Maudites soient les nuits qui parlent ton nom

RP Privé

[ Hors timeline ]

[Seulement pour préciser que ce RP se déroule avant l'attaque de Swann sur Cocorico ( Dans la brume, ils se cachent) ]
    La glace ne reflétait qu'une image floue d’elle-même. Malon arrivait à peine à discerner ses traits fatigués ainsi que son corps qui s’était doucement amaigri – bien qu’elle n’avait pas encore atteinte l’apparence squelettique. Voilà longtemps qu’elle n’avait pas mangé au point de se remplir la panse, comme elle le faisait régulièrement à la ferme avec les garçons d’écuries, autour d’une bonne pinte de bière et de rires sincères. L’hiver et la saison chaude avaient été plutôt rudes dans l’auberge où la rouquine avait trouvé toit et emploi. Que ce soit physiquement, par les gestes des clients assoiffés de chairs – ils n’étaient pas tous ainsi – ou encore mentalement par les surnoms qu'on lui attribuait. Mais tous ces sobriquets – sale pute, petite chienne, suceuse, laitière, seins – n'était pas à la hauteur du traitement que le patron lui infligeait. Jamais n’avait-elle pensé que trainer deux, voire trois couteaux sur elle lui donneraient le sentiment d’être en sécurité, tout spécialement dans un village comme Cocorico.

    Ses fins doigts vinrent maladroitement glisser sur une petite entaille au niveau de sa tempe, à la naissance de sa chevelure de feu qui avait repris un peu de longueur, lui balayant un peu plus que les épaules. Le miroir ne reflétait plus la blessure, tellement elle était fine, mais ça n’avait pas toujours été le cas. Elle baissa les yeux machinalement vers le décolleté que la robe créait sur elle, vérifiant qu’il était « parfaitement » placé, avant que le patron ne s’occupe de le faire pour venir replacer le tout de façon à en faire baver les clients, les encourageant à revenir mater ce que leurs femmes ne désiraient plus leur montrer après quelques années.

    Ses yeux de saphir se dégagèrent pour rencontrer la fenêtre de sa minuscule chambre. La douce pouvait voir le temps se gâcher à nouveau : l’automne ne tarderait pas à ensanglanter les arbres alors que le vent les emporterait aussi loin qu’il ne le peut. Ce serait aussi le temps des récoltes au Ranch : Malon eut une vive pensée pour son père qui lui manquait, terriblement d’ailleurs. La jeune femme n’avait pu s’empêcher de lui écrire une lettre avec le stricte minimum : elle allait bien, elle l’aimait et allait revenir un jour à la maison, mais ça ne serait pas demain ni dans une semaine. Elle avait pensé la déchirer et lancer la lettre au vent, pour que les oiseaux puissent peut-être la lire, mais au final, son paternel avait le droit de savoir qu’elle n’était pas morte. Pas encore en tout cas.


    « Marine. »

    La dénommée détourna la tête vers l’embrasure de la porte de sa chambre. La petite Alexia s’y trouvait, cachée derrière sa longue crinière noire. C’était une pauvre gamine qui résidait dans l’auberge. Elle faisait un peu de tout, passant par aidée à la cuisine, au nettoyage des chambres ou encore remonter le moral des serveuses. On disait d’elle qu’elle était la fille du patron et c’était pourquoi elle était autorisé à rester ici, sans être payé. Mais c’était une rumeur. Malon avait fait attention de ne pas s’attacher à qui que ce soit en arrivant ici, sachant qu’un jour elle quitterait ce sal endroit, mais la nouvelle biche du patron avait un cœur bien trop grand pour qu’il ne devienne que de pierre. En passant la porte, Marine ne pu s’empêcher de glisser l’une de ses mains dans les cheveux de l’enfant, les ébouriffant doucement. Cette-dernière émit un petit rire cristallin qui arracha un sourire à la rouquine.

    « J’ai compris. » souffla-t-elle en se dirigeant vers l’escalier.

    Sa main s’accrocha durement sur la rampe de bois qui la mènerait doucement dans le calvaire dans lequel elle s’était lancée sans réfléchir. Elle maudissait aussi cette dame à la crinière laiteuse qui l’avait dirigée ici, au début de l’hiver, lui promettant un emploi, sans en spécifier les « qualités ». Elle n’avait pas eu tort, elle avait bien trouvé un emploi, mais si au moins elle avait eu la bonté de la redirigée vers un endroit plus complaisant. Elle aurait tout aussi dû écouter la blondinette qui lui avait indiqué la porte à prendre pour voir le patron de l’auberge insalubre. Têtue et confiante comme elle était, Malon avait fait la sourde oreille et avait traversé les « portes de l’enfer ».

    Depuis, son nouveau patron avait pratiquement réussi à lui enlever ce à quoi on reconnaissait la fermière d’antan : sa joie de vivre. Elle ne se souvenait même pas de la dernière fois qu’elle avait esquissé un réel sourire. La rouquine s’accrochait désormais que sur le but de sa fugue : rejoindre l’armée. Elle était encore loin du compte. Elle avait certes l’argent requis pour s’acheter arme et armure, mais elle n’avait aucune expertise en maniement des armes. Une vraie vierge en la matière.

    À peine avait-elle posé les pieds en salle qu’elle se fit embarquer dans un tourbillon de péripéties, n’ayant autre contrainte que de mettre la main à la pâte. L’auberge n’était pas particulièrement pleine en cette fin de journée nuageuse, mais comme souvent, les clients demandaient et redemandaient encore et encore de la bière, au point où parfois il fallait pratiquement rester à leur côté afin de remplir leur chope rapidement. Et puis, par ce temps un peu frisquet, qui n’aimait pas se réchauffer les boyaux avec cette liqueur nauséabonde ?

    La soirée fit tomber un voile sombre sur le village Cocorico bien rapidement, alors que la petite auberge invitait de plus en plus de gens à entrer dans son enceinte. Malon se précipita vers un client, cruche en main, pour remplir à nouveau sa chope et la déposer à sa table, afin qu’à l’avenir, il se serve seul. La tâche faite, la serveuse se déporta vers la droite entre deux tables bondées de mercenaires fêtant leur dernier succès avant de se faire attraper le bras par l’homme au bout de la table.


    « Je veux ma bière et mon bœuf, femme ! » indiqua-t-il de sa grosse voix en laissant son regard se promener sur le corps de l’ex-fermière. « Et plus » put-elle lire sur ses lèvres sans entendre les mots traverser ses lèvres. Ce n’était certainement pas le premier ni le dernier à faire un geste de la sorte.

    Malon soupira, lasse et roulant les yeux. Elle arracha son bras de l’emprise de l’homme pour mieux retourner dans les cuisines, mais ne fut pas assez habile pour fuir à nouveau sa poigne de fer. L’homme s’était levé de son siège. Coincée contre le coin de la table et un homme aux mains baladeuses qui faisait deux fois sa taille tant en hauteur qu’en largeur, Malon se sentie soudainement pousser à l’extrême, perdant son sang-froid, son calme et sa patience. Alors qu’elle sentait l’haleine infecte de l’ivrogne sur son visage, la rouquine ne pu résister au besoin de saisir l’un des couteaux qu’elle portait dans son décolleter et de le poser à la gorge de l’homme. Ce dernier se pétrifia avant d’éloigner sa gueule de l’arme blanche, mais la rouquine empoigna le haut de sa chemise pour l’y ramener un peu plus près encore une fois.


    « Tu me refais ça encore une autre fois et je te l’enfonce au creux de la gorge avant de te transformer en lambeaux et de te laisser aux rats. On aura cru qu’un Hache-Viande t’aura passé dessus. Je me suis bien fait comprendre, connard ? » lui murmura-t-elle à son tour à deux pouces de son visage avant de le repousser dans la salle, sans même attendre sa réponse.

    La salle était restée bruyante et la petite péripétie s’était déroulée seulement sous les yeux des plus à jeun qui avaient regardé la scène sans bouger. À fleur de peau, les yeux mouillés – elle n’avait pas l’habitude d’agir de la sorte –  et tentant de calmer les tremblements qui habitaient maintenant tout ses membres – merci, adrénaline – la demoiselle prit une bonne respiration tout en se dirigeant vers les cuisines. Il n’était pas question de se remettre tout de suite au boulot, mais bien de reprendre le contrôle de la situation. Que le patron chiale comme une fillette qu'elle travaillait mal, elle l’emmerdait ! Au moment où la jeune femme traversait le bar – les portes menant aux cuisines devaient être à moins de cinq mètres d’elle – elle sentie à nouveau une main s’agripper à elle.


    « Qu’est-ce que tu n’as pas compris tout à l’heure ? » siffla-t-elle tout en se retournant, le couteau toujours dans ses mains, prêt à trancher la chaire.

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(vide)

L'acier manqua tout simplement de lui déchirer la main. Bien qu'habitué à réagir au quart de tour, il était à des lieux de se douter qu'une femme comme celle dont il tenait le bras un instant plutôt pointerait un jour une lame contre lui.

Le cuir avait amorti le choc, mais le couteau avait un tranchant suffisamment affiné et une lame suffisamment longue pour mordre sa paume. Il ne tâcha pas de se soustraire à l'emprise de la petite arme de poing qui commençait d'ores et déjà à boire sa plaie comme la brebis se désaltère à la rivière. 



Il grinça des dents en silence, mais ses doigts se refermèrent tout de même sur l'autre tranchant de la dague que tenait la douce qu'il n'avait plus pensé revoir avant des années. Malon avait purement et simplement disparue après le sac du Ranch, et tous les efforts qu'il avait pu déployer n'avaient abouti à rien.

"Malon... —" Souffla-t-il, dans un presque murmure largement couvert par le chaos qui résonnait entre les quatre murs de cette auberge aux... Charmes particuliers. Et malgré toutes les filles ; entre celles qui dansaient ça et là ou celles qui essayaient tant bien que mal de faire leur office, ses yeux ne quittaient pas ceux de la rouquine qu'il retrouvait enfin. « Malon.. » Souffla-t-il encore, tandis que son autre main montait doucement jusqu'à la joue de la fermière qui avait de tout temps accompagné ses pensées. Mais avant d'arriver jusqu'au visage de la jolie fermière, le fer le ramena à la réalité. Le poignard continuait de pleurer des larmes carmins qui venaient s'écraser sur le plancher poussiéreux et mité alors que sa main gauche le brûlait un tant soit peu. Rien de grave, de toute évidence, mais une douleur assez insistante pour se rappeler à son bon souvenir.


Il referma un peu plus la main sur la lame de son amie, sans se soucier de la façon dont il la souillait d'un rouge sanguin, qui brillait sur la surface polie de l'alliage qui incisait ses phalanges. « Donne moi ça, tu veux ? » Glissa l'Enfant-des-Bois, sur un ton si calme qu'il en contrastait avec l'ensemble de l'atmosphère, créée tant par l'univers que par la rage qu'il lisait sur le visage de cette perle qu'il avait si longuement égarée. Et si la joie s'insinuait dans tout son être, une once de tristesse ne pouvait pas s'empêcher de noircir le tableau : à mesure que son regard de givre ne brossait le visage de la rouquine, les détails qu'il n'avait pas remarqué au premier abord lui sautaient aux yeux. Les joues étaient plus pâles que jamais – exception faite du temps ou Ingo régnait sur le Haras de Talon – et s'étaient sensiblement amincies, comme si elle ne mangeait plus à sa fin. La lueur d'allégresse qui avait toujours dansé dans son regard semblait avoir perdu son cavalier, et son sourire jadis éclatant s'était terni. « Il ne faudrait pas que quelqu'un se blesse... — » Poursuivit-il, après un instant, non sans récupérer la lame et en tirer la hampe loin doigts fins de l'Enfant-de-Feu.


La lame atterrit sur le comptoir du tenancier, sans qu'il ne se détache de Malon. Sa main libre vint chercher et jouer avec la sienne, alors qu'il réalisait enfin qu'elle vivait réellement. S'il le savait, en théorie – tant d'éléments le lui avaient indiqué – la revoir, de chair, d'os et de feu lui nouait l'estomac quand il réalisait à quel point il avait vécu dans l'angoisse jusqu'à présent. La même angoisse que celle qui lui avait retourné les tripes quand Zelda s'était jetée dans la gueule du loup, à la Forteresse. Il avait craint de ne jamais la revoir. Toujours sans rompre le silence qui s'était installé, il sépara leurs mains, pour mieux rejoindre sa hanche. Sa main gauche, estropiée, glissa jusque dans la crinière d'écarlate et d'orange pour mieux gagner sa nuque et la naissance de son crâne. Bientôt, et sans qu'il n'y pense, son front rejoint celui de la fille de Ferme devenue serveuse. Doucement, et sans un mot, il laissa son propre faciès s'échapper jusqu'à ce que son nez rejoigne le creux du cou de Malon. Il la serrait enfin dans ses bras.

"Tu.. —" Commença-t-il avant de se raviser. Elle savait sûrement déjà qu'elle lui avait manqué, et il avait peur de briser l'instant. Les mots lui manquaient de toute façon. Ses bras la ramenèrent un peu plus contre lui tandis que ses poignets se collaient à ses omoplates. Il respira sa chevelure, ignorant tout du reste de la salle, alors qu'il jetait sur ses yeux les sombres verres de l'ignorance. 


C'est lorsqu'un violent coup percuta son épaule qu'il se tira doucement de l'étreinte de coton de Malon. Un simple regard lui indiqua qu'il s'agissait d'un simple accident classique et propre à chaque taverne... Particulièrement quand celles-ci s'offraient le luxe – du moins, il supposait que c'en fut un, au vu du nombre de serveuses employées – d'une ambiance et d'une salle aussi bondée. Sa main de nouveau sur la hanche de la fermière, Link s'était néanmoins reculé suffisamment pour avoir une vue globale sur l'ensemble de l'établissement. Il ne manqua pas de remarquer le regard noir du tenancier, pas plus que les filles qui dansaient sur les tables ne lui échappèrent. Les habits accrochèrent son attention juste assez longtemps pour qu'il réalise qu'ils en montraient trop pour être véritablement attirant. A trop dévoiler et trop peu suggérer...

"Malon... ?" S'enquit-il, toujours en observation, s'attardant sur le moindre détail qui le convainquait un peu plus du fait qu'il ne tenait absolument pas que la douce reste plus longtemps entre les murs de cette auberge calamiteuse. « Mille enclumes ! Que fais-tu i... —
MARINE ! MAGNE TOI LES CULOTTES ET POINTE TON MINOIS PAR ICI ! » 

Les doigts du vagabond se refermèrent un peu plus sur la hanche de la jeune femme. Ses dents grincèrent. Il ignorait pourquoi, mais il avait le sentiment que c'était de son amie qu'on parlait, et il était à des lieux d'apprécier.


    Malon avait fermé les yeux, laissant son bras finir le mouvement que ses muscles avaient décochés tel une flèche quelques secondes plus tôt, sous les directives de la rage. Elle n’avait pas peur du sang, d’ailleurs elle devait en voir bien plus souvent que la majorité des garçons qui n’avaient jamais fait la guerre, mais jamais n’en avait-elle fait couler par joie. La lame fut amortie et son cœur se resserra : sa première victime. La rouquine ouvrit les yeux subitement, ne sachant si elle devait continuer à pousser sur la lame – après tout, l’enfoiré l’avait cherché – ou à la retirer de sa « proie ». Ses deux pupilles s’ouvrirent sur un visage qui, à première vue, lui rappelait les rêves qu’elle faisait souvent.

    Elle ne put entendre le son que le blondinet tenta de produire, mais elle reconnu sans misère son prénom sur ses lèvres. Son vrai, prénom, et non le sobriquet qu’elle avait utilisé depuis qu’elle avait fugué au Ranch. Malon était médusée : il n’y avait que ses yeux qui balayait la figure du garçon des bois, d’abord sourcils froncés, comme si les déesses lui jouaient un tour, pour ensuite s’adoucir au fur et à mesure qu’elle réalisait qu’il était bel et bien de chair et de sang. La rouquine n’y croyait tout simplement pas. Elle devait rêver, même si au plus profond de son être, elle savait pertinemment que ce n’en était pas un – et elle souhaitait que ce n’en soit pas un. Combien de temps avait-elle souhaiter le revoir, combien de nuit avait-elle rêver de lui, combien de matin s’était-elle réveillé en espérant qu’il soit à ses côtés ? Et maintenant qu’il y était vraiment …

    Il l’appela encore une nouvelle fois : il était vraiment réel. Ses yeux de saphirs commencèrent à se mouiller tranquillement sans toutefois laisser échapper des larmes. Le couteau était probablement le dernier de ses soucis. Elle s’était imaginer entrain de le gronder quand les deux amis se recroiseraient. La dernière fois qu’ils s’étaient vus, c’est-à-dire avant l’attaque du Seigneur du Malin sur les Terres de la rouquine, la jeune femme avait giflé le Héros. D’ailleurs, elle ne se souvenait même plus de la raison qu’elle avait eu à ce moment pour poser un tel geste. Après l’attaque, elle lui en avait aussi voulu de ne pas être passé, voir au moins comment elle allait. À croire qu’il avait des chats plus importants a fouetter. Cependant, toute la haine qu’elle avait cru éprouvé à son égard, qu’elle s’était imaginée avoir au moment fatidique, s’était dissoute, remplacée par de la joie et un énorme soulagement.

    À nouveau sa voix s’éleva et la ramena bien vite à la réalité : le couteau. Il lui fallut quelques secondes avant de réaliser ce qu’il voulait dire, mais au moment où les fils se reconnectèrent, qu’elle repris conscience de la salle et de toutes ces personnes autour d’eux, sa main lâcha prestement l’arme, comme si cette dernière était maudite.


    « Link … je suis désolée … je … » s’enquit-elle à propos de la blessure qu’elle lui avait infligé. Si par le passé elle se serait jeté sur lui afin de lui prodiguer un minimum de soin, cette fois, Malon avait tenue ses distances, de peur de le blesser encore plus que ce qu’elle ne venait de faire. Ce furent ses doigts venant chercher les siens qui coupèrent sa phrase. Elle leur jeta un bref coup d’œil avant que son visage ne soit illuminé d’un sourire, mais lorsque ses yeux retombèrent dans les pupilles de glace de son ami, il s’amenuisa : elle avait cette envie de le serrer dans ses bras, mais en avait-elle le droit après ce qui s’était passé lors de leur dernière rencontre ?

    Mais elle eut sa réponse bien assez vite : le garçon des bois, SON garçon des bois, s’approcha d’elle de façon à coller leur front, de façon à faire envoler tout les derniers soucis qu’elle avait. Son visage vint se glisser dans son cou et c’est à cet instant que Malon daigna entouré le Héros du Temps de ses bras menus. Elle s’était mise à rire, au début en se retenant et puis tout doucement, tout en le serrant toujours un peu plus fort, collant le bas de son visage sur son fameux bonnet vert, de façon à ne laisser que son nez et ses yeux maintenant clos à la vu de tous.

    Elle ne savait quoi lui dire, mais les mots n’étaient pas nécessaires avec lui, comme il venait de le comprendre. Elle avait seulement hoché tranquillement la tête pour lui faire sous-entendre qu’elle savait, et que c’était tout aussi réciproque. Il n’avait pas besoin d’excuses, ou plutôt n’en avait plus besoin. Si par le passé elle se serait empressée de le sermonner comme un enfant et même parfois de gifler ses pommettes tellement ses excuses l’exécraient – il était terrible d’aimer quelque chose que la mort pouvait toucher si facilement – elle sentait seulement le besoin de le sentir tout près d’elle, d’entendre sa voix et de revoir ses yeux de givre qui faisait tout l’effet contraire à son âme.

    Mais leur étreinte ne durant que le temps d’un battement d’aile de papillon avant d’être brisé. Elle garda tout de même une main accrochée sur la tunique, ne souhaitant qu’il ne disparaisse à nouveau. La rouquine chercha du regard le responsable de cette bousculade, une moue stricte collée au visage. Ce n’est que l’interrogation dans la voix du blondinet qui la ramena les deux pieds sur terre. Elle vu dans son regard quelque chose ressemblant à de l’indignation. Malon comprit rapidement et ne pu s’empêcher de remonter un peu la robe, de façon à cacher un peu de sa poitrine, visiblement gênée que Link la voit dans cet accoutrement.


    « Mille enclumes ! Que fais-tu i... »

    Avant-même qu’il n’ait pu finir, Malon apposa son index sur ses lèvres, laissant le gérant élevé sa grosse voix et rappeler la pauvre fermière à ses pieds. Et à entendre le ton que ce dernier employait, elle ne devait pas tarder.

    « Je ne serai pas longue, promis. » finit-elle par lui dire avant de glisser hors de sa portée. Quelques pas et Malon se retrouva face au second Link, tout le contraire de l’autre.

    « Ton copain là, il a d’la maille ? » Dit-il en reniflant, ses yeux toujours poser sur l’homme tout de vert vêtu. « L'est fringué comme un clodo et se donne des airs de chevaliers protecteurs étincelant bidon. L'a même pas d'armure. Hors d'question t't'sortes pas l'doigt du cul pour un type qui pourra pô payer. Si tu dois filer dans la chambre, ça sera avec un richard. Maint'nant va bosser, femme. »

    Elle hocha la tête en simple signe de réponse, se souvenant des fois où elle avait osé lui adresser la parole pour lui répondre.

    « Et vite. J't'ai à l'oeil. » [/color]Dit-il en regardant la rouquine s’éloigné de lui. Malon retourna tout de même auprès de Link, sentant le regard du patron sur elle. Au moins avait-il manqué « l’attaque » que Malon avait malencontreusement porté sur le Héros du Temps.

    « Écoute, Link, il y a des choses que je dois finir ici. » Fit-elle en agrippa l’une de ses mains, entrelaçant ses doigts avec les siens. « Je … »

    « MARINE ! » [/color]cria la voix du patron à l’arrière, faisant quelques pas pour se rapprocher de sa serveuse insubordonnée.

    « Link, je dois vraiment y aller. Reste ici, s’il te plait. » Finit-elle en murmurant, de peur qu’il ne disparaisse à nouveau comme de la fumée. « Lorsque la lune sera sur le point de se coucher, nous pourrons parler. »

    Et tout le temps qu’il voudra. Et tout le temps qu’elle voudra. Tenter de rattraper le temps perdu et s’évader momentanément – quoique si c’était pour toujours … – de ce monde brutal. La fermière chercha un instant des yeux la réponse de son ami, mais à nouveau la voix du patron s’éleva dans son dos et de peur, elle ne put s’empêcher de laisser ses doigts libérer ceux du héros pour aller servir le client qui gueulait le plus fort pour avoir à manger.
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(vide)

Il n'avait pas manqué de remarquer que cette petite perle aux joues désormais aussi rougies que ne pouvaient l'être ses cheveux avait tâché de se faire plus présentable quand son propre regard s'était aventuré sur l'univers qui les entouraient. La main de Malon était aller chercher le corset pour tenter maladroitement de cacher la vulgarité qu'il lui donnait. Un caractère de tout évidence recherché par les lieux. Et après que son amie se soit éloignée, il s'accorda un instant de plus pour observer tout ce qui pouvait se dérouler, dans les moindres recoins de cette taverne aux relents plus croupis que ne l'étaient les marais du Bois-Cascade.

Sa main gauche - encore propre de toute trace de sang - gagna la droite, tandis que son dos venait se reposer contre le bar. Ça et là, d'autres filles vêtues de la même façon que ne l'était la rouquine dansaient sur les tables et laissaient des vieillards comme des plus jeunes se rincer l’œil. Parfois, un doyen plus confiant que les autres se laissait aller à une tape sur la croupe, qui manifestement faisait plus de mal qu'elle ne faisait de bien. Parfois ? Souvent. Et toujours dans l'indifférence la plus totale, tant et si bien qu'en prêtant un peu plus d'attention qu'il n'avait pu le faire en entrant ; mu par la fatigue, et après avoir retrouvé Malon, il réalisa que certaines gardaient des marques violacées de leurs dernières prestations. Son poing se serra, alors même qu'il tâchait de faire pression sur la plaie qui laissait s'écouler une à une d'intenses goutte vermeil.

Son regard balaya encore les sombres alcôves de cette maison de joie déguisée en auberge. Le dégoût le saisit aux tripes. Il n'avait, certes, rien à voir avec celui qui l'avait jeté à genoux dans la Grand-Salle de la Citadelle Noire, pour autant il le sentait à nouveau sur sa langue. Sur son visage se brossait une discrète fresque qui témoignait autant de ce sentiment d'injustice qui le gagnait que de la colère qu'il générait. Et s'il n'acceptait pas que Malon ait à affronter de pareilles conditions, son cœur lui dictait de tout mettre en oeuvre pour tirer l'intégralité des âmes perdues de ce taudis. Sans doute était-il encore bien trop naïf, mais l'Hylien n'avait toujours pas saisi que jamais il ne pourrait sauver l'ensemble du monde — ou refusait de le comprendre. Fut-il seul ou accompagné comme la situation semblait se dessiner au fur et à mesure de ses pérégrinations, cela resterait toujours un objectif aussi fantasmé qu’inatteignable. Et vraisemblablement le premier et le plus primordial des piliers de la culpabilité et de la honte qui pesait sur son l'ensemble de son être. Il avait beau le savoir et en avoir conscience, en son for intérieur, il désespérait de ne pouvoir pas les sauver.

Aussi se contenta-t-il, plutôt que de tirer l'acier et de faire chanter l'épée, d'attendre. Simplement patienter jusqu'à ce que Flamboyante lui revienne à nouveau, comme elle l'avait annoncé. Il ferma les yeux, l'espace d'un instant, se rappelant doucement l'odeur de ses cheveux ou le contact apaisant de son doigt sur ses lèvres, alors qu'elle lui intimait délicatement le silence. Et se faisant, il tendait d'autant plus l'oreille, comme pour ne pas en manquer une miette de ce qu'il pouvait se dire. Dérisoire, indéniablement, et davantage encore puisque l'ensemble des sons lui parvenaient à peine amplifiés, mais autrement plus confus, de telle sorte qu'il aurait été incapable de dire d'où venait quoique ce soit. Sans doute aurait-il pu être le client parfait pour un larcin, si jamais il avait possédé quelque chose de plus qu'une lame céleste, une tunique de maille, une autre d’étoffe, un bonnet et une paire de botte de cuir bouilli. Là dessus, le tenancier avait vu juste : il était sans le sou, et avait toujours (ou presque) vécu de la sorte.

Malon finit par repasser le battant qui menait à l'étage vers lequel elle s'était engouffrée précédemment. Dès lors, et en relevant les voiles qu'il avait jeté sur ses pupilles, le vagabond s'arracha au bois contre lequel il avait calé son dos. Le visage de la jeune femme parvint à lui tirer un sourire, chassant au loin la mauvaise humeur qui semblait s'être ancrée sur son visage, comme le courant et les vagues parviennent à charrier jusqu'aux plus grosses épaves. Mais à peine sa main avait-elle rejoint la sienne que la lourde voix qui les avait séparer plus tôt s'élevait à nouveau. Ses yeux plus froids que le givre lui même dardèrent l'aubergiste, qui se contenta d'un regard en biais à un autre homme. Et tandis que Flamboyante s'éloignait de nouveau, une brute venait prendre sa place, une choppe à moitié pleine en main, et une hache à la ceinture. De fer plus que d'acier, sans doute, mais assez large pour lui séparer le crane en deux, après avoir creusé une faille de son front à son menton.

"T'as-tu dont pas entendu ?" Cracha l'homme. Le Sans-Lignage garda le silence, comme cela lui arrivait régulièrement, non sans lever les yeux pour venir soutenir la lueur de folie qui courait dans ceux du petit colosse. Il avait déjà croisé le fer avec des mastodontes bien plus impressionnants. Un hache-viande devait faire près de deux têtes de plus, et il n'avait aucun doute sur le fait que les Gorons maîtrisaient plus redoutablement le crochet du droit que ne le faisait cet homme de main. « T'es-tu sourd ?! J'vais te laver les oreilles ! »

La pinte de terre cuite vola en éclat, alors que l'Hylien se courbait, la tempe dévastée par la cervoise chaude, les éclats et la douleur. Qu'importait, de toute façon ? Il n'avait jamais eu l'occasion d'attendre l'aube avant d'aller retrouver son amie. Son premier réflexe, malgré la confusion dans laquelle il était, consista à se saisir d'une lame posée sur une table pour déchirer le fil de la ceinture qui tenait la hachette. Et quand la main de son adversaire tâcha de gagner cette dernière, elle s'était déjà écrasé sur le sol avec fracas. Il arma alors son poing, tandis que l'Enfant-des-Bois peinait à se hisser de nouveau sur ses deux jambes, l'équilibre troublé par le sang et l'alcool qui poissaient tout un pan de son faciès. Quand le coup arriva, il lui semblait qu'on lui emboutissait l'épaule.

Et sitôt que cette nouvelle peine le ramenait sur terre, ses deux mains vinrent se saisir du poignet ennemi. Profitant de la force de celui qui s'était rué sur lui, Link monta son pied jusqu'au foie. Et quand l'homme fut courbé en deux, son talon frappa au genou, de manière à le jeter au sol.

Contrairement à d'autres, il ne prit pas le temps d'épousseter. Son regard se posa sur Malon, et il tendit la main vers elle, pour l'inviter à le rejoindre. « Viens... — » Souffla-t-il, un peu haletant. «On y va. Pas ce soir, pas demain matin. Maintenant. » Sa main restait tendue, exhortant Flamboyante à venir l'attraper. Et si le silence s'était fait soudainement, son regard à l'exception de tous les autres, restait fixé sur la douce.


    Sous les yeux sévères de son patron, Malon n’avait su supporter le poids et s’en était allé sans chercher à défendre son point. Le vieil homme gueulait, mais Malon s’approcha bien trop près de lui et faillit gerber dans le gobelet à porter de main : son haleine était épouvantable. Pendant qu’elle prenait la commande de sir Souillon, la douce retint son souffle, lançant parfois quelque regard à Link qui, d’un œil rapide, lui semblait prendre les choses non pas à la légère, mais mieux que ce qu’elle aurait pu penser. Une grande chope de bière maison pas trop cher pour le monsieur à l’haleine de cochon et à la barbe crasseuse – à croire qu’il se gardait des collations pour tout à l’heure. Malon acquiesça à sa commande et lorsque ce dernier relâcha la rouquine, elle passa le battant de la porte tout en prenant la plus grande inspiration possible. À nouveau, ses yeux brillants comme le saphir Zora tentèrent de croiser ceux du Héros du Temps, mais les siens s’étaient voilés. Un inconnu aurait dit qu’il respirait la quiétude, mais la rouquine du Ranch connaissait son ami bien mieux que ça pour savoir qu’au plus profond de son être, il était préoccupé. Par quoi exactement ? Elle n’aurait su dire. Un héros devait avoir beaucoup à penser, surtout quand le mal semblait gagner du terrain de jour en jour. Peut-être aussi était-ce tout simplement l’atmosphère de l’auberge misérable et inique qui lui donnait cette impression : elle n’avait pas bien bien eut l’occasion de quitter l’endroit depuis.

    La « délicieuse » liqueur en main, la jeune femme repassa par le battant pour une énième fois et son cœur calma ses battements accouardit en voyant que Link n’avait pas encore quitté l’endroit. Elle eut droit à un nouveau sourire de sa part qui la figea sur place, la chope toujours en main. Qu’est-ce qu’elle en avait à faire, au final, de ce gros dégueulasse qui attendait après sa bibine crade ? Malon lui renvoya son sourire, d’abord discret et se dessinant de plus en plus sur son doux visage au fur et à mesure que la distance entre eux deux diminuait. Leurs mains se touchèrent à nouveau, mais la voix du patron tonna elle aussi une autre fois : ne pouvait-il pas regarder ailleurs ? Surement avait-il autre chose de mieux à faire que de la surveiller ? Il pouvait bien aller se faire sucer sous son grand bureau. Sans chercher les yeux de Link ou de l’aubergiste, la rouquine s’éclipsa, comme elle était devenue si douée de faire, même si la présence de Link lui donnait un semblant de courage supplémentaire.

    Malon ne put s’empêcher, en s’éloignant, de regarder le blond par dessus son épaule : une masse humaine venait de le rejoindre. Elle la reconnaissait bien d’ailleurs. Il s’agissait d’Absolon. Elle n’avait jamais eu l’occasion de l’aborder, mais les autres filles lui avaient donné raison de ne pas essayer. Il était en quelque sorte le chien de garde du patron, celui qui réglait les comptes. Il était loyal aussi : après tout, il avait droit à un certain pourcentage des profits que l’auberge faisait. C’est ce qui se disait sur son sujet. Peut-être aussi aimait-il tout simplement les coups de fouets que le maitre pouvait lui donner. Certain cherchait seulement à se faire abuser.

    Son instinct, qui semblait ne l’avoir trompé qu’à quelques reprises, lui lacérait l’estomac, la mettant en garde des moments à venir. Rien de bon n’était prévu, surtout avec le petit colosse qui venait de rejoindre le tableau. L’aubergiste gueulait parmi ceux qui le faisaient déjà, quoique sa voix ressortait très bien du lot : agressive, acérée, grinçante. La rouquine posa la chope sur la table de son client, se mêlant de ce qui la regardait. Le vieil homme bourré fourra la monnaie dans le décolleté de la rouquine maladroitement.


    « Oh, m’dame, vous êtes bien fout… »
    « Espèce de porc ! »

    C’est alors qu’elle allait poser la main sur lui que « l’orage » éclata. Malon se retourna, main toujours levée, vers le Champion de Farore fléchi, la tempe détrempée, Absolon le surplombant.

    « Hey ! » s’écria-t-elle en se dirigeant vers la scène, même si sa voix ne devait pas porter bien loin avec les cris d’encouragements et d’hystéries de la foule qui s’était levée pour encourager le combat. Malon attrapa la chope vide la plus proche, dans une idée folle de l’abattre sur la tête du grand brun. Ce fut les mains de la petite Alexia qui s’accrocha à son arme qui la retint de se joindre à l’escarmouche. Elle lui lança un grand regard confus et ombrageux : l’enfant ne devait pas se trouver ici, surtout avec ce qui se passait en ce moment. Mais bien loin de là l’idée de la sermonner : la fillette avait su décrypter la fermière de se joindre à l’assaut. Elle fit un vif geste afin de libérer son arme – en faisant attention de ne pas blesser la petite – et la lança prestement sur l’homme. La chope ne se brisa seulement lorsqu’elle atteignit le sol, après avoir fracasser la tête du chien qui se courba (un coup de chance), surpris, avant de se retourner vers la fautive, sous les cris grossiers du patron.

    « MARINE ! Bordel de merde p’tite catin de mes deux ! Qu’est-tu fou à t’mêler de c’qui t’r’garde pas !? Merdeuse ! »

    La fermière fit la sourde oreille. Link savait se débrouiller, mais si elle pouvait lui faire gagner un peu de temps …

    « Ne le touche pas, fils de pute. » avertit-elle l’homme de main tout en stoppant ses pas à la frontière que la foule délimitait autour des deux individus. Tout ce qu’elle entendit comme réponse à son conseil fut un grognement qui devint confus après que sa ceinture soit devenue soudainement plus légère. La contrattaque du Garçon des Bois fut brève, mais le ramena au sol. Cependant, Malon ne fut assez rapide pour se trouver une nouvelle arme de poing. Par chance que Link eut les réflexes rapides afin de mettre l’adversaire au tapis. Définitivement elle l’espérait.

    Ses yeux fixait le Héros qui relevait avec peine dans l’auberge devenue un peu plus silencieuse : peut-être s’étaient-ils rendu compte que le clodo était bien plus que ce qu’il laissait paraitre ? Leurs yeux se rencontrèrent à nouveau et une main se présenta à elle. Le moment qu’elle attendait depuis longtemps se présentait : sortir de ce trou à rat. La porte était grande ouverte. Malon se saisit vivement de la main de son ami, lançant un regard vers le patron : il ne s’agissait pas d’un regard qui demandait la permission de partir, mais bien un regard qui voulait dire de ne pas revenir la chercher et que s’il essayait, il finirait probablement comme son compagnon, voir pire. Elle serra la main de Link un peu plus fort, ne sachant s’il s’agissait de la main qu’elle avait poignardée ou non tout enjambant le corps de l’homme de garde qui se tortillait de douleur sur le plancher souillé. La rouquine profita de l’état du pauvre imprudent – après tout il n’avait-eu qu’à écouter sa mise en garde – pour lui cracher à la figure.


    « Allons-y. »

    Satisfaite, Malon se dirigea vers la sortie, entrainant Link avec elle : pas question qu’elle y reste un moment de plus.
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    Malon laissa ses pas la diriger vers une petite maison plus en retrait du chemin principal du village Cocorico. Elle avait su se repérer malgré la nuit tombante et la lune qui se cachait derrière les nuages sans y lâcher la main de Link. Il n’était pas question qu’elle le laisse partir à nouveau – même si la dernière fois qu’ils s’étaient vus, les gestes de la jeune femme l’avaient aider à déguerpir plus vite. La jolie demeure appartenait à une collègue de Malon qui travaillait à l’auberge. Il s’agissait d’un héritage. Diane n’avait pas eut envie de vendre la maison pour se faire un peu de blé, ayant beaucoup trop de sentiment rester attaché entre les quatre murs. Cependant, la généreuse blondinette avait offert à toutes ses amies proches de visiter la maison familiale quand l’envie de se changer les idées se présentait ou lorsqu’elles étaient dans le besoin.

    La maison de Diane était comme toutes les autres maisons du village Cocorico : de fameuses briques blanches ternies par le temps et les intempéries et un toit rouge plutôt délavé. Cependant, ce qui lui donnait tout son charme, c’était les fleurs variées et la végétation qui l’englobait pour en faire un petit cocon à l’abri des bruits et des regards indiscrets. Diane avait cette passion pour la nature et un véritable don.

    Malon délaissa la main de son ami pour se saisir de la lanterne sur le porche de la maison : si elle était là, c’est que quelqu’un se trouvait à l’intérieur et au vu de l’heure qu’il pouvait être, devait aussi dormir. La rouquine rebroussa donc chemin en invitant Link à la suivre d’un regard dans la cours arrière de la maison. Une fois la porte de bois entrouverte, le jardin aux milles trésors s’ouvrait aux invités.


    « Tu n’as qu’à t'asseoir, je serai vite de retour. » dit-elle en désignant le banc de pierre sur lequel la jeune femme vint poser la lanterne. Par chance que cette nuit ne s’annonçait pas froide.

    Sans même attendre que Link ne puisse s’exécuter, Malon se glissa entre le mur de la maison et un conifère bien touffu pour en ressortir une clé en main qu’elle s’empressa de glisser dans la serrure de la porte arrière. À pas de loup – car effectivement, Odalisa occupait l’une des deux chambres de la maisonnette – Malon s’empara d’une roulette de bandelette, d’un morceau de tissu et d’un pot qu’elle remplit d’eau à l’aide d’une cruche à moitié vide et se glissa à nouveau à l’extérieur sans se faire attendre. La rouquine se posa finalement sur le banc de pierre, trempant un coin du morceau de tissu, invitant Link à se rapprocher d’elle. Malon posa délicatement l’une de ses mains sous le menton du Champion de Farore.


    « Laisse moi te regarder. » dit-elle doucement en relevant le visage du Héros, laissant sa main libre nettoyer son faciès toujours taché de sang et d’alcool.

    Malon ne put empêcher un sourire de naitre sur ses lèvres. Un sourire qui transmettait sa joie de le revoir mais aussi désolée de l’état dans lequel il était et dans lequel elle l’avait quelque peu placé.

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