Posté le 23/07/2015 15:20
« Vous venez pour quoi, grand père ? »
Le garde dévisageait le vieillard devant lui, bossu, courbé sur une vieille canne tordue à son image. Il semblait accablé par la fatigue du voyage et par le poids des années, inoffensif en quelques sortes, mais lui avait reçu des ordres clairs : personne n'entrait au village Cocorico sans justifier ses raisons. Et pour ceux dont les motivations restaient obscures ou mauvaises, interdiction de passer le poste. Mais malgré sa fidélité aux règlements, Vinre se sentait mal à l'idée de refouler un petit vieux. Ce dernier sorti néanmoins et heureusement un laisser passer portant la marque d'un sceau officiel. Le parchemin disait qu'il était réfugié d'une région sinistrée, à l'Ouest de la grande plaine et qu'il avait licence de trouver un abris dans les bourgs.
« D'accord, passez. Et... ! Il lui agrippa légèrement le bras pour le retenir, L'auberge la plus convenable se trouve sur les contreforts du mont, quatrième rue depuis la place ! »
Le jeune hylien le laissa ensuite reprendre son chemin, sans recevoir plus de gratitude qu'un bref signe de tête. Rien d'anormal là dedans, les réfugiés qu'il croisait avaient souvent sombré dans le mutisme en se résignant à la fatalité qui leur avait tout pris et les avait tant blessé. Le garde fut cependant satisfait de lui même, pour son conseil précieux. Si le vieux s'était établi à l'auberge de cette enflure de Nuttyk... Il cracha sur le sol, en accompagnant la silhouette cabossée du regard jusqu'à ce qu'elle disparaisse dans la nuit.
Le vieux ne tourna pas dans la quatrième rue, et ne pris pas de chambre à l'auberge. Au lieu de ça, il poursuivit sa marche jusqu'au fond de la vallée encaissée où s'étalait le village d'Impa. De son regard fatigué, il remarqua les blessures profondes que le lieu avait subit dans l'attaque, deux semaines plus tôt. Des maisons dévastées, d'autres en reconstruction, des murs noirs de suie et des arbres calcinés... La tâche était insoluble de deviner qui du dogongo ou de l'incendie avait fait le plus de ravages, l'un ayant sans doute nourri l'autre. Mais ça n'était pas ce genre de dégâts que le vieillard cherchait. Alors, il poursuivit son chemin, toujours plus loin. Et à mesure qu'il avançait, lentement, sur sa vieille canne, il sentit l'odeur et l'aura de la mort grandir. Il tourna à un coin de rue et se sentit soudain enveloppé par elle. Alors, il leva une main à la peau parcheminée et marquée de tâches brunes et la tendit devant lui, paume vers le sol et doigts tordus d'une manière malsaine . Après un instant, il grogna et reprit sa route.
A présent, il savait toucher au but. Chaque pas l'approchait plus de l'objet de sa recherche, comme le lui indiquait le médaillon qu'il portait autour du cou, camouflé par ses vêtements. C'était un petit écrin retenu par une chaîne de cuivre. L'objet vibrait de plus en plus, tel un chien désireux de retrouver son maître. Et finalement, le vieux se retrouva aux confins du village, avec le chemin vers le cimetière comme seul chemin plus avant. Mais cela ne l'intéressait pas. Toute son attention était portée vers l'immense carré de terre fraîchement retournée devant lui. La fosse commune, creusée après la bataille et rebouchée par la suite. Le vieux sourit, et ses lèvres dévoilèrent une horrible série de dents noircies et jaunies. Il arracha le médaillon d'un coup sec et ouvrit l'écrin pour en sortir un os.
Avant de se mettre à l'oeuvre, le vieillard leva le bras gauche, sa manche tombante mettant à nu un bras en partie décharné, d'où la peau pendait par endroit. Il murmura des choses étranges, dans une langue inconnue et après quelques instants, laissa son bras retomber. A une rue de là, la seule âme qui ne dormait pas déjà s'effondra sur le sol, où elle commença à ronfler.
« A nous deux, maintenant, ma faux. »
Sur la main du vieillard, une lueur apparut, flamboyante. En dessous de la peau, la brûlant sur le coup, apparut un symbole d'or. Trois triangles, l'un d'eux brillant comme le soleil. Puis, un voile sombre tomba sur l'endroit, qui se confondit en partie avec la nuit noire. Autour du vieux, les ombres convergèrent soudain, tourbillonnèrent. Et lorsqu'elles s'évanouirent, Ganondorf Dragmire se tenait là, impérial. Sa voix monta, en un commandement sans contestation.
« Assez dormi, Négus. »
Il tendit alors sa main au dessus de la fosse, l'os posé sur la paume. La relique du plus puissant stalfos que Hyrule ait connu s'agita, vibra, trembla, et soudain... Quelque s'agita sous la terre, réveillé. Alors le Lion puisa dans ses réserves et transmit de l'énergie à l'os, au point de l'en gorger comme on gave une oie. Lorsqu'il eut achevé, l'artefact luisait autant de magie qu'une fontaine des fées. Le gérudo laissa alors tomber l'objet sur la terre meuble, et attendit, se contentant juste d'ordonner à son enfant,
« Ne traîne pas, nous n'avons pas toute la nuit. »
Et de fait, traîner dans ce lieu sans doute patrouillé par l'armée ennemie n'était pas une très bonne idée. Lui même s'était épuisé à porter ce déguisement et Négus ne serait sans doute pas dans une meilleure forme. Néanmoins, Ganondorf gardait un as dans sa manche, et une griffe sur un toit.
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