué ingurgitant sa came. Il réfléchit au plus vite avant que son état ne s'aggrave à nouveau. Sa magie étant devenue inopérante, il ne pourrait pas rejoindre son maître, ni l'appeler. La seule solution possible était de trouver un guérisseur, un sorcier, un médecin... Quoi que ce soit, peu importe, mais du moment que ça pouvait faire revenir Valheim auprès de Ganondorf, car seul lui pouvait faire quelque chose, pensa-t-il.
Proche du Village Cocorico, il monta les marches au plus vite. C'était probablement le seul lieu où quelqu'un serait apte à lui venir en aide. Il était encore suffisamment en forme pour y aller prestement. Le temps cours, aussi vite que la Main du Roi Sombre en cet instant. Et plus le guerrier s'avançait dans le village, plus il ralentissait, chutant encore et encore, le mal le rattrapait trop vite. Proche du puits, l'homme failli vomir. Les nausées étaient omniprésentes dans son être.
" Ca te rappelle des souvenirs, hein ? Hahaha ! "
" Fe... fermes-la, raclure ! "
Encore des marches, probablement les plus difficiles qu'il eut à monter. Il rampait presque sur ce dernier escalier, rampart final à chevaucher. Chaque marche était un horrible défi à relever. Gravissant les dernières avec un mal effroyable, il se saisit d'un poignée de porte, celle de la demeure de la sorcière. Sa main tremblant affreusement, il s'y appuya comme si c'était là le dernier espoir de sa vie. D'ailleurs, l'était-ce assurément. Valheim y était parvenu sous le seul joug de sa volonté. Enfin, il entra. La porte grinçant, s'ouvrant lentement, et dans un même mouvement, le guerrier tomba sur le seuil de la pièce. Affalé comme un misérable, il releva sa tête et ses pupilles voyant flou pour distinguer la sorcière et un homme qu'il avait revu il n'y a pas si longtemps... Voulant demander de l'aide, aucun son ne sortit de sa bouche. Il tendait un bras vers l'avant et s'arrêta net. Plus aucun mouvement n'était à envisager, l'agonie. Juste l'agonie.