Retrouvailles

[ Hors timeline ]

Zelda Nohansen Hyrule

Princesse de la Destinée. ∫ Édile de Nayru.

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(vide)

Alors qu'elle s'empressait de suivre Dun dans les couloirs du château, la princesse était encore étourdie. Étourdie, c'était bien le mot. Elle ne comprenait pas comment, alors qu'à peine quelques instants auparavant elle était simplement en train de trier des papiers et prévoir les différentes rencontres qu'elle allait devoir organiser avec divers représentants du royaume, elle se retrouvait maintenant prise dans un tel tourbillon de sentiments. Elle avait encore du mal à se persuader qu'elle n'avait pas mal entendu. Tout s'était passé si vite. Elle ne s'attendait pas à voir arriver son mari. Non pas que ça ne lui fasse pas plaisir, au contraire, elle avait eu tellement peu l'occasion de le voir ces derniers temps, plus prise que jamais par la gestion du royaume dont il fallait organiser à la fois la reconstruction et la défense en cas de nouvelle attaque. Elle croyait seulement qu'il devait encore se reposer après tout ce qui s'était passé. Passé la surprise de son apparition et l'inquiétude sur son état, la joie de le voir venir lui rendre visite pendant son travail avait vite fait place à la stupeur quand il avait énoncé la raison de sa venue. Elle était restée silencieuse un moment, le temps de saisir ce que cette déclaration pouvait impliquer. Elle avait lâché les papiers qu'elle tenait. Mais avant qu'elle n'ait eu le temps de demander à Dun de répéter la nouvelle, comme pour se convaincre qu'elle n'avait pas imaginé le nom qu'il venait de prononcer, il avait déjà tourné les talons, et elle se contenta de le suivre en silence, ses pensées se bousculant dans sa tête.

Elle le suivit ainsi jusqu'aux Jardins Intérieurs, et s'arrêta net. Elle venait d'apercevoir une silhouette, un visage ... Les siens, ceux d'un fantôme.. Un fantôme dont elle avait fait le deuil ! Il avait l'air éprouvé, il avait dû faire un long voyage... Et ses vêtements ne ressemblaient en rien à ceux qu'il portait auparavant, mais rien de tout cela n'aurait pu le rendre méconnaissable à ses yeux. Pourtant, aussi bête que cela puisse paraître, elle n'arrivait toujours pas à se convaincre que c'était vraiment lui qui se tenait là. Elle prit une longue respiration puis s'avança vers lui et s'arrêta à sa hauteur, croisant son regard.

"..."

Efelron... Après son départ, après que plusieurs mois se soient écoulés alors qu'il aurait dû être déjà rentré, alors qu'aucune des patrouilles envoyées n'avaient pu le retrouver, même en fouillant la moindre parcelle de la zone où il avait été aperçu pour la dernière fois, elle avait imaginé les pires scénarios, elle avait vécu dans l'incertitude, espérant chaque jour qu'il reviendrait ou qu'on allait lui annoncer qu'il avait été retrouvé, et qu'il était en vie... Pour finalement se faire une raison. Il était mort, ou il l'avait abandonnée. Et aujourd'hui il se tenait là, devant elle. Elle avait tellement de choses à lui dire qu'elle ne savait pas par où commencer. La joie de le savoir en vie, les interrogations sur son abandon, les reproches sur son absence, ...

"Je te croyais mort ..."

Voilà finalement tout ce qu'elle avait réussi à dire, mais dans ces paroles se trouvaient autant de soulagement que de reproches muets sur l'inquiétude qu'il lui avait causée.


Ivaens Nerodin


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(vide)

Sa bien aimée se trouvait là, juste en face de lui.
Depuis toutes ces années, ses pensées ne se dirigeaient que vers elle. Son visage, son sourire...Il n'avait cessé de l'imaginer une seule seconde. Il ne vivait que pour elle, et l'aimait plus que tout au monde.

Son amour lui avait donné la force et le courage de tenir bon.

Ironiquement, c'est la lâcheté qui s'empara de son coeur alors qu'il fut piégé par les rouages du temps.
Le temps... Cruel et implacable. Il ne cesse de s'écouler à chaque instant; et poursuit son cours, inéluctablement.
Plusieurs années sont advenues, et après les évènements traversés, il n'eut pas le courage de regagner son Royaume. Et ce, même après avoir finalement récupéré le médaillon de son père, volé alors par des bandits.

Il n'était pas aussi fort qu'il le pensait jadis.


« Zelda... »

Il ne savait quoi lui dire. Il avait tant demandé à la revoir, à pouvoir la serrer dans ses bras ne serait-ce qu'une dernière fois... Il n'avait cessé de l'aimer. Et cet amour n'avait rien perdu de son ampleur passée.
Après un instant passé à contemplé ses yeux brillant tels un saphir, Soren passa sa main dans les cheveux blonds de sa chère et tendre.


« Tu es encore plus radieuse qu'autrefois... »

Tous ces sentiments se bousculaient et s'entremêlaient dans tous les sens. Au fond de lui, il avait abandonné l'idée de la revoir un jour. Elle n'était plus qu'un rêve, une douce mélodie qu'il n'oublierait jamais.
Les moments qu'ils avaient passés ensemble lui étaient indélébiles à jamais, et chérissait ces souvenirs comme la prunelle de ses yeux.
Tant qu'il lui restait ne serait-ce qu'un fragment de ces souvenirs, il garderait une trace de son existence.

C'était ce qu'il pensait jusqu'alors.

Il y a une limite à l'insanité. Fort d'un optimisme nouveau, il décida d'affronter son présent afin de ne plus vivre dans le passé. C'est avec elle et elle seule qu'il désirait poursuivre son chemin, abandonnant cette "complaisance personnelle" qui n'était rien de plus qu'un mensonge éhonté.

Il la prit dans ses bras.


« Je ne pouvais revenir jusqu'à maintenant... Je suis désolé. »

Il pouvait ressentir sa chaleur contre con corps, son parfum, et l'ivresse des jours passés se réveilla au grand jour. Toutes ses peines s'envolèrent en un instant.
Il se sentait revivre, comme épris d'une nouvelle force, d'un nouvel éclat.
S'il avait pu vivre jusqu'à aujourd'hui, c'était uniquement et grâce à elle.
On ne peut pas expliquer ce sentiment par des mots. Certains vivent leur amour comme une feuille virevolte au vent, frivole et éphémère.
D'autres, infâmes et malveillants se jouent de ce que l'on peut éprouver à leur égard et tirent jouissance de la faiblesse d'autrui, en leur promettant mille merveilles.
Quant à lui, il aurait pu sacrifier sa vie sans la moindre hésitation pour l'élue de son coeur. Doué d'un amour pur et véritable, il lui jurait une fidélité sans compromis.
Il l'étreignit plus fort encore.


« Cela ne se reproduira plus. Plus rien ne nous séparera jamais, c'est une promesse. »

Elle ne dit rien. Son teint était extrêmement pâle et elle semblait quelque peu dérangée. Lui cachait-elle quelque chose ?
Elle n'avait pas dit mot depuis le début. Est-ce que la surprise était telle, au point qu'elle ne puisse dire quoi que ce soit ?


« Zelda ? »

Elle ne répondit mot, fuyant son regard. C'est alors naturellement que le sien se posa sur Dun, qui avait ce même teint blafard. Regardait-il le marbre depuis le début ?
Une vague sensation désagréable lui parcourra le corps en un ignoble frisson.


« ...Zelda ? »


Zelda Nohansen Hyrule

Princesse de la Destinée. ∫ Édile de Nayru.

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(vide)

Zelda souriait, elle était tellement heureuse de le revoir, pour un peu elle en oublait les reproches qu'elle avait si souvent formulés lorsqu'elle croyait encore qu'il allait revenir, elle ne put s'empêcher de rougir lorsqu'il la complimenta, mais c'est alors qu'il la prit dans ses bras. Alors que jusqu'à lors les émotions ressenties par Zelda étaient uniquement liées à sa joie de retrouver celui avec qui elle avait tant partagé et qu'elle n'aurait plus espéré revoir à nouveau, lorsqu'il la prit dans ses bras, le détail qu'elle avait jusque là mis de côté lui revint brutalement en mémoire. Paradoxalement, elle se sentait bien dans ses bras, de tendres souvenirs remontaient dans sa mémoire et elle aurait souhaité pouvoir s'y abandonner comme auparavant - comment aurait-il pu en être autrement ? - mais plus il la serrait contre lui et plus son malaise grandissait. Dans d'autres circonstances son bonheur aurait été total, mais aujourd'hui c'était le trouble qui l'emportait.

« Cela ne se reproduira plus. Plus rien ne nous séparera jamais, c'est une promesse. »

Paralysée. Elle se sentait incapable de bouger. Elle avait beau savoir qu'elle aurait dû se dégager de son étreinte et qu'elle avait des explications à lui donner, elle n'arrivait pas à trouver la force. Elle se maudissait de sa lâcheté, elle n'osait même pas penser au fait que Dun était forcément spectateur de la scène.

C'était inévitable, Efelron sentit bientôt son trouble. Sa faiblesse ne fut pas dissipée pour autant, elle ne parvenait toujours pas à prononcer la dure réalité, elle ne put que rester silencieuse alors qu'il la questionnait. Son teint était blême, elle finit par rassembler toute sa volonté pour se dégager délicatement de l'étreinte de son ancien amant, mais elle n'arriva pas à le regarder dans les yeux. Elle ne pouvait porter son regard ni vers lui, ni vers son mari qu'elle savait se trouver non loin.

"Efelron ..."

Elle étouffa un sanglot et porta une main à ses yeux pour essuyer les larmes qui commençait à couler, sans grand succès. Elle rassembla pourtant ses forces, elle le lui devait, s'il y avait bien un dernier cadeau qu'elle pouvait lui offrir, c'était la vérité. C'est un visage rempli de larmes qu'elle arriva à relever dans sa direction. Et d'une voix tremblante qu'elle lui parla.

"Je te l'ai dit .. Je te croyais mort! J'ai .. J'ai fait mon .. deuil ... ... Dun et moi... Avec Dun ..."

Elle étouffa un nouveau sanglot avant d'arriver à terminer sa phrase d'une toute petite voix.

"... Nous sommes mariés ..."

Elle n'osait pas imaginer ce que cette simple phrase pouvait lui infliger, en ce moment elle-même ne se sentait pas très bien. Elle faillit lui prendre la main pour essayer de le réconforter, elle aurait voulu le serrer à nouveau contre elle, mais elle n'osa pas et s'interdit tout geste de la sorte, les larmes quant à elles continuant à couler sur son visage, sa gorge nouée.


Ivaens Nerodin


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(vide)

Zelda se dégagea délicatement de son étreinte, ce qui eut pour effet de l'interpeller. Mais avant qu'il ne puisse dire quoi que ce soit, elle fondit en larmes. Son corps s'engourdit et une grande nervosité s'empara de lui. Il ne reconnaissait plus sa compagne, son attitude était des plus alarmantes. Plusieurs possibilités s'offraient à lui, ou bien l'émotion éprouvée quant à son retour était trop forte, ou bien elle lui cachait un terrible secret. Le fait de ne pas connaître cette réponse le plongeait dans l'appréhension la plus totale.

« Je te l'ai dit .. Je te croyais mort! J'ai .. J'ai fait mon .. deuil ... ... Dun et moi... Avec Dun ...»

Son cœur frappait contre sa poitrine comme s'il voulait fracasser la cage thoracique son hôte. Zelda n'avait pas fini de parler, c'était évident. Elle allait y venir, mais le temps lui paraissait éternité. Jusqu'alors, il n'avait encore jamais connu pareil malaise dans sa vie. Qu'avait-elle bien pu faire pendant son absence ? Que lui cachait-elle, pour se mettre dans un tel état ? Il n'avait jamais été aussi tiraillé entre sa volonté de savoir, et celui de ne rien vouloir entendre.
Il tituba en arrière.


« ... Nous sommes mariés ... » lui dit-elle, à faible voix.

Soren resta figé, les yeux complètement vides. Cette phrase résonnait dans ses oreilles sans qu'elle n'ait pour autant le moindre sens, comme si la langue dans laquelle Zelda s'était exprimée lui était inconnue. Puis il finit par concevoir peu à peu la situation dans laquelle il se trouvait-être en ce moment même.

« Vous... Vous-êtes mariés... »

Coup de poignard. Une horrible douleur lancinante lui parcourra le corps de toutes parts. Sa respiration se faisait plus forte à mesure que la colère montait en lui. Son regard, fixé sur le sol, prenait une tournure des plus sévères à mesure que les secondes passaient, jusqu'à ce que seule la haine ne se lise dans un visage qui n'avait plus rien d'humain.
Jamais il n'aurait pu croire que sa femme le quitterait pour un autre, cette possibilité était exclue. Et qu'elle se remarie avec l'un de ses meilleurs amis était la plus grande indignation qu'on pouvait lui causer.
Ce n'était plus de l'ordre de la trahison pour lui, il s'agissait d'une félonie des plus infâmes. Jamais il n'avait ressenti au fond de lui autant de haine et de rage, si bien qu'il ne pouvait contenir toutes ces émotions en lui. Cette irritation qu'il pouvait ressentir n'était plus mesurable, il allait exploser. Il n'avait plus que faire de l'éthique et de ce qui allait bien pouvoir lui arriver. Plus rien n'avait le moindre sens ni le moindre intérêt en ce moment précis. De sombres pensées funestes et macabres engloutirent son esprit avide de vengeance, et seul le désir de répandre le sang pouvait justifier son expression d'un épouvantable sadisme.

_______________________________

Il ferma les yeux et ravala cette folie meurtrière tant barbare que primitive.

Les gardes, qui jusque là étaient très tendus et se préparaient au pire alors que Soren semblait hors de contrôle, ne cachèrent pas leur soulagement quand celui-ci fut calmé. Ils n'avaient pas particulièrement envie de se battre contre leur ex-prince, et encore moins en présence de Zelda sachant qu'elle ne serait pas en sécurité. En effet, elle n'était pas à l'abri d'un drame romantique, et ça, c'était la première chose à laquelle il avait pensé. Quel plus beau cadeau d'adieu que de lui offrir sa vie ?
Soren adressa à sa chère princesse un ravissant sourire plein de bonté.

Il tourna autour de lui et regarda les 4 gardes qui l'entouraient d'un air intéressé, presque amusé. Ce serait mentir que de dire qu'il n'avait pas songé à tous les saigner à blanc. On aurait pu redécorer ces jardins avec du sang frais, mais oui, quelle grande idée. Une herbe d'un rouge des plus majestueux s'étendrait alors devant lui, les rosiers abreuvés d'un liquide des plus délicieux se fanant en un invisible sanglot. Les murs du jardin redécorés à sa guise auraient prouvé aux yeux de tous sa grande créativité, et tous l'idolâtreraient comme étant le grand peintre qu'il a toujours été. Le tableau était parfait.

De retour à la réalité, il ria en constatant leurs mines interloquées.


« Chers gardes, défenseurs de la paix en Hyrule, je vous présente mes sincères excuses pour m'être emporté de la sorte. » déclara-t-il, visiblement désolé de sa conduite passée manquant cruellement de noblesse.

Il regarda chacun d'entre eux avec respect, fier de leur bravoure et de leur engagement envers la Princesse.

*Immondes boîtes de conserves répugnantes.*

Enfin, il se tourna vers Dun, qui n'avait dit mot depuis le début mais qui avait pu assister à tout ce qui s'était passé.
Cet innommable bâtard qui lui avait pris ce qui lui était de plus cher au monde. À lui, il lui aurait réservé un sort bien particulier. Ce qui était tout à son honneur, il aurait tellement aimé s'amuser un peu avant d'écourter sa présence sur Terre. Il est des souffrances et des tortures qu'on ne soupçonne même pas mais qui pourtant semblent tellement amusantes quand on y pense.
Il soupira profondément.


« Et bien, je n'ai d'autre choix que de m'y faire... » lui lança-t-il avec compréhension et une pointe de tristesse.
. . .
Des pics de glace trouèrent alors le sol de part en part et emprisonnèrent chacun des 4 gardes présents ainsi que son ex-femme, qu'il n'avait pas manqué de négliger. Très calmement, il dégaina son sabre de son fourreau avec une grande délicatesse, le regarda avec amour, puis se rua prestement vers Dun; qu'il empoigna par le col de sa chemise avant de le soulever du sol, pour finalement le plaquer violemment contre le mur de la bâtisse.

« Mes félicitations, cher Prince. » déclara-t-il, solennellement.


Dun Loireag Dragmire


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(vide)

[Dun avait renvoyé les gardes dans son dernier post..? XD Mais say pas grave, on continue comme ça!]

Après avoir poussé les portes du château et laissé Efelron se ressourcer dans le jardin, Dun s'était empressé d'aller quérir la personne demandée par ce dernier. Posant la lance dont il s'était muni contre l'un des murs froids de la citadelle, le jeune homme s'engagea alors dans ces couloirs qu'il n'avait que trop peu parcouru ces derniers temps en constatant que le traitement de son infirmière se révélait efficace : Voici quelques temps, il ne pouvait même pas sortir de sa chambre sans être essoufflé. Pourtant à ce moment très précis, l'amélioration de son état de santé lui importait peu et il accéléra la marche sans se soucier de la fatigue. La frénésie qui s'était emparée de lui ne le quittait pas et l'étourdissait au point de l'empêcher de penser, chose qu'il désirait ardemment. En effet l'ex-Chancelier ne voulait pas laisser libre cours à ses déductions, à ses raisonnements logiques qui auraient pu le faire douter des décisions à prendre dans la situation actuelle... C'est d'ailleurs en arrivant dans la Salle de Réunion qu'il la trouva. Sa femme procédait encore à l'un de ces énièmes conseils tenus afin de procéder à la réorganisation du Royaume; chose qui se déroulait plus que bien à la vue du Bourg d'Hyrule. Dans une intense discussion, cette dernière tenait la parole lorsque le Prince entra soudainement dans la pièce en claquant les portes d'un geste précipité et jetant aux chiens toute hypocrisie de bonne manière.

"Veuillez pardonner mon intrusion. Mais je suis porteur d'une nouvelle qui me parait de la plus haute importance, à tel point que je ne puis la confier à un messager ou attendre la fin de cette réunion."

Suscitant incompréhension et indignation, l'on pouvait entendre le souffle calme de Dun qui fixait maintenant gravement sa femme. Un long silence s'ensuivit dans lequel tous attendaient la raison de cette intrusion... et le jeune homme ne s'adressa alors qu'à sa souveraine. Ses mots? Il ne les entendit point lui-même, mais l'expression de surprise de la Princesse était plus qu'explicite.
Sans doute voulu-t-elle prendre la parole à son tour, mais l'ex-Chancelier ne le lui en laissa pas l'occasion car déjà il se retournait. L'invitant implicitement à le suivre, le jeune homme ne voulait plus qu'une chose : Eviter de croiser son regard, de peur de déchiffrer les émotions qui y étaient présentes.

Brusquerie. Expédition. Hâte. Impatience. Urgence.

__________


"Je te croyais mort ..."

Il l'avait fait, il avait mené Zelda à la Cour Intérieure dans un silence quasi complet et elle se trouvait maintenant en face d'Efelron. Mais s'il avait tenté jusque là de réprimer les émotions qui se bousculaient en lui, chaque parole qu'ils prononçaient l'un envers l'autre furent tels des coups de poignard qu'il recevait en plein cœur. Toutefois le jeune homme ne disait rien et restait même légèrement en retrait ... C'étaient leurs retrouvailles après tout, et il devait bien cela à la femme qu'il aimait. Mais pourquoi donc se sentait-il si mal? Quel malaise le rongeait depuis qu'il avait aperçu Efelron dans cette de foule du Bourg d'Hyrule?

Il la prit dans ses bras.

La vision de Dun s'obscurcit soudainement, sa respiration se fit plus hachée et il se saisit même la tête de la main. Si l'une des personnes présente allait -sans le voir- avoir l'impression qu'on le poignardait par surprise dans le dos; Dun lui, avait l'impression qu'on le torturait délibérément à petit feu. Cette sensation singulière que l'on ressent lorsque l'on craint de devoir subir quelque chose d'effroyable, cette sensation qui nous terrorise et nous laisse impuissant en attendant la sentence de la personne qui peut nous condamner. La jalousie était écrasée, battue, anéantie par cette appréhension qui lui dévorait les entrailles, c'est dire! Car c'était bien l'appréhension qui l'habitait à ce moment très précis, non la peur que l'on peut ressentir sur un champ de bataille détrompez-vous; mais celle, beaucoup plus subtile et maligne qui s'insinue dans votre esprit alors que vous êtes sur le point de perdre quelque chose de cher à votre cœur... Une appréhension, enfin et contrairement à ce que l'on aurait pu croire, inspirée par nulle autre que sa propre femme.
Sa raison lui indiquait qu'il ne devait pas s'en faire, qu'il devait lui faire confiance et qu'ils s'étaient promis l'un à l'autre lors de leur union sacrée; mais son cœur lui, ne pouvait lever les craintes inspirées par la situation actuelle. Il s'était battu, avait risqué sa vie pour elle, s'était retrouvé pratiquement mort en tentant de la secourir! Mais... Et s'il s'était trompé?


Doute. Crainte. Incertitude. Méfiance. Scepticisme.


Tant d'émotions négatives dans l'esprit d'un convalescent! Les silhouettes floues de deux petites filles se dessinèrent à la périphérie de sa vision, mais il s'efforça de les réprimer; la dernière chose qu'il désirait était qu'elle voit cette facette de lui-même qu'il jugeait hideuse.
Aveuglé par ses propres craintes, Dun ne suivait plus le fil de la conversation et se trouvait même hors de la réalité. Mais alors qu'il se refermait de plus en plus sur lui-même, un simple son à peine plus discret que le bruissement de feuilles mortes attira son attention : Des sanglots. De simples petits sanglots étouffés qui résonnaient dans la Cour Intérieure. Sa femme pleurait... Pourquoi était-elle en larmes? Que s'était-il passé? Mais... à peine eut-il fait un pas en avant que les Gardes et son épouse furent soudainement emprisonnés dans des pics de glace émergeant du sol.


Incompréhension. Surprise.


Bousculé, plaqué contre le mur et soulevé à quelques centimètres du sol, Dun chercha du regard le visage de sa femme dans cet enchaînement d'actions. Et il la trouva enfin! Prisonnière des glaces qui lui infligeaient une étreinte gelée; ce seul spectacle suffit à couper le souffle du jeune homme.

« Mes félicitations, cher Prince. »

Dépit. Ressentiment. Agressivité. Fureur. Colère. Rage. Fureur. Ressentiment. Fureur. Courroux. Fureur. Fureur. Fureur. FUREUR!


*BAM*

Dun avait donné un coup de pied si violent à Efelron -afin de le propulser quelques mètres plus loin- qu'il rouvrit lui-même ses blessures n'ayant pas encore cicatrisé. Il était retombé sur ses pieds, la tête basse, et prit tout doucement la parole :

" J'accepte avec joies tes éloges, vieil ex-compagnon. Néanmoins ... "

Il se redressa tout doucement, le sang de son bras s'écoulant lentement sur le sol. L'ex-Chancelier avait pu se rétablir depuis la bataille contre Ganondorf, et s'il avait récupéré des forces et de la vitalité, le véritable problème se trouvait être son endurance déjà éprouvée. C'était comme si un automate tout nouvellement monté devait fonctionner pendant une journée entière : Ses mécanismes et rouages neufs ne peuvent résister à la pression et il finit par se briser pathétiquement. Mais... De toutes ces conséquences, Dun n'en prenait aucune en compte, ou plutôt s'en fichait-il. C'est ainsi qu'il releva la tête et arbora un... sourire?

" ... Tu pénètres en ma demeure, menace mes gens et ma propre femme, et laisse libre cours à ta colère... Te crois-tu dans l'un de ces contes pour enfant où un petit garçon sauve un royaume grâce à la seule force de son épée ? "

Le sang qui s'écoulait quelques secondes plus tôt de son bras ne dégouline plus, et au contraire il semble animé d'une volonté propre puisqu'il se concentre dans la paume de sa main. Exerçant une pression sur ce dernier, la réalité se modifia pour finalement former une lame pourpre qu'il pointa en la direction de Soren.

" Crois-tu cela digne de toi ?! ... "

Les vaines questions qu'il se posait plus tôt n'avait plus lieu d'être, le doute qui l'assaillait jusque là avait disparu, la douleur qu'il ressentait en son cœur s'était évanouie ...! Non qu'il avait trouvé paix et sérénité, réponses à ses questions et autres niaiseries enfantines, loin de là... Le sourire empreint d'une douce ivresse passionnée en témoignait.

" ... Cela tombe fort bien, car moi non plus. "

... Conclusion appropriée en de telles circonstances. Il ne donnait sûrement pas de leçons, et pire encore, serait encore plus empreint de folie. S'élançant vers Soren en répandant des traces de sang sur son passage, Dun sauta sur les derniers mètres et abattait la pointe de sa lame sur son vieux compagnon. Les deux jeunes hommes devaient avoir une discussion raisonnable et adulte.