Ce ne fut d'abord que la pulpe de son doigt puis une phalange entière qui s'enfonça dans la gorge de son camarade. Elordrel ramena sa main sous son nez. Après une brève inspection, il en conclut qu'apparemment il n'y avait pas la moindre trace de poison. Le garçon avait rapidement appris à reconnaitre les essences, en compagnie de sa mère herboriste, qui tenait un étal à Cocorico. Le même étal qui fournissait à l'apothicaire plus de la moitié des ressources dont il avait besoin.
Le sang était encore chaud, et à vue de nez, il ne donnait pas plus de dix minutes au décès de son camarade. Il avait été dépouillé de ses effets, certes, mais il restait toujours ce justaucorps de cuir souple et noir qui équipait certains soldats. Et si toute son armure lui avait été retirée, ça n'était évidemment pas pour le voler : sa bourse ne serait pas restée.
Sa main se porta au cor de guerre qui équipait tous les fantassins en charge des rondes. C'est quand ses doigts se refermèrent sur celui-ci qu'il se souvint des consignes que le Général avait personnellement donné à l'ensemble de la faction de Garde ; qu'elle fut de jour comme de nuit. Un sourire vilain tira ses traits tandis qu'il songeait d'avance à la suite. Il ne tira pas le cor de sa ceinture, mais ses doigts retirèrent le loquet qui fermait la petite cage. C'est silencieuse comme la nuit que la petite paire d'ailes blanches s'éleva vers les enceintes du Castel.
La colombe se hissa doucement devant chacun des postes qui avait toujours composé son parcours quotidien. Elle avait été dressée pour passer devant certains points précis ; bien que le chemin qu'elle avait à suivre ait été étudié pour qu'il ne révèle rien sur l'architecture et la géographie du premier Bastion Royal. Cela ne pouvait être, pour un oeil non averti et donc extérieur à la garde, que le vol paniqué d'une mère à la recherche d'un petit tombé du nid.
Le vieux Cerscastel la suivait du regard, depuis ses appartements. C'était une nuit où il ne parvenait pas à trouver le sommeil, sans savoir pourquoi. Le Chevalier avait cette impression qu'il se jouerait quelque chose de décisif dans les jours qui viendrait, et il craignait pour sa presque-fille. Pourtant... L'immense majorité des troupes étaient resté ici, comme elle l'avait ordonné, alors que le Rusadir était parti avec moins de cinq-cents hommes. Il n'y avait personne en Hyrule, à l'exception peut être du Gérudo, qui était capable de réunir autant de gens en armes que ne le pouvait le Castel-Real.
Il n'y avait, sommes toutes, aucune raison de se faire du mouron. Et pourtant, quand il vit l'animal passer au ras des tours, ses yeux se dirigèrent vers la sublime épée que Daphnès Nohansen Hyrule II, dit le Juste, son meilleur ami, avait fait forger pour lui. Une sabre dont la lame était presque droite, et au tranchant unique, mais ô combien mortel. Cette arme était sûrement la plus belle que le peuple Gérudo avait jamais réalisé, et l'enchantement que Kotake y avait posé avant la trahison du Seigneur du Malin était aussi vif et mordant qu'à l'origine.
Le vieil homme s'arrêta ensuite sur le domestique qui était affilié à sa chambre, et d'un geste du menton désigna son armure. Espoir Cerscastel savait pertinemment que ses hommes en ferait tout autant ; quoiqu'ils n'auraient pas besoin d'aide pour s'équiper aussi rapidement que lui.
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Allez, mon garçon, dépêche-toi un peu !" Grommela le vieux bretteur qui avait pris le Loup pour emblème. Ce même loup qu'il portait sur le heaume qu'on lui enfila. «
Mon épée. Apporte-moi mon épée. » Lâcha-t-il enfin, la voix rendue métallique par l'ossature et l'armature d'alliage qu'il portait. Le premier geste de Zelda à son égard, une fois arrivée sur le trône, avait été de lui offrir une armure de Roi. Entièrement protégé par celle que portait jadis Daphnès, il referma ses doigts gantés sur la hampe. Bien peu pourraient se vanter de le blesser, songea-t-il, alors qu'il quittait les lieux d'un pas belliqueux. Ses hommes l'attendait.
***
"
Mon capitaine ! Mon capitaine !" Riveren sauta les trois dernières marches qui menaient jusqu'au bureau de son supérieur. La lanière de cuir qui devrait maintenir son épée à sa ceinture lui martelait les doigts. Courir avec une lame au flanc était autrement plus ardu que de courir lame en main et il espérait que le bras droit du Général n'en tienne pas rigueur.
Le sous-officier se réceptionna remarquablement, et ouvrit la porte sans même demander la permission. Après tout, après la tentative d'assassinat menée sur son Altesse Royale, Zelda Nohansen Hyrule, il avait été admis dans tous les régiments que le moindre doute se devait d'être traité aussi consciencieusement qu'un cas de force majeure. «
Mon capitaine ! — » Lança à nouveau le blond, essoufflé. «
Tu n'es pas rasé, Riveren. » Lâcha sèchement Ascelin Holon, premier Capitaine de Llanistar. Il n'avait relevé les yeux qu'une demi seconde, avant de les rabattre sur sa plume qui grattait à nouveau le papier. Il avait promis à une demoiselle de lui écrire régulièrement et...
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Mon capitaine, une colombe a été lâchée !" L'officier releva la tête en silence, et darda un instant son subalterne. Sans mot dire, il plia la lettre et la rangea dans un des tiroirs, avant de récupérer une dague qu'il accrocha à sa ceinture. «
Fais préparer des troupes. » Commença-t-il, en se saisissant de mailles et de plaques légères. Du cuir bouilli, renforcé par un peu d'acier. «
Je veux des fantassins, mais surtout des lanciers et des piquiers. Prévoit aussi des arbalétriers. Je suppose que le Seigneur Cerscastel aura déjà fait monter des hommes pour garder les appartements royaux, néanmoins fait envoyer des renforts. Il ne doit rien arriver à son Altesse. »
Son regard était dur, et Riveren ne put s'empêcher de baiser les yeux, contemplant ses bottes. «
Bien mon capitaine. » Souffla-t-il, légèrement tendu. «
Et revêt correctement l'uniforme. Tu es en service, soldat. » Conclut l'officier avant de quitter la pièce, en armure épée et dague aux flancs, hallebarde en main.
***
Le Chat n'avait eu aucun besoin de voir l'oiseau pour savoir que deux souris avaient su se faufiler dans la tanière de son maitre. Il fallait être aveugle pour ne pas voir cette jeune fille balancer ses hanches de gauche à droite pour charmer les plus stupides de la garde. Selina siffla entre ses dents, pleine de mépris à l'égard de Celle-qui-aurait-pu-être-de-son-peuple. Sans doute le sang de Kokiri qui la poussait à être aussi vulgaire. Elle siffla aussi de dédain en repensant à l'idiot qui l'avait laissée passer. Ces Hyliens étaient tous les même.
La Sheikah montait dorénavant vers l'unique endroit où elle était susceptible de trouver celle pour qui elle avait offert sa vie, des années plus tôt. Leurs amis communs avaient fait un travail considérable. Les Sheikahs savaient tous que partir en guerre sans connaitre son ennemi était au moins aussi mortel qu'un carreau ou qu'une épée. Ils avaient comptés le nombre de morts : jusqu'à présent deux, leurs grades — un garde tout ce qu'il y a de plus lambda, fiancé et bientôt marié ; et un capitaine, récemment promu. Ils s'étaient aussi attardés sur les deux intrus. Un mâle et une femelle. L'homme plus grand que la femme ; peu armés. Pas d'arme de tir ; a priori. Et pour terminer finement, au vu du trousseau de clef manquant, une de ses meilleurs éléments, Elea, avait eu la brillante idée de se renseigner sur les détenus du Castel. Entre quinze et vingt prisonniers dormaient paisiblement dans les geôles de la Princesse. Selina avait été surprise d'en voir si peux : sans doute la Dernière Hyrule était trop clémente et les relâchait aussi vite qu'ils étaient jugés. S'ils venaient à être libérés, ils ne constitueraient qu'une faible menace. Pas bien robustes, après un séjour sous terre, sans protections ni armes, les soldats de l'armée régulière auraient tôt fait de les maitriser. Mais elle doutait qu'ils les tuent, et c'était bien là le problème.
Enfin ; elle arriva en haut de la tour. Près des créneaux elle rejoignit celle qui disposait de sa vie. «
Dame Impa. » Lâcha-t-elle, en s'agenouillant pour s'annoncer. «
Deux intrus ont pénétré l'enceinte du Château, en séduisant un garde. Nous l'avons laissé en vie, malgré le vouloir de nombre d'entre nous. Nous avons pensé que vous souhaiteriez que la justice soit rendue en toute légalité, et non dans l'ombre. » La jeune femme contenait sa rage, puis réalisa qu'elle divaguait. «
Excusez moi, ma Dame. Ca n'est là pas une façon de faire un rapport. Les deux intrus, un homme et une femme, ont tués un soldat et un officier récemment promu. Ils se sont emparés des clefs du capitaines. D'après Halthlin, ils sont peu armés et ne sont apparemment pas capable de tuer à distance. De toute évidence, ils viennent pour sa Majesté. » Elle fit une courte pause, n'ignorant pas à quel point Impa était attachée à la Princesse, mais sans pouvoir partager cet affect. Vraisemblablement une jalousie qu'elle ne parviendrait jamais à avouer. «
Une colombe a été lâchée, et le vieux Chevalier l'a vue. Ses hommes sont en formation. Holon est aussi au courant. Ceci semble peut être exubérant pour deux hommes seulement, néanmoins il semblerait qu'ils soient plutôt doués. Et puis... Un certain nombre de prisonniers sont encore présent dans nos cellules. S'ils ne représentent pas une menace quelconque, ils pourraient nous gêner. »
Selina osa glisser un regard vers sa maitresse. Celle-ci semblait aussi immobile qu'une statue, et le Chat préféra baisser à nouveau les yeux. S'il fallait essuyer la colère d'Impa parce qu'ils avaient laissé entrer ces deux étrangers, elle préférait ne pas avoir à affronter les yeux du Sage de l'Ombre.
[Précision HRP : si l'ensemble des PnJs jouissent du statut standard, trois d'entre ceux qui sont présentés dans ce post ne peuvent pas être tués de l'initiative d'un joueur.— il faut que leurs morts soient mentionnés dans un post semblable à celui-ci —
Il s'agit donc des trois PnJs majeurs : Cerscastel, Holon et Selina. Tout cela ne signifie pas qu'ils sont immortels, simplement qu'ils doivent être tués de la même façon que l'on tue un véritable joueur (ce qui sous entend aussi que les joueurs ne sont pas autorisés à les faire réagir, et ceux qu'ils soient du côté de Zelda ou d'Astre et Lenneth). Merci d'avance !]
... Alea Jacta Est ...
Deux dés à deux faces (D2) seront utilisés pour clarifier deux points du RP laissés au hasard. Le premier Dé concernera directement l'expédition montée par Lenneth au Vif Argent et Astre, dit le Chevalier Noir tandis que le deuxième influencera en premier lieu Elordrel, puis, plus tardivement la Garde (exception faite des Sheikahs menés par Impa).
Dans un premier temps, il sera question de la possibilité à l'expédition montée contre la Princesse à voir la colombe lancée par Elordrel. Puis, le hasard décidera de mettre, ou non, le cadavre du capitaine assassiné par Astre sur la route d'Elordrel.
D2 : La colombe
Si le résultat est 1 :
Astre et/où Lenneth peuvent voir la colombe (à l'appréciation des joueurs). A partir de là, ils sont susceptibles d'agir comme bon leur semble.
Si le résultat est 2 :
Ni le Vif Argent, ni le Chevalier Noir ne distinguent la colombe qui vole dans les cieux. Cela étant, ce résultat ne provoque pas plus d'obstacle que les autres possibilités.
D2 : Elordrel
Si le résultat est 1 :
Elordrel continue sa ronde, méfiant. Prêt à donner l'alerte de façon plus explicite, il se décide néanmoins à quitter son poste pour progresser au sein du Château et tombe malencontreusement sur le cadavre fraichement laissé par Astre et Lenneth. Paniqué, il suit tout un dédale de couloirs et de passages jusqu'à arriver jusqu'à une réserve de colombes laissée ici dans le cas d'une attaque surprise. Malheureusement pour lui, à peine a-t-il lâché un second oiseau que déboulent les deux assassins. Il est armé d'une lance légère ainsi que d'une épée de qualité moyenne qu'il est possible de récupérer s'il est tué.
Si le résultat est 2 ou plus :
Elordrel continue sa ronde méfiant, sans cependant quitter son poste. Il suppose que son premier message a été compris et ne fait pas plus de vague que nécessaire.
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