Les riches sont faits pour s'enrichir

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Abel Del Naja


Inventaire

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(vide)

Cela faisait quelques jours que le village parlait de lui. Un prétendu nobliaux venu d’ailleurs, qui se targuait de pouvoir acheter d’un claquement de doigt toutes les propriétés qu’il désirerait. Un sale arrogant élevé avec une cuillère en argent dans la bouche, qui ignorait tout des souffrances endurées par le petit peuple.

Abel se gaussait de cette description. Les forts mangeaient les faibles et la Nature fonctionnait comme telle. Tous ces paysans devraient intégrer cette règle.


C’était par une belle journée ensoleillée dans le Bourg d’Hyrule.

Le pas décidé et la démarche élégante, Abel fendait la foule qui flânait joyeusement dans la capitale hylienne. Les regards s’attardaient sur lui. Le pantalon bouffant et la chemise de flanelle n’étaient pas ce qui se faisait de plus discret en matière d’habits, mais surtout, il arborait un sourire carnassier qui aurait interpellé le plus désabusé des vieillards assis sur les bancs du bourg. Et sa longue chevelure blonde comme le blé cascadant sur son large dos, brillant au soleil, s’attribuait bien des commentaires jalousés chez les ménagères qui le virent passer.

Les gens s’écartèrent naturellement devant Abel, jusqu’à ce que deux enfants se mettent sur son chemin. Son pied gauche faillit s’enfoncer dans les fesses de l’un, et son pied droit écraser la petite gueule rosie de l’autre, mais il n’en fit heureusement rien. Se faire remarquer était bien inutile aujourd’hui.

-Dégagez, marmaille !

Les deux mioches le laissèrent passer d’un air penaud.
Un instant plus tard, une main agrippa son épaule pour le faire se retourner.


-Et qui êtes-vous pour parler ainsi à mes garçons ?
demanda un homme d’un certain âge, le visage bouffé par une barbe mal taillée.
-Abel Del Naja, répondit celui-ci la voix pleine d’orgueil.

Une lueur s’alluma dans les yeux noirs du barbu.


-Vous êtes ce type qui désire racheter les terres de mes voisins…

-Habitons-nous le même village ? fit soudain Abel. Maintenant que vous le dîtes, je crois vous connaître moi aussi…
-Trop d’honneur, rétorqua le paysan d’un ton bourru. Vous savez que les gens du village commencent à protester ? Ils ne veulent pas qu’on rachète leurs terres de la sorte, et surtout pas par un étranger.
-C’est pourtant la raison de mon voyage aujourd’hui. Je me rends au château pour convenir de tout cela avec un comptable de sa Majesté.
-La princesse ne serait pas d’accord…
-Foutaises, elle ne peut rien faire. Personne ne peut rien faire contre l’argent. C’est un pouvoir qui dépassera toujours ceux qui ne l’ont pas, et je vais m’enrichir davantage avec les terrains situés autour de votre village. Voyez-moi comme votre futur seigneur.
-Mais "mon seigneur", nos gens sont terriblement pauvres et-…
-C’est normal ! coupa sèchement Abel. Les pauvres c’est fait pour être très pauvres, et les riches, très riches !

Sur cette conclusion bien sentie, Abel tourna les talons et poursuivit sa route vers le château, un immense édifice qui dominait toute la cité du bourg d’Hyrule. La princesse Zelda vivait-elle vraiment dans une si somptueuse demeure ? Abel ne comprenait pas pourquoi la grogne des ruraux se dirigeait sur lui plutôt que sur elle.

Peu lui importait, il arrivait désormais aux portes de ce château. Le chemin de terre qui serpentait depuis le bourg l’amena vers un grand portail en pierre blanche, surveillée par plusieurs jeunes gardes à l’allure un peu raide.


-Vous ne pouvez passer sans autorisation, déclama aussitôt celui qui se trouvait devant.
-Même en ayant un rendez-vous important entre ces murs ? sourit Abel en désignant le château d'un signe de tête. Envoyez-moi quelqu’un qui puisse confirmer que je suis bien en condition d’entrer.

Le garde ne bougea pas.
Le sourire d’Abel se tordit en une grimace, et sa main trembla.


-Vite. Ou je vous bouffe sur place.