What is dead may never die... [Semi-privé avec Negus, mp si intéressé]

But rises again, harder and stronger.

Milieu du printemps - 11 mois 3 semaines avant (voir la timeline)

« Vous venez pour quoi, grand père ? »

Le garde dévisageait le vieillard devant lui, bossu, courbé sur une vieille canne tordue à son image. Il semblait accablé par la fatigue du voyage et par le poids des années, inoffensif en quelques sortes, mais lui avait reçu des ordres clairs : personne n'entrait au village Cocorico sans justifier ses raisons. Et pour ceux dont les motivations restaient obscures ou mauvaises, interdiction de passer le poste. Mais malgré sa fidélité aux règlements, Vinre se sentait mal à l'idée de refouler un petit vieux. Ce dernier sorti néanmoins et heureusement un laisser passer portant la marque d'un sceau officiel. Le parchemin disait qu'il était réfugié d'une région sinistrée, à l'Ouest de la grande plaine et qu'il avait licence de trouver un abris dans les bourgs.

« D'accord, passez. Et... ! Il lui agrippa légèrement le bras pour le retenir, L'auberge la plus convenable se trouve sur les contreforts du mont, quatrième rue depuis la place ! »

Le jeune hylien le laissa ensuite reprendre son chemin, sans recevoir plus de gratitude qu'un bref signe de tête. Rien d'anormal là dedans, les réfugiés qu'il croisait avaient souvent sombré dans le mutisme en se résignant à la fatalité qui leur avait tout pris et les avait tant blessé. Le garde fut cependant satisfait de lui même, pour son conseil précieux. Si le vieux s'était établi à l'auberge de cette enflure de Nuttyk... Il cracha sur le sol, en accompagnant la silhouette cabossée du regard jusqu'à ce qu'elle disparaisse dans la nuit.

Le vieux ne tourna pas dans la quatrième rue, et ne pris pas de chambre à l'auberge. Au lieu de ça, il poursuivit sa marche jusqu'au fond de la vallée encaissée où s'étalait le village d'Impa. De son regard fatigué, il remarqua les blessures profondes que le lieu avait subit dans l'attaque, deux semaines plus tôt. Des maisons dévastées, d'autres en reconstruction, des murs noirs de suie et des arbres calcinés... La tâche était insoluble de deviner qui du dogongo ou de l'incendie avait fait le plus de ravages, l'un ayant sans doute nourri l'autre. Mais ça n'était pas ce genre de dégâts que le vieillard cherchait. Alors, il poursuivit son chemin, toujours plus loin. Et à mesure qu'il avançait, lentement, sur sa vieille canne, il sentit l'odeur et l'aura de la mort grandir. Il tourna à un coin de rue et se sentit soudain enveloppé par elle. Alors, il leva une main à la peau parcheminée et marquée de tâches brunes et la tendit devant lui, paume vers le sol et doigts tordus d'une manière malsaine . Après un instant, il grogna et reprit sa route.

A présent, il savait toucher au but. Chaque pas l'approchait plus de l'objet de sa recherche, comme le lui indiquait le médaillon qu'il portait autour du cou, camouflé par ses vêtements. C'était un petit écrin retenu par une chaîne de cuivre. L'objet vibrait de plus en plus, tel un chien désireux de retrouver son maître. Et finalement, le vieux se retrouva aux confins du village, avec le chemin vers le cimetière comme seul chemin plus avant. Mais cela ne l'intéressait pas. Toute son attention était portée vers l'immense carré de terre fraîchement retournée devant lui. La fosse commune, creusée après la bataille et rebouchée par la suite. Le vieux sourit, et ses lèvres dévoilèrent une horrible série de dents noircies et jaunies. Il arracha le médaillon d'un coup sec et ouvrit l'écrin pour en sortir un os.
Avant de se mettre à l'oeuvre, le vieillard leva le bras gauche, sa manche tombante mettant à nu un bras en partie décharné, d'où la peau pendait par endroit. Il murmura des choses étranges, dans une langue inconnue et après quelques instants, laissa son bras retomber. A une rue de là, la seule âme qui ne dormait pas déjà s'effondra sur le sol, où elle commença à ronfler.


« A nous deux, maintenant, ma faux. »

Sur la main du vieillard, une lueur apparut, flamboyante. En dessous de la peau, la brûlant sur le coup, apparut un symbole d'or. Trois triangles, l'un d'eux brillant comme le soleil. Puis, un voile sombre tomba sur l'endroit, qui se confondit en partie avec la nuit noire. Autour du vieux, les ombres convergèrent soudain, tourbillonnèrent. Et lorsqu'elles s'évanouirent, Ganondorf Dragmire se tenait là, impérial. Sa voix monta, en un commandement sans contestation.

« Assez dormi, Négus. »

Il tendit alors sa main au dessus de la fosse, l'os posé sur la paume. La relique du plus puissant stalfos que Hyrule ait connu s'agita, vibra, trembla, et soudain... Quelque s'agita sous la terre, réveillé. Alors le Lion puisa dans ses réserves et transmit de l'énergie à l'os, au point de l'en gorger comme on gave une oie. Lorsqu'il eut achevé, l'artefact luisait autant de magie qu'une fontaine des fées. Le gérudo laissa alors tomber l'objet sur la terre meuble, et attendit, se contentant juste d'ordonner à son enfant,

« Ne traîne pas, nous n'avons pas toute la nuit. »

Et de fait, traîner dans ce lieu sans doute patrouillé par l'armée ennemie n'était pas une très bonne idée. Lui même s'était épuisé à porter ce déguisement et Négus ne serait sans doute pas dans une meilleure forme. Néanmoins, Ganondorf gardait un as dans sa manche, et une griffe sur un toit.

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Negus Dragmire


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(vide)

Le sol était humide, chaud et puant. Les restes du Stalfos avaient été jetés puis enterrés avec les dépouilles des inconnus qui étaient morts lors de la bataille qui opposait les Dragmires et les protecteurs d'Hyrule.
Un fin bien misérable en soi. Malgré que le feu en son cœur s'était affaiblit pour ne laisser qu'une faible braise qui tentait bien que mal de survivre à cet environnement hostile, l'esprit du Stalfos ne s'était pas affaiblit pour autant. Au contraire, le calme et la lourdeur de cet endroit ne firent que renforcer sa haine et ne faisant qu'endurcir la créature malfaisante. Ses adversaires s'étaient bien battus, et lui même les avait sous-estimés lors de leur affrontement, mais la prochaine fois, ce serait lui qui les dominerait. Une telle ignorance ne se reproduirait plus, bien qu'il se sentait puissant, il comprit qu'il n'était pas invincible, et que comme toutes autres choses, il possédait des faiblesses et des limites. Désormais, il ne s'agirait plus d'ignorer les limites mais de les surpasser.  
La haine accumulée sous la terre était désormais prête à fouler le sol des vivants une nouvelle fois, lorsque le moment serait venu. Et il y eut peu à patienter...


« A nous deux, maintenant, ma faux. »

Cette voix. Le colosse, ou du moins ce qu'il en restait, était satisfait. Son Roi n'avait pas abandonné son plus fidèle serviteur et afin de le remercier, il décida de se montrer en redoutable combattant lors de la prochaine bataille.

« Assez dormi, Négus. »

 C'était la voix de son seigneur en personne. Le Stalfos ne méritait pas un tel honneur. Lui, qui avait faillit à sa tâche, celle d'écraser le village.  Mais désormais plus jamais il ne le décevrait. Il allait saisir cette chance. Son feu se remit à revivre, brûlant à pleine puissance. Les orifices vides de son crâne se mirent à briller. Bien qu'en partie détruit, la carcasse de Négus restait en état de marche, bien que son bras droit, sa jambe gauche, ainsi qu'une partie de son squelette manquaient à l'appel.
La créature sentit la terre battu se mouvoir, peu à peu qu'il reprenait ses forces. Il déplaçait celle-ci aisément, remontant à la surface, relevant avec lui une pile de corps pourrissants. Il sentit à présent l'air de la surface, bien que souillé par l'odeur nauséabonde des cadavres ensevelis et fraîchement déterrés. Le Stalfos titanesque se releva lentement, titubant. Il économiserait ses forces jusqu'à son retour, afin de se renforcer.


« Ne traîne pas, nous n'avons pas toute la nuit. »

« Oui. Mon Roi. » répondit-il au conquérant.


Abel Del Naja


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(vide)

-Sérieusement, mon seigneur ? Déterrer un Stalfos géant pour le ramener à sa non-vie ce soir ?... Voilà qui est ô combien excitant !

C’était la nuit précédente. Abel n’avait pu s’empêcher d’exclamer son enchantement, tout seul entre ses murs, alors que le seigneur Gérudo venait de le contacter. Tous deux avaient établi un moyen de communication aussi discret qu’ingénieux, ignorant la distance qui séparait le désert du château, et faisant fi de tout soupçon possible. Le roi des Ombres, demeurant à titre égal le maître des Flammes, détenait le pouvoir de communiquer via leur chaleur. Ainsi, sa voix gutturale traversait parfois le feu de la torche qui éclairait doucement la suite d’Abel, située à l’extrémité de l’aile Est du château. L’espion de Ganondorf possédait de fait un moyen efficace d’exécuter ses ordres au plus vite, et au cœur même du lieu de pouvoir royal à Hyrule.

Son dernier ordre : escorter son seigneur en état de faiblesse jusqu’à Cocorico, où ils devaient retrouver un autre membre éminent de la "Famille".


Le rôle du Masqué se cantonnait à surveiller les alentours du village, pendant que le Roi Gérudo s’affairait devant la fosse commune, mais ce rôle lui était essentiel. La dernière bataille qu’il avait mené dans le cratère du Péril l’avait, apparemment, trop affaibli pour être capable d’assurer sa sécurité tout seul. Au mieux avait-il endormi tout le village pour éviter toute confrontation, mais qu’aurait-il fallu faire devant un Sheikah qui choisisse de revenir entre temps au village ? Ou devant l’une des troupes royales envoyées en renfort pour soutenir celles qui tenaient Cocorico, partiellement en ruines ? Abel devrait les tenir suffisamment à distance du Seigneur Noir.
Le haut du corps découvert mais le visage masqué, les mains armées, ses yeux voguaient de rue en rue depuis le toit où il s’était réfugié. Il se tint prêt, et rien ne put le perturber dans sa concentration jusqu’à ce qu’une odeur putride lui remonte aux naseaux. Et pourtant, son masque protégeait son nez ! Mais en bas, face au déguisement de vieillard de Ganondorf, c’était la terre fraîchement retournée de la fosse commune qu’une chose retournait. C’était à prévoir…

Abel resta accroupi mais s’avança jusqu’au bord du toit, curieux de voir ce qui allait sortir d’entre tous ces déchets carnés – il s’étonnait bien de conserver cette curiosité malgré l’odeur. Une voix inhumaine répondit à celle de leur seigneur, artificiellement vieillie mais toujours aussi ferme, profonde et charismatique. Le bras d’un squelette jaillit de la terre en premier, et puis le bras poussa, depuis les longues phalanges qui se plantaient dans le sol pour s’aider, jusqu’à ce qu’une épaule, puis un crâne, puis une cage thoracique ne ressortent de sous la surface.
Abel laissa échapper un grognement dégoûté. Négus était maintenant ressorti à l’air libre, son squelette encrassé par les fluides corporels de ses compagnons d’outre-tombe, et surtout abîmé car sans bras ni jambe. Il puait tant la mort que le noble blond, là-haut, eut furtivement l’idée de recracher son dîner dans la cheminée à côté de lui. Heureusement que Ganondorf l’avait lui, dans ses troupes ! Ce n’était pas avec des énergumènes tels que Négus ou Dreack, que le Roi Gérudo pourrait rendre son cercle proche attirant. Il n’y avait pas pires déficients esthétiques qu'eux chez les Dragmire !

Le Stalfos géant se redressa du plus haut qu’il put devant Ganondorf. Abel se souvenait de la seule entrevue que tous deux aient jamais eue, en compagnie du Cygne Noir et du Sombre Link, à la Forteresse Gérudo. Il revoyait surtout un monstre sans vergogne qui avait tabassé puis laissé pour morte, au milieu de tous, une pauvre fille innocente qui avait cru pouvoir s’inscrire chez eux comme s’ils formaient un salon de thé. Muni de son masque, Négus ne reconnaitrait cependant pas Del Naja. Ou peut-être que si, en le revoyant combattre un peu plus loin que lui au beau milieu du village, lors de leur dernière bataille qui l’avait vu enterré avec tous les autres.

Par politesse, et sachant que le Patriarche pourrait apprécier, Abel adressa à Négus un signe de tête bien visible dans la nuit, afin de saluer son retour.


Ganondorf ne put retenir un frisson lorsque les doigts de son serviteur émergèrent de la terre retournée, puis sa main avant que finalement sa haute et macabre silhouette ne retrouvent le contact du vent. Quand à dire si ce frisson était d'effroi, de plaisir ou de fascination, nul n'aurait sans doute pu l'affirmer clairement. Il y avait toujours un peu des trois dans la relation qu'avait établi le Lion avec son enfant le moins humain.
Pourtant, le gérudo constata que malgré l'impression forte que provoquait le spectacle de Négus sortant de terre, ce dernier avait fortement subi depuis leur départ de la forteresse, avant que le raid ne débute. Le Stalfos avait perdu et perdait encore des os. Malgré son aspect monstrueux, Ganondorf parvenait clairement à distinguer les endroits de son corps où leurs ennemis l'avait frappé. Néanmoins, il retrouva entièrement son fidèle dans sa voix lorsqu'il répondit, avec sa déférence et sa solennité habituelle,


« Oui. Mon Roi. »

Le seigneur des ombre s'approcha alors. De tous, il était sans doute le seul que cette créature perdue dans les âges et le temps ne dégoûtait pas. Beaucoup respectaient sa force, d'avantage le craignaient. Lui, le Lion, le voyait pour ce qu'il était, sans nier sa nature monstrueuse mais sans qu'elle ne le troublât. Après avoir aussi férocement combattu pendant l'affrontement, le stalfos avait prouvé sa valeur, et par là, donné raison à Ganondorf pour y avoir cru. Celui ci sourit alors avant de déclarer à son macabre enfant,

« Ce qu'on t'a ôté par des coups, je te le rends par ma volonté. »

Sa main toucha la surface de chair et d'os de Négus et aussitôt, le lien qu'ils avaient tous deux tissé se recréa. Le gérudo fit passer la puissance de ses fragments divins dans ce fil tendu entre eux et, aussitôt, Négus reprit l'aspect que Ganondorf lui avait donné ce jour là... De monstre, il devint homme, du moins en apparence. C'était évidemment une récompense, une manière d'affirmer sa force et sa générosité aussi, mais également une étape nécessaire à leur fuite. Lorsque l'aspect du stalfos fut assez humain pour faire illusion dans la nuit, le gérudo leva sa main et le lien fut rompu.
Aussitôt, il tituba en arrière, manqua de trébucher et dût se retenir à un mur pour ne pas tomber. La bataille, le démon, son déguisement en vieillard et là son don de puissance... Tout cela le laissait vide d'énergie, profondément las, vulnérable. Son regard se décala sur Abel del Naja, qui veillait toujours sur son toit. Ganondorf se félicita de l'avoir convoqué pour cette mission, pour veiller sur lui. Le noble avait été l'un de ses seuls enfants à sortir vainqueurs et indemnes de son combat, malgré une infériorité en nombre flagrante. Avec Négus, il saurait le protéger le temps de se retrouver en territoire ami. Il sut néanmoins que son état devait avoir l'air choquant pour ses enfants, habitués à le voir en pleine puissance. Le Lion fit donc un effort pour se redresser et déclara au Stalfos, mais juste assez fort pour que Abel puisse l'entendre également,


« Notre ruse ne va pas durer longtemps. Les Sheikahs doivent déjà avoir senti notre aura, il nous faut partir. » Il essuya une goutte de sueur qui perlait sur son front. Une envie de sommeil commençait à poindre, qui pesait sur ses paupières, « Nous allons refermer le cercle. Nous sommes venus par le cimetière, nous en repartirons. Le portail est déjà prêt à être ouvert chez nous. Il me faudra l'ouvrir ici... Et vous devrez me protéger, à tout prix. »

Le regard de Ganondorf s'attarda sur chacun de ses enfants. Pour lui c'était un instant de vérité ; Abel et Négus seraient ils fidèles ? Se battraient ils jusqu'au bout ? En profiteraient ils pour le poignarder dans le dos pendant qu'il était encore faible ? Autant de questions que le Lion balaya d'un revers de main. De toute façon il n'avait pas d'autres choix que de s'en remettre à eux, ou de... Cela aussi, il refusa d'y penser. D'un pas faisant claquer les talons en argent de ses bottes sur le sol, le Roi prit la direction de la demeure des morts, où devait attendre leur salut à tous les trois.

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Negus Dragmire


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(vide)

Le véritable seigneur d'Hyrule n'était pas venu seul cette nuit.  Negus n'avait pas manqué de remarquer l'une des personnes présente lors de l'assaut du Village sur la toiture d'une des habitations. Cet homme au visage masqué, il ne l'avait pas oublié. Il faisait parti des premiers fils du roi à avoir arpenté les rues de Cocorico. Il n'avait pas pu voir cet homme à l’œuvre, mais s'il se trouvait ici, il ne pouvait avoir échoué. Celui-ci avait certainement su dominer ses adversaires et était sans aucun doute l'une des personnes faisant partie des plus proches fils du Roi Gérudo. Il ne rendit de salut à l'homme masqué qu'après l'avoir observé de ses orbites vides un long instant, ne laissant paraître aucune émotion. Puis il détourna le regard des hauteurs pour écouter le Maître.

« Ce qu'on t'a ôté par des coups, je te le rends par ma volonté. »

L'immondice en ruines sentit alors la main de son Roi se poser sur ses os et lambeaux de chair. Nul n'aurait oser toucher le titan Stalfos, ne serait-ce que par dégoût ou par crainte.  Mais le seigneur du désert ne semblait ni terrifié, ni écœuré... Negus sentit alors un flot de d'énergie vitale couler en lui. Le Seigneur Ganondorf puisait dans le peu de forces qu'il lui restait afin d'offrir à son fils le plus difforme une apparence commune, utile pour tromper les mortels. Une fois revigoré, il vit son chef perdre de son équilibre et ne pouvait l'aider, son corps artificiel étant en cours de formation. La créature perdit en carrure, mais reprit finalement l'apparence d'un jeune garçon aux longs cheveux sombres.
Les ténèbres entourant le nouvel homme se dissipèrent.


« Notre ruse ne va pas durer longtemps. Les Sheikahs doivent déjà avoir senti notre aura, il nous faut partir. »

Partir ? En effet, la fuite était la seule option raisonnable, le roi étant bien trop épuisé pour se battre, à présent. Il fallait partir pour se préparer à une nouvelle bataille.
Le non-humain n'ayant rien sur lui pour se défendre se mit à observer les cadavres qu'il avait fraîchement remontés à la surface. Parmi la pile d'immondices se trouvait un corps, dont la poitrine contenait encore la lame ayant perforé son cœur. Il s'avança vers ce corps putride et arracha l'épée. Il en aurait bien besoin s'il voulait défendre son Seigneur cette nuit.


« Nous allons refermer le cercle. Nous sommes venus par le cimetière, nous en repartirons. Le portail est déjà prêt à être ouvert chez nous. Il me faudra l'ouvrir ici... Et vous devrez me protéger, à tout prix. »

Il acquiesça.  
«  Je ne vous décevrais pas. »

[ Pardon pour l'attente je n'étais pas là la semaine dernière... >< ]


Abel Del Naja


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(vide)

-Nous allons refermer le cercle. Nous sommes venus par le cimetière, nous en repartirons. Le portail est déjà prêt à être ouvert chez nous. Il me faudra l'ouvrir ici... Et vous devrez me protéger, à tout prix.

Ainsi, le seigneur du désert avait parlé. Loin était le jour où Abel s’était présenté à lui dans toute son arrogance, persuadé de pouvoir le traiter comme un roi de petite envergure ! Ce soir, il était prêt à montrer sa loyauté envers cet homme. A l’instar de nombreux Dragmires, Abel croyait en la force, et surtout en celle du Patriarche. Le désir du noble était simple : il voulait juste des terres et du pouvoir. Deux choses que Ganondorf pourrait aisément lui donner en échange de ses fidèles services. Quoique justement, ses services, le Gérudo se les était déjà offerts de manière durable, en lui octroyant ce masque aux formidables pouvoirs !
Abel n’avait plus aucune raison de lui tourner le dos.


-Je ne vous décevrai pas, acquiesça Négus en contrebas.

Abel sentit alors le regard de leur seigneur se poser sur lui. En guise de réponse muette, mais très claire, le Masque du Clan baissa la tête en fermant le bras droit sur sa poitrine. Il venait de lui prêter à nouveau serment.

Le seigneur Gérudo commença dès lors son avancée vers le cimetière, avec la vitesse que les vieux membres de son costume lui allouaient. Il était suivi de très près par Négus, maintenant transformé lui aussi. Abel s’amusa un instant de la scène : un beau jeune homme dont on ne soupçonnerait pas la nature véritable et putride, suivant le sillage lent d’un octogénaire rabougri qui masquait le visage du plus puissant guerrier d’Hyrule.
Le noble masqué sauta sur le toit adjacent pour les suivre, toujours en hauteur, mais quelque chose le piqua violemment dès son atterrissage. C’était une aiguille ! Une aiguille s’était plantée dans sa chaussure droite juste quand il avait posé son pied sur le toit !


-Vous avez commis une erreur, Ganondorf Dragmire, en revenant sur nos terres.

Des ombres apparurent en cercle autour d’eux, à la fois au sol et sur les toits. La pénombre nocturne ne laissait guère au blond le choix de les dévisager, mais il n’avait de toute façon pas besoin de le faire. De toute évidence, les Sheikahs venaient d’arriver.

-Aviez-vous pensé qu’on ne sentirait pas venir le souffle putride du Malin sur notre village ? lança un grand homme brun, tout en effectuant deux pas vers Ganondorf.
-Au sommet de votre pouvoir, nous savons tous qu’il n’y a guère que le Héros du Temps pour vous confronter, déclara une femme à la gauche du seigneur Gérudo. Seulement, ce soir, vous ne saurez cachez votre actuelle faiblesse.
-Pourquoi avoir pris le risque de venir ici malgré votre état ?

Tous avaient un timbre de voix si grave, pensa Abel.
Laissant à Ganondorf le soin de leur répondre, le Masqué prit soin d’ouvrir grand ses yeux et ses oreilles pour analyser la situation. Les trois Dragmires étaient encerclés. Il y’avait une douzaine de Sheikahs autour du Stalfos et du Gérudo au sol, ainsi qu’une dizaine d’autres disséminés sur les toits dans un espace de cinquante mètres. Un se trouvait dans le dos d’Abel, un autre à sa droite, et un dernier sur le toit qui lui faisait face.


-Nous ne vous laisserons pas vous échapper impunément cette fois. Vos deux soldats-…
-Vont vous ridiculiser.

Ce fut Abel qui lança le combat en traversant le toit sous les yeux des Sheikahs. A partir de là, une vingtaine de silhouettes se mit en mouvement.
S’étant saisi de l’aiguille plantée dans sa chaussure, le noble retraversa le toit au beau milieu de ses ennemis, pour les prendre par surprise -une attaque par derrière aurait été trop convenue !- et retourner l’aiguille dans la cuisse de son lanceur. Une matérialisation plus tard, le noble effectua une glissade jusque sous les jambes du Sheikah, et s’empara de l’aiguille toujours plantée pour la tordre à l’intérieur du muscle. L'adversaire faillit crier mais se contint, et avant qu’il ne puisse frapper Abel, celui-ci disparut à nouveau sous la toiture.

Seulement, il ne s’attendit pas à ce qu’on l’attende là-dessous.

Au moment de reprendre contenance matérielle, le noble sentit une pointe de pied lui plier l’échine en deux, sous laquelle il fut renvoyé au sol. Pas de temps à perdre ! Le Masqué se dématérialisa à nouveau pour faire face au Sheikah qui accourait vers lui, muni de deux poignards particulièrement aiguisés.

Il ne lui faudrait pas trainer trop longtemps ici. Il ne devait pas perdre de vue sa mission : escorter le seigneur Gérudo jusqu’au portail. Mais comment allait-il faire pour le rejoindre, entravé de la sorte par tous ces Sheikahs aussi rapides qu’agiles ?


Le gérudo n'avait saisit l'aura de l'impudent qu'à peine quelques instants avant qu'il n'ouvre la bouche pour s'annoncer. Une performance remarquable pour ces fameux Sheikahs, et une preuve de plus de sa faiblesse. Mais Ganondorf ne laissa pas apparaître son trouble. N'accordant pas le moindre regard aux gardiens des morts et du village, il prit le temps de sentir leur aura, à tous. Ils s'étaient déplacés en nombre, sans doute parce qu'ils le redoutaient. Et pourtant, à présent qu'ils sentaient son pouvoir affaibli, ils étalaient leur orgueil, leurs certitudes. Autant de faiblesses. Le lion ne put s'empêcher de rire lorsque l'une d'eux le railla sur son état, et il murmura à l'attention de Négus, « Ainsi, le peuple des ombres n'est il pas différent des autres. »

« Pourquoi avoir pris le risque de venir ici malgré votre état ? » Lui répondit il on aussitôt, et il reconnu la voix du Sheikah qui semblait diriger le groupe. Le Lion s'était attendu à retrouver la dame de fer, Impa, mais apparemment son petit numéro de discrétion avait poussé ses ennemis à agir dans la précipitation. Bien. Il avait au moins cet avantage. Ouvrant les yeux, il planta son regard sur son adversaire et déclara, avec un sourire carnassier, « J'avais oublié quelque chose ici, lors de mon dernier passage... » Ganondorf Dragmire se retourna vers Négus, « Mais je l'ai retrouvé. »

Le message qu'il adressa discrètement au Stalfos, avec un mouvement des yeux et de la tête, était clair comme de l'eau de roche et lui même se prépara. Même éreinté, Ganondorf n'était pas à court d'atouts. Ces imbéciles allaient l'apprendre, à leurs dépends.
Au moment où Abel déclencha les hostilités sur les toits, le gérudo chargea. Visiblement, le Sheikah en face de lui s'attendait à tout, sauf à ça. L'ennemi du royaume lancé en avant, sans arme dans ses poings ni sortilège en tête... En un instant, Ganondorf fut sur lui, et refermait sa main sur la gorge délicate du serviteur royal. Son autre poing alla alors violemment frapper sa victime dans le dos. A l'impact, il y eut le son horrible d'un craquement et le Lion acheva le malheureux en resserrant sa poigne sur sa nuque, qui déboîta d'un coup sec.
Aussitôt, les deux Sheikahs qui lui barraient encore la route se jetèrent sur lui, avec une fureur intense, sans doute décuplée par la mort de leur chef, et mêlée de chagrin. Mais le futur roi du monde fut miséricordieux. Tandis qu'il encaissait les minables aiguilles avec ses bras, clignant à peine des yeux sous cette douleur infime, Ganondorf attendait l'ouverture. Celle ci ne tarda pas, et l'un de ses assaillants se lança au corps à corps, armé de ses dagues. Concentré sur l'attaque, il ne vit pas venir le poing, autour duquel irradiait une aura malsaine. Les ombres avaient répondu à l'appel silencieux de leur maître. Lorsque le coup atteint la mâchoire du Sheikah, ce dernier recula, sonné par le coup. Puis, un instant après, il fut envahi par une terreur d'autant plus grande qu'elle le surprenait : sa tête enfla, puis explosa. Sous le choc, le troisième adversaire du Lion ne parvint pas à réagir à temps, et subit lui aussi le sort de son compagnon.

La voie était désormais libre.
Sans perdre plus de temps, Ganondorf lança à ses deux soldats,
« Finissez en vite. » et il s'engagea sur le chemin du cimetière. Malgré la fatigue, il était assez satisfait de son petit numéro personnel. Peut être les gardiens du lieu s'y prendraient ils mieux la prochaine fois, pour espérer l'arrêter. Au fond, le gérudo se sentait assez vexé de la facilité avec laquelle il s'était dégagé un accès vers sa porte de sortie. On ne lui avait rien envoyé de sérieux. Sans doute fallait il voir derrière cela la réussite de son petit tour d'illusion. Ironiquement, il commençait à comprendre l'intérêt que pouvait avoir la stratégie qu'il avait apprit de Zelda, lorsqu'elle s'était cachée de lui pendant sept ans. Longtemps le Lion avait méprisé son ennemie pour cela, pour avoir refusé de se confronter à lui. Maintenant, il voyait plus clair à ce sujet.
Néanmoins, alors qu'il arrivait dans la demeure des morts, Ganondorf se sentit soudain nauséeux. Quelque chose le brûlait à l'intérieur de la poitrine, et dans les bras. Quelque chose qui rendait chacun de ses gestes plus lent et raide. Incrédule, il observa ses bras pour réaliser que les aiguilles des Sheikahs avaient répandu sous sa peau, et sans doute dans son sang, un venin. Extirpant les projectiles fourbes, il jura contre ces lâches et leurs tactiques sournoises ! Arrivé devant la stèle qui marquait leur fosse commune et trônait au milieu du cimetière, il y projeta un nouveau coup de poing imprégné des ombres. La pierre se lézarda, quelques fragments churent sur le sol, mais la stèle tint bon. Il eut envie de se répéter mais le temps ne s'y prêtait plus. Il lui fallait en finir, vite. Aussi, Ganondorf brandit ses bras engourdis au dessus du sol et commença à psalmodier. A l'autre bout du royaume, dans une forteresse ocre, se trouvait son salut.

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