Deux lumières ... ??

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Eorah Vif-Argent


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(vide)

Elle passa l'arche du pont au moment pile ou le soleil touchait l'horizon. Un garde cria un avertissement. Le pont levis commença a se soulever.
La Sheikah resta la, a regarder ce spectacle, que pourtant elle connaissait par cœur. Quand le pont de bois claqua contre les remparts de la ville, elle quitta les lieux, prisonnière du Bourg pour la nuit.

Cependant Lenneth s'en fichait pas mal d’être coincée au village pour une fois. Dans d'autres circonstances, elle aurait éprouvé une sensation proche de la claustrophobie. Cette fois ci en revanche, c’était presque une impression de sécurité qui l'habita. Autrefois Lenneth aurais repoussé tout cela et aurais pris ses jambes a son cou, fuyant vers la foret, courant dans les bras de son métissage Kokiri.
Mais depuis son "trépas" c’était la Sheikah qui restait en surface. La métisse avait noyé son ascendance Kokiri, rejeté la part de l'Enfant de la Foret. Elle était devenue une Ombre. Une Lame, a la recherche de contrats juteux pour accomplir son but.

Mais ce soir, c'est pas la perspective de monnaie qui attire Celle-a-la-chevelure-argentée. Non ce soir, Lenneth viens demander conseil.
Alors que la luminosité diminue, que les veilleurs de nuit allument les torches dans les ruelles et que les loups se mettent a hurler au dehors, Vif-Argent parcourt les rues. C'est son géniteur qui lui avait un jour conseillé cette personne. A la pensée de Syphille elle eu un pincement au cœur. Qu’était il arrivé a l’âme du Kokiri quand Lokis-le-démon avait pris le dessus?

Elle rumina encore ses sombres pensées, tout en sachant que toutes ces morts étaient programmées et nécessaires, alors qu'elle arrivait a destination.
La Seikah leva les yeux et contempla la bâtisse. Tout ici dénotait le métier de celle qui y vivait. Une guérisseuse.

Elle leva le poing et frappa ....


Ses grosses paluches manquèrent de peu le lapin malin qui courrait désormais entre le peu de mobilier qu'elle avait pu accumuler depuis des années. « Créfieu ! Rongeur à deux rubis ! Touches à une seule de les tomates et je te jure que je ne te ferais pas que la peau ! » Hurla-t-elle, verte de rage, tapant le sol de son balai avec une vigueur insoupçonnée. Quoiqu'un de ces foutus Dragmire un autre de ces foutus Ânes Perdus avaient eu la malchance de gouter aux fagots qu'elle avait fixés au bout de la large branche de bois. Certains l'appelaient « Mère-Sorcière » depuis qu'ils savaient qu'elle fabriquait elle même ce genre d'outils. Et toujours, elle les avait pris pour des abrutis encore plus stupides que ces incapables de la Garde.

"Foutredieu, j't'en mettrais moi du lapin ! Tout doux et tout gentil qu'il est, mon lapin m'dame eul'Mire !" Beugla-t-elle de sa lourde et grasse voix masculine, effrayant plus encore le petit animal. Non de nom, sil elle croisait à nouveau le sodomite qui lui avait vendu la petite bête dans ces termes. La vérité était qu'elle s'était sentie seule. Diablement seule. Son vieux père le lui avait dit, à l'époque ou elle était hongreur : il était peut être temps, en effet, qu'elle commence à chercher un homme. Ils avaient beau être idiots, moches et mal intentionnés, au moins ne mangeaient-ils pas dans sa gamelle. Du moins... Elle l'espérait.

"Viens voir maman, trou du fion." Chantait-elle désormais, pour attirer l'animal qui s'était réfugié sous une commode contre le mur du fond. D'un geste de la main, et à la force du poignet, elle décala l'armoire d'un bon mètre et demi sur sa droite. C'est en se courbant pour récupérer son protégé qu'elle s'aperçut qu'elle l'avait tué par inadvertance. « Ah... » Souffla-t-elle, en regardant le rongeur à la nuque brisée par la collision avec un des pieds de la bonnetière. Ses seins dégoulinant comme autant de perle de gras ne sort d'une viande par trop juteuse frôlaient le sol sale et poussiéreux, quand son doigt vint agripper la patte arrière du petit mammifère. « Ben zut alors. C'pas costaud un lapin.[/b] » Lâcha-t-elle, déçue. Définitivement, ce marchand avait tout d'un escroc.

Sans se relever, le Mire soupesa la bête. A vu de nez, au moins une douzaine de livres. De quoi faire un chic ragoût, assurément ! Si son lapin ne lui avait apporté de la compagnie que pendant quelques jours, mais il lui fournirait son meilleur repas depuis le dernier chiot sauvage qu'elle avait dépecé, il y a de cela une quinzaine d'années. Elle l'attrapa entre le pouce et l'index et l'emmena jusque dans le cagibi qui faisait office d'atelier comme de cuisine chez elle. Sa voix chantonnait quelque air populaire — celui qui parlait d'une demoiselle séduite par un ours. Si les paroles la révulsait, il fallait reconnaitre que la mélodie restait en tête.

Elle tira la peau du dos, et d'un geste précis incisa la chair. Sans s'embarrasser, elle la fendit plus encore d'un second geste du couteau, puis y glissa les doigts pour mieux la dépiauter. La peau glissait révélant bientôt les muscles mis à nus. Ils étaient si lisses et fermes qu'elle s'en pourlécha d'avance les babines, rêvant du somptueux repas qu'elle ferait ce soir. Si elle avait eu des amis, sans doute les aurait-elle invités pour les narguer. Mais elle était seule. Le Charron qu'elle appréciait tant était mort et aucun de ses clients ne venait la voir quand ils allaient au mieux. Tous avaient femmes et époux, enfants et familles. Elle n'avait guère que son petit lapin.
« C'pas que j't'aimais pô, mon Jeannot, dit-elle une fois que la peau fut complètement tombée, en récupérant son couteau avant de retourner le fameux Jeannot, c'qu'eul'malheur d'zuns fait-y pas parfois eul'bonheur d'zautres. T'y dois m'comprendre, eul'Jeannot. T'm'étais cher mais t'm'servira autr'ment plus en ragoût qu'ailleurs. »

L'acier pénétra le ventre « comme p'pa rentre dans m'man », à entendre le petit Jacquou qui trainait parfois pas bien loin de sa fenêtre. Elle faisait le travail bien consciencieusement, et n'avait aucune envie de manger des viscères. Sans doute les laisserait-elle à l'entrée, pour le premier animal errant qui aurait le courage de passer. « T'étais un mignon p'tit lapinou, Jeannot. » Murmura-t-elle, en lui arrachant les boyaux, comme prise par un élan de culpabilité. « J'te ferais une stèle dans eul'cimetière pas loin. Pr'mis. » Et quand elle attrapa le hachoir pour tirer têtes et pattes loin de son repas à venir, elle prit le parti d'attendre un instant, dès fois que les soubresauts la prennent subitement. Autant ne pas y laisser un doigt, ça pourrait être handicapant. Mais pas une larme ne roula contre ses joues. Elle renifla avec violence. Elle n'avait jamais su pleurer, pas plus qu'elle n'avait rire ou sourire. On l'avait toujours prise pour une pierre à cause de ça. Comme si sa gueule était drapée d'un masque qui la rendait invisible aux yeux des autres. La tristesse n'en était pas moins là pour autant.

Le Mire se mit à siffler pour soulager sa peine. Elle ne laissa pas la tête rouler pour autant. C'était la moindre des choses à mettre, sous la stèle de Jeannot le lapin. Quand il ne resta plus que la chair blanche, elle jeta une pincée de sel dessus, pour le protéger des douceurs de la moisissure. Elle ne voulait pas que Jeannot se retrouve faisandé, un jour ou l'autre. Puis, elle regroupa les pattes et le crâne sur son plan de travail, les isolant du reste et les disposant de façon discrète mais respectueuse. Il serait toujours tant de les enterrer après qu'elle ai foutu les tripes dehors.

Chopant l'ensemble des viscères d'une pleine poigne désormais au moins aussi rouge qu'après un accouchement, elle se dirigea vers la petite porte et l'ouvrit brusquement, découvrant une gamine aux cheveux d'argent, la main encore en l'air. Sans même dissimuler ce qu'elle avait dans la main, elle toisa sa visiteuse inattendue, de haut en bas. L'enfant lui arrivait à peine au haut du ventre, un peu avant les courbes des seins.

"Quessqu'elle veut eul'a ptite damois'lle ?" Cracha-t-elle, presque hautaine.

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Eorah Vif-Argent


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(vide)

Lenneth sursauta quand la porte s’ouvrit avant même qu’elle eu frappé. Dans l’encadrement lui faisait face une femme gigantesque. La Sheikah laissa ses yeux glisser jusqu’aux poignets rouges de sang du Mirre, lesquels tenaient encore des viscères dégoutant encore de sang. Un frisson lui parcourut l’échine et l’espace d’une minute, la demoiselle aux cheveux d’argent fut sur le point de partir sans demander son reste.

Du revers de la main, Lenneth essuya les glaviots que la femme lui avait gentiment envoyés au visage, abaissant sa capuche, de la main droite et essuyant de la main gauche. Vraiment cette personne était à vous donner la chair de poule, a n’en pas douter. Pourtant c’est un accès de témérité qui la poussa à faire un pas en avant et de prononcer d’une petite voix :


« Je suis bien chez la Mirre ? »

Puis croisant et décroisant nerveusement les doigts, tout en les tordant, et en jetant des coups d’œil a gauche et a droite elle poussa la conversation plus en avant :


« J’aurais besoin d’un conseil, enfin d'aide plutôt, s’il vous plait. »


Ses yeux bleus scrutaient ceux de la guérisseuse :


« Je suis une magicienne d’Esprit, et j’ai sentit quelque chose, une présence … »


Lenneth s’interrompit.

« Vraiment Madame, j’aimerais mieux en parler en privé et non pas sur le bord de la route. »


Elle renifla bruyamment, et comme les dames ne devraient pas savoir faire. Ce genre de reniflement qui arrache une demi-moitié de la narine et finit par déformer si bien le visage que le nez se courbe méchamment. Des années, déjà que le sien, de nez, n'était plus droit. Elle n'avait de toute façon jamais été jolie, c'était un fait. Elle n'avait pas de beaux cheveux comme la petite devant elle, les siens étaient crépus et cassants. Elle n'avait pas non plus un visage aussi agréable et un regard aussi profond. Ses naseaux se soulevèrent à nouveau alors qu'elle ravalait un glaviot. Ses mamelles étaient aussi bien trop larges pour plaire aux hommes, du moins le croyait-elle. A moins que ça ne soit sa carrure de sanglier qui les éloignait d'elle. Alors que les seins de cette gamine semblaient bien plus ronds et bien plus fermes. Pourquoi avait-il fallu que Farore la rende plus moche que toutes les autres ? Ses hanches étaient aussi large que si elle avait quotidiennement accueilli Jabu Jabu entre les cuisses. « De quoi faire tenir une maison, pas vrai ? » Lui avait-on craché une fois. Alors que la demoiselle devant elle était fine sans trop l'être, juste ce qu'il fallait. Pourquoi ? Pourquoi ne pouvait-elle pas être jolie, elle aussi ? Ca lui aurait évité des brimades et des bousculades, gamine. Des coups de son vieux père aussi, quand il s'acharnait à lui trouver un parti et qu'elle ne parvenait pas à ressembler à autre chose qu'une pomme de terre boursouflée et comprimée dans sa robe par milles fois trop petite. Elle avait toujours été une honte, et avait toujours eu honte d'en être une. Combien de fois aurait-elle voulu un masque qui lui permette de pleurer sans qu'on ne la voit ? Il n'y avait que pour Jeannot et ses amis chevaux qu'elle avait un jour été plus intéressante qu'un caillou.


Elle comprenait les autres qui ne voulait pas d'elle, elle était moche après tout. Elle comprenait son père qui s'énervait, en bourgeois reconnu et qui cherchait à acheter un titre de noblesse par le mariage. Elle comprenait aussi tous les petits mots doux auxquels elle avait eu droit. La truie, la gueuse, la jolie-moche, le rondin, tout ça était vrai et justifié. Elle n'en avait pas moins pleuré. Mais c'était le passé, ça. Plus personne ne s'osait à l'appeler ainsi, car dorénavant tout le monde avait peur d'elle. Pas un seul de ces caïds des rues n'osait encore la frapper et en rire — le bistouri ou le balai les effrayaient bien assez. La Garde ne s'échinait même pas à discuter pour peu qu'elle poussât un peu la voix, et toutes ces blondes idiotes et drapées d'or ou d'argent ne s'approchait pas de sa masure.


Sauf quand ils avaient besoin d'elle. Là, tout changeait du tout au tout. Elle pouvait avoir un pif désaxé  des yeux de porc, des oreilles décollés et un sourcil unique ; des aisselles aussi poilues que son cul n'était blanc, des loches qui descendaient jusqu'à ras de terre, tout cela n'importait plus. L'ongle cassé de madame était si important qu'il fallait surmonter cette peur du roturier malchanceux et malmené par les canons de beauté. La salive remontait dans sa gorge tandis que son envie de cracher toute son aigreur au visage de cette gamine beaucoup trop jolie devenait de plus en plus irréversible.

"T'nez m'ça, m'dame la grandame." Souffla-t-elle, rauque, méchante. Ses doigts écrasèrent furieusement les viscères de Jeannot son ami lapin, et elle jeta consciencieusement la bouillie vers cette cliente dont elle ignorait tout. Pour un peu qu'elle ai des reflèxes, ses mamelons ne seraient pas tachés de sang et d'intestins aujourd'hui. « J'vais v'la chercher m'dame la sorcière de l'esprit d'amour chaipa quoi. » Cracha-t-elle, avant de lâcher son glaviot sur le pas de la porte. Elle se retourna et claqua la porte au nez de cette cliente, vraisemblablement grosse. Et elle n'avait besoin que de ses yeux et ses oreilles pour le comprendre. Pas question de magie là dedans.


La peste que ces gamines qui couchaient à treize ans ! Elle, à cet âge là, elle était encore en train de manger le sol à chaque fois qu'elle apportait une fleur à un garçon. Foutues Déesses et leur nature inégale. Que dirait-cette enfant, si elle savait que celle qui allait la faire accoucher – sûrement – n'avait jamais connu le moindre homme ? Elle s'avança jusque dans le fin fond de sa cuisine et chopa un tablier qu'elle s'enroula autour des hanches, avant d'essuyer ses mains sur le tissu autrefois blanc, sans la moindre précaution.

La porte s'ouvrit à nouveau sur Lenneth. Elle grogna.
« Entre. Et pis grouille toi, j'ai du ragoût au feu. »

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Eorah Vif-Argent


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(vide)

La guérisseuse était en colère, cela se voyait à quinze lieux à la ronde.


La giclée de sang et de tripes vola droit sur Lenneth qui, d’un pas de danse, acquis via l’épée d’Astre, l’évita. Les viscères allèrent se répandre sur les pavés boueux de la ruelle, où deux chien errant virent les laper tandis que dans le dos de la Sheikah, la porte en bois claquait a la volée, accompagnée d’une bordée d’injures.


La jeune femme baissa les épaules et le menton. Elle soupira et s’apprêta à s’en aller quand une forme immense et floue sortit de l’ombre.

« Faut pas lui en vouloir, chuchota une voix grondante, elle n’est pas méchante, juste seule. »

La personne, l’homme à en juger la voix se découvrit. Immense, comparé au mètre cinquante de Lenneth, un nez écrasé, des lèvres adipeuses et surtout une paire d’oreilles plus qu’énormes complétaient sa silhouette aussi large qu’un couple de tonnelets. La voix de cette homme était sourde, si basse, a cause d’un coup porté dans sa jeunesse et qui avait abimé ses cordes vocales. D’ailleurs une cicatrice blanchâtre ornait encore sa gorge.


L’homme portait un tablier blanc maculé de sang, plus ou moins récent. Un couteau ainsi qu’un aiguisoir ornaient sa ceinture et ses mains étaient encombrées d’une gerbe de fleurs.

Lenneth ne put s’empêcher de dévisager cet individu de pieds en cap. L’autre parut rougir sous l’examen et haussa les épaules en marmonnant : « Bah quoi ? J’avions p’us l’droit d’offrir des fleurs a une j’lie fille ? » en désignant la chaumine de la guérisseuse. Les yeux bleutés gardant encore les reflets rougeâtres acquis lors de cette nuit face à La Chose, s’agrandirent quand Lenneth compris : Le Mirre avait un soupirant ! Et visiblement le boucher d’en face.

C’est ce moment que la femme adipeuse choisit pour rouvrir sa porte, armée elle aussi d’un tablier a la propreté douteuse. Celle-ci lui aboya d’entrer et fissa. Pourtant c’est le boucher qui s’engouffra dans la bâtisse.

« Elmira, faut que j’t’e causions ! »


D’un air pataud, les joues toutes rouges il lui tendit son bouquet de fleurs et lui marmonna tout de go : « Marre de te voir tirer l’gueule tout les jours ! Veux point m’pouser ? »

Lenneth hésita alors à cet instant a entrer. Que ferait-elle, si « Elmira » rejetait son soupirant ? Mieux vaut ne pas croiser les lames affutées que conserve surement cette femme. Toutefois, la Sheikah ne put détacher ses yeux de cet étrange couple. Le boucher avait enlacé la guérisseuse et déjà sa main s’aventurait vers sous ses jupes. La Sheikh se détourna et ferma doucement la porte, avant de s’assoir sur les marches de la maison, en jugeant que si la femme se souviendrait d’elle, il est probable qu’elle l’appellerait à nouveau.





[Defit du soir : poster Aurélie la douce….
C'est fait]


Sa lourde main s'effondra sur l'épaule de l'hybride, à qui l'on souhaitait d'avoir les genoux bien vissés, au risque de s'enfoncer d'une dizaine de pouces, si pas plus, dans le sentier boueux qui menait à sa masure à l'apparence déplorable. Sans un mot ni un grognement, elle tira la gamine jusque derrière la massive porte qui lui servait d'entrée. D'un geste pas des plus commodes, elle balança cette cliente débarquée au mauvais moment – particulièrement – à l'intérieur.


Ses petits yeux aux airs porcins s'attardèrent sur le balourd qui faisait face à sa demeure-échoppe. Pour qui se prenait ce traine-ma-queue-partout-où-y'a-des-dames, par le foutre du Gérudo ? Nom d'un canasson ! Lui mettre la paluche sur la cuisse ? A elle ? Elle en avait éventré au bistouri pour moins que ça. Sortant tout à fait de l'embrasure de la porte, elle écarta aussi fort que possible les bras, de telle sorte à ce qu'on puisse penser qu'elle réclamait une étreinte. En réalité, elle était plus du genre à jouer de la cymbale  et bien vite elle gifla le pauvre homme sur les deux joues avec une folle véhémence.

"ET N'T'AVISE PAS D'TE REPOINTER LA MAIN EN BAS OU V'L'A-T'Y-PA QU'J'Y COUPE !" Hurla-t-elle férocement, en espérant que le pauvre homme s'en aille. Non pas qu'elle ne l'appréciait point – pas moins qu'un autre – mais il y avait une certaine forme d'égo et d'orgueil qui la poussait à refuser les avances de ce vieil ami ; qu'elle savait néanmoins au moins aussi désespéré qu'elle : il avait tenté d'épouser la moitié des demoiselles de la Citadelle, et parfois on entendait dire qu'il avait été jusqu'à faire sa demande à la Princesse Zelda lors d'une série de doléance. Evidemment, les rumeurs s'attardaient plus sur son passage à tabac par la garde que sur la romance inhérente et propre au récit, mais après tout ne remarquait-on pas sa gueule massacrée avant son coeur malade ? Si la Mire se décidait à prendre pour époux un homme un jour, elle savait qu'elle refuserait de partager son lit avec les miettes laissées par les autres. « Certainement-t-y pas c'genre de rasoir que j'm'en vais espousailler moi. » Confessa-t-elle presque pour elle même, se souvenant encore de la présence de l'autre demoiselle. Il fallait, en un sens, sauver l'honneur. Que la gamine ne la croit pas être une fille facile. Sans plus attendre, elle s'engouffra dans son humble domaine et ferma derrière elle.

"T'sais qu't'y peux t'assoir su'l tabouret là." Glissa la Mire, soudainement plus calme et autrement plus aimable. Son ton n'avait plus cette rancoeur qui alourdissait sa voix un peu plus tôt. Au contraire, elle avait presque l'air avenante. Mine de rien, et sans qu'elle daigne l'accepter, cette tentative du boucher avait su la chambouler. Au moins un peu.

Sans s'ennuyer avec la jeune femme, elle s'en retourna chercher les ossements de Jeannot, qu'elle cacha dans un baluchon de tissu carrelé rouge et blanc. Après avoir refermé le noeud sur la carcasse bien propre de son meilleur ami d'autrefois, elle la cacha au plus profond de son unique placard ; avant de se concentrer de nouveau sur les restes encore en train de bouillir. « Un bon p'tit ragoût, qu'ce s'ra mon Jeannot ! T'en veux t'y un peu, la jeune ? » Lâcha-t-elle à l'encontre de la Sheikah-Kokiri.

"Qu'est-ce qu'y t'amène, à la fin. Ca ?" Fit-elle ensuite, après s'être rapprochée deux assiettes de ragout à la main – dans le doute –, en pointant le ventre de la demoiselle. « T'y veux mettre à bas ou savoir qui c'est eul'popa ? »

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(vide)

[spoiler]Juste parce que j'en ai envie : [/spoiler]

Lenneth ne compris pas bien ce qui se passait. A peine deux minutes qu’elle était assise sur la pierre froide des marches de la Mirre. Et déjà le boucher passait a coté d’elle, tel un courant d’air, jeté à la rue par l’imposante femme. Laquelle tendis une énorme paluche et chopa la Sheikah pour la tirer dans son antre.

«
Ahhh ! » Lenneth ne put retenir le cri surprit quand son dos entra en collision avec le rebord de la table de bois qui occupait l’espace. Sonnée elle leva les yeux au moment ou la guérisseuse passait la porte pour souffleter le commerçant en braillant : « ET N'T'AVISE PAS D'TE REPOINTER LA MAIN EN BAS OU V'L'A-T'Y-PA QU'J'Y COUPE » Lenneth releva les yeux juste a temps pour voir la porte claquer sur le pauvre homme tout déconfit. Elle eu une grimace compatissante. Et de reporter son attention sur son hôtesse qui marmonna « Certainement-t-y pas c'genre de rasoir que j'm'en vais espousailler moi. »

Laquelle hôtesse sembla a ce moment précis se souvenir de sa présence et lui balança, presque joyeuse :"
T'sais qu't'y peux t'assoir su'l tabouret là. » Elle s’empressa aussitôt d’obéir et sage, se jucha sur le premier siège a portée. Mine de rien la femme avait l’air heureuse de la proposition, même si elle l’avait repoussée. Peut être si le boucher se butait, il pourrait en ressortir quelque chose de bien. Et de sincère. Elle se prit a prier pour que ce soit le cas, tout en demandant a ce que ca n’arrive pas.

Elle ruminait à présent de sombres idées au sujet des hommes. Se disant que de toutes façon ils ne savaient rien faire d’autre que de courir les filles et s’entre tuer, ou se suicider, ou disparaitre, ou abandonner leur épouse, ou battre les femmes a mort, trahir tout simplement, … Lenneth eu un hoquet-sanglot et se gronda elle-même. A quoi ca sert de toute façon de rabâcher ? Elle ne les ramènerait pas ces deux salauds, même si un seul lui suffisait. Ca n’apaiserait pas son cœur des tournes casaques qui l’avaient côtoyée jusqu’alors. Holowtimes qui draguait toutes les minettes et qui avait osé l’embrasser, Conan qui l'avait laissée en pâture aux Chevalier et qui est partit vivre son aventure. Fallavier et Darunia qui ont filé à l’anglaise, Roshu qui avait changé de bord pour devenir Rédempteur. Kuro qu’elle pensait être un ami et qui l’avait laissée souffrir.

«
Un bon p'tit ragoût, qu'ce s'ra mon Jeannot ! T'en veux t'y un peu, la jeune ? » Lenneth sursauta et darda ses yeux aux reflets ambigus rouge-bleu sur cette femme qui, juste avant la repoussait, et maintenant, lui offrait à manger. Et bien qu’elle eu la gorge toute serrée et l’estomac noué elle accepta l’assiette qui lui fut tendue « Merci »

«
Qu'est-ce qu'y t'amène, à la fin. Ça … T'y veux mettre à bas ou savoir qui c'est eul'popa ? » Elle secoua la tête, tristement. Et croisa les mains sur son ventre.
«
C’est surement le seul que j’aurais donc … J’aimerai le garder. »
Elle réfléchit sur les motivations qui l’avaient conduite ici. Syphille lui avait dit grand bien de cette femme, mais ce que la Sheikah en attendait … Pourrait elle le faire ? Lenneth se surprit a jauger du regard cette femme. Et en posant ses mains sur la table annonçât ses attentes :

«
Je veux le garder, mais j’ai à faire pour lui accorder une vie paisible. Je dois tuer des gens qui n'aimeront pas qu'il naisse, juste par supposition sur son père. Et je ne peux pas déléguer cela. » La femme aux cheveux d’argent soupira et dit « Je veux quelque chose qui retardera le plus possible son développement. Son père, il danse avec les morts, peu importe duquel des deux il s’agit. M’en fiche de savoir qui c’est. »

Lenneth se leva et marcha un pas, puis deux, puis trois. Nerveuse, elle fit les cents pas. Elle se tordait les mains. Avant de se tourner vers la Mirre :
«
Est-ce possible ? »


L'opulente touilla son ragout en écoutant la jeune femme qu'elle avait recueilli. Elle arrêta néanmoins la demoiselle quand elle annonça vouloir garder le gosse qu'elle avait, tout bouillonnant et remuant, au fond du tiroir. « Eh beh, mam'zelle, tu sais si t'y veux garder eul'p'tit, c'pô si complexe. S'ffit d'attendre qu'ça y pousse et tu verras y sortira tout seul, comme un grand. »

C'était bien la première fois, depuis des cycles et des années, qu'on venait la voir pour une telle opération. Une gamine qui voulait accoucher mais se rendait chez elle prématurément. D'ailleurs, usuellement, c'était le père, ou l'amant, ou bien l'ainé, n'importe qui mais pas la mère qui venait la chercher. Et pour cause, il était en général mal-aisé et malvenu de bouger en dehors de son lit quand commençaient les ultimes contractions. Elles survenaient quand l'enfant était prêt à naitre, aussi elle ne parvenait pas à saisir le réel soucis qui tracassait la jeune femme. Son ventre émit un grognement, et la Mire cessa de penser à tout ça pour faire des yeux ronds à Jeannot, qui dormait au fond de son assiette.

"Meuh oui, mon Jeannot, t'sais bien qu'j'n'ai j'mais aimé qu'ti." Murmura-t-elle dans un souffle qu'elle espérait assez bas pour que l'autre ne l'entend pas. Non pas qu'elle n'était pas attentive, mais elle ne souhaitait pas que le sujet dérive ensuite sur ses propres malheurs. 

Elle arqua le sourcil quand il fut questions de meurtres. Elle avait déjà mis à la porte pour moins que ça, et pas plus tard qu'il y a quelques mois, du temps où un Dragmire lui avait rendu visite pour qu'elle guérisse un Âne perdu. En y réfléchissant, elle ne comprenait toujours pas ce nom.
« Gamine, commença-t-elle, la fixant d'un regard qui parlait déjà suffisamment pour qu'elle n'ai rien besoin de rajouter, j'aide à sauver des vies. Pas à en retirer. J'pouvions point trop te laisser r'partir si c'pour tuer d'y gens. Et si... »

Son regard se porta sur l'épée que la femme avait prise avec elle. Elle se maudit de l'avoir laissée la garder, et d'avoir repoussé le boucher. Sans doute aurait-il pu la tirer d'affaire. « J'y comprends bien c'que t'y souhaites, et pour t'y répondre, ça est possible. S'lement, si c'ty pour tuer des gens, ben j'aime pas. J'y préfère encor' que t'y m'descendes moi plutôt qu'un ingénu qu'a rien d'mandé. » Sa patiente lui faisait peur, désormais, mais il était tout à fait contre sa morale de la laisser agir ainsi. Et si ses yeux s'étaient instinctivement déportés sur le placard qui contenaient l'ensemble des herbes dont elle se servait pour travailler sur l'organisme, elle espérait sincèrement que cette jeune dame en cloque ne le remarque pas.

Et puis, comment aurait-elle pu trouver la bonne, parmi les centaines de variétés dont elle disposait ? Il y en avait, à l'intérieur, des séchées, des sous formol, des toutes fraiches encore, par dizaines et par brassées. Sans connaissances en la matière, il lui faudrait une vie entière pour comprendre comment appliquer le bon traitement concernant chacune ; et une autre vie encore pour toutes les tester jusqu'à trouver la perle qui lui était nécessaire.

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(vide)

Elle écouta sagement tout ce que la Mirre avait à dire. Quand elle refusa de l’aider a mettre son petit a l’abris par le meurtre, Lenneth se sentit … soulagée … Elle n’aimait pas cette perspective de faire couler du sang elle non plus. Mais …

Prise dans un dilemme, elle se passa les deux mains dans les cheveux. Entre temps, elle avait surprit les regards lancé par la Femme-Savante vers sa lame et ses armoires.
«
Très bien » murmura la Sheikah. Et tout en se dirigeant vers la porte de la chaumine, elle défit la ceinture qui plaquait l’épée d’Astre entre ses omoplates. Et appuya l’arme contre le cadre de porte de la maison. Et en revenant près de la femme, Lenneth tendit la main, Esprit ouvert, et la posa sur celle de la guérisseuse. Et souvenirs et autres plaies de l’âme à l’affut, Lenneth montra a la Mirre.

Elle lui montra ce dont la femme se privait, ce que ca faisait l’affection des autres. Elle lui montra le visage souriant et le sourire tendre de Nerezzo. Image qu’elle superposa avec celle capturée a l’improviste de la Mirre elle-même en compagnie du boucher, pas moins d’une heure avant. Elle partagea avec la femme, le souvenir des étreintes dans le noir, et la satiété physique qu’elles entrainent. Elle lui montra, comme ca fait de se sentir en sécurité, protégée, que ce soit sous la lame du Chevalier Noir contre une bande de morts vivants, ou sous la vigueur de l’Homme ailé contre son géniteur. Par contre elle lui évita les deux fins maudites.

Mais l’Esprit de la Sheikah laissa la question « Pourquoi le rejeter ? » en suspend dans celui de la Mirre. Et la dextre quitta celle de la Savante.

Baissant les yeux, honteuse de son geste, Lenneth, bredouilla des excuses et plongeât ses yeux bleus-et-écarlates dans l’âtre de la cheminée. «
Je ne verserais plus le sang … Tant que la vie de mon enfant est en sureté. » Puis après un silence « Cela vous va ? »