Posté le 23/05/2012 19:43
Il sentait de la bonne volonté chez son rival ; cet homme était décidément quelqu’un de grandiose. Pour ne pas tarir en éloges sur ce personnage qui aux premiers abords pourrait paraître un peu frustre de par sa carrure et sa bonhomie réconfortante, on pourrait dire que Conan était quelqu’un d’une franchise dépassant tout entendement, d’une gentillesse sans bornes, et d’une volonté en acier de rétablir les terribles blessures chez ses compatriotes vivants. A croire qu’il était trop bon pour être humain. C’est avec une main de fer qu’il tentait de remettre d’aplomb la guilde ancestrale des Chevaliers du Phénix, et la difficulté l’empêchait parfois de maintenir une stabilité chez les membres qui n’ont aucune considération pour le travail d’autrui. Pourtant il gardait sourire ; le monde pourrait s’écrouler qu’il verrait toujours une lueur d’espoir poindre dans le plus petit recoin de la terre. Ce formidable géant, on ne pouvait décidément que lui reprocher sa naïveté et sa croyance dans la bonté d’âme des êtres vivants. Car s’il est le prototype parfait des Hyliens, il n’en est pas de même pour tous les autres. Astre lui-même avait à présent des doutes sur la qualité de sa personne, mais il réprima cette nouvelle sensation : l’auto-apitoiement. Décidément, la faiblesse lui collait à la peau depuis que la « famille » s’était fracturée. Il fallait s’en débarrasser rapidement.
"Si tu me connais bien, tu sais qu'il ne s'agit pas pour moi de pitié. Et encore moi envers toi ! Tu sais pertinemment que je n'ai pas de pitié pour toi et que je t'aurais volontiers étripé au premier faux pas il y a simplement quelques jours."
« Oh j’en suis certain », commença Astre avec un petit sourire en coins. « Tu m’aurais lacéré sur place de tes deux grandes paluches, tu m’aurais réduit en bouillie, c’est bien cela ?! ». L’intensité de sa voix s’était accentuée dans les derniers mots qu’il avait prononcés. « Que nenni, mon frère. Tu es trop bon pour toucher ne serait-ce qu’un seul poil sur ma peau. Le seul que tu pourrais éventuellement vouloir tuer, c’est Ganondorf. » Astre bailla, mit sa main devant la bouche comme tout garçon éduqué comme il le fallait.
"Ne dis donc pas n'importe quoi ! Tu m'as habitué à plus de répartie et plus de réflexion."
« Je suis fatigué ; mon fiel n’est plus tout jeune et je recycle. » Il leva les yeux au ciel, lassé de sa lassitude.
"Nulle pitié mais je préfèrerai te tuer en bonne santé à choisir ! Hahahahaha !"
« Qu’est-ce que je disais, vieux frère ? Tu as le cœur bien trop pur, c’est étrange… » Il avait lâché ses mots d’une voix basse et presque inaudible, comme s’il avait honte de le dire, ou alors comme s’il était stupéfait qu’un ennemi puisse avoir autant de valeur.
"De la pitié non tu le sais, et tu sais aussi que c'est une main tendue à celui qui en a besoin, si tu en as besoin. Tu me connais, oui, tu sais que je suis comme cela. Alors arrête avec ta pitié, tu n'y crois pas toi-même."
Astre se tut ; cette aide proposée par le Phénix lui écorchait sa fierté. La douleur, il la sentait au ventre, dans ses tripes, là où réside son courage, sa bravoure, son orgueil masculin. Et cette main tendue, c’était pire qu’un coup d’épée dans les bijoux de famille. Il fronçait les sourcils, entrain de mener un combat intérieur que les autres ne pouvaient voir.
"Je vois bien que tu n'es pas dans ton assiette. Tu n'es pas obligé de me répondre, je ne peux t'y forcer, mais tu sais que j'écouterai si tu le fais !"
Et puis le Chancelier s’arrêta de penser. « Arrête, n’en fais pas trop non plus. Jusqu’alors, je suis un assassin. J’ai trop de sang sur mes mains pour que tu me les touches sans être écœuré. Tu es trop délicat… » Il ricana, cette fois sincère et mesquin. La donzelle avait fait tomber ce qu’elle avait dans les mains, et l’altruisme inné du barbare le poussait à faire le serviteur et à lui ramasser tout ça. D’ailleurs, dans cette position, il semblait que sortir son poignard et le lui planter dans les cervicales serait la meilleure idée qu’il puisse avoir de la journée. Soudain, quelque chose naquit dans son esprit souillé : la conscience. Et vu les égards que lui offraient le Phénix, il résista à la tentation de l’abattre de manière si vile, pour éventuellement le reporter à plus tard.
La fille quant à elle l’observait, la peur au ventre. Elle semblait vaguement appétissante, mais Astre n’avait pas le cœur à ce genre de grivoiseries.
« Je n’ai rien à te dire, Conan. Si ce n’est qu'Aujourd'hui je ne suis plus une menace pour toi. Je vais mettre mes cartes sur la table. Je suis seul, à présent ; sans Ganondorf, sans Arkhams, sans Tsubaki, sans Withered. Sans personne. Je ne représente plus rien, tu n’as plus à me craindre. Je me rends compte que tu as des objectifs qui, malgré leur naïveté enfantine et leur niaiserie parfois dégoulinante, sont tout à fait honorables et je pense que tu es un guerrier digne de ce nom. Maintenant… te voilà comblé par mes compliments. Ramène donc ta donzelle de peur que je ne la déguste. Je reste un criminel. »
Ses yeux rouges pétillèrent à cette dernière phrase, ses lèvres étirées en un petit sourire triste.