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Frayeur rousse

[ Hors timeline ]

Link

Héros du Temps

Inventaire

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(vide)

Le lin lui bouffait la gueule autant que la poussière ne l'étouffait. Il grogna, sans se soucier des muscles qui le tiraient plus que de raison : les courbatures – même après un combat – ne l'avait jamais inquiété. Son râle étouffé par le tissu qui mangeait tout son menton et venait même dévorer ses joues, il cala la large poutre de bois contre son épaule. Pour une fois, le feu l'avait aidé : en rongeant la charpente, il avait aussi allégé considérablement son poids. Pas en point d'en rendre l'effort facile mais de quoi le permettre, au moins. Les copeaux et les planches crissèrent, tandis qu'il hissait doucement l'imposant bastaing contre sa clavicule. Sous le foulard qui masquait son visage, ses lèvres se déchiraient en une sombre grimace qui trahissait sa peine. Les seuls soins qu'il avait reçu remontaient à la fin directe des combats : quand Swann s'était retrouvée sous les fers et qu'il s'était accordé le luxe d'un bain, aux herbes de la Forêt. Ces petites feuilles, que Saria lui avait offert, avaient quelques vertus curatives. Rien de bien extraordinaire, en vérité, mais on les disait capable de stopper les saignements, nettoyer les plaies et à même de revigorer un peu le corps.

Pliant les genoux, il joua des avant-bras, capturant le pilier entre ses deux coudes. Dans une remontée sèche, il parvint à dégager le bois des pierres massacrées et des pans d'armature défoncées et noircies. Jetant un rapide regard sur le côté, pour s'assurer qu'aucune âme ne passait par là, il repoussa sa charge sur son flanc droit jusqu'à la laisser s'effondrer sur la petite pile qu'il avait déjà assemblé. « Beau travail ! » Mugit l'un des camarades, en lui jetant un regard appuyé. « On dirait pas comme ça, mais t'as de la force dans les bras, p'tit gars. » Reprit-il ensuite, avant de retourner à sa propre tache qui constituait arracher aux débris les pierres susceptibles d'être réutilisées. « Merci. » Siffla simplement le blond en attachant une nouvelle fois les cheveux qui lui tombaient dans les yeux. Il n'avait plus grand chose à voir avec le Héros qui avait affronté les hordes de Gérudos menée par la première fille de Ganondorf, un peu plus d'une semaine après la bataille. Il était simplement vêtu : une chemise de chanvre, serrée d'une ceinture en corde au niveau des hanches ; le pantalon bouffant qu'il portait usuellement, bien que reprisé ainsi qu'une paire de bottes en cuir et de bracelets qui lui bloquaient les poignets. Aux yeux de tous il n'était qu'un inconnu, originaire du Village ou d'ailleurs, décidé à mettre la main à la patte. Et cela lui allait très bien. Sans un mot de plus, l'anonyme qu'il était remonta le cache-nez brun délavé sur son visage.

Jetant rapidement un oeil à l'état de la masure, l'Hylien soupira au travers de l'étoffe. S'appuyant sur sa main valide, il enjamba d'un bond le petit muret noirci par l'incendie. Le cuir de ses bottes s'enfonça sur près d'un pouce, sitôt qu'il toucha le revêtement de sol. « ' Chier ! » Siffla-t-il, agacé, tandis que retombaient sciures et poussières. « Un soucis, gamin ? » Grommela l'ours, qui était monté sur le toit et l'observait au travers de la chaume et des tuiles défoncées. « Ça ira », grogna le va-nu-pied, en tendant soudainement l'oreille. Il n'était pas sûr de ce qu'il entendait et savait pertinemment que la bataille l'avait laissé assez sur les nerfs pour que ceux-ci lui jouent de légers tours. Pour autant... Il demeurait persuadé de discerner un bruit, assez indicible. L'Enfant-des-Bois posa un genoux à terre, pour observer la scène sordide qui se dessinait sous son talon. Sa main gauche vint titiller l'acier qui pendait à sa taille alors que l'index de la droite foulait tendrement la myriade de plumes blanches qui tapissait le sol branlant et pourri de la bicoque. Toutes immobiles, elles lui renvoyaient l'image presque sereine d'une mort brutale mais passée. Çà et là, le sang séché avait tâché quelques uns des flocons d'oiseaux, quand il n'en avait pas collé d'autres. Il fronça les sourcils, réalisant que tout le plancher puait le fer : ce qui l'avait pourri n'était pas uniquement du au feu ou aux termites. Le bois avait bu le sang de l'enfant qui jouait, jadis, avec la poupée éventrée. Un vagabond blond, drapé de vert, paré d'un écu royal et d'une épée sacrée.

Grinçant des dents en silence, il tira le petit coutelas, prêtant plus attention que jamais. Son regard balaya rapidement la pièce, en alerte. « P'tit gars ? » Tonna Fergus, que la vue de l'acier avait manifestement excité. « Y'a plus rien à craindre, mon garçon. Les grandes gens z'ont buté le Dragon... eul'général et l'héros ont vaincu les Dragmire, range moi-ça..! » Lança-t-il, alors. Link cessa de l'écouter en réalisant à quel point le villageois accélérait. La panique le gagnait plus vite qu'il n'était capable de descendre sa bière à l'évidence, et ça n'était pas une mince affaire. Ni une honte en vérité. « ... Réponds moi gamin... Tu m'entends ? — » Pleurait-il presque. « Shhht. Je reviens », tança le Fils-de-Personne, sans accorder un regard au pauvre homme. Il ne souhaitait pas en dire trop non plus : si ses craintes s'avéraient fondées, la peur du tailleur de pierre les mettrait tous deux en danger. Les charognards raffolaient des batailles plus encore que les double-soldes, et s'il doutait croisait une colonie d'Effrois au sein même de Cocorico, il n'excluait pas la possibilité qu'un d'eux soit parvenu jusqu'aux fondations d'une bâtisse abandonnée. Sans trop savoir pourquoi, il ramassa les deux moitiés de la poupée à l'effigie du Héros du Temps, tout en progressant vers le son qui l'avait alerté à l'origine, méfiant. « Petit ? Ou tu vas ? » Lança l'artisan, d'une voix qui trahissait ses angoisses. L'inconnu qu'il avait pris sous son aile disparut bientôt dans la pénombre.

Ses doigts se refermèrent sur la hampe de la dague. Veillant à ne pas faire de bruit et gardant à l'esprit qu'un pas calme et serein n'alertait pas les Maudits, Link gagna doucement le garde-robe, fièrement dressé devant les restes du lit déchiré. D'un coup rapide et précis, le Champion Déchu glissa la lame dans la serrure, avant de faire sauter celle-ci. Les griffes qui résonnaient durement contre le bois ne cessèrent que quand la porte, à nu, finit par s'ouvrir. Avant même de réfléchir, le vagabond avait déjà bondit. Le fer glissa, vif, jusqu'à trouver la gorge du goupil, avant de se retirer. Dès lors, les petits crocs de l'animal, plus effrayé encore que Fergus, labourèrent son poing. « Tout doux, tu veux ? » Murmura gentiment l'Hylien à l'attention du renard, regrettant de ne pas avoir l'habilité de Malon avec les bêtes. Tendrement – autant qu'il ne savait le faire –, il saisit le canidé et le mena jusque dans ses bras, quittant doucement la masure. Bientôt, la lumière éclatante du soleil de midi illuminait la tignasse blonde, ternie par les cendres, la suie et la poussière. « Tu vois ? » Commença-t-il, en observant l'animal qu'il tenait contre son torse, la dague toujours en main et la poupée dépassant de sa besace. « Pas de quoi avoir peur, hein ? » Lâcha-t-il, s'adressant autant au petit fennec des plaines qu'à son camarade.

[Libre. Premiers posts pour Sheik et Ruto !]


Zelda Nohansen Hyrule

Princesse de la Destinée. ∫ Édile de Nayru.

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(vide)

"Et il y avait des cris dehors, et des flammes, et les gens courraient dans tous les sens ! J'ai même vu des morts pas la fenêtre, ils étaient debout, ils bougeaient, et ils s'attaquaient aux gens !"

"Bouge un peu moins ou je ne vais jamais y arriver..."

Sheik tira sur la corde, tâchant de maintenir en place l’attelle improvisée qu'il mettait en place sur le bras du jeune garçon, qui s'en tirait pas trop mal comparé à d'autres. Tâchant de contenir les grands gestes dus à l'excitation d'avoir enfin trouvé un auditoire pour son récit. Sans doute ses parents avaient-ils plus urgent à faire qu'à ressasser les événements.

"Mais j'ai pas pu sortir rejoindre les autres, il y a eu un énorme bruit, tout a tremblé, et puis j'étais coincé !"

"Un tremblement ... ?"

"Oui c'était le dragon, une grosse bête gigantesque qui crachait du feu, et ses pas faisaient trembler tout le village, il a éclaté plein de maisons !"

Arrivé aussi tôt que possible sur les lieux après avoir entendu la nouvelle des événements à Cocorico, Sheik était quand même arrivé bien trop tard pour intervenir pendant les combats. Le temps de prendre les dispositions pour assurer les premières aides et que son absence ensuite ne serait pas remarquée, la princesse n'avait pas pu partir avant la fin des événements. Sans compter que, souhaitant éviter d'attirer l'attention sur son arrivée, elle avait dû faire une partie du voyage à pied. Il aurait sans doute été indélicat d'être aperçue en train de sortir d'un portail magique après ce qu'elle avait entendu dire de la stratégie de déplacement des Dragmire.

"C'est celui qui était gelé, au centre du village ... ?"

"Oui ! Les gardes ont du mal à l'évacuer tellement il est énorme !"

"Moi je l'ai vraiment vu en mouvement ! Il y avait des gens.. Des magiciens qui lui balançaient des sorts, et un gros gros Goron ! Mais ça le mettait juste super en colère ! Et puis là le grand monsieur roux est monté dessus, et il a gelé le dragon !"

Si les récits des enfants étaient un peu vagues, ils avaient le mérite d'être francs, et globalement, tout cela rejoignait ce qu'il avait déjà entendu à ce sujet. Les Dragmire étaient arrivés selon toute vraisemblance depuis le cimetière, accompagnés de monstres sans doute rameutés par Ganondorf. Les villageois avaient vu du mouvement vers le Mont du Péril, mais peu de gens savaient vraiment ce qui s'était passé là-bas. Sans doute seulement les Gorons et quelques combattants. Toujours est-il qu'ensuite, alors que l'attaque était tout juste maitrisée, ce dragon avait fait irruption et Sheik avait du mal à croire à un hasard.

"Et le Héros du Temps... ? Il combattait le dragon lui aussi ?"

"Non.. Je l'ai pas vu..."

"Moi je l'ai vu... Mais pas près du dragon..."

Sheik se tourna vers le petit garçon qui venait de parler. Brûlé au visage et aux bras, le Sheikah n'avait malheureusement pu qu'atténuer la douleur du petit à grand renfort de baumes préparés en prévision par Zelda avant son départ. Une réparation complète aurait pris bien plus de temps, et un tel déploiement de magie aurait paru beaucoup trop suspect sans dévoiler son identité, en plus de laisser la princesse quelque peu sonnée et plus vulnérable. Il avait donc invité l'enfant avec insistance à se rendre au château dès qu'il le pourrait pour voir la princesse, lui promettant qu'elle serait au courant de son arrivée et pourrait soigner la brûlure. Il ignorait toutefois s'il suivrait son conseil, ou si ses parents l'y autoriseraient avant qu'il ne soit en âge de décider lui-même.

"Ma maison était en flammes, et c'est lui qui m'a tiré de là. Mais j'ai pas vu où il allait après, je me suis enfui parce que j'avais peur..."

"Ce n'est rien, tu as bien fait, c'est sans doute ce qu'il espérait... L'un de vous sait où il se trouve à présent... ?"

Les gamins secouèrent tous la tête et Sheik sentit son coeur se serrer à l'idée qu'il soit déjà reparti. Bien entendu le Sheikah était heureux de savoir que si Link avait été mêlé à toute cette agitation il s'en était au moins tiré. Toutes les rumeurs qu'il avait entendues à ce sujet concordaient : il avait aidé à la capture d'une dangereuse criminelle et survécu aux combats. Même s'il avait hâte d'obtenir un rapport officiel lui dévoilant plus de détails et confirmant ce fait, et d'interroger la-dite criminelle si ce qu'on prétendait sur son identité était vraie, il ne doutait pas de la véracité de ce constat. Malgré tout, une part de lui avait secrètement espéré le rencontrer sur place.

"Mon papa il dit qu'il s'est volatilisé, parce qu'on a besoin de lui un peu partout pour le moment et qu'il ira botter le cul des Dragmire directement là où ces fils de pute se terrent."

"Il ne devrait pas dire ça ainsi devant toi, et tu ne devrais pas le répéter, parce que..."

"Je sais ! C'est ce que ma maman a dit, mais mon papa il dit qu'il faut appeler un chat un chat, et que eux c'est quand même des sacrés fils de pute !"

Sheik soupira et abandonna la partie. Laissant là les enfants qui s'étaient lancés entre eux dans un débat sur les jurons et gros mots, il retourna auprès du guérisseur qui avait pris la direction des opérations sur l'infirmerie improvisée.
Ce dernier, derrière lequel s'affairaient en grande effervescence toutes les personnes qu'il avait pu trouver assez qualifiées pour apporter des soins aux nombreux villageois qui avaient souffert de l'attaque, eut l'air quelque peu embarassé.


"Ah, vous avez fini avec les enfants... ? Bon travail ! Pour le moment ça ira, on peut s'occuper du reste.", voyant le regard de Sheik s'attarder à l'arrière-plan devant le personnel presque débordé, il prit un ton désolé, "Le prenez pas pour vous, mais on vous connait pas ici, vous êtes un étranger, et ça les rend un peu nerveux. Faut les comprendre... Les enfants font pas tellement attention, mais eux si... Écoutez, on vous fera chercher si on n'arrive pas à suivre le rythme, vous restez dans le village ?"

Sheik opina de la tête avant de tourner les talons. À quoi bon insister ? Il avait bel et bien eu le sentiment de ne pas être vraiment le bienvenu depuis son arrivée. Les regards des gens autrefois accueillants s'étaient fait plus hostiles. Il supposait que le fait de ne pas être une figure connue du village rendait les gens soupçonneux. Le responsable de l'infirmerie avait raison : il ne pouvait pas leur en vouloir d'être prudents. Il espérait seulement que ce genre de comportements n'amèneraient pas d'ennuis à des innocents.

Cherchant malgré tout un travail qu'on accepterait de lui confier, il s'orienta vers les travaux de reconstruction qui progressaient lentement, pas à pas. Toutefois, alors qu'il circulait dans les allées cherchant quelqu'un à qui proposer son aide, il entendit une voix un peu plaintive. En s'approchant il aperçut un homme sur un toit qui tentait vainement de scruter la pénombre de la maison en bas, implorant sur un ton légèrement affolé quelqu'un d'en ressortir.

"Tout va bien par ici ...?"

Intrigué, Sheik franchit ce qu'il restait de la palissade pour retomber dans les décombres de la bâtisse. Mais avant que l'homme ne lui réponde, une silhouette se détachait déjà de l'obscurité pour revenir vers eux. Une silhouette qu'il aurait pu reconnaître entre milles, et quelle que soit sa tenue.

"Link..."

Le Sheikah n'avait parcouru que quelques mètres pour rejoindre le Héros et pourtant il sentit son coeur s'emballer alors qu'il atteignait ses bras et s'y blottissait, l'entourant des siens puisque les bras du hylien étaient déjà pris, prenant soin de ne pas écraser le renard qui s'y trouvait déjà.

"Je croyais que tu avais quitté le village. Raconte-moi ce que... Non, ne raconte rien, pas maintenant. Tu as dû en voir bien assez, et j'en ai déjà entendu beaucoup. Tout ça peut attendre."

Qu'il s'agisse d'en parler ou d'y penser, Zelda devinait assez aisément que Link avait dû revivre les événements suffisamment souvent pour ne pas avoir envie de lui faire un récit. Puisqu'elle avait glané assez d'informations de-ci de-là, nul besoin d'en passer par là. Si son ami souhaitait lui faire part de quelque chose, ou ajouter des éléments à son récit, il le ferait, quand il serait prêt. Au lieu de ça, elle appuya la tête sur son épaule alors que ses yeux bleus jetaient un regard à la boule de poil qu'elle avait évité d'écraser entre eux.

"Tu es en bonne compagnie en tout cas."

Prudemment elle avança sa main vers le petit animal dans l'espoir de lui caresser la tête sans obtenir une morsure en retour.


De la poussière, du sang, encore de la poussière, et toujours plus de sang. Être un survivant après ce qui avait frappé Cocorico n’était pas offert ; le destin demandait un lourd prix constitué de peine et de douleur. Partagés entre l’accablement et le soulagement, les villageois prenaient l’aide qu’on avait à leur apporter un peu comme cela leur chantait.

Tantôt la Zora et ses soins avaient été accueillis à bras ouverts, tantôt la présence l’Etrangère n’avait pas été plus désirée que les événements passés.
« Shht, je suis là. » à son compagnon. Lui-même souffrait de profondes brûlures que la Princesse des eaux avait bien du mal à guérir. Au moins louait-elle les déesses, car dans leur isolement, elle trouvait le temps d’être avec le seul des siens qui avait survécu au combat.

Mais Ruto était aussi en colère. Elle avait amoché quelques-unes de ces rouquines des sables, bien sûr, mais n’était pas la fière combattante qu’elle aurait aimé être. De retour au domaine, elle était bien déterminée à affiner ses compétences à la lame, une guérisseuse ne pouvant plus guérir si on lui coupait la tête avant même qu’elle n’ait sorti ses dagues.


« Ca schlingue… » se plaignit le pauvre Jarok dans son malheur. Pas question de formalités dans de telles conditions, d’autant qu’elle prenait un malin plaisir à embêter son ami, lorsqu’elle était gamine. Elle lui répondit par un petit rire, fatigué mais sincère. « On dirait que les Hyliens n’ont pas d’urgence, nous allons pouvoir sortir. » Ils avaient en effet passé une bonne partie de l’après-midi dans leur cabane de fortune aménagée dans les débris, et l’odeur des gravats et du renfermé devenait encore plus pesante que l’ambiance générale des infirmeries improvisées un peu partout.

L’air était assez frais, ce qui les soulagea tout deux. Ruto fut soulagée de voir que s’il peinait à marcher, son ami marchait quand-même. Alors qu’elle multipliait les écarts pour le surveiller, un coup à gauche, un coup à droite, le Zora finit par s’impatienter.
« Je ne crains rien, et la cabane est à deux pas. Pars devant et fatigue-toi loin de moi, tu me donnes le tournis. » La Princesse réagit par une mine boudeuse et accusatrice, ce à quoi il ajouta « …Votre Majesté. »

Elle pesta en alignant quelques mots de leur langue, ce qui le fit rire, mais décida néanmoins de l’écouter. Si elle préférait amplement nager, marcher et courir lui défroisserait les muscles. Déjà cela lui faisait le plus grand bien. Ses sens étaient en éveil, et elle virevoltait comme une enfant, trop heureuse de se débarrasser de ses responsabilités pour les quelques minutes à venir.

Une petite créature volante la dépassa, sans doute une chauve-souris. Beaucoup les trouvaient laides mais Ruto était de ceux qui les trouvaient attachantes. Cédant à ses idées soudaines, elle décida de faire la course avec l’animal.
« Reviens ! Reviens ! » Elle s’amusait des mouvements de la longue cape qui flottait autour d’elle, et qui lui évoquaient les ailes de son adversaire improvisé.

Au passage, elle ignora quelques villageois. Pour toutes les fois où ils détournaient les yeux pour ne pas avoir à parler entre eux ou avec elle, certainement qu’ils le feraient à nouveau. La bête était agile, et se faufilait partout, ce qui fatigua en effet la jeune Zora. Mais c’était de la bonne fatigue, à des lieues de l’épuisement émotionnel dont elle était victime depuis l’assaut.

Au détour de quelques maisons, et après avoir escaladé et sauté quelques murs, Ruto finit par perdre l’animal de vue. Glissant sur un tas de poussière, elle tomba au sol, sans se faire mal heureusement. Reprenant son souffle, elle partit d’un fort rire solitaire. Puis, se redressant, elle constata honteusement que deux silhouettes se devinaient dans l’obscurité, à quelques pas.


« Veuillez m’excuser, je ne vous avais pas vus, j’espère que je ne vous ai pas effrayés. » Elle essaya de redevenir sérieuse, mais la situation lui paraissait si ridicule qu’un grand sourire refusait de quitter son visage. Elle se redressa, et posa son regard sur la silhouette la plus proche d’elle. Un Sheikah ?...

« Oh, toi ! » s’écria-t-elle, reconnaissant le personnage principal d’un souvenir qu’il lui serait probablement impossible d’oublier. Inconsciemment, elle avait fait un nouveau pas dans leur direction. Loin des démonstrations dont les deux autres semblaient avoir fait preuve, la Zora était soulagée de trouver Sheik. Heureuse, aussi, oui.

Mais la proximité lui permit de mieux discerner les traits de la seconde personne. Et ce coup-ci, plus aucune trace de sourire sur son visage bleuté. Aucune.
« Vous. » lâcha-t-elle d’un ton plus froid, qui serait sa seule salutation en direction de ces deux vieilles connaissances. Malgré un petit rictus amusé face à la bouille de l’animal qu’ils tenaient à deux. Bien proches.

Ce compte est un compte narrateur : les personnages joués par le narrateur ne peuvent pas être utilisés par les joueurs ou joueuses dans leur post (sauf autorisation d'un admin) et les jets de dé du narrateur sont contraignants.



La prêtresse ignora l’appel de la femme qui s’occupait d’elle et sortit dans la rue. Elle appuyait tout le poids de son frêle corps sur une béquille qu’on avait peint en blanc. Vêtue à la paysanne, Flora boitillait dans les ruelles encore saccagée de Cocorico. Sa main trouvait encore ca et la, enfants et adulte nécessitant des soins. Ou un corps à bénir pour qu’il trouve avec aisance le chemin des bras divins.

Sur son visage, l’enfant de foi affichait un masque de sérénité patiente, mais tout au fond d’elle, la jeune femme était en rage. Il est rare qu’elle éprouve une telle émotion. Pourtant elle se sentait trahie. Elle avait demandé dès son réveil quelques jours plus tôt, à rencontrer le général Rusadir. Ses oreilles entrainées avaient percut une rumeur attestant que la prêtresse de Din avait été capturée elle aussi. Flora voulait le convaincre de ne pas livrer l’enfant au Pontife, bien trop aux faits des manières de ce dernier avec celles qu’il considérait comme dissidentes. Que Nayru et son ainée ne puisse s’entendre que ce soit aux cieux ou sur terre, Flora pouvait l’entendre. Qu’un homme qui n’avait de saint que le nom s’en mêle et cherche à assouvir une puissance sur les épaules des divines représentantes … hors de question !

D’autant plus que la Sagesse savait pertinemment comment le Pontife punissait les prêtresses qu’il ne pouvait dominer : à grand renfort de sévices physiques et moraux. Et si Flora avait eu à subir, elle refusait que la fragile Din ai à le faire aussi.

Mais malheureusement, Llanistar ne prit jamais la peine de venir la voir. Etait-il seulement au courant de la requête de l’aveugle ? Ou bien la femme qui s’était arrogé sa garde avait pris la décision de ne pas l’avertir, convaincue que sa protégée était à coté de ses chaussures, encore fiévreuse de sa blessure.

Flora fit une halte, à l’angle d’une ruelle. Elle se baissa pour masser son mollet encore douloureux de la morsure du Dogondo. Elle avait dû batailler dur pour ne pas qu’on l’ampute, argumentant qu’elle pouvait subvenir magiquement a ses propres soins. Sauf que c’était un mensonge et que les seuls soins qu’elle pouvait s’offrir se limitaient en tout et pour tout a l’utilisation de plantes et de cataplasmes. La douleur refluait à présent lentement et les humeurs purulentes cessaient de s’écouler chaque jour de la plaie. La prêtresse soupira et se colla au mur le plus proche pour se reposer quand une voix familière lui parvint.

La jeune femme avait déjà entendu Ruto lors de ses séjours au domaine Zora, mais ne jamais ne l’avais rencontrée directement. Le ton froid que la Princesse employait, combiné au titillement magique qui venait de saisir la gorge de Flora firent accélérer le cœur de cette dernière. L’écaille enchantée qu’elle avait offerte au Héros résonnait avec sa magie. Si elle aurait dut éprouver une joie à l’idée de retrouver Link, Flora ressentait plutôt de la panique. Depuis sa disparition elle n’avait pas recroisé le chemin du blond, et puis même, restait convaincue qu’il avait profité du moment pour simplement l’oublier et tracer sa route. Cependant les sens affûtés de l’aveugle perçurent une troisième présence, aussi elle s’avança à son tour dans la ruelle.

« Votre Altesse » murmura l’enfant de foi à l’attention de Ruto « C’est un plaisir de faire enfin votre connaissance. » Puis penchant la tête de côté, un demi-sourire sur son visage ravagé, elle demanda : « Auriez-vous des nouvelles du Général ? Je souhaiterais le rencontrer avant son départ. » Sauf bien sûr que Flora ignorait que l’Etranger avait quitté le village la veille. « Je dois l’avertir au sujet de la prêtresse de Din, … Et surtout du Pontife … » Glissant une main sur le duvet bleuatre qui couvrait son crâne, la jeune femme soupira. « Enfin, ça n’a que peu d’importance, c’est surtout Zelda que je dois avertir au sujet de cet homme … »

Puis se tournant vers la ruelle, elle s’inclina en direction de Sheik et Link, en un salut distant :
« Souhaitez-vous un peu d’aide ? » Son ton était neutre, ni chaleureux, ni froid. Raide. Un peu comme quand on rencontre une personne pour la première fois. La peur du châtiment pesait encore lourdement sur les épaules de Flora. Il fut un temps ou elle l'aurait jetée au vent, cette peur, mais plus maintenant.

[Desolée de l'attente T__T ]

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(vide)

Ses lèvres se déformèrent doucement, en silence. Dans la pénombre qui tapissait la masure en ruines. Si retrouver Belle n'avait jamais rien d'une épreuve, la jeune femme – en le serrant contre elle – appuyait maladroitement sur son corps moulu. Entre les courbatures et les plaies qu'il lui fallait encore panser, l'Hylien se sentait particulièrement vulnérable. Pourtant, il se laissa glisser entre les bras de la Princesse qui venait à sa rencontre. Sous ses doigts, le petit renard commençait à réagir, un peu plus agité. « Tout doux, tout doux... — » Glissa-t-il simplement, tâchant de calmer la bête comme Malon aurait su le faire. Au fond, le flamboyant de son pelage lui rappelait la jeune fermière. De la main, il flatta l'animal pour mieux l'apaiser, inspirant tant bien que mal. « Oh, en bas — » , tonna durement Fergus, « Tout va bien ?! » Le visage de l'Hylien paraissait entre deux pans de toit qui ne s'étaient pas effondré durant l'attaque du Dodongo. Le Dragon avait percuté la bicoque, avant de la séparer littéralement en deux. « Pas d'inquiétude ! » Souffla Link, sans nécessairement s'éloigner des bras de Zelda.

"Qu'est-ce que... —", commença-t-il, avant d'être coupé par la jeune femme. Elle parlait vite, plus que d'habitude. Sans un mot de plus, et en la laissant finir, le Sans-Fée glissa sa tête dans le cou de son amie. L'étoffe qui l'avait camouflée si longtemps avait toujours eu une odeur spécifique qu'il n'aurait su décrire mais qui le rassurait. « Toi aussi, tu t'inquiètes trop ~ » Murmura-t-il à l'oreille de la Belle, taquin. Il ne l'avouerait certainement pas – surtout pas après le bain où il avait côtoyé le Général – mais la savoir soucieuse à son égard le touchait. Après une minute de silence qui lui sembla filer comme une simple seconde, il entreprit de répondre aux premières interrogations de la dernière Nohansen. S'il y consentait, pour une fois, c'était d'avantage par inquiétude que pour véritablement lui narrer ses aventures. « Je... », se lança-t-il, cherchant les mots qu'il voulait placer sur ce qu'il pourrait dire. « Les combats ont été nombreux. Violents, aussi. » Souffla-t-il simplement, sans donner plus de détails. « Ganondorf a été repoussé, au sommet du cratère. Llanistar a réussi à l'en éloigner. » Il prit une inspiration, marquant une petite pause dans ses propos. « Certains des siens ont été capturés. D'autres se sont enfuis. Ceux qui n'ont pas réussi sont morts. » Le ton abrupt, peut-être même un peu sec. L'Hylien ramena le foulard sur son nez, masquant un pan des cicatrices qui lui barrait le visage par cinq fois, désormais. Derrière la glace de ses yeux, il revoyait pertinemment les flammes qui rongeaient le Fief d'Impa, les cadavres qui s'amoncelaient dans les rues, les entrailles qui jonchaient les pavés comme la terre battue. Il lui semblait que l'odeur de fer, de pisse et de chair brûlée revenait à l'assaut du Village avec plus de violence qu'auparavant. Sous le tissu, il grimaça. « Funérailles... ! », sifflait-il entre ses dents sans qu'aucun son ne perce ses lèvres. « Maudites. Pour les morts, pour les massacres, pour les innocents fauchés. Pour le prix du fer, pour celui du sang. » Plus que toute chose, il haïssait les batailles. C'était là le terrain du Rusadir, des capitaines, des chevaliers et de tous ces autres héros forgés par la guerre. Il n'en était pas un et aspirait à un autre destin.

Passant sous silence les événements qui le concernaient personnellement, l'Enfant-des-Bois ne préféra pas revenir sur son combat contre Swann, pas plus que sur les visites qu'il avait pu rendre chez les blessés à la recherche de Malon et de Flora. Bien que n'ayant pas dit un mot sur lui, il avait déjà le sentiment d'avoir bien trop parlé. « Et toi... — » Se lança-t-il, comme pour fermer la conversation ; clore un chapitre dont il souhaitait la protéger. Laissant l'animal grimper sur le sein puis l'épaule de son amie, il la serra un peu plus contre lui. « Et toi, tu... — » Reprit-il, avant d'être soudainement coupé par une voix qu'il ne connaissait que trop bien. Ses lèvres se pincèrent sous le cache-nez, d'appréhension. Il connaissait suffisamment la princesse Zora pour savoir que, tôt ou tard, il écoperait de son lot de reproches. Sa voix s'éleva une nouvelle fois, bien plus glaciale qu'auparavant. Il garda le silence, gêné. Si Ruto ne lui faisait pas peur à proprement parler, il avait rarement été à l'aise en sa compagnie. Leur relation lui avait toujours paru trop étrange pour qu'il ne parvienne tout à fait à la cerner. Au fond, il avait toujours su comment se comporter devant Zelda, mais jamais devant la Zora... Quelque chose chez elle l'avait toujours troublé. Profondément.

"Eh beh, ça en fait du peuple !" Lança l'ouvrier, toujours perché sur le toit. « Surtout que ça devient dont bin rares, les Zoras dans eul'coin ! Mes salutations madame ! » La pioche perça l'ardoise, tintement durement sur la pierre. « M'voila bin content de savoir que les Zoras sont-y toujours vivants. » Une deuxième fois la pioche frappa le toit, après qu'il se soit débarrassé du premier morceau. « C'est pas tout, mais eul'gamin il a un peu de travail à terminer. Tu viens-tu, garçon ? » Bien que Fergus use de politesse vis à vis des arrivants et qu'il tourne ses réclamations sous forme de questions, Link n'était pas dupe. Il s'agissait d'un ordre comme personne ne lui en donnaient jamais. Grinçant des dents, il abaissa le cache-nez. « J'arrive. » Lâcha-t-il, sans véritablement cacher sa mauvaise humeur. Ses doigts glissèrent de la hanche de Belle tandis qu'il s'éloignait d'elle sans un mot de plus. Jetant un regard à la silhouette du vieil ours, toujours penché au dessus de la ravine provoquée par le Dragon, il reprit. c Son regard de givre croisa celui de Ruto. Il ignorait quoi lui dire précisément, mais il avait encore à l'esprit les conversations qu'il avait pu avoir avec Sheik après plus d'une dispute. Il savait pertinemment que la jeune femme avait des raisons de lui en vouloir — il ne l'avait jamais nié. Le dire de vive voix, cela étant, était plus compliqué. Baissant le regard plutôt que de soutenir les yeux de la Princesse Zora, l'Hylien chercha les mots. Leur dernier échange remontait au sac du Domaine de Talon. Il était plus ancien, même, et pas beaucoup plus cordial.

Bientôt, ses bras entourèrent la Zora. La dernière fois qu'il était allé chercher une étreinte, elle l'avait gratifié d'une gifle. Loin d'être doué pour les explications et les discours, il avait préféré suivre son instinct. Ne l'enlaçant que brièvement, le Fils-de-Personne ne tarda pas à défaire ses bras. « Allez bourreau des cœurs, ramène-toi ! On a encore toute la maison à mettre par terre », ironisa le charpentier. Link mit fin à l'étreinte, puis tourna le dos aux deux femmes. Après quelques pas, il s'arrêta, chercha Ruto du regard sans vraiment se retourner. « Ruto, je... — Excuses-moi. Il faudra qu'on parle. » Lança-t-il, à la fois timide et hésitant. Sans trop laisser le temps à la princesse de répondre, il s'agrippa à l'une des poutres qu'ils avaient installé comme échelle, pour gagner le toit.  « C'est-y pas vrai ?! C'est un chantier ici, pas le marché ! » Lâcha Fergus, visiblement agacé. « Du calme, vieil ours... Je n'oublie pas ce que tu m'as demandé. » Le soupçon de complicité qui allégeait la voix de l'Hylien parvint à apaiser le vieillard, qui posa son instrument, comme pour mieux garder un œil sur la scène. Il ignorait qui était cette enfant qui s'avançait vers l'intérieur de la demeure, quand bien même son visage lui disait quelque chose. C'était aussi le cas de celui du gamin, mais les six cicatrices qu'il portait sur la gueule lui seraient restées en mémoire s'il l'avait déjà croisé.

"Le Général a quitté le Village dans la matinée d'hier. Il escortait plusieurs prisonniers jusqu'au Castel, en compagnie de quelques soldats qui se sont démarqués." Toujours suspendu à un peu plus d'un mètre au dessus du sol, Link se laissa finalement tomber de l'échelle de fortune, sans en avoir gravi le moindre échelon. Le plancher grinça quand ses bottes l'épousèrent à nouveau. « Heureux de te voir debout... L'aumônier avait peur que l'infection ne t'emporte. » Le blond garda la suite de ses propos pour lui, poussé par une espèce d'intuition. Il ignorait comment Ruto pourrait réagir face à ce qu'elle estimerait peut-être être une rivale et ne souhaitait certainement pas attirer sur la Prêtresse plus d'ennuis qu'elle n'en avait déjà. Il l'avait longuement cherchée sans pouvoir la retrouver, jusqu'à avant l'assaut. Sans connaître les gens d'Église, il ne leur faisait pas plus confiance qu'il n'appréciait les Déesses. Il n'aurait su l'expliquer mais il lui paraissait clair qu'il pouvait représenter un danger pour son amie.

"Foutredin !" Persifla Fergus, avant de sauter à son tour. Il n'avait jamais été quelqu'un d'insistant, et pourtant les trois attaques qu'avait connu son village l'avait transformé. Aujourd'hui, il craignait le retour de Ganondorf et de ses démons. Il savait que cela n'était qu'une question de temps et pour ça, il souhaitait que sa demeure soit le mieux préparé qu'il puisse être. Jadis, qu'un apprenti discute avec quelques amis ne l'aurait pas dérangé. Aujourd'hui, c'était une autre histoire. « 'Trop vieux pour c'genre de conneries.. », grimaça-t-il tant bien que mal en cherchant à retrouver son équilibre, après l'atterrissage. Son genou le faisait salement souffrir, comme par temps de pluie et les crissements du parquet faisaient écho à sa douleur. Il n'eut pas le temps de sentir le sol se fissurer. Il ne l'entendit pas non plus se briser : il tombait déjà. Sa main se referma, par réflexe, autour du pied de son camarade. Bien vite, tout deux glissèrent le long de la galerie. « Ugnh... — » Le râle qui s'échappa de ses lèvres ne remonta probablement pas jusqu'en haut, s'il en jugeait par la lumière qui perçait. La tête lui tournait. « Gamin ? GAMIN ?! » Hurla-t-il, de plus en plus fort à mesure que la douleur ne l'assommait. Il ignorait où ils étaient, mais sa jambe lui faisait atrocement mal. Tapotant son membre de sa main, il réalisa que celui-ci était étrangement chaud. Humide également. « Shhhht. » Souffla simplement Link, en s'approchant de lui. « Surtout ne fais pas de bruit. » Murmura-t-il ensuite, en s'approchant de la jambe de son compagnon. Aux aguets, l'Enfant-des-Bois se méfiait de nouveau. Ses doigts glissèrent jusqu'à la dague qui pendait à sa ceinture, tandis qu'il pestait contre lui même. Si seulement il avait daigné prendre une véritable lame avec lui, plutôt que de s'attacher à ce point à la discrétion...! « J'ai mal...! » Gémit le pauvre homme, cherchant l'épaule de l'Hylien avec ses mains. « Je sais. » Répondit-il, simplement, à l'affut des grattements, des murmures et des lamentations propres aux nécrophages. La question n'était pas de savoir s'il y en avait, mais combien ils étaient... « C'est une fracture ouverte. Ne bouge pas. Pas du tout, d'accord ? » S'enquit-il, doucement, comme pour rassurer le vieil homme. Il n'y voyait guère plus clair que lui, mais il avait conscience de deux choses : le bruit ne tarderait pas à attirer les Effrois et les autres charognes et il lui était impossible d'avancer ou de remonter en compagnie de Fergus. Son tibia déchirait sa jambe et même s'il ne voyait que trop peu dans l'obscurité, il sentait l'odeur du fer, celle du sang.


Zelda Nohansen Hyrule

Princesse de la Destinée. ∫ Édile de Nayru.

Inventaire

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(vide)

Zelda regretta sa question. Non seulement, une fois de plus Link ne lui parlait pas de lui, et éludait la véritable question : ce qu'il avait vécu, comment il allait et non ce que tout un chacun au village pouvait lui apprendre, mais en plus à son ton et son regard, elle devina qu'il revivait les scènes d'horreur auxquelles il avait assisté. Qu'il cache les cicatrices qui barraient désormais son visage ne fit que lui confirmer qu'elle ne tirerait pas d'avantage d'informations sur leur provenance. Pour toute réponse la princesse resserra quelque peu ses bras autour de lui.

La jeune femme sentit son coeur s'accélérer quelque peu en sentant une pression contre son torse comprimé par les bandages, mais elle remarqua bien vite qu'il s'agissait juste du petit renard qui venait de grimper sur son épaule. Il laissait ainsi le champ libre à un câlin plus proche tant que Link semblait vouloir la questionner à son tour. Mais avant qu'il n'ait pu achever de formuler sa question, une voix retentit près d'eux.

D'abord joviale puis bien plus glaciale, la voix appartenait à Ruto. Le regard de Sheik passa de la Zora à Link, et il comprit que leurs problèmes étaient loin d'être réglés.

"Ravi de vous voir en bonne santé, Princesse."

Le Sheikah cherchait quelque chose à ajouter, souhaitant détendre l'atmosphère et peut-être dissiper un éventuel malentendu, mais avant même qu'il n'ait pu intervenir c'est l'ouvrier encore perché sur le toit qui le fit à sa place. Gardant le silence, Sheik se contenta de libérer Link de ses bras alors qu'il était rappelé à l'ordre sur le travail qu'il s'était de toute évidence engagé à accomplir. Il le suivit du regard jusqu'à voir son détour par les bras de Ruto. Les yeux de Zelda se détournèrent alors vers les débris de la maison, trouvant soudain un intérêt particulier à faire l'état des lieux, elle n'écouta que distraitement le reste des échanges.

Sheik fut tiré de ses pensées par l'ouvrier qui pesta à nouveau. Croyant au premier abord qu'il s'agissait d'une invitation à quitter les lieux, il aperçut ensuite la jeune fille qui venait de les rejoindre et qui ne lui était pas inconnue. Non seulement Zelda lui avait déjà accordé audience, mais elle en avait encore plus récemment entendu parler. C'était le Pontife lui-même qui avait tenu à lui faire parvenir le récit des frasques de la religieuse, accusée selon lui de traîner trop souvent autour du Héros du Temps. Il n'avait pas manqué de mots durs pour lui décrire le comportement volage de la jeune femme. Le ventre de la princesse se noua alors que Link faisait part à la prêtresse de son inquiétude sur sa santé. Dire qu'elle avait presque oublié cette histoire.
Quoiqu'il en soit Link avait répondu en grande partie à la dénommée Flora, mais étant donné son lien pour le moins étroit avec la princesse, le Sheikah se permit d'ajouter une proposition qui serait un gain de temps non négligeable si la finalité de l'opération était de lui faire part d'informations importantes.


"Je me rends justement au château dans peu de temps, si je peux transmettre un message à sa Majesté pour vous..."

Et on pouvait dire que le message serait vite transmis. Cependant il ne pouvait pas révéler son identité et il ignorait si la jeune femme lui ferait confiance.

Sheik entendit un juron et leva les yeux, apercevant le maître du chantier qui descendait, sans doute après avoir perdu patience. De toute évidence, ce n'était pas le meilleur endroit ni le meilleur moment pour des retrouvailles.

"Je reste au village encore quelques jours..."

Sa remarque concernait essentiellement Link, s'il souhaitait continuer leur discussion à un moment plus approprié mais l'information serait peut-être utile aussi aux autres s'ils avaient quoique ce soit à lui confier.

Tournant les talons, Sheik n'eut pas le temps d'aller bien loin avant d'être surpris par le vacarme derrière lui. Il se retourna et vit l'ouvrier tomber au travers du sol non sans emporter Link avec lui. Faisant précipitamment demi-tour, Sheik parcourut rapidement la distance qui le séparait du trou à présent béant dans le sol. Un instant il faillit crier après les  victimes de l'effondrement mais les éclats de voix en bas répondaient déjà à sa question. Ses yeux parcoururent le chantier, repérant une corde au milieu d'un tas d'outils divers. Il s'en saisit avant de l'attacher à une poutre, non sans tester sa solidité : de toute évidence la maison réservait de mauvaises surprises. Une fois suffisamment rassuré, il lança la corde par dessus le vide avant de se laisser descendre dans l'obscurité.

Ses pieds résonnèrent sur le sol quand il l'eut enfin atteint. Ses yeux mirent du temps à s'habituer à la pénombre, la lumière leur parvenant d'en haut ne permettait pas d'y voir très clair. S'avançant d'abord prudemment à la recherche des victimes de l'effondrement il lui sembla après quelques pas distinguer la silhouette d'une main tendue. Sans se méfier, il tendit la sienne pour aider le malheureux qui était tombé là.

"Est-ce que tout va b... Aaaah !"

Il comprit son erreur trop tard lorsque la main se referma violemment sur la sienne, lui bloquant toute retraite. Il sentait bien que cette poigne n'avait rien de naturel, et plus il tirait, plus elle serrait. Sheik sentit son coeur s'accélérer. À présent il distinguait mieux la main et sa chaire pourrie. Elle dégageait une odeur nauséabonde. Comprenant que la simple force ne l'aiderait en rien, Sheik récupéra la petite dague dont le fourreau pendait à sa cuisse. Pourtant, si agile qu'il soit, ses doigts tremblèrent et lâchèrent la lame quand il vit ce qui s'approchait.

"Par les Déesses..."

La chose semblait glisser sur le sol pour se déplacer. Au fur et à mesure que sa silhouette cauchemardesque se détachait de l'obscurité, son corps déformé se faisait plus visible. Le tronc n'était plus qu'un amas de chaire aussi décomposée que la main qui entravait ses mouvements. Sheik n'arrivait pas à distinguer des mains au bout de ses moignons. Son long cou, trop fin pour être naturel semblait peu apte à soutenir sa tête. Il retombait mollement, surmonté d'un visage qui s'étirait de plus en plus, dévoilant une dentition bien large dont la fonction laissait peu de doute.

"Non non non..."

Accroupi autant que la poigne de la main accrochée à la sienne lui en laissant l'occasion, il tâtonnait rapidement à terre après le poignard caché par l'obscurité, incapable de toute façon de se résoudre à lâcher des yeux le monstre qui s'approchait.