De stratège et d'espion

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Abel Del Naja


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Les murs du château entiers tremblaient et les commérages couraient. En effet, on murmurait la résidence plus régulière d’un nouveau noble entre ces mêmes murs, et pas n’importe lequel. Le "Grand" Del Naja, tel qu’il s’appelait lui-même dans les conversations mondaines, avait annoncé -lors de son retour à la cité- qu’il souhaitait s’imposer parmi la Cour.

Si seulement cette bande de lèche-couronnes savaient.

Tous avaient beau le dévisager, cancaner sur son passage, ou tenter de soudoyer la moindre information de sa part, jamais ils ne pourraient saisir la moindre parcelle de son nouveau jeu de dupe. Il lui fallait tout de même rester prudent : si les conversations à son sujet remontaient un peu trop souvent jusqu’aux têtes en charge du Royaume, alors il pourrait dire adieu au nouveau rôle d’espion que Ganondorf lui avait donné.
Abel s’était rarement trouvé aussi beau et heureux. S’il avait rampé quelques jours plus tôt à la forteresse Gérudo pour plaider des terres à Ganondorf, il n’en était pas reparti qu’avec son seul gain de cause, mais avec bien plus. Beaucoup plus. Abel était plus gonflé d’orgueil que jamais, seulement sur ce point aussi, il lui fallait être discret sur le "pourquoi".

Cette assurance quasi-démesurée, due à un pouvoir secret offert par son vrai seigneur, et à toutes les terres qu’il avait acquises dans le royaume, lui permettaient d’être aussi désobligeant qu’il le souhaitait. Ce jour-là, c’était une servante un peu naïve et lente qui en faisait les frais.


-Ce vin est âcre, allez m’en chercher un autre, lui crachait Abel avec un superbe mépris. Oh, regardez comme vous êtes voutée, tenez-vous mieux ! Et changez de chaussures, les vôtres sont immondes.

Sans oublier de lui adresser un sourire à pleines dents, le noble Del Naja déversa la coupe de vin sur les souliers de la pauvre servante. Rouge de honte, elle repartit tête baissée en délaissant le noble blond avec la compagnie d’un petit bourgeois de la Cité, dans une galerie qui bordait les jardins intérieurs du château. Une mise au point s’imposait avec ce jeune freluquet depuis qu’il revendiquait la parcelle d’une terre achetée par Abel. Il avait une tête de rat défigurée par un poireau sur l'aile droite de son nez.

-Cher nobliau dont j’ai déjà oublié le nom, vous devriez économiser tous vos rubis rouges pour vous transformer la figure ! se gaussait Abel. J’ai eu ouïe dire que la sorcière de Cocorico faisait des miracles… Elle devrait utiliser ses propres potions sur elle, la malheureuse.

Désarmé devant l’odieux personnage qui dévorait sa répartie à chaque mot, le bourgeois ne parvenait plus à en placer une. Abel monopolisait la parole jusqu'au bout.


-Je vous déconseille de tenter la moindre procédure. Ces terres sont à moi depuis que j’ai usé de mon porte-rubis pour les avoir. Voulez-vous un procès ? La justice me donnera raison. Voulez-vous l’affrontement ? Je vous donnerai tort… peut-être à mort.


Le regard soudainement glacé d’Abel finit de paralyser le jeune bourgeois. Il savait que la plaisanterie était finie, mais il fut aussi -et heureusement- sauvé par le retour de la servante, qui porta au blond une nouvelle coupe de vin.


-Bien. Soyez plus rapide la prochaine fois.

Les yeux noirs du noble étaient comme une brûlure désagréable. Tout en buvant sa coupe de vin, il ne lâchait pas la servante des yeux. Il aimait écraser les esprits faibles, et c’était le plaisir qu’il comptait s’offrir, lorsqu’il reprit à l’adresse de son interlocuteur fortuné.

-Nom d’un dieu, est-ce que toutes les figures de ce château sont aussi déplaisantes à entendre et à regarder ? J’ai envie de me divertir, maintenant. N’aurait-t-on pas sous la main un bouffon, un barde ou un magicien ?


Laurent


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(vide)

Un soupir passa brièvement ses lèvres fines et pâles, contrastant avec son visage des plus rouges. La journée avait été, en soi, assez éprouvante. Déjà, il avait peu dormi, et avait dû se lever tôt pour endurer l’entraînement qu’Alma avait décidé de lui faire subir au petit matin. Elle le trouvait si frêle qu’elle s’était mis en tête de le remplumer… Et la « douceur » de la rousse n’était plus à prouver. Elle était de l’ordre de la légende : certains l’évoquaient, mais on n’en avait jamais eu la preuve vivante.

Puis était venu le temps de ses obligations professionnelles. Et depuis quelques jours, elles étaient intenses, tellement qu’il prenait à peine le temps de manger pour occuper ses journées sans perdre une seule seconde. Il détestait les pertes de temps, ces tergiversations inutiles qui causaient du tords, et retardaient les plans.

A la suite de quoi, ses quelques rendez-vous avec un certain homme violet accaparaient en grandes parties ses pensées. Il lui arrivait, dans des blancs, de se mettre à y songer, sans raison. De quoi le faire bouillir de pleins de sentiments tous très différents.

Et enfin, maintenant, il n’avait rien. Rien du tout. Juste le calme, la paix, la détente. Si ses devoirs étaient toujours les mêmes, au moins lui accordaient-ils une pause, un temps de répit qu’il comptait bien utiliser au mieux.

Le rouquin retira son chapeau, se permettant enfin de respirer l’air pur autour de lui. Il flânait çà et là, s’évitant les trop longs couloirs fermés. Il entendait bien des voix, mais peu importe, il ne cherchait pas la solitude, mais bien la douceur d’un instant sans vagues. Il capta un instant le regard figé d’une domestique. Elle semblait presque appeler à l’aide… A mieux y regarder, il pouvait comprendre facilement la situation. L’un des deux hommes présents s’amusait à la faire tourner en bourrique. Et vu l’état de l’un d’entre eux – par les Déesses, il avait l’air complètement translucide maintenant –, c’était sans doute celui arborant une crinière blonde qui était le petit joueur. Et, noble ou pas, Laurent ne comptait pas laisser faire. Il ne savait que trop bien le sentiment d’être rabaissé aussi facilement.

« - Excusez-moi… Est-ce que tout va bien ? »

Par ces simples mots, et tout en s’approchant, il savait bien sûr qu’il avait dit « adieu » au calme et à la tranquillité à laquelle il aspirait tant… !


Abel Del Naja


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Louées soient les déesses ! De l’amusement venait enfin d’arriver pour Abel, en la personne d’un garçonnet maigrichon à lunettes. Que leur voulait-il, celui-là ? Ne voyait-il pas que le Grand Del Naja se trouvait au cœur d’une importante conversation ? Il serait toutefois impoli, de la part du blond, de rejeter trop brutalement cet inconnu. Abel préférait faire durer son plaisir en toutes circonstances.

-Pourquoi irions-nous mal ? sourit Abel tout en plissant les yeux. C’est une belle journée d’automne, et nos affaires avec Messire ne pourraient mieux se dérouler !

Un regard particulièrement appuyé d’Abel suffit à faire taire le premier nobliau, et même à le faire s’en aller, défait et furieux. L’affaire n’en resterait probablement pas là, mais le noble étranger s’arrangerait très bientôt pour le faire taire… d’une façon ou d’une autre.
Le jeune arrivant se retrouva alors seul face au fauve Del Naja, qui s'attarda tout de même sur son agréable visage fin et ses beaux yeux verts. Au moins serait-il moins répugné à l'idée de parlementer avec lui qu'avec l'autre face de rongeur qui venait de fuir.


-A qui ai-je l’honneur ? De quelle maison venez-vous ? Ou plus simplement, que venez-vous faire ici qui puisse vous permettre d’interrompre mes affaires entre personnes aisées ?

La voix d’Abel coulait comme du miel pour mieux cacher les crocs acérés qu’il se préparait à planter dans la fierté du binoclard. Oh, ce qu’il pouvait aimer les distractions de la cour ! Ce qu’il pouvait aimer chatouiller les égos et détruire la fausse tranquillité de ses gens !

-Je me nomme Abel Del Naja, commença le blond avant que l’autre ait pu répondre.

Selon l’identité que le garçon lui livrerait, peut-être Abel s’intéresserait-il à lui. Peut-être assez pour avoir envie de lui tirer quelques informations.


Laurent


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Oh non. Voilà qu’il allait encore devoir supporter les caprices d’un petit nobliau arrogant au possible, pensant que sa seule aristocratie et son physique pour le moins intéressant suffirait lui faire valoir le respect digne d’un Dieu vivant. Qu’à cela ne tienne ! Laurent ne se laisserait certainement pas démonter par ce genre de comportement ! Surtout pas maintenant que son ego et sa confiance en soi était regonflée par sa récente promotion. Cette double idée suffit à le faire rougir d’une façon charmante – et honteuse, cela va de soi –.

« - Je me nomme Laurent Walder, Sire. »

Il s’inclina brièvement, puisqu’il ne fallait tout de même pas manquer de respect. Cependant, il ne savait trop comment continuer sa présentation. D’ailleurs, il comptait bien faire briller sa place pour faire ravaler son sourire hypocrite et réducteur à ce gentilhomme qui, pour l’instant, n’avait de noble que le rang, et sûrement pas le comportement.

« - Soldat de la Garde Royale, et conseiller stratégique… »

Cela lui sembla la meilleure façon de se mettre en valeur, quoiqu’il doutait fortement de la capacité de ce blond-là à se rendre à l’évidence que l’intelligence – si toutefois ils étaient dans un jeu de ce genre – était partagée et donnait des avantages aux deux camps. Il n’était pas « conseiller stratégique » pour rien, après tout ! Hm !

« - Il me semblait que l’atmosphère était tendue. Je ne voulais en aucun cas vous importuner, seulement m’assurer de la paix et du calme de ce lieu… Et que rien ne risquait d’irriter votre auguste personne. Sire. »

Peut-être « jouait-il » un peu trop, frôlant l’insolence même. Mais cela faisait partie de son caractère, à l’image de la magie qu’il contrôlait chaque jour un peu plus : imprévisible, toujours à même de s’échapper, de se laisser emporter. Tantôt calme, tantôt agité. Tout à fait comme le jeune rouquin, qui arborait un air toujours aussi froid, seulement troublé par les rougeurs sur ses joues, contrastant avec sa peau de porcelaine.


Abel Del Naja


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-Je me nomme Laurent Walder, Sire. Soldat de la Garde Royale, et conseiller stratégique…
-Oh, je vois, réagit Abel d’un ton dédaigneux.

Encore un de ces idiots qui entouraient l’armée et sa Couronne. Abel ne donna à ce Laurent Walder -quel nom étrange et pittoresque que ce freluquet portait là !- qu’un sourire mi-figue mi-raisin. Pourtant, si une petite réplique invisible de lui avait pu se percher sur son épaule, celle-ci aurait ri comme un beau diable. Qu’est-ce qu’un homme tel que celui-ci ou tels que tous les autres conseillers pouvaient faire contre quelqu’un d’aussi puissant et déterminé que Ganondorf ? En quoi pouvaient-ils être utiles à leur royaume ? Tout ce qu’ils faisaient se résumait à brasser de l’air en vain.


-Il me semblait que l’atmosphère était tendue,
reprit le stratège avec calme et distinction. Je ne voulais en aucun cas vous importuner, seulement m’assurer de la paix et du calme de ce lieu… Et que rien ne risquait d’irriter votre auguste personne. Sire.

N’était-ce pas une pique qu’Abel venait de recevoir ? Oh que si, c’en était une, le regard flamboyant de son interlocuteur ne le tromperait pas. Sire Walder souhaitait donc jouer ? Très bien, parfait, il suffisait de demander.

-N’ayez crainte, mon auguste personne ne saurait être irritée que par de malveillantes rumeurs ou de grossières impolitesses ! S’imposer dans la discussion d’autrui aurait pu en être une, mais puisque vous vous y êtes si bien pris dans votre approche, je ne me sens nullement importuné. Au contraire, cela m’amuse !


Avec les rayons du soleil, les dents claires du blond paraissaient rayonner davantage. Si on le connaissait bien, toutefois, il s’agissait plus d’une contraction carnassière que d’un sourire amical.

-Parlez-moi de vous ! s’exclama soudainement le noble. Depuis combien de temps êtes-vous soldat dans l’armée et stratège dans le château ? En quoi pouvez-vous être utile à un Royaume qui pourrait, finalement, se passer de gens tels que vous ? Je ne vous ferai pas de dessin concernant la situation problématique d’Hyrule face à l'Ennemi de l'Ouest, mais enfin, on doit parfois se décourager à fabriquer des stratégies qui ne fonctionnent visiblement pas.

Abel était plus que motivé à mordre l’ego de cet autre jeune homme. Et puis s’il pouvait lui livrer quelques informations au détour d’une phrase, cette conversation représenterait un contretemps utile.


Laurent


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« - N’ayez crainte, mon auguste personne ne saurait être irritée que par de malveillantes rumeurs ou de grossières impolitesses ! S’imposer dans la discussion d’autrui aurait pu en être une, mais puisque vous vous y êtes si bien pris dans votre approche, je ne me sens nullement importuné. Au contraire, cela m’amuse ! »

Son rougissement devint plus fort, allez savoir de quel sentiment il s’agissait. S’imposant sur son visage de porcelaine, il lui donnait des airs de poupée dont il aurait aimé se débarrasser pour avoir l’air au moins un peu plus imposant. Ce type-là était bien un noble de base à la langue acérée et aux gentillesses hypocrites. Pas de quoi le déstabiliser, il en avait vu d’autres, mais il ne comprenait toujours pas ces manières d’aristocrates, fausses et parfois exagérées à en donner des envies peu saines. En tant qu'enfant né dans la campagne la plus profonde, cette attitude détestable le dégoûtait, parfois, et le désolait, souvent.

« - Parlez-moi de vous ! Depuis combien de temps êtes-vous soldat dans l’armée et stratège dans le château ? En quoi pouvez-vous être utile à un Royaume qui pourrait, finalement, se passer de gens tels que vous ? Je ne vous ferai pas de dessin concernant la situation problématique d’Hyrule face à l'Ennemi de l'Ouest, mais enfin, on doit parfois se décourager à fabriquer des stratégies qui ne fonctionnent visiblement pas. »

Il garda en lui un violent soupir d’exaspération. S’il espérait pouvoir le blesser par ces mots, il se trompait lourdement. Il n’avait que faire d’avis de seigneurs qui n’étaient point sur le terrain pour constater leurs torts. Le rouquin, ignorant son visage coloré, remonta ses lunettes sur son nez, reprenant la parole d’un ton calme.

« - Cela fait deux ans que je sers le Royaume, et chaque jour, je suis témoin de son incroyable capacité à résister à l’envahisseur. Peut-être ne gagne-t-on pas toujours les batailles, mais l’important est de ne pas perdre la guerre, après tout. »

Ses iris de jade se posèrent soudainement dans celui bleuté du blond, son air froid et impassible ne bougeant pas un seul instant, auquel s’ajouta même un bref éclat de suspicion. Tant que son allure innocente ne s’imposait pas à son vis-à-vis, il ne risquait rien…

« - Vous ne semblez pas plus inquiet que cela. Pourtant, la plupart des gens de votre rang sont beaucoup plus craintif d’un jour voir la Royauté d’Hyrule tomber… »


Abel Del Naja


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-Cela fait deux ans que je sers le Royaume, et chaque jour, je suis témoin de son incroyable capacité à résister à l’envahisseur. Peut-être ne gagne-t-on pas toujours les batailles, mais l’important est de ne pas perdre la guerre, après tout.
-Mentalité de perdant !
cracha le noble Del Naja. Ce n’est pas en pensant ainsi que vous réussirez à gagner la dite guerre. Il vous faut être d’un tempérament plus conquérant, Sire Walder.

Les deux hommes se fixèrent dans les yeux pendant quelques secondes, stoïques.


-Vous ne semblez pas plus inquiet que cela, remarqua soudain Laurent. Pourtant, la plupart des gens de votre rang sont beaucoup plus craintifs d’un jour voir la Royauté d’Hyrule tomber…
-Je ne crains pas une telle situation. L’Ennemi n’est pas nécessairement plus talentueux que les hommes de notre Couronne, sinon il siègerait déjà dans ce château. Je crois que cette guerre est mal gérée des deux côtés.


Face au danger d’être la cible de trop grandes suspicions, Abel préférait jouer le nobliau cynique, et léger jusqu’au bout de ses réflexions. Il devait laisser penser qu’il sous-estimait la gravité du conflit, et qu’il ne le comprenait pas entièrement. C’était le cas de plusieurs des nobles fréquentant ce castel, et pas les plus futés.

-Où pensez-vous qu’il viendra la prochaine fois ? Vous devriez sécuriser un peu plus les terres paysannes du royaume, puisqu’il risque de les mettre à feu et à sang. Ce serait une étape suivante très logique si on se mettait dans la tête de l’Ennemi, non ?

En plus d’essayer de soutirer de nouvelles informations, il fallait qu’Abel induise des idées erronées dans la tête des soutiens stratégiques de la Couronne. Tout cela en se faisant passer pour quelqu’un qui ignorait tout des Arts de la Guerre.


Laurent


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Le rouquin n’avait pas cillé face aux « accusations » du blond. Mentalité de perdant, qu’il disait ? Peu importe, lui savait exactement la voie qu’il devait prendre, et la justesse de celle qu’il avait choisie. Pas besoin des avis de noblaillons dans son genre, loin de là, même.

La suite du discours ne lui sembla pas plus glorieuse. Il ne le croyait qu’à moitié. Les riches avaient tendance, certes, à prendre à la légère ce conflit qui malmenait pourtant le pays depuis des lustres, mais malgré tout, ils n’en restaient pas moins que des aristocrates usant de leurs noms et sans doute leur argent pour s’assurer la sécurité, craignant l’arrivée du Seigneur du Désert même sans le montrer.

« - Où pensez-vous qu’il viendra la prochaine fois ? Vous devriez sécuriser un peu plus les terres paysannes du royaume, puisqu’il risque de les mettre à feu et à sang. Ce serait une étape suivante très logique si on se mettait dans la tête de l’Ennemi, non ? »

Cette fois, le jeune homme s’assit en face de son vis-à-vis, de plus en plus suspicieux. Voilà qu’il s’intéressait aux plans, maintenant ? Pourtant, s’il s’en moquait à ce point, à quoi cela lui servirait-il ? Que cherchait-il, enfin ? … Il le mettait si mal à l’aise que son rougissement ne put être plus vif.

« - Comprenez que je ne peux vous donner de quelconques détails, Sire. Je ne suis pas autorisé à parler de cela à n’importe qui. »

Il remonta ses lunettes sur son nez, prenant un air presque arrogant, mais tout à fait normal pour lui.

« - Ne vous inquiétez pas, nous savons parfaitement quoi faire stratégiquement. De plus, je doute que vos conseils soient d’une grande utilité. Vous ne semblez pas être des plus… Habitués. »

Bref, encore un noble qui la ramenait sans savoir, à ses yeux.


Abel Del Naja


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Abel resplendissait davantage à mesure que le stratège Walder rougissait, et s’efforçait de contenir sa colère. Il se demandait jusqu’à quel point cette belle peau pourrait devenir rouge, à dire vrai, et avait presque envie de le tester.

-Comprenez que je ne peux vous donner de quelconques détails, Sire. Je ne suis pas autorisé à parler de cela à n’importe qui.
-Oh mais j’en conviens, mon bon petit !
approuva le noble blond d’une voix mielleuse. Je souhaitais juste apporter mon avis aux personnes qui pourraient encore débuter.
-Ne vous inquiétez pas, nous savons parfaitement quoi faire stratégiquement. De plus, je doute que vos conseils soient d’une grande utilité. Vous ne semblez pas être des plus… Habitués.

-Han !

Abel éclata de rire. Le noble étranger se moquait ouvertement du stratège, cette fois. Nullement vexé par la tentative de pique balancée par quelque mirliflore encore trop peu habitué des affres de la Cour, le Grand Del Naja lui balança son pire sourire hypocrite.


-Veuillez excuser l’amateur que je suis, jeune Sire ! J’ignorais que votre intelligence s’élevait à un tel niveau, et je ne l’avais point discernée en vous jusqu’à présent. Moi, Abel Del Naja, désire simplement faire preuve de bonne volonté à l’égard de notre Reine et de ses sujets, aussi braves soient-ils.

Chez Abel, le mot "brave" équivalait à un crachat. En tous les cas, il voyait bien qu’il ne pourrait rien tirer de ce Sire Walder, et qu’il lui faudrait soutirer des informations de la bouche de quelqu’un d’autre. A moins qu’il n’utilise son arme secrète à ce dessein, et dans ce cas-ci, il n’aurait plus besoin d’essayer quoique ce soit via des conversations aussi futiles qu’inintéressantes… Oui, il valait mieux pour lui qu’il agisse comme cela. Qu’il se fonde publiquement dans la masse, et qu’il rôde secrètement dans les murs.
Laurent Walder perdit soudain tout attrait aux yeux d’Abel, mais il fit en sorte que cela ne se ressente pas. En fait, il fit en sorte que Laurent n’ait jamais senti le moindre intérêt d’Abel envers lui.


-Voudrez-vous bien encore me pardonner, mais je n’ai pas tout mon temps à perdre et il va être temps de nous séparer, Sire Walder. Avoir fait votre connaissance me remplit d’aise et de joie ; je serai absolument ra-vi de recroiser votre chemin !

Si seulement Abel pouvait se permettre d’égorger ce genre d’enquiquineur dans leur sommeil, sans déclencher une enquête à travers tout le château…


Laurent


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« - Minute, vous. »

Il restait à sa place, son regard maintenant plongé sur un point dans le vide, au loin. Sa main vint machinalement retirer son chapeau pour laisser voir son visage, ignorant ses couleurs, puisque de toute façon, il ne pouvait pas continuer comme cela. Ses billes de jade vinrent finalement accrocher celles bleues de son vis-à-vis, son air froid parant sa douce figure avec une certaine délicatesse qu’on ne lui connaissait pas. Il ne se cacherait plus sous le bord de son couvre-chef pour cette fois. Il fallait en imposer un peu.

« - Vos sérénades d’aristocrate feignant l’indifférence ne fonctionnent pas avec moi. Les nobles « normaux » ne s’intéressent pas à ce genre de choses. Si vous étiez si insensible que cela, jamais vous n’auriez songé à faire une quelconque proposition, surtout aussi précise que la vôtre. Vous seriez parti bien avant, et pas juste maintenant, alors que je viens de vous refuser les informations que vous demandiez. »

Lentement, il se releva, se rapprochant afin de n’être plus loin du noble. Peut-être était-il paranoïaque à chercher le complot partout. Peut-être que sa récente promotion lui mettait les nerfs à vif et qu’il voyait des serviteurs du mal à chaque couloir. Et peut-être encore se mettait-il terriblement en danger en affrontant ainsi un homme tel qu’Abel Del Naja. Mais il fallait bien…

« - Je proviens peut-être de la plus basse caste, mais cela m’a permis de discerner le vrai du faux, et vos fanfaronnades ne me touchent guère. »

… On n’était jamais trop prudent.


Abel Del Naja


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-Minute, vous.
-…Oui ?

La voix d’Abel venait de se faire traînante, et il ne manqua pas de laisser tomber sur Laurent un regard dénué de tout intérêt. Le stratège, en revanche, semblait énervé par la tournure de plus en plus amère que prenait ce semblant de conversation.

-Vos sérénades d’aristocrate feignant l’indifférence ne fonctionnent pas avec moi. Les nobles « normaux » ne s’intéressent pas à ce genre de choses. Si vous étiez si insensible que cela, jamais vous n’auriez songé à faire une quelconque proposition, surtout aussi précise que la vôtre. Vous seriez parti bien avant, et pas juste maintenant, alors que je viens de vous refuser les informations que vous demandiez. Je proviens peut-être de la plus basse caste, mais cela m’a permis de discerner le vrai du faux, et vos fanfaronnades ne me touchent guère.
-Oh la laaa… C’que vous êtes coincé du derrière et encrotté des yeux !

Première réplique destinée à mettre une barrière, un bouclier, entre l’espion et le soldat. Il allait cependant falloir au premier qu’il livre une argumentation impeccable et rapide.

-Détrompez-vous, ceux que vous appelez « nobles normaux » -qu’est-ce donc que cela d’ailleurs, rustre ?!- s’intéressent fort bien à ce genre de choses. Ils vous font juste croire le contraire, parce qu’ils n’y connaissent rien. L’intelligence n’est pas la première de leur qualité, les pauvres. Abel eut un petit rire, puis il poursuivit d’une voix soudainement beaucoup plus ferme et glaciale. Je ne me cacherai pas derrière ce faux-semblant stupide, car je veux aider le Royaume qui m’a si bien accueilli, mais je suis fatigué de voir une bande d’incapables tenter de le sauver. Vous ne voulez pas des conseils des rares aristocrates qui ont reçu l’enseignement militaire ? Tant pis pour vous ! Je ne me sens néanmoins pas assez vexé pour perdre ma bonne humeur.

A nouveau, le noble Del Naja décocha un sourire à Laurent qui en aurait fait pâlir de jalousie un certain vendeur de masques. Il jouait, en fait, celui qui masquait la vexation par le ravissement forcé. Mieux valait passer pour mauvais acteur que pour un traître à la Couronne.

-Une bonne humeur dont les gens comme vous, et dont la plupart des habitants de ce château auraient besoin, si vous voulez mon avis. Je sais que vous n’êtes tous pas aussi plaisants et riches que certains, mais tout de même, cessez de tirer ce genre de tête -oui, la vôtre !-, vous n’êtes pas des monstres ! Le Royaume n’est pas encore tombé ! Profitons des bouffons tant qu’ils sont encore là !

Les yeux bleus d’Abel s’attardèrent passablement sur le chapeau de Laurent, comme pour lui demander de faire un tour de magie avec.

-Puis-je partir prendre du bon temps ailleurs, maintenant ? nargua le noble.


Laurent


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Il écouta patiemment le blond et ses arguments, rougissant de plus belle. Peut-être qu’il y avait en effet été un peu fort… A voir le mal partout, il commençait à réagir d’une façon totalement opposée à la sienne. C’était l’anxiété des derniers jours qui le rendaient aussi aimable qu’un Goron en grève de la faim depuis quatre jours. Mais il voulait tellement bien faire qu’il commençait même à croire que la vieille dame avec son chien de la Place du Marché était un suppôt du Malin… Il fallait peut-être se calmer un peu.

« - … Bien sûr. »

Il se leva, reprenant son chapeau pour s’incliner devant l’aristocrate, avec tout le respect qu’il pouvait.

« - … Veuillez m’excuser. Je ne voulais pas… Vous offenser. »

Enfin, peut-être un peu… Mais il n’aurait jamais pensé aller si loin. Peut-être qu’Alma devrait encore l’aider un peu plus pour ses petites… « Crises ». Son tempérament de feu se manifestait de bien des façons… Et à des moments vraiment mauvais. Pour tout le monde.


[Je te laisse conclure, je pense ? =3]


Abel Del Naja


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Le stratège l’avait religieusement écouté jusqu’au bout de son argumentation, mais attendre sa réponse fut le plus grand moment de suspense qu’Abel vécut depuis son entrevue face à Ganondorf.

-…Bien sûr. Veuillez m’excuser. Je ne voulais pas… Vous offenser.

Et en plus ce beau benêt lui accordait l’ultime déférence de baisser son chapeau ! Abel fit tout son possible pour contenir son soulagement derrière un sourire sucré – bien que ses yeux prennent la forme de petites fentes.

-Vous êtes tout pardonné, l’ami. Je comprends votre méfiance et celle-ci me rassure ; nous ne sommes jamais trop prudents, n’est-ce pas ?!

Abel ne pouvait s’empêcher de conserver cette voix narquoise qui énervait tant. Il n’y pouvait rien, s’il mourrait d’envie de faire bouffer son chapeau à ce nabot binoclard ! Il fallait bien que cela transparaisse un peu dans son comportement.

-Veuillez m’excuser à mon tour, conclut Abel en levant néanmoins le nez, plus hautain que jamais envers Laurent, mais j'ai à faire des choses propres aux gens de mon rang. A la revoyure !

Et le noble blond, sur un dernier regard torve, se sépara du stratège.
Abel ne manqua pas de recroiser quelques couloirs plus loin, malheureusement pour elle, la pauvre bonne qui avait valu au dit stratège de venir lui chercher des noises. Del Naja l’attrapa fermement par le poignet, malgré sa tentative de passer le plus vite possible en baissant les yeux.


-Nous nous retrouvons, boniche ! l’agressa Abel comme s’il était prêt à mordre. Alors, cela fait quoi d’être secourue par un godelureau en manque de virilité ? Cela vous-a-t-il plu ? Moi, j’ai perdu de précieuses minutes ainsi que ma noble salive ! Je devrais vous forcer au repentir, et plus que de vous faire me servir, vous habiller en bouffon ! Je m’ennuie tant, si vous saviez !

Une drôle d’image traversa l’esprit d’Abel ; il imagina soudain la bonne en guenilles, lançant des œufs pourris sur le petit minois de Laurent Walder. Un minois sur lequel les délicates mains d’Abel sonneraient agréablement, le blond en était sûr. Le stratège de Zelda n’avait pas du tout plu à l’espion de Ganondorf.

-Oubliez ce que je viens de dire. Apportez-moi simplement une autre coupe de vin. Et vite !

Abel relâcha le poignet de la bonne qui s’éloigna presque en courant. Il était devenu songeur, tout à coup. Sa discussion avec Laurent Walder s’était certes révélée des plus insipides, mais elle venait de lui enseigner quelque chose d’important : il ne pourrait tirer aucun renseignement concret par les bruits de couloirs, ou les confidences lâchées au coin d’une phrase telles de vulgaires potins. S’il souhaitait être un espion efficace, il allait devoir user du pouvoir prêté par Ganondorf…

Au moment où Abel parvint à cette conclusion, la bonne revint avec une coupe de vin, et un autre nobliau d’une demi-douzaine de décennies parut au détour du couloir. Abel eut instantanément envie de lui faire avaler ses joyaux – et pas ceux que l’on voyait sur ses doigts desséchés. Mais que ne ferait-il pas pour entretenir son image publique dans ce panier à crabes que l’on appelait cour royale ?

-Oh, mon cher baron ! Comment allez-vous ?!


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