Un saltimbanque à Cocorico

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Vlad Astaroth


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Vlad était épuisé après plusieurs jours de marche. La vue du village Cocorico lui semblait être un mirage. Pourtant sa vue et ce pincement au cœur ne pouvaient le trahir. Vlad désirait reprendre pied dans son existence marquée par une quête qui l'éloignait des places des marchés, de la joie et du divertissement qu'il apportait auprès des foules.

La soif de revanche de Vlad n'apportait que peine, frustration et désolation. Il n'avait toujours pas pu éclaircir le mystère autour de la disparition tragique de son maître Borum.

Les affrontements précédents lui laissaient un souvenir amère, la tristesse du regard d'une fillette mutilée sauvée grâce à l'aide d'un homme vaillant et courageux.

Epuisé par des jours de marche, Vlad trainait les pieds en approchant du village. Son pied droit le faisait souffrir atrocement. Il boitait même par moments lorsque la douleur devenait de plus en plus insupportable.

Dans l'enceinte du village, Vlad fit une pause salvatrice en s'accoudant à la devanture d'une échoppe. Il demanda son chemin pour gagner la taverne la plus proche afin d'y passer une nuit de sommeil réparateur en espérant que son sommeil ne soit pas troublé par d'horrible cauchemars.


Après la dégustation et l'ingestion d'un repas savoureux, Vlad profita d'un moment de détente exceptionnel durant sa soirée à l'auberge. Le temps semblait suspendu. Une troupe musicale permit aux convives et aux différents clients de l'échoppe de bénéficier de moments de bonheur et de grâce. La foule, très démonstrative face au talents des musiciens, répondait avec bienveillance et beaucoup de ferveur. Ce moment unique fit beaucoup de bien à Vlad et lui permit de constater l'effet grisant d'une foule en délire. Son passé d'artiste itinérant lui manquait tellement. Il avait presque honte d'etre devenu ce jeune homme épris d'un désir de vengeance envers un ennemi sans visage.

Après une si belle soirée, Vlad décida de passer la nuit dans cette échoppe chaleureuse en louant une chambre à l'étage. Le confort avait tellement manqué à Vlad lors de ses dernières semaines d'errance.

A son réveil, il ne put s'empêcher d'aller jeter un œil à l'extérieur de l'auberge. Une foule semblait s'être regroupée à l'extérieur. Vlad voulait en avoir le cœur net. Sa curiosité le fit franchir les portes du commerce afin d'en savoir plus sur les origines de cette pollution sonore. Il espérait juste ne pas revoir les menaces du passé ressurgir devant lui derrière ces portes...


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Lana arrive enfin au village Cocorico après plusieurs jours de marches...

La nuit tombait sur la paisible village que la fillette avait su découvrir au fil des jours. Elle reconnaissait tant et si bien ces toits rouges en tuiles, qui se découpaient sur le ciel sans étoiles de cette nuit. Certaines femmes criaient au travers des maisons, suppliant leur enfant d'aller se coucher. Les hommes eux, peinaient à sortir de certaines auberges, trop saouls pour comprendre les paroles impatientes de l'aubergiste. Les lumières s'éteignaient, le village basculait dans une sorte de transe où le temps n'avait plus d'importance. Chez elle, dans sa terre natale, les moments présents étaient toujours comme ça : ils flottaient dans le temps.

Mais Lana était loin de chez elle, elle put sortir de sa propre rêverie en entendant des cris de joies et des frappements de mains. Des personnes encore éveillées à cette heure si avancée de la nuit ? Par curiosité, la fillette se dirigea à pas prudents vers la source du vacarme ; l'auberge sûrement principale du village. Un écriteau était à l'entrée mais Lana ne pouvait le déchiffrer : elle ne savait pas lire l'Hylien. Elle haussa les épaules et entra, à ses risques et périls.

L'intérieur était aveuglant tant la lumière était intense, vive. Elle ferma les yeux et une fois habituée à cette contraste de lumière, les rouvrit en clignant des yeux. De multiples personnes, hommes femmes, dansaient, chantaient riaient tous en cœur. Impressionnée par ce spectacle tardif, elle demanda malgré le brouhaha.


"Que se passe-t-il ? Il y a une fête ?"

Personne ne lui répondit, aussi personne ne l'avait entendue. Elle haussa les épaules et se fraya un chemin à travers la foule. Elle donnait des coups d'épaules de ci de là, et fit même tomber un poivrot un peu trop maladroit. Tans pis, elle voulait juste savoir si on pouvait dormir ici.
La Sorcière aperçut un étage et monta les marches, curieuse et vit une porte entrouverte. Elle passa sa tête par l’entrebâillement et vit que la chambre était vide. Soulagée, elle sauta sur le lit et dormit d'un sommeil profond.

Le lendemain matin, Lana se réveilla, les yeux bouffis de sommeil. Elle sortit de la chambre et vit un attroupement au bas de l'auberge. Curieuse, elle suivit un homme jusqu'en bas (l'homme, c'est ton perso). Malheureusement, elle glissa sur une marche et tomba sur le dos de l'inconnu en poussant un cri de surprise.


Vlad Astaroth


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Vlad en se réveillant ce matin avait oublié à quel point les bienfaits d’une bonne nuit à l’auberge pouvaient réconforter l’âme et le corps. Les longues semaines d’errance qu’il avait connu à la poursuite d’une chimère, retrouver et tuer de ses mains l’assassin de son mentor Borum, l’avaient coupé du monde civilisé et privé de la joie des bonheurs simples de la vie.

Vlad s’était levé en pleine forme. Il se sentait léger comme une plume malgré l’impressionnante quantité de nourriture avalée afin de célébrer ses retrouvailles avec le village Cocorico et ses paisibles habitants.

La curiosité est un vilain défaut. Vlad s’apprête à en faire la douloureuse expérience, à ses dépens. Lui, ce saltimbanque, d’habitude plutôt rusé et prompt à sentir quand le danger est proche tenait à tout prix à savoir d’où provenait tout ce vacarme et quelle en était la cause.


« Quelle idée de faire un tel raffut en cette belle matinée… ! Ils vont m’entendre ! », s’écria-t-il à voix haute.

Vlad était plutôt pressé en s’extirpant de sa chambre. Il se hâtait vers la sortie lorsqu’il fut percuté dans le dos par une jeune fille. La maladresse légendaire de Vlad le poursuivait décidemment. Avec l’un de ses pieds en équilibre en descendant les marches vers la sortie, le choc d’une toute jeune fille suffit à faire valdinguer Vlad tant et si bien qu’il dévala l’escalier, entraîna avec lui la pauvre fillette qui poussa un cri strident. Ils atterrirent avec fracas à l’extérieur de l’auberge ! Nos deux héros du jour chers lecteurs avaient littéralement ribouldingué dans ces escaliers. De mémoire d’aubergiste voila deux aventuriers bien maladroits mais néanmoins très attachants. Quelques clients témoins de la scène à l’intérieur pouvaient difficilement étouffer leur rire et leur stupeur face à cette scène cocasse.
   

Vlad maudissait la jeune fille. Il se releva tant bien que mal et épousseta sa tunique colorée.

« Tu ne pouvais pas faire attention petite sotte ! » hurla Vlad à l’encontre de la fillette.  

« Je suis désolée Monsieur, pardonnez-moi… J’ai simplement glissé. Je n’ai pas pu vous éviter en trébuchant… Mais je pourrais en dire autant de vous ! Vous m’avez l’air bien maladroit. Ne seriez-vous pas encore sous l’effet de quelques mauvais vins bus dans cette échoppe ? » répondit la jeune fille avec une pointe de malice.

Vlad reprenait peu à peu ses esprits. Il prit le temps de jeter un regard sur le véritable spectacle qu’il contemplait. Il venait d’entrer en scène avec ce jeune poison sur patte qui venait de le faire trébucher dans les escaliers. Une foule compacte regroupée de manière circulaire reliait l’entrée de l’auberge à une plateforme de bois.


Vlad et la jeune fille avaient enfin compris l’origine de la clameur qui leur était apparu si importante depuis l’intérieur de l’auberge. S’étalait maintenant face à eux le triste spectacle d’un pantomime de justice, une exécution  ou une humiliation en place publique. Ils étaient arrivés au mauvais endroit, au mauvais moment.

Pourtant Vlad trouvait que quelque chose clochait. La scène lui semblait irréelle.  La foule qui avait maintenant les yeux braqués sur lui et sa nouvelle compagne d’infortune ne portait pas le masque de la haine, de la soif de sang, de l’expiation de crimes par une justice barbare en place de Grève. Ce regard était bienveillant. Des sourires éclairaient leur visage. Vlad prit le temps de s’attarder sur l’homme seul sur la scène à quelques mètres de là. Sa tunique était celle d’un bourreau mais les couleurs vives dénotaient. Les mots prononcés par cet homme soulagèrent définitivement Vlad :

« Je vous demande de faire un accueil triomphal à nos deux courageux volontaires. Ils feraient un très beau numéro qu’en pensez-vous ? Ils ne sont pas mignons ? Regardez-les se chamailler depuis tout à l’heure ! De vrais gosses ! »

Après ses propos adressés à la foule, il fit signe à Lana et Vlad de venir le rejoindre sur scène.
"Allez approchez ! Approchez ! Venez nous rejoindre ! N’ayez crainte ! Venez nous montrer vos talents et vos aptitudes et tenter de gagner les faveurs de la foule de Cocorico assez dense en cette belle matinée ! Vous obtiendrez la possibilité de vous produire sur la place du marché. Soyez inventifs, créatifs et adroits sinon voici ce qui vous attend héhéhé… "

Le faux bourreau à la tunique bariolée claqua alors des doigts et fit un signe de la main en direction de deux types patibulaires eux aussi en tenue de bourreau tachetée de couleurs vives qui tenaient dans leurs mains des bassines remplies d’eau sale qui semblait être de l’eau de vaisselle provenant sans doute de l’auberge ou de commerces environnants. Ces deux horribles gaillards devaient se charger de verser ce contenu infâme sur le malheureux perdant qui deviendra instantanément la risée du public tout entier.  

« Allez ! On les encourage s’il vous plait ! Ils ont besoin de vous ! » scanda le maître de cérémonie. L’assistance répondit immédiatement en hurlant de joie et en riant à gorge déployée. Une ambiance de fête se dégageait de cette scène qui reprenait pourtant les codes macabres des exécutions.

Vlad qui avait remporté le tirage au sort débuta la compétition. Il avait quelques minutes pour séduire cette foule très animée. Il avait la possibilité de poursuivre son rêve de divertir les foules en gagnant et en se vengeant de la fillette qui l’avait fait malencontreusement tomber, heureusement sans gravité.

Mais au moment de s’avancer vers la foule, Vlad regarda la fillette droit dans les yeux. Il fut tétanisé. Il lisait la même détresse et la même angoisse que dans le regard de la fillette mutilée qu’il avait sauvé il ya quelques temps des griffes d’immondes gamins grâce à l’aide d’un vaillant et noble héros.

« Faites nous un tour, n’importe quoi, allez saltimbanque, illumine leurs yeux à jamais ! La gamine ne fait pas le poids… Tu seras le nouvel amuseur illustre de tout le village Cocorico ! » glissa le bourreau de pacotille à l’oreille de Vlad.

Au fond de lui Vlad savait qu’il ne pouvait pas humilier cette pauvre gamine ! Après tout elle ne lui avait rien fait de mal… Les deux autres larrons avec leurs bassines avaient l’air bien immonde. Qui sait s’ils n’allaient pas noyer la gosse derrière une maison à l’abri des regards dans l’eau croupie qu’ils trimballaient…


Vlad était décidé. Le souvenir de la fillette mutilée ravivait des moments douloureux. Il ne souhaitait pas que cette gamine si vive devant ses yeux à ses côtés sur cette plateforme soit humiliée si jeune devant une telle foule. Les dégâts psychologiques d’une telle scène sur ce pauvre gosse risque d’être terribles…

Vlad choisit donc de se saborder. Il jongla comme un pied dans la droite ligne de la chute dans les escaliers. Il baissa la tête après avoir raté sciemment plusieurs séries de jongle.

Le faux bourreau vint le chercher et le fit reculer sous les huées et les éclats de rire de la foule. Les moqueries fusaient. L’une retint l’attention de Vlad prononcée par une jolie Hylienne dans l’assistance s’adressant à une voisine :

« L’habit ne fait pas le moine. Il a tout l’air d’un saltimbanque expérimenté et le voila se comportant comme un pleutre sur le champ de bataille pour la première fois. J’ai presque pitié pour lui très chère amie… Il ne manquerait plus que la gamine soit plus douée que lui.  »

Ce fut alors au tour de Lana de s’avancer sur la scène…


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La Sorcière avait tenté de s'expliquer devant l'homme mais son regard noir et vengeur semblait dire que ses excuses étaient pitoyables et faibles. Elle baissa la tête et inspira profondément. Lana ferma les yeux alors que des cris perçants et des rires résonnèrent à son oreille. Réveillée dans ses propres pensées, elle rouvrit les yeux et vit une scène assez étrange.
Une petite plateforme de bois sur laquelle des hommes habillés étrangement appelaient la foule à se réunir. Sur le côté, deux hommes portaient de leurs grosses mains deux bassines remplies d'eau sale ; que se passait-il ici ? Lana n'eut pas le temps de réfléchir : déjà, on l'entraînait, elle et l'homme vers la foule euphorique.

La Sorcière protestait et se débattait tant bien que mal et au fur et à mesure de sa progression, elle se rendit compte que la scène paraissait glauque, morbide. Elle demanda à l'homme en murmurant avec la bouche de travers.


"Qu'est-ce que qu'on fait là, monsieur ?"

Pourtant, la foule les entoura bientôt, applaudissant. Leur chute dans les escaliers avait-elle était aussi mémorable au point d'en faire une fête ? Elle ne le pensait pas. Lana ferma les yeux et tenta de trouver une réponse logique à tout ce raffut. Hors d'elle, et ne trouvant pas une réponse satisfaisante, elle hurla à qui voulait bien l'entendre.

"Qu'est-ce que c'est ? Qu'est-ce que vous faites !?"

Pourtant, aucune réponse ne vint à son oreille alors que la foule se resserrait en un amalgame de personnes.

« Allez ! On les encourage s’il vous plait ! Ils ont besoin de vous ! »

L'homme faisait des pirouettes, jonglages, à la perfection. Lana en fut impressionnée, tant et si bien qu'elle tomba au sol. Étrange... comme un homme pouvait avoir tant de grâce, de prestance ? Lana ne put détacher son regard de l'homme pourtant peu aimable mais si gracieux. Elle poussa un soupir alors qu'un homme habillée étrangement la tira par le bras pour la relever.

"Gamine, tu dois faire mieux que lui ! Sinon..."

Elle avisa le bac remplie d'eau sale et fit une grimace de dégoût. Pourtant, on l'amenait déjà vers l'estrade et Lana était contrainte de faire rire les autres jusqu'à la fin. Elle poussa un long soupir et fit apparaître son grimoire. Le tenant à bout de bras, elle pensa tout bas une formule d'illusion, bien connue des Sorcières. Un mur dimensionnel se formait entre elle et le public. Le mur était bien transparent mais pourtant, Lana était devenue invisible.

"Hoyy !!!"

Le mur se fissura et se brisa. Lana apparut à l'autre bout de l'estrade, une boule électricité dans la main.

"Inclinez vous devant la Sorcière Blanche !"

Lana jeta la boule de magie au sol qui explosa et monta aux cieux. Un éclair apparut dans le ciel grisonnant. Lana chargea son électricité et fit apparaître de la foudre à ses pieds. Elle plaqua ses mains au sol, pour se regorger de sa propre magie. Lana avisa les coups d'oeil enchantés et impressionnés et déclara.

"Vous voulez du jonglage ? Pas de problèmes !"

Lana créa quatre balle d’électricité palpante et commença à jongler avec. L'homme la regardait mais elle ne pouvait identifier son regard.


Vlad Astaroth


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Vlad ne fut pas déçu d’avoir laissé sa chance à la jeune fille. Terriblement humilié par les moqueries de la foule lors de sa chute cocasse, Vlad commençait à rire sous cape lorsque la fillette s’avança fièrement vers la foule. La surprise du saltimbanque fut d’autant plus grande lorsque ce petit bout de chou entama son numéro que les habitants de Cocorico ne sont pas prêts d’oublier de si tôt. Même si Vlad avait fait l’effort de concourir à armes égales, il aurait tout de même perdu. Elle révéla son vrai visage à cet instant. Sous ses airs attachants, Lana dévoila ses redoutables talents de sorcière blanche. Vlad était littéralement estomaqué comme la plupart des spectateurs. La magicienne était en train d’en mettre plein les yeux aux habitants du village Cocorico. Lana ne prenait pas cette compétition à la légère. Vlad ne regrettait pas son choix de se saborder délibérément afin d’éviter à la fillette l’humiliation dégradante des immenses bassines.

La troupe en résidence à l’auberge, dont une partie s’était produite la veille lors de l’arrivée de Vlad et qui était derrière l’organisation de cette compétition révélatrice de talents, venait de se trouver un nouveau membre en la personne de Lana. Devant une telle démonstration de la sorcière, les hourras de la foule conquise se firent entendre dans les rues de Cocorico aux abords de l’auberge. La foule s’était massée de plus en plus nombreuse depuis que Vlad avait ouvert les hostilités.

Le verdict était en effet sans appel. La foule était déchainée suite à la prestation de Lana. Le maître de cérémonie, le bourreau de pacotille à la tenue bariolée, félicita les deux concurrents et déclara Lana grande gagnante de ce concours de talent. Il lui rappela les modalités des gains : la possibilité de se produire avec un numéro de son choix pendant une durée totale de sept soirs de suite à l’intérieur de l’auberge. Vlad riait de plus belle. Pour divertir les voyageurs venus faire une halte ou les habitants du village Cocorico, Lana allait devoir rivaliser d’imagination.

Vlad arbora un large sourire et passa sa main dans les cheveux de la gamine pour l’ébouriffer, sa manière de célébrer la victoire et de montrer son affection et sa tendresse à Lana, véritable talent brut. Vlad était de plus en plus fasciné par les pouvoirs magiques et leurs effets si impressionnants. Ses souvenirs encore vifs liés au sauvetage de la petite fille mutilée grâce à un homme qui maitrisait bon nombre de formules de ce genre le faisaient frissonner.


« Félicitations jeune fille, tu as su réinventer et repenser l’art du divertissement avec tes talents magiques. Le saltimbanque que je suis s’incline devant ta créativité et ta ruse ! Je serais curieux de savoir où tu as appris tout cela. Je suis à peine remis de longues semaines d’errance et de doute à la poursuite d’une quête quelque peu vaine qui n’allait m’apporter que tristesse et désolation. Si tu n’y vois pas d’inconvénient, je pense séjourner à l’auberge encore quelques jours. Je suis curieux de te retrouver sur scène ou face à une foule, lire leur surprise et leur joie dans leurs yeux à la découverte de tes tours et de tes trouvailles magiques. Je pourrai sans doute bénéficier de ton talent et de ton expérience pour mes futures représentations. A demain soir, dans l’auberge. Je serai dans l’assistance. Je ferai tout mon possible pour ne pas te déconcentrer, je te le promets.»

C’est alors que Vlad sentit qu’un individu lui tapait sur l’épaule. Il se retourna et découvrit le faux bourreau qui s’adressa au saltimbanque perdant :

« Hé là ! Pas si vite l’ami ! Tu connaissais les règles ! Tiens-toi prêt ! Un conseil : Bouche-toi bien le nez ! Allez-y les gars, il est à vous, vous pouvez y aller», dit-il en s’adressant à Vlad puis en se tournant vers les deux colosses, les acolytes de l’homme qui haranguait la foule, chargés de punir les perdants. De toute leur force ils projetèrent le contenu des immondes bassines sur Vlad qui prit de plein fouet de l’eau de vaisselle très sombre dans laquelle surnageaient des restes de légumes et des morceaux de viande malodorants puis il se fit déverser sur la tête le contenu de la deuxième bassine : de l’urine de cheval…

La foule ne se privât pas de tourner en ridicule le saltimbanque malheureux et de rire à gorge déployée. Vlad, même s’il repartit la tête basse, était fier d’avoir pu empêcher et d’avoir souhaité que ce calvaire ne retombe pas sur la jeune fille même s’il était conscient des talents indéniables et de la supériorité de la sorcière aujourd’hui. Qu’en sera-t-il demain soir ?

Vlad avait hâte de se retrouver au milieu de la foule chaleureuse après un bon bain afin de se remettre de cette situation gênante.



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Lana frappa dans ses mains, heureuse des tonnerres d'applaudissements et de cris de joies de la foule. Ils semblaient satisfaits pas sa prestation et bientôt, ils l'entourèrent de tout part pour l'acclamer et toucher ses mains où la magie était encore présente. Un peu lassée par ses gens un peu trop curieux et trop admiratifs, elle essaya de se détacher de la foule pressante ; en vain. Même que certains la portaient. La Sorcière Blanche se débattit et retomba au sol, dans la poussière. Dégoûtée, elle se releva et épousseta ses bas et sa jupe. Elle se libéra de la foule et se maintint aux côtés de l'homme. Lana lui lança un regard terriblement gênée et avisa les bassines crasseuses. Elle se tordit les mains, honteuse.

Trop tard. Après les paroles du saltimbanque, les deux bourreaux vidèrent le contenu des bassines sur l'homme. Il semblait terriblement confus et Lana eut de la peine pour lui. Elle détourna le regard alors que ses yeux s'embrasaient à l'entente des rires de moqueries. C'en était trop ! Ce petit numéro avait assez duré. Lana se posa devant l'homme et écarta les bras.


"C'en est trop ! Vous n'avez pas honte de faire ça !?"

Lana se rapprocha un peu plus de l'homme au point de le coller, reculant. Un des bourreaux s'approchait d'elle, le regard noir, le pas lourd. Il l'empoigna et la jeta au sol avec une force innommable. La Sorcière resta au sol, les muscles tendus à se rompre. Elle avait horriblement mal et eut toutes les peines du monde pour se relever. Une fois redressée, le deuxième bourreau arriva avec une autre bassine et la versa sur la tête de la sorcière.
Lana, terriblement mal en point et gênée, resta au sol, contre les jambes de l'homme. Elle grelottait, se demandant ce qu'elle faisait ici. Ces jeux n'étaient pas pour elle ! Lana resta au sol, baignant dans un jus poisseux, alors que le sang d'une plaie toute fraîche faisait surface, se mêlant au liquide crasseux.
Pourtant, elle se releva, vaillante.


"Vous n'en avez pas marre !?"

Lana se concentra alors qu'un mur dimensionnel sortait du sol en entourant les deux humiliés. La foule et les bourreaux ne pourraient plus les atteindre. Pourtant, un homme arriva à passer, faisant se briser l'effort magique. Lana, épuisée, tint quand même bon, et resta debout. La peur faisait trembler ses membres alors qu'elle tâtait sa joue déchirée.


Vlad Astaroth


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Vlad n’en était plus à une humiliation près. Mais qu’elle ne fut pas sa surprise en découvrant que les faux bourreaux étaient de véritables monstres. Ils ne respectaient pas le contrat à la lettre. Bien que la jeune magicienne ait remportée l’épreuve, les gardes s’étaient donnés un malin plaisir à la trainer plus bas que terre elle aussi. En voyant que Lana recevait le même traitement et l’humiliation des bassines, Vlad fut gagné par une vivie colère. Il avait pourtant conscience qu’il était difficile de tempérer la foule qui assistait à cette opposition des talents afin de tenter de décrocher une place de choix au sein de la troupe de l’auberge. Nos deux compagnons d’aventures et d’infortune, Lana et Vlad, étaient entrés dans le cercle de la foule et dans cette compétition bien malgré eux et suite à la terrible chute dans les escaliers qui les propulsa directement à l’extérieur de l’auberge. Vlad n’eut pas vraiment le temps de réfléchir à ses moyens d’action afin de venger éventuellement la jeune fille en allant corriger ces maudits bourreaux de pacotille qui salissaient le travail  et l’image divertissante des saltimbanques traditionnels.

Lana sut se ressaisir très vite et commença par activer une protection magique qui l’isola avec Vlad de la cohue et des humiliations de la foule en délire. Cette masse grouillante sous leur nez commençait à irriter de plus en plus Vlad. Il se sentait animé du même désir de protection et du besoin de fuir, de s’évader de ce lieu hostile, cette sensation qu’il avait éprouvée il y a quelques mois aux côtés de la jeune fille mutilée.

Vlad s’apprêtait à pousser un hurlement de colère et de rage avant de fendre la foule et d’emporter Lana par le bras mais une main tendue qui brisa le sceau magique de Lana empêcha Vlad de craquer. Le silence dans lequel étaient plongés nos deux vagabonds grâce au charme magique fit place au vacarme assourdissant des hourras et des quolibets prononcés par les habitants du village Cocorico massés aux pieds de l’estrade sur laquelle se trouvaient Lana et Vlad.
 

Vlad avait l’impression que Lana regardait l’homme venu à leur rencontre d’un air méfiant. Pourtant il n’eut pas de mal à le reconnaître : il s’agissait de l’homme qui haranguait la foule depuis tout à l’heure, le faux bourreau, maître de cérémonie. Sa tenue colorée était encore plus impressionnante de près. Vlad n’était pas un grand expert en magie. Les quelques tours de passe-passe qu’il connaissait pour faire disparaître des objets au cours de ses représentations étaient bien loin de la prouesse qu’il venait de contempler chez Lana il y a quelques instants à peine lorsqu’elle était seule en scène. Pourtant l’homme venu à leur rencontre avait réussi à briser le sceau et les efforts de protection de Lana. Cet homme cachait bien son jeu. Il avait dû lui-même utiliser un subterfuge, une quelconque ruse enchantée ou être lui-même adepte des pratiques magiques pour être capable de contourner une telle barrière !

« N’ayez crainte ! Il faut les excuser ma jeune demoiselle ! Mes acolytes ont un peu trop forcé sur les breuvages enivrants hier soir. A leur haleine pestilentielle, ils n’ont toujours pas dû décuver… » dit-il à Lana en lui tendant la main pour l’aider à se redresser après l’humiliation des bassines.
« Vous avez un très grand talent jeune fille, nous sommes fiers de vous accueillir au sein de notre troupe pour nos représentations à l’auberge pendant plusieurs jours. Cela faisait longtemps qu’une magicienne aussi douée que vous n’avait pas gonflé nos rangs. Les bardes pourront ranger leurs instruments pendant de longues nuits et garnir les rangs des foules en délire qui chanteront vos louanges et se griseront à nos tables en votre nom ! Quand à vous monsieur, ne perdez pas espoir. Je vous conseille de rester et d’assister au spectacle et aux animations de ce soir. Vous sembliez perdu, perturbé, pas très à l’aise lors de votre passage. Je n’ai pas bien saisi votre attitude lors de votre performance. Un grand gaillard comme vous…Vous n’aviez pas l’air dans votre assiette… Commettre de telles erreurs de débutant ! Enfin, vous avez bien fait rire les gosses présents dans l’assemblée, esquissé des sourires amusés et coloré les joues de jeunes demoiselles présentes dans la foule compacte. Je dois dire que le duo improbable que vous formez en a séduit plus d’un, dont je fais partie. Je vous retrouve très bientôt. A ce soir. Retrouvons nous pour un repas copieux avant la représentation de ce soir. Venez tous les deux, malgré votre cuisante déroute, je sens du potentiel chez vous jeune homme.»
« Je n’y manquerais pas. Ce sera un plaisir de revoir cette talentueuse magicienne. Je tâcherai de m’inspirer et d’étudier son attitude afin de m’améliorer dans ma technique. Le saltimbanque maudit vous salue bien. Monsieur merci d’être venu à nous et de nous avoir adressé ces mots de réconfort. » dit-il en s’adressant au bourreau à la tenue bariolée, le maître de cérémonie de cette opposition des talents.
Vlad se tourna alors vers Lana avec un grand sourire :

« C’était un plaisir de faire votre connaissance jeune demoiselle. Toutes mes félicitations pour votre victoire. J’ai hâte de vous voir à l’œuvre dès ce soir. » Il salua la jeune magicienne qui l’avait tant impressionnée et se dirigea vers sa chambre pour prendre un bon bain.

Moralité : la curiosité est un bien vilain défaut ! Vlad en sortant de l’auberge pour découvrir l’origine du bruit à l’extérieur a subi une cuisante humiliation. Heureusement pour lui, l’individu à la tête de cette troupe organisant tout ce barnum semblait être un honnête homme. Son but, aux yeux de Vlad, était de divertir le plus grand nombre grâce à la découverte de talents bruts. En ces temps troubles où les conflits et où la violence règne, Vlad retrouvait peu à peu foi en l’existence et en sa vocation de saltimbanque grâce à cet homme et à la jeune magicienne.

Après avoir passé une bonne partie de la journée au cœur du village Cocorico et dans des échoppes, Vlad se rendit avec beaucoup de bonheur à l’auberge pour s’attabler dans un espace isolé aux cotés de Lana et du maître de cérémonie avant la représentation de ce soir.


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Lana perdait espoir. Qui étaient ses hommes masqués et cachés, se prétendant bourreaux ? Ils l’étaient, mais de l’âme. Oui, des bourreaux de l’âme. Ils n’avaient pas respectés le pacte, c’était ignoble ! Lana était sale et humiliée. Elle pouvait lire dans les yeux de l’homme qu’il avait tenté de la protéger de cette sentence si cruelle pour une fille de son âge.
Lana se laissa tomber au sol et s’accrocha à l’homme, désespérée. Même sa magie avait été souillée, balayée par un geste de main. Pourquoi ces hommes cherchaient à les piéger, les noyer dans leur propre déception ? Étaient-ils dans leurs droits de faire ça sur un lieu commun ? Même les enfants qui étaient spectateurs des tours des deux compagnons avaient fuis, sentant l’heure grave.
La Sorcière Blanche put distinguer un brin de folie dans les yeux du saltimbanque ; il était sur le point de craquer. La situation était grave, très grave. Lana était trop épuisée, elle ne pouvait plus se servir de sa magie pour le moment.
L’homme habillé de multiples couleurs s’avança et prononça de belles paroles aux deux humiliés. Le saltimbanque sembla y croire mais Lana n’était pas dupe ; quelque chose clochait mais elle ne pouvait refuser devant le nouvel enthousiasme de son compagnon. Elle se contenta d’un hochement de tête approbateur.


Ils se retrouvèrent, le soir, propre. Les compagnons d’infortune et le bourreau coloré étaient assis à une table, discutant. Lana, voulant en savoir plus sur cet homme qui avait réussi à briser son sceau magique.

« D’où venez-vous ? Où avez-vous appris la magie ? »

L’homme resta muré dans son silence. Maintenant, ce fut l’heure à Lana d’entrer en scène…

Lana monta sur l’estrade dans un silence dérangeant. Elle le rompt en poussant un cri de nervosité. La petite fille se calma et fit apparaître son livre de magie. La main devant elle, elle fit apparaître une boule flamboyante et rouge vive. Celles-ci éclata en une pluie d’étoiles, sous les yeux émerveillés des spectateurs. Touts hurlaient pour un nouveau tour mais Lana sentait la fatigue corrompre son esprit.


« C’est à mon compagnon de faire ses preuves, s’il vous plaît ! »

Elle disparut dans la foule et rejoignit la table. L’homme la regardait d’un œil qui ne présageait rien de bon.


Vlad Astaroth


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Vlad ne s'était toujours pas remis de ses émotions de la journée. Dans l'ambiance apaisante et le cadre chaleureux de l'auberge presque émollient, le saltimbanque était heureux d'avoir pu trouver sur son chemin des compagnons bienveillants.

Vlad était très impressionné par la jeune magicienne et ses nombreux talents.

L'homme à la tête de la troupe, le faux bourreau, l'intriguait tout autant. Briser un sceau magique n'est pas à la portée de tous les habitants qui peuplent le village Cocorico.

Vlad fut quelque peu déçu de découvrir le caractère de l'homme qui les avait conviés à sa table pour faire oublier la rudesse, la maladresse de ses hommes et célébrer le triomphe de Lana qui a décrochée sa place pour quelques représentations au sein de l'auberge. Il est resté muet comme une carpe lorsque Lana a tenté de l'interroger sur son passé et ses connaissances magiques.

Heureusement, cette sensation fut vite dissipée. Lana entrait à nouveau en scène. Cette fois pour un pur moment de divertissement. Il n'était plus question de compétition ou d'humiliation.

Une pluie d'étoiles provoquée par Lana rendit la foule hystérique.

Mais Vlad fut étonné de voir que la magicienne souhaitait déjà quitter la scène après ce premier tour et qu'elle était décidée à le laisser, lui, son compagnon d'infortune du jour, tenter de divertir la foule.

Bien que quelque peu ennuyé, n'ayant pas l'autorisation de se produire sur scène, Vlad se tourna vers le responsable de la troupe pour chercher dans son regard le moindre signe approbateur... Il souhaitait savoir s'il n'allait pas devoir faire face à nouveau aux deux camarades peu commodes qui s'étaient chargés d'humilier en place publique Lana et Vlad un peu plus tôt et qui pourraient être capable de chasser Vlad de la scène en faisant usage de la force.

Heureusement le faux bourreau s'adressa à Vlad:

"Tu peux y aller. N'aie crainte. La magicienne a gagné la confiance du public."

Vlad n'était plus tout à fait lui même. Le temps lui semblait ralentit en se dirigeant vers la scène. L'émotion, une certaine tension et une bonne dose d'adrénaline parcouraient le corps tout entier de Vlad. Le saltimbanque passa sa main affectueusement dans les cheveux de la magicienne pour la féliciter de sa prestation. Il éprouvait de la tendresse pour cette enfant. Les pouvoirs magiques de cette gamine l'impressionnaient. A deux, ils pourraient former un duo en or ! Vlad entrevoyait déjà les bénéfices possibles sur les places de marché avec une telle magicienne à ses côtés.

Vlad ne souhaitait pas déclencher d'émeutes ou faire des mécontents avec une performance ratée comme ce fut le cas sciemment devant l'auberge afin d'éviter les bassines d'urine et d'eau de vaisselle à la jeune magicienne.

Vlad avait la volonté de divertir la foule, de leur permettre de passer un bon moment.

Il se lança dans une série impressionnante de jongles acrobatiques avec des coutelas qu'il lançait en l'air tout en effectuant une danse, à base de pas de côté et de rotations sur lui-même.

Pour terminer il décida de convier les bardes de l'auberge et de la troupe sur la scène pour un air enjoué, dansant et très festif. A mesure que la foule répondait à la très entraînante mélodie et commençait à taper des pieds et des mains et à pousser des cris d'encouragements, Vlad descendit à toute allure de l'estrade et avec des yeux de gamin se précipita vers Lana. Il la prit par la main, l'extirpa de la table et la  conduit vers la scène pour danser joyeusement avec elle. En lui tenant la main et en dansant à ses côtés face à la foule, Vlad se rapprocha de la foule. Il décida d'agripper les gens au bord de l'estrade et de les faire monter sur scène et de les encourager à danser avec eux. Vlad voulait partager ce moment de bonheur et de joie partagée avec l'ensemble des clients de l'auberge présents dans l'assistance.

Cette nuit fut une bénédiction. Quel succès  pour Lana et Vlad. Pourtant en soufflant sur sa bougie avant de fermer l'oeil après une journée épuisante, Vlad avait bien remarqué en allant chercher Lana une table de quatre individus patibulaires, à la tenue sombre, dans une table du fond, qui étaient les seuls à ne pas danser...

Que cherchaient-ils ? Qui étaient-ils ?

Vlad comptait rester plusieurs jours à Cocorico et soutenir Lana, la magicienne, l'aventurière qui  avait croisé son chemin dans son pari gagné lui permettant d'intégrer la troupe de l'auberge. Vlad allait pouvoir ainsi enrichir son approche et améliorer son art et ses talents de saltimbanque face à une foule.

Il espère seulement que cette présence intrigante n'était pas annonciatrice d'un danger éventuel qui guètte à leur insu...


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Lana soupira et se dirigea vers la table. Elle commençait à faiblir ; ses yeux se fermaient tout seuls. Elle s'assied au tabouret et posa son coude sur la table, tenant son menton entre son poing. Lana rouvrit les yeux pour jeter un regard à la salle. Son ami semblait ne pas bien vouloir faire ses preuves mais il monta quand même. Elle lui sourie, comme pour l'encourager et referma ses yeux.
Son bras glissa sur la table, Lana se frappa le menton au bois dur de la table. Elle s'exclama, attirant le regard du faux-bourreau sur elle. Elle glissa sa main derrière sa tête et gratta ses cheveux tout en riant bêtement. Elle arrêta immédiatement son geste et croisa ses bras sous sa poitrine.

Lana regarda nonchalamment le saltimbanque effectuer ses tours et applaudissait, imitant la foule. Ils étaient enchaînés et hurlait, frappaient des mains. Elle se figea quand elle aperçut la venue d'hommes à l'auberge. Ils s’assirent à une table très proche de celle de Lana. Ils étaient même à côté d'elle. Lana haussa les épaules et vit avec étonnement le saltimbanque accourir vers elle. Elle l'interrogea du regard mais n'eut pas eu le temps de poser une question.

Son compagnon lui prenait déjà la main. Lana se leva, manquant de tomber et suivit le saltimbanque jusqu'à la scène. Elle se sentait un peu perdue et sentait la foule se presser autour d'elle. La magicienne se sentait un peu trop entourée et se tint à l'écart. Elle descendit de la scène mais une femme l'attira à nouveau vers la scène en lui criant dans les oreilles.

...

La nuit passa. Chacun montaient se coucher mais Lana discutait avec les hommes qui l'avaient intrigués tout à l'heure. Leur voix était suave mais ils semblaient assez normal, bien qu'ils n'aient pas dansé. Le saltimbanque était monté se coucher, mais prise dans la discussion, Lana avait oublié la fatigue.
Son compagnon revint dans la salle, comme pour venir la chercher. Elle pencha la tête de côté en lui lançant un regard interrogateur. Elle lui fit signe de venir, souhaitant qu'il participe à la discussion.
Sans le voir, un homme avait changé de chaise pour être plus proche de la jeune magicienne.


Vlad Astaroth


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Vlad était perturbé. Il n'arrêtait pas de se retourner dans son lit malgré la fatigue accumulée au cours de cette journée assez extraordinaire. Il n'arrivait pas à trouver le sommeil. Il décida de se lever d'un bond et de redescendre, bien lui en a pris ! Vlad découvrit avec stupéfaction que Lana était en pleine discussion avec la bande aux habits sombres, vêtus de capes à capuche. Ces quatre individus étaient les seuls à ne pas s'être levés dans l’assistance au moment du triomphe de Lana et de Vlad sur scène au son des hourras de la foule déchaînée.
Vlad voyait cette situation d'un mauvais œil. Il n'appréciait pas trop que Lana soit laissée seule avec des personnes qui n'inspiraient pas confiance. Même si le personnel de l'auberge était toujours présent à s'affairer en cuisine et à astiquer des verres derrière le comptoir, Vlad remarquait avec une vive inquiétude qu'il n'y avait plus de clients vu l'heure avancée dans la nuit dans la grande salle...
Vlad s'approcha de la table. Il était sur la défensive et restait très méfiant vis-à-vis de ces quatre individus qui ne lui inspiraient aucune confiance. Il guettait le moindre de leurs faits et gestes. Vlad se tenait prêt à réagir et à bondir s'il le fallait pour défendre la vie de Lana et la sienne. La sensation qu'il éprouvait alors était pire que le trac qu'il avait expérimenté si violemment lors de ses plus importantes représentations. Vlad était presque ailleurs. Il n'eut pas de difficultés à se mêler à la discussion. Il répondait presque mécaniquement. Vlad tâchait de ne pas froisser ces interlocuteurs nocturnes. Même si la lueur des bougies faiblissait, Vlad parvint à mieux cerner les traits de ces quatre aventuriers de la nuit. Un colosse rouquin aux muscles saillants n'avait d'yeux que pour Lana. Il la dévorait du regard ce qui mettait Vlad très mal à l'aise et fit naître chez le saltimbanque un grand sentiment de dégoût et de rage vis-à-vis de cette troupe iconoclaste. A leur contact depuis plusieurs instants, ses craintes semblaient justifiées.

Ce géant qui avait tout l'air d'une brute passait ses mains de temps à autres sous les effets de l'alcool dans sa crinière de tresses épaisses et rousses. Sa capuche sur ses épaules, son armure légère dévoilait des bras impressionnants et des gantelets de cuir préservaient d'énormes pognes qui manquaient de briser la chope de breuvage alcoolisé que s'enfilait ce soudard patibulaire.

Un être un peu plus chétif se tenait à côté de l'ivrogne rouquin, une cape marron avec un motif jaune et rouge sur le plastron, recouvrait les épaules et la tête de ce deuxième individu de la troupe. Vlad avait du mal à distinguer le visage de la personne en question. Vlad n'avait pas bu beaucoup ce soir mais il lui semblait telle une hallucination que les yeux, de couleur jaune, de la personne en question scintillaient, à travers la pénombre de l'auberge au beau milieu de l'ombre portée de la capuche. Cette vision glaça le sang de Vlad. Il s'empressa de détourner le regard vers le troisième membre de la troupe qui s’empiffrait de viande en mangeant bruyamment. Cet être dodu à la barbe bien fournie semblait passer un bon moment au sein de l'auberge et prendre un malin plaisir à se sustenter de la sorte à une heure aussi avancée de la nuit. Il riait fort et ne se privait pas d'éructer. Les bracelets de force de l'homme semblaient dénoter une forte propension chez cet individu à se battre. En buvant le jus de son écuelle, il retira sa capuche et c'est alors que Vlad découvrit avec stupeur que l'homme portait un cache-œil sur la partie gauche de son visage ! Encore une preuve flagrante pour Vlad du danger que court Lana auprès de ces individus louches !

C'est alors que Vlad sentit un parfum enivrant. Le quatrième membre de cette assemblée de mercenaires aux yeux de Vlad s'était rapproché de lui. La personne en question s'était positionnée derrière Vlad et commença, à son plus grand étonnement, à lui masser les épaules et le cou. Une voix féminine et charmeuse conseilla au saltimbanque de se détendre. Vlad fit volte-face et fut alors très déstabilisé. Derrière la capuche sombre similaire à celle du rouquin et du gros mangeur, Vlad découvrit des yeux de braise, perçants. La jeune femme avait la peau sombre. Une sublime bande de tissu mauve brodée d'or masquait le visage de cette créature de rêve, véritable diablesse pour Vlad. Une gerudo ici, c'était définitivement le signe que Lana et lui couraient un grand danger pour le saltimbanque averti.

Il fallait trouver un moyen de s'extirper de cette situation sans encombre. Vlad prétexta une entrevue matinale avec l'homme qui avait eu la gentillesse de les accueillir avec bienveillance  au sein de la troupe, le faux bourreau, suite aux résultats du concours sur la place publique du village. Il entraîna  avec lui Lana. Vlad souhaita une bonne nuit à Lana et lui conseilla d'être très vigilante à l'avenir avec ces quatre sinistres aventuriers. Il confia une dague à la magicienne  pour la nuit - question de sécurité - , c'était l'un des couteaux de lancer de Vlad le plus aiguisé !  Vlad retourna dans sa chambre et put dormir apaisé, heureux d'avoir pu extraire Lana des griffes de ces personnages peu recommandables sans avoir eu à verser la moindre goutte de sang.


Lana et Vlad le lendemain eurent le temps de s'évader de l'auberge sans croiser la  troupe d'étranges voyageurs. Vlad n'en démordait pas. L'intrusion de ces personnes dans le cocon qu'il avait réussi à établir et à regagner grâce à Lana et aux faux bourreau qui aidait de nombreux saltimbanques itinérants à se produire dans cette échoppe de Cocorico qui sert une grande variété de mets savoureux et de breuvages traditionnels était un très mauvais présage.

Durant toute cette nouvelle journée et en prévision d'une deuxième soirée pour la représentation de Lana, Vlad fit un tour chez le forgeron et l'apothicaire. Il fit aiguiser ses lames et ses armes de lancer et fit le plein de potions. Vlad ayant un très mauvais pressentiment, qu'il avait lu dans les pupilles sombres de la gerudo la veille en pleine nuit, rendit le forgeron fou de bonheur qui s'en caressait la moustache de contentement. Le saltimbanque utilisa la quasi totalité de ses économies glanées lors de multiples représentations ces dernières années pour acquérir un fléau d'armes. Lui qui n'était pas très grégaire sentait le besoin de se défendre face à cette menace indicible qui l'avait tétanisée au contact des quatre mercenaires menaçants. Vlad empaqueta les nombreuses fioles et l'arme impressionnante dans un baluchon qu'il traînait à bout de bras.

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Le soir, Vlad avec son paquetage à ses pieds était confortablement accoudé au bar et se commandait de la nourriture. Vlad dos à la scène s'adressait au tenancier. Il ne put découvrir l'odieux ménage qui se tramait sur les planches. Lana qui saluait la foule, toute excitée pour sa deuxième représentation, ne vit pas les quatre silhouettes s'approcher d'elle dans son dos. La foule toujours en transe croyait à un effet de mise en scène. La gerudo perfide se saisit alors de Lana par derrière. Elle sortit un coutelas dentelé très aiguisé. La pauvre Lana était paralysée par la terreur. Ses pouvoirs magiques risquaient de ne pas pouvoir la sauver des tenailles de ces perfides mercenaires.

La tentatrice Gerudo rapprochait dangereusement sa lame du visage de la pauvre Lana. La magicienne pleurait et perdait tous ses moyens. Son seul recours, faire appel à son compagnon d'infortune. D'un cri strident elle prononça le nom du saltimbanque. Vlad lâcha à cet instant la chope qu'il tenait dans la main.    
"Trop tard ma jeune enfant ! Ton protecteur est bien trop loin ! Tu vas souffrir ! Hihihihi Ah-ah-ah-ah-ah", s'écria la gerudo d'un rire macabre.

Vlad se retourna et ne put retenir ses larmes face au spectacle insoutenable qui se tenait devant ses yeux. Lana était à la merci de ces quatre odieux personnages qui avaient croisés leur route.

"Tiens bon Lana, j'arrive ! Je vais transformer nos larmes communes en rivière de sang pour eux, je te le promets petite magicienne ! Tremblez infâmes vagabonds ! Vous allez mordre la poussière ! Ce sont d'ignobles individus comme vous qui ont enlevé la vie de mon maître Borum."

Vlad retira sa cape, sa crinière de cheveux m-long flottait au vent, il se tint prêt à se saisir de ses couteaux de lancer, positionna le fléau d'armes à sa taille et se rua sur la scène en poussant un cri de rage, les larmes perlaient sur ses joues.


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Lana discutait vivement avec ses nouveaux compagnons. Ils semblaient aimables et l’écoutaient avec attention. La petite avait croisé plusieurs fois le regard d’un homme qui la fixait avec un certain intérêt mais Lana n’y prêtait guère attention. Elle ne faisait qu’écouter les paroles et répondre en faisant de grands gestes. Elle aurait pu continuer la discussion si son ami n’était pas venu, les yeux encore bouffis de sommeil. Il semblait préoccupé et avançait vers le petit groupe avec inquiétude.
Lana fut contente que son ami prenne part à la discussion en tirant une chaise pour s’asseoir. Elle se rapprocha de lui, comme pour le rassurer.

Il était tendu, et cela mettait Lana mal à l’aise. La magicienne se mordilla la lèvre, hésitante. Elle finit par passer ses bras autour de la taille du saltimbanque, comme pour le réconforter. Les hommes, compagnons nocturnes eurent un mauvais œil sur ce geste et se chuchotèrent des mots entre eux. Elle les interrogea du regard mais n’eut aucune réponse.  Elle haussa les épaules et resserra un peu plus sa prise. Mais la seule femme du groupe, drapée dans un manteau s’approcha de Vlad et commençait à le masser. Contrainte à le lâcher, elle replaça ses bras le long de son corps.
La voix de la jeune femme était mielleuse, suave. Elle semblait étrange. Lana jeta un œil au goinfre et sourit, amusée. Il releva la tête et la contempla d’un regard noir. Lana baissa la tête, intimidée. Vlad lui prit la main alors qu’il l’entraînait vers la sortie. Pas le temps pour les questions, Lana se retrouvait déjà à la chambre. Elle salua, perplexe son ami et se glissa sous les draps.

Lana passa ses journées à l’auberge, enchaînant tours de magies et tours d’acrobaties. Les périodes d’observation de son ami avaient porté ses fruits ; elle savait faire les mêmes mouvements que lui, mais, un peu maladroitement.
Un soir, son ami fût revenu avec un lourd équipement. Craignait-il tant que ça la petite troupe de mercenaires ? Elle entama une représentation et alors qu’elle saluait la foule déchaînée, elle adressa un signe de la main à Vlad pour la rejoindre. Dans ses yeux se reflétaient un sentiment insondable. Lana allait le rejoindre quand des inconnus se glissèrent derrière elle, la maintenant fermement. La foule, croyant à une mise en scène attendait, les yeux brillants. Lana hurla de rage et tenta de s’échapper. Du coin de l’œil, elle vit que les bandits qui la retenaient n’étaient autres que ses « amis » nocturnes. L’homme s’approcha de son oreille et chuchota des mots qu’elles ne comprenaient pas elle-même. Son haleine fétide, sentant l’alcool lui arracha une grimace.

Lana tenta de se débattre mais la jeune femme qui l’avait marqué par sa spécialité portait une dague à la main. L’arme se rapprochait dangereusement de sa joue. Elle pleura, la suppliant de la laisser. Dans un tel moment de panique, ses formules étaient vaines. Lana hurla le nom de son ami qui lui répondit par des phrases mélodieuses, et empreintes de désir de protection. Lana pleura et tenta de repousser au possible la lame de la Gerudo. Malheureusement, l’arme que Vlad lui avait secrètement donnée était hors d’atteinte. La jeune femme qui la retenait glissa sa main le long de sa taille jusqu’à sa ceinture et s’empara de la dague.
Lana se sentit tirée en arrière alors que la foule quittait l’auberge en paniquant. Elle tenta de se débattre alors que la masse d’un des hommes la recouvrait. Son odeur repoussante, son haleine fétide la dégouttaient. Une perle de sang avait coulé le long de la joue de Lana : la garce avait réussi à la toucher un peu. Mais ce n’était que superficiel, déjà, « l’hémorragie » s’était arrêtée. L’homme prit un morceau de tissu et l’accrocha au poignet de Lana. Là, il tira dessus pour maintenir son bras en hauteur. Il glissa sa tête contre son elle et lui mordilla le cou et les joues, accentuant où était sa petite plaie. Elle hurla et tenta de se débattre mais l’homme tira un peu plus sur son bras. Elle se figea quand l’homme glissa son autre main versa sa taille. Lana ne pouvait rien faire. La seule chose qui lui vint à l’esprit fut d’hurler encore et encore le nom du saltimbanque.

L’homme ôta sa main de sa taille pour la glisser sur sa bouche. Il l’empêchait d’émettre le moindre son. Les larmes coulaient s’en s’arrêter, trempant la main de l’homme. Il baissa légèrement sa main pour l’embrasser, mordant sa lèvre, jusqu’au sang. Elle était collée contre le mur, plaquée entre lui et la paroi. Elle était presque inaccessible, la femme bloquait le passage entre l’homme et Vlad. Elle avait deux dagues au tranchant assez dur. C’était une vraie lionne.


Vlad Astaroth


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Vlad dans les quelques secondes de sa course effrénée vers la scène pour secourir Lana était hanté par les images déchirantes de la jeune fille mutilée, Louve, qu'il avait secourue grâce à l'aide du vaillant mage Nathanael Utan. Le souvenir de son maître Borum gisant dans une mare de sang et ce cheval au galop au loin...
La soif de vengeance de Vlad était mise à rude épreuve dans cette auberge. Le chef de la troupe bienveillant, le faux bourreau, ne pouvait pas se douter de ce cadeau empoissonné et qu'un tel affrontement aurait lieu au sein de cet établissement si chaleureux de Cocorico en temps normal.

La foule quittait de plus en plus rapidement l'établissement devant une telle vision d'horreur et devant la violence des quatre mercenaires face à l'innocence d'une jeune magicienne paralysée par la peur, obligée d'amadouer ses tortionnaires en pleine lutte pour sa survie. Le faux bourreau et ses deux acolytes n'étaient pas dans les parages. Vlad et Lana étaient seuls face à cette immonde bande de  vauriens !
"Ecartez-vous !", lançait Vlad aux passants qui le bousculaient dans leur fuite à mesure qu'il se rapprochait en courant de la scène où le spectacle avait laissé place à une terreur démoniaque !

A quelques mètres de la scène, Vlad décida de prendre de l'élan afin de tenter de glaner un avantage face à cette troupe d'adversaires coriaces et diablement rusés ! Le jongleur prit appui sur une chaise puis sauta sur une table, qui se trouvait au plus près des planches. Alors qu'il ne touchait plus terre, dans les airs, en une fraction, Vlad se saisit de très petits couteaux de lancer habilement dissimulés dans son poignet de force à la main droite et de son poing gauche en lança deux de toutes ses forces en direction de la Gerudo, prête à bondir comme une lionne.


La dextérité, l'adresse et l'agilité de cette combattante tétanisa Vlad lors de son atterrissage sur scène. La jeune femme avait réussi à esquiver avec ses poignards les deux projectiles du saltimbanque. Telle une lionne sortie de sa cage, la Gerudo en un éclair fit une vrille latérale, ses deux jambes quittèrent le sol dans un mouvement d'une grâce inouïe et avec une précision assassine ! Cette prise d'élan et ce geste lui permit d'entailler la jambe droite du saltimbanque avec l'une de ses dagues acérées. Elle se retourna sur elle même et asséna un terrible coup de coude dans le ventre du jongleur qui était en train de reculer après la blessure subie à la jambe droite. Le souffle coupé, il mordit la poussière et se retrouva au sol... Ses craintes étaient confirmées, la troupe de mercenaires était passée maître dans l'art du combat. Lana et lui allaient avoir bien du mal à triompher face à des adversaires si cruels et redoutables.

"En garde ! Debout l'artiste ! Allez, fais nous voir tes talents ! Danse pour les morts ! Ce sera ton nouveau public ! Tu n'en as plus pour longtemps l'ami !", ricanait la Gerudo, sous le nez et à la barbe de Vlad. Pour le narguer, elle se déhanchait de manière lascive devant lui alors que le pauvre bougre avait bien du mal à retrouver ses esprits.

La pauvre Lana était aux prise avec le colosse rouquin qui était de plus en plus odieux et immonde avec elle. Ses blessures au visage étaient impressionnantes. Vlad ne pouvait supporter un seul instant de plus une telle vision. Quitte à y laisser la vie, il souhaitait arracher Lana des griffes de ces immondes vagabonds.

Le garo, court sur patte, aux yeux scintillants sous la capuche marron, bondissait et faisait le tour de la scène comme un fou telle une ombre menaçante, fantomatique prête à vous ôter la vie à tout instant.


Vlad sut alors saisir sa chance. L'un de membres des mercenaires commit une terrible erreur. Le gros mangeur barbu s'approcha de Vlad, toujours au sol. Avec ses énormes battoirs, il asséna de grosses claques au saltimbanque qui sentit ses joues brûler de douleur. Mais par chance, Vlad contra une cinquième baffe du revers de l'avant bras. De toutes ses forces, Vlad de son poing frappa le mercenaire sur son cache-oeil et envoya ainsi l'ogre des cuisines au tapis. L'homme se tordait de douleur et se roulait au sol.

Vlad galvanisé par ce retournement de situation trouva alors la force de se relever. La Gerudo lui faisait toujours face. Il pouvait voir Lana et la crinière de tresses rousses du colosse s'activer devant le visage de la pauvre magicienne. Le soudard avait une notion bien étrange du baiser. Cette brute épaisse mordillait le tendre visage de l'enfant pour accentuer sa douleur ! Vlad était hors de lui. Il sentait son sang bouillir et frapper les parois veineuses de ses tempes. Sa colère était à son paroxysme.

Il se saisit alors de ses balles de jongle tapies au fond d'une poche cachée dans son gilet. La vitesse de mouvement de ses mains gantées était impressionnante. Même s'il s'agissait d'objets assez inoffensifs, Vlad souhaitait s'en servir afin de détourner l'attention du bourreau de Lana, de l'aider à se libérer de l'emprise de ce porc ! Il souhaitait également grâce à ces balles  déstabiliser la garde de la Gerudo.

Vlad propulsa les cinq balles en direction de Lana, de son tortionnaire et de la Gerudo. La trajectoire de deux d'entre elles était trop fuyante. Elles finirent leur course hors de portée. Deux autres furent tranchées en deux, net, en plein vol par la mercenaire à la peau ambrée.

La dernière vint se fracasser sur la tempe du rouquin patibulaire ! Toutes ces années au service du public et pour son art n'avaient pas été vaines aux yeux de vlad ! Le rouquin se retourna vers Vlad, il détourna les yeux de Lana et libéra son emprise. Il poussa un énorme hurlement: "Aaaaaaaaahhhhhhhhhh ! Maudit chien ! Je vais t'apprendre à viser moi, tu vas voir ! Je vais te briser les mains !"  

Vlad ne touchait plus terre. Il lisait la détresse pour la première fois du combat dans les yeux de la Gerudo qui tournait la tête et sa frimousse diablement parfaite surmontée d'une queue de cheval rouge en direction de son perfide acolyte. Elle s'adressa à lui désespéremment: "Attention à toi Dreddgrim ! La garce ! Aaahhhhhhhhh..."  

La magicienne venait encore de faire des siennes pour le plus grand bonheur de Vlad. Il jubilait et commençait presque à oublier la douleur de sa plaie à la jambe droite qui le lançait.
 


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Lana tentait pas tout les moyens d'éloigner ses jambes et son visage du corps du molosse. Hélas, elle était trop fatiguée, faible et petite pour résister longtemps. Elle se replia sur elle-même et commença à prononcer des paroles de supplication en gémissant. L'homme commença à rire et feignit un mouvement de tendresse. Quand elle fut dans ses bras, -comme un proche ferait envers un ami- il la serra douloureusement, l'empêchant presque de respirer. Était-ce la fin ? Alors que les derniers espoirs de Lana s'envolaient, le cri retentissant de son ami résonna dans l'auberge. Non, ce n'était as la fin, du moins pas encore.

L'homme qui la retenait poussa un grognement soudain lorsque un projectile lui frappa la tempe. Il se retourna soudainement et hurla de fureur. Lana jeta un bref regard au projectile qui était au sol : une balle ! D'autres étaient amassées sur le sol, comme si le saltimbanque avait tenté de viser. Lana saisit sa chance. Elle s'extirpa de l'étroit écart entre le mur et l'homme et apparut devant lui. Elle constata avec un certain malaise que la seule femme du groupe de malfrats semblaient très expérimentée et qu'elle maniait ses armes à la perfection.


Découragée, Lana poussa un long soupir. Elle croisa le regard de son ami et lut une détresse profonde. Soudainement prise de courage, elle se concentra et projeta un éclair vif dans le dos de la voleuse.

"Pardonne-moi, Vlad..."

Lana, épuisée, tomba au sol. Elle était jeune et sa fatigue due à sa représentation et cet ultime effort magique la fit tomber. Une petite minute passa alors que Vlad combattait pour leur vie. Il était en très mauvaise posture. Lorsque Lana tenta de se relever, la Gerudo s'approcha d'elle et l'empoigna, la forçant à se lever. Elle la projeta au bas de la scène et sauta auprès d'elle. Là, elle se baissa et fit glisser sa lame le long de sa joue, appuyant sans retenue. Le sang coulait abondamment.

La jeune magicienne tenta de se relever et parvint à articuler faiblement.


"Vlad, pardonne-moi encore..."

Lana se releva à grande peine, alors que le sang tachait ses vêtements, donnant une teinte rougeâtre à sa peau et ses habits. Étaient-ils vraiment finis ?


Vlad Astaroth


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Les efforts de Vlad n’avaient pas été vains. Un sentiment de fierté parcourait tout son être. Vlad mesurait dorénavant à quel point Hyrule traversait une période sombre et troublée. Lui qui étai d’un naturel plutôt pacifiste était au prise avec ses anciens démons et son désir de vengeance. Sa vie d’artiste l’avait amené à nouveau à croiser le fer avec d’innommables brigands prêts à tout pour humilier et brutaliser une pauvre enfant comme Lana. Malgré ses talents de magicienne et ses brillantes capacités offensives et défensives, sa fragilité et son innocence liées à son âge et livrées en pâture et martyrisées de la sorte face à une telle bande révoltait le saltimbanque.  

Malgré la douleur à la jambe infligée par l’art du maniement du poignard de la Gerudo, Vlad tentait de se ressaisir. Les yeux de l’artiste s’illuminaient de joie et permettaient à sa soif de vengeance de se tarir à mesure qu’il découvrait la riposte habile et éblouissante de la magicienne blanche.

Les projectiles envoyés par Vlad Astaroth en direction du rouquin, Dreddgrim, avaient fait mouche, l’un d’entre eux avait réussi à passer au crible  des coutelas acérés de la Gerudo et fini par heurter le crâne vide de la brute libidineuse qui s’acharnait sur les plaies de Lana au niveau de son visage d’ange.

Lana avait profité de ce moment d’inattention pour échapper pendant un bref laps de temps au colosse odieux. La brute épaisse avait relâché la magicienne qui n’était plus sous la pression de ses ignobles pognes. Lana se redressa sur la scène, se concentra et propulsa un éclair vif en direction de cette impitoyable Gerudo qui s’en était pris au saltimbanque. Sous le voile violet de la mercenaire à la peau ambrée, ses lèvres s’étaient agitées. Ses remontrances adressées à son perfide acolyte étaient vaines. En une fraction de seconde cette beauté fatale lut dans les yeux de la magicienne blanche que le sort qu’elle préparait lui était destiné afin de se venger. L’instinct de survie de la guerrière aux pieds nus lui permit d’effectuer une série de saltos arrière pour tenter d’esquiver le rayon magique.

Mais Lana était bien trop maligne et avait surpris toute cette troupe au cours de la brève diversion orchestrée par Vlad Astaroth. L’éclair magique percuta de plein fouet le dos de la Gerudo en plein salto ! Elle tomba net, toute contorsionnée après avoir poussé un râle assez effroyable digne d’une chèvre que l’on égorge. Au cours de sa chute face contre terre, la Gerudo tâcha son voile d’un filet de bave et de sang.  Le souffle projeta les autres protagonistes de cet affrontement brutal présents sur la scène de quelques mètres, les clouant au sol ou les obligeant à se protéger les yeux et la tête en levant les bras. Le bruit assourdissant résonna aux quatre coins de l’établissement.  

Vlad, médusé, reprenait à peine ses esprits. La Gerudo gisait au sol presque à ses pieds. Il crut un instant qu’elle avait été terrassée mais le râle immonde de douleur teinté de rage que poussa la jeune combattante voilée démontrait la ténacité d’une telle guerrière.

« Pardonne-moi Vlad » s’écria Lana auprès de l’artiste qui avait basculé une nouvelle fois dans la violence afin de défendre l’innocente et courageuse magicienne aux prises avec une bande infâme qui méritait une bonne correction. Un spectacle de si bonne qualité se doit d’être respecté nom d’une bourrique ! Les foules méritent de découvrir des animations divertissantes. Des rayons d’espoir, de joie doivent illuminer les yeux des jeunes spectateurs face aux efforts de saltimbanques comme Lana et Vlad qui ont eu le privilège de se présenter face à la foule suite au concours organisé par la troupe en résidence au sein de l’auberge, les trois faux bourreaux que Lana et Vlad ne sont pas prêts d’oublier.

La magicienne épuisée après un tel effort et l’exécution du sort tomba au sol et se retrouva toute voutée sur l’estrade, sur la scène de l’auberge de Cocorico devenue le cadre d’un macabre affrontement qui n’avait plus rien de théâtral. Le sang qui coulait était bien réel. Les effets n’étaient pas de la mise en scène. La vie de nos deux compères est bel et bien en jeu chers lecteurs…

Les mercenaires, avides de répandre le sang d’innocents et  dont le passe-temps favori est d’humilier les plus faibles, reprenaient peu à peu leur esprit après le sort extraordinaire de Lana qui avait percé les habits et la protection de la Gerudo dans son dos. Un cercle impressionnant était visible. Sa chair si délicate et nue de son dos avait subi l’impact magique. Sa peau semblait encore plus tannée et assombrie par rapport à son visage et ses mains. La chair ainsi dévoilée avait été assombrie par l’effet du sort qui avait complètement irradié et détruit la surface de tissu et la protection revêtue par la guerrière sur une surface circulaire, le rayon de l’impact.

Les yeux jaunes du Garo à travers sa capuche clignotaient à toute allure d’étonnement et de panique suite au sort et à la terrible blessure subie par leur protectrice du monde de la nuit. Le borgne ventripotent qui s’était relevé après le coup de poing sur son cache œil asséné par Vlad eut un mouvement de recul. Dreddgrim, le colosse rouquin, resta bouche bée et tendit son bras droit en orientant la main en direction de la Gerudo qui peinait à se relever et gémissait de plus belle.

Les trois compères lourdauds devant un tel désastre et une telle violence poussèrent à l’unisson un cri du cœur : « Namnashra… Non… »

Dreddgrim semblait être celui qui tenait particulièrement à en découdre et à se venger. Il enfonça ses pieds dans le sol, hurla de toutes ses forces, mit ses bras de chaque côté du corps, ses avant-bras à 90 degrés, les poings tournés vers le sol. Il était cramponné au sol criant sa rage. Il extirpa de ses bottes fourrées deux hachettes très aiguisées. Il croisa leur lame, les brandit au-dessus de sa tête et se rua sur Vlad. Le borgne barbu se frappa la panse à plusieurs reprises et tenta de s’en servir comme arme afin d’écraser Vlad de tout son poids. Le saltimbanque était pris en tenaille par ces deux adversaires irrités par le sort réservé à leur belle. Le jongleur ne pouvait rejoindre directement Lana et la secourir. Il était trop loin pour la réconforter et la protéger en la plaçant au calme dans un lieu sûr.


Vlad évita la première hachette mais un coup venu de la gauche par le deuxième engin de mort que brandissait le mercenaire rouquin entailla le bras droit de Vlad Astaroth. Il n’était plus aussi mobile avec sa patte folle, sa blessure, l’entaille provoquée par la Gerudo. L’artiste vengeur grinça des dents devant une douleur si vive. Son corps se raidit à mesure que le tranchant de la hachette pénétrait sa chair. Vlad se recroquevilla sur lui-même, plié en deux, il couvrait la plaie importante de sa main droite. Il se saisit d’un de ses foulards de scène qu’il fait disparaître et apparaître en temps normal.  Il put ainsi panser et tâcher de réduire l’écoulement de sang. Le coup était terrible. Un peu plus de précision de la part de Dreddgrim et le saltimbanque perdait son avant-bras ! Vlad eut à peine le temps de poser cette espèce de cautère qu’il reçut une violente charge en plein dos qui le projeta la tête la première contre les planches et lui ouvrit l’arcade droite. Vlad commença à voir 36 chandelles. Il crachait du sang par le nez et par la bouche.

Il entendit l’immonde barrique  de la troupe menée par la Gerudo Namnashra se gausser dans son dos de son coup magistral, cette charge ventrale qui a terrassée et envoyée valser le saltimbanque comme une quille. Vlad se mit alors à penser à son maître Borum, il allait bientôt le rejoindre. L’acte final avait sonné pour l’existence du saltimbanque. Sa quête de vengeance, l’énigme qui l’a entrainée sur les routes – remonter la piste de l’assassin de son mentor – restera à jamais sans réponse. Il était bien incapable de lutter à armes égales même avec le soutien indéfectible et indispensable de la courageuse  Lana face à un groupe d’individus si violents et pervers.


Vlad crut défaillir en voyant Namnashra se relever et s’approcher de Lana. Sans pitié, la Gerudo projeta la magicienne blanche au pied de la scène. Elle bondit sur elle et commença à s’acharner avec un couteau sur la joue de la jeune fille.

Le rouge sang était la couleur dominante dans le champ de vision du saltimbanque. Tétanisé, Vlad, hurla en direction de la troupe de maraudeurs :
« Ne lui faîtes pas de mal, je vous en prie. Epargnez-là ce n’est qu’une gosse. Vous n’avez donc aucune limite dans l’horreur ! Prenez-vous en à moi ! Laissez là ! Non arrête ça… »

C’est alors qu’un énorme cri de guerre venu du ciel fit sursauter tous les participants de l’affrontement brutal. Une énorme forme sombre vint s’abattre sur Dreddgrim.
« Nous allons vous tirer de là ! Tenez bon ! Entre artistes, la solidarité est de mise après tout ! Ils vont payer pour leurs sévices immondes et leur brutalité, je vous le garantis ! En garde, chiens ! »
Le faux bourreau venait de sauver la vie de Lana et Vlad en portant un terrible coup au géant roux asséné lors de son atterrissage sur la scène après un saut depuis l’étage et la rambarde supérieure.

Derrière le rideau de scène, les deux compères du faux bourreau qui avaient inondés nos deux héros du jour de seaux d’urine et d’eau de vaisselle, s’avancèrent sur la scène. « Fini de jouer », dirent-ils d’une voix caverneuse.


« Tiens, tiens... Vous voici enfin ! Il était temps ! Les voilà enfin nos anciens compagnons en déroute ! Je pensais que votre couardise nous permettrait d'achever ces deux cafards sans être dérangé.  Tu vas pouvoir te venger de ce qu’ils ton fait subir et de ta blessure à l’œil dis-moi compère barbu. Il était temps que vous vous démasquiez. Vous saviez très bien le risque que vous preniez en quittant cette troupe ! Le sort qui vous attendait ne pouvait être que macabre. L'heure est venue pour vous de payer pour cet affront.   », répliqua la Gerudo à l’intrusion salvatrice et inattendue des trois faux bourreaux tout en s'adressant par la suite à son acolyte ventripotent.

L’immonde troupe de mercenaires avaient martyrisé Lana et Vlad dans l’unique but de démasquer et de faire sortir du bois leur cible réelle, les artistes à la tête des représentations au sein de l’auberge, d’anciens membres de leur équipée qui  ont déserté, qui selon eux méritent la mort et qu’ils devaient pister depuis de nombreux mois.

Vlad et Lana vont-ils avoir les ressources suffisantes pour prêter main forte à leurs sauveurs ou devront ils mettre leur vie dans la balance…  


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Lana regardait la scène de combat, mortifiée. Elle pouvait à peine bouger. Elle était trop faible, trop inutile… comment réagirait Vlad devant cette vison ? Comment réagirait-il en voyant que la magicienne qu’elle était n’était pas si puissante qu’elle paraissait ? Lana se mordilla la lèvre devant toutes ses questions et se la fendit. Le sang coula. Elle était tellement faible… pourtant, Lana vit une lueur d’espoir. Son projectile électrique et magique qu’elle avait produit quelques instants plus tôt atteint la féroce Gerudo. Elle fut frappée en plein mouvement et bien vite, la guerrière se retrouva au sol. Lana reprit confiance. Elle avait aidé Vlad ! Elle l’avait aidé ! Finalement, elle n’était peut-être pas si nulle et inutile…

Un sourire apparut sur le visage de la jeune fille. Malgré tout, elle tenta de se relever et regarda de nouveau la scène. La Belle avait son dos découvert et assombri. Le sort avait été important en effort magique pour Lana, mais il n’avait pas été vain, au moins. La magicienne s’écria.

« Vlad ! Je t’aiderai ! »

Lana se redressa mais la brute odieuse qui l’avait coincé contre le mur tout à l’heure revenait à la charge vers elle. Il avait bien perçu sa faiblesse, s’en prendre à elle était plus simple que s’en prendre au saltimbanque. Pourtant, Lana s’était trompée : “Dreddgrim“ avançait vers Vlad, armé de ses deux couteaux.

Horrifiée qu’on s’en prenne encore à lui, elle tenta de remonter sur la scène mais la Gerudo qu’elle avait frappée tout à l’heure l’arrêta. Armée d’un couteau, elle la maintint au sol et dirigea sa lame vers son visage. La Féroce Gerudo fit parcourir sa lame sur la joue de Lana en appuyant fortement sur ses plaies déjà existantes. Lana hurla mais la Gerudo, imperturbable, continuait sa sinistre besogne.

La jeune fille tenta d’éloigner la lame avec ses mains mais la Gerudo enfonçait un peu plus sa lame à chaque fois qu’elle tentait de l’arrêter. Le couteau se rapprochait dangereusement de son œil. Ce qui la terrifiait arriva : La Gerudo poussa un rire horrible et fit une énorme balafre sur sa joue.

Là, elle lâcha enfin la petite et lui donna un coup de pied au ventre. Lana avait le visage couvert de sang, seules ses prunelles violettes contrastaient sur son visage. Les croûtes de sang se formaient autour des yeux. Son ventre lui faisait horriblement mal. Sa lèvre était fendue et saignait également. Puis un espoir arriva à Lana : la voix de son ami. Elle rouvrit les yeux et tendit une main vers son ami. Son bras tomba au ralenti sur le sol, ses yeux se refermèrent. La douleur était trop vive pour la jeune fille, elle perdit conscience. Elle entendit juste la voix du bourreau puis plus rien. Le noir…


Vlad Astaroth


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(vide)

Virgil, le chef de la troupe qui officiait au sein de l’auberge Cocorico et à l’origine du tournoi au cours duquel Lana et Vlad avait participé, avait soigné son entrée. Tapis dans l’ombre, il avait surgit de l’étage supérieur et finit par asséner un terrible coup de genoux en pleine tempe du colosse rouquin. Ses tresses de cheveux rousses vacillèrent. Le géant libidineux, la brute qui avait passée son temps à martyriser Lana venait de mordre la poussière. Le faux bourreau avait retiré son masque de scène dévoilant un crâne chauve, un regard menaçant et profond. Quelques instants seulement après sa réception sur la scène, Virgil se saisit alors  d’une arme, de ses deux mains : un long bâton, suspendu et fixé par un habile mécanisme dans son dos. Virgil fendit l’air avec cet arsenal en direction de ses ennemis afin d’instiguer un sentiment de terreur et d’effroi chez eux. Il s’adressa directement à eux : « Vous n’avez pas supporté notre trahison. Nous connaissions le prix à payer en désertant. Nous savions très bien que vous alliez passer le restant de votre existence à nous traquer. Nos identités secrètes au sein du village Cocorico n’ont pas tenu longtemps. Votre meute de loups, de charognards est toujours aussi efficace pour remonter la piste de sa proie. Après avoir énucléé Balrog, nous pensions que le message était clair maudits chiens ! Votre cruauté et votre barbarie n’avait plus de limite. S’en prendre à des enfants… Les égorger devant leurs parents. Demander ensuite à ses derniers d’enterrer leur progéniture avant de finir eux-mêmes avec la gorge tranchée ou étouffés par vos soins. Vous allez maintenant payer pour toutes ces âmes innocentes que vous avez fauchées. »
Uigur et Ramkim, les deux acolytes de Virgil, étaient également entrés en scène. Après avoir écarté le grand rideau du fond de la scène, les membres de ce tandem de force pure dégainèrent leur épée. Ils poussèrent un cri de ralliement pour se donner mutuellement du courage avant d’affronter leurs âmes damnées. Ils commencèrent à faire tournoyer leurs épées de manière circulaire tout en s’apprêtant à fondre sur le Garo encapuchonné. Leur attaque risquait d’être destructrice et la rapidité des mouvements circulaires des armes d’acier assurait à Uigur et Ramkim une protection efficace en cas de riposte ou afin de pallier à une éventuelle fourberie de cet être bondissant.
Le jeu de la mort entamait son dernier acte. Les blessures du passé de cette compagnie des ténèbres allaient enfin se refermer. Les rancœurs et les haines recuites suite à la trahison de ces trois hommes touchaient à sa fin. Le regard presque lubrique de Namnashra en disait long de l’extase dans laquelle se trouvait la capitaine Gerudo de cet attelage funeste, de ces quatre mercenaires qui répandent terreur et désolation à chacun de leur passage. L’affrontement qu’elle attendait tant était enfin arrivé.  
« Le temps des explications a sonné. Nous allons vous rendre la monnaie de votre pièce. Tenez vous prêts ! », asséna Uigur à ses adversaires. Uigur et Ramkin eurent fort à faire dans les premiers instants de l’affrontement avec le Garo. Cet être malicieux très agile était un expert dans l’art de la parade, de l’évitement et du contre.
Balrog, l’homme bedonnant de la troupe de mercenaires, ne tenait plus en place. Il souhaitait tuer de ses mains Virgil, l’homme qui l’avait tant fait souffrir, lui qui l’avait éborgné lors de la désertion des trois hommes après l’odieux massacre d’une vingtaine de personnes. Balrog grognait ! Il se frappait la tête avec ses poings ! Rendu fou et aveuglé par le sentiment de vengeance il fonça tête baissée en direction de Virgil. L’odieux gros plein de soupe avait la ferme intention d’empoigner Virgil de l’enserrer dans ses gros bras et de lui briser le dos jusqu’à ce que mort s’en suive. Balrog désirait entendre le doux son du craquement des os du dos de cet immonde Virgil. A l’instant où il ouvrit les bras pour enserrer Virgil, Balrog reçut en plein visage, sur le côté gauche, un coup de bâton magistral de la part de Virgil. Le borgne se mit à tituber immédiatement sous la violence du coup, dévia de trajectoire et ses bras se refermèrent sur du vide. Il se retourna en direction de Virgil après la fin de sa course et de son élan et cracha du sang au sol puis s’essuya le coin de la bouche avec son avant-bras.
Vlad rendu fou par les sévices subis par Lana retrouvait enfin des couleurs suite à l’arrivée inattendue de ces acteurs de premier plan d’une vengeance immanente qui allait rétablir l’équilibre de l’affrontement. Le saltimbanque digérait très mal le fait d’avoir été une monnaie d’échange, d’avoir été utilisé comme appât par la troupe de mercenaires pour débusquer leurs anciens membres :  Virgil, Uigur et Ramkim.

Vlad Astaroth se tenait à quelques mètres de Namnashra, l’envoutante Gerudo dont les effluves de parfum risquaient de l’entraîner avec Lana vers une mort certaine s’il ne se mettait pas au diapason de leurs trois sauveurs. La Gerudo s’adressa à Vlad : « Rince-toi l’œil une dernière fois bel artiste. Tu es déjà mort ! »

Vlad n’en croyait pas ses yeux la tueuse à la peau ambrée effectua à nouveau une série de salto arrière. Au terme de sa succession de multiples bonds gracieux, Vlad n’eut pas le temps de distinguer l’éclat brillant d’un couteau de lancer qui vint se loger dans l’épaule gauche du saltimbanque sacrificiel. A peine Vlad avait mis la main droite sur sa plaie qui saignait abondamment qu’il vit la Gerudo à quelques centimètres de lui. Elle avait fait le chemin inverse et parcouru la distance qui les séparait en une fraction de secondes avec une nouvelle série de salto avant.

La Gerudo glissa alors à Vlad ce message funeste avec une voix suave et charmeuse : « Salut la mort pour moi ! ». Namnashra, main tendue près du corps, puis en soufflant, envoya un baiser dans les airs en direction du saltimbanque. De toutes ses forces, elle fracassa ensuite latéralement et à deux mains un tabouret dans le dos de Vlad Astaroth qui s’écroula ! Il eut juste le temps de porter son regard en direction de Lana qui elle-même était au sol sans bouger, sans prononcer un mot depuis un long moment. Elle avait sombré… Vlad n’avait pas fait long feu lui non plus. Avec une voix caverneuse évoquant toute sa détresse et sa crainte de mourir, le jongleur prononcça avec difficulté le nom de son acolyte d’infortune : « Laaaaaannnnaaaaaaaaaaaa…….. ». Il tendait une main tremblante dans le vide. Une douleur abominable à l’épaule gauche le faisait sombrer de plus en plus rapidement. Il tomba la tête la première au sol.

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Cette sensation de fraîcheur ! L’impression d’avaler de l’eau ! Vlad reprenait ses esprits. Virgil venait de lui verser un grand seau d’eau pour le réveiller.

« Te revoila parmi nous Vlad ! Un seau de plus désolé ! Après le tournoi perdu, c’est déjà le deuxième… Rassure-toi Lana va bien, regarde ! Nous les avons mis en déroute ! Soyez tranquille ! A l’heure qu’il est ils doivent être terrés au fond d’une caverne à préparer leur plan de revanche ! Ils risquent de revenir et plus vite qu’on ne le croit ! Nous n’avons pas beaucoup de temps pour nous préparer ! Par chance nous avons déjoué leur assaut sans être durement touchés tous les trois mais nous n’avons pas été en mesure de les tuer ou de les blesser gravement. Nous allons tâcher de vous soigner du mieux possible. Ils ne vous ont pas raté ! Ils vont nous le payer, je vous le promets. »

Vlad fixa le visage angélique de la jeune magicienne. Le saltimbanque ne put retenir ses larmes en voyant que Lana avait survécu à l’assaut malgré d’importantes plaies au visage. L’arrivée salvatrice de Virgil, Uigur et Ramkim leur avait sauvé la vie.

L’aube n’allait pas tarder. Des heures de sommeil allaient être bénéfiques à Lana et Vlad. La menace de la troupe de Namnashra sur le village Cocorico pouvait frapper à nouveau dans les heures qui viennent. Virgil et ses deux acolytes avaient galvanisé Lana et Vlad. A eux cinq, ils pourraient tenir tête, damer le pion et corriger une bonne fois pour toute ces sanguinaires mercenaires.  


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La jeune Sorcière ouvrit lentement les yeux et sentit ses forces revenir. Elle ferma son poing et l'abattit sur le sol avec une rage non-dissimulée et se releva lentement. Elle passa sa main dans ses cheveux pour les retirer de devant son visage et regarda la scène : des nouveaux combattants étaient apparus. Minute, elle les connaissait ! C'était les faux-bourreaux et leur chef !De quel côté étaient-ils ? Allaient-ils les tuer, ou bien leur porter secours ? Lana se releva et leur fit face mais elle aperçut une lueur d'espoir à l'écoute de son discours.

La Magicienne chercha Vlad du regard et entendit brièvement une phrase qui lui glaça le sang :  « Rince-toi l’œil une dernière fois bel artiste. Tu es déjà mort ! » Prise de panique, elle accourut aux côtés de Vlad et vit avec admiration l'agilité de la Gerudo. Horreur ! Vlad était attaqué violemment, elle n'avait rien pu faire ! Lana vit la Gerudo se précipiter sur elle, puis le noir. Elle lui avait asséné un coup si puissant qu'elle était tombée raide au sol, inconsciente.


~

Lana se réveilla doucement, entendant une voix qui venait à son oreille. Elle releva la tête et croisa le regard de Vlad. Il avait du sang sur les vêtements ! Lana ignora ses propres blessures et accourut vers lui.

"Tu n'as rien ?"

Elle releva la tête vers les autres hommes et leur adressa un sourire gêné. Ils semblaient regarder avec importance certaines zones de son visage. Étonnée, Lana plaça sa main sur ces zones et sentit une brûlure. Lorsqu'elle regarda ses doigts, elle y vit du sang. Peu à peu, elle se rendit compte qu'elle avait une lourde balafre lui traversant la paupière.

"Est-ce vraiment arrivé ? A-t-on vraiment été attaqué comme ça ?"

Lana se releva et regarda la sortie de l'auberge. Elle voulait à tout prix partir, loin d'ici, et loin de cette nuit sordide.