L’impressionnante porte était étrangement légère. Était-ce l’âge qui faisait défaut à l’ouvrage en bois, frontière délimitant l’entrée du pays ou abonde rire et fracas, rumeurs et intempérants ? Ou était-ce les nombreux passages de ses « fiers citoyens » qui avaient entrainé l’usure de la matière sylvestre.
Asyel finit par entrer dans ce nouveau pays qui s’offrait à lui : pays qui répondait au nom de « l’auberge de Nuttyk ». Le bruit de la porte qui se refermait derrière lui ne s’était pas encore fait entendre que la différence de température se fit sentir sur sa peau frissonnante. Devant lui au milieu de la cohue, debout sur la table un brave bougre gesticulait de bon cœur. Très certainement ce dernier était habité par autant de joie que son gosier de boisson fermenté.
« DERK ! ARRÊTES MOI CA ! DESCENDS DE LA »
Une voix puissante s’était fait entendre depuis le fond de la pièce. La voix du maître des lieux avait retentit. Asyel s’était approché prudemment du monarque : un peu effrayé tout de même quand le prénommé Derk bascula dangereusement dans sa direction avant de se rattraper miraculeusement. Le bouffon avait retrouvé équilibre avant de se mettre à rire, hilare de ses propres frayeurs. Après quelques rires coincés pour évacuer la surprise, Le Blond-Blé se tenait enfin devant le Roi siégeant non pas sur mais derrière son trône comme le voulait la tradition.
« Eh bah mon vieux, tu colles vraiment pas avec le paysage toi ! »
Nuttyk l’avait dévisagé assez rapidement. Asyel n’avait répondu que par un sourire à la remarque du barbu.
« C’est une cour fort intéressante que vous avez la mon brave ! »
« Quoi … euh … Hein ? Ah tu parles de ces poivr… ah attends un peu désolé mon gars… DERK ! TU M’EN DÉTRAQUES ENCORE UNE ET JE TE JURE QUE JE ME SERS DE TON CRÂNE POUR DÉMONTER CE QUI RESTE ! Oui donc qu’est ce qui t’amène bonhomme ? »
Imaginant la scène aussitôt que les mots du tenancier avaient été prononcés, il ne put s’empêcher de rire.
« Servez-moi un peu de votre breuvage. » avait il finit par dire entre deux rictus.
« De suite mon gars ! »
Asyel fit dos à Nuttyk pendant qu’il préparait la boisson.Cette « assemblée-spectacle » qui se produisait l'intriguait. Cette cour était sans doute bien différente de celle de la Princesse pourtant on pouvait y voir aussi des sourires : sourires d’ivrognes et de mal aimés mais sourires tout de même.
Perdu dans son observation, il senti un choc sur son flan. Avant même qu’il ne comprenne la situation une jeune femme inclinée présentait ses plus plates excuses. Il sourit et lui fit signe que ce n’était rien de grave. Le bruit du gobelet qui se posa sur le comptoir annonça au jeune homme que ça boisson était prête.
« Voilà. C’est deux rubis. »
« Ah oui, bien sûr ! »
Asyel porta la main à sa bourse avant d’afficher un sourire décontenancé. Il se retourna pour chercher la femme du regard. Mais rien à faire elle n’était plus dans l’assemblée. Il se tourna alors vers Nuttyk qui comprenant la situation poussa un profond soupir.
« T’es un nouveau donc pas d’ardoise ! » lança-t-il lassé en lui montrant la pile d’assiette et gobelet sale.
Confus, il réfléchit un instant. Puis une idée lui vint :
« Et si je vous jouait quelque chose plutôt ? » Proposa-t-il en montrant sa lyre.
« Oh ? Tu connais des bons airs ? Mais … ça serait un peu cher payé la bibine tout de même … ah je sais ! »
Nuttyk semblait chercher un objet sous son comptoir. Après quelques secondes de recherche, il posa un rondin massif devant le jeune homme.
« Mais … c’est … de l’épicéa !»
« Ouais ! J’ai cru comprendre que ça en valait pour les gens comme toi qui font des bons airs. Je comptais le donner à une p’tite dame mais je l’ai pas revu depuis. C’était quoi son nom encore … A….A… Au…Aur… raaah ! »